631e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Ahanant et suant toute l’année dans la forêt, Hans honorait le premier janvier en poussant un premier han ! selon un cérémonial d’usage dans sa famille de bûcherons. Pour ce faire…
Je vous invite à imaginer la suite
* Han : onomatopée traduisant le cri sourd d’une personne qui fait un violent effort.
Bon et heureux premier an !
631 Ahanant et suant toute l’année dans la forêt, Hans honorait le premier janvier en poussant un premier han ! selon un cérémonial d’usage dans sa famille de bûcherons. Pour ce faire
Il terminait son travail un peu plus tôt que les autres et se dirigeait vers une certaine montagne dont l’écho était parfait. Là, il s’exerçait pour que ce « han » du début de l’année soit clair, puissant et surtout unique. Rien à voir avec celui qu’il poussait lors d’un gros effort.
Sans doute hérité d’une longue lignée de bûcherons, le soir du 1er janvier, dès l’apparition de l’étoile du berger, les hommes formaient un cercle, hache sur l’épaule, et dansaient pour accueillir l’année nouvelle pleine de promesses. Puis maître Hans, comme ils l’avaient baptisé, se mettait au centre de la ronde afin que les vibrations de son « han » soient ressenties équitablement par tous. Dans la musique de ce « han » si particulier, les compagnons étaient capables de présager si l’année serait bénéfique.
Hans ressentait toujours une appréhension avant d’envoyer cette onomatopée. Trop de poids pesait sur ces épaules. Certes, il était fier de la mission qui lui incombait. Pourtant, il voudrait passer la main. Il suffisait de si peu pour rater ce cri qui plongerait « sa famille » dans la consternation. Par chance, ou grâce à son investissement, Hans n’avait jamais failli.
Bûcherons de père en fils, il avait acquis un amour de la forêt, une connivence étonnante avec les arbres. Il avait aussi créé une confrérie qu’il se plaisait à nommer « ma famille de bûcherons ». Les ayant tous formés dans l’esprit du compagnonnage, il bénéficiait d’une aura particulière : d’où l’appellation de Maître. Il leur avait aussi enseigné le respect des arbres à « abattre » un mot qu’il haïssait, mais il n’en avait pas trouvé d’autres.
Depuis un certain temps, il se sentait las, ramolli. Chaque coup de hache lui faisait mal, comme s’il blessait un ami. « Sa famille » le ressentait et s’en inquiétait. Les schnaps à la taverne avec les immanquables ritournelles autrichiennes le déridaient à peine, lui, si enjoué.
Il continuait à diriger l’équipe, le travail n’en pâtissait pas, cependant son esprit était ailleurs. Ne plus tuer, mais planter, faire naître la vie.
Des hurlements se répercutèrent contre les parois de la montagne :
– Attention Hans, attention Hans, attention Hans, attention …Hans, Hans, Hans…
L’arbre en tombant emporta dans sa chute le bûcheron l’enveloppant d’un linceul de neige.
Ahanant et suant toute l’année dans la forêt, Hans honorait le premier janvier en poussant un premier han ! selon un cérémonial d’usage dans sa famille de bûcherons. Pour ce faire…
Pour ce faire, Hans sortait chaque jour plusieurs pots de chambre en bois de sa maison et restait assis plusieurs heures sur chacun d’entre eux, en poussant le cri de guerre ancestral : han han …
Il se couvrait le plus possible car la température dans son pays des « Borondins » était à cette époque de l’année assez basse.
Être dans cette position, cela lui permettait de voir la vie du village et converser avec les nombreuses personnes qui passaient devant sa porte.
Le fait d’être longuement assis permettait aussi à Hans, de penser, réfléchir, sur cette drôle de coutume : han han, en cours dans sa famille depuis des siècles. Il se disait que peut-être avec le temps elle était devenue désuète.
Malgré cette réflexion, il ne cessait de gueuler han, han.
Parfois cela faisait sourire les passants. Certains lui disaient Hans, tu en as pas marre toi et ta famille d’importuner les villageois avec ces idioties de han, han.
Depuis quelques minutes il était fort surpris par le passage de plusieurs ânes près de son domicile. Il n’en avait jamais vu autant.
Ce qui l’intriguait le plus c’est qu’il ne cessait de passer et repasser, le frôlant presque.
Vers 13 h, juste avant de se lever pour aller déjeuner avec sa copine, un âne qui paraissait le boss lui fit signe et dit avec un grand sourire :
– Salut Hans, comme tu le vois nous sommes venus en nombre pour te parler.
Au fait j’oublie, je te présente mes meilleurs vœux pour cette année.
Hans fut surpris qu’un animal lui adressa la parole avec autant d’ironie.
Il fut effrayé lorsqu’il vit que d’autres ânes – qui semblaient même se dupliquer en marchant, venaient vers lui.
– Que veulent-elles ces braves bêtes ?
Puis, sans que Hans s’y attendait tous les ânes présents se mirent à chanter hi-han, hi-han, hi-han …
Le boucan était tel que plusieurs villageois sortirent apeurés de leur « tanière ».
Que se passe-t-il, que se passe-t-il, nom de Dieu, dirent-ils ?
Le chef âne leur indiqua qu’il ne devait pas s’en faire, que bientôt ils allaient tous repartir après une brève conversation avec l’ami Hans.
Quant à l’homme il devint joyeux et annonça :
-Eh eh les ânes, en faisant han han, vous aussi vous faites maintenant partie de la grande famille des bûcherons.
– On n’est pas venu pour blaguer renchérit le chef âne. Nous voulons ton bien.
Nous autres, nous sommes des anciens arbres et après avoir été abattus, nous nous sommes réincarnés en âne !
Hans tremblait comme une feuille. Des ânes, des anciens arbres, et le bûcheron qui les avait mis à terre c’était peut-être lui.
Le chef animal devint sévère.
Hans si tu continues sur cette voie, d’abattre des arbres à longueur d’année, c’est aussi le sort qui t’attend.
– Le sort, quel sort fit Hans en voulant paraître un homme peu intelligent.
– L’âne calmement prononça : de changer d’enveloppe terrestre.
– Hi hi oui ce serait super dit Hans, qu’à ma mort je devienne une fourmi ou une brave baleine.
– Ne fais pas le malin Hans continua le chef âne. Pour toi je vois le pire.
– Hi hi quel animal vais-je devenir fit Hans hi hi.
– Une bête affreuse, énorme et méchante qui n’existe pas sur notre planète Zuhaitza poursuivit l’âne.
– Ah bon bon déclara Hans. Dans ce cas je change de job. Je me fais boulanger et pars dès demain matin sur la Terre faire du bon pain …
Ahanant et suant toute l’année dans la forêt, Hans honorait le premier janvier en poussant un premier Han ! selon un cérémonial d’usage dans sa famille de bûcherons. Pour ce faire, le clan s’était réuni autour d’un feu nourri dont jaillissaient des étincelles dans un crépitement sonore. Une quarantaine d’hommes et de femmes de tous âges, issus de 4 générations, honoraient ainsi le début de l’an. Pour rien au monde, ils n’auraient manqué le premier Han !
Comme un trait de lumière dans un ciel épais, ce cri primal portait en lui la pulsion du renouveau. En ouvrant un horizon encore vierge, il gonflait les jours à venir d’espoir et d’énergie et augurait d’une période féconde. La famille de bûcherons ne le savait que trop bien : le quotidien recèle son lot de tâches, de joies, de frustrations peut-être, mais chaque nouvelle année, et même chaque nouvelle journée, est une invitation à habiter la vie, à défricher des contrées inexplorées – en soi et en dehors – et à contribuer à rendre le monde un peu meilleur qu’on ne l’a trouvé.
Quelles étaient les origines de cette posture, les raisons de ces mains tendues vers l’avenir ? Pour qui l’avait vécue, le souvenir de cette tempête monstrueuse, il y a une vingtaine d’année, avait laissé des traces indélébiles. Sans crier gare, comme un astéroïde géant aurait réduit la terre en miettes, elle avait tout dévasté sur son passage, fissurant les rochers, atomisant les pierres et déracinant les troncs les plus robustes. Les bourrasques avaient arraché les maisons comme on déterre la mauvaise herbe ; pour la plupart, les habitants, incapables d’opposer la moindre résistance à la fureur de ce souffle irréfrénable, avaient été emportés en rafales. Les pertes furent nombreuses pour le peuple des bûcherons qui, a posteriori, avaient compris le repli défensif des animaux de la forêt dans les montagnes avoisinantes ce jour-là.
De retour à la vie, après la grande tristesse et la désolation, les Bûcherons vouent depuis un infini respect à la la Nature, qui, de plus en plus souvent, partout dans le monde, appelle au secours. Ils accueillent chaque année qui passe comme on admire un enfant dans un berceau, avec soin, avec amour et avec joie face à la vie qui commence. Le Han du premier de l’an, c’est leur manière à eux de saluer le nouvel horizon de leur existence.
Ahanant et suant toute l’année dans la forêt, Hans honorait le premier janvier en poussant un premier « han ! » selon un cérémonial d’usage dans sa famille de bûcherons. Pour ce faire, il collectait toutes les factures acquittées de l’année écoulée, tous les tickets de caisse usagés sagement empilés dans une boite à chapeaux, les journaux et publicités et les emballages en carton stockés dans la cave et régal des rats de passage…
Il préparait habilement un feu de joie, à bonne distance de la maison. Toujours au même endroit, un endroit sacré ! Une première salve de petits papiers judicieusement glissés sous les brindilles glanées dans la forêt lui permettait de démarrer la flambée sans effort. A chaque fois qu’il rajoutait un rondin de bois ou une planche usagée, il expirait bruyamment un « han ! » vigoureux. Il faisait de même avec les factures, cartons, journaux… Ce « han ! » projeté encourageait le feu et lui permettait de mener à bien sa mission rédemptrice. Car, oui, il y avait de la rédemption dans ce rituel hérité de ses aïeux. Il était comme habité, en transe, dans une danse sonore et virevoltante.
Bien sûr, à l’ère d’Internet, de nombreux écrits s’étaient dématérialisés. Alors, Hans, plein d’imagination, avait demandé à chaque membre de la famille d’écrire sur de grandes feuilles à dessin les contrariétés, regrets, frustrations et autres désillusions de l’année passée. Et, c’est en chœur qu’ils et elles claironnaient un « han ! » joyeux, en jetant chaque page dans le brasier.
Soucieux de l’avenir, Hans avait consigné sur sa boite à lettres son souhait d’être abreuvé de publicités pourtant pourchassées. Il envisage même de s’écrire une fois par semaine pour renforcer son courrier. Il réfléchit aussi à créer une association de sauvegarde des papiers, journaux et cartons afin que cette belle tradition perdure encore des siècles et des siècles…
Ahanant et suant toute l’année dans la forêt, Hans honorait le premier janvier en poussant un premier han ! selon un cérémonial d’usage dans sa famille de bûcherons. Pour ce faire…
Non, je ne raconterai pas le cérémonial du han du premier de l’an. Hans en avait assez de ces rites à la poix de coco (tier, arbre qu’il n’avait jamais abattu, entre parenthèses) et ce nouvel an-là, il le voulut différent. Il alla donc s’asseoir sur le banc, en bois de chêne, installé au couchant de sa cabane, en bois, qu’il avait construite.
Depuis qu’il avait adhéré au mouvement des DDF (Défenseurs Des Forêts), il vivait dans le regret perpétuel des « han », suivis des « pan » de sa hache qui meurtrissaient les troncs. Combien en avait-il fait tomber dans des craquements infernaux ? Combien de han, combien de pan avaient résonné dans les forêts du pays ? Combien d’ans pouvait – il enfiler ? A présent, sa vie était devenue un désert . Femme et enfants étaient d’ailleurs partis, le laissant seul avec son repentir et sa hache plantée dans un rondin ! Il n’osait plus la prendre pour aller couper des arbres innocents, qui contribuaient à la biodiversité, qui étaient le refuge d’animaux tous utiles… il n’en finissait plus de se réciter le catéchismes des DDF. Cela tournoyait dans sa tête. Il prit une décision.
Se levant du banc, il s’adressa au chêne qui avait échappé à sa hache parce qu’il était trop près de la cabane et qu’en définitive, il était devenu son confident. Il joignit les mains et li dit :
« Grand chêne, je m’en vais, tu n’auras plus rien à craindre de moi. »
Il se mit à pleurer
Médusé, mais méfiant, le grand chêne lui répondit :
« Oh là ! Bûcheron, que t’arrive-t-il ? Tu as perdu la foi ? Pourquoi pleures-tu ?
– Grand chêne, quand je pense à tous les premiers janviers où je ahanais des hans à tire-larigot…
– A tire-larigot, à tire-larigot, à pleine gorge, coupa le grand chêne
– Et j’ajoutais les pans de ma hache qui s’enfonçait… ajouta Hans. Il pleurait à chaudes larmes.
– Oh ! Écoute rétorque le grand chêne, excédé par des pleurs qui lui semblaient déplacés, arrête de pleurnicher, ton repentir arrive trop tard, le mal est est fait.
– Oui, tu as raison grand chêne, c’est pourquoi je vais partir.
– Tu veux partir, pourquoi faire ?
– Devenir moine, pour expier mes fautes envers vous les arbres… répondit-il dans un sanglot
– Et où t’en vas-tu pour devenir moine ?
– Au Népal
– Au Népal ! Il n’y a pas de chênes là-bas !
– Je ne sais pas mais il y a des monastères
– Et tu comptes expier ta faute plus facilement en partant si loin ?
– La-bas, on médite, on récite des mantras …
– Des quoi ?
– Des mantras
– Tu penses expier tes fautes avec des mantras ?
– Oui, ce sont des mots que l’on dit avec les grains d’un chapelet pour son salut, une formule sacrée …
– Je suppose que le chapelet est en bois ?
– Oui
– Au Népal aussi on coupe les arbres ! Je serais toi, bûcheron, j’expierai ma faute ici
– Tu n’y penses pas grand chêne ! J’ai honte, je ne peux plus regarder la forêt que j’ai drôlement éclaircie !
– Ta, ta, ta, arrête de gémir ! Tu t’enfermes dans ta cabane qui te servira de monastère, de cellule et de confessionnal. Pour le chapelet, tu prends le rosaire de ton épouse et ça fera l’affaire
– Oui, tu as raison grand chêne, je vais expier ma faute sur les lieux mêmes de mon infamie ».
Hans le bûcheron rentra dans sa cabane, revêtit la bure, accrocha le rosaire de son épouse à sa ceinture et récita le mantra han – pan du matin au soir.
Le grand chêne n’en revenait pas. Toute la journée, du lever au coucher de l’astre solaire, Hans lançait son mantra. Cela faisait fuir tous les oiseaux, plus aucun d’entre eux ne venait nicher dans ses branchages. Après plusieurs jours de ce capharnaüm vocal, le grand chêne s’ en vint à regretter que Hans ne soit pas parti au Népal. La litanie des han – pan, il n’en pouvait plus !
Chaque 1er Janvier, Hans le bûcheron honorait la nouvelle année par une série de « han ! » retentissants, tandis que sa hache s’abattait sans pitié sur le sapin de Noël installé dans le jardinet devant sa maison. Puis le résineux en morceaux était enfourné dans le foyer qui chauffait son petit sauna; quand la température commençait à avoisiner les 50°, Hans se déshabillait et s’enfermait à l’intérieur. Là, il passait un bon moment à suer tout en buvant de grands bols de thé. Quand les brumes laissées par les libations de la veille se dissipaient, il allait se doucher, passait des vêtements propres et mangeait une légère collation. Il passait le reste de la journée à lire le roman policier qu’on lui avait offert à Noël et le soir venu, se sentait prêt à reprendre dès le lendemain son dur labeur.
Mais cette année-là, rien ne se passa comme d’habitude. Une épidémie de grippe sévissait dans la région et les copains avec qui il passait habituellement le réveillon de la St Sylvestre étaient tous plus ou moins malades. Hans lui-même n’était pas très en forme les derniers jours de Décembre et le soir du 31, il se retrouva au coin de sa cheminée en la seule compagnie de son chat. Il grignota quelques toasts, but un seul verre de vin et se plongea dans la lecture du polar de Noël. Au bout de quelques chapitres, il s’assoupit, le chat ronronnant sur ses genoux. Dans la nuit, le vent soufflait fort, les arbres autour de sa maison gémissaient…Il y avait de temps à autre des craquements suspects, mais Hans dormit profondément et ne s’éveilla qu’au matin, frais et dispos.
Voulant respecter la tradition du Jour de l’An, il prit sa hache et sortit dans le jardinet, mais là, ô surprise, le sapin de Noël s’était envolé et avait atterri sur le toit de la maison. Hans se mit à rire ; il jeta la hache par terre et rentra se faire un café. En écoutant la radio, il apprit qu’une tempête avait traversé le pays pendant la nuit et occasionné pas mal de dégâts. Soudain inquiet, il ressortit pour s’assurer que les arbres des alentours étaient toujours debout. En fait, ils avaient bien tenu le coup ; des branches cassées jonchaient le sol, mais aucun n’avait été cassé ou déraciné. Hans alla boire un second café et réfléchit longuement. Puis il se livra à différents préparatifs…
Dans l’après-midi , un de ses copains passa le voir. Il frappa à la porte, appela, personne ne répondit. La hache était toujours posée sur le sol dans le jardinet et le sapin de Noël sur le toit. Hans avait disparu, ainsi que son chat et son vieux camping-car. Comme il n’est toujours pas revenu, les rumeurs vont bon train. En tout cas, ce qui est certain, c’est que depuis ce jour-là, il n’a plus jamais coupé un seul arbre !
Au cœur des forêts du Montana, vivent, reculées du monde urbain, plusieurs familles.
Ahanant et suant toute l’année dans la forêt, Hans honore le premier janvier en poussant un premier « han ! » selon un cérémonial d’usage dans sa famille de bûcherons.
Au préalable, Il convient de faire le portrait rapide des proches de Hans. Armin, le père, est arrivé d’Allemagne il y a de nombreuses années. Il a connu Romana, une canadienne, venue se mettre au vert dans l’immensité des forêts du pays, se faire oublier des autorités d’Ottawa, qui la considère comme une conspirationniste QAnon.
Hans n’a ni frère ni sœur et porte toute son affection sur un ânon qu’il a affublé du prénom japonais d’Anon.
Donc, le premier janvier Hans et les siens invitent les représentants locaux de l’association Al-Anon, qui s’intéressent aux membres de la famille et aux amis des alcooliques.
Tous les invités vivent de la sylviculture. La vie est rude, en cette saison et l’abattage des mélèzes un travail épuisant.
Pour ce faire, Hans et ses proches célèbrent l’année nouvelle en se plongeant dans l’eau glacé du lac et poussent leur rituel premier « Han ! ». Romana les incite à ce bain purificateur mais, elle-même, ne s’y soumet pas répliquant à ceux qui insisterait : « Ah nan ! »
L’ânon, Anon, vient à proximité porter serviettes et boissons chaudes pour les libations qui suivent. Il y a beaucoup de « Han ! » à l’entrée dans l’eau et beaucoup de « prost » ! et « cheers » ! à la sortie de l’eau. « Mabhuhay » ! souhaite Romana, toujours en recherche de singularité…
Et oui, c’est ainsi que l’ahan des bucherons du « Big Sky Country » saluent ce jour nouveau tandis qu’Armin entend Anon répondre « iah » et ce que Hans l’interprète de son côté en « hee-haw »
Allez, Bonne année à tous et : Santé !!
Ahanant et suant toute l’année dans la forêt, Hans honorait le premier janvier en poussant un premier han ! selon un cérémonial d’usage dans sa famille de bûcherons. Pour ce faire…
il revêtait sa chemise d’un blanc immaculé, de sa ceinture de cuir épaisse qui lui donnait tout de suite l’ allure du grand gaillard imposant qu’il était. Il se coiffait de son chapeau aux rebords larges qui le protégeait du soleil quand il tapait trop fort et lui épargnait les mille et uns débris de bois qui virevoltaient au vent des saisons sous le souffle de sa hache. Il enfilait ses bottes tannées par les pluies et le vent mordant puis prenait le temps de s’asseoir pour dissimiler dans le revers de son col une feuille séchée de laurier de l’année passée sensée le protéger pour l’année à venir.
Il prenait ensuite sa hache qu’il avait la veille, aiguisé, lustré. Il n’avait pas manquer de faire glisser son index sous le fil coupant de la lame sans faire perler le sang à son grand soulagement. Ce petit rituel chargé de superstition le faisait chaque année frémir.
Il partait dès que le jour perçait sous le regard bienveillant de ses parents qui suivaient cérémonieusement ce rituel. Autrefois c’est le père qui s’acquittait de ce moment ritualisé sous le regard émerveillé de son fils. Il s’enfonçait ensuite, seul, dans la forêt sombre et froide par le sentier qui était pour lui enfant, promesse d’un lieu enchanté et respecté.
Il mesurait pleinement sa chance et le poids des traditions sur ses épaules. Il arpentait donc les sous bois pour rejoindre l’arbre qu’ils avaient marqué en famille au début du printemps.
Cet arbre au pied duquel il formulait une prière transmise depuis des générations semblait attendre ce moment, solennel dans son long fourreau d’écorce givré.
Hans levait les yeux jusqu’à son sommet, soulevait sa hache qui venait s’abattre dans un coup sec et franc dont le « han » sorti du plus profond de ses entrailles devait couvrir le bruit de l’impact. Si le cri du fils était entendu distinctement par les occupants de la maison encore froide, c’était de bon augure pour l’année à venir.
Tel fut le cas à la grande satisfaction du bûcheron vainqueur, les bras en croix devant l’arbre abattu comme si la force qui l’avait quitté s’était incarnée dans le corps de Hans.
Il fini son œuvre, rangea les rondins en tas et choisit avec beaucoup de précaution une bûche, celle qui chaufferait le foyer en ce premier jour de l’année.
Il était une fois un bucheron. Chaque année il honorait le premier janvier. Pour ce faire il s’enfonçait dans la forêt pour choisir le plus bel arbre. Il commençait par se mettre à genoux pour lui rendre grâce. Ensuite il crachait dans ses mains, remontait ses manches, puis il prenait son courage à deux mains, et surtout sa plus belle hache. Il regardait la base du tronc avant de reposer sa hache. Il avait oublié une chose très importante : rendre hommage à Jacques Dutronc en mettant un de ses disques afin de parfaire le rituel. Il faisait demi-tour, traversait la forêt dans le sens inverse, puis entrait dans sa maison en rondins. Il cherchait son mange-disque orange et un vinyle en 45 tours de Jacques Dutronc. Il choisissait « Et moi, et moi, et moi ». Il refermait la porte de sa maison et traversait la forêt en direction de l’arbre qu’il avait choisi. Il commençait par se mettre à genoux pour lui rendre grâce. Ensuite il crachait dans ses mains, remontait ses manches, puis il prenait son courage à deux mains, et surtout sa plus belle hache. Il regardait la base du tronc avant de reposer sa hache. Il avait oublié une chose très importante : rendre hommage à Marie Laforêt en mettant un de ses disques afin de parfaire le rituel. Il faisait alors demi-tour, traversait la forêt dans le sens inverse, puis entrait dans sa maison en rondins. Il cherchait un vinyle en 45 tours de Marie Laforêt. Il choisissait « Viens, viens, c’est une prière ». Il refermait la porte de sa maison et traversait la forêt en direction de l’arbre qu’il avait choisi. Il commençait par se mettre à genoux pour lui rendre grâce. Ensuite il crachait dans ses mains, remontait ses manches, puis il prenait son courage à deux mains, et surtout sa plus belle hache. Il regardait la base du tronc avant de reposer sa hache. Il avait oublié une chose très importante : rendre hommage à Diane Dufresne en mettant un de ses disques afin de parfaire le rituel. Il faisait alors demi-tour, traversait la forêt dans le sens inverse, puis entrait dans sa maison en rondins. Il cherchait un vinyle en 45 tours de Diane Dufresne. Il choisissait « J’ai rencontré l’homme de ma vie » ». Il refermait la porte de sa maison et traversait la forêt en direction de l’arbre qu’il avait choisi. Il commençait par se mettre à genoux pour lui rendre grâce. Ensuite il crachait dans ses mains, remontait ses manches, puis il prenait son courage à deux mains, et surtout sa plus belle hache. Il regardait la base du tronc avant de reposer sa hache. Il avait oublié une chose très importante : Nous étions le 1er Janvier, le premier jour de l’année, ce jour-là était férié. Il ne fallait pas travailler. Alors il reposait sa hache, détroussait ses manches, s’essuyait les mains et traversait la forêt pour rejoindre sa maison de rondins. Et c’est ainsi que le plus bel arbre de la forêt devenait chaque année de plus en plus beau, de plus en plus haut.
C’est qu’il en avait de l’abattage le bougre !
… En poussant un premier Han! Suivi d’un Hi, immédiatement, comme souvent, comme tout le temps : hi Han! C’est la litanie de l’âne tirant. Cela en coeur avec Gontran, suant, eructant:Han, il hisse dans la charrette son chargement, puis, sur le marchepied, pèse Gontran le ventripotent. Hi, Han! Gare aux grincements du charriot brinquebalant. Ça sent le renversement mais, hi! C’est le rétablissement. Han ! Bravo Gontran, te voilà dedans ! En avant ! Hi Han. Moins lentement ! Hi Han. Gaillardement hi Han. Serait peut-être temps de siffler la mi-temps, sinon, on repart pour un an. Hans, c’est Jean, en plus plaisant mais tu vas finir gros Jean comme devant pour ne pas dire pigeon con con. Finie la danse, Hans, bloque les sabots avant de tomber au boulot. Pendant ce temps, moins sujet aux pensées et aux voeux militants, Gontran a sorti de son sac réfrigérant un breuvage revigorant. Son âne bloquant, il se prend le litron dans les dents. Traitant Hans d’idiot, il lui jette la bouteille dont le goulot heurte un sabot. Hi han ! Ho ! Bobo ! Hans, frottant sur le récipient son pied par inadvertance, en fait sortir une fumée dense : c’est bientôt un génie qui du ventre entame la danse. Hé ! Ho ! Il considère l’âne libérateur avec bienveillance et par magie, un picotin, il lui balance : c’est mieux que des châtaignes comme pitance !
Va savoir ce que soudain l’âne pense, mais voici qu’au lieu du joug, c’est une ânesse qui lui tient le cou et que, pour leur plaisir, Gontran en rythme saute tout à coup, se tenant la panse, le rouge aux joues !
Lili G
Pour se faire, à genoux Hans hurlait han ! Han !
Puis il criait Hantise !
Et il pleurait : Hanxiété !
Il bredouillait la morve au nez Hangoisse !
Hurlait : Hamprise
Murmurait : Hanterrement…
Puis il se couchait au 12e coup de minuit, épuisé, hanberlificoté dans ses douleurs. Un dernier Han… anéanti comme ses Hancêtres avant lui.
Ahanant et suant toute l’année dans la forêt, Hans honorait le premier janvier en poussant un premier han ! selon le cérémonial d’usage dans cette famille de bûcheron de père en fils. Pour ce faire, il réunissait sa tribu dans le salon après s’être vêtu de sa nouvelle surchemise à carreaux marron et noir que sa femme lui avait offert au pied du sapin. Elle avait gardé pour elle qu’elle l’avait dénichée sur le site universel et qu’elle s’était bien fait avoir avec ces soi-disant soldes du Black Friday. 30 euros de plus que chez l’hyper marché du coin lui restaient en travers du porte-monnaie. Mais, ce jour de l’an neuf, Hans traînait dans la demeure en savates et robe de chambre. Inquiète, elle lui posait tout un tas de questions qu’il repoussait d’un bras en bougonnant.
– Tu ne téléphones pas à ta mère pour lui présenter tes vœux ! s’étonna-t-elle à bout d’arguments.
– J’ai tout le mois pour le faire, s’agaça-t-il. Et puis, j’en ai ma claque, je vais prendre ma retraite.
– Mais tu as à peine 50 ans, s’écria-t-elle. Il te reste au moins 15 ans à faire.
– Appelle les gosses, j’ai un truc à leur dire, répliqua-t-il en rouspétant dans sa barbe.
Ces derniers, après 3 heures de sommeil, arrivèrent dans le salon en traînant des pieds.
– Ça peut pas attendre ta stupide tradition de pousser ton han débile tous les ans ? lui demanda son fils.
– T’as raison. Ça peut attendre. Asseyez-vous. Voilà, j’ai pris une bonne résolution pour les années à venir. On va faire des économies. Pour toi, Man, finis le lave-linge, le lave-vaisselle, l’aspirateur, le fer à repasser. Toi, mon fils, finies tes études qui n’en finissent plus et qui me coûtent un bras ; je t’embauche dès demain et tu prendras ma succession. Quant à toi, ma fille, finis ton ordinateur, ton téléphone et tes écouteurs et tu aideras ta mère pour les corvées ménagères. Et demain, j’annulerai nos contrats d’électricité et d’eau, énonça-t-il tout à trac avant que quiconque n’ose broncher.
Sa famille estomaquée en resta sans voix durant le temps que la nouvelle parvienne à leur cerveau. Puis ce fut la rébellion. Les chaises se renversèrent et tout le voisinage se demanda ce qu’il se passait chez le bûcheron.
– Quelle mouche te pique ! hurla Man. Au moins comme ça, tu arrêteras de regarder les infos qui te rendent dingo.
– Ça va pas la tête ! s’écria Gretel. On va quand même pas vivre comme les Cro-magnons.
– Faut te faire enfermer mon pauvre vieux ! gronda Christian. C’est moi qui picole et c’est toi qui débloques !
Le tumulte cessa lorsque l’âne en plâtre de la crèche posée sur le buffet émit un hi han à faire trembler les murs en rondin du chalet.
En ce 1er janvier 1837, Andersen reposa sa plume et retourna se coucher pour soigner son mal aux cheveux en se jurant de ne plus tâter de cette délicieuse liqueur verte qui lui donnait des illuminations.
Ahanant et suant toute l’année dans la forêt, Hans honorait le premier janvier en poussant un premier han ! selon un cérémonial d’usage dans sa famille de bûcherons. Pour ce faire, comme chaque année, il se concentra très très fort, gonfla ses muscles très très fort et poussa le han traditionnel du premier de l’an. C’était un han tout seul, un han gratuit, un han pour rien mais massif, puissant qui criait au monde : nous sommes là !
Le trente et un décembre était la seule nuit de l’année où les bûcherons pouvaient se bâfrer, mais 2022 était différent. Le président ayant signifié la fin de l’abondance ( en oubliant de préciser, bien-sûr, que ce n’était pas pour tout le monde) la maman de Hans avait organisé ce réveillon, au rabais. Elle avait réduit les dépenses, changé les produits et réduit la qualité.
Conséquence : lorsque Hans hurla son han du premier janvier, une pétarade d’une intensité sonore jamais égalée, sortit de son fondement. Hans, tout penaud était bouche bée et tétanisé.
Alors l’arrière grand- père bondit hors de sa tombe. « C’est Verdun, j’arrive ».
« De quoi, s’écria l’arrière grand-mère en jaillissant du caveau, plus jamais ça ! Eugène au repos ».
Les arrière-grands-parents disparurent dans leurs boîtes en sapin.
Hans, tout ému d’avoir fait connaissance de Grand-Pa et Grand-Ma était bouleversé par des émotions qu’il ne connaissait pas. Il ferma à double tour sa petite boîte à intellect et suivit son instinct. Il partit dans la forêt. Là, il salua tous les arbres un par un, les nommant chacun à leur tour il les remercia pour tous les services rendus et demanda pardon pour le peu d’intérêt à leur bien être et promit de changer ses habitudes.
Hans ne fut plus jamais le même.
Pour ce faire, toute la famille se réunissait le 31 au soir autour d’un grand sapin, sélectionné au préalable dans le domaine des Hanssen, et dînait, dansait en rond autour sur des chants tribaux de Noël jusqu’à faire silence, la dernière minute de l’année. C’est alors que le plus jeune de la famille, Hans junior, s’apprêtait à donner le premier coup de han à la hache, exactement au douzième coup de minuit, afin qu’il retentisse en écho du haut des montagnes jusque dans les gorges de la Kevo, à faire frissonner toute la vallée lapone dans un silence de cathédrale.
C’était l’équivalent sonore d’une aurore boréale.
Il fallait vivre ce rituel une fois dans sa vie. Et les tours opérateurs l’avaient bien compris. Dans leur pack « Spécial Père-Noël en Laponie », cette attraction arrivait même en deuxième position derrière la visite de Santa Claus Land. Pascal et Sylvianne ne l’auraient manqué pour rien au monde, eux qui étaient venus dans la région cueillir l’inspiration pour leurs recherches. Ils sont chercheurs en science créative en Gironde.
(attention, toute ressemblance avec des personnages réels, si elle n’est pas fortuite, elle reste bienveillante)
Après avoir dîné dans un bon restaurant de la vallée et bu, aussi, dans leur chambre d’hôtel une bonne bouteille de leur cru qu’ils avaient emmenée, ils repartirent, tout guillerets, rejoindre le groupe du tour opérateur. Il était onze heures, et la montée, au plus près de la montagne où avait lieu le rituel, prenait moins d’une heure. De quoi dessouler, ou pas. Car Sylvianne ne pouvait s’empêcher de rire au fil du trajet, communiquant une bonne rigolade générale qui commençait à devenir aussi bruyante que gênante, à l’approche du domaine des Hanssen.
« Chuuut ! » insistait le guide. Après une profonde respiration, qu’elle tenait de ses séances de méditation, Sylvianne parvint à retrouver son sérieux avec le groupe, tout attentif aux prochaines minutes cruciales. Il n’était qu’à une centaine de mètres du grand sapin élu.
« Il est magnifique ! » chuchota la jeune femme, les larmes aux yeux, tant elle avait une affection particulière pour les arbres remarquables, une empathie, certes, un peu accentuée par le Haut-Médoc. Pascal hocha juste la tête avec un sourire béat, il était déjà ailleurs.
« Chuuut ! » insistait le guide. Et pour cause on entrait dans la minute fatidique. Tout le monde retenait sa respiration, quand Sylvianne vit soudain la hache s’élever au-dessus du pauvre sapin au moins tricentenaire. Sacrilège !
Vous l’avez deviné, elle lâcha un « Haaaan ! » des familles, à l’accent parisien, qui vous vient du fond des tripes et dévale tout sur son passage quand un malheur s’apprête à s’abattre sur ceux que vous aimez.
On dit que ce premier han s’entendit par-delà la vallée comme jamais dans l’histoire des Hanssen.
Ahanant et suant toute l’année dans la forêt, Hans se devait d’honorer le premier janvier en poussant un premier HAN, selon un cérémonial d’usage dans sa famille de bûcherons.
Pour se faire il aurait, cette année encore, obéit à cette tradition qu’il commençait à trouver sotte et pesante. Se sentant d’humeur contestataire et fantaisiste, il levât sa lourde hache en lâchant un vibrant HI HAN qui résonnât loin dans la forêt de sapins. ce premier janvier à neuf heure du matin.
Interloqués, les arbres se penchèrent vers lui, attendant la suite, un HAN, un vrai, un authentique HAN de premier jour de l’année. Mais non, Hans levait sa hache, l’abattait sur tous les arbres en criant son affreux HI HAN. Le bûcheron semblait possédé, riant aux éclats, hurlant à présent; courant dans tous les sens, blessant les arbres de son engin ensorcelé.
Hans dansait, faisait tournoyer de plus belle son outil dans le vide, ses cris devenus effrayants.
Sa femme, sa famille, avertis de la situation par un promeneur matinal, se précipitèrent à sa recherche. La forêt était redevenue silencieuse. Ils le trouvèrent enfin, effondré contre un tronc, sanglotant désespérément en marmonnant :
Mais qu’est ce que j’ai fait ?
Tout autour de lui, les sapins blessés pleuraient, eux aussi,des larmes de résine.
Ahanant et suant toute l’année dans la forêt, Hans honorait le premier janvier en poussant un premier han ! selon un cérémonial d’usage dans sa famille de bûcherons.
Pour ce faire… toute la famille se réunissait au levé du soleil sur ce premier matin de janvier.
Tous étaient proprement nu, simplement dévêtus, dans leur plus beaux costumes d’Eves et d’Adams. Il faisait frais, même froid et pourtant la chair de poule ne les parcourait même pas. Une coutume est une coutume, tous étaient prêts, du plus petit bout’chou de la famille à la matriarche de 93 ans, la nudité n’avait rien de problématique pour eux, c’était leur façon de célébrer la nouvelle ère qui s’ouvrait à eux ce matin là.
Leurs chevaux de traits pour compagnie et quelques couvertures dans les carrioles, ils soulevaient tous ensemble une grande marmite pleine de potée pour la poser sur le brasier encore fébrile.
Alors, en chœur, ils se mettaient à chanter les plus belles chansons héritées de leurs ancêtres, cela leur réchauffait le cœur et le corps. Le petit Peter, du haut de ses 3 ans connaissait déjà les paroles par chœur, il s’y était entraîné tout le mois de décembre. Il regardait son arrière grand mère Fiona avec fierté et une pointe de malice, c’est elle qui, chaque soir à la tombée de la nuit, lui transmettait les chants ancestraux au coin du feu. Chacun des 35 membres de la famille apportait avec lui la plus lourde bûche qu’il puisse porter, le feu devait tenir jusqu’au lendemain matin sous la marmite. … …
Bon et heureux réveillon à vous et la bise à Sylvianne
Ahanant et suant toute l’année dans la forêt de Bavière, Hans honorait le premier janvier en poussant un premier han ! selon un cérémonial d’usage dans sa famille de bûcherons. Pour ce faire, il commence toujours par réciter le verbe « Hanter » à tous les temps de l’indicatif, à toutes les personnes puis il passe aux du subjonctif toujours à toutes les personnes. C’est un rituel harassant mais nécessaire pour une bonne tonalité du « HAN ». Il faut du souffle et une bonne articulation des mâchoires, un placement de la langue sur les dents qui doit se travailler plusieurs jours avant l’instant du cri. Cet An 2023, est crucia pour Hans, car le cri du bûcheron qui traversera la Hanse jusqu’au château « Nur-Lombaire », verra son auteur gratifié de la visite du Prince. Celui-ci étant à la recherche d’une future reine, pouvant lui donner l’héritier que son peuple lui réclame. C’est dire si l’enjeu est grand. Hans, ahane tant et tant, laissant échapper du plus profond de ses entrailles le plus long et puissant « HAN » jamais prononcé, qu’il gagne le challenge comme chaque année.
Le prince se présenta en conquérant. Son écuyer fanfaronna du jabot pour annoncer son doux nom : « Son Altesse le prince héritier Jean-Bonniface Chaussé des Moines, duc d’Edam, baron de Munster et représentant du Comté ».
Le déboiseur comprit sans broutille que le prince voulait épouser une de ses filles, et saisissant cette opportunité, lui présenta sa belle puinée. Voyant son sourire sauvage, Hans lui tint à peu près ce langage : « Genêt pas saisi d’où vous veniez, mais vous avez parcouru un bambou de chemin, ce ne doit pas être cyprès. Sans mentir, je peux hêtre sûr que vous succomberez au charme de ma cadette. Il suffit de voir comment vous vous noyez déjà dans ses yeux noisette. Vous savez, je ne suis pas un gland, dans mon bouleau, quand on a du pin sur la planche, on s’enracine, et sous le poids des chênes, on oublie nos plinthes : on peuplier mais pas stère.»
« Ce bûcheron fait bien tout un fromage pour une demande en mariage », pensa le prince. Qu’à cela ne tienne, il mit genoux à terre mais au moment de demander la main de la belle, de violentes crampes d’estomac le prirent, le faisant hurler de douleur. Gémissant « Han…han…anahan.. », Hans persuadé que ce péquenot se moquait de lui, lui envoya une volée non pas de bois vert mais de phalanges sur la tronche. A force de manier la cognée, il avait acquis de la force le déboiseur. Le prince valdingua dans les fagots de bois alignés devant la maison. Il se devait de défendre l’honneur de sa famille qui gagnait depuis des lustres le concours du premier HAN de l’An. Non mais !
La plaisanterie en revanche ne plus pas au prince qui le fit enfermer au cachot tout le long de l’an. Il se dit qu’il cherche toujours sa future reine.
Moralité toute plaisanterie n’est pas bonne à faire.
Bonne année à toutes et tous 🙂
D’après une coutume hancestrale
Venant de l’hancien continhan
De l’hancien than ou de l’hancien testamhan
Hans plaçait ses enfhants au premier han
Morghan, Julihan et Jhan près de sa mamhan
Et Han !
Hansemble ils chantaient
Des chants hanglicans
Du corhan musulmhan
En verlhan, en githan
Des slohans d’un même élhan
Et han !
Leur cancan faisait du boucan
Et crevait les tymphans
Ça faisait partir du plhan
Pour faire fuir les faishans, les guardihans
Les payshans, les tarzhans, les hoolighans
Et han !
Tremblhant, chênhant, charmhant
Ahanant et suhant,
Hans honorait le premier jhanvier
Conquérhant et confihant
En pousshant son premier han !
Et han !
Bravhan !