630e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
À Noël, on lui avait offert un bel assortiment de compliments,
mais aucun ne répondait précisément à ses espoirs ou à ses illusions.
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Le soir tombait sur son appartement.
Il négligea d’allumer la lumière pour déballer les paquets soignés, défit un premier nœud, découvrit une mallette de couteaux au prix aussi aiguisé que leur lame. Cordon-bleu. Chef émérite. Maître coq, poule, poussin, toute la basse-cour. Jules n’avait de cesse de vanter la qualité de son palais.
Il déplia un papier de soie rose. Une cravate en glissa, elle aussi de soie, cela allait de soi. Modèle d’élégance. Parangon de raffinement. Dandy, gentleman, Superman. Alicia était intarissable sur sa classe.
Le dernier emballage, arraché sans vigueur, révéla un lot de partitions aussi grêlées que ses mains. Éditions originales de Faust de Gounot. Maestro. Virtuose. Rossignol, chardonneret, coucou, pourquoi pas hibou. Mélanie vantait à qui voulait l’entendre la justesse de ses vocalises.
Un bel assortiment de compliments. Autant de témoignages de ses accomplissements. Tout ce qu’un homme pouvait souhaiter au crépuscule d’une vie bien remplie. Tout ou presque.
Jules n’avait pas dîné chez lui depuis dix ans. Alicia n’avait vu ni ses costumes ni son visage depuis quinze ans. Mélanie n’avait pas entendu sa voix depuis vingt ans.
Il resta assis, immobile, tandis que le soir tombait sur le reste de la maison de retraite.
630/À Noël, on lui avait offert un bel assortiment de compliments,
mais aucun ne répondait précisément à ses espoirs ou à ses illusions.
C’est le 26.12.Le jour se lève à peine
tout le monde est parti se coucher
assise sur le tapis, le dos appuyé contre l’assise d’un fauteuil ,
j’ai devant moi des feuilles de papier sur lesquelles
parents et amis m’ont écrit quelques mots pour accompagner leurs cadeaux
me complimentant ou me souhaitant « monts et merveilles »
Je ris car je m’amuse en lisant tous ces galimatias !
Ils se sont certainement donné beaucoup de mal pour les rédiger
Même un soir de Noël ils ont écrit des mensonges
Avaient-ils le choix ?
Je crois que non
Ils ont voulu tout bonnement m’être agréables
Alors tout au fond de moi je leur dis merci
Et mon cadeau ?
Bien que ce ne fut plus le temps de l’enfance, du moins celle de ceux qui croient au Père Noël, attendre sagement que le carillon sonne avant de sortir de la chambre faisait partie de la magie de ce moment si précieux. L’instant venu c’est conjointement avec une forme de précipitation et de retenue que pas à pas les escaliers furent descendus. Précipitation liée à la hâte de découvrir les cadeaux, et de la retenue afin de déguster ce moment subtil partagé entre inquiétude (de ne pas avoir… ) et joie frénétique face à la réalité (qui irait peut être au-delà de ses attentes ).
En s’approchant de la pièce où se trouvait le sapin les odeurs-souvenir de sa jeunesse revenaient en force dans ses narines, le parfum de l’allumette consumée après avoir allumé les bougies du sapin, celui du sapin, des mandarines déposées au pied de ce dernier…
Son œil fut attiré par une enveloppe qui portait son nom. A l’intérieur il y avait un mot aimable faisant éloge de son caractère mais rien de plus. C’est gentil mais ce n’est pas vraiment un cadeau ? Plongeant à nouveau dans ce déballage mélangeant sans scrupules papiers cadeaux déchirés et paquet non ouvert une seconde enveloppe à son nom fut trouvée. Sourire aux lèvres, s’agissait-il d’un bon d’achat dans un grand magasin ; hé non ! Seulement d’une flatterie, fort bien rédigée, sur son élégance vestimentaire dont aucun détail n’avait été négligé. Pensant conjurer le sort l’idée que « jamais deux sans trois » n’était pas possible un jour de Noël lui vint en tête. Hé bien si ! Le troisième message relevait d’une sorte de cérémonie en hommage à sa ténacité et sa capacité à mener ses activités.
Cela devenait agaçant. Il y avait tout autour des paquets, tous aussi jolis les uns que les autres, mais pour l’instant … pour les autres ? « Tiens, c’est pour toi’ ! » s’exclamât une voix tout en mettant devant ses yeux un petit paquet. Enfin un cadeau ! Avec un peu de frénésie le paquet fut ouvert laissant apparaître un coffret orné de quelques arabesques élégantes. A l’intérieur, joie et déception ; encore un petit mot faisant les louanges de sa civilité, un autre de son discourt posé et consensuel.
La politesse voulait que chaque présent soit accueilli de bonne grâce, ce qui était le cas. Chaque cadeau s’accompagnait de larges sourires et d’exclamations de joie au fur et à mesure que leurs récipiendaires les ouvraient ; mais de son coté, cela grognait intérieurement.
Farfouillant, farfouillant encore d’autres paquets, d’autres enveloppes atterrirent dans ses mains. L’un d’eux ressemblait plus à un boniment qu’a un compliment, mais d’autres applaudissaient ses engagements associatifs, célébraient ses résultats, et que sais-je encore
Certes tout cela était aimable, cette célébration récurrente était bien sympathique mais il manquait le seul présent ayant une réelle valeur à ses yeux : un gros bisous très câlin,
Un bisous permettant de percevoir le soleil sous un ciel d’orage,
Un câlin autorisant à s’élever au dessus des nuages,
Une simplicité rendant plus riche que tous les trésors réunis,
Cela se trouve certainement dans le dernier paquet restant encore à ses pieds
Laurent
À Noël, on lui avait offert un bel assortiment de compliments,
mais aucun ne répondait précisément à ses espoirs ou à ses illusions.
– Chérie chérie les piments, où sont-ils, ils ont disparu.
Je crois bien qu’on me les a volés !
Je sens que je vais faire un malheur si je ne les retrouve pas !
– Fernand, calme-toi, on a jamais eu de piments dans notre maison.
Tu sais bien que toi et moi on n’aime pas manger des plats pimentés.
– Les piments je te dis – les piments que tes deux soeurs et ton frère m’ont offerts à Noël.
– Ah ah chéri j’ai pigé, ce sont les compliments.
Articule un peu lorsque tu parles.
Et puis ces compliments je me souviens, ces compliments tu en n’étais pas content.
Tu avais même fait la tête toute la soirée et le lendemain.
– Oui c’est ça les piments précisa Fernand, les piments ils se sont envolés ; ils ne sont plus dans leurs grosses boîtes !
– Aie aie chéri tu as vraiment perdu la boule. Les boîtes, de quelles boîtes parle-tu ?
Oh la la poursuivit sa femme, j’ai l’impression que je ne peux plus rien faire pour toi.
Va faire un tour à l’extérieur, c’est aujourd’hui marché sur la place du village et peut-être que là tu vas les retrouver tes piments comme tu dis.
Et voilà comment Fernand alla au marché.
Sur les conseils de son épouse, il pensait qu’il allait retrouver les piments que certainement des personnes malintentionnées venaient de dérober dans sa maison.
Au marché, le vendeur de piments fut un peu étonné de voir arriver vers lui Fernand car il n’achetait jamais rien chez lui.
– Eh Fernand viens-tu aujourd’hui pour des piments ?
En ce moment j’ai des piments de presque tous les pays de la Terre. Et en plus pas cher.
– L’autre lui répondit sèchement.
Je vois monsieur que les méchants compliments qu’on m’a offerts à Noël sont ici et que tu es en train de les vendre sans mon accord.
C’était au tour du vendeur d’être surpris des paroles de Fernand.
Il avait aussi remarqué que l’homme semblait confondre piments et compliments.
– Ecoute Fernand lui dit-il.
À moi à Noël on m’a offert plusieurs kilos d’olives noires et vertes, issus de plusieurs pays européens, et depuis j’en mange des dizaines par jour.
– Fais gaffe indiqua Fernand au vendeur, trop d’olives par jour ce n’est pas bon pour la santé ! C’est pire que des obus ces trucs là.
– Ah ah déclara le vendeur, ne crains rien. Allez ouste Fernand ! bientôt midi et si on se servait un petit pastis pour fêter ta venue …
À Noël, on lui avait offert un bel assortiment de compliments,
mais aucun ne répondait précisément à ses espoirs ou à ses illusions
Qu’elle soit gentille, accueillante, jolie, intelligente, belle et tout ce qui s’en suit, elle le savait, en toute modestie ! Mais cette année, ce qu’elle révait d’entendre, c’est qu’elle était en plus de tout le reste, une star des fourneaux, une cuisinière hors pair !
Cette année, c’était sa maison qui avait été le point de chute de toute la famille et elle avait mis un point d’honneur à lancer l’an dernier à la cantonnade «et c’est moi qui régale ! » alors qu’il était de notoriété publique qu’elle ne savait pas cuisiner. Tous les hôtes s’étaient succédé pour lui dire « mais non, ne t ’embête pas, nous amènerons tous un plat ! » mais elle avait insisté « pas question ne me vexez pas, je m’occuperai de tous le repas ! »
Ne voulant se montrer plus blessants, les invités arrivèrent donc les bras chargés de présents. De nombreux, pleins de promesses, d’arômes et de parfums délicats, à déguster pour la plupart, on en aurait presque pu en faire un repas de fête…
Mais l’heure était au réveillon et chacun prit place.
Elle fut ensevelie sous les remarques élogieuses sur la vaisselle, sa décoration, ses mises en scène mais rien ne vint sur les plats divins qu’elle avait passé des heures à cuisiner. On loua sa tenue élégante et le soyeux de ses étoffes mais rien sur les goûts de ses mets raffinés qu’elle s’était échiné à réaliser. On la félicita pour ce sapin féerique et les très beaux cadeaux, quel sens théâtral ! Mais rien ne vint sur sa ronde des desserts. Tout cela était tellement gênant tellement humiliant. Tous ces compliments tellement appuyés sur tout ce qui ne touchait pas à ce qui attérissait dans les assiettes.
Les conversations avaient du mal à décoller et un épais silence se serait même installé si la petite dernière n’avait pas renversé son assiette sur les genoux de la tante Germaine ! « Enfin voyons fais attention ! Après tout le temps passé par tante Lucie dans la cuisine ! ». Pouvait-elle vraiment accueillir ce sermon comme une miette de reconnaissance ?
Le café bouillu (café foutu!) qu’elle serrait fort entre ses doigt à la fin de ce repas fut troublé par des larmes salées qu’elle ne put retenir.
Chacun s’enquiert de savoir ce qui n’allait pas tout en étant fort gêné d’une éventuelle réponse. Le cousin Paul crut sauver la mise quand il proposa que l’on ouvrit dans la foulée les cadeaux. Pour commencer il déposa sur les genoux de leur hôte une magnifique enveloppe qu’elle s’empressa de décacheter. Suspendus à son regard, les invités suivaient les doigts fébriles déchirer le papier. Quelques secondes interminables suivirent les yeux de celle qui découvrait son présent et qui bientôt ânnona les mots chevrotants : « bon pour un cours de cuisine avec un grand chef, valable un an ».
Un ange passa.
Des regards insistants, culpabilisants, affligés se relayèrent jusqu’à Pierre qui resta les bras ballants.
Tout le monde fut pétrifié, suspendu à la réaction de celle que malgré tout, ils aimaient tant.
Elle les regarda, tour à tour, béate, et sans émotion visible. Puis elle finit par lâcher en pouffant :
Alors rendez-vous ici dans un an !!!
À Noël, on lui avait offert un bel assortiment de compliments, mais aucun ne répondait précisément à ses espoirs ou à ses illusions.
Il avait eu droit à tout, sauf à ce qu’il aurait aimé, évidemment. En même temps, il n’avait jamais été clair. Il n’avait pas dit ce qu’il voulait et ce qu’il ne voulait pas. Il le savait pourtant qu’il ne servait à rien d’attendre que cela vienne tout seul. « Les attentes non formulées clairement ne sont jamais satisfaites, et blablabla ». Le discours habituel, il le connaît, comme tout le monde, depuis des siècles.
Mais justement, il ne voulait pas exprimer ses espoirs. Il voulait qu’ils soient enfin devinés. Il avait envie d’être tellement aimé que l’on devinerait ce dont il avait besoin. Il se disait que cela aurait moins de valeur s’il demandait. Et que ce serait magique de recevoir sans avoir rien dit.
Mais voilà, il était trop gentil, trop discret, trop réservé. Il ne se vantait jamais de ses bonnes actions. Il n’en parlait même pas. Personne ne savait. Alors on lui faisait des compliments convenus, modestes, gentillets. Il se sentait inodore, incolore et insipide.
Et pourtant, pourtant, encore aujourd’hui Léo avait sauvés deux jeunes garçons de l’avalanche dans laquelle ils étaient ensevelis. C’est lui qui avait dirigé les sauveteurs vers le bon endroit. Sans lui, les deux adolescents seraient morts. Le jour de Noël, un comble…
Alors oui, il aurait aimé que lui soient reconnues ces qualités primordiales pour un ange gardien : sa vigilance et son altruisme qui lui permettaient de venir au secours des humains, chaque jour, depuis si longtemps, sans qu’ils le sachent.
À Noël, on lui avait offert un bel assortiment de compliments, mais aucun ne répondait précisément à ses espoirs ou à ses illusions.
Et pourtant …!!!!! Sa gourmandise sans limite la tentait impunément : et que je goûte une douceur sucrée et que j’essaie celui qui fait fondre de plaisir , et que je ne résiste pas à ce compliment un peu bidon!
Sans parler de celui qui est totalement à côté de la plaque mais que j’aime tant!
Ah…. Le délice! Le plaisir !….
ÊTRE en dégustant , en savourant
ÊTRE en s’illusionnant du regard des autres
ÊTRE..autrement !!!!
Quel délice de me découvrir ainsi dans leur pensée !
Ainsi, suis-je ????
Oh, Oh, Oh
Mais pourquoi ce cadeau ?
Des compliments comme s’il en pleuvait
Vite, un parapluie
Pour se mettre à l’abri !
Ce qu’elle voulait ?
Recevoir des espoirs
A porter en sautoir
Qui ne la quitterait jamais
Du bonjour au bonsoir
Des espoirs en soie
Qui tiennent chaud
Sur la peau
Et chassent les désarrois
Des espoirs en escadrille
Pour avoir les yeux qui brillent
Elle avait aussi envie
D’un gros paquet d’illusions
Un paquet hors normes
Si énorme
Que pour rentrer dans la maison
Il aurait fallu passer par le toit
Pourquoi pas ?
Dans ses rêves, sans peine
Elle voyait la scène
Le paquet surgi d’une benne
Quelle veine !
Avec un gros nœud bleu
Pour lui en mettre plein les yeux
Mais rien de tout cela n’arriva
Sous le sapin
Le père noël est si taquin
Alors elle croisa les doigts
Et misa sur 2023
CONTE DE NOËL
Et voilà… Cette année encore j’y ai droit :
C’est toujours le même cérémonial :
Il entre dans la salle en bombant le torse, il ouvre sa boite rouge et il énumère fièrement son assortiment de compliments.
– Tu es le meilleur de tous !
le plus effrayant, le plus impitoyable, le plus sale, le plus vil, le plus laid, le plus bête !
Je souris pour lui faire plaisir et j’attends la suite.
– Tu es le plus poilu.
Ton nez est le plus crochu, ta mâchoire la plus puissante, tes oreilles les plus grandes, et tes cheveux les plus hirsutes.
Je souris toujours pour lui faire plaisir et j’attends la suite.
– Tu es le plus gigantesque et le meilleur fin gourmet du siècle, bref … tu es le plus inspirant !
Ainsi s’auto-congratule sur mon dos Charles Perrault tout en faisant des circonvolutions avec sa plume.
Je ne souris plus :
– Il a encore oublié…
Oui, il a encore oublié de me complimenter sur ma délicatesse.
Pourtant, tout le monde sait que Croquejambécul attend que les enfants soient endormis pour les dévorer !
Jamais je ne les ferais souffrir et j’aimerais bien que ce soit reconnu.
En attendant, je suis un ogre triste qui sourit pour lui faire plaisir.
Noël approchant, il s’agaçait déjà à l’idée de devoir cette année encore respecter la tradition qui consistait à ce que lui, le patriarche, ouvre au dessert son cadeau de compliments.
Ceci devant la famille réunie, laquelle n’avait pas le droit de mettre les coudes sur la table, encore moins celui de faire le moindre commentaire. Seulement celui de fixer d’un regard faussement admiratif le père dépliant et lisant à voix haute un à un chaque compliment sorti de sa boîte.
Une fois lu, l’air dégoûté, le menton méprisant raide dans son faux-col, le compliment mielleux et appuyé devenait une boulette chiffonnée propulsée d’une pichenette sur le chat qui n’en demandait pas tant.
Tous en avaient plus qu’assez de devoir endurer cette cérémonie, un complot décida qu’enfin cette année la formule changerait. Pas la méthode ni la manière.
Le cadeau était là identique à d’habitude. Le rite de la cérémonie de même. Jusqu’à ce que le père ne déplie le premier compliment. Ils furent tous tentés de passer sous la table tant la réaction risquait d’être violente. Lui faillit s’étouffer mais déglutit juste à point. Sortit de sa gorge un rire rauque, glacial et démentiel :
» Enfin ! Merci mes enfants….. jusqu’à ce jour vous n’étiez que timorés imbéciles. »
À Noël, on lui avait offert un bel assortiment de compliments,
mais aucun ne répondait précisément à ses espoirs ou à ses illusions. Il aurait préféré …
Un portrait idéal
Une journée apprivoisée
Un tout à l’égo
Un bruit de couloir
Une collection de cliché
Un chiffon heureux
Un ballon mal dans son cuir
Des objets perdus
Une vie en u
Un rêve en zig-zag
Un petit caillou qui a trouvé chaussure à son pied
Un gang de tricoteuses
Des forêts en tire-bouchon
Un itinéraire imprécis
Un e-mail à la mer
Les remue-méninges du mercredi
Un sapin à la moutarde
Des lettres NRV
Des idées à rebonds
De ces compliments-là, il aurait fait un assortiment d’exercices d’écriture créative, qu’il aurait savouré toute l’année.😊
oups savouré
Rectification faite
A noël on lui avait offert un bel assortiment de compliments dans une jolie boîte rouge et or.
Mais aucun ne répondait précisément à ses espoirs ou à ses illusions.
Comme tous les ans, elle invitait sa parentèle qui lui passait un peu de pommade dans le dos. En tant que doyenne de la famille, elle laissait, pensaient-ils, un bel héritage, n’ayant aucune descendance directe.
Dans la boîte d’assortiment, la vieille dame trouva des compliments sur sa bonne mine, la couleur de sa robe, l’élégance de la table de fête etc…
Oh! tante Irène quelle bonne odeur dans la cuisine, vous avez mis les petits plats dans les grands minauda Estelle
Comme d’habitude poursuivit Emile, un cousin éloigné.
Tout ceci doit vous coûter une fortune, fit remarquer Aglaé d’un air ingénu.
Irène remerciait, souriait, embrassait tout en songeant :
Si au moins l’un d’entre eux pouvait évoquer les bons moments passés au bord de la mer dans sa grande villa, les glissades en luge sur les pistes en bas de son chalet savoyard, les fous rire devant la cheminée dans cette même pièce.
S’ils pouvaient me dire qu’ils m’aiment, que tous ces noëls sont pour eux des souvenirs magiques.
S’ils voulaient bien évoquer tout ce que je leur ai apporté. L’amour du beau, l’envie de créer, de savourer la musique.
J’aimerai tant qu’ils me demandent des nouvelles de mes vieux amis qui les ont connu enfants, qu’ils parlent de mon si cher Edmond disparu beaucoup trop tôt.
Mais non, le troupeau bêle, répète les mêmes phrases creuses année après année. Je n’arrive même pas à les détester, je les plains, pauvres imbéciles lorgnant sur mon soi disant magot. S’ils savaient !
Coucou tante Irène, tu rêves ?
Non non, je pense à vous mes chéris dit elle malicieusement. Allez, ce n’est pas tout, passons à table, je vous ai fait ma dinde à la Normande.
Aaah! fit le choeur , chouette, on va encore se régaler.
Oui encore une fois, répond Irène avec un grand sourire.
Anton aurait aimé être reconnu comme grand orateur.
Tout jeune enfant, ses proches se souvenaient, alors qu’ils traversaient le pays en période électorale l’avoir entendu s’exclamer, dans chaque village, en voyant les portraits des candidats : « Oh Papa regarde, Le Filou ! » Des dizaines de fois l’enfant de trois ans avait reconnu un personnage et répété ce qu’il avait probablement entendu dire par ses parents. Ledit personnage avait en effet une maîtrise consommée de l’art oratoire, un aplomb, une assurance que beaucoup lui enviaient.
Grandissant, Anton avait développé de nombreuses aptitudes, par la curiosité qu’il avait du monde, que ce soit pour les arts ou les sciences. Il était autant à l’aise en commentant les écrits de grands penseurs idéologues qu’avec ceux de philosophes ou de poètes. Il jouait du piano sans en avoir jamais reçu la moindre leçon. « Tout à l’oreille », il interprétait les morceaux qui lui plaisaient.
Cet esprit riche, empathique et généreux, avait été un adolescent timide que sa curiosité naturelle l’avait amené à surmonter.
Chacun lui reconnaissait la simplicité avec laquelle il partageait ses connaissances. Tout semble-t-il l’intéressait.
Les années passant, devenu ingénieur, lui qui aimait débattre lors de soirées arrosées en compagnie de ses amis, s’était spécialisé dans le traitement de l’eau…!
Les dernières années de vie professionnelle, il avait enseigné dans l’école d’ingénieur qui l’avait formé initialement. Transmettre ses connaissances, brasser les idées, amener les futurs ingénieurs à se poser des questions sur leur discipline telle était la mission qu’il se donnait.
A l’aube de la nouvelle année, il revoyait son parcours de fils d’immigrés polonais, vivant aux Pieds Humides, un bidonville à l’extrémité des pistes d’envol d’un aéroport parisien. Le courage et son appétit pour la vie lui avaient permis d’accomplir ce parcours.
Néanmoins, lui qui ne cherchait jamais les compliments ressentait un regret. Il aurait aimé être un Grand Orateur, de ceux qui donnent envie d’avancer, de ceux qui vous poussent à vous dépasser au-delà du quotidien, peut-être de ceux qui laissent leur marque dans l’Histoire.
Mais tel n’était pas le cas. Lui, la vedette de conférences scientifiques dans plusieurs pays, se savait reconnu, admiré et critiqué, comme tout un chacun, mais personne n’avait réussi à passer au-dessus de son « cheveu sur la langue », pour lui accorder cette reconnaissance de Grand Orateur qui l’aurait ravi et récompensé plus que tout.
À Noël, il lui avait offert un bel assortiment de compliments, mais aucun ne répondait précisément à ses espoirs ou à ses illusions. Aurait-elle dû écrire sa lettre au Père-Noël, n’avait-il pas lu celle qu’elle avait mis deux nuits à lui écrire, en écoutant en boucle Patti Smith.
« Because the night belongs to lovers… »
Elle avait déjà tout déballé, voilà qu’il lui demandait de recommencer, en ouvrant son cœur qu’il lui offrait. Des jolis mots, à souhait. Il avait mis le paquet. De magnifiques compliments, parfaitement rangés par le savoir-faire de la meilleure flatterie du coin. Du petit mot d’excuse dans son écrin de miel au « Je t’aime » craquant et fondant en bouche quand il est sur la langue, en passant par une farandole de mots doux, des petits choux, des « tu es belle », de la tête au pied, en papillotes, à mâcher et remâcher, « Caramba ! que tu es belle ! ». Elle qui avait déjà une dent contre lui, à plomber l’ambiance de ces derniers jours, toutes grinçaient de la même douleur maintenant.
Elle allait partir, c’était évident.
Il ne la voyait pas, il ne la comprenait pas. Ce tableau qu’il lui avait laissait accrocher dans leur chambre et qu’il trouvait beau, à le voir chaque soir en se couchant, juste avant de se ruer sur elle, pour honorer son amour si fort, indestructible, ce tableau, elle ne l’avait pas acheté dans une galerie du coin, non, c’était le sien, son cœur, sa voix, un cri de détresse, de plus, qu’il n’entendait pas. Et maintenant, sa lettre. Elle n’était pas douée avec les mots. Lui, si. C’était l’artiste, l’auteur, le scénariste, le réalisateur, le producteur même de ses succès.
Des tableaux, elle en avait plein le grenier, comme des maux, plein le cœur, mais ce talent, il ne le voyait pas, ne le comprenait pas. C’était lui, l’artiste. Elle pas.
Pour Noël, la star est entourée d’invités. Tous la couvrent de compliments :
– Si tu étais un délit, tu serais un excès de beauté, de son dernier fiancé.
– On pourrait se passer d’électricité car ton sourire suffirait à nous éclairer, de son imprésario.
– Ma chérie on ne voit que toi, de sa meilleure copine.
– Tu es le champagne qui fait pétiller nos vies, de l’éternel invité.
– Tout ce que tu interprètes devient chef-d’œuvre, de son producteur.
– Tu fais péter l’audimat, de son attaché de presse.
Mais elle aurait aimé entendre :
– Tu es la plus tendre des mamans.
– Je suis fier de toi ma fille.
– Tu me manques, de la part de son ex.
– Merci pour votre présence, des Restos du Cœur.
– Vous m’avez inspiré, de la part d’un artiste.
– Je voudrais te dire pardon, de la part de sa sœur fâchée.
Elle est triste en déballant ses cadeaux convenus. Tant pis, ces compliments qu’elle n’a pas eues, ce sera peut-être pour Noel prochain.
J’adore ! Joyeux noël 🙂
Merci beaucoup.
Joli texte que le votre avec l’influence du mot de Pascal Perrat de mercredi sur la pierre précieuse.
Merci Alain 🙂
À Noël, on lui avait offert un bel assortiment de compliments,
mais aucun ne répondait précisément à ses espoirs ou à ses illusions.
Chacun y allait de son rond de jambe, de son mot le plus sucré, de sa louange la plus obséquieuse, la guimauve n’en finissait pas de couler. Miss Diamantine se décomposer intérieurement de tous ces cailloux précieux qui se courbaient à ras de terre, s’empêtrant dans leur flagornerie. La flatterie n’était pas la meilleure stratégie pour atteindre le cœur de cette pierre précieuse. Elle était lasse de ces prétendants, tous aussi fourbes que Judas.
─ Ils me hérissent la surface polie ces faux amants que j’ai cru pouvoir aimer, pensa -t-elle.
Le cœur de Miss Diamantine de mensonges en trahisons s’était endurci. Si bien que chaque jour elle perdait un peu plus de son éclat. Sa surface devenait terne. Elle ne quittait plus son écrin de velours.
Tous les orfèvres s’étaient rendus à son chevet mais aucun ne parvint à déterminer la cause qui éteignait le superbe éclat de la belle précieuse.
L’annonce de la mort imminente de Miss Diamantine se répandit comme une trainée de poudre et arriva aux oreilles d’un petit caillou biscornu, aux aspérités plus acérées que des lames de rasoir, si bien que personne n’osait l’approcher pour être son ami. Seul il était et seul il finirait. C’était sans compter sur la détermination de ce farouche minéral. Il se mit en tête de redonner sa lumière étincelante à Miss Diamantine. Il partit pour la boite à bijoux où s’éteignait la belle à la veille du jour de Noël emportant dans sa besace un cadeau.
─ Bonjour Miss, retirez donc vos escarpins de vair et chaussez ces ballerines taillées dans un vulgaire morceau de granite.
─ Bonjour Miss, retirez donc vos escarpins de vair et chaussez ces ballerines taillées dans un vulgaire morceau de granite.
La belle grimaça devant la grossièreté des chaussures, elle habituée à la finesse de ses escarpins. Cependant l’effet de surprise fut plus fort et devant cet audacieux cadeau, elle retira sa délicate pantoufle et enfila une ballerine qui instantanément s’adapta à son pied se faisant plus légère qu’elle ne l’aurait imaginé.
─ Viens, lui dit le petit caillou, éclipsons-nous, je t’emmène courir dans la rosée de l’herbe. Je te ferai entendre le chant des oiseaux et goûter le nectar des fleurs. Tu verras tant de merveilles que je suis certain que tu retrouveras ton éclat. Prends ma main, je ne te lâcherai pas.
Il n’en fallu pas plus pour convaincre Diamantine qui rêvait d’aventure, de nouveauté de piment dans sa vie de précieuse devenue si terne dans son écrin de velours.
On ne sut jamais si c’est le fait de parcourir le monde en tenant la main rassurante d’un ami véritable ou la magie de Noël, mais Diamantine reprit son éclat. Elle ne revint jamais dans la boite à bijoux. Elle serait toujours avec le petit caillou dont elle ne criant pas les coupures, sa peau de diamant lui servant de bouclier.