596e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Dans la famille « JOLIMIN » on s’était toujours bien entendu.
Mais, quand pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index,
l’ambiance changea en un tournemain.
Prenez votre imagination en main pour inventer la suite
Qui souhaite participer à cet exercice doit se souvenir de l‘enfant qu’il fut. Laisser-le jouer avec.
Oubliez tout souci de perfection et laissez votre imagination foncer tête baissée dans le brouillard de vos pensées.
Acceptez de ne pas tout contrôler, de vous tromper de mot, d’orthographe, etc.
Faites confiance à l’inspiration du moment, l’idée que vous cherchez va trouver sa forme en même temps qu’elle jaillira.
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Dans la famille « JOLIMIN » on s’était toujours bien entendu. Mais, quand pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index, l’ambiance changea en un tournemain.
L’affaire en effet tombait on ne peut plus mal, la main à qui appartenaient les doigts brouillés, allez être bientôt donnée ! Non pas à quelque foutraque qui collectionnerait les mains comme on affectionne les albums de Tintin, non ! Donnée à une autre main, en sus comme en sous, comprenez : sa propriétaire allait se marier ! Eh bien, rétorquerez-vous, si deux doigts sont fâchés, ils en reste toujours trois autres sur lesquels marquer du sceau (sot ?) de l’amour l’union d’entre deux âmes !
Mais pour qu’il y ait histoire, il faut bien quelque drame, et l’annulaire, réceptacle habituel du sacrement comme l’oreille du taureau le marquage, n’existait plus ! Un soir d’été, où le soleil n’avait pas été le seul à chauffer, la propriétaire de ladite main, sans doute pour épater l’homme qui 3 ans et 4 jours plus tard – le bougre avait confondu la date de leur premier baiser et celle de leur première braise (une seule lettre glisse et c’est toute poésie qui s’envole) – allait se mettre à genoux, en somme devenir son époux – la propriétaire de la main donc avait voulu montrer l’atelier de son père, qui accumulait toutes sortes d’objets hétéroclites dont une vieille foreuse qui avait perforé un peu trop vite, et le bois, et son doigt.
L’annulaire avait été amputé sur le champ (et sur le chant, car la propriétaire, sous l’effet de l’alcool, se mit à chanter, et en espagnol !). C’est pourquoi, à l’approche des représailles, communément appelées les épousailles, les autres doigts furent tour à tour réquisitionnés pour (peut-être) le jour J, la bague orner.
Le pouce fut écarté d’office ; il pensa que c’était parce qu’il était gros, il fut vexé (comme un pouce) la semaine entière. Sans prétendre, le majeur fut remercié, et sans attendre, celui-ci dégaina un doigt de déshonneur. L’auriculaire fit un speech aussi lisse qu’un funiculaire : l’index fut donc tout indiqué pour revêtir l’anneau dans la communauté Jolimin. Ainsi, quand l’ongle carmin, qui ramenait toujours sa fraise, fit remarquer pendant la cérémonie que le diamant posé sur l’index brillerait à peine plus qu’un verre en pyrex et que le pouce toujours long à la « rancune » acquiesça en mettant sa tête en bas, la propriétaire de la main se retrouva avec effroi, les 4 doigts ou tendus ou tordus : le majeur magistral, l’auriculaire patibulaire, le pouce retourné et l’index gonflé !
Alors quand le futur mari qui avait dit trois fois oui, et qui avait répété de peur de se tromper, tenta de glisser la fichue bague un peu chère pour un simple ouvrier qualifié sur le fameux doigt, le seul, l’unique, l’élu et qu’elle tomba trois fois de suite, il se demanda si à cause de cette histoire d’annulaire, il n’aurait pas dû tout… annuler.
Évidemment ouste la coquille « allez » allait allait du balai !
Bigre que j’ai ri! Donner sa main et des épousailles qui risque pour un jeux de mains tourner au vinaigre voilà une bien drôle histoire que tu nous as conté avec le ton qui convient 🙂 J’ai bien aimé le gag sur la seule lettre d’un mot qui glisse et zou c’est la brouille qui fait bouillir les esprits 🙂
596 Dans la famille « JOLIMIN » on s’était toujours bien entendu. Mais, quand pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index, l’ambiance changea en un tournemain.
Cela s’est passé lors de la nouvelle représentation du Théâtre des Marionnettes à Doigts.
Pouce n’a pas joué son rôle, il a saboté la représentation !
Le décor symbolise toujours un château futuriste quant au spectacle il raconte des histoires d’animaux féroces. Entre rires et frissons, les jeunes enfants, assis sur des bancs, trépignent serrés les uns contre les autres pour se donner du courage. Selon les nouvelles directives, l’animal ne doit pas mourir, au metteur en scène de se débrouiller pour trouver une fin heureuse, avec un nuage de moralité tout de même !
Les protagonistes se partagent les rôles ainsi : sur une main :
Le Roi Majeur
La Reine Annulaire ceinte d’un anneau d’or
La Princesse Petit-Doigt
Le Prince Index
Le Pouce dernier né de la famille joue les bouffons
Sur l’autre, les chevaliers.
Cette petite entreprise de marionnettes à doigt familiale fonctionnait parfaitement depuis des années, jusqu’à ce jour de rébellion.
Il y a un moment que Pouce se sentait en infériorité physique et affective. Il dirait même, carrément à l’écart dans la configuration de la famille Jolimin. Les quatre autres doigts le dépassaient d’une ou deux phalanges ce qui l’exaspérait, d’autant plus que lui seul n’était pas relié de la même façon aux membres de la famille.
Cet éloignement et sa fausse petite taille l’avaient toujours cantonné dans des rôles dont il ne voulait plus.
C’en était trop ! Après tout, prince de sang, comme sa fratrie, il pouvait prétendre à des personnages dignes de son rang !
Le Prince Index, le plus proche de lui, le toisait alors que si Pouce se rattachait au même niveau de la main, sa taille aurait été pratiquement identique. Cette condescendance l’agaçait.
À la Première d’« Un animal inconnu attaque le château », en présence de personnalités venues acheter le spectacle pour le présenter aux enfants de leur ville, Pouce ne trouva rien de mieux que voler les répliques de Prince Index, qui, ne connaissant pas les pantomimes de son frère, perdit tout contrôle. Les autres protagonistes s’en mêlèrent ce qui déboucha sur un pugilat familial tout à fait inattendu.
Les spectateurs ébahis assistèrent à une bagarre organisée entre doigts qui les fit bien rire. Enthousiastes, tous achetèrent le spectacle comme il venait de se dérouler et les Jolimin retrouvèrent leur bonne entente. Enfin presque …
Dans la famille « JOLIMIN » on s’était toujours bien entendu.
Mais, quand pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index,
l’ambiance changea en un tournemain.
Grand-père vit de suite qu’à ce repas l’ambiance n’était pas au beau fixe.
D’habitude tout le monde mangeait avec ses doigts alors que là on avait sorti les beaux couverts d’argent.
Il vit également que sa fille adressait rarement la parole à son compagnon et que les enfants avaient presque constamment la tête dans leurs guidons, et non en l’air en s’envoyant leurs bêtises et moqueries habituelles.
De plus, il remarqua que les frères pouce et index, les rares fois où ils s’étaient regardés l’avait fait d’une manière dure et méchante.
– Alors quoi qu’y a-t-il dans cette satanée maison s’écria t’il tout à coup après avoir bu d’un trait un bon verre de blanc de Bourgogne.
– Heu heu ! firent quelques voix hésitantes.
– Bon poursuivit le vieil homme je ne veux pas savoir ce qu’il se passe ici et la raison pour laquelle vous faites tous la tête.
Quoiqu’il en soit dans notre famille essayons, plutôt faisons en sorte de ne pas ressembler à la famille des « pieds puants » ou à la famille des « oreilles de Mickey ».
– Eh papy fit une voix au bout de la table, tu as oublié une très grande famille qui ne cesse de se tirer dans les pattes.
Ben oui c’est celle des « osselets ».
– Ah mince fit grand-père tu as raison.
Dans toutes ces tribus enchaîna celui-ci, il y a des disputes et des conflits perpétuels.
Or, moi je ne veux pas de tout ça dans notre chère famille.
Nous, restons zen et aimons nous les uns les autres !
– Oh papy comme tu parles joliment ricana Tom Pouce.
– Ben oui que veux-tu à mon âge je suis devenu un peu sage et on adore la vie et la paix entre les êtres.
Et puis les petits doigts, écoutez attentivement …
– Oh petits – tu exagères papy firent plusieurs jeunes en choeur.
– Bon alors les grands doigts corrigea l’homme. J’ai la chose suivante à vous annoncer :
lancez-vous dans la photographie, clic clic clac …
C’est super c’est sympa !
– Ha ha et pour quel motif demandèrent plusieurs doigts à l’unisson.
– Hi hi continua grand-père en se grattant son crâne d’oeuf dépourvu de jeunes pousses.
Pour vous la photographie, c’est plus qu’un droit, c’est une nécessité vitale, une opportunité, la garantie du succès.
Vous les jeunes doigts faites comme Robert Dois .. neau.
– Qui qui moineau …
– Non pas moineau voyons, à vôtre âge vous ne connaissez pas Robert Doisneau, on le voit partout sur ses photos … qui avec le temps n’ont pas pris une goutte d’eau.
– Oh papy tu as de nouveau rempli ton verre ; ce que tu peux boire.
– Eh les fistons pour rester heureux, joyeux dans la vie faites des photos, plus belles que celles de … ciseaux, tricot, oh oh pois, loi, doi doi … no, no … yes yes.
Glou glou ah ce qu’il est bon ce whisky – vous m’en remettrez un doigt …
Dans la famille « JOLIMIN » on s’était toujours bien entendu. Mais, quand pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index, l’ambiance changea en un tournemain.
La vétille n’était pas tout à fait rien. L’index accusateur reprochait au pouce de vouloir copiner avec l’orteil de la famille « BOPIED ». Or, tout comme les O’ Timmins et les O’ Hara, de tout temps les Jolimin et les Bopied se font la guerre même s’ils ne savent plus pourquoi. Le grief principal des Bopied à l’égard des Jolimin concerne le majeur qui tendu devient un doigt d’honneur, insulte insupportable. Quant au Jolimin, ils traitent les Bopied de « pieds bots » et de fainéants quand ils mettent leurs doigts de pied en éventail.
Dans cette brouille, l’auriculaire reste d’une neutralité bienveillante lui qui, muni de son alliance, sait bien ce qu’est d’être marié. Tout aussi indifférent, le petit doigt, toujours distingué, se lève en buvant sa tasse de thé.
Le pouce incriminé rétorque qu’avec l’orteil, il fait la paire et que nul pas même sa famille ne lui dicterait qui il devait fréquenter. D’ailleurs, conclut-il, goguenard, dans cette lutte ancestrale entre les Jolimin et les Bopied, il était temps de mettre les pouces…
Dans la famille « Jolimin » on s’était toujours bien entendu. Mais quand pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index, à propos de serrer la vis, l’ambiance changea en un tournemain. A tel point qu’ils furent presque à en venir aux mains. La confrontation parut inévitable. Le majeur qui, d’ordinaire est plus habitué à écarter les importuns par une technique à lui, se trouva dans l’obligation de mettre le holà, là-bas sur les strapontins. Car les deux compères furent à deux doigts de se ridiculiser en se donnant en spectacle, en pleine séance de cinéma. De loin, on les prit soudain pour des ombres chinoises alors que sur l’écran se jouait la main au collet.
– Mais que ce soit un tournevis cruciforme ou un plat, c’est toujours dans le sens des aiguilles d’une montre qu’on le tourne. Fais pas ton cinéma, dit l’un. On ne remonte pas le temps.
– Sans doute, mais on remonte bien une montre, répondit l’autre.
– Chut ! dit le majeur, avec son doigt sur la bouche. Arrêtez de vous chamailler. Je vais vous apprendre à m’obéir au doigt et à l’oeil. Surtout à l’oeil ! Donnez-vous plutôt la main.
A cet instant, l’index montré du doigt, ne comprit pas que, tout en lui chipant son job, le majeur avait tout de même respecté la hiérarchie. Fallait pas trop l’exciter, lui qui compte ses amis sur les doigts d’une seule main.
– Tu n’as pas à me montrer du doigt, dit-il au majeur. C’est moi qui montre du doigt. Respecte ton statut.
– Quand tu seras majeur, tu auras droit à me donner des ordres.
– Oh, Lui ! V’là qu’il se prend pour le président de la République.
Le majeur fut très mécontent d’être montré du doigt, mis en quelque sort, à l’index. Lui ! Il monta alors sur ses grands chevaux. Furieux d’être mis à son tour, en spectacle, il appela à la rescousse son homonyme de gauche qui débarqua en trombe. Car dans la salle éclatèrent des applaudissements communicatifs. Une salve retentit, puis deux, puis trois. Il fallait applaudir plus fort pour camoufler. C’est alors qu’il se leva encore plus haut. Il crut ainsi que les vivats étaient donnés en son honneur. Erreur ! Le majeur donneur de leçons n’a pas d’honneur.
Belle idée, des répliques avec des jeux de mots succulents. J’ai bien aimé:)
Merci Mijoroy, belle journée à vous !
Dans la famille Jolimin, on s’était toujours bien entendu. Mais quand, pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index, l’ambiance changea en un tour de main.
Une vétille c’est vite dit, rageait le pouce en question, vous aimeriez, vous, que votre voisin de droite se pavane avec un casque d’argent sur la tête la plus grande partie de la journée? demandât il au majeur.
Celui ci le prit un peu de haut, mais il surveillait également l’index d’un regard jaloux:
Il est vrai que je ne suis pas au même niveau que vous, mais ce dé me fait de l’ombre. Pfuit! Quelle prétention!
Le majeur interpella l’annulaire :
Qu’en dites vous, de vôtre côté?
De mon côté, je m’en fiche un peu, j’ai une bague et mon frère en face l’alliance, alors…
Ah ça c’est sûr, rétorqua le majeur, dès qu’il s’agit de prendre position.
Bon, et le petit tout au bout se pencha le pouce, que pense-t-il de tout ça ?
Mais l’interpellé ne répondit pas, coincé qu’il était dans l’oreille d’un jeune tailleur en plein travail.
Le pouce reprit sa position initiale non sans jeter au passage un regard torve à l’index qui l’ignora.
Depuis ce jour chacun resta sur son quand à soi, se regardant en chien de faïence.
La famille Jolimin vivait désormais pour son utilité propre.
Quand le pouce fit un panaris dépressionnaire, frôlant l’amputation, il n’eut personne pour lever le petit doigt.
Ma grand-mère disait souvent : « Mon pouce est brouillé avec mon index ! »
Cela me faisait rire ; j’imaginais des disputes, des réconciliations, des embrouilles avec les autres doigts, à l’image de ce qui se passait parfois à l’école avec mes petites camarades. Par ailleurs, je ne m’étais jamais demandé ce que signifiait réellement pareille déclaration.
Il a fallu que j’atteigne l’âge qu’elle avait alors pour que je comprenne enfin de quoi il retournait !
Car à présent, moi aussi, je pourrais dire que mon pouce et mon index se sont brouillés. Après des années de bons et loyaux services, les doigts de ma main droite se sont mis à renâcler. Eux qui semblaient former une famille unie, toujours prêts à agir ensemble, sont devenus grincheux, peu efficaces et en particulier deux d’entre eux, le pouce et l’index justement.
Qu’est-ce qui leur arrive ? Finies la bonne entente, l’harmonie qui régnaient entre eux. A présent, dès que je les sollicite, une raideur les saisit ; ils se rebellent, n’ont pas du tout envie de coopérer. D’ailleurs, il n’est pas rare qu’une douleur surgisse, juste entre les deux, amoindrissant encore davantage leur efficacité.
Franchement, ce n’est pas drôle ! Manipuler un stylo avec diligence, saisir délicatement l’anse d’une fragile tasse, dévisser un bouchon sans s’arrêter, toutes ces tâches qu’ils accomplissaient avec enthousiasme, maintenant semblent les ennuyer, les contraindre.Et du coup tout devient plus lent, plus compliqué ! Je ne sais plus que faire pour les amadouer ! Et leur humeur querelleuse déteint sur leurs compagnons qui, à leur tour se chamaillent et se figent dans des raideurs hautaines.
Ô vous mes cinq doigts qui ont si bien oeuvré ensemble durant toutes ces années, que vous est-il arrivé ? Où est passé votre affectueuse complicité ? Ne pourriez-vous revenir en arrière et oublier vos différents ? Comment, que dîtes-vous ? Ce n’est pas possible ? D’ailleurs, vous n’y êtes pour rien ; c’est elle qui vous a alpagués ? Qui elle ? La…la…Ah l’arthrose ! Quoi, vous aussi ! Après les genoux …et le reste, c’est votre tour ! Mes pauvres chéris, je suis désolée ; là, c’est vrai qu’on ne pourra pas revenir en arrière.
Bon, écoutez, on va faire une petite séance de gymnastique douce chaque jour, tous ensemble, et dans quelques temps, ça devrait aller un peu mieux. Mais par pitié, arrêtez de râler !
Dans la famille « JOLIMIN », on s’était toujours bien entendu.
Mais, quand pour une vétille, le pouce commença à ne plus rien vouloir faire, ce fut le début de la zizanie.
L’équilibre fut rompu.
Les cinq membres de la famille « JOLIMIN » se dressèrent les uns contre les autres.
Le majeur voulut s’ériger en maître et en donneur de leçons.
Il prit alors plusieurs décisions, toutes irrévocables.
Il décida donc que l’annulaire, le 4ème, ne porterait plus désormais l’anneau qui, depuis la nuit des temps, scellait l’union de la famille.
Puis le 2ème du nom se trouva mis au placard, ou mis à l’index, si vous préférez. Il en fut donc fini de la mission qui lui avait été confié : il n’indiquerait plus désormais le chemin. Chacun devra donc se débrouiller pour trouver sa route.
Quant au plus petit d’entre eux, ce brave auriculaire, il se ratatina sous la menace, devint si petit qu’il ne plus pu atteindre son lieu favori, le trou de l’oreille dans lequel il se sentait, jusqu’à alors, bien à son aise.
La famille « JOLIMIN » fut donc rebaptisée, pour la circonstance, la famille « TROUBLEMIN ».
Dans ma famille, raconte le petit auriculaire de la main gauche, jusqu’à l’an dernier, on s’entendait très bien. Pouce est un peu le chef. Il est le seul à pouvoir exécuter certaines préhensions, nous guide et nous aide dans nos travaux quotidiens. Comme nous sommes droitiers, Pouce Droit nous dirige et Pouce Gauche est le sous-chef.
Notre spécialité, c’est la musique. Nous jouons du piano depuis notre plus jeune âge. Notre dextérité contribue à notre notoriété.
Je vous disais donc, « jusqu’à l’an dernier ». En effet, alors que nous nous entrainions sur La Sonate n°14 en do dièse mineur de Beethoven, dite Sonate au Clair de lune, nous avons rencontré quelques fausses notes répétées qui ont mis Pouce de mauvaise humeur.
C’est surtout le 3e mouvement qui est complexe dans cette sonate. Caractérisé par un retour à la sombre tonalité de do dièse mineur et un tempo très tendu, ce mouvement est le plus long et le plus technique.
Habituellement, nous avançons mouvement après mouvement quand nous considérons notre jeu correctement acquis. Mais pour ce nouvel apprentissage, où arpège, sforzando et octave donnent un sentiment de musique puissante, voire violente, nous avons rencontré des difficultés.
Depuis ce jour, nos différents doigts ont tendance à appuyer sur deux touches simultanément au grand dam du rendu harmonique. Pouce se met en colère et aboie contre Index, qui n’accepte pas l’observation brutale et réplique avec une même violence. Index pense que cette remarque ne le concerne pas et se sent blessé d’être ainsi houspillé devant nous tous. Les répétitions sont devenues un véritable calvaire pour ceux d’entre nous qui cherchent sans comprendre, le pourquoi de cette régression de notre jeu.
Après plusieurs semaines de querelles où, tout à tour, Pouce s’en est pris à peu près à chacun de nous, nous avons perdu toute confiance et, bien que concentrés sur notre apprentissage, le phénomène se reproduit invariablement. Quand Pouce n’est pas trop excédé, il nous rappelle : « Le propre du pianiste n’est pas d’ignorer la technique mais de l’oublier. »
Facile à dire ! Mon alter ego de la main droite a osé proposer que nous rencontrions un conseiller familial. Au point où nous en étions de nos querelles, nous sentions bien qu’il nous fallait une aide extérieure. Pouce, qui n’aime pas que les petits prennent la parole sans y avoir été encouragé, décida que nous irions consulter, soit, mais un spécialiste des doigts. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvé dans un service médical où nous avons appris être atteint d’hippocratisme digital. Nous n’en revenions pas. Nous n’avions même pas remarqué que nos extrémités s’étaient modifiées, élargies, aplaties et que nos couacs n’avaient rien à voir avec quelque mauvaise volonté mais avec cette fichue transformation physique.
Le chef du service médical nous a encouragés à ne pas abandonner notre expertise mais à choisir des œuvres moins rapides et techniquement plus adaptés à nos nouvelles capacités.
Ce n’a pas fait du tout plaisir à Pouce, qui s’est réfugié dans une dépression. Depuis, nous n’avons qu’un répertoire mélancolique à offrir.
Personnellement, je ne m’en plains pas, les œuvres sont agréables et plaisent à notre public mais la gaieté et la légèreté de certaines de nos prestations passées me manquent quand même un petit peu…
La bisbille surgie d’une vétille entre deux doigt d’une main, partie de rien, était hélas installée et partie pour durer.
Résultat :
– Réconciliation hors de question
– Consternation des Associations
– Manifestations, révolte et indignation de ceux qui n’ouissaient rien alliés à ceux qui n’en mouftaient pas une. Eux subitement devenus des d’en bas se retrouvaient aussi mal barrés que les sans dents. Défilés de pancartes : « Rendez-nous la parole »
Il avait suffit de deux doigts récalcitrants pour que la langue des signes ne fonctionne plus. Devenue pleine de trous, syllabes inaudibles, consonnes invisibles, tronquée et incompréhensible. Il n’en restait plus que des grimaces qui, bien sûr, ne voulaient plus rien dire.
Les familles Bélier et toutes ses semblables ne pouvaient plus communiquer et voilà que les Brailleurs embrayaient dans le mouvement craignant qu’un mauvais coup du même style leur tombe sous les doigts.
– Tristesse : fini ces petits encadrés en bas à droite de l’écran TV, où là, pour le coup, ces lésés n’entraveraient plus que pouic aux discours de l’Elysée.
Dans la famille Jolimin, on s’était toujours bien entendu. Mais quand pour une vétille, les pouces font des siennes alors rien ne va plus.
La mère de famille agacée par les cris de sa marmaille dresse bien nerveusement son pouce pour dire « Suffit, les gosses ! » L’allure péremptoire de ce pouce toujours levé lui donne des airs de petit adjudant en faction. Quant au pater familias, c’est tout l’inverse. Son pouce regarde vers le bas car toujours assoiffé, il demande habituellement après son café, une petite goutte de son digestif préféré . Un tel pouce ressemble à un bec verseur !
L’ainé des enfants, un adolescent du genre globe-trotter, non véhiculé ni motorisé, s’adonne à la pratique de l’auto-stop. Ainsi, son pouce se dévie bien souvent de son axe à tel point qu’il a l’apparence d’un métronome battant la mesure, un coup à droite, un coup à gauche au rythme de la circulation du moment.
Puis, la grand-mère qui occupe une place importante au sein de la maisonnée percluse de rhumatismes souffre d’intenses douleurs au pouce qu’il en est si déformé qu’on croirait qu’il essaie de faire un croc en jambe à son voisin l’index. Aussi, une véritable partie d’équilibrisme se joue comme un danseur qui se lancerait dans une démonstration acrobatique.
Force est de constater que dans cette famille, les mains ne manquent pas de personnalité car leur singularité réside dans l’attitude de leurs pouces qui sont à pouffer de rire, du moins pour les autres mais pas pour eux, c’est la raison pour laquelle ils ont adressé une requête aux autorités compétentes pour avoir un petit coup de pouce pour pallier leur handicap.
Le pouce s’était fâché car il était persuadé que l’index en pinçait pour une autre main que la sienne. L’autre avait remarqué le geste d’une Bad-main. Cette main lui avait fait un doigt d’honneur. Comme l’index aimait les doigts de caractère il avait recherché ses coordonnées dans l’annulaire. L’index l’avait ainsi retrouvé dans l’armée, au sein d’une phalange. Les étrangers y faisaient légion. Il l’aborda avec beaucoup de doigté. Il ne garda toutefois pas ses mains dans les poches. Ce fut sans la moindre appréhension qu’il se livra à la préhension avec cet index. Il mit ainsi le doigt dans l’engrenage de la tromperie. La brulure de leur passion le fit mettre en cloque. Le pouce se rendit compte de cette boursoufflure. Alors, le lendemain, il réunit le conseil de main. Le coupable se fit taper sur les doigts avant d’être mis à l’index. Il fut sévèrement puni. L’index dût se replier sur la paume. Ainsi il ne participait plus à rien avec les autres. Même si sa faute n’était point majeur, de cette incartade il se mordait les doigts. Il faut dire qu’il s’ennuyait ferme. Il se tournait les pouces à longueur de temps. Pourtant, il n’avait pas un poil dans la main. On disait même qu’il avait des doigts de fée. Alors, toute la journée il voyait le temps défiler et lui filer entre les doigts. Sa cloque gonflait de jour en jour. Elle était remplie de liquide. Il avait les ridules hypersensibles. Il se sentait ridicule et endolori. Il fallait inciser pour éviter l’infection et l’affliction de son emprunte digitale. Les autres doigts lui donnèrent alors un coup de pouce. L’auriculaire prit l’initiative. Il était hors de question qu’il ne lève pas le petit doigt pour son congénère. Il donna donc un coup de main au pouce pour pratiquer une incision du coin de l’ongle. L’opération fut une réussite. C’était du cousu main. L’index perdit les eaux et accoucha d’une peau fripée. Durant sa longue convalescence, suite à des inflammations répétées, les autres doigts lui prêtèrent toute leur attention. Le pouce et l’indexe se réconcilièrent. Ils devinrent complices comme les deux doigts de la main.
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Dans la famille « JOLIMIN » on s’était toujours bien entendu.
Mais, quand pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index,
l’ambiance changea en un tournemain.il s’agissait des doigts de la main droite dont on se sert tout le temps. Le pouce de la main gauche leur fit un doigt d’honneur ; alors là le pouce et l’index subito presto se réconcilièrent et pincèrent le majeur gauche qui ayant un panaris dû à un staphylocoque doré crut sa fin prochaine Heureusement un homme (un médecin espéra-t-il) prit son doigt dans sa main, mit une longue aiguille – qu’il avait brûlé à la flamme de son briquet (il ne sut jamais pourquoi ) – dans son panaris duquel sortit un peu de pus. Il fut soulagé.On l’enveloppa à nouveau d’un pansement, après lui avoir appliqué un antibiotique (enfin c’est ce qu’il espérait).Alors qu’il avait toujours peur de l’adversaire, leur propriétaire le mit dans sa poche . Ouf il était rassuré.
Après moult soins, le majeur fut guéri et le chef de la famille JOLIMIN espéra qu’une bonne entente règnerait à nouveau. L’avenir lui prouva qu’il se mettait le doigt dans l’oeil….
Dans la famille « JOLIMIN » on s’était toujours bien entendu.
Mais, quand pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index,
l’ambiance changea en un tournemain.
Majeur, Annulaire et Auriculaire s’étaient réunis en un conseil de famille restreint pour statuer sur leurs frères Pouce et Index.
L’ambiance dans la famille était devenue infernale depuis que Pouce, l’aîné des cinq garçons avait vexé Index en lui déclarant qu’il était maintenant un paria, donc indésirable, depuis que l’arthrose s’était insinuée dans ses phalanges. Il était carrément inesthétique. Index avait eu beau lui dire que l’inflammation était due à son âge, qu’il en souffrait, qu’il était obligé de faire avec et que lui aussi pouvait en être victime, Pouce était resté inflexible.
Annulaire prit la parole :
– Le pauvre !c’est bien injuste, moi aussi je commence à être engourdi par cette fichue arthrose
– Ah bon ! s’écria Majeur, tu ne nous en as rien dit ! On peut voir ta mine ?
Annulaire s’exécuta avec quelque difficulté, il avait du mal à se mettre tout à fait droit, une légère bosse apparaissant à sa deuxième phalange.
Majeur et Auriculaire firent la moue, mais avec un doigté certain rassurèrent leur frère en lui rétorquant :
– Toi, ça va encore !, tu te tiens biens. Tu devrais faire des exercices et ça finira bien par disparaître…
La discussion se poursuivit su la souplesse à conserver, la réputation de la famille à conserver également, le yoga des mains… Majeur menait les débats et les deux autres opinaient. Ils en arrivèrent à la conclusion que, pour la bonne marche de leur famille, Pouce devait être plus accommodant et au lieu de mettre leur frère à l’index il devait, au contraire rentrer ses griffes. Tous les membres de la famille devaient rester solidaires. Les trois frangins, étant parvenus à ce consensus, interpellèrent donc leurs deux aînés…mais c’était sans compter sur la branche jumelle de la famille Jolimin qui elle aussi avait ses indésirables …
Dans la famille « JOLIMIN » on s’était toujours bien entendu.
Mais, quand pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index,
l’ambiance changea en un tournemain
🐻 VOUS AVEZ DIT VÉTILLE
Une brume se lève de l’humus, tentée par le brouillard. Au bistrot Jolie Main ça chauffe ce matin. Le courant ne passe plus entre le pouce et l’index. Incapables de doser deux doigts de vin. Du ballon au galopin, du faux col au trop-plein, le garçon de comptoir ne sait plus où donner de la tête. Le vin primeur trône dans son tonneau sur le zinc, perd la goutte de son robinet de bois. À ce train-là, pas sûr qu’il y en ait encore demain ! Joseph, arrose ça ! Jojo, passe-moi le pot ! Johnny, encore, ou je tue le chien ! Devant tant d’adversité, le garçon va faire montre d’ingéniosité. Sur l’étal les verres sont bien alignés, un tuyau part du bidon, distribue prestement. Du vin à la tireuse ! Jo Limain a retrouvé ce qu’on pratique au bar des Alpes sous la montagne de Lure avec le rosé du Ventoux. Amis, prenez votre verre par le pied, faites- le tourner, mirez-en la transparence, les nuances irisées font de l’œil, répondent aux parfums. On y met le nez. Un clappement de la menteuse et glou et glou c’est l’heure de vérité, un petit clap vaut mieux qu’une grande claque. Entre pouce et index on en palpe ce jour-là chez Jolie Main.🐻 Luron’Ours
Dans la famille « Jolimin » on s’était toujours bien entendu. Mais, quand pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index, l’ambiance changea en un tournemain.
– C’est ta faute si je ne peux plus bouger à cause de ce gros pansement. Si tu avais mieux tenu ce verre en cristal, il ne m’aurait coupé si profondément, se lamentait le pouce.
– Tu me fais trop rire, toi, de me mettre à l’index. C’est pas ma faute s’il était fêlé, rétorquait l’accusé.
– Tu n’as pas un pouce de compassion. C’est pas toi qui souffres le martyre.
– Arrête de te plaindre, minus !
– Minus ! Malgré ma petite taille, c’est moi qui suis le plus utile dans cette fratrie. Ah, elle est belle la solidarité dans cette famille !
– Vous allez pas la fermer ! Nous sommes tous au chômage, on ne peut plus bouger d’un pouce, s’écriait le majeur.
– Ça nous fait des vacances, s’amusait l’annulaire. Désormais, elle utilise sa main gauche, à chacun son tour de travailler.
L’auriculaire, quant à lui, écoutait bien pépère dans son coin.
– Eh toi, là-bas ! l’interpellait le blessé. Tu ne dis rien, tu te dégonfles, comme d’habitude. Elle est belle la solidarité dans cette famille !
– Faites-moi signe quand vous en aurez fini, se marrait le petit doigt en se trémoussant dans l’oreille de la manchote.
j’aime bien le ton de ce texte et la chute est sympa, voire inattendue 🙂
Merci beaucoup Mijoroy. D’ici à samedi prochain, je vais m’entraîner à écrire sans mon pouce et je pense que Pascal va me taper sur les doigts avec sa règle en bois. Bon week-end à vous. Fanny 😉
😀 bien vu !
Dans la famille « JOLIMIN » on s’était toujours bien entendu.
Mais, quand pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index,
l’ambiance changea en un tournemain.
Aussitôt le majeur prit la défense de l’index . Tout ca parce qu’ils étaient voisins , affirmant que le pouce avait toujours fait bande à part, qu’il était toujours dans l’ opposition , et qu’il n’allait jamais dans le même sens que les autres.
Le pouce rétorqua qu’il était le plus important bien que plus petit que le majeur. Sans moins vous n’êtes rien cria-t-il.
Annuaire et auriculaire qu’on entendait jamais s’amusaient de tout ca . Ce qui agaca les trois autres, qui les accuserent de se tourner les pouces.
La guerre était déclarée..et l’entente cordiale qui régnait dans le groupe menacée par les prétentions des uns et des autres. L’ambiance se dégrada et les vieilles rancoeurs revinrent sur le tapis.
Jusqu’à ce que la main rencontre un stylo . Fascinés par ce nouveau venu, toute la troupe se réunit autour de lui.
– Taisez -vous ! dit le stylo … vous n’êtes que des fainéants arrêter de vous chamailler et faites quelque chose de vos dix doigts…Montrez-moi ce que vous savez faire !
Les doigts se mirent d’accord pour écrire un texte avec le stylo.
Le calme revint alors dans la petite famille.
Tous les matins, Sieur Jolimin se regardait dans le miroir : bel homme, vraiment bel homme pensait il. C’était une force de la nature, grand, baraqué, jamais malade, fier de sa personne. Ce n’est pas lui qui allait se laisser enquiquiner par les soucis du quotidien. La preuve : sa façon de réagir au comportement de sa main gauche, belle, fine, manucurée, précieuse. Une main de tafiole pensait il en douce. Ayant l’art de contourner les problèmes, il se convainquit que nul n’était parfait et que son coté féminin ressortait. Ce qui était bien dans l’air du temps. Et puis on pouvait toujours la planquer cette foutue main.
La main droite avait redoublé d’effort pour compenser les défaillances de sa consœur. Et c’était une réussite. Elle pouvait tout faire, qu’il s’agisse de travaux demandant de la finesse, de la précision, de la force voire de la brutalité. C’était une main presque magique.
Mais mise à toutes les sauces, et à force de tirer sur la corde, un jour il fallut bien payer la note.
À l’orée des cinquante cinq ans, l’index droit commença à se déformer. Index fût horrifié. « Ah non pas moi, impossible ». Il s’ordonna le repos complet et demanda à Pouce de lui faire des massages à l’huile essentielle.
Pouce hurla : « Tu ne vas pas faire ta chochotte, c’est déjà pris par la gauche. On a du pain sur la planche Allez au boulot nom de dieu ! ».
Index campa fermement sur ses positions : repos, repos, repos qui devinrent rapidement retraite, retraite et retraite.
Pouce était fort marri en se rendant compte que sans son acolyte pour faire la pince, il devenait presque impuissant.
Il sollicita Majeur qui refusa en ses termes : « Moi je ne sais faire qu’un seul geste, c’est tout à mon honneur, et il est réservé à la maréchaussée ».
Annulaire dit que son rôle de porte anneau ne pouvait souffrir aucune déformation et qu’il ne prendrait aucun risque.
Auriculaire, qui n’avait aucune envie de se taper cette grosse brute de pouce devint sourd, aveugle et se mura dans une longue méditation sur les nuages.
Sieur Jolimin, qui n’avait pas l’habitude d’aller par quatre chemins se fit amputer de la main droite et la remplaça par une prothèse bionique polydigitale multi articulée qu’il exhiba fièrement sur tous les salons et foires de France et de Navarre.
C’était un matin comme les autres. Le pouce et l’index avaient pris leur anse de café ensemble, beurrant d’une pince ferme deux tartines qu’ils plongèrent en parfait accord dans le grand bain noir. C’était une mécanique bien huilée entre les deux compères préhensifs.
Jusque-là, tout allait bien, les deux frères s’entendaient comme les deux doigts de la main, assurant la vaisselle, le nettoyage de la table et le brossage des dents. Jusqu’au moment où ils se sont retrouvés avec ce bouquin entre eux, tournant une page, puis deux.
C’était la première fois. D’habitude, c’était plutôt le soir, par-dessus la couette, avant de se recroqueviller dessous autour d’un bout de drap, comme chaque nuit avant de s’endormir.
Seulement là, il n’y avait pas de routine. Pour la première fois, on leur demandait de se coller l’un contre l’autre, de s’embrasser quoi.
— Hein ? non mais ça va pas là-haut !
L’ordre était clair et le pouce sommé de s’exécuter. L’index, lui, n’était plus à un dégoût près, lui qui avait embrassé tout ce qui traînait par terre, depuis tout petit, jusqu’aux crottes de nez, avant de s’envoyer en l’air avec langue, la bave aux lèvres. Il était clairement plus dévergondé que les autres et embrasser son frère n’était pas plus dégoûtant que le reste. Seulement le pouce, lui, n’avait rien connu d’autre que l’amour maternel du palais, en petit prince privilégié dans son cocon douillet.
— Allez ! qu’on en finisse, dit l’index en se collant à lui comme un aimant.
— Il n’en est pas question !
Et la brouille commença, agaçant le majeur qui s’en mêla.
— Faut pas pousser ! Il s’agit juste de rester immobile vingt minutes. Alors un petit effort, les gars ! La paix dans le corps entier dépend de vous.
— Parce que tu crois que ça va se faire en un claquement de doigts, comme toi et moi, en cours de musique ? lui rétorqua le pouce.
— Soit un peu compréhensif, renchérit le majeur.
Quand les deux du fond ricanaient en messe basse.
— Qu’est-ce qui vous fait marrer, vous encore ?
— Mon petit doigt me dit qu’il a l’air plus con que préhensif, bredouilla l’annulaire derrière le plus grand des frères.
— Oh toi, tu vas voir !
Et c’était parti pour une bagarre qui mit un « poing » final au premier exercice du manuel. Quand le majeur se redressa brusquement, droit comme un i sur lequel il mit un point d’honneur à avoir le dernier mot :
— Vous savez où je la mets, cette première séance de méditation ?
Dans la famille Jolimin
L’ambiance changea du jour au lendemain
Quand Pouce pour une simple vétille
Se brouilla avec Index sa frangine :
« Tu prétends m’enlever l’écharde de l’ongle incarné
Mais tu ne vois pas la corne de ta peau mycosée
T’as dû la ramener l’été dernier
Quand t’as rendu visite à tes doigts de pied »
Avec ses deux assesseurs
Annulaire et Riquiqui
Majeur s’enhardit
Se proclame doigt d’honneur
Il se couronne d’une bague à fleur
S’improvise médiateur
Et tente avec doigté
De déposer une mainlevée
« En verrue des pouvoirs qui me font callosités
Je vous déclare unis comme les 2 doigts de la main
Le cliché de la langue française vous y contraint
Parce que les doigts sont à la main ce que les cors sont aux pieds »
Et ça leur va comme un gant !
🖖👇✌️✋☝️
Dans la famille « JOLIMIN » on s’était toujours bien entendu.
Mais, quand pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index,
l’ambiance changea en un tournemain
🐀 Tu peux te gratter dit l’index à Gros-patapouce.
Pouce honteux se replia dans le creux de la main. Celle du cœur toujours tendue pour rendre service.
Détends-toi le rassurèrent les lignes de vie, sans toi il ne pourra plus serrer la pince !
-Ce n’est pas une mince affaire fit le Majeur d’un air sentencieux..
– hola hola s’écrièrent l’annulaire et le suivant. Ce n’est pas parce que vous nous dépassez d’une phalange que vous allez faire la loi… On vous a vu l’autre jour, tendu, vindicatif dans un geste provocant. Ce n’était pas joli joli !
L’auriculaire se réfugia dans l’oreille.
-Ça suffit, j’en ai assez entendu comme ça. Et il s’enfonça dans le tympan pendant que l’index vrillait la tempe.
Et d’une seule voix: on va voter… c’est ça ! Un référendum !
Les doigts de la droite s’élevèrent en contradiction. C’est idiot! Chacun sait ce qu’il a à faire, nous ne sommes rien les uns sans les autres et vous le savez bien.
Voyant ça, le bras armé de bonnes intentions mit la main à la poche, l’autre la calfeutra dedans avec son mouchoir par dessus…
Fin de la discussion. 🐀
Dans la famille « JOLIMIN » on s’était toujours bien entendu.
Mais, quand pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index,
l’ambiance changea en un tournemain.
Le pouce reprochait à l’index de ne pas le laisser taper les touches de l’ordinateur, qu’il n’y en avait que pour l’index et le majeur et patati et patata, et qu’avec le téléphone, s’était pareil alors que le pouce jouait un rôle « majeur » dans la tenue du mobile !
Le majeur revendiqua son statut de plus de 18 ans pour clamer son indépendance, l’annulaire faisait l’autruche en se glissant dans des anneaux divers et variés dans lesquels il pavanait au nez de ses frères et l’auriculaire partit comme à son habitude explorer des contrées poilues et riches en cérumen. La main, agacée par l’écartèlement de tous ses membres les isola un moment dans un gant de velours histoire que chacun médite sur sa condition et revoit ses priorités !
De retour en pleine lumière, elle leur offrit une manucure de luxe que chacun apprécia grandement. Ayant fait peau neuve et parés de leurs plus beaux atours, ils reprirent de la vigueur et un certain plaisir à se toucher, s’admirer se féliciter. Ils furent fiers de pouvoir à nouveau faire des choses ensemble. Et les idées ne manquaient pas ! Ils cuisinèrent, firent de la peinture, ramassèrent des fleurs, des légumes. Ils adoraient se renifler avant de finir à la douche !
La main avait réussi son pari ! …Jusqu’au prochain conflit…
J’aime bien l’idée du gant de velours pour apaiser les tensions et la manucure en récompense 🙂
Merci Mijoroy!
l’ambiance changea en un tournemain,
et mamie en fut fort marrie :
– Pitié Pouce, pitié Index, réconciliez-vous… je vous en supplie !
– Non, non et non (répondit le pouce)
– Non, non et non (confirma l’index)
– Honte à vous… Votre brouille stupide m’empêche de chanter à ma petite Joséphine : « ainsi font font font les petite marionnettes… » – Oui, honte à vous !
– M’en fous (répondit le pouce)
– Et moi donc ! (renchérit l’index)
– Ouin Ouin !!! (manifesta Joséphine)
– Bon sang Pouce, bon sang index, vous n’entendez pas la pauvre pitchoune ?
– Ah sûr qu’on l’entend couiner la mioche ! (en chœur Pouce et Index)
– Vous êtes donc sans cœur ?
– Ouin Ouin !!! (affirma Joséphine)
– C’est Pouce qu’a pas de cœur…
– C’est Index qui me cherche noise…
– Ouin Ouin !!! (s’impatienta Joséphine)
Désespérée, mamie se mit à chanter malgré tout « ainsi font font font les petites marionnettes » mais sans faire les gestes avec les mains puisque Pouce et Index qui se faisaient la gueule l’en empêchaient.
Ce fut un désastre.
Joséphine, frustrée, redoubla de « ouin ouin »,
Pouce et Index excédés se bouchèrent les oreilles,
Les voisins tapèrent contre la cloison pour manifester leur mécontentement,
Mamie paniqua et se mit à hurler : « AINSI FONT FONT FONT LES PETITES MARIONNETTES » tout en secouant Joséphine pour la faire taire.
Joséphine terrifiée, s’arrêta net effectivement: arrêt cardiaque !
Mamie fut accusée de maltraitance par les services sociaux.
Pouce et Index choqués, en restèrent figés à vie. (on diagnostiqua une arthrose chronique).
MORALITÉ : faut toujours bien faire les gestes avec les deux mains, harmonieusement, quand on chante « ainsi font font font… » sinon, ça casse l’ambiance.
Oh c’est une fin radicale pour ce bébé Joséphine.
Dans la famille « JOLIMIN » on s’était toujours bien entendu.
Mais, quand pour une vétille, le pouce se brouilla avec l’index,
l’ambiance changea en un tournemain.
Tout avait commencé lors d’une séance de : « je te tiens, tu me tiens par la barbichette, celui de nous deux qui rira aura une tapette », où l’index avait mis une volée de phalanges plus appuyée que de raison au pouce, celui-ci avait valdingué, laissant au passage une canine sur le parquet. Ne dit-on pas jeux de mains, jeux de vilains ? Depuis, s’estimant humilié, le pouce attendait des excuses au creux de la main. Trop orgueilleux pour cela, l’index pointait son frère du doigt et ironisait sur sa bouderie. De plus pour l’écriture l’index s’était acoquiné avec le majeur, volant au passage la vedette au pouce. Mais là n’était pas le pire.
─ Toc, toc, pouce es-tu là ? C’est moi le riquiqui auriculaire.
─ Que veux-tu ?
─ Il faut que tu reviennes avec nous, tu ne peux rien faire tout seul, et nous, nous avons besoin de toi pour maintenir la joie dans la famille. Nous recevons des plaintes des parents qui crient au scandale, les bébés ne peuvent plus s’apaiser en te tétant.
─ Ils ont leurs totottes et pour la joie, que celui qui dit non en se dandinant de gauche à droite, fasse son mea culpa.
De prêté pour un rendu, de bouderie en chamaillerie la vie devenait pénible pour la famille Jolimin, jusqu’au jour où débarqua la reine Mindefer et son escouade de règles en bois ou en bronze qui ramenèrent l’ordre dans la famille Jolimin de crainte de se faire rosser le cuir ou taper sur les doigts. Tous avaient compris que l’union était le meilleur bouclier face à l’oppression.