577e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
chuchoter

Depuis que des chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance, le moral des habitants était au beau fixe.
Détectant l’humeur des passants elles leur susurraient, si nécessaire, des mots : bienveillants, rassurants, apaisants ou réconfortants. Mais…


Sur ce blogue, on n’apprend pas à écrire un roman ou des nouvelles, on enflamme son imagination. Les exercices que j’invente, aiguillonnent l’esprit. Mon but est de conduire toute personne vers le créateur plus ou moins claquemuré en elle. L’enfant imaginatif avec lequel elle se réconcilie définitivement dès qu’elle se prête au jeu. Après quoi, elle décide de mener le projet d’écriture qui lui convient.

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32 réponses

  1. Mary Poppins dit :

    Depuis que les Chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance, le moral des habitants était au beau fixe. Détectant l’humeur des passants elles leur susurraient, si nécessaire, des mots bienveillants, rassurants, apaisants ou réconfortants. Mais, on avait également mis en service d’autres appareils.

    Dans chaque banque, on trouvait maintenant une Baratineuse experte dans l’art de la persuasion. Après un dialogue d’une vingtaine de minutes, les clients ressortaient souriants, détendus et plus du tout inquiets du montant de leur découvert ou de la façon dont ils parviendraient à rembourser leurs crédits. Optimistes comme jamais, ils étaient prêts à se ruer dans le centre commercial le plus proche pour dépenser sans compter et surtout sans réfléchir.

    Dans le hall de la mairie, trônait une splendide Embrouilleuse. Par le biais de techniques d’hypnose avancées, elle permettait aux électeurs, de n’importe quel bord, de réaliser subitement qu’ils aimaient leur maire par-dessus tout. Ses idées étaient tout bonnement extraordinaires, il fallait les propager au plus grand nombre.

    Mais, il faut bien le dire, ce sont les Chuchoteuses, les fameuses Chuchoteuses, qui avaient été déployées en plus grand nombre.

    Outre leur rôle de caméras de surveillance, elles savaient presque tout faire. Vous consoler d’une rupture amoureuse, d’une prise de poids totalement injuste, de la remarque d’un chef de service débile. Vous convaincre que vous n’étiez pas moche comme un pou ou bête comme une clé à molette ou les deux. Vous redonner de l’énergie à la moindre petite baisse de tonus. Et surtout, surtout, s’assurer que vous ayez un moral d’acier en toutes circonstances.

    Tous les matins, il y avait une file d’attente devant chaque Chuchoteuse et, l’un après l’autre, les citoyens prononçaient la phrase rituelle :

    « Chuchoteuse, ô Grande Chuchoteuse, dis-moi comment je me sens aujourd’hui ? »

    Et ils obtenaient le genre de réponses suivantes :

    – Tu es en forme, tu peux aller travailler dans ton entreprise pour une durée de cinq heures et sept minutes.

    – Tu te sens heureux et plein d’espoir, c’est le jour parfait pour aller rendre visite à ta belle-mère.

    – Tu as des pensées super positives et neuf chances sur dix de gagner au loto.

    – Tu es un peu malade et contagieux, tu dois impérativement rester dans ton quartier et ne côtoyer que 3,56 personnes.

    – Tu es dépressif et très fatigué, il est indispensable que tu prennes dix gélules b245-x99.

    Sans rechigner une seconde, les gens organisaient leur journée en fonction de ces recommandations.

    Il était évident que tout ce dispositif qui coûtait un prix astronomique n’avait pas été installé par philanthropie. On pouvait supposer, à juste titre, qu’il y avait un objectif là-dessous.

    Mais tout se passait tellement bien, ces machines étaient si agréables et si rassurantes, elles facilitaient tellement la vie de tous les jours que la grande majorité des gens ne se posait aucune question.

    Quelques centaines de rêveurs et de jeunes utopistes, menés par trois médecins farfelus, avaient bien essayé d’alerter la population sur ces pratiques qui leur semblaient dangereuses. Mais en vain. Ils avaient manifesté dans des rues vides, au milieu de l’indifférence générale.

    Grâce à ces innovations technologiques, il était évident que l’humanité allait enfin vivre heureuse et connaître le paradis sur terre.

    Enfin, c’était ce que tout le monde avait cru, au début.

  2. Mary Poppins dit :

    Depuis que les Chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance, le moral des habitants était au beau fixe. Détectant l’humeur des passants elles leur susurraient, si nécessaire, des mots bienveillants, rassurants, apaisants ou réconfortants. Mais, on avait également mis en service d’autres appareils.

    Dans chaque banque, on trouvait maintenant une Baratineuse experte dans l’art de la persuasion. Après un dialogue d’une vingtaine de minutes, les clients ressortaient souriants, détendus et plus du tout inquiets du montant de leur découvert et de la façon dont ils parviendraient à rembourser leurs crédits. Optimistes comme jamais, ils étaient prêts à se ruer dans le centre commercial le plus proche pour dépenser sans compter et surtout sans réfléchir.

    Dans le hall de la mairie, trônait une splendide Embrouilleuse. Par le biais de techniques d’hypnose avancées, elle permettait aux électeurs, de n’importe quel bord, de réaliser subitement qu’ils aimaient leur maire par-dessus tout. Ses idées étaient tout bonnement extraordinaires, il fallait les propager au plus grand nombre.

    Mais, il faut bien le dire, ce sont les Chuchoteuses, les fameuses Chuchoteuses, qui avaient été déployées en plus grand nombre.

    Outre leur rôle de caméras de surveillance, elles savaient presque tout faire. Vous consoler d’une rupture amoureuse, d’une prise de poids totalement injuste, de la remarque d’un chef de service débile. Vous convaincre que vous n’étiez pas moche comme un pou ou bête comme une clé à molette ou les deux. Vous redonner de l’énergie à la moindre petite baisse de tonus. Et surtout, surtout, s’assurer que vous ayez un moral d’acier en toutes circonstances.

    Tous les matins, il y avait une file d’attente devant chaque Chuchoteuse et l’un après l’autre les citoyens posaient la question rituelle :

    « Chuchoteuse, ô Grande Chuchoteuse, dis-moi comment je me sens aujourd’hui ? »

    Et ils obtenaient le genre de réponses suivantes :

    – Tu es en forme, tu peux aller travailler dans ton entreprise pour une durée de cinq heures et sept minutes.

    – Tu te sens heureux et plein d’espoir, c’est le jour parfait pour aller rendre visite à ta belle-mère.

    – Tu as des pensées super positives et neuf chances sur dix de gagner au loto.

    – Tu es un peu malade et contagieux, tu dois impérativement rester dans ton quartier et ne côtoyer que 3,56 personnes.

    – Tu es dépressif et très fatigué, il est indispensable que tu prennes dix gélules b245-x99.

    Et sans rechigner, les gens organisaient leur journée en fonction de ces recommandations.

    Il était évident que tout ce dispositif qui coûtait un prix astronomique n’avait pas été installé par philanthropie. On pouvait supposer, à juste titre, qu’il y avait un objectif là-dessous. Mais tout se passait tellement bien, ces machines étaient si agréables et si rassurantes, elles facilitaient tellement la vie de tous les jours que la grande majorité des gens ne se posait aucune question.

    Quelques centaines de rêveurs et de jeunes utopistes, menés par trois médecins farfelus, avaient bien essayé d’alerter la population sur ces pratiques qui leur semblaient dangereuses. Mais en vain. Ils avaient manifesté dans des rues vides au milieu de l’indifférence générale.

    Grâce à ces innovations technologiques, il était évident que l’humanité allait enfin vivre heureuse et connaître le paradis sur terre.

    Enfin, c’était ce que tout le monde avait cru, au début.

  3. françoise dit :

    577/Depuis que des chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance, le moral des habitants était au beau fixe.
    Détectant la bonne humeur des passants elles leur susurraient, si nécessaire, des mots bienveillants, rassurants, apaisants, réconfortants. Mais ce que ces chuchoteuses ne savaient pas c’était que certaines habitantes étaient , entre autres, des vraies commères, des fieffées menteuses , et que tout leur était bon pour semer la zizanie.
    Il y a peu, l’une d’elles, sous le sceau du secret, raconta à une autre que le mari de Marguerite Dupont la trompait avec la femme de Guy Dupond . Vous êtes sûre ?qui vous l’a dit ? C’est Mme Hergé ! Alors si c’est Mme Hergé qui le raconte il ne s’agit pas de racontar, Son mari est commissaire de police et eu égard aux fonctions de celui-ci, elle sait qu’elle doit garder bouche cousue.
    Dommage nous aurions bien voulu savoir ce qu’il en était exactement de ces on-dit.
    Soudain une pluie drue tomba, les parapluies furent ouverts et il n’y eut bientôt plus personne dehors.

  4. Michel-denis Robert dit :

    Expérience sur le son.

    Le son N° 1

    Je ferme la bouche et j’émets un son qui part sous la voûte et cela fait écho.
    Il n’y a pas de voûte et le son rebondit sous le dôme.
    Il n’y a pas de dôme.
    Le son tourne et revient dans mon corps avec de nouvelles vibrations.
    Mon corps s’éveille sur les vibrations.
    Chaque variation de vibration fait avancer mon geste.
    Cette magie est possible parce qu’elle multipliée par trente.
    Je ne connaissais personne avant d’arriver.
    Les visages dessinent un sentiment que la bouche fermée envoie au ciel.
    Le volume de la salle parallélépipèdique devient cathédrale.
    Ce n’est pas d’Hildegarde ni du Grégorien mais bien plus beau puisque les corps sont producteurs en même temps que récepteurs.
    Si je ferme les yeux, je ne suis plus dans ce monde.
    Je suis sur la Terre et je plane de concert.
    Mon corps s’envole sur le son.
    Peut-être que mon âme est ravie.
    Je n’ai jamais rien entendu de si beau.

    Après la bouche fermée, le « O » passe par toutes les tonalités de la voix la plus basse et simultanément à toutes les autres tonalités par d’autres voix.
    Le son vogue comme un paquebot sur la mer.
    J’entends la corne de brume et pourtant, il n’y en a pas.
    Je vois le bateau fendre la mer.
    Je vois même d’autres paysages dont j’admire la verdure.
    Je sens le vent me rafraîchir la mémoire.
    Puis le « O » devient une autre voyelle.
    J’entends le son d’un verre de cristal.
    Cela est possible parce que la voix change et se combine à une autre.
    Et puis d’un groupe elle passe à un autre.
    Et les deux groupes la portent à tous les autres, au-dessus et du dessus, la portent plus haut encore.
    Elle est projetée au milieu du cercle et porte les gestes des danseurs qui sont charmés comme par des sirènes.
    Mais ces marins ne vont pas s’abîmer.
    Ils rampent sur le sol pour apprivoiser le son qui s’échappe et les entraîne plus haut.
    Portés par le son, ils évoluent à son rythme.
    On dirait qu’ils s’envolent.
    C’est une ouverture, une relaxation, un dialogue entre le corps et le son.
    Les corps sont le son.
    Ils montent jusqu’à la voûte et redescendent dans un mouvement continu…

  5. Daliane dit :

    ….voilà qu’un jour, l’une d’entre elles ne se présenta pas à son poste. Les passants de son quartier le remarquèrent tout de suite. Leur belle chuchoteuse, avec son regard perçant, ses oreilles à l’affût et ses doux mots d’encouragement qui métamorphosait un levé de pied gauche en un rebondissement aventurier. Bien vite, ce furent les passants qui se mirent à murmurer. Ils étaient inquiets. « est-elle souffrante ? L’aurait-on enlever ? Ce doit être les voisins du quartier d’à côté, ces gens-là sont si benêts qu’ils doivent bien nous envier d’avoir avec nous une chuchoteuse pour égayer nos journées… C’est certain, ils nous l’ont prise ! Eux, là, si différents, si bizarres parce qu’ils ne sont pas comme nous. Et bien oui, nous, les beaux passants, pressés, affairés dans nos pensées à tel point que nous passons sans nous en rendre compte. Parce qu’on est occupés, nous ! On doit passer, après être bien repassés. Cent fois au moins…Tandis qu’eux, là, ils passent et ils rapassent -en bon patois- ils ne font que ça de la journée, n’ont-ils rien d’autres à faire que de passer ainsi ? Nous, on ne fait que passer pour aller quelque part, nous repasserons seulement ce soir… »
    Ainsi nos passants en vinrent vite à chercher un coupable, à commérer, à faire des messes basses en plein sermon de la vie. Ils s’étaient arrêtés et fulminaient. Quand tout à coup…
    Nos chers passants virent passer…la chuchoteuse !
    Toute fringante, toute souriante, rayonnante. Elle gazouillait, riait et parlait fort, marchait d’un pas vif et enjoué.
    Et à son bras…un bébé.
    Et bien oui, mes beaux passants, pendant que vous passiez, pressés, affairés dans vos pensées, vous n’avez même pas remarqué le polichinel qui vint arrondir le profil de notre petite dame. Et devinez quoi : elle déménage ! Dans le quartier d’à côté ! Car leur chuchoteur a su murmurer les plus beaux souffles d’amour à sa chuchoteuse…

  6. Les chucho-tueuses

    Il pensait devenir fou. Il avait beau se boucher les oreilles, hurler intérieurement, rien n’y faisait. Plus il se démenait, plus les chuchotements s’intensifiaient.

    Il détonait avec cette humeur « rose bonbon » qui s’affichait sur tous les visages autour de lui.

    Il en venait à regretter ces foutues caméras. Les chuchoteuses étaient plus invasives. Intrusives. Il n’était pas un seul endroit où il put se réfugier pour s’en protéger. Elles pouvaient se loger dans des endroits les plus improbables, tels qu’au-dessus des arbres, dans les parcs et les jardins publics.

    Pour autant, elles n’avaient pas d’avenir. On parlait déjà de les remplacer par des implants sous-cutanés. Des expériences étaient présentement menées avec succès sur des bipolaires, afin de prévenir un changement brusque d’humeur qui les mettrait en danger ou en représentait un pour le Collectif.
    Toute autre déviance psychique pourrait être ainsi corrigée.

    JAMAIS, il n’accepterait cela. Tout son être intérieur se révoltait à l’idée de n’avoir à éprouver qu’un état d’être permanent, alors qu’il revendiquait toute la gamme d’émotions qui faisait encore de lui, un humain.

    Les chuchoteuses revenaient à la charge, lui susurrant de prendre refuge dans le « métavers » monde fictif et virtuel, en créant son avatar. Ainsi se ferait en douceur cette transition entre le « monde d’avant » et celui d’aujourd’hui.

    Il n’en pouvait plus de leurs sirupeux chuchotements. Et tandis que lui venait l’envie de se fracasser la tête contre le mur, elles l’invitèrent à préférer le « suicide assisté ». Ce serait plus propre, plus convenable, et tellement plus doux.

    Il préféra se jeter par la fenêtre. Sur le pavé, cela fit désordre. Jugé dégoûtant. Autour de lui, la plus vive émotion se lisait sur les visages. Des bouches se tordirent. Pas très longtemps. Les chuchoteuses distillaient déjà leur puissant antidote.

  7. RENATA dit :

    Mais ….
    Une panne générale du système apporta le silence , rapidement remplacé par un brouhaha de rumeurs complotistes sur l’événement :

    – C’est un coup de l’extrême droite . Avec ce vocabulaire mielleux nous sommes des moutons . Excitons nous !
    – C’est un coup de l’extrême gauche . Avec ce vocabulaire narcissique nous sommes nombrilistes . Partageons tout !
    – Ce sont les labos qui ne vendent plus assez d’antidépresseurs , ils nous veulent stressés , angoissés . Réveillons nous !
    – C’est le gouvernement qui prépare un mauvais coup . Alarmons nous !
    – Ce sont les écolos qui ont fait sauter les centrales . Sauvons nous !

    Soudain , une lueur aveuglante , une explosion assourdissante firent entendre une beuglante , qui ramena le silence sans éveiller les chuchoteuses .
    Chacun repris son activité .
    Comme d’habitude beaucoup de bruit pour rien !!

  8. Urso dit :

    Depuis que des chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance, le moral des habitants était au beau fixe.
    Détectant l’humeur des passants elles leur susurraient, si nécessaire, des mots : bienveillants, rassurants, apaisants ou réconfortants. Mais…

    Mais il y avait là un jeune homme qui restait malheureux.
    Passant plusieurs fois par jour devant ces chuchoteuses, il n’arrivait pas à retrouver le sourire.
    Elles commençaient à le remarquer et voyaient que leurs mots étaient impuissants à lui redonner le moral.

    Sortant un peu de leur activité habituelle, les chuchoteuses voulurent en savoir davantage sur ce beau jeune homme, qui avait une grande tristesse en lui.
    Après une petite enquête elles apprirent qu’il était fiancé à une caméra de surveillance dont on ne retrouvait plus la trace. Elle s’appelait Caliméra.

    Cette disparition, cette absence, c’était donc là la raison de l’attitude du jeune homme.

    Le pays était grand et Caliméra pouvait se trouver n’importe où, voire elle avait pu partir dans un autre pays.
    Les chuchoteuses ne savaient que faire.
    Elles utilisaient tout leur arsenal pour venir en aide au jeune.

    Un beau jour, une chuchoteuse grâce à un ami détective retrouva la belle fiancée.
    Celles-ci avait décidé – avec l’arrivée des chuchoteuses et donc de la fin de son travail de caméra de surveillance – de partir à l’étranger et d’aller vivre dans un pays chaud.
    Après quelques mois de vacances elle revint dans sa région natale.

    Un beau jour on revit la belle. Vite les chuchoteuses firent part au jeune homme de ce retour.
    Dès qu’il la vit, il se métamorphosa. Il fut tout joyeux, heureux, même lumineux.
    Ah qu’il était content de revoir sa belle Caliméra.

    Ils furent de nouveau ensemble la veille de Noël.
    Ah quelle fête ils firent avec une flopée d’amis.
    L’histoire ne le dit pas : quelques semaines après la belle Caliméra et le jeune homme Caliméro partirent en voyage ; en lune de miel.

  9. Nouchka dit :

    Depuis que des chuchoteuses remplaçent les caméras de surveillance, le moral des habitants est au beau fixe.
    Détectant l’humeur des passants elles leur susurrent, si nécessaire, des mots bienveillants, rassurants, apaisants ou réconfortants.
    Mais des conseillers du gouvernement, eux-mêmes conseillés des scientifiques, décident d’expérimenter quelques méthodes moins coûteuses pour encadrer la population.
    Dans un premier temps, sont installés des systèmes de détection des attitudes à risque sur la voie publique. Ainsi, le quidam qui s’apprête à traverser la rue en dehors des passages dits « protégés » ou hors le laps de temps défini par les feux de signalisation, perçoit un signal sonore dissuasif tant il s’avère anxiogène.
    Sur les trottoirs, les usagers à deux roues, qui zigzaguent entre les piétons, reçoivent quant à eux, de légères décharges électriques dont l’intensité s’accroît s’ils n’obtempèrent au code des bons usages de circulation. Je vous épargne le sort réserver aux automobilistes délictueux.
    Après quelques six mois d’expérimentation, un premier bilan est établi. Il en résulte que les citoyens restent chez eux, se font livrer leurs courses et deviennent neurasthéniques bien au-delà de la moyenne.
    Le gouvernement, toujours en place, se trouve alors, devoir calmer les représentants du peuple qui reçoivent les doléances de leurs administrés et n’en peuvent mais. La révolution couve dans les chaumières, les résidences, les barres d’immeuble….
    La notion de sécurité, si chère aux Instances dirigeantes, tousse beaucoup en raison de l’application choisie.
    Les étapes suivantes, toujours plus loufoques et répressives, sous couvert de sécurité, que les scientifiques susurrent aux politiques sont abandonnées au plus vite.
    Le chef suprême exprime à ses concitoyens sa décision de clore l’expérimentation jusqu’à nouvel ordre.
    Mais, les dits concitoyens, conscients d’avoir servi de cobayes et d’avoir beaucoup soufferts des sévices endurés, avaient à cœur de faire subir à leur tour, aux instances responsables, des sanctions à la mesure des entraves imposées à leur liberté.
    Une période d’explosion de violence s’ensuit. Le gouvernement, les deux chambres d’élus et les conseillers de tout poil, fuient se réfugier dans quelque paradis de leur goût, laissant le peuple déprimé face à sa liberté retrouvée et dans le plus grand chaos de son histoire.
    Quelques neuf mois plus tard, chacun mesure l’importance de retrouver un mode de vie serein. Un expert en calinothérapie prend la parole sur les différentes ondes, chaînes et réseaux sociaux. Il explique aux habitants qui attendent un sauveur, combien le contact physique entre voisins, collègues, partenaires commerciaux et autres, est propice au bien-être grâce à l’optimisme que ces marques de considération vont engendrer.
    Les plus téméraires tentent alors la poignée de main, l’amicale tape dans le dos qui bientôt se transforme en caresse appliquée entre les omoplates et ainsi, de plus en plus de personnes testent la calinothérapie. L’appréhension du démarrage, celle de se faire rejeter et traiter de malade, se dissipe au fil du temps, laissant place aux embrassades, déambulations bras dessus-bras dessous avec n’importe quel inconnu situé à portée de main…
    La méthode rencontre beaucoup de nouveaux adeptes et quelques éléments critiques bien sûr, mais lors des élections suivantes, le Grand Maître en Calinothérapie est élu Président de la République.
    C’était, je me dois de le préciser, à une époque où le mouvement #MeToo n’existait pas encore.

  10. Luc des Vosges dit :

    Luc des Vosges
    Depuis que des chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance, le moral des habitants était au beau fixe. Détectant l’humeur des passants elles permettaient d’alimenter et d’actualiser en permanence le fichier du bien-être de la population.
    Bien évidemment à travers l’humeur il était possible de prédire les intentions de chacun et par des mesures préventives d’empêcher tout acte de délinquance. Les citoyens du pays Monde pouvaient enfin évoluer dans un espace pleinement aseptisé où les dangers avaient disparu en très peu de temps.
    Comment utiliser au mieux cette immense banque de données pour que les personnes vivent dans un monde idyllique. Le comité central de pilotage du ministère au vu des statistiques des accidents réalisa que la plupart des blessés voire des morts relevaient d’actes individuels de mise en danger. Comment y remédier ?
    La corrélation des humeurs enregistrées des personnes victimes d’accident permit rapidement de mettre en lumière la propension de certains aux émotions fortes. Les sports de montagne, alpinisme et ski de randonnée furent désignés comme les principaux coupables. Ce dernier sport fut particulièrement ciblé, en effet les avalanches tuaient chaque année un nombre important d’adeptes de la « peau de phoque ». Dans ce qui était encore un pays indépendant qui s’appelait la France, les archives déjà anciennes révélaient que l’hiver 2020-2021 avait été particulièrement meurtrier avec 40 morts par avalanche parmi les aventuriers irresponsables escaladant les montagnes à ski.
    Très vite les différentes réunions conduisirent à la conclusion que ces individus qui risquaient leur vie gratuitement provoquaient une dissonance dans le message de sécurité générale que les chuchoteuses répandaient. On décida que cette minorité était dangereuse pour la paix publique et dégradait l’état du moral au beau fixe. Il était donc impératif de mettre fin à ces perturbateurs provocateurs. Rapidement des mesures furent prises pour les neutraliser. Une campagne d’arrestations fut mise sur pied et en toute discrétion tous ces partisans de sport dangereux furent arrêtés et enfermés. Mais tous ne furent pas capturés. Cependant, les chuchoteuses reprirent leur campagne de bourrage de crâne afin de rendre le peuple toujours plus asservi et en apparence toujours plus heureux.
    Mais chez ces libres penseurs rescapés de la vague d’arrestations massive, aimant par-dessus tout se confronter à la puissance et à l’hostilité de la nature, ces mesures despotiques ne passèrent pas inaperçues. Ils s’organisèrent avec célérité et décidèrent d’échapper à l’emprise en s’évadant vers des zones d’altitude désertées. Voilà comment est né le peuple libre des montagnes qui mène un combat pour se délivrer du carcan du dogme du moral au beau fixe qui enlève toute liberté de comportement à l’être humain. Mais ce choc contre le mode de pensée imposé risque fort d’être perdu. Les premiers opposants et les plus virulents aux libres penseurs des montagnes sont justement ces multitudes asservies qui se complaisent sous le joug de cette dictature du moral au beau fixe. Hélas, la société de l’illusion d’une vie idyllique propagée par les chuchoteuses risque d’emporter l’humanité et son esprit d’indépendance. Un espoir cependant semble se lever, le peuple libre des montagnes vient de prendre le contrôle des chuchoteuses grâce à des nouveaux émetteurs quantiques à évasion de fréquences non localisables. Nous ne rentrerons pas dans les détails techniques afin que notre premier message relayé par les chuchoteuses reste compréhensible. Arriba arriba viva la libertad !

  11. LAFAURIE Alain dit :

    Depuis que des chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance, le moral des habitants était au beau fixe.
    Détectant l’humeur des passants elles leur susurraient, si nécessaire, des mots : bienveillants, rassurants, apaisants ou réconfortants.
    Mais cette sérénité provoqua l’ennui. Dans une proportion sans cesse croissante de la population, on en vint à regretter les débats houleux, les confrontations physiques, les inquiétudes et le stress source d’adrénaline.
    Secrètement, on remonta sur les rings pour des luttes acharnées, des mêlées puissantes s’affrontèrent au rugby, les combats de coq reprirent du poil de la bête. On voulait un vainqueur et des battus, de la hargne et de l’agressivité.
    Les tenants de cette tendance en vinrent aux extrémités pour contrer la mollesse généralisée induite par les chuchoteuses.
    Ils n’avaient pas hésité à l’époque de détruire les caméras de surveillance, ils auraient la peau de ces Lénifiantes. Pour les museler, des hackers ingénieux brouillèrent leurs messages et parfois même les remplacèrent par des mots : excitants, stupéfiants, enthousiasmants ou stressants.
    À l’approche des élections présidentielles, désormais deux lignes politiques s’opposaient, les colombes et les faucons. Seuls quelques angéliques, absolutistes du rassemblement, rêvaient de les réunir dans une volière commune.

  12. Françoise Rousseaux dit :

    Des chuchoteuses avaient été installées cette année là, en remplacement des caméras de surveillance. D’abord dans quelques grandes villes, puis l’expérience s’était étendue à tout le territoire. Détectant l’humeur des passants, elles leur susurraient éventuellement des mots rassurants, apaisants ou bien leur conseillaient avec bienveillance un comportement approprié dans telle ou telle circonstance. Les gens appréciaient ce nouveau dispositif qui se révélait plus efficace que le fait d’être filmé . En outre, l’effet était durable et leur moral demeurait le plus souvent au beau fixe. Ça y est, la solution miracle a été trouvée clamait les unes des journaux, et on pouvait croire que cette état de grâce allait perdurer. Mais hélas..
    Cele commença par des rumeurs sur les réseaux sociaux : il arrivait parfois que les chuchoteuses ne soient pas toujours bienveillantes ; leurs propos, au lieu de tranquilliser, distillaient un venin pernicieux qui provoquaient anxiété, agacement, voire colère ou déprime. Ce qui ne manquait pas de provoquer des scènes pénibles dans les endroits publiques. Certains voulurent se protéger en arborant des écouteurs qui diffusaient des sons pour couvrir les paroles chuchotées, mais ces dispositifs furent interdits par décret ; les forces de l’ordre devaient les confisquer et amender les personnes qui les portaient.
    Mais les rumeurs s’amplifièrent . Les mots des chuchoteuses étaient devenus un véritable fléau ; les médecins prescrivaient des anti-anxiolytiques à tour de bras et des bagarres rangées éclataient à tous les coins de rue. Finalement, le gouvernement du se rendre à l’évidence : quelque chose clochait. Des informaticiens analysèrent le système et découvrir un piratage géant, piloté par une entité malveillante. Comme il était impossible de sécuriser tout le réseau, les chuchoteuses furent démontées ; les anciennes caméras furent remises en place , couplées à des hauts-parleurs qui permettaient aux agents de surveillance d’interpeller les passants pour les remettre dans le droit chemin. C’était beaucoup plus simple. Pas très discret certes, mais du coup très efficace. Le calme revint dans les rues ; par contre, la consommation d’anti-anxiolytiques ne diminua guère, mais c’était un moindre mal !
    Comment, vous me dîtes que je n’ai rien inventé ? Que ça existe déjà dans certains pays ? Alors, veuillez accepter mes excuses ; franchement, je ne le savais pas…

  13. Michele B.Beguin dit :

    Depuis que des chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance, le moral des habitants était au beau fixe.

    Détectant l’humeur des passants elles leur susurraient, si nécessaire, des mots : bienveillants, rassurants, apaisants ou réconfortants. Mais….

    ….même si elles étaient adorables pour les autochtones et les francophones et apportaient la paix totale au peuple par leur empathie, depuis plusieurs années les chuchoteuses polyglottes étaient réclamées, et des énervements s’établissaient entre les passants et ces chuchoteuses qui s’exaspéraient de ne pouvoir communiquer avec tout le monde afin de faire correctement leur travail.

    L’une d’entre elles eut une idée géniale bien que farfelue. Se faire poser une puce hyperpolyglotte dans l’oreille. Certaines eurent peur des conséquences et refusèrent la solution. Les 3/4 étaient partantes pour pouvoir enrichir leur travail.
    Un R.V. fut pris avec un neurologue doublé d’un informaticien-électronicien. Et une puce fut créée en moins de 2 mois, sans test préalable. Les chuchoteuses serviront de testeurs.

    Une fois la puce posée, durant quelques jours ce fut le bonheur, les chuchoteuses étaient heureuses de comprendre tous les mots étrangers et de pouvoir y répondre. Mais soudainement comme si un virus s’était infiltré insidieusement dans certaines puces, 25% des chuchoteuses ne contrôlaient plus rien et mélangeaient tous les mots de toutes les langues dans des phrases qui devenaient incompréhensibles, comme si elles étaient atteintes de Glossolalie.
    Elles ne pouvaient parler correctement que leur langue de naissance, et commençaient à regretter cette injection.

    Elle prirent RV avec le neurologue, qui leur répondit qu’elles étaient au courant des éventuelles conséquences, et qu’il était impossible de faire marche arrière.

    Il y eut donc 3 sortes de chuchoteuses :
    Les chuchoteuses francophones
    Les chuchoteuses polyglottes
    Les chichiteuses qui mélangeaient tout, mais avaient apporté de l’humour dans leurs échanges aphasiques.

  14. Alain Granger dit :

    Mais un groupe d’hacktivistes, des pirates informatique pour qui le libre arbitre tenait à cœur, ne l’entendait pas de cet oreille. Ils écoutaient leurs propres mots passants plutôt que les décibels d’un nouveau Goebbels. Ces hackeurs préféraient connaitre le spleen de Baudelaire plutôt que le bonheur du « Meilleur des mondes » d’Huxley. De l’air libre ils revendiquaient sous le masque des Anonymous, un air sans le son, sans leçons dans les oreilles. Aussi se bouchaient-ils les oreilles en écoutant plutôt de la musique underground que Véronique Sanson sous de puissants écouteurs. Lisbeth Salander, amatrice de piercing et du journal « Millenium », s’allia à Néo, dévoué à Matrix, pour pénétrer la « matrice ». Ainsi, dans un premier temps, ils firent en sorte que les chuchoteurs « suggèrent » de se révolter contre cet état totalitaire qui était proche de celui décrit dans « 1984 » par Georges Orwell. Les nouveaux chuchotements insufflaient la Vendeta dans l’esprit endormi des citoyens. « Point n’est besoin d’un bonheur factice si l’on n’est point libre dans sa tête», revenait comme un point d’orgue dans la clameur sourde qui s’insinuait chez l’auditeur. « Fini les castes acceptées, consenties par le citoyen, un citoyen abruti par le travail et les médias asservis. La police de la pensée pouvait être combattue par chaque citoyen en refusant de se plier à une administration inhumaine et omnipotente ». Cette police politique envoya ses meilleurs limiers pour limer les ondes de ces « cybercriminels ». La cache de Lisbeth fut percée et l’esprit de Néo envoyée dans le néant. Mais le mouvement « Fraternité » demeurait vivant. Bernard et Lennina étaient loin d’être bêta. Il leur fallait détruire le centre d’incubation et du conditionnement. Le combat était loin d’être terminé…

  15. LURON'OURS dit :

    🐻 ÉMOTIONS ET TRANSPORTS

    Les caméras, surveillantes globuleuses, sont supplantées par un nouveau concept sonore : le chuchoteur. Nous, on en avait marre d’être veillé, d’être infantilisé, on n’est plus des bébés ! Ce qu’on désire « über alles » c’est le savoir ! Qui sait ? ! Si je le veux, je le peux. Pou pou pidou…
    Les chuchoteuses radoteuses répétaient tu le peux ! Aimables, elles chatouillaient chuintantes les esgourdes des rares passants. Insinuantes, elles empruntaient les ondes, elles entraient incognito dans les autos. Osantes, se risquaient à perturber les cyclistes. Lénifiantes elles se heurtaient aux murs, des parois que, même les sourds palpaient de leurs doigts gourds. Entrées dans les mœurs, les chuchoteuses ont baissé de fréquence. Désormais, chacun se regarde dans la rue, questionne : que vous ont-elles dit aujourd’hui ? Juste une lettre qu’elles répètent à l’envi, m, m, m…
    🐻

  16. FANNY DUMOND dit :

    Depuis que des chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance, le moral des habitants était au beau fixe. Détectant l’humeur des passants, elles leur susurraient, si nécessaire, des mots bienveillants, rassurants, apaisants ou réconfortants. Mais les psychologues, les laboratoires et autres vendeurs de méthodes de développement personnel se soulevèrent à cause de la chute spectaculaire de leurs revenus. Les psys se désespéraient de tourner en rond dans leur cabinet et s’inquiétaient pour leur avenir.  Tandis que les fabricants d’antidépresseurs assistaient impuissants à leur chute au CAC 40 et que les éditeurs voyaient leur manne se rétrécir comme peau de chagrin. 

    C’en était trop et l’on eut droit à pléthore de débats, plus insipides les uns que les autres, qui remplacèrent, ceux non moins indigestes qui tournaient en boucle à longueur de journée. La population, quant à elle, en avait cure et appréciait de vivre dans ce monde devenu plus serein. Elle profitait des moments de convivialité retrouvée, de se balader dans la nature, de n’être plus épiée et de la joie de vivre sans la contrainte d’être irréprochable. 
     
    Les politiques, qui avaient toujours en train de retard, laissaient le conflit s’envenimer. Les statisticiens faisaient des calculs d’apothicaires et mettaient en balance les avantages et les inconvénients de ce revirement de situation. Il en résultait que les comptes de la caisse d’assurance maladie n’étaient plus dans le rouge et que 90 % des concitoyens étaient en pleine forme mentale.
     
    L’exécutif commença de s’inquiéter lorsqu’il constata que la politique n’intéressait plus la population qui vivaient dans la félicité, loin des médias. Il fit appel à un légiste qui parvint à dénicher un article de loi pour démontrer que ces murmureuses n’avaient aucune légitimité. La bataille juridique fit rage durant des mois et, un beau matin, les caméras reprirent du service.

    Mais, les chuchoteuses n’avaient pas dit leur dernier mot et s’installèrent chez les habitants.

    Affaire à suivre, et bonnes fêtes de fin d’année à toutes et tous. Que la prochaine nous retrouve avec la belle et inépuisable imagination de l’ami Pascal.  

  17. iris79 dit :

    Depuis que des chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance, le moral des habitants était au beau fixe.
    Détectant l’humeur des passants elles leur susurraient, si nécessaire, des mots : bienveillants, rassurants, apaisants ou réconfortants. Mais…
    Le brouhaha que cela finissait par engendrer commença à créer des tensions. Leur installation avait occasionné évidemment une curiosité bien compréhensible et les passants ne se lassaient pas de repasser dans ces endroits qu’ils auraient normalement empruntés qu’une seule fois. Cela devenait extrêmement gênant. Ces chuchotements incessants finissaient même par devenir très dérangeants. Et en cas de forte affluence, ce qui était souvent le cas depuis leur installation, les paroles supposées être réconfortantes devenaient inaudibles, se fondaient dans un discours bruissant. Les gens se mirent alors à éviter la zone et pour ceux qui ne pouvaient l’éviter, à y presser le pas. Certains enfants avaient même peur de ces voix venues d’ailleurs, des hauteurs de leurs piliers, tout le monde se sentaient doublement épiés. Beaucoup avaient le sentiment que l’on fouillait leur âme, que l’on scrutait leurs pensées charitables ou inavouables. Le malaise était réel et fortement partagé.
    Un matin, les habitués qui commençaient à emprunter ce chemin en épiant systématiquement s’ils étaient regardés remarquèrent que les cameras avaient changé. Hésitants, ils passèrent alors tête baissée espérant ne plus être identifiés.
    Et ce qui se passa alors fut aussi étonnant que percutant. Elles se mirent à diffuser l’air préféré des passants. Les machines avaient visiblement été finement révisées puisque les morceaux ne se superposaient pas. Elles étaient capables de choisir parmi la foule, la personne qui avait le plus besoin de réconfort. Cela contribua pleinement à apaiser les rues, à rendre les déambulations plus sereines, plus joyeuses. Ce procédé avait le mérite de rendre le sourire à n’importe qui sans que les personnes choisies aient le sentiment d’avoir été trahi par leurs pensées plus ou moins assumées. Les visages se décrispèrent et les sourires échangés réchauffèrent l’atmosphère.
    La musique est universelle et rapproche les hommes.
    Ce pari un peu fou était en passe d’être gagné. Chacun espérait maintenant que l’usage de ces étranges machines resterait cantonner au bien de tous et non à charmer les passants pour mieux leur ôter leur liberté.

  18. LURON'OURS🐻 dit :

    🐻 ÉMOTIONS ET TRANSPORTS

    Les caméras, surveillantes globuleuses, sont supplantées par un nouveau concept sonore : le chuchoteur. Nous, on en avait marre d’être veillé, d’être infantilisé, on n’est plus des bébés ! Ce qu’on désire « über alles » c’est le savoir ! Qui sait ? ! Si je le veux, je le peux. Pou pou pidou…
    Les chuchoteuses radoteuses répétaient tu le peux ! Aimables, elles chatouillaient chuintantes les esgourdes des rares passants. Insinuantes, elles empruntaient les ondes, elles entraient incognito dans les autos. Osantes, se risquaient à perturber les cyclistes. Lénifiantes elles se heurtaient aux murs, des parois que, même les sourds palpaient de leurs doigts gourds. Entrées dans les mœurs, les chuchoteuses ont baissé de fréquence. Désormais, chacun se regarde dans la rue, questionne : que vous ont-elles dit aujourd’hui ? Juste une lettre qu’elles répètent à l’envi, m, m, m…
    🐻

  19. Souris verte🐁 dit :

    Depuis que des chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance, le moral des habitants était au beau fixe.
    Détectant l’humeur des passants elles leur susurraient, si nécessaire, des mots : bienveillants, rassurants, apaisants ou réconfortants. Mais…

    🐀CHOCHOTTES CHUCHOTENT
    Mais…les canaillous contrepètent toujours sur ces vieilles chochottes molles de la fesse qui ragotent en chuchotant derrière les piliers…
    Elles susurrent des messes basses sur celles-ci et celui-là. Tous ces serpents qui sifflent en soupirant défilent leur mauvais sentiments.
    Elles, ça les rassurent de tricoter les on-dit qu’on cache sous un manteau trop ample mais qui laisse deviner le faux-pas d’un geste maladroit.
    Si Dieu a fait le monde… le diable s’est chargé des petites villes !..🐀

  20. Dominique PORHIEL dit :

    Depuis que des chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance, le moral des habitants était au beau fixe.
    Détectant l’humeur des passants elles leur susurraient, si nécessaire, des mots : bienveillants, rassurants, apaisants ou réconfortants. Mais…

    Les chuchoteuses c’est comme les tricoteuses ou les chercheuses ou encore les voyeuses, les danseuses, les aboyeuses, les coiffeuses … il y en a des joyeuses, des rêveuses, des affectueuses, des prodigieuses et même des merveilleuses …. Mais ….
    Il y en a aussi des imposantes, des dominantes, des savantes, des inconscientes, des impatientes …
    Et leurs mots ne sont point ni bienveillants, ni rassurants, encore moins réconfortants ou apaisants …
    Alors, si les premières ont dominé le sujet quelques jours, les autres : les méchantes, les vociférantes, les menaçantes, les puissantes, les tonitruantes… ont bien vite réussi à s’imposer.
    Alors, dans les rues retentissant de clameurs envahissantes …
    Les passants ne sont plus passés …
    Le désert s’est installé.
    Il n’y avait plus rien ni personne à surveiller !

  21. Nadine de Bernardy dit :

    Depuis que les chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance,le moral des habitants était au beau fixe.Détectant l’humeur des passants,elles leur susurraient,si nécessaire,des mots bienveillants,rassurants,apaisants ou réconfortants.
    Mais depuis depuis que ces bénévoles avaient rejoint le groupe ,l’ambiance avait changé.Les gens redevenaient tristes,hargneux,certains rasaient les murs en jetant des regards méfiants autour d’eux.
    Le comité des chuchoteuses se réunit pour constater qu’elles avaient toutes le même ressenti.Elles avaient une petite idée là dessus mais ne voulaient accuser sans preuve.
    Dans la groupes des nouvelles venues, deux soeurs leur semblaient suspectes avec leur regard fuyant,toujours ensemble,ne parlant à personne.Elle regagnaient leur poste en silence et repartaient de même.
    La présidente avait bien essayé de leur en toucher deux mots, elle s’était fait rembarrée vertement:
    vous n’allez pas nous apprendre le métier,dans notre famille nous chuchotons depuis trois générations.
    Et elles lui avait tourné le dos en resserrant leur châle sur leur maigres épaules.
    La situation continuait à se dégrader,les habitants ne sortaient que pour les courses essentielles de peur d’entendre des horreurs.Ils n’étaient même plus en mesure d’écouter les gentillesses habituelles.
    Heureusement l’une des chuchoteuses professionnelles se souvint que,à Fièrabras,village voisin,des femmes faisaient régner l’ordre chez une population indocile.
    L’on sollicita leur aide.Gigi arriva deux jours après,un mètre quatre vingt,quatre vingt dix kilos,vêtue d’un treillis fort seyant.La situation lui fut expliquée.
    Au boulot – aboyât elle .
    La voilà qui se mit à déambuler dans la rue principale,lentement,provocante à souhait.
    Le résultat arriva rapidement.Elle entendit susurrer à son oreille:
    Vas y ma fille,c’est cela,pavane toi.Tu crois que tu nous fait peur?Avec la tête que tu as? Passe ton chemin,tu n’as rien à faire ici…
    Gigi stoppa net et se mit à insulter les soeurs avec une telle férocité que chacun courut se réfugier chez soi.
    Les deux frangines,horrifiées,prirent leurs jambes à leur cou et filèrent sans se retourner.
    Gigi,très fière, reçut les remerciements de la population avec beaucoup de modestie.Les chuchoteuses purent reprendre leur tâche sereinement.

  22. Antonio dit :

    Mais à Marseille, personne ne l’entendait de cette oreille. Le moral était à la manille, sur la terrasse du Bar de la Marine, sur le Vieux-Port, comme tous les vendredi soir, un décor qui n’avait pas bougé depuis près d’un siècle, avec Escartefigue, Panisse, César et Monsieur Brun, assis autour d’une table, cartes entre les mains, jeux pleins, joues rosies et bouteilles vides.

    Escartefigue hésite, comme toujours, César attend qu’il jette la carte qui fera couper Panisse à cœur, tandis que Monsieur Brun surveille que le jeu se joue à la loyale, à la muette. Mais avec ces chuchotements de la ville, cela devenait impossible.

    Panisse : Qu’est-ce qui se chuchote encore ?

    Escartefigue : Moi, je n’ai rien dit, c’est la caméra qui nous refait son cinéma. Moi je réfléchis, c’est que l’affaire est importante.

    César : Ce n’est pas notre faute si la caméra ne sait pas se taire pendant une partie officielle. On ne s’entend plus penser.

    Monsieur Brun : Ils sont pénibles ces vents municipaux, je préfère encore quand le Mistral nous casse les oreilles ou balaye le jeu sur la table.

    Panisse : Vous avez entendu ? Elle vient de dire que je coupe à cœur. Je n’ai pas rêvé.

    Monsieur Brun : Si la ville se mêle de nos parties de cartes, nous frôlons l’incident avec monsieur le Maire.

    César : Mais non, elle a juste dit qu’il y avait des cœurs à prendre, pour les malheureux qui hésite encore à se jeter à l’eau. C’est une petite voix qui tente de réconforter nos célibataires qui auraient la mauvaise idée de se jeter dans le port, voyons Panisse !

    Panisse : Si elle continue à dire le mot cœur pour dire que je coupe, Je fous les cartes en l’air et je vais voir monsieur le Maire.

    Monsieur Brun : Ne vous fâchez pas, Panisse. Ils sont cuits.

    César : Cette manie que tu as de prendre le moindre murmur à cœur, faut-il que tu n’en aies point.

    Panisse : Voilà que tu t’y mets toi aussi. Je ne veux plus entendre une caméra souffler.

    « Tenez-vous à carreau et l’amour tombera à pique. Oh ! de rien. Très flattée de vous servir. »

    La voix semblait murmurer ses mots à un pauvre pécheur du Port dans un confessionnal. Mais pas pour Panisse. Quand Escartefigue pose enfin sa carte, il se lève plein de fureur, en fustigeant César.

    Panisse : Est-ce que tu me prends pour un imbécile ? Combien tu l’as payé, Monsieur le Maire, pour faire parler ces caméras ?

    César : Mais enfin…

    Panisse : Elle a dit toutes les couleurs que j’avais, sauf cœur, et lui il joue cœur, parbleu !

    D’un coup, une rafale de Mistral balaye toute la table et fait s’envoler les cartes au visage de la caméra municipale trop bavarde.

    Monsieur Brun : Au moins, le Mistral est du côté des gens honnêtes.

  23. Laurence Noyer dit :

    IL PARTICIPE A MON PRESENT
    Depuis qu’un chuchoteur remplace les caméras de surveillance, mon moral est au beau fixe.
    Il me murmure chaque samedi des mots : bienveillants, rassurants, apaisants ou réconfortants. Mais pas seulement

    Il me vend des lendemains chantant
    Quand, sur les voyelles je m’en vais lambinant
    Sa table tournante écrit à mon divan
    Ce que le silence savait déjà avant
    Sa gomme fait le dos rond, occasionnellement
    Ne sachant quel mot effacer, déroutant !
    Il me dicte la recette de la sauce à l’inquiétude ! surprenant !
    Et mes pieds anticipent leur mort ! inquiétant !
    Sur le Chemin du Pougnon corrompant
    Il recrute un écouteur de pluie convaincant
    Cherchant un chien détecteur de compagnon inspirant

    Son père est un flocon, sa mère une buée sans façon
    Une histoire d’amour impossible, comme une forêt sans flanc
    Une dune de miel, l’envers d’un parfum, un verre d’eau bouffant.
    Et lui, un enfant démantibulant un jouet, et me l’offrant
    Chaque samedi, dans ma vie de merle chantant

    Dans son Guantánamo des mots, l’accent circonflexe se joue de la crise du logement
    Le fantôme des hamacs se ligue contre les mois en R dissonant
    Une larme entrebâille sa porte pour Petit Chagrin désolant
    Son tapis de prière tente de convertir un sèche-linge séduisant
    Il me raconte les souvenirs de son portemanteau, jubilant !
    Son interview d’une vague, édifiant !
    Son élevage de poussière, passionnant !
    Ah oui chaque samedi, c’est un bonheur, JE PARTICIPE A CE PRESENT

  24. Laurence Marino dit :

    Depuis que des chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance, le moral des habitants était au beau fixe.
    Détectant l’humeur des passants elles leur susurraient, si nécessaire, des mots : bienveillants, rassurants, apaisants ou réconfortants. Mais c’était sans penser que les oreilles des passants n’avaient pas été remises à zéro…
    Dans leur logiciel, on trouvait encore des bugs ou des pages Error à chaque mot doux.
    Les chuchoteuses s’organisèrent en collectif afin de faire pression sur les organisations patronales et sur les institutions. Elles n’avaient qu’une seule exigence : que tous les écrans soient coupés le 25 décembre.
    Elles se firent aidées de hackers gentils et lorsque le jour de Noël arriva…le miracle se produit !
    Ainsi coupés du monde nauséabond, les gens remirent leurs oreilles à zéro.
    Et depuis ce jour, les chuchoteuses vécurent en paix et en harmonie.
    Les passants heureux ne regardaient plus leur téléphone lorsqu’ils marchaient mais étaient à l’affut du moindre mot gentil…

  25. camomille dit :

    mais c’était sans compter sur Ginette, une chuchoteuse espiègle qui avait bien caché son jeu lorsque la municipalité l’avait embauchée.
    Au début, tout comme ses collègues de travail, elle susurrait aux passants des mots bienveillants, rassurants, apaisants ou réconfortants.
    Mais bien vite elle en conclut que ce job l’ennuyait à mourir.
    – « Faut se réveiller » se dit-elle,
    Ravigotée par cette décision, elle aperçut sa première cible qui empruntait « sa » rue :
    C’était notre brave père Auguste qui se rendait au presbytère.
    Quand il fut à sa hauteur, elle lança :
    – « Père Auguste est un coquin. Père Auguste a quelque chose à se reprocher»
    Le pauvre père Auguste sursauta, s’assura que personne n’avait entendu, et s’engouffra en courant dans le presbytère.
    Ginette buvait du petit lait :
    « Ah ! Je me régale ! Je me régale ! » se dit-elle,
    Elle aperçut alors l’institutrice qui empruntait « sa »rue :
    Quand elle fut à sa hauteur, elle lança :
    – « l’institutrice est une coquine. L’institutrice a quelques chose à se reprocher »
    La gentille institutrice sursauta, s’assura que personne n’avait entendu, et s’engouffra dans l’école tête baissée.
    – « Ah ! Je me régale ! Je me régale ! » jubilait Ginette,
    A ce moment là, le Maire apparut dans « sa » rue :
    Quand il fut à sa hauteur, Ginette hésita, hésita et, la mort dans l’âme, elle lança :
    – « Monsieur le Maire est un homme exceptionnel. Monsieur le Maire n’a rien à se reprocher » !
    Alors, le maire bomba le torse, sourit aux anges et se félicita d’avoir embauché ces chuchoteuses.
    Espiègle Ginette ? Oui ! Mais prudente…
    Elle a sûrement quelque chose à se reprocher !

  26. Sylvianne Perrat dit :

    Depuis que des chuchoteuses remplaçaient les caméras de surveillance, le moral des habitants était au beau fixe.
    Détectant l’humeur des passants elles leur susurraient, si nécessaire,des mots doux, des paroles réconfortantes, des phrases philosophiques…
    Il y en avait pour tous les goûts.
    Une passante, triste, passait la tête baissée, une voix chaude lui glissait entre le bonnet et l’écharpe un chant doux et planant. Surprise, elle levait la tête, regardait le ciel et souriait.
    Un vieux Monsieur maugréait dans sa barbe. « Je suis tout seul, personne vient me voir… » La voix de la rue lui chuchotait :
    « Aimer, c’est se réjouir que l’autre existe »
    Il réfléchit un instant, dubitatif, puis acquiesça. Son pas se fut plus léger.
    Devant l’école, deux enfants se disputaient en se tapant dessus. Ils criaient si fort qu’ils n’entendaient rien. La chuchoteuse dut monter le volume. Elle leur passa les plus beaux chants de Noël, si gais. Les deux momes cessèrent immédiatement leur chamaillerie pour chanter à tue-tête.
    Les chuchoteuses installées dans la petite ville firent des merveilles. Parfois, il suffit d’un rien pour changer son humeur. Un rire, une chanson, une jolie phrase et hop ! l’anxiété devient joie. C’est magique !
    Pour Noël, j’ai commandé une chuchoteuse…

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