619e exercice d’écriture très créative créé par pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Il était une fois, une canine rebelle qui sortait du rang.
Découvrant légèrement une lèvre supérieure, elle montrait son envie de mordre.

Ses voisines…

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23 réponses

  1. iris79 dit :

    Il était une fois, une canine rebelle qui sortait du rang.
    Découvrant légèrement une lèvre supérieure, elle montrait son envie d’en découdre.

    Du moins, c’est ce que tout le monde croyait.
    D’ailleurs, tout le monde se méfiait d’elle et ne se gênait pas pour la juger et l’affubler de tous les maux. La lèvre, elle, patissait de tous ces jugements à l’emporte pièce. Et elle souffrait car elle, elle connaissait son secret. Elle avait été le témoin impuissant de cette folle histoire de dent qui ne put jamais rentrer dans le rang. Elle ne demandait pourtant que ça. Elle comprit très vite qu’elle serait différente quand elle grandit et que son chemin allait dévier inéluctablement de celui de ses congénères. Elle en fut paniquée puis résignée. Moult mains gantées guidées par une lumière blafarde tentèrent de l’ausculter, de la redresser. On envisagea même de la sacrifier. Et puis non. On la laissa pousser et le seul soutien qu’elle trouva fut la lèvre supérieure contre laquelle elle vint se poser. La lèvre bien que contrariée, accepta cette cohabitation forcée. Elle en avait tellement eu marre d’être triturée, écartelée à chaque inspection de son antre qu’elle fut soulagée d’apprendre que la dent resterait en place. Mais jamais elle n’aurait imaginé ce déferlement de haine et de rejet à l’encontre de cette dent rageuse comme la décrivaient tous les autres mécréants.
    Puis un matin, le grand homme chuta. Il tomba face contre terre et la dent trop exposée ne résista pas. Elle entailla à son grand regret la lèvre maintenant atrophiée et sanguinolente. Elle laissa d’abord un trou béant que même la lèvre une fois guérie ne parvint pas à dissimuler. Il en fut terminé de cette bouche trop souvent qualifiée de mordante.
    Quelques mois plus tard, on implanta une nouvelle dent à la place vacante. Elle était toute jeune et toute fraîche, sans expérience. Cela fit taire tous les quolibets et les regards malveillants. Et pourtant, elle n’était pas la dernière pour faire siffler des mots désobligeants. Elle faisait la fière devant ses grandes sœurs et salissait malgré sa blancheur, cette bouche qui subissait ses assauts arrogants. Le mal ne se voyait pas, bien qu’il soit dans la place…

  2. Urso dit :

    Il était une fois, une canine rebelle qui sortait du rang.
    Découvrant légèrement une lèvre supérieure, elle montrait son envie de mordre.
    Ses voisines…

    Elles ne sont pas sympathiques avec moi. Quelquefois elles me disent des mots pas trop gentils.
    Étant une bonne âme je ne réagis pas.
    Je suis d’une grande douceur avec elles.

    Bon je le sais, je suis une canine un peu différente, qui ne suis pas bien alignée avec les autres dents, ce qui provoque ce sourire figé éternel que monsieur a constamment au cours de la journée et certainement de la nuit.
    Ce n’est pas ma faute, c’est la nature qui a fait les choses comme ça.

    L’autre jour pourtant j’ai craqué. J’en ai eu marre subitement de ces mots que peuvent m’envoyer en pleine figure mes voisines.
    Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Moi d’habitude si calme et polie.
    Avec le recul, je tremble encore de ma sauvage réaction.
    Avec une violence extrême et avec la rapidité de l’éclair, à poings nus, je me suis mis à fracasser, mutiler et exterminer les autres dents.
    Oh les pauvres ce qu’elles ont souffert.
    C’était vraiment horrible. Du sang partout et des hurlements à ne plus finir. Dans cet grand océan bleu.

    Je n’ai pas de chance. Quelques jours après toutes ces dents et elles sont vraiment plusieurs, elles ont vite repoussé.
    Cette belle nature est méchante avec moi, car mes voisines sont – je le vois – revenues très rapidement.

    Ah les amis j’ai oublié de vous le dire.
    Je suis une véritable canine et je vis actuellement avec mes consoeurs dans la gueule d’un requin blanc.
    Un peu comme Jonas de la bible ne voulant pas aller à « Canine » se retrouva dans le ventre d’une grosse baleine.

    Les requins paraît-il – ils n’ont pas besoin au cours de leur vie de dentistes qui soignent leurs dents.
    Oh que je suis triste. Toutes ces voisines dents que j’ai voulu retirer de la circulation elles sont de nouveau là.
    Il faut certainement voir les choses d’une manière positive.
    Comment donc aurait fait « mon patron » pour se nourrir et vivre sans ses dents. C’est donc bien pour lui qu’il ait retrouvé sa chère dentition.
    Ah ah le bougre je l’aurais aussi bien vu avec plusieurs dentiers.

    J’ai une idée. Je pars, je m’en vais, je prends le premier vol pour Rio de Janeiro, Lima ou Calcutta.
    Je pars, définitivement. Je prends le large. Devenir libre comme l’air.
    Quitter mon requin blanc, et mes voisines … coquines qui ne font jamais la cuisine. Youpi je suis une canine qui revit … avec un trop plein de quinine, d’amphétamines et d’aspirine.

  3. Michel-denis Robert dit :

    619 – Il était une fois, une canine rebelle qui sortait du rang. Découvrant légèrement une lèvre supérieure, elle montrait son envie de mordre.
     » Qu’est-ce que vous croyez, je suis née pour déchiqueter. Je dîne aux aurores, hors de tout principe de bienséance. Dans la rue, le soir, il ne faut pas moufter. Je guette ma proie toute la nuit et quand je la sens abandonnée dans son sommeil… »
    – On a trouvé ça, dans la poche du cadavre.
    Le médecin légiste brandissait un morceau de tissu arraché, sur lequel avait été gravé à l’encre noire qu’il supposait de Chine, cette phrase énigmatique inachevée qui exposait les intentions de son propriétaire.
    – Oui, ça veut dire quoi, selon vous ?
    – Moi, je vous dis que c’est un message codé.
    – Un tueur en série ?
    – Sauf que c’est ce pauvre homme qui est mort.
    – Il est peut-être tombé sur un concurrent.
    – Ah ! Voilà une bonne question.
    Je ris sous cape. Ce docteur me parut bien naïf, en ce sens que cette question pouvait être aussi une affirmation. L’auteur n’avait pas son pareil pour semer le doute. Cette canine avait les caractéristiques pour en égarer plus d’un. Au premier abord, elle était unique, surdimensionnée, presqu’animale et sans vis-à-vis. Les autres dents étaient, disons, normales, même les autres canines. Tout le monde, dans la salle était dubitatif.
    – Un prédateur handicapé, ça ne tient pas la route. A moins que ?…
    – Vous pensez à quoi ?
    – Pour le moment, on ne peut rien dire, c’est trop tôt. Mais je crois que nous avons à faire à quelque chose de très spécial.
    – Oui, je crois que deux tueurs se connaissaient et que le plus jeune a éliminé le plus ancien. Et puis, cette phrase non terminée qui laissait beaucoup de place aux sous-entendus. Etait-ce une menace pour le futur ? Décidément, les enquêteurs allaient avoir du pain sur la planche.
    – Il faudra imaginé un piège, en espérant qu’il morde à l’hameçon.

  4. Françoise - Gare du Nord dit :

    ll était une fois, une canine rebelle qui sortait du rang.
    Découvrant légèrement une lèvre supérieure, elle montrait son envie de mordre

    Ses voisines ne s’en laissaient pas conter par sa fausse couronne, son air « collet monté » et ses grands airs de « Reine du palais ».

    Elles ne se laissèrent pas non plus impressionner par sa bouche en cœur et son teint d’émail. Elles décidèrent de lui faire rendre gorge

    Elle se liguèrent, toutes ensemble, même la dent de lait, si jeune et si tendre et la dent de sagesse, peu encline au conflit, pour lui faire rendre gorge

    Pourtant, notre canine réfractaire était fermement décidée à prendre racine et à ne surtout pas se faire extraire. Elle n’était pas du tout du genre à tendre l’autre joue

    Que le chemin fut long et ardu entre les miam-miam, glou-glou, crac-crac, brrr-brrr de l’homo habilis et le langage articulé et les émotions complexes du dernier.

    Car c’est dans la bouche du premier homo sapiens qu’apparurent cette canine rebelle sortie du rang et dans la foulée, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité :

    – la jalousie tant elles enviaient sa ligne pulpeuse

    – la médisance à cause de ces mauvaises langues

    – l’exaspération en raison de leurs nerfs à vif

    – le dégoût tant elles avaient le cœur au bord des lèvres

    – l’agitation parce qu’elles étaient déchaussées

    – le renoncement quand elles allaient se faire brosser

    – les changements d’humeur du fait de leurs saignements

    – et, pour finir, la rancune car toutes les dents, les molaires, les incisives et même les canines, ses semblables, gardèrent toujours une dent contre elle

  5. Nouchka dit :

    La bouche de Mado avait subi diverses évolutions.
    Enfant, il n’y avait rien eu de particulier à signaler. Toutes ses petites dents de lait avaient sagement trouvé leur place dans l’arcade qui leur servait de reposoir. Puis, vers l’âge de dix ans, les canines définitives commencèrent à pousser. Les autres dents permanentes, déjà en place, faisaient leur possible pour que les suivantes réussissent à se caser.
    À partir de ce moment-là, la canine supérieure gauche se développa de manière telle que la mâchoire ne pouvait la contenir comme il se doit.
    Les pauvres dents voisines étaient assez vexées de la place que s’octroyait cette canine agressive hors de proportion.
    De son côté, Mado s’épanouissait sans se soucier de ce défaut esthétique. Ses compagnes et compagnons de classe, puis ses collègues de travail l’avaient surnommée Dracula en toute amitié car Mado était sympathique, enthousiaste, très bonne infirmière de son état et à la personnalité affirmée.
    Les années, puis les décennies passaient. Les dents dans la bouche de Mado acceptaient la situation faute de pouvoir la changer. Le sourire de Mado ne les mettait pas en valeur. Les interlocuteurs ne voyaient dans ce sourire qu’une défense proéminente comme les morses peuvent en avoir.
    Or, un jour, lors d’une expédition autrichienne entre amis, l’un des participants, dentiste de profession, chercha à savoir si Mado avait consulté à propos de sa canine débordante. Il semblait que rien n’ait jamais été entrepris pour atténuer cette disgrâce de la nature. Le dentiste expliqua comment lui-même s’y prendrait pour rectifier cette dent. Mado écouta sans poser de question ni faire de commentaire.
    Mais une année plus tard, alors qu’elle participait de nouveau à une randonnée alpine, le dentiste retrouva une Mado métamorphosée. La canine avait été coupée et sculptée. Le visage et le sourie de Mado étaient méconnaissables.
    Mado avait alors atteint l’âge de la retraite, était toujours célibataire mais pouvait entamer une nouvelle vie de séduction au plus grand plaisir de toutes ses dents qui s’employaient à sourire de toute la largeur de sa jolie bouche enfin reconnut comme telle.

  6. françoise dit :

    619/Il était une fois, une canine rebelle qui sortait du rang.
    Découvrant légèrement une lèvre supérieure, elle montrait son envie de mordre.
    Ses voisines les incisives, les prémolaires et les molaires lui demandèrent de se calmer. A une on avait mis une couronne, l’autre avait un plombage, une autre devait être arrachée et remplacée par un implant.
    Mais que vas-tu devenir ?
    Je ne sais pas car ma propriéétaire a passé l’âge qu’on me mette sous l’oreiller .

    La canine soudain leur dit qu’elle a entendu quelqu’un dire qu’il ne fallait pas attendre d’avoir de fausses dents pour mordre dans le fruit défendu.
    Où il pousse ce fruit dfendu ?
    Tu ne sais pas ? Moi non plus !
    Soudain elles entendirent le bruit de la brosse à dents.C’était un moment qu’elles exécraient mais là non plus elles n’avaient pas leur mot à dire……

  7. 🐻 Luron'Ours dit :

    🐻 ÉCHAPPÉE BELLE

    La plus guerrière avait molesté la lèvre du haut, ajoutant à la mine patibulaire du croque-mitaine. Les autres canines la jouaient profil bas. Quand il fut mis en prison ce fut elle qui s’échappa à la faveur de la complicité et à l’insu de son plein gré du boulanger. La belle miche cachait une lime, la dent dina dodelina et se mit en boule ; une évasion réussie. Elle prit part au braquage de la banque solidaire et des denrées non alimentaires pour pertes et profits, hissant le pavillon noir sur la marmite. On n’en finirait pas de narrer les exploits de cette canine dans le recueil 32 dents et une dehors.🐻 Luron’Ours

  8. Catherine M.S dit :

    Il était une fois
    Une canine solitaire
    Qui traînait sa misère
    Dans la mâchoire du bas
    D’une jeune demoiselle
    Ladite dent avait perdu sa sœur jumelle
    Lors d’un drôle de combat
    L’affaire n’était pas claire
    Mystère …

    Depuis ce jour-là
    La demoiselle ne riait plus aux éclats
    Se cachait au moment des repas
    – J’ai pas faim, ne m’attendez pas
    Pire que la peste et le choléra
    La jeune donzelle était dans tous ses états
    La canine se confia à ses voisines
    – Que faire chères molaires
    Pour redonner le sourire à la gamine
    Qui va bientôt crier famine ?
    Les molaires se regardèrent
    Les pré-molaires les rejoignèrent
    Véritable conciliabule dentaire
    Alors que faire ?

    C’est une petite incisive qui s’enhardit
    – Si vous voulez, j’ai une piste
    Envoyons-la chez le dentiste 
    Pour la faire couronner
    Elle sera la reine du quartier
    Celle qui vit, comme nous, dans un palais
    Pour elle une dent en or
    Pour nous un vrai trésor
    Sitôt dit, sitôt fait
    Dare-dare chez le quenottier
    La demoiselle fut adressée
    Le trou fut comblé
    Et son sourire, sous peu, retrouvé.

  9. Jean Marc Durand dit :

    « Il était une fois, une canine rebelle qui sortait du rang. Découvrant légèrement une lèvre supérieure et dédaigneuse, elle montrait son envie de mordre. Ses voisines, de pâles végétaliennes et tristes frugivores, il les méprisait, à la base, du fond de son palais préférentiel. Pas question pour lui de passer sa vie à mâchouiller des biscottes ou à malaxer de la purée. Il lui fallait du sang frais pour alimenter sa royauté décadente, son impérialisme envahissant. Il méprisait tant ses colocataires, les ramollaires et le indécisives, qu’il les obligeait à se déchausser pour lui adresser la parole. Un jour que son humeur était mauvaise, celle-ci décida de chasser les envahis à l’intérieur de son contrôle. Elle leur expédia des punitives et des chars sans voiles. A celles et ceux et les autres qui se mêlaient de ce qui ne les regardait pas, en trempant les doigts dans sa boucherie, il les menaça de la grande boule puante. Ce fut la foire des poignes et… »

    Le p’tit Manu ne dormait toujours pas…il interpella sa Brigîte : « Excuse-moi, ma chérie, mais, ce n’est pas avec cette histoire-là, que je vais m’endormir dans le juste sommeil du travail accompli !

    – Pardon, mon poussin des îles, cette semaine, j’ai trop siroté de jus télévisé !

  10. 🐀 Souris verte dit :

    Bien mal parti j’étais ce qu’on appelle: la naissance de trop… Il m’en est resté une envie de mordre, j’avais les crocs. Mais grâce ou à cause d’une canine qui dépassait -la 33e dent – ma lèvre supérieure dépassait me donnant un sourire permanent et attendrissant. Mes darons considérant que je n’étais pas un animal de foire me la firent sauter… 33 dents je leur faisais déjà assez honte, ils n’avaient pas besoin de ça ! Après, on me les a barbelés pour reboucher le trou ! Sans succès et j’ai perdu mon sourire d’enfance… Ca, il faut bien que ça arrive un jour ou l’autre. Quant à l’espace pour tout vous dire, c’est très commode pour coincer la paille et siroter mon pamplemousse -fraise et croquer la vie à belles dents.🐀

  11. RENATA dit :

    Ses voisines , les cinq chicots restants lui marmonnent :
    – Allez ! vas-y ! croque un enfant , c’est tendre et savoureux , tu ne te casseras pas .
    – Non , mord un vieux , il ne peut pas se défendre , il n’a plus de mordant !
    – Ecoute moi , attaque un chien ainsi tu vengeras les humains !
    – Mordille plutôt ton amoureux , t’as vu la nuit dernière comme ça l’a excité ! J’ai aussi entendu le plaisir que tu as pris .
    – Mâchonne moi ce crayon qui n’écrit que des conneries !
    – STOP!!! taisez-vous ! se mit à hurler Canine : « La ferme les ratiches ! claquez-vous le dentier ! vous me mettez sur le nerf ! Si vous continuez , c’est vous que je vais broyer . Je vais vous sucer la dentine jusqu’à disparition « .
    Les chailles ne pipent plus mot . Silence dans le râtelier . Elles ont trop les chocottes .
    Soudain du fond du palais on entend Quenotte :
    – Quelles langues de vipères vous faites alors que vous vivez dans un palais !
    Croquez la vie à pleine dent avant que carie ne vienne vous déchausser !
    Elles sourirent de toutes leurs dents . Enfin , du peu qu’il restait !

  12. Nadine de Bernardy dit :

    Il était une fois une canine rebelle qui sortait du rang. Découvrant légèrement une lèvre supérieure, elle montrait son envie de mordre.Ses voisines, tout au moins le peu qui restaient, la trouvaient trop timorée à leur goût, ignorant que cette rébellion n’était plus qu’une posture désormais
    – Allez vas y, de quoi as tu peur ? Tu es seule maintenant, ta soeur s’est déchaussée, tu dois prendre la relève.
    – Tu attends quoi grogna une prémolaire jaunie, tu vas te laisser choir comme les autres ?
    – Tu sais bien que c’est toi qui fait peur aux enfants quand notre vieille sorcière enfourche son balai
    Mais la canine n’était plus à la hauteur de sa réputation, l’âge l’avait rendue pacifiste, elle aspirait au calme.
    Sa force l’abandonnait, elle avait peur de rester plantée dans une chair tendre ou de se casser sur de la carne trop cuite.
    – Ne m’en demandez pas trop, je suis seule, les incisives ne sont plus. Il reste bien les dents de sagesse et vous autre les râleuses, mais sinon ……
    Voilà que les voisines entonnèrent:
    – Allez la canine, allez la canine, allez !
    Dans un dernier effort désespéré, la canine attendit le moment propice et attaqua la main de la sorcière au moment ou celle ci s’apprêtait à mordre dans un morceau de pain. Elle hurla, faillit avaler la canine qu’elle recracha avec dégoût, puis jeta le tout dans la poubelle, n’ayant jamais cru à la petite souris.

  13. Grumpy dit :

    Il est né juste après guerre, celle de l’an 40, avec déjà une ou deux dents (enfant, il en a été très fier, il disait à ses copains ‘comme Napoléon’ !) S’imaginant que lui aussi aurait un destin hors du commun.

    Ben non. Enfance tout à fait ordinaire. On se moquait bien un peu de lui à l’école à cause de ses deux canines disposées en « surdent ». Sa maman voulant que son petit soit tout à fait joli avait essayé une fois de le traîner chez le dentiste pour voir si on pouvait arranger ça. Traîner était le bon verbe, lui qui ne voulait pas avait raclé des pieds tout du long et bousillé une paire de sandales, ce qui lui valut deux claques.

    Comme il le redoutait, le dentiste lui a collé une belle trouille. Pourtant le brave homme magnanime lui expliquait tout en douceur que étant en effet un arracheur de dents, ça ne voulait pas dire qu’il faisait mal.

    Mais le petit lorgnait la roulette encore à pédales d’un œil méfiant, tout en évitant de regarder la pince et la tenaille qui l’attendaient au garde-à-vous dans le plateau inox. C’était pas encore demain la veille qu’existeraient les appareils aux palais roses crochetés de fer.

    Il s’est tellement débattu, a tellement pleuré, bavé, crié, que dentiste et maman se sont découragés. Il avait sauvé ses deux canines.

    Il avait eu raison parce que finalement, elles ne lui ont jamais porté tort, même pas auprès des filles. Sauf quand il avait eu l’idée de laisser pousser au-dessus une fine moustache. Ce qui ne se révéla pas être une bonne initiative, ça mettait ses deux dents agressives encore plus en avant, et ça faisait reculer les filles.

    Sans moustache mais après de bonne études et toujours ses deux dents, dont finalement il était fier car elles le faisaient sortir du lot, il devint vétérinaire.

    Il soignait de préférence les chiens, totalement fasciné par la force et la belle ordonnance de leurs mâchoires. Il en choisit un pour lui, et pas qu’un peu, un molosse si impressionnant qu’il l’appela Brutus.

    Respectueux de la loi, pour le balader il lui installait une muselière, la plus jolie et la plus chère du magasin, en cuir rouge avec des rivets dorés.

    Brutus faisait un peu peur dans la rue, surtout aux enfants qui redoutaient d’être bouffés et aux grand-mères qui se rappelaient du conte et craignaient pour leurs petites filles.

    Ils leur disait « n’ayez pas peur, vous voyez bien qu’il ne peut pas vous mordre…» A quoi on lui répondait, ouais, on dit ça, on dit ça, et puis …

    Ne parvenant pas à les convaincre de l’innocence de Brutus, il sortit désormais muselé lui-même comme son chien et chaussé de crocs assortis, c’était décidé il ne parlerait plus à personne, il afficha sur la porte de son cabinet :

    Ici on ne soigne que les chats, les serpents, les écureuils et les oiseaux.
    Pour les chiens prenez RV chez votre dentiste.

  14. FANNY DUMOND dit :

    Il était une fois une canine rebelle qui sortait du rang. Découvrant légèrement la lèvre supérieure, elle montrait son envie de mordre. Ses voisines s’apitoyaient.

    – À cause de toi, nous ne pouvons pas nous montrer parce que Sissi évite de sourire et de parler, s’agaçait une incisive du second étage.

    – C’est vrai ! s’écriait une voisine de palier. À quoi ça nous sert d’être si belles, si blanches, si bien alignées comme des perles dans un écrin. En plus, c’est surtout nous qu’on remarque.

    – Arrêtez de vous la péter. C’est pas la beauté qui compte, mais notre utilité, s’énervait une habitante du 1er.

    – Et vous croyez que ça m’amuse d’être si mal foutue ! s’écriait la coupable. Moi aussi, j’aimerais me pavaner comme vous et Sissi ne serait plus harcelée par ses amis qui la traitent de vampire et d’avoir la dent longue.

    – Eh oh ! Moi, je m’en fous qu’on ne me voit pas, mais j’en ai marre de souffrir, pleurnichait une dent de sagesse.

    – C’est parce que t’es pas sage, entendait-on comme en écho.

    – C’est surtout qu’elle veut prendre toute la place ! hurlait une molaire. Elle n’arrête pas de me pousser et moi aussi, j’ai trop mal.

    Au plus fort de leurs chamailleries, les locataires entendirent :

    – Ça y est Sissi, j’ai eu le diagnostic de l’orthodontiste, il va t’en faire sauter quelques une.

    Un grand silence se fit dans le clapoir.

  15. Patricia dit :

    Il était une fois, une canine rebelle qui sortait du rang.
    Découvrant légèrement une lèvre supérieure, elle montrait son envie d’être autre chose qu’une simple dent sans âme.

    Malheureusement pour elle, elle s’était rapidement rendu compte qu’elle n’était pas comme les autres. Déjà, toute petite, elle s’était distinguée en refusant de sortir de son nid. Elle avait mis des mois et des mois pour émerger et se montrer enfin. A cause d’elle, il y avait eu pendant longtemps un trou disgracieux dans cette mâchoire par ailleurs éclatante et très bien rangée… Sa propriétaire avait d’ailleurs pris l’habitude de sourire sans ouvrir la bouche. C’était triste, certes, mais c’était surtout qu’elle se sentait trop incomprise pour faire comme les autres, pour juste pousser sans manifester sa différence.

    Mais voilà, lorsque l’on se sent autre, c’est difficile de s’adapter. Elle avait fini par pousser cependant, mettant sans le vouloir ses voisines en péril dans son dessein d’occuper une autre place que la sienne. Il avait fallu la mettre en maison de redressement, la barder de fil de fer pour qu’elle finisse par accepter de filer droit.

    Las, le résultat n’était pas du tout à la hauteur des espérances. Pour finir, on ne voyait qu’elle, mais au lieu de susciter des questions, au lieu de lui permettre de s’exprimer enfin, on décida qu’elle n’avait rien à faire là. On ne lui demanda évidemment pas son avis. On l’arracha…

    Les différents, on ne les accepte pas.
    Les têtes qui dépassent, on les coupe, c’est bien connu !

  16. Alain Granger dit :

    Ses voisines jouaient les bonnes pâtes. Elles étaient toutes Ivoire et carrées, parfaitement alignées, respectueuses de leurs fonction, heureuses dans « le meilleur des mondes ». La mère de Catherine, la canine, lui disait qu’elle était belle mais elle se sentait rebelle. Elle se sentait belle deux fois. Belle parce que surnuméraires et légèrement avancée par rapport à ses deux censeurs canines. Ces dernières se montraient câlines avec elle, se serrant l’une contre l’autre pour lui faire une place. Mais plutôt que reconnaissante, Catherine se montrait incisive avec elles, mordante même. Elle avait la dent dure. Catherine se sentait surtout rebelle, révoltée contre l’ordre établi. Elle titillait les lèvres de sa pointe acérée afin qu’elles restent entrouvertes. Elle ne voulait pas fermer sa bouche. Elle voulait mordre la vie sans demander l’avis des autres. Elle souhaitait croquer la vie à pleine dent.

    Catherine était jalouse. Elle avait une dent contre les prémolaires qui prenaient de la place auprès d’elle, et surtout elle jalousait les molaires pour leur belle couronne, leurs racines multiples et profondes qui leur donnaient suffisamment d’assise pour faire résonner les mots lierres dans la cavité buccale. Catherine était d’ailleurs très décriée par ces dernières. Elles lui reprochaient de faire chuinter la voix en occasionnant une légère ouverture de la bouche à cause de son avancée. Le son se distordait par cette fissure. Comme elle était un peu plus haute que les autres, les mots venaient buter contre Catherine, venaient se casser les dents contre ce haussement de taille. La propriétaire de la bouche eut un dégout pour elle, surtout à l’adolescence. Elle la trouvait disgracieuse dans le miroir. Un jour elle prit le mors au dent contre celle-ci. Elle la fit arracher par le dentiste. Ce dernier fut surpris de voir combien cette canine avait la dent longue. Il eut beaucoup de mal à l’extraire car elle possédait de longues et profondes racines. Catherine perdit la vie dans un saignement abondant. Toutefois, elle resta présente auprès de la propriétaire dans un petit bocal. L’adolescente l’exhibait comme un phénomène vaincu à Clair, sa meilleure copine. Elle lui mentait comme un arracheur de dent, se ventant de ne pas avoir été endormie durant l’intervention. Mais au-delà de sa mort, Catherine eut sa petite vengeance. Pour sa propriétaire ce fut œil pour œil, dent pour dent. Cette propriétaire attrapa rapidement une infection à son œil droit. Elle faillit perdre la vue. Elle ne voyait plus Clair qu’à travers deux dixième d’acuité car Catherine avait un lien neurologique avec cet œil droit qui lui faisait des clins depuis fort longtemps.

  17. mijoroy dit :

    ─ S’il te plaît raconte-moi une histoire.
    ─ Alors prends ta brosse à dents et ton dentifrice. Frotti frotta les quenottes, mousse, mousse la pâte à dent tant que je n’ai pas fini mon histoire. Deal ?
    ─ Deal tatie Lili.
    ─ Il était une fois, une canine rebelle qui sortait du rang. Elle soulevait la lèvre supérieure affirmant ainsi son envie de mordre.
    ─ SCRUCH…Ché…chune..chéchante.
    ─ Frotti frotta tu te brosses les dents sans parler.
    ─ Donc ses voisines, les incisives et les molaires en avaient marre que Miss Canine se la jouait star des fils de vampires. Cette orgueilleuse ne savait que mordre, croquer ou déchirer. Même la petite souris avait peur d’elle lorsqu’elle venait mettre une pièce sous l’oreiller à chaque nouvelle dent. Un vieux chicot avait suggéré de lui donner une bonne leçon pour lui couper son envie de mordre. La présidente de la mâchoire s’était entretenue avec celle de la dentition. Un coup de langue sur le palais avait scellé l’accord. Une guerre sans merci serait déclarée à la carnassière. La bouche avait été désignée comme émissaire. Elle annonça qu’un concours de croqueurs de piments était organisé avec comme prix, son portrait sur tous les murs et bus de la ville pour la société Email qui brosse plus blanc que blanc toutes les dents. La canine se croyant à la hauteur du challenge signa sa participation d’un coup de croc vif. Les dents de lait imprudentes et inconscientes furent vite éliminées. La canine mordait, croquait, suait, mais ne lâchait pas le piment. Elle commençait à pleurait tant les piments étaient de plus en plus forts. Leur jus lui brûlait les yeux. C’était comme la lave d’un volcan qui lui descendait dans le gosier. Elle voulu boire un verre d’eau ou une gorgée de lait. La présidente de la mâchoire lui rappela les règles. Pas d’eau, ni de lait, ni de mie de pain. Toutes l’équipe des dents guettait le moment où elle capitulerait. Beaucoup avaient parié sur sa défaite, malgré le clan des vampires qui avait terrorisé tout le monde histoire d’influencer les parieurs. Face à elle la dodue dent de sagesse, insensible au feu du piment, croquait en souriant des signes de faiblesse de son adversaire. La canine était passée de son blanc éclatant au rouge carmin. Elle s’enflammait de plus en plus.
    ─ Churf… Alorch…qui…ché…qui…a gagnché…
    ─ Taratata, frotti frotta les queunottes !
    ─ Donc la canine rebelle était de plus en plus en feu, la gencive attaquée par la combustion de la dent saignait, essayait en vain de lui conseiller d’appeler la patrouille du verre d’eau avec en fort les As de la mie de pain. La canine résista encore voulant atteindre le centième piment, hélas le dernier piment oiseau eut raison d’elle. Elle tomba et personne ne la pleura. Pas une seule petite souris pour venir lui apporter une pièce.
    Depuis les dents se méfient des aliments piquants, épicés ou sucrés. Le dentifrice est devenu leur meilleur ami et plus aucune dent ne s’avise de vouloir être ne « matuvue ».
    ─ Bin pourquoi y’a des dentifrices qui piquent ?
    ─ Rince -toi la bouche, ce sera pour une autre histoire.

    • RENATA dit :

      Aux prochaines vacances Je mets en pratique votre histoire avec ma petite fille lors de la corvée du brossage des dents !
      merci Mijoroy .

      • mijoroy dit :

        Ah chouette Renata. Ja racontais des histoires qui duraient 3mn à mes élèves pour tenter d’imprimer quelques bonnes habitudes 🙂

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