584e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet, leur couple se métamorphosait.
Lui exhalait de plus en plus l’odeur de chien mouillé et aboyait pour un rien.
Quant à elle..
.


Continuez le récit de cette métamorphose


MERCI D’AVOIR SI BIEN ENRICHI les amorces d’idées proposées la semaine dernière.
Vous avez fait preuve d’une grande d’imagination. L’exercice ci-dessus vous doit beaucoup.

Souhaitez-vous renouveler l’expérience ? Avez-vous envie de jouer le jeu une deuxième fois avec moi, voire plus ?

28 réponses

  1. françoise dit :

    584/Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet, leur couple se métamorphosait.
    Lui exhalait de plus en plus l’odeur de chien mouillé et aboyait pour un rien.
    Quant à elle, elle buvait non pas parce qu’elle était assoiffée mais parce qu’elle ne savait pas fermer le robinet . Soudain voyant le robinet ouvert son mari courut vers le lavabo mais ce faisant il tomba et se fractura la jambe droite. Il aboya très fort car il avait très mal.Ils appelèrent les secours qui le conduisirent aux urgences.Il y avait plusieurs éclopés qui attendaient.Il leur tint compagnie.
    Sa femme en profita pour prendre la poudre d’escampette .Elle avait envie de vin, de viande, d’amour aussi, de beauoup d’amour.
    Une voiture s’arrêta, le chauffeur la fit monter; il lui demanda où elle allait ? Avec vous lui dit-elle !
    C’est une bonne idée ! Je m’appelle Meursault !
    Un héros de Camus ?
    Il n’eut pas le temps de répondre car des policiers les arrêtèrent, menottèrent Meursault et l’emmenèrent.
    Elle dut faire du stop pour retourner à l’hôpital . A la librairie elle acheta » l’Etranger ».
    La chambre de son mari était vide ; on lui dit qu’il était en salle d’opération,
    C’est parfait se dit-elle ! elle aurait tout son temps pour lire son livre.

  2. MALLERET dit :

    584 Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet, leur couple se métamorphosait.
    Lui exhalait de plus en plus l’odeur de chien mouillé et aboyait pour un rien.
    Quant à elle…

    Elle se transformait petit à petit sans que l’on sache encore exactement en quoi. Lui, c’était évident puisqu’en salle d’opération il se comportait plutôt en roquet qu’en caniche. Il aboyait plus qu’il ne parlait. Elle, son assistante, oscillait entre haine et admiration. Leur couple se résumait à un duo inséparable lors des nombreuses opérations, pourtant l’hôpital en riait les trouvant plus intimes que des époux. Malgré ce désamour envers lui, aucun homme ne réussissait à le détrôner. Des aventures par-ci par-là, sans qu’aucune n’aboutisse. Parfois, elle se demandait s’il n’était pas maléfique, qu’elle devrait le quitter et trouver un Patron moins inhumain. Son attachement à ce curieux personnage, ni beau ni laid, s’expliquait par sa soif d’apprendre auprès de cet homme aux doigts magiques, spécialisé en pédiatrie, capable d’une douceur étonnante envers les enfants. Deux personnes en une. Incompréhensible pour son entourage.

    Depuis quelque temps, à part ses aboiements devenus caractéristiques, il sentait fort les poils de chien après une escapade dans la rivière. L’équipe s’en plaignit. Moi, je ne sentais rien, mais je voyais quelques bizarreries se développer. La direction lui demanda de prendre des vacances et d’aller consulter un vétérinaire. Furieux, il claqua la porte. Quelques jours plus tard, mon Patron s’était métamorphosé en vulgaire cabot. C’est précisément à ce moment-là que je me sentis rapetisser comme un ballon qui nous échappe des mains lorsqu’on le gonfle. Je ne ressentais aucune douleur, j’étais seulement effrayée par le gigantisme de tout ce qui m’entourait. Drôle d’impression. Un talon de chaussure faillit m’écraser. J’avançais en sautillant. Au lieu de me lamenter, réaction plutôt normale dans ce cas, je jubilais ! Oui je jubilais ! Moi, devenue puce, j’allais enfin pouvoir me venger sans risque !

  3. Urso dit :

    Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet, leur couple se métamorphosait.
    Lui exhalait de plus en plus l’odeur de chien mouillé et aboyait pour un rien.
    Quant à elle…

    Quant à elle, elle rajeunit et devint plus belle.
    Son mari Toutou ne comprenait pas ce changement.
    Elle était aussi plus heureuse et joyeuse de vivre.
    Elle reprit le sport et on la voyait souvent le dimanche matin faire du footing dans les rues du village.
    Les hommes se retournaient sur son passage et la regardaient avec envie.
    Chacun se demandait quel était le secret de cette femme qui en l’espace de quelques jours était devenue plus jeune et plus belle.

    L’eau de ses robinets provenait d’une source qui passait sous la maison et qu’elle avait découvert un peu par hasard en compagnie de son mari.
    En buvant de cette eau son mari avait pris les allures d’un jeune chien. Elle elle avait retrouvé la jeunesse.

    Mais « certaines » étaient jalouses de la joie de cette femme. Elles décidèrent de passer à l’action et de dévier le cours de la source, voire de la boucher définitivement.
    Ces demoiselles toutefois ne réussirent pas à mener à bien leur projet funeste.
    Car la belle dame avait pris ses dispositions pour conserver intacte la source de vie.
    Ces jeunes femmes – en fait 3 bouteilles d’eau minérale – voulaient se venger car le couple buvait dorénavant tous les jours de l’eau du robinet et cela elles ne pouvaient le supporter.

    Une nuit donc elles se rendirent dans la cave, lieu où se trouvait la source « magique ».
    Mais il y avait là la jeune dame – belle et jeune – qui armée comme une guerrière couchait à proximité de sa source prête à la défendre.

    Dès qu’elle vit les bouteilles d’eau – une nuit d’orage – venues avec l’intention malsaine d’éliminer la source – elle ouvrit le feu avec sa grosse sulfateuse.
    Les pauvres bouteilles n’eurent pas le temps de faire « ouf ». Elles éclatèrent en mille morceaux, et par un clin d’œil du destin, elles se vidèrent et coulèrent doucement dans la source …

  4. Bernard Pauchant dit :

    Tu en bois,
    Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet, leur couple se métamorphosait.
    Lui exhalait de plus en plus l’odeur de chien mouillé et aboyait pour un rien.
    Quant à elle…

    Tobie et Lisa
    Méfiez-vous de l’eau du robinet. Etes-vous sûrs qu’on n’a rien mis dedans ? Des pesticides ou même du poison ? Il y a des gens qui complotent partout. Méfiez-vous ! Je suis sportif, je fais tout pour être en forme. Je ne bois que de l’eau, pas de vin et bien sûr pas de ces jus de fruit trafiqués. L’eau du robinet, ça suffit et, en plus, tu fais des économies. Plus tu en bois, mieux tu te sens. Un jour que je courais comme tous les matins sur le chemin qui longe la plage, je m’aperçois brusquement que je suis plus à l’aise et que je vais plus vite à quatre pattes. Je me débarrasse de mon Marcel et de mon short, j’attrape mes Adidas avec les dents (j’ai jamais fait ça !) et je vais les fourrer sous une haie. Je frémis des narines : là-dessous ça ne sent pas la rose, ça me donne une idée. Tant qu’à faire, je lève une jambe avant de repartir. Dans quelle direction ? Difficile de savoir. Je tourne en rond, je me roule dans l’herbe pour m’essuyer et sentir les aiguilles de pin me gratter le dos. C’est le pied, si j’ose dire. La mer n’est pas loin, je pars comme une flèche, freine brusquement en soulevant un nuage de sable. J’entre dans l’eau prudemment, la tâtant des doigts de la main et des doigts du pied. C’est nouveau d’aller se baigner à quatre pattes ! Pas question de plonger ! J’essaie de nager… Je coule, je bois la tasse, ça me fait râler ! Le crawl, ça marche pas ! Et la nage papillon ? Imaginez le résultat ! Je finis par agiter les pattes de devant tout en remuant du derrière. Bizarre mais plutôt agréable. Je remonte sur la plage, je m’ébroue (ça te sèche et c’est bon) en éclaboussant tous les voisins et en répandant une odeur de chien mouillé qui les met hors d’eux.
    « A qui il est ce chien ? On n’a pas le droit d’amener un chien sur la plage ! » C’est donc que je suis devenu un chien à force de boire de l’eau, un cabot, un clébard, peut-être bientôt un minable toutou. En tout cas, pour le moment, c’est un vieux loup ventripotent enduit d’huile solaire qui me donne un grand coup de pied dans les côtes. Kaïk, kaïk, je prends la poudre d’escampette. Il faut que je retrouve ma maison, là où je niche depuis au moins vingt ans. Au diable, si je sais où elle est ! J’ai laissé ma femme là-bas, elle saura m’aider ou au moins me préparer à manger, aller m’acheter des croquettes puisque c’est ça, paraît-il, que mangent les chiens. Pour le moment, ça ne me fait pas envie. J’ai toujours bien aimé les bons steaks saignants. Tiens, c’est là, je suis arrivé chez moi sans le faire exprès. Bon sang, mais c’est bien sûr ! C’est ce qu’on appelle le flair. Me voici devant ma porte. Nom d’un clebs ! La poignée est trop haute. Je saute mais je retombe sur mes pattes de derrière, ça fait un mal de chien ! Il faut que j’appelle Lisa. Bien sûr on est souvent comme chien et chat mais elle va me tirer d’affaire, j’en suis sûr. Je crie « Lisa, Lisa, ouvre je t’en supplie ». J’essaie d’articuler à m’en décrocher la mâchoire mais je ne sors que des borborygmes qui me vrillent les oreilles. Je ne parle pas, je « gueule », j’aboie mais en vain « Nom d’un Tobie ! Lisa, tu viens ou tu viens pas ? » Pas de réponse ! Elle exagère. « T’en fais pas, Lisa, ça va se payer ! Je te garde un chien de ma chienne ». Un peu plus tard, j’essaie encore : « Lisa, je te le demande. Ne me laisse pas tomber. Je sais, j’ai souvent un caractère de chien, mais je peux m’améliorer. Je te jure. A partir de maintenant, je te serai toujours fidèle ». Ça c’est sûr, on dit que les chiens sont fidèles… Pas de réaction ! Elle est pas mal, ma petite Lisa, elle a du chien mais on ne peut pas dire qu’elle soit très fûtée. Ça, non ! Du flair, elle n’en n’a pas mais elle sait ce qu’elle veut. Il n’est pas né le maître qui la tiendra en laisse… Elle veut être libre. Et moi, je suis devant une porte fermée. Je la gratte avec mes griffes, j’attends comme un toutou à sa mémère bien obéissant. La honte !
    Voilà que le soir tombe. Entre chien et loup, j’arrête d’aboyer car les voisins viennent de me vider un pot de chambre sur la tête… Quand est-ce que ça va s’arrêter ? Il fait froid. Il faut que je trouve un endroit pour passer la nuit, je me réfugie sous l’escalier près de la tondeuse après avoir fait en vitesse quatre tours de jardin (avec quelques arrêts bien utiles). Je me love en chien de fusil et rêve à des chapelets de saucisses et à de beaux steaks bien saignants, je rêve aussi à ma Lisa. Tôt le matin, je suis éveillé par les petits bruits que font les mulots, les chats, les oiseaux, toutes les bêtes qui prennent peu à peu possession des jardins.
    Il faut que je retourne sur le perron et que j’appelle encore Lisa mais, lorsque j’approche de la porte, fermée comme hier soir, j’entends japper, aboyer des « au secours » …

  5. pakitapom dit :

    Ils s’étaient rencontrés dans une exposition et lui, le célibataire endurci, avait craqué devant aussi noble lignée. Elle était tellement élégante, raffinée . Sa robe sable, assez rare dans ce genre de manifestation, avait retenu toute son attention et sa démarche chaloupée autant que sa croupe tendue de satin fauve, avaient fait monter sa tension . Bref, en un instant , il était tombé eperdument amoureux et c’est ensemble , ce soir là, qu’ils quittèrent les lieux

    Ils devinrent vite inséparables . Il lui avait ouvert son cœur et sa maison et le soir, il se hâtait de rentrer pour la retrouver, l’imaginant nonchalamment allongée sur le canapé guettant le moindre bruit qui, vers elle, le ramènerait. Entre eux c’était vraiment fusionnel ! Il prenait plaisir, , a faire du lèche vitrine avec elle, fier de paraître en aussi belle compagnie et s’amusait de sa passion pour les boutiques de lingerie devant lesquelles elle pouvait rester des heures à contempler, rêveuse , les dessous de dentelle et de soie mêlées. D’une caresse furtive, il l’entraînait alors un peu plus loin pour s’en aller en terrasse savourer un café.Le week-end , ils partaient à la campagne et faisaient de longues promenades en foret. Il était même allé jusqu’à louer une barque pour l’emmener sur le lac ! Elle n’avait pas eu l’air très rassuré .

    C’est l’hiver qui les a chassés car la belle était fragile . Ils se replièrent donc dans le confort du salon, des après-midi entiers à contempler le feu qui crépitait dans la cheminée , elle , lovée dans sa chaleur d’homme et lui en maître de maison incontesté, sirotant ,selon l’humeur ,vin ou whisky pendant qu’elle se contentait de grignoter un petit biscuit.

    Ce régime sédentaire ne fit pas de bien à ses artères et il se vit contraint , sur ordre du médecin, de troquer son Château Lafitte contre un Château la pompe nettement moins gouleyant mais autrement plus efficace pour sa vieille carcasse. Son caractère s’en ressentit , il devint d’une humeur de chien, se mit à aboyer sans raison, faisant trembler sa dulcinée qui, à tant de violence, n’était pas habituée. Si le champagne ne coulait plus à flots, l’eau du robisco avait envahi tous ses tuyaux et le temps passant il devenait de plus en plus rogue , mauvais comme un dogue. Il se négligeait, le poil lui poussait . Il exhalait de plus en plus une terrible odeur de chien mouillé , s’agitait , donnait de la voix, pour un rien.

    Allongée à bonne distance sur le canapé – son haleine était si difficile à supporter – à travers ses yeux mi clos, elle le jaugeait, sans pitié . Qu’était donc devenu le fringant célibataire qui, sur un coup de tête, l’avait achetée fort cher dans cette exposition canine, il y a quelques années déjà , maintenant… un sinistre cabot . Avec une grande délicatesse, n’est pas chienne de race qui veut , elle s’humecta les lèvres d’un peu d’eau au bord de sa tasse puis entreprit de se lever, comme une femme l’aurait fait , sur deux pattes seulement . Effrayé, les yeux exorbités, il la regardait se transformer, aboyant comme un fou. Quand elle se mit a déboutonner sa robe beige et la laissa tomber sur le sol, improbable château de sable, et qu’elle apparut, souriante et nue, femme de la pointe des pieds jusqu’à sa chevelure ondoyant comme dune sous le vent , il alla se cacher à l’abri du canapé et se mit a geindre, terrorisé. Quand elle ramassa la laisse au collier si joliment incrustée de minables zircons et s’approcha de lui , il gémit . Quand il sentit le collier se refermer sur son cou et qu’elle dit : « Allez, debout Medor, on sort ! «  il hurla à la mort.

  6. Michel-denis Robert dit :

    Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par l’eau du robinet, leur couple se métamorphosait.
    Lui exhalait de plus en plus l’odeur du chien mouillé et aboyait pour un rien. Quant à elle, elle le supportait bien au début. Elle appréciait même cette forme de conversation canine et sa nouvelle disponibilité aux caresses. Pendant plusieurs jours, elle fut transportée par ses « waouh » admiratifs, surtout quand elle mettait son body. C’était dépaysant, stimulant. Cela changeait du quotidien. Les haltères devenaient légers. Ils s’envolaient en l’air. Pour sortir du confinement c’était l’idéal. Mais elle se demanda soudain pourquoi il avait acquis cette nouvelle habitude de jeune. A la salle de sport qu’est-ce qui l’avait déclenché ? C’est vrai que malgré ses soixante-trois ans il était resté ado. D’abdo, il montrait sa plaquette de chocolat. Il jouait tellement bien avec ses pectoraux, ses biceps et quadriceps. Avec le chien, il passait des matinées entières. Des wouf, des waf, des Haï ! Que des onomatopées ! IL avait inventé un vocabulaire avec des mots en chien. Quelle mode avait-il suivi ? Mon homme a taupé la bonne formule pour s’échapper de la routine. Quel secret pouvait-il cacher ?
    Un jour, elle tenta l’expérience. Si je lui donne un sucre, tant pis pour son diabète. Je verrai bien sa réaction. Elle lui offrit un caramel.
    – Viens chercher nonos, dit-elle.
    – Qu’est-ce qui te prend ?
    – Allez ! Viens chercher nonos, comme l’autre jour.
    – L’autre jour c’était pleine lune !
    – Justement, c’est demain soir. On recommence dit-elle, d’un air coquin, les yeux en coeur et la bouche provocante. Dans les films, tu n’entends pas, c’est plein de « waouh ». Y en a même qui font leurs films rien qu’avec des « waouh » des « waf » et des jappements de chiens en rut. Je t’ai surnommé le bonhommatopé.
    – Prends-moi pour un loup-garou, le temps que tu y es.
    – Et si on partait pour une nouvelle lune de miel à la Saint Valentin !

  7. Akpo Cecile dit :

    Autre version m’est venue…Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet, leur couple se métamorphosait..
    Lui exahlait  de plus en plus l’odeur du chien mouillé et aboyait pour un rien. Quand a elle,  elle ne supportait plus ces aboiements . Au début ca l’avait fait rire , puis comme ca durait ca fini par l’agacer . Ils  n’en pouvait plus de cette situation. Ils ne pouvaient plus sortir trop honte de ces aboiements. Ils décidèrent  d’une nouvelle organisation : elle irait faire les courses passerait les appels téléphoniques. etc et lui s’occuperait du ménages et de la cuisine .
    Ils mirent en place un langage des signes pour se comprendre. Lui écrirait au lieu d’essayer de parler.
    Il dut quitter son travail d’avocat, et devint écrivain.
    Tout redevint ensuite beaucoup plus fluide entre eux.

  8. Akpo dit :

    Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet, leur couple se métamorphosait.
    Lui exhalait de plus en plus l’odeur de chien mouillé et aboyait pour un rien.
    Quant à elle, elle passait son temps à jacasser comme une pie et à se plaindre.
    Alors que les choses avaient toujours été fluides entre eux, plus rien ne coulait de source. Bref il y avait de l’eau dans le gaz :
    -Tu ne pourrais pas mettre un peu d’eau dans ton vin ! japait- il.
    -C’est de ta faute!
    – non c’est la tienne !
    …blalalaala blooooooo.
    Et ca continuait  comme ça pendant des heures sans déboucher sur rien….un torrent de reproches et de rancoeurs accumulés se déversait  sans qu’on sache vraiment quand ni pourquoi ca avait  commencé ni quand ca s’arrêterait.
    Les raisons du conflit étaient diluées dans un flot de paroles à n’en plus finir à débit  plus ou moins constant.

    Jusqu’au jour où…

  9. camomille dit :

    Quant à elle, à chaque aboiement de son homme, elle se versait un verre d’eau du robinet.

    – Il aboyait,
    – Elle buvait,
    – Il aboyait,
    – Elle buvait…

    Et c’est ainsi que leur couple se métamorphosait et se portait de mieux en mieux :
    C’était la fusion !

    Cependant, il aboyait souvent, alors elle buvait souvent ; tant et si bien que sa vessie explosa : Boum !

    Le SAMU embarqua la femme à la vessie pétée.

    Ce fut un choc pour l’homme-chien qui en perdit son odeur de chien mouillé.

    Resté seul chez lui, il n’aboya plus jamais et se remit à boire de l’eau en bouteille, mais pas que…

    Elle, de son côté, se fit recoudre une vessie toute neuve et sut remercier grandement, mais GRANDEMENT le beau et jeune chirurgien habile.

    Elle put ainsi re-pisser comme au bon vieux temps tout en s’envoyant en l’air comme jamais !

    MORALITÉ : faut jamais remplacer l’eau en bouteille par celle du robinet.

  10. Alain Granger dit :

    Quant à elle, ronronnement et miaulement lui servait souvent de langage. Au début il ne s’en était pas plaint. Elle se faisait chatte dés qu’il venait se coucher. Elle se frottait contre sa jambe avant de se pelotonner contre lui ou de lui mordre la nuque telle une proie qu’elle voulait dévorer Il laissait mamy faire avant de lui faire son affaire. Elle se mettait même à feuler lorsqu’avec lui elle trouvait la felis cité. Elle se réveillait souvent dès potron-minet pour remettre ça. Il s’était fait à l’idée qu’elle devienne félidée. Mais il se trouva vite fatigué de ces ébats répétés. Alors elle le traita de poltron minet, un matou-vu qui n’avait rien dans le falzar. Ses griffes ne se faisaient plus rétractiles pour le caresser dans le sens du poil. Pourtant il s’était donné un mal de chien pour la satisfaire. Quelque peu frustrée, elle redoublait d’activités. Il la retrouva bricoleuse, Persan par-ci par-là, empruntant la Siamois sans lui demander la permission. De plus, en guise de tablier, elle lui avait piqué son pull Angora. Elle abusait vraiment. Comme il craignait qu’elle ne se Braque, il s’était tu pour lui proposer : « Si tu veux chérie nous Beauceron ensemble ». Elle avait décliné pour engager un Pékinois, un sans-papier qu’elle payait en nature. Alors, humilié, cocu, il sortait son Briquet pour s’en aller fumer dehors. Ensuite elle s’enticha d’un Dalmatien qui travaillait bien. Il avait bon appétit et remettait souvent le couvert. Elle couvrait ce dernier d’éloges tandis que son conjoint enrageait dans les loges. Il fumait de jalousie. Il aurait voulu le Boxer car il n’avait pas une âme de Saint Bernard. Mais il était lâche, alors il attendait son heure, recroquevillé dans son coin. Heureusement pour lui, durant ses travaux de menuiserie il attrapa la maladie de Lyme. « A force de limer tu l’as bien mérité » se disait-il au fond de lui. Et lorsqu’un soupçon de honte l’effleurait il se disait « Malinois qui mal y pense ». Il tenta de se rapprocher mais elle le rejeta. Il la traita de nyctalope mais elle éclata de rire. Alors, il s’en alla voir un Chartreux pour y prendre conseil. On disait qu’il avait bien vécu avant d’enfiler sa robe grise. Il lui recommanda de la laisser dormir pendant plus de 18 heures et de changer de métier. De berger il pourrait devenir sauveteur, travailler dans la garde ou bien dans un cirque, avoir du chien en somme. Il fallait susciter son admiration plutôt que de tourner en rond dans l’attente d’une caresse. Il lui fallait être Carré quitte en attrapé la maladie.

  11. Nadine de Bernardy dit :

    Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet, les Deschiens se
    métamorphosaient.
    Lui exhalait de plus en plus l’odeur de chien mouillé et aboyait pour rien.Quand à elle, elle n’arrêtait pas d’uriner n’importe où à longueur de journée.
    Cela devenait gênant, l’odeur de la niche insupportable. De plus, elle mettait bas dorénavant, des portées de huit chiots tous les six mois. Ces petits voraces passaient leur temps pendus à ses tétines. Elle n’en pouvait plus.
    Hélas, plus de possibilité d’acheter de l’eau minérale, trop chère pour leurs revenus depuis que le chef de famille avait été chassé de son poste de chien de garde, à cause de son odeur et ses aboiements incessant qui n’effrayaient plus personne.
    Ils durent confier leurs rejetons à la SPA la plus proche, faire leur baluchon et partir vers d’autres cieux.
    C’est ainsi qu’on les vit débarquer, efflanqués, épuisés, dans la banlieue d’Evian où résidait un vieux cousin de madame Deschiens. Buvant de l’eau de source depuis sa naissance, le mâtin était en pleine forme. Il les accueillit avec joie. Après une bonne cure, ils reprirent leur allure d’antan.
    Un couple de curistes les remarqua, faisant la manche dans la rue. Ces braves gens les adoptèrent, émus par leur situation.
    Afin que cette affaire fut néanmoins lucrative, on leur fabriqua un pedigree pour les portées à venir, qui n’eurent plus lieu que tous les ans pour ne pas fatiguer la mère, devenue grasse et fière de ses chiots dont on réservait à l’avance les magnifiques spécimens.
    Monsieur Deschiens fut présenté à des concours canins où il remporta de fort honorables mentions.
    Le couple vécu ainsi de beaux jours paisibles jusqu’à leur sa belle mort.

  12. Françoise - Gare du Nord dit :

    Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet, leur couple se métamorphosait.

    Lui, Monsieur Perrier, exhalait de plus en plus l’odeur de chien mouillé et aboyait pour un rien.
    Quant à elle, Madame Rozana, ronronnait et se limait les ongles contre le fauteuil en rotin de la véranda.

    Et cela ne s’arrêta pas là. Il remuait la queue lorsqu’il était content, elle remuait la sienne lorsqu’elle était en colère ; il mangeait plus que des croquettes, elle ne s’alimentait plus que de pâtée ; il se léchait les babines de sa langue chaude et humide, elle de sa langue sèche et râpeuse ; il se montrait volontiers urbain et collant, elle sauvage et dédaigneuse. Il était diurne, grégaire et soumis, elle nocturne, solitaire et indépendante

    Leur vie commune était devenue un véritable enfer. Ils étaient tellement différents, se disputant sans cesse comme chien et chat

    La goutte d’eau qui provoqua la rupture ? Lorsqu’elle voulut lui attacher une laisse autour du cou

    Ils se quittèrent et, pour éviter de se croiser un jour inopportunément, ils décidèrent de rejoindre lui les rangs de la SPA, elle la Fondation Brigitte Bardot

  13. Dominique PORHIEL dit :

    Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet leur couple se métamorphosait.
    Tout était venu d’un micro trottoir. Et comme chacun sait – ou devrait savoir – un micro trottoir sert à fixer l’opinion publique sur un certain sujet, à un certain moment !
    Et là, ils avaient eu la révélation : ben oui ! Forcément ! C’était ça la solution ! Ils en riaient encore ! … de n’avoir pas eu cette idée auparavant.
    Parce que franchement, c’était tellement facile, frappé au coin du bon sens, comme on dit.
    Ils avaient tenté l’expérience aussitôt ! Il ne leur restait plus qu’une bouteille d’eau, alors c’était le moment.
    Ni une ni deux, les voilà à remplir une carafe, tout excités par cette extraordinaire liberté qu’ils s’octroyaient ! Et dans le même temps, un peu inquiets ; cela faisait 50 ans qu’on leur décrivait l’eau du robinet comme un dangereux bouillon de tout un tas de cochonneries.
    Mais, bon à leur âge, il était peut être temps de commencer à vivre dangereusement. Au mépris de toutes les précautions imposées par leurs enfants et petits enfants !
    Un grand vent de liberté soufflait dans la cuisine.
    Ils en vinrent même à trinquer avec leurs verres d’eau. Santé !
    Et là, tout d’un coup, Maurice eut une sorte de hoquet. « Santé » ! tu parles ! Et si toutes les mises en garde étaient justifiées ? Si réellement, l’eau du robinet n’était pas si potable que ça ? Voire même carrément toxique ?
    D’un même élan, ils jetèrent le contenu de leurs godets dans l’évier ! Et frappés par une même idée, tous deux se servirent deux grandes rasades de whisky juste histoire de se désinfecter le gosier !
    L’eau en bouteille, définitivement reléguée dans un oubli comateux, ils s’adonnèrent à une tendance alcoolique qui devait sans doute être sous jacente !
    Et le micro trottoir, dans tout ça ?
    Ah oui ! La question était « que pensez-vous de l’eau déshydratée » ?

  14. Antonio dit :

    Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet, leur couple se métamorphosait. Lui exhalait de plus en plus l’odeur de chien mouillé et aboyait pour un rien. Quant à elle…

    — Rhooo ! Ze crois bien que zé bu au robinet !
    — Warf warf ! Cha m’étonnerait qu’un zébu chorte du robinet. Qu’est-che tu racontes ? T’as bu ou quoi ?
    — Rhooo ! Mais c’est ce que ze te dis. Zé bu de l’eau au robinet et ça me griffe le gozier.
    — Waf et alorf ?
    — Ze crois bien que zé un chat dans la gorze. C’est encore ce robinet qui fait des siennes. Faut appeler le plombier, mon routoutou en sucre.
    — Warf ? tu veux faire plomber des pauvres chiennes ?
    — Rhooo ! Tu comprends rien à ce que ze dis. Faut que le plombier s’occupe de la fuite du robinet dans ma gorze, sinon ze vais attraper la mort !
    — Warf warf ! Cha chuffit ! Qu’est-che tu fabriques à battre des aichelles au-dechus de ma tête ? Tu me donnes le tournis !
    — Rhooo ! À cauze de ce robinet, ze crois bien que ze me sens pousser des zèles.

    C’était vrai qu’elle volait, la Titine à son Hector, virevoltant autour de sa tête. La fée du logis se prenait pour Clochette. Christine était concierge, et s’occupait du ménage dans l’immeuble quand Hector assurait le gardiennage. L’eau du robinet avait métamorphosé leur vie, changé leur dessein, devenu très animé.

    — Warf warf ! Où tu vas comme cha, ma Titine ?
    — Rhooo ! Ze retourne dans ma caze d’escaliers, z’ai trop peur après zavoir bu au robinet. Tu peux surveiller l’entrée zusqu’à l’arrivée du plombier ?

    • camomille dit :

      Hi hi hi…Antonio nous a encore bien embarqués dans ses délires !!!
      Ça fait du bien: merci !

      • Antonio dit :

        Merci Camomille, mais c’est Pascal qui abuse à nous faire prendre des vessies pour des citernes. Forcément, après on se lâche. J’aime beaucoup l’enthousiasme qui ressort de vos délires… communicatifs 😉

  15. iris79 dit :

    Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet, leur couple se métamorphosait.
    Lui exhalait de plus en plus l’odeur de chien mouillé et aboyait pour un rien.
    Quant à elle, de drôles d’excroissances semblaient lui pousser sur le visage. Sa peau se couvrait de rides et prenait un teint verdâtre. Lui se plaignait constamment de cette odeur entêtante et particulièrement dérangeante. Il était tout à fait conscient de devenir particulièrement pénible, bougon, ronchon limite méchant. Tous deux étaient tétanisés par les changements qui s’opéraient en eux sans parvenir à comprendre ce qui leur arrivait.
    Ils n’avaient pas fait le lien avec leur consommation d’eau bien évidemment et plusieurs mois s’écoulèrent avant qu’ils ne cherchent de ce côté.
    L’idée germa profondément avant de devenir conviction quand ils revinrent d’un dîner chez des amis où ils avaient constatés que leurs hôtes semblaient souffrir des mêmes maux qu’eux. Tout au long de la soirée, ils s’étaient attachés à relever tous les changements notables et communs chez toutes les personnes autour de la table et alors que lui se servait un verre d’eau avec le pichet sur la table , il eut la révélation que tout venait de là. Il orienta alors la conversation aussi légèrement que possible pour extirper cette information qu’il lui fallait vérifier. Ils étaient tous passés à la consommation de l’eau du robinet…

    Il était encore trop tôt pour s’avouer mutuellement que tous avaient l’air triste et une allure de chien battu pour les hommes et une fâcheuse tendance à se transformer en sorcière pour les femmes.

    Lui et elle se mirent alors en quête d’un plan pour crever l’abcès, faire éclater la vérité, et essayer de conjurer le sort qui s’acharnait. Après des heures de conciliabule ils en vinrent à la conclusion qu’ils commenceraient par envoyer un mail à tous leurs amis, tout en étant conscients que cela pourrait être à double tranchant. Traiter ses amis de chiens mouillés et de vieilles sorcières pouvaient être tenté sur le ton de l’humour mais il fallait être un peu plus subtile pour accéder à un échange raisonné.

    Contre toute attente, ils répondirent tous par retour de courrier, immensément reconnaissants que l’un d’entre eux ait le courage de s’atteler à ce problème. Leur honte respective se mua en élan de solidarité et ils constituèrent aussitôt une association. Ils recueillirent des pages et des pages de témoignages. Car à ceux de leur cercle d’amis tous dans la même tranche d’âge s’ajouta bientôt les inquiétudes de parents qui eux mêmes se sentaient diminués et qui voyaient leurs enfants développer d’étranges comportements et caractéristiques physiques inattendus. (certains grognaient, d’autres criaient au loup pendant que leur pilosité se développait de façon anormalement abondante.)

    Cela devint en quelques mois un scandale d’état. Des commissions d’enquêtes indépendantes mirent à jour des pratiques impensables. On apprit donc que des substances interdites, hautement dangereuses avaient été volontairement déversées dans les eaux après traitement et avant d’arriver aux robinets des gens afin d’empoisonner le plus de personnes possible. Après une vague de sidération, le monde fut encore plus abasourdi quand il comprit que cette vaste opération n’avait que pour but d’avilir la population pour mieux la contrôler…

  16. Maguelonne dit :

    Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet, leur couple se métamorphosait. Lui exhalait de plus en plus l’odeur de chien mouillé et aboyait pour rien.
    Quand à elle, elle s’illuminait. De fines ailes translucides pailletées d’or avaient poussé dans son dos.
    Comme lui puait de plus en plus, avait le poil de plus en plus rêche et s’énervait pour rien, elle avait enfin trouvé le prétexte pour l’envoyer bouler. Avant il avait toutes les qualités requises mais était d’un ennui mortel ! Difficile de virer l’être parfait : peur de le blesser, peur du jugement des autres qui n’y comprendraient rien mais ne se gêneraient pas pour la vouer à tous les diables.
    Mais depuis qu’elle avait balancé son statut de conjointe par dessus les moulins, elle jetait sa gourme sur tout ce qui bougeait et lui plaisait. Elle papillonnait en chantonnant d’une douce voix gourmande. Son petit cœur d’artichaut butinait de tout coté sans jamais se laisser prendre.
    La liberté l’enivrait. Ce qui ne l’empêchait pas de philosopher gentiment. Je suis un gâteau, un gros gâteau dont je vais bien prendre soin. Et je consommerai toutes les cerises à ma portée.
    L’est pas belle la vie !

  17. FANNY DUMOND dit :

    Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet, leur couple se métamorphosait. Lui exhalait de plus en plus l’odeur de chien mouillé et aboyait pour un rien. Quant à elle…

    Leur fille Jessica, qui leur rendait visite tous les samedis, s’alarma lorsqu’elle trouva son père couché sur le canapé à plat ventre et la tête dans ses bras. Elle suffoquait dans la salle de séjour et se précipita pour ouvrir la fenêtre. Son père se réveilla en sursaut :

    – Qu’est-ce que tu veux ? gronda-t-il en faisant claquer son dentier qui avait une fâcheuse tendance à se déchausser.

    – Eh ben, comme d’habitude je suis venue prendre la liste de vos courses.

    – Va voir ta mère, car tu sais bien que c’est elle qui s’occupe de l’intendance. Moi, du moment que j’ai quelque chose dans ma gamelle, tout le reste n’est que littérature.

    – Comme disait Verlaine ! le taquina-t-elle bien que le cœur n’y était pas. Je suis rassurée de constater que tu n’aies pas encore complètement perdu ta tête de prof de français. Maman est dans la cuisine ?

    – Ben non, je ne sais pas ce qu’elle a, elle dort toute la journée et ronronne comme une chatte. On va divorcer, car on n’arrête plus de s’engueuler.

    – Divorcer ? après 52 ans de mariage !

    – Ouvre-moi la porte, j’ai envie de… Pas besoin de te faire un dessin, s’agaça-t-il en se secouant tel un chien sortant de l’eau.

    Ahurie, elle vit son père renifler les arbres du jardin et se soulager contre un lilas en fleur. Elle se dit qu’il était plus que temps de lui trouver l’une de ces si fameuses maisons de retraite. Elle trouva sa mère couchée en boule sur son lit dans sa chambre qui dégageait une entêtante odeur de parfum. Elle ouvrit la fenêtre et sa mère se réveilla en sursaut et s’étira comme feue leur minette.

    – Ah, c’est toi ma fille minauda-t-elle. T’es venue pour les courses ?

    – Ben oui ! Ça va vous deux ? lui demanda-t-elle en examinant sa mère dont les joues étaient barbouillées de mascara.

    – Je sais pas, j’ai tout le temps sommeil et puis ton père m’inquiète. Il se prend pour un chien de chasse depuis dimanche dernier. Il est sans arrêt dehors et fait des trous dans le jardin qui ressemble à un champ de mines. Au magasin tu passeras au rayon maquillage, car j’aime bien me pomponner. Il ne faut pas se laisser aller quand on est à la retraite. Il me faut du vernis rouge carmin pour mes griffes et du rimmel pour mes vibrisses.

    – Ah ! ne trouva qu’à dire Jessica qui se croyait en train de lire du Kafka.

    – Comme la semaine dernière, tu ne prendras pas d’eau en bouteille, ça me fait faire des économies. L’eau du robinet est aussi bonne, quoiqu’on n’arrête pas d’avoir soif comme les alcooliques.

    Intriguée et affolée, Jessica tira un verre d’eau au robinet qu’elle recracha aussitôt après en avoir bu une gorgée. « C’est quoi ce goût de médicament ? », s’interrogea-t-elle.

    Elle alerta les autorités qui, après analyses et enquête, découvrirent que le fabricant de produits vétérinaires, installé à l’entrée du village, rinçait ses cuves sur son terrain.

    Il s’avéra que quelques habitants s’étaient métamorphosés qui en lapin nain, qui en hamster, qui en furet, qui en perroquet.

    Le procès fit grand bruit et, depuis, les parents de Jessica coulent une paisible retraite dans leur maison. Grâce aux indemnités, son père a fait des travaux de rénovation, en particulier dans son jardin, tandis que sa mère, qui n’est plus un pot de peinture, mijote de bons petits plats sans se soucier de faire des économies.

  18. Nouchka dit :

    La métamorphose

    Depuis qu’ils avaient remplacé l’eau en bouteille par celle du robinet, leur couple se métamorphosait.
    Lui exhalait de plus en plus l’odeur de chien mouillé et aboyait pour un rien.
    Quant à elle, rapidement son système pileux boucla puis frisa et se raidit comme amidonné. Cette transformation lui était très inconfortable. Réglisse se tenait dorénavant les épaules légèrement soulevées et les bras détachés du corps pour laisser un peu de place à cet empâtement. Ses jambes, elles, se tenaient également écartées avec une démarche de canard qui cherche son équilibre afin d’éviter de blesser plus encore la chair fine de son entrejambe sans cesse écorchée.
    Elle avait cherché à raser ces toisons mais avait réalisé que la douleur des poils naissants devenus de durs piques s’enfonçant dans son corps à chaque mouvement était intolérable. Elle en soupirait sans cesse. Soupirs, qui n’étaient point d’aise mais de douleur, ressemblant à des bêlements plaintifs.
    Fox, le mari supportait mal les transformations de son épouse qui se déplaçait et tanguait, comme ivre, entre les murs de leur appartement. Excédé, et peut-être, lors de poussées de testostérone, le mari s’emportait et hurlait comme un loup.
    Les voisins s’inquiétaient ne sachant s’ils devaient signaler leurs observations aux autorités locales. Ils se disaient que ce couple devait avoir succombé aux délices des addictions alcooliques ou à quelque autre drogue.
    Personne ne supposa que l’eau de robinet ait pu avoir un tel pouvoir car aucun des voisins n’en ingérait si ce n’est, par mégarde, en se lavant les dents.
    Notre couple, non plus, ne fit aucun rapprochement de leur choix de consommateur économe et endura plusieurs mois cette situation.
    C’est alors que Fox fut convoqué par la médecine du travail pour manque d’hygiène. Ses collègues ne supportaient plus l’odeur de chien mouillé qui régnait dans leur service et dont chacun avait bien identifié l’origine.
    Lors de cette consultation, toute fenêtre ouverte, le médecin tenta de comprendre les troubles physiques et comportementaux observés. Personnellement, Fox était plus effrayé par sa propension nouvelle à s’énerver, piquer des colères et aboyer contre tous que par le parfum répulsif qui émanait de son corps.
    Avec le questionnaire détaillé qu’il remplit, le médecin demanda des analyses biologiques afin de s’assurer que les troubles n’étaient, pas imputables à un produit utilisé professionnellement par le sujet.
    Comme à chaque fois que des observations inexpliquées survenaient, le médecin du travail entra les données dans une base nationale en lien avec la sécurité sociale. Il s’avéra au bout de six longues années que d’autres cas, quasi similaires, avaient été observés dans le périmètre du centre de distribution de l’eau de ville.
    Par prudence, les autorités sanitaires, toujours longues à la détente, décrétèrent que l’eau du robinet de ce secteur ne devait dorénavant être consommée que préalablement bouillie.
    Fox et Réglisse ne furent pas particulièrement intéressés par cette recommandation. En effet, Fox était incarcéré depuis déjà cinq longues années pour avoir tué Réglisse en la mordant au cou dans un accès de démence.
    La presse et les médias évoquèrent Jean de la Fontaine et la fable du Loup et de l’agneau…même si réglisse, n’avait que peu à voir avec une agnelle !

  19. Kyoto dit :

    Un jour de pluie, ils eurent une idée de génie ! Oui, ça fait penser à une marque célèbre, mais, ils travaillaient dans un de ces magasins et ça a fini par les influencer.

    Donc, un jour de pluie torrentielle, ils décidèrent de ne plus boire l’eau en bouteille mais celle du robinet. Pas pour sauver la planète, mais pour faire des économies vu le prix du carburant.

    Depuis, lui exhalait de plus en plus une odeur de chien mouillé et aboyait pour rien.
    Depuis, elle embaumait de plus en plus le parfum de chienne en chaleur et mordillait tout. J’ai bien dit : tout.

    Ils goûtaient cette eau sacrée abusivement. Alors ils gouttaient, glougloutaient, dégouttaient. Ils proutaient à longueur de journée. Une parfaite usine à gaz. Ça sentait le mazout et ils s’en foutaient. Mais les autres, ça les dégoûtait.

    Une plainte fut déposée pour atteinte à la pollution de l’air ambiant. Le procès fut vite expédié. Ils furent condamnés. Interdiction de boire cette satanée eau. Je ne suis pas certain que Satan y soit pour quelque chose… mais bon, passons. Circulez ! Il n’y a plus rien à voir.

    C’est alors qu’une petite voix timide demanda :

    « Mais, que boivent-ils maintenant ? »

    Pouvait-on répondre à cette fillette que le juge avait ordonné qu’ils devaient désormais boire du blanc, du rosé, du rouge même si c’est du picrate. En bouteilles de verre. C’est recyclable. Si ce n’est pas bon pour ces gens, pas grave du moment que c’est bon pour la planète !

    Une idée de génie !

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