608e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Je me souviendrai toujours du jour où, suivant les conseils d’un grand sage, j’ai décidé d’être tolérant. J’ai débuté à la caisse d’un supermarché en congratulant la personne qui me passa devant. Puis…

Défoulez-vous bien

Pour nous, écrire avec humour, c’est tout ce qui dans un texte fait sourire et parfois rire. L’humour est une question de vitesse de l’intellect. D’intelligence rapide, dynamique, subtile. L’humour est social.

53 réponses

  1. françoise dit :

    608/Je me souviendrai toujours du jour où, suivant les conseils d’un grand sage, j’ai décidé d’être tolérant. J’ai débuté à la caisse d’un supermarché en congratulant la personne qui me passa devant, puis la deuxième, puis la troisième mais, car il y a toujours un mais, à la quatrième je suis sorti de mes gonds. Cette quatrième le prit très mal et appela un agent de sécurité. Celui-ci, après avoir immobilisé mon chariot, me pria de le suivre dans son bureau.Là il me colla une contravention pour trouble à l’ordre public et me demanda de quitter le magasin.
    Déboussolé, je m’apprêtais à monter dans ma voiture que j’avais garé sur le parking, quand j’aperçus le « grand sage » qui poussait un chariot plein de provisions . J’allai vers lui et lui racontai mes mésaventures.
    Mais cher Ami me dit-il, je ne vous ai jamais conseillé de laisser passer trois personnes devant vous, une oui c’est largement suffisant..
    Je montai dans ma voiture et j’allai manger au Mac Do.

  2. Dominique PORHIEL dit :

    Je me souviendrai toujours du jour où, suivant les conseils d’un grand sage, j’ai décidé d’être tolérant. J’ai débuté à la caisse d’un supermarché en congratulant la personne qui me passa devant.
    Puis, comme elle ne semblait pas comprendre ni accepter mes effusions, il a fallu que je lui explique. Et là, je ne suis pas très bon en explication. Et puis zut ! Pourquoi faudrait-il toujours s’expliquer, se justifier, tenter de faire passer un message qui n’intéresse personne.
    Parce que bon, j’avais décidé ça ! Mais, bien sûr, ça n’engageait que moi.
    Personne n’était obligé d’accepter ma soudaine (il n’y avait que moi pour savoir qu’elle était récente) tolérance. On me connaissait plutôt euh …. « soupe au lait » ça c’était dans le meilleur des cas, « ronchon » ça c’était le grade au dessus (signe qu’il ne fallait pas trop me chercher), « coléreux » voire « colérique » ça c’était mon mode habituel ! La vitesse de croisière, quoi !
    Alors, là, devant cette surprise, cet ahurissement, cet ébaubissement, je n’ai pas pu résister : je lui ai tiré la langue ! Na ! Bien fait !
    Ma conversion était récente après tout !
    Je ferai mieux demain ! …. Ou PAS !!!!

  3. Nouchka dit :

    Je me souviendrai toujours du jour où, suivant les conseils d’un grand sage, j’ai décidé d’être tolérant. J’ai expérimenté la notion, à la caisse d’un supermarché, en congratulant la personne qui venait de me « passer devant ».
    Puis, j’ai décidé que la tolérance, c’était bien mais qu’une certaine équité dans le savoir vivre, serait mieux encore.
    J’ai engagé cette croisade d’éducation du savoir vivre à ceux qui, de mon point de vue, en manquaient, interférant sur ma liberté. Ces actions prenaient beaucoup de mon énergie. En effet, je tentais de garder une attitude empathique alors que dans bien des cas, j’avais envie de gifler et de mordre les malotrus… et ce, pour des résultats décevants.
    Je me suis alors réfugié dans un coin perdu de campagne afin de n’avoir plus à subir la pression sociale qui oblige à de perpétuelles concessions. Une vie de semi-ermite m’attirait, je dois le reconnaître.
    Une petite maison indépendante, loin du bruit des avions, des problèmes de circulation et des chiens qui vous aboient dessus dès que vous longer la clôture de leur maître, fut mon abri.
    J’avais envie de me recueillir, entre rêves, souvenirs, photos et morceaux de musique choisis.
    La politique nationale me crispait, la politique internationale me hérissait et, ne pouvant influer ni sur l’une ni sur l’autre, je remplaçais l’hypocrisie d’un présent prosaïque en me réfugiant dans l’histoire de pays visités dont les fondements m’étaient souvent inconnus.
    Cette nouvelle vie m’amena également à étudier les plantes susceptibles de garnir le carré de verdure qui m’entourait. Le décor d’un jardin anglais me tentait. Je dus pour cela, accepter de fréquenter les spécialistes des plantes vivaces, des rosiers grimpants anciens et d’autres variétés d’arbustes décoratifs. Ces spécialistes semblaient peu enclins à perdre leur temps à enseigner l’art du jardin paysagé à un novice de ma trempe. Je les abandonnais donc et les remplaçais par les bases de données et articles pédagogiques disponibles sur le Net.
    La Toile me rendait, par ailleurs, de fiers services, me livrant les commandes à domicile. Le temps de contact avec les livreurs était alors limité. Il me permettait de vérifier que j’étais toujours capable d’émettre quelques paroles compréhensibles au quidam de passage.
    Je vivais ainsi, retranché du monde. Je recueillis un chat qui avait choisi de s’installer à mes côtés.
    Parfois je repensais au grand sage dont je n’avais pas suivi les préceptes… Je me sentais désormais, bien dans ma tête et dans ma vie. Le chat avait complété un tableau qui, sans sa présence, aurait manqué de chaleur et de câlins.
    Le jardin était, après quelques années d’entretien, un décor parfumé et coloré que j’entretenais avec soin et dont la contemplation me ravissait.
    C’est là, au milieu des sauges mauves que l’on m’a retrouvé bien des semaines plus tard. Là où, après avoir amorti ma chute, j’avais néanmoins perdu la vie.
    Je peux maintenant vous affirmer que les jardins du paradis sont bien plus lumineux que le mien ne le sera jamais. Ici, mon chat me manque beaucoup. Comme quoi, on ne peut que difficilement, se suffire à soi-même.

  4. Urso dit :

    Je me souviendrai toujours du jour où, suivant les conseils d’un grand sage, j’ai décidé d’être tolérant. J’ai débuté à la caisse d’un supermarché en congratulant la personne qui me passa devant. Puis…

    Puis j’ai vite couru chez moi pour demander à mon amie de toujours qu’elle disparaisse de ma vie.
    Je me suis dit qu’en la gardant à mes côtés je ne serai pas un véritable homme « Talleyrand ».

    Oh j’ai fait plein de choses avec elle : j’ai voyagé à travers plusieurs pays du globe, rencontré des personnes très différentes et elle m’a permis aussi de gagner beaucoup d’argent.

    Bizarrement je fus surpris de ne pas la trouver dans l’appartement.
    Avait-elle eu une prémonition que je voulais qu’elle me quitte ?

    J’ai pensé qu’elle n’avait pas pu faire ça ; s’en aller d’elle-même sans rien me dire.
    Alors je me suis mis à chialer comme un gosse que son papa vient de disputer.
    Puis étrangement j’ai cru entendre sa jolie voix.
    Non je m’étais trompé.
    C’était mon perroquet Brutus qui avait voulu l’imiter.
    – Eh eh Bob me dit-il en me voyant.
    Désolé je n’ai vraiment rien pu faire.
    Ce matin lorsque tu es parti aux courses, un drôle de monsieur habillé tout en noir, avec une cagoule blanche, s’est introduit dans l’appartement par cette fenêtre.
    Et il l’a emportée !
    Ta chère et énorme sulfateuse.
    Que vas-tu faire ?
    Ah je sais déclara-t-il, en clignant des yeux. Tu vas changer.
    Tu ne vas plus être un méchant tueur à gages …

  5. Sabrina P. dit :

    Je me souviendrai toujours du jour où, suivant les conseils d’un grand sage, je suis devenu tolérant. J’ai débuté à la caisse d’un supermarché en congratulant la personne qui me passa devant.
    Puis, comme j’avais un colis à déposer à la poste, je me suis découvert une patience infinie, que dis-je de la philanthropie ! Mais diable, avec toutes ces lettres aux timbres abscons, ces cartons aux poids absurdes, comment ne pas céder à l’absolue nécessité de fermer le guichet, et ce, comme le courrier, bien avant l’heure recommandée !
    Et la boulangère qui me tend le pain, sans sourire et sans bonjour ! Voilà l’efficacité, voilà de la ténacité ! J’ai demandé une baguette, pas un toast farci de courbettes ! On veut la fournée du matin, pas la tournée des « et vas-y que bonjour, et que bonsoir et que bel après-midi et que oui vous aussi »… Encore plus de messes que dans une église épiscopale, que voulez-vous, des bisous, et puis tant qu’on y est, 100 balles !
    Ainsi ce jour trimballa mon bonhomme de chemin : bénissent les Dieux et les crottes de chien, flétrissent les vieux et leurs marottes d’anciens ; vive les tracteurs qui pétaradent, tous les détracteurs de la pintade, qui font voler en pleine forêt le feu de leurs pistolets ; et tous ces enfants qui jacassent, avec au fond de la gorge des maracas ; quelle joie, quel bonheur, quelle voix, ces éboueurs ; ça éventre les poubelles, ça édente les ruelles ; allez-y madame, c’est une place réservée, enfin quoi handicapée, c’est celui qui dit qui est ; cette grâce, ce culot, cette audace, ce cul haut ; et cette foule conventionnelle, ces consommateurs de flanelle ; ils me klaxonnent, je fanfaronne, c’est harmonieux, c’est mélodieux, je communique avec la nature, geste amical, majeur levé, c’est pas banal ; « t’es où – quoi – je suis là – non attends ça capte pas – là tu m’entends – je bouge plus ! » et moi non plus, je ne bouge plus, je reste là et je contemple ce monde qui bouge autour de moi et je me dis je fais partie d’eux, ils font partie de moi et je remercie du regard tous ces êtres de passage, je remercie la paire de boules Quies… offertes un fameux jour par ce fameux sage.

  6. Françoise - Gare du Nord dit :

    Je me souviendrai toujours du jour où, suivant les conseils du Grand Sage, j’ai décidé d’être tolérant. J’ai débuté à la caisse d’un supermarché en congratulant la personne, ma copine Lulu en l’occurrence, qui malgré son caddie plein et ma seule bouteille de lait me passa devant.

    Puis, sur le parking, par un curieux hasard, je retrouvai mon autre copine Mado que je félicitai bien qu’elle prit la place sur laquelle je m’apprêtai à garer ma voiture.

    Elles ne manquèrent ni l’une de me faire un doigt d’honneur, sur la rocade, en me volant de la priorité ni l’autre de me tirer la langue en me faisant un tête-à-queue. Je ne manquais pas de les saluer de ce geste d’absolution papal que le Grand Sage m’avait appris

    Je vous épargne le reste de la journée où ces deux vipères ne manquèrent de m’infliger maints comportements discourtois que je me crus obligé d’accepter avec tolérance

    Le soir même, je retrouvai au Vaillant gourdin, la maison de tolérance où je travaillais, comme chaque nuit de 22h à 5h en tant que pianiste, mes copines Lulu et Mado, acharnées travailleuses du sexe de l’établissement.

    Mais que voulez-vous, Monsieur le Président. Ce jour-là, les frustrations et les preuves de mon indulgence furent telles que mon capital mansuétude était épuisé. J’estourbis le Grand Sage, recteur du Grand Séminaire et client assidu des lieux ainsi que Lulu et Mado
    Lui pour le mauvais conseil qu’il me donna le matin-même et les filles car je n’ai jamais pu savoir laquelle des deux m’avait donné ces petits désagréments dont, depuis 6 ans, je n’ai jamais pu me débarrasser.

    A savoir :
    – un chancre mou bien dur à déloger
    – une blennorragie
    – un herpès qui n’avait rien de virginal
    – un papillomavirus, véritable nœud inextricable
    – une syphilis vérolente
    – une hépatite C de classe AAA

    Les juges m’accordèrent les circonstances atténuantes et se montrèrent tolérants en m’infligeant une peine de 3 mois que j’effectuais à la prison de la Santé

    • durand jean marc dit :

      Ah ben merde, je ne pensais pas que la pratique du piano soit aussi risquée…je comprends qu’elle se soit finalement mise au violon! 😉

  7. Coriandre dit :

    Je me souviendrai toujours du jour où, suivant les conseils d’un grand sage, j’ai décidé d’être tolérante. J’ai débuté à la caisse d’un supermarché en congratulant la personne qui me passa devant. Puis, un jour où je me sentais en forme, j’aperçus dans la file des clients, jusque derrière moi, un grand malabar à la mine patibulaire et au visage rouge brique qui portait dans ses bras un pack de bières en me regardant avec des yeux « revolver ». Je décidais de le laisser passer devant moi car mon caddie regorgeait d’aliments et cela risquait de prendre un certain temps.
    Peut-être n’était-il pas habitué à un geste bienveillant à son encontre ?
    Existe-t-il des personnes qui restent dans l’indifférence générale toute leur vie ? pensai-je.
    Ce dernier s’emporta très vite en m’apostrophant :
    – Mêlez-vous de vos affaires ! Est-ce que je demande un passe-droit, moi, hein ? vociféra-t-il avec ses yeux en bille de loto.
    – Monsieur, je voulais juste être un peu altruiste.
    – Oh, et grossière par-dessus le marché !
    C’est alors qu’interdite par sa réplique, je ressentis toute la tension contenue dans son corps musclé et que je me hasardai :
    – Pourquoi dites-vous que je suis grossière ?
    – Parce-que le mot « altruisme » est lâché. Pour vous, il représente quelque chose, quant à moi, je l’ai banni définitivement de mon vocabulaire ! Nous sommes dans une société où les miséreux, les malchanceux frappent aux portes des institutions pour chercher quelque soutien et les bureaucrates ne se préoccupent pas de ce que vous leur racontez mais vérifient si vous êtes ELIGIBLES ! Eligibles à quoi d’ailleurs ?
    Je suis alcoolo, j’ai un traitement que je ne suis pas à la lettre et il m’est formellement interdit de consommer la moindre goutte d’alcool, mais voyez, j’achète quelques bières car je suis ACCRO, vous comprenez ?
    Continuer de boire me fait passer l’envie de taper sur ma famille et d’en vouloir à la terre entière. Personne ne me comprend. Et vous, p’tite dame, vous faîtes un geste en ma direction pour me faire passer devant vous, c’est peut-être gentil, mais j’ai tout mon temps, au point où j’en suis, ce serait me rendre service de retarder le moment de mon retour à la barraque car apprendre à ma femme et mes gosses que je suis en train de mitonner une petite cirrhose, c’est plutôt gratiné !dit-il en haussant les épaules.

    – N’y voyez aucun mal de ma part, Monsieur, j’ai voulu vous être agréable, voilà tout.
    – Pour vous donner bonne conscience, un bon geste n’est jamais gratuit !
    Subodorant que l’homme devenait de plus en plus incisif, j’allai laisser tomber l’affaire en me disant qu’il avait peut-être raison et qu’en fait, il ne m’avait rien demandé et que mon attitude était arbitraire.
    Soudain, la caissière s’en mêla et très ironique, elle lança à la cantonade :
    – Soyez gentils avec ces gens-là !
    – Comment cà, ces gens-là ? lui rétorquai-je interloquée.
    – Oui avec ces alcooliques, ils sont tous pareils à chercher la petite bête, à violenter leur entourage !
    Le client s’avança vers la caissière, très menaçant en levant son pack près du visage de la caissière.
    Illico presto, j’intime l’ordre à la caissière de ne pas stigmatiser les gens, que les parcours de vie sont parfois difficiles et qu’il ne faut pas juger les autres.
    Il apprécia ma réponse et me rétorqua :
    – Enfin une personne qui me comprend, merci M’dame.
    Que de palabres et quel changement de comportement chez cet homme, pensai-je.
    Je signale à la caissière :
    – La tolérance n’est pas seulement dans les actions mais dans les pensées, la tolérance, Madame, c’est tolérer tous les défauts et même celui de l’intolérance.

  8. 🐻 Luron'Ours dit :

    🐻CLOSE COMBAT

    Il congratule et ce qui s’ensuit. Quand elle me gifla je tendis la joue droite. Ça n’est pas si simple pour l’agresseur de frapper de l’autre côté. Ça la décontença. Le vigile intervint.
    – Vous ne l’avez pas volé m’interpela-t-il.  »oubliez pas, ici, il est défendu de congratuler, c’est impoli et déplacé. Si vous aviez quelque chose à dire à la personne qui vous a pris votre place, vous n’aviez qu’à le lui faire savoir vertement.
    Je me tins coi.
    Aujourd’hui, c’était la deuxième fois que je recevais le conseil d’un sage.
    Je me le tins pour dire, j’agirais désormais suivant mes humeurs.
    Au moment de reprendre ma voiture, elle était coincée…
    Je m’assis sur un pierre et pleurai amèrement 🐻

  9. Michele B.Beguin dit :

    Je me souviendrai toujours du jour où, suivant les conseils d’un grand sage, j’ai décidé d’être tolérante. J’ai débuté à la caisse d’un supermarché en congratulant la personne qui me passa devant.
    « j’ai oublié mon cabas dans la voiture »
    je l’ai laissé passer en souriant, tout en pensant
    « pourquoi n’a t’elle pas pris un sachet au rayon fruits et légumes »
    J’ai eu pitié d’elle avec ses deux plaquettes de beurre dans les mains alors qu’il faisait 30°
    Puis en rangeant mes courses dans le coffre, la voiture à côté de la mienne m’a offert des sons irritants à mes oreilles, métalliques
    « ils appellent ça de la musique, mais bon…Ce ne sont que quelques minutes à supporter !! »
    un jeune assis devant la voiture me regardait en fumant, puis s’approcha
    « Vous n’auriez-pas une bouteille d’eau pour moi »
    Je l’ai regardé interloquée de s’adresser ainsi sans bonjour, ni aucune autre politesse et loin du sourire. j’ai planté mes yeux dans les siens pour lui dire
    « Rangez mon caddy, vous récupérerez 1€ qui vous permettra d’aller en acheter une »
    et je suis partie sans me retourner
    A la maison après le rangement, je suis retournée sur mes réseaux pour collecter de vraies infos et ma tolérance qui n’avait pas tellement fonctionné le matin a trouvé son seuil devant la maltraitance de la langue française des commentaires.
    les curseurs de tolérance sont vacillants.
    J’y repenserai plus tard, car le grand sage est en moi ainsi que les conseils et les réponses.
    Ce n’était pas le bon jour.

  10. durand jean marc dit :

    Je me souviendrai toujours du jour où suivant le conseil d’un grand sage, j’ai décidé d’être tolérant. Ca a débuté à la caisse d’un supermarché. Le petit maigrichon qui m’avait grillé la politesse, je ne l’ai pas touché. Je l’ai juste regardé et j’ai toléré qu’il s’excuse et reprenne sa place en queue de file. La caissière, j’ai toléré qu’elle soit à peine polie. Je l’ai juste fusillé du regard et du coup, elle a ôté le chewing-gum de sa bouche, l’a collé sous sa caisse et a de suite gagné en moindre vulgarité.

    Sur le parking, un vieux a manoeuvré comme un vieux et accroché ma Porsche Cayenne. Je ne suis pas monté sur mes chevaux fiscaux, je me suis montré indulgent. Après un constat à l’amiable où il prenait tous les torts, alors que j’étais garé à cheval sur 2 places, j’ai toléré qu’il m’offre un billet de 50 € en dédommagement et 2 entrées gratuites au prochain Salon de l’Automobile. J’ai eu un peu pitié de ce vendeur de Dacia obligé d’utiliser le modèle le plus bas de la gamme pour faire de la publicité gratuite à son patron.

    Rentré chez moi, le repas n’était pas prêt. Je suis demeuré indulgent sur le retard mais j’ai quand même rappelé à mon quart que c’était moi qui bossait et qui ramenait les sous à la maison.

    Mon grand fils qui passait par là, m’a traité de gros con mais vu qu’il mesure 20 cm de plus que moi, j’ai fait la sourde oreille!

  11. Grumpy dit :

    Ce matin-là, je suis allé voir mon Gourou pour qu’il interprète mon cauchemar de la nuit dernière et m’en soulage l’estomac. Il m’a dit qu’il en déduisait que ça se passerait mieux avec les autres si j’étais un peu plus tolérant.

    J’ai pas tout compris mais j’ai pensé que, puisque j’avais des courses à faire au supermarché, je pourrais en profiter pour essayer d’y tolérer.

    Dans les allées, ça allait à peu près, même si des chariots étaient en plein milieu ou en travers, je n’essaierais plus de les remettre en ligne droite, y’en avait qui s’excusaient mais d’autres auxquels ça ne plaisait pas du tout. Pour ne pas m’énerver, je filais doux, le cou rentré dans les épaules et les fesses bien serrées.

    Ceci fait, je me rendis à la caisse. Trois personnes devant moi, chariots pleins, plus un, voire deux, minots par-dessus. Ça n’avançait guère tout ça mais je me retenais de m’agacer comme conseillé.

    Arrive mon tour, et en même temps une grognasse qui me file un coup de coude dans les côtes et me dit ‘j’étais là avant’. Je m’esquive et la laisse passer. Ni merci, ni m… mais bon, c’est l’époque qui veut ça.

    Après elle, je crois que c’est à moi, mais rebelote, un papy qui sort sa carte de prioritaire. De quoi, je me le demande, sûr qu’il bluffe, de ceux qui ‘ont fait 14’ y’en a plus. Je laisse passer.

    Troisième coup : un baraqué impressionnant qui fonce comme au volant de son Audi, risque pas que je m’y frotte, je tiens à mon nez et à mes lunettes.

    La matinée passe, mes achats frais fondent ou sèchent, le fromage et le poisson commencent à se faire remarquer, des mouches tournent au-dessus de ma viande hachée …

    C’est midi, je suis mort de faim, mon diabète me crie de manger quelque chose, que sinon …. Je recule dans l’allée des lessives et entame mon sandwich au jambon.

    Deux vigiles me tombent dessus :

    – mais j’ai rien fait …
    – Rien fait, ah ouais ? Vous êtes entrain de manger ce que vous n’avez pas payé
    – mais j’ai voulu payer … j’ai pas pu
    – Allez, à d’autres, les caisses à quoi ça sert alors ? … Suivez-nous vite fait, et ne vous imaginez pas qu’on va vous congratuler !

  12. 🐀 Souris verte dit :

    🐀TOLÉRANCE ZÉRO

    Je me souviendrai toujours du jour où, suivant les conseils d’un grand sage, j’ai décidé d’être tolérant.

    Un moment de faiblesse qui, grâce au ciel, ne dura pas plus que ça mais m’a fait beaucoup souffrir.
    C’est resté une épine dans le pied de mon passé et un pied de nez à mon avenir car, quand j’y pense, j’ai honte de ce que je considère comme un ‘variant ‘ à ma personnalité. Moi, j’écris au jus de citron, épingle mes propos sur le costume que je taille au sabre sur le dos de mes collègues. Et malgré tout on m’apprécie car, comme ils disent, elle n’a pas de porte de sortie.

    Pendant ce temps de ‘clémence’ je n’avais plus de porte du tout ni plus rien à jeter par les fenêtres. Juste la petite meurtrière planquée en haut du beffroi sous l’épi à côté du doux creux de la fontanelle. Sauf que la mienne de fontanelle est en étoile dont les pointes acérées me prédestinaient dès la naissance au métier que j’exerce : la médisance écrite comme orale.

    C’est fou ce qu’on m’aime et me le prouve, des fleurs ou une bonne bouteille pour essayer de me faire comprendre qu’on ne m’en veut pas de mes boutades acidulées. Des invitations aux spectacles car ils attendent et guettent mes critiques acerbes qui vont les distraire. Je suis conviée dans les dîners ou je ne taris pas d’éloges sur certains pour mieux ridiculiser des autres.
    Ah si ! Je vous le dis, on m’apprécie comme je suis et parfois même, on me craint je le sens bien et ça me chatouille et me prouve que je vis. Cette petite pointe d’ironie que j’enfonce par-ci par-là les émoustille et moi aussi.
    Mais pendant cette période de clémente tolérance, je n’intéressais plus et me suis sentie bien seule. Plus personne à asticoter. Mes mercis… ‘mais bien-sûr’…comme je vous comprends… Le  »je vous en prie ce n’est rien »… Ça c’est le jour où je me suis fait pisser dessus par un chien.. mais si gentiment ! Vous dire si j’étais malade !
    J’entendais murmurer – le pauvre, elle est bien diminuée…
    Ne jamais tendre l’autre joue.
    Pas de pitié pour les canards boiteux.
    J’ai repris mes esprits, marre du bien poli et tout bien comme il faut.
    – Mais où étais-tu Souris-verte ? Tu nous as manqué !
    Occupez vous de mes ennemis, mes amis je m’en charge… Ils aiment ça !🐀

  13. FANNY DUMOND dit :

    Je me souviendrai toujours du jour où, suivant le conseil d’un grand sage, j’ai décidé d’être tolérante. J’ai débuté et terminé à la caisse d’un supermarché en affichant mon plus beau sourire une personne qui me passa devant sans vergogne.

    Comme si tout lui était dû, elle me snoba le temps de déposer ses dizaines d’articles sur le tapis roulant. Puis vint le moment où la caissière s’escrima sur son appareil qui rechignait à scanner un article. Elle s’empara de son téléphone et au bout de 5 minutes, une patineuse arriva et après moult conciliabules « c’est pas normal, t’as essayé de taper les codes, non, ils sont illisibles… », la Surya Bonaly s’élança dans les rayons. Le temps qu’elle revienne, la caissière aurait eu le temps de se limer les ongles. Pour passer le temps, mes yeux batifolaient par ci par là. Je m’emparai d’un magazine télé et me mis à le feuilleter. Surya revint à fond la caisse, stoppa net avec la maestria de la championne. Ouf, car pendant un instant j‘avais cru qu’elle allait emboutir toutes les gondoles devant la caisse. Enfin, la course des marchandises reprit sur le tapis d’entraînement qui me rappelait le mien remisé dans ma cave. Je replaçai la revue dans sa niche, mais la charmante employée me signifia que je devais la payer vu que je l’avais lue. Ok, pas de problème, d’autant plus que j’y avais remarqué une recette de cuisine alléchante. La cliente fut vite débordée devant l’avalanche de packs, de boîtes, de ci et de ça, de sachets de fruits, de légumes, de viande, de poisson qui menaçait de l’engloutir et qu’elle s’amusait à trier dans divers sacs et glacières. Je lui proposai un coup de main, mais elle me toisa de la tête aux pieds comme si elle ne m’avait jamais vue. « Oups, me dis-je, laisse couler, c’est ton jour d’apprentissage de la sagesse ». Enfin ! la cliente avait enfin logé ses achats dans le chariot, mais, car il y a toujours un « mais », à l’annonce du montant à payer, ne voilà-t-il pas que paniquée, la brave femme ne retrouvait plus son sac à main. Et la voilà partie à sa recherche et après avoir ressorti tous ses sacs et glacières, elle le retrouva au fond du caddy.

    Ma bonté commençait d’avoir un sacré coup dans l’aile et je sursautai en regardant l’horloge murale. Il était 16 h 45 et je devais chercher mon fils à 17 heures à l’école qui est à 5 minutes. « Tu tiens le bon bout, me dis-je. Elle n’a plus qu’à payer ». Ouais, sauf que, car il a toujours un « sauf », la madame demanda à retirer ses points fidélité du montant et qu’ensuite en fouillant dans son portefeuille, elle ne retrouva pas sa carte bleue. « Je peux vous faire un chèque ? » demanda-t-elle à la préposée aux comptes. « Oui, mais il me faut votre carte d’identité ». Subodorant que et que… au diable les conseils du grand sage ! Je laissai là mon caddy et les achats que j’avais commencé de déposer sur le tapis, et m’enfuis plus vite que la Bonaly sous les cris de protestations de l’hôtesse de caisse.

    Le soir, mon fils chouina parce que je ne lui avais pas encore acheté son papier Canson.

    • mijoroy dit :

      Comme cela sent le vécu! Il y a toujours des « Mais » et des « Sauf que »…Pour finir l’ingratitude des enfants. Quelle leçon de sagesse! 🙂

      • FANNY DUMOND dit :

        Je conviens que le trait est un peu gros pour faire passer l’exaspération que nous ressentons tous dans les files d’attente aux caisses quand ça n’en finit plus. J’ai remarqué qu’on choisit presque toujours celle qu’on suppose être la plus rapide et qu’au bout du compte, il y a toujours un lézard. Et quand on a tout posé sur le tapis, on n’a plus qu’à attendre patiemment et faire preuve de tolérance.

        • Jean Marc durand dit :

          Pauvre Fanny….c’est dur les courses dans ta zone! On est de tout coeur avec toi! La tolérance…c’est peut être bien, mais faut pas exagérer! Avec moi, le lézard, jamais il ne m’aurait piqué la place! 😉😊

  14. Alain Granger dit :

    Puis j’ai laissé passer un chauffard qui me doublait par la droite. Une fois rentré à la maison j’ai diminué le son de la télévision pour écouter les anecdotes de ma femme concernant sa journée de travail à la Poste. Puis vint le tour de mes enfants. J’ai du prendre sur moi pour accepter leur adolescence, leur rouspétance, leur désobéissance, leur impertinence, leur insolence, leur irrévérence, leur arrogance, leur violence et même leur condescendance pour le monde des adultes. Ensuite je me regardais dans la glace. Comme John Locke je me dis alors : « Comme je ne peux combattre ce que je ne peux changer, j’accepte ce qui m’agresse ». En l’occurrence c’était ma graisse autour du ventre. Depuis lors je me sentais mieux dans ma peau. De la tolérance je passais bientôt à l’indulgence puis à l’acceptation. Je me retrouvais dans la clémence et le pardon. J’y prenais plaisir comme un sentiment de plénitude. Ainsi je pardonnais à mon épouse qu’elle me mette en concurrence avec le bellâtre qui jouait l’excellence avec son Pilate. Elle n’avait pas accepté mon abstinence qu’elle comparait bientôt à l’impuissance. Me tromper était pour elle une vengeance qui précéda son départ. Elle voulait garder les enfants. Ce fut presque avec indifférence que je la laissais jouir de la maison et de son opulence. Je me complaisais désormais dans le silence d’une vie ascétique, celle d’un ermite au creux du rocher de Roquebrune. Même en ce lieu de faible passage on me visitait parfois et l’on me trouvait sage.

    • mijoroy dit :

      Cela relève d’une telle acceptation que je me demande si cela ne frôle pas le désintérêt de soi -même? Certes ne plus répondre à toutes agressions verbales permet d’acquérir une certaine sagesse. Néanmoins en ce qui me concerne je ne suis pas encore suffisamment flexible pour tendre l’autre joue 🙂

      • Alain Granger dit :

        Mijoroy, rien n’est plus difficile que d’acquérir la sagesse. La colère est plus facile à entretenir que le pardon. Moi, j’en suis tout à fait incapable.

    • Avoires dit :

      Ah ! j’avoue que parler de l’ermite du rocher de Roquebrune , c’est pas mal trouvé.
      Toujours beaucoup d’humour…

  15. Antonio dit :

    Je me souviendrai toujours du jour où, suivant les conseils d’un grand sage, j’ai décidé d’être tolérant. J’ai débuté à la caisse d’un supermarché en congratulant la personne qui me passa devant.

    — Félicitations ! dis-je. C’est pour très bientôt, je vois. Laissez-moi vous aider.
    — Pardon ? s’offusqua la dame qui me fusilla de ses yeux trop ridés pour apprécier une telle blague.
    — Un garçon ou une fille ? … Ah ! je vois, vous ne préférez pas savoir. Des jumeaux, peut-être ? … En tout cas, ça va être un beau gros bébé !
    — Mais je ne suis pas enceinte, monsieur, je ne trouve pas ça drôle.
    — Je suis confus, dis-je avec une sincérité remarquable et remarquée derrière moi, où les gens pouffaient désormais de rire. La caisse est tout aussi prioritaire aux personnes souffrant d’obésité. C’est un fléau aujourd’hui et il était temps que nos gouvernants en prennent la mesure. Avec cette chaleur, ce ne doit pas être simple pour vous de faire vos courses. Laissez-moi vous aider !
    — Mais… espèce de… bredouilla la femme, déposant ses articles sur le tapis, en m’empêchant d’y mettre la main dessus. Je me débrouille très bien toute seule et je ne souffre de rien, ni de chaleur, ni d’obésité, comment osez-vous être aussi grossier ?
    — Oh ! excusez-moi, me repris-je de la même confusion, en effet, vous êtes bien portante, enfin je veux dire, vous semblez bien vous porter et j’en suis heureux.

    Derrière, les rires se firent plus éclatants quand une voix de femme sortit du lot.

    — Enfin, c’est un peu gros tout de même, madame, doubler tout le monde, sans justification aucune.
    — Mais j’étais là avant monsieur, se justifia l’incrusteuse, j’avais juste oublié le fromage.
    — Moi aussi, j’étais à cette caisse hier et je suis juste revenu parce que j’avais oublié le PQ, lâcha un homme, mort d’un rire décidément contagieux.
    — Messieurs-dames, s’il vous plaît, m’exclamai-je alors, un peu de tolérance ! Cette dame ne fait qu’user son droit le plus naturel d’emmerder le monde, sans qu’elle n’ait toujours à se justifier. Ne sommes-nous pas en France, bon sang ! Le président lui-même ne jouit-il pas de ce droit ? Alors râlons, râlons, bien sûr, c’est aussi dans notre nature. Chacun son rôle dans cette comédie humaine à la française. Mais respectons celui plus difficile encore à endosser de la conne du supermarché.
    — Une grosse conne ! ajouta une voix féminine en bout de file.

  16. Laurence Noyer dit :

    Liste de mes intolérances

    Les bloqueurs les gêneurs
    Les mangeurs bruiteurs
    Les téléphoneurs à tout heure
    Les causeurs hableurs
    Les dégradeurs pollueurs
    Les voyeurs les violeurs
    Les tagueurs les poseurs
    Les harangueurs
    Les monopolisateurs
    Les persifleurs persécuteurs
    Les imposteurs les impudeurs
    Les cracheurs les inquisiteurs
    Les insulteurs bêcheurs
    Les dominateurs
    Les tueurs killeurs
    Les dissimulateurs
    Les racoleurs les racketeurs
    Les moralisateurs

  17. iris79 dit :

    Je me souviendrai toujours du jour où, suivant les conseils d’un grand sage, j’ai décidé d’être tolérant. J’ai débuté à la caisse d’un supermarché en congratulant la personne qui me passa devant. Puis…

    sur le parking du magasin de bricolage, j’ai souri à celui qui me souffla la place du parking,et je gratifiais la mamie qui me passa devant sans vergogne à la boulangerie d’un « mais je vous en prie » à peine agacé…Ce fut plus difficile lorsqu’au cours d’une soirée sous prétexte de la liberté d’expression je dus me farcir les propos xénophobes et racistes du frère de notre hôte. Je sortais gentiment mes contre arguments pour le faire sortir de sa zone de sûreté mais il me fallut déployer une patience infinie qui mit mes nerfs à rude épreuve. Je m’étais dit qu’à force d’être tolérant les autres finiraient par infléchir leurs goujateries et que mon altruisme forcément bienveillant interpellerait les plus rustres les invitant à réfléchir sur leur comportement outrancier. Ce fut le cas soyons honnêtes pour quelques personnes. Il était même amusant de voir la mine déconfite des gens qui récupéraient un instant un semblant d’éducation et culpabilisaient d’avoir été disons le franchement assez con. (ce qualificatif n’étant sûrement pas le mieux choisi et risqué car extrêmement subjectif…si il y a bien quelque chose de très partagé, c’est bien d’être bien trop souvent le con de quelqu’un).
    Je faillis à plusieurs reprises reprendre mes habitudes de bougon ronchon, ce qui aurait été bien plus facile. Mais mon orgueil en aurait parti. J’adore les défis. Alors je me ressaisis et continuais mes expériences, mes observations. Au bout de quelques semaines au cours desquelles je crus craquer à plusieurs reprises, je constatais un léger changement dans l’air ou plutôt dans le regard de mes camarades. Même si au départ je dus supporter les accusations de fierté et d’arrogance (probablement à cause de ma posture d’observateur et d’écoute tellement inhabituelle pour eux qu’ils ne parvenaient pas à reconnaître ni qualifier mes intentions), je sentis un frémissement même un questionnement chez les gens. Quand je passais parmi eux, je captais les frémissements de propos plus mesurées et d’attitudes plus posées. Le doute étant le début de la réflexion, je reprenais espoir. Mais que d’efforts déployés ! Modestement, j’avais fait quelques émules, moi, mais aussi tous ces anonymes qui avait eu le même dessein que moi. On sentait bien que tout cela était bien fragile et pouvait être anéanti en un rien de temps. Bien des fois, je crus rechuter en insultant les crétins, pardon, les automobilistes sur la route. Mais finalement, tout était question d’équilibre. Au vue de l’énergie déployée, il était nécessaire, indispensable de se ménager des moments de retraite, loin de l’agitation, pour se consacrer à la méditation, à la lecture de textes qui éclairent nos relations et nous rendent plus intelligents. Se retirer du monde régulièrement pour mieux y revenir et accepter mes semblables en œuvrant à ma mesure, je n’avais rien trouver de mieux pour le moment.

  18. durand jean marc dit :

    Il fallait bien que cela arrive un jour. A force de juguler tout ce qui se prétendait désagréable, pénible, voire insupportable j’en étais parvenu à un rétrécissement de ma vie. Toute cette force de blocage, ça m’étouffait l’appareil respiratoire, ça m’enrayait la vertèbre cervicale , ça me tétanisait le coccyx, bref plus rien ne pouvait marcher.

    Et puis un jour, alors que j’entamais ma deuxième année de retraite, je débranchais mon réveil. Alors que l’habitude me faisait lever tous les matins à 6h, petit déjeuner à 6h30, doucher à 7h….Ce jour là, j’ai traîné sur mon matelas, je me suis rendormi, je me suis autorisé un bout de rêve supplémentaire et même à 8h, je me suis monté un petit café au lit.

    C’était le début d’une calme révolution. Vers 9h, je descendis avec la lecture de la veille. C’était une énième histoire d’éveil à l’amour entre la puberté et l’adolescence, entre les vestiaires de la piscine et les jupons de la cousine. Elle ne m’avait permis ni de sombrer dans le sommeil ni d’éveiller un quelconque relent érotique. Je décidais donc de ne pas le terminer, ce livre, de le jeter et même de le détruire pour éviter à un quelconque innocent de se bercer d’illusions hypnotiques. Je le balançais dans ma poubelle à briquettes. C’est une poubelle en plastique remplie d’eau. J’y balance tous les papiers inutiles, les bottins publicitaires, les factures réglées et les livres impossibles. Après 24h, j’obtiens une pâte correcte, que je compresse dans l’appareil conçu à cet effet. J’en sors des briquettes que je fais sécher. Sèches, je les utilise pour allumer et alimenter ma cheminée dans laquelle pend une éternelle marmite contenant mes soupes.

    Ce matin là, ignorant mes risques génétiques vis à vis du diabète, je me tartinais de vastes plages de confiture de fraise sur des tranches de pain blanc comme le cul d’une infirmière surbookée, tâtant le premier jour de ses vacances sur sa plage de nudistes préférée. Je ne lavais ni mon bol ni mes dents. Je me dirigeais vers mon ordinateur. Là, tant qu’à voyager sportivement, je me dégustais sur Youtube la finale de Cesta Punta 2021 à Biarritz.Une bonne heure et demie de dépaysement, superbes déplacements de jambons locaux, odeurs sous leurs aisselles de fumets d’Espelette.

    Vers 11h, je me décidais à ouvrir les volets. Juste pour éviter qu’un voisin attentionné n’appelle les pompiers pour sauver son voisin d’un malaise, le fasse transporter à l’usine médicale la plus proche pour y subir la panoplie envahissante de tous les examens inutiles.

    Ce midi là, je ne me rasais pas. Je ne coupais pas non plus les productions filiformes envahissant mes narines. J’avais remarqué que cela me protégeait des intrusions de certaines mouches invasives. Je décongelais une belle cuisse de canard que je rajoutais à la soupe. En attentant le juste mijotage, je me sortis une bouteille de Glenlivet 18 ans d’âge et m’en versais un petit godet d’introduction. Pour le premier, je ne dépasse jamais le centimètre. J’installais dans la platine, la première symphonie de Gustave Malhler, me coupais de fines tranches de saumon fumé pour accompagner le voyage et décollais.

    Plus tard, tout en dégustant mon semblant de garbure, je rêvais, assis sur un tabouret. J’admirais mes carreaux sales. J’y voyais à travers les coulures de poussières et les chiures d’oiseaux les fantômes de gigantesques vitraux. Et je me sentis, tel un petit bâtisseur de cathédrale en train d’admirer le vaste château de prièrres. J’étais en pause. J’avais abattu plus de travail que prévu. On m’avait félicité et offert un peu de gras pour donner du corps à ma soupe.

    J’entamais ensuite une première micro sieste dans mon canapé. Je ne décrochais pas le téléphone intempestif, faut le faire quand même, me téléphoner juste au milieu d’une sieste de 5 minutes.

    Puis je flânais, dehors entre les arbres centenaires et les papillons éphémères. J’y trouvais ma juste place, la bonté pour ma pomme. Je souriais aux orties.

    Ce jour là, j’avais beaucoup appris de mon savoir survivre. La journée s’écoula limpide, comme une trace d’escargot, ce coureur de fond, sur l’arrosoir du jardin. Franchement, j’y croyais. En adaptant ainsi…sérieusement, posément…chaque petite bricole de l’engorgement des mauvaises habitudes….une belle fin de vie s’avérait tout à fait tolérable.

    • mijoroy dit :

      Accepter de déroger aux sacro-saintes habitudes, prendre le temps de vivre et de ne faire que ce que l’on a envie c’est le luxe de la descente sur la fin de vie lorsque la retraite a sonné son glas.Toutefois point n’est besoin de se lamenter pour le temps qui reste, cet espace de liberté absolue peut-être le moment de toutes les audaces 🙂

  19. camomille dit :

    Mais vu l’état de choc dans lequel se retrouva la caissière suite à mon attitude, je me suis dit que peut-être j’en faisais un peu trop ?
    Il y a tolérance et tolérance.
    S’ensuivit un malaise de la pauvre fille qui s’évanouit.
    La file d’attente tangua.
    Le service de sécurité arriva.
    On me désigna du doigt : « C’est elle… C’est elle la Responsable ! Elle congratule à tout-va et elle crée le désordre ».
    On sonna frénétiquement.
    On ferma la caisse et on m’emmena dans le bureau de la direction.
    Là, on me questionna hargneusement :
    – Pourquoi congratulez-vous la personne qui vous passe devant ?
    – Ben, ben… c’est parce que c’est samedi matin ?
    – ??? Expliquez-vous et vite s’il vous plaît,
    – ben, ben, le samedi matin je suis la consigne de Pascal Perrat et je fais ce qu’il me dit de faire,
    – Vous vous foutez de nous ?
    – Pas du tout M‘sieur… Pas du tout !
    – Alors, si je comprends bien, ce Pascal Perrat vous dirait d’aller vous pendre et vous iriez ?
    – Ah ! Faut quand même pas pousser M’sieur… j’ai mes limites !
    L’affaire se termina là , mais on me supprima la carte de fidélité.

  20. Nadine de Bernardy dit :

    La tolérance est mère de toutes les abnégations mais quand même « y a » des limites. C’est vrai quoi, faut pas exagérer, plus on tolère, plus les autres se croient tout permis, même dans les WC, hi hi hi !

    • mijoroy dit :

      Oui Nadine entièrement d’accord! Déjà que tout commence à nous coûter la peau des fesses alors prenons soin de nos fessiers 🙂

  21. mijoroy dit :

    Je me souviendrai toujours du jour où, suivant les conseils d’un grand sage, j’ai décidé d’être tolérant. J’ai débuté à la caisse d’un supermarché en congratulant la personne qui me passa devant. Puis dans un élan de bonté j’ai apporté un grand bouquet de pivoines à cet automobiliste qui m’a fait une queue de poisson en mode Fast and Furious. Il m’a évité d’être écharpée par ce cultivateur rentrant de la coupe des foins sur son tracteur. Au cinéma, je me suis surprise à compatissante pour cette dame du 3ème rang qui a bu son milk-shake tout au long du film avec un fort bruit de succion. J’ai remarqué qu’elle n’avait plus que de vieux chicots lorsqu’elle a m’a sourie en sortant. Je me concentre à présent sur ceux qui ne lèvent pas la lunette des WC pour leur miction, qu’ils aspergent. Mon seuil de tolérance ne parvient pas sourire devant un tel manque de respect de la femme. Pourquoi les hommes n’urinent-ils pas tous assis ?

    • Nadine de Bernardy dit :

      Je me souviendrai toujours du jour où, suivant le conseil d’un grand sage, j’ai décidé d’être tolérante. J’ai débuté à la caisse d’un super marché en congratulant la personne qui me passa devant en me demandant si je me foutais d’elle.
      Je tolérais, je tolérais jusqu’au jour où j’entendis dans le couloir une collègue dire:
      – Tu peux lui demander ce que tu veux, n’hésite pas, elle tolère tout.
      On me prenait donc pour une bonne poire. Devant ce résultat la colère m’a prise, je suis retournée voir le vieux grigou aux conseils gratuits et lui ai demandé:
      – C’est quoi pour vous la tolérance ?
      Il a éclaté de rire:
      – Mais ma pauvre, je n’en sais rien, c’est selon .Pour mon propre compte je pète en public, assène des coups de canne aux jeunes voyous qui jouent au ballon devant chez moi, fais la morale aux mendiants en disant que je donne rien car ils vont aller boire avec mon aumône, j’en passe et des meilleures.
      – Alors mais pourquoi….
      – Pour vivre un instant comme celui ci où quelqu’un viendra enfin me poser votre question.
      La tolérance c’est tout un art, ce n’est pas donné à tous. Il faut principalement connaître son propre seuil qui est plus ou moins large selon chacun, le moment, le contexte, c’est un mot élastique.
      Chère madame, vous en avez trop fait, vous voilà paillasson.
      Recommencez, soyez tolérante mais mettez vos limites, n’acceptez pas ce que vous ne feriez point à autrui. Et
      revenez me parler de vos résultats.
      Quand à moi je vais m’offrir une bonne grosse séance d’intolérance en partant par le train ce quinze août avec mon labrador et deux énormes valises. Ca va barder, je vous le dis.
      N’oubliez pas que je suis conseilleur, point final, ma devise étant :
      Faites ce que je dis, pas ce que je fais.

    • FANNY DUMOND dit :

      Ça, c’est la question à cent balles que toute femme se pose depuis la disparition des wc à la turque. Et encore, ils trouvaient le moyen de déborder. 😉

      • mijoroy dit :

        Merci Fanny, soyez en paix tout le monde peut se tromper de boite de dialogue, l’esprit de tolérance plane chez Pascal 🙂 Bon dimanche à vous.

    • FANNY DUMOND dit :

      Voir réponse ci-dessous !!! eh eh, j’ai débordé de la page.

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