626e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Inventez la fable de la miette et du quignon.
Quignon : morceau de pain, comprenant souvent une bonne part de croûte.
Inventez la fable de la miette et du quignon.
Quignon : morceau de pain, comprenant souvent une bonne part de croûte.
Inventez la fable de la miette et du quignon.
Quignon n’était pas bien dans ses baskets.
Il ne voulait plus travailler dans la boulangerie de son papa.
Il s’acheta un beau camion pour faire le fou dans les rues du village.
Il rencontra Miette, lui fit de gros yeux et ils partirent tous deux dans le gros véhicule.
Pendant plus d’un mois ils roulèrent jour et nuit.
Un matin Miette s’enfuit, ne voulant plus rester avec Quignon.
Elle lui laissa un mot.
Tu es trop mignon mais j’ai trop peur lorsque tu roules avec ton camion.
Je n’aime pas lorsque tu fais le Fangio et que tu appuies trop fort sur le champignon.
Je te quitte Quignon. Je préfère.
Car qui va piano va sano .
Dans le fournil, je marche à la baguette
Mais juste après, je joue de la flûte .
Il faut bien connaître les ficelles
Quand le quignon, bougon
Vient pleurer sur mon épeautre
Lorsque sa croûte par temps humide
S’est transformée en pain de mie.
Envolée, pour lui toute séduction.
Miss miette s’impatiente
De voir ce pain béni ramolli
Craignant que par un coup chaud
Il ne se transforme en brioche
Alors là, adieu gambettes qui croustillent.
Le quignon répond : « Tout plutôt qu’être pain rassit
Ou pire pain perdu. »
Miss Miette veut être dorée à point
Lui ordonne de se faire griller.
Celui-ci ronchonne sans cesse
Craignant les variations de températures du four.
Ces deux capricieux dans le pétrin
Me fourrent et dans la farine me roulent.
Pourtant j’affine ma pâte au levain
Sans relâche, je bichonne les pâtons,
Pour un compagnon du quotidien
Qui accompagne les repas, nourrit l’estomac,
Des hères de peu et gens de peines.
Boulanger, las des fredaines du quignon
A la moindre miette qui passe.
Pédant at arrogant, d’être le premier
Toujours à se faire grignoter.
Saoulé des jérémiades de Miss Miette,
Jamais satisfaite de ma cuisson.
En overdose de ces deux malappris,
Me donnant du pain sur la planche.
Leur humeur belliqueuse rendant mauvais goût
A mes brignolets et autres brichetons.
Mon dû était en chute vertigineuse,
Les clients autrefois enjoués me boudaient.
Je n’allais pas les laisser me retirer le pain de la bouche,
Et vivre dans la médiocrité d’aides substantielles.
J’ai abandonné baguettes et miches,
Ficelles, flûtes et pains de seigle.
Quignon et Miss miettes ont supplié
Effrayés d’être abandonnés à la grande distribution.
Reconverti dans les brioches, choux et chaussons
Croissants et pains au chocolat.
Ces viennoiseries parties comme des petits pains,
Remplissent mon escarcelle
De sonnantes et trébuchantes pièces.
Moralité : N’ouvre pas la bouche pour manger le pain blanc de ton voisin, mais lève-toi de bonne heure pour gagner ton propre pain. Autrement dit, ne reçois pas d’autrui ce que tu peux gagner toi-même.
LA MIE ET LE QUIGNON
Dans l’allée des pains perdus,
Un croûton tout neuf
Qui cherchait sa meuf
Fit une découverte inattendue.
Ils étaient là rassemblés,
Tels des courtisans,
Sur leur trente-et-un pimpant.
Quignon fut un peu troublé.
Comment trouver sa mie
Parmi tous ces pains
Plus ou moins galopins,
Experts en gastronomie ?
Il décida de squatter l’endroit,
Envers et contre tout
Une bonne panade et puis c’est tout.
Il se sentit dans son bon droit.
Lui bottant le train
Et barrant sa route :
– Halte là, dit une croûte !
Tu es dans le pétrin.
Tu ne vois donc pas !
– Que me voulez-vous ?
– Ta mie, elle est partout.
Tu dois faire le premier pas.
627/Inventez la fable de la miette et du quignon
627/Dans le réfectoire du couvent
il y avait de grandes tables
où les sœurs prenaient leurs repas
et rite sacré la Mère supérieure
déposait sur chacune d’entre elles
un guignon de pain
à charge pour l’une de ces soeurs
de couper des tartines ,de forme et épaisseur égales
Or l’une de ces sœurs lorsqu’elle avait à couper ces quignons
mettait dans sa poche ventrale de son long tablier
toutes les miettes du guignon
et les semait dans le chemin attenant
mais aucune d’entre elles ne germa
« la faute aux oiseaux pensa-t-elle »
si bien que les jugeant coupables
elle subtilisa la carabine de chasse du jardinier
lequel surpris s’étrangla avec une miette de guignon
elle lui tapa dans le dos en vain
alors elle lui fit du bouche à bouche
et on ne sut jamais qui dans l’action
avala la miette du quignon…..
Regarde moi la petite chose, je suis le bon Quignon, le croustillant que beaucoup s’arrache. Je suis aux deux bouts de la baguette qu’on achète pour accompagner les repas ou les goûters des enfants. Je trône sur toutes les tables. On me reconnais tout de suite avec ma croute dorée qui donne envie de mordre dedans.
Je te trouve beau, le quignon, et en plus tu sens bon. Je ne suis effectivement qu’un infime petit bout de pain et j’ai besoin de toi pour exister. Je suis en minuscule tout ce que tu es, ta descendance en quelque sorte. Toi tu peux perdre quelques miettes tu seras toujours le Quignon. Mais ne fais pas trop le malin, car tu dois savoir que tu n’es qu’un amas de miettes condensées et que si tu continues à jouer au vieux croûton ronchon qui la ramène, tu seras réduit en miettes.
Moralité : quignon ou miette rien ne sert de la ramener.
Sitôt né, il fut vénéré, toutes les femmes, tous les hommes le trouvaient beau et gracieux. Ils en étaient tous fous, ils l’adulaient, car à sa beauté s’ajoutait sa bonté, et ça ce n’était pas courant.
Attentionné envers tous, leur accordant toute sa bienveillance, aucun n’était jaloux de son voisin. L’air qu’il déplaçait autour de lui était comme des nuages de sourires, les femmes et les hommes se sentaient projetés dans un grand bien-être, une aura magique et chaleureuse accompagnait ses pas .Pendant de longues années il s’occupa des malades, des sans abri se donnant corps et âme.
Mais au fur et à mesure du temps sa beauté n’était plus que légende, ses admirateurs devenaient de moins en moins nombreux. Il s’aperçut que le regard des autres qui autrefois lui donnait charme et force n’était plus dirigé sur lui. Plus il vieillissait moins on le regardait et moins on le regardait plus il était anonyme jusqu’au jour où plus personne ne sut qui il était.
Sylbleu
La fusion inattendue
Une fois, il était une mie et un quignon qui s’aimaient d’amour tendre sûrement
Impatient de retrouver sa belle, quignon, doré et croustillant, décida tout soudain de prendre le chemin pourtant escarpé, malaisé.
Mie, bouillonnant elle aussi, se pomponna. Aérée,odorante, gonflée, elle attendait son mignon. Mais celui-ci tardait. Il peinait à retrouver sa mie, l’itinéraire était semé d’embûches…
A bout, mie se dégonfla… Que fait-il, pourquoi met-il tant de temps ? se lamentait-elle.
Pourtant, le sort n’en était pas jeté. Un couteau bienveillant trancha l’affaire en l’enduisant de beurre savoureux et le fourrant d’une tranche de serrano. Ainsi, mie et son mignon quignon se retrouvèrent-ils dans une bouche que canines, incisives et molaires au mieux de leur forme, croquèrent avec délice. L’union des amoureux fut consommée et leur jouissance totale.
Il faut dire que le morceau de pain qui réunit mie et quignon fut tranché dans une exquise baguette, dorée, craquante, un joyau boulanger. Plaisir garanti.
Le désir fou, né au sein d’un pain chouette, qu’on appelle baguette, entre une mie et un quignon, se réalisa donc par l’intervention d’un sandwich, mais pas n’importe lequel ! Quelque chose de simple mais de tellement bon.
Mie et quignon se retrouvèrent souvent par ce stratagème. Ils décidèrent de sceller définitivement leur amour en ouvrant une sandwicherie qui s’appelait LE SANDWICH FUSIONNEL.
Or donc, un beau matin
Un quignon de pain en goguette
Rencontra une théorie de miettes
– Qu’est-ce donc que cela ?
Mais que faites-vous là ?
Ôtez- vous de mon chemin
Leur dit-il avec dédain
– Allez oust !
Petites choses minuscules
Ne soyez pas ridicules
J’ai une mission à accomplir MOI
– Ah oui, voyez- vous ça
Et on peut savoir quoi ?
Déclamèrent-elles avec emphase
Avant que l’autre ne les écrase
– J’ai un Rendez-vous très important
Ne me faites pas perdre mon temps
– Un RV ! Gloussèrent-elles
Et qui est la belle ?
– Un RV de travail
Espèces de petites canailles
– Un RV de boulot, oh, oh, oh
C’est rigolo, se moquèrent-elles
Et où ça ?
– A l’hôpital
Le ton était glacial
– Avec mon ami Chocolat
On va réconforter les petits qui ont mal
Alors, vous vous poussez ?
Sur ce, très gênées,
Les miettes se sont vite éparpillées
En roulant sur les pavés.
Quelques miettes rebelles rêvaient d’ailleurs
Être mie les fatiguait
Une occasion se présenta
Elles s’échappèrent vivement
Mais sur le plan de travail pas le moindre souffle
Pour les emporter au loin
Jolies petites miettes mais point de cervelle
Le quignon d’où elles venaient de s’échapper
Était comme tous les quignons, imbu de sa personne, susceptible…
Ah misérables miettes de rien du tout
Je n’étais pas assez bien pour vous
Eh bien envolez vous maintenant
Quignon, beau quignon, reprends nous dans ton sein
Nous avons froid, nous avons peur
Plus jamais ne nous évaderons
Menu fretin, de vous je n’ai nul besoin
Mais les pigeons, de vous, feront leur affaire
Allez ouste
Une porte claqua. Marie rentrait du marché
Devant ce bazar de miettes, elle sauta sur son aspirateur
Qui ne fit qu’une bouchée de ce foutoir
Marie vit quignon tout vide, tout creux
Ne sers plus à rien celui là. Chapelure tu seras.
Elle sauta sur son mixer qui broya tant et si bien
Que quignon jamais plus ne put rassembler ses idées
Mais fi des miettes, fi de quignon
Un jour viendra, fi de l’aspirateur, fi du broyeur
Un jour plus lointain, fi de Marie
Un jour ou l’autre nous casserons tous notre pipe
Alors en attendant profitons
De ce que nous avons
De ce qui se présente
Une miette hautaine dit à un vieux quignon
Que viens tu faire chez moi vilain petit trognon
Ne vois tu pas que là est mon assiette
Que j’y côtoie cuillères, couteaux et fourchettes
Tu semble bien plus costaud que moi
Mais ne croit surtout pas que tu vas faire ta loi
Le quignon éberlué à la miette répondit
Je ne vous cherche point noise chère amie
Le repas est fini la nappe peu ragoûtante
Cette assiette presque vide semble être en attente
Bientôt nous finirons tous deux à la poubelle
Inutile donc pour vous de me chercher querelle
Ses toutes petites épaules haussant
La miette se tint coite face à cette argument
Moralité
Que nous soyons ou quignon ou bien miette
A la fin des ripailles on nettoie les assiettes
Une miette de pain pestait contre ses sœurs, peu enclines à se regrouper autour d’elle.
Elles avaient pourtant décidé collégialement de participer à la confection de la panure qui enrichirait le plat convoité.
La miette fulminait, comme à chaque fois qu’elle voyait ses sœurs se disperser et prendre du retard sur l’horaire retenu.
En face d’elles, un quignon de vieux pain, restait sur place, le sourire en coin, gloussant d’observer la pagaille des miettes.
Il interpela la miette, cheffe d’équipe du moment, et lui exprima le doute qu’il avait sur le résultat escompté.
La miette, toujours froissée, n’avait pas l’intention de voir le gros quignon se moquer d’elle ou de ses sœurs.
– Vos sœurs sont bien trop insubordonnées pour parvenir à proposer leur chapelure au plat en préparation.
– Mes sœurs et moi-même sommes au fait de ces recettes et nous satisferons, comme à l’accoutumé, les convives attendus.
– J’en doute ! Votre indiscipline est incompatible avec vos aspirations.
– Et vous, Monsieur le Quignon, que pensez-vous offrir aux convives ?
– Ne vous en faites pas pour moi, j’attends les consignes.
– Je ne m’en fais pas pour vous, je sais que neuf fois sur dix vous terminez dans les clapiers à nourrir les lapins.
– Vous plaisantez ! Ma taille et ma mine dorée offrent des possibilités aux cuisiniers.
– Ah oui ! Et bien, permettez-moi de douter de vos attraits. En dehors du pain perdu et des clapiers, je ne vois pas beaucoup de recettes dans lesquelles vous intégrer. Je suis d’accord avec vous : vous êtes gros, doré et sec comme un coup de trique. Personne ne peut envisager de vous broyer, en dehors des lapins.
Nous, en revanche, nous sommes fines, légères, faciles à accommoder en changeant de forme et de couleur. Notre grand nombre est notre atout majeur. Nous convenons autant aux plats de fête qu’aux plats quotidiens et chaque convive reconnait notre intérêt et notre saveur. Aujourd’hui ce sera Terrine de foie gras, chapelure de pain torréfié et gelée de Gewurztraminer.
Aussi, Monsieur le Quignon, mieux vaut être petit et en grand nombre que gros et impossible à malaxer par les cuisiniers qui ne manquent pourtant pas d’imagination. Alors, bonne chance ; le feu dans la cheminée pourrait bien être votre dernière participation où la qualité principale sera le parfum de brulé qui émanera de vos cendres.
Après dîner, Miette, éparpillée sur la table et le parquet, s’apitoie sur son sort et dit son amertume à Quignon :
– Regarde, je vais encore finir ma vie dans l’aspirateur en compagnie de la poussière et des poils du chat, voire balancée par la fenêtre pour nourrir les oiseaux. Je me suis toujours demandé quelle était mon utilité.
– Tu fais partie d’un tout, comme moi. Je suis le début ou la fin. Le début quand je suis dégusté tout chaud au sortir de la boulangerie ou la fin quand je me retrouve en compagnie des rassis.
– Ils sont tellement stupides les humains qu’ils ne savent pas que tu peux faire des croûtons pour accompagner des plats, faire de bonnes panades et moi servir de chapelure.
Leur dialogue est interrompu :
– Mamour, regarde le gaspillage qu’on fait avec la baguette immangeable le soir, on devrait acheter du pain de mie. En plus, on ferait des économies. Croman sera content.
– T’as raison, j’en ai assez de me casser les dents sur les croûtons. On n’a pas les moyens de changer nos dentiers tous les samedis.
Les délaissés en restèrent babas avant de faire un vol plané par la fenêtre.
Moralité : que vous soyez consommable ou pas, vous finissez toujours dans un estomac.
La miette ayant festoyé tout l’été
à danser d’un petit four à l’autre
d’un pique-nique à l’apéro
se trouva fort dépourvue
quand l’hiver fut venu
Plus d’amies, de folies,
plus de petits canapés
sur lesquels s’oublier
Elle se mit à envier l’ quignon de pain
son voisin
qui bien que dur presque rassi
profitait de son statut,
traité en ami
c’est qu’on savait que l’hiver venu
il saurait être là, se marier à l’envi
à des œufs, à du sucre ou mixé en chapelure
Il aurait fière allure
La miette le supplia :
« Laisse-moi m’accrocher, tu ne me sentiras pas »
Je ne veux être avalée par l’oiseau affamé
je veux être enveloppée, nappée,
me vêtir des plus belles couleurs
être caressée par les plus belles saveurs
-Que faisais-tu au temps chaud ?
Dit-il à la miette éplorée
-Je volais, ne vous déplaise.
-Vous voliez ? J’en suis fort aise.
Eh bien ! Disparaissez maintenant »
La miette et le quignon
Un quignon américain, gonflé de son importance
Décide un beau matin d’aller faire un tour en France.
Ne doutant de rien, il monte sur un bateau
Qui lève l’ancre presque aussitôt.
Sur le pont, il rencontre des miettes discrètes
Laissées là par un môme ayant mangé un petit pain.
Apeurées et toutes perdues, elles restaient cachées.
Le quignon, lui, se trouvant très beau, veut au contraire se montrer.
Espérant dorer encore un peu, il décide de rester au soleil.
Bien que les miettes avec vigueur le lui déconseillent.
Ce qui devait arriver arriva :
Une mouette attirée par ce gros morceau de pain
Sur le quignon mit subitement le grappin.
Moralité :
Si ton sentiment d’importance
Te fait oublier toute prudence
Ne te plains pas d’être bouffé
Par bien plus gros que toi.
Elle, c’est une Miette légère et un peu perdue,
Lui, c’est une Quignon rustique et un peu lourdaud.
Notre Miette commence à fatiguer et s’interroge sur le sen de sa vie,
Notre Quignon se sent bien seul et aimerait soutien, douceur et plus si affinité.
Non non non… ce n’est pas ce que vous croyez !
Je ne vais pas vous raconter l’histoire du vieux quignon qui rencontre la jolie miette, et qui se marièrent: Non Non Non !
C’est juste l’histoire d’une petite Miette qui a une quête, et d’un vieux Quignon en manque d’affection depuis fort longtemps…
Ils ne se connaissent pas mais ce jour là, ils se trouvent au même passage piéton.
C’est rouge.
Les voitures s’arrêtent.
Miette, traverse tranquillement.
Mais Quignon titube et s’affale sur la route.
Miette, bienveillante, revient sur ses pas et essaie de le soulever.
Le feu passe au vert.
Les voitures, fortes de leur bon droit, redémarrent comme il se doit.
C’est l’accident !
On appelle les pompiers : massage cardiaque et tout le bazar.
Dans la foulée on fait un test ADN (ça peut servir),
Et c’est là que Miette apprend que Quignon (qui vient de mourir dans ses bras), est son papa.
MORALITÉ: faut pas voir du sexe partout et si vous cherchez un sens à votre vie, faut toujours traverser au feu rouge.
La miette, ayant déserté
À la première bouchée
Se trouva fort vulnérable
Lorsqu’on débarrassa la table.
Finir dans le noir de la poubelle
Ou noyée dans le lave-vaisselle
Elle alla demander l’hospitalité
Au quignon promis au poulailler
Le priant de l’emmener
À l’air libre, près du champ de blé
Là où, autrefois, elle est née.
« Je me ferai toute petite, je vous promets
Je m’envolerai au premier coup de vent
Sous le soleil jusqu’au firmament. »
Le quignon n’est pas du genre poète
il trouvait cela quand même un peu gros
« Dans les tranchées, vous ne vous en faisiez pas une miette,
Dit-il fort à propos
– Je pensais juste, sous les coups de dents,
À sauver ma mie, ma chair, ne vous déplaise
– Vous voilà sauvée, ma chère, j’en suis fort aise
Eh bien ! priez pour gagner votre croûte maintenant. »
La miette et le quignon
Une miette vit un quignon
qui lui sembla de belle taille.
Elle qui était moins épaisse qu’une demi-portion
se met aussitôt à la boustifaille
pour égaler le crouton en grosseur,
et lui faire perdre de sa hauteur
Disant : – Vous êtes un beau morceau,
j’aimerais atteindre votre niveau ?
-Non ma mie, répond le futur tartiné
avec sa goule enfarinée
On ne ferait de vous qu’une bouchée
si vous persistez à vous goinfrer
A se rêver banette,
la chétive picorette
s’enfla si bien qu’elle creva
victime de son surpoids.
Son mari a terminé sa boulange, il est monté passer sous le robinet sa figure enfarinée, a plié son tablier, et puis s’est couché, comme chaque matin. Avec sa femme, ils ne font que se croiser, à la longue ils finiront par ne plus se connaître.
Miette, elle, est à son comptoir, comme toujours, les clients défilent et repartent ravis avec leur flûte encore chaude sous le bras, ou bien un fendu, un levain, un seigle. Les pains au chocolat ont beaucoup de succès aussi, quant aux chocolatines, ici on connaît pas.
Dans notre Sud, tradition oblige : la baguette est une flûte, le fendu une grosse miche en forme de coco-fesse… (il a beaucoup d’amateurs)
Tout à coup, elle est saisie. Voilà que danse et tinte le rideau de perles de buis et qu’entre dans la boutique un bel inconnu. Il est magnifique, brun, grand, musclé, fin visage, petit foulard autour du cou. Ça doit être le nouveau berger du troupeau communal se dit-elle.
En payant son pain, lui aussi la regarde. Elle est replète, aussi appétissante que sa marchandise. Elle a la bouche en cœur, la peau si blanche, de beaux yeux noirs aux paupières qui parpellent devant ce bel Italien. Le plus beau panini qu’elle eut jamais vu !
Entre eux c’est si électrique qu’elle se trompe en lui rendant sa monnaie.
Leur histoire commence, tellement romantique, un matin la boutique reste porte close, il est venu l’enlever sur son cheval.
Le boulanger est désespéré, sa Miette a filé. Il pleure, il jure qu’il ne fera plus jamais de pain, prend une biture à tout casser, se couche en pleurant dans son pétrin dont personne ne parvient à le faire sortir.
On s’est bien moqué du cocu au village jusqu’à ce qu’on comprenne que plus de pain, ni de mie, ni quignons à ronger, c’était bien embêtant. On essaya bien de le raisonner et de lui remonter le moral « t’inquiète, tu vas voir qu’elle va revenir »
Et en effet, l’escapade terminée, elle revint la boulangère, pleine de repentir, pleurant à chaudes larmes, suppliant le pardon.
Magnanime et toujours amoureux de sa trop jeune femme, les bras grand ouverts, il sortit la cueillir avec son ramasse-Miette.
(Je te demande pardon Marcel pour ma médiocre parodie, mais ton histoire, au cinéma, elle m’a fait tellement pleurer)
Maître boulanger sur son étale courbé
Tenait en ses mains un quignon de pain
Dans du lait il comptait l’imbiber
En ajoutant le quignon dans ce bain
Pauvre Mitron par l’odeur alléché
S’approcha d’un patron des plus économes
Qui de ses produits ne voulait jamais gâcher
De l’avarice il avait le syndrome
Il lui tint à peut prêt ce langage
Et bonjour maitre boulanger
Avec vous point de gaspillage
Mais cette miette de pain vous avez oublié
Le boulanger vit alors la particule de pain
Il crut que son mitron de lui voulait se moquer
Il le congédiât de suite en le traitant de faquin
Radin il était mais jamais ne supportait que ce fût évoqué
Apprenez que tout moqueur
Vit au dépend de celui qui l’écroute
Cette leçon est bien dure sans doute
Pour celui qui ne se sent plus que miette face au vieux crouton.