560e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
En CDI chez « RÉCURE-NET » depuis trop longtemps, il ne supportait plus le propre, le pur, le net et le bien tenu.
Il se lança dans un élevage de poussière, bien décidé à en jeter plein les yeux à…
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En CDI chez « RÉCURE-NET » depuis trop longtemps, il ne supportait plus le propre, le pur, le net et le bien tenu.
Il se lança dans un élevage de poussière, bien décidé à en jeter plein les yeux à…
… à son ophtalmologue.
Il voulait inonder son cabinet de poussière. Lui montrer que de la poussière il en avait à revendre. Plein. Des tonnes.
Qu’il n’en avait pas seulement dans son oeil droit de la poussière.
Toujours à chaque visite, elle lui disait :
– Monsieur c’est bizarre. Cet oeil, toujours une minuscule poussière que je vois à l’intérieur. En plus, elle est soit rouge soit verte soit rouge … Étrange vraiment.
Comment l’expliquez-vous ?
– Moi madame, je n’en sais rien …
Aujourd’hui grâce à son élevage de poussière, il voulait également se moquer d’elle, lui jouer un tour.
Son souhait.
Emplir son bureau de poussière. Que le matin l’ophtamologue en arrivant ne réussisse pas à ouvrir la porte d’entrée, tant il y avait de la poussière à l’intérieur.
Ah ah quelle bonne blague.
Il y mettrait aussi des oeils de verre et de la poudre d’or, dans cet amas de poussière.
L’homme pensait :
Elle verrait ainsi de quel bois je me chauffe la belle, la très belle ophtalmologue.
Moi le monsieur Propre, qui depuis quelques temps en a marre du job qu’il effectue. De cette chasse effrénée à la propreté, dans cette boîte à la gomme de « RÉCURE-NET » – dirigée par Bobby l’éponge.
Ah j’y pense. Si la police elle mène sa petite enquête. Et si elle retrouve ma trace d’éleveur de poussière.
Dans ce cas je suis prêt à saccager leur commissariat, le palais de justice, voire le ministère de l’intérieur et celui de la justice. Avec des tonnes et des tonnes de poussière …
Oh j’ai un secret à vous dévoiler.
C’est intime. Ça me gêne un peu.
« Mon » ophtalmologue, elle est jeune et jolie.
J’aime bien, j’adore même, regarder ses beaux yeux, lorsque elle cherche de la poussière invisible ou inexistante dans les miens.
J’ai une idée. Et si dans mon oeil droit – là où elle trouve constamment une petite poussière – j’y mettais un poème ; un sentimental je t’aime qui lui serait destiné à cette charmante ophtalmologue.
Aïe aïe c’est trop petit. Pas suffisamment de place dans un oeil pour déclarer sa flamme à une belle femme.
À moins que. Oui c’est ça. Je vais lui envoyer une poussière volante, lumineuse, de couleur arc-en-ciel. D’environ cinquante centimètres, avec des roses rouges tout autour.
Une poussière qui suivrait des étapes.
Qui partirait de chez moi, volerait dans la rue, passant ensuite discrètement sous sa porte pour arriver jusqu’à elle. Qui tourbillonnerait un peu dans la pièce, comme pour lui faire un signe.
Cette drôle de poussière qui surtout transporterait ce message :
» De la part du monsieur qui a une poussière dans l’oeil droit.
Qui vient vous voir toujours les mardis matin à huit heures et demie.
Qui qui … vous vous aime à la folie.
Comme dans la chanson de Johnny. Youpi.
Vous … qui êtes … peut-être la femme de ma vie …
En CDI chez « Récurnet » depuis trop longtemps, il ne supportait plus le propre, le pur, le net et le bien tenu.
Il se lança dans un élevage de poussière, bien décidé à en jeter plein les yeux au monde entier.
Mais pas n’importe quelle poussière. Pas celle qui danse comme une folle dans les rayons du soleil. Ni celle qui se pose, se dépose, se redépose, alors qu’on veut la chasser, la traquer, l’emprisonner et l’éliminer. Encore moins celle qui obscurcit le regard terni des individus, obstrue leurs esgourdes déjà bien empoussiérées. Ni celle qui engraisse les araignées et les cafards, colmate les interstices, se cache dans des endroits improbables et se transforme en crasse. Cette crasse qui va finir par terrasser les êtres vivants.
Non ! Il veut une poussière de luxe. Celle qu’on va apprécier pour sa grâce, sa brillance, sa légèreté, sa douceur. Celle qui va faire pétiller les yeux, ouvrir les cœurs. Après sa journée chez « Récurnet », chaque soir, il travailla comme un acharné pour accéder à sa passion. Il devint gemmologue. Il ne traqua plus ces hideuses poussières communes, mais s’extasiait devant ces fines particules de pierres précieuses qu’il récoltait. Il en fit un négoce. C’est ainsi qu’on vit sur le marché des eaux, des vins, des parfums dans lesquels ces grains de poussière étaient ajoutés. Ce fut un gigantesque succès.
Il avait maintenant un dernier rêve. Grâce à sa fortune, il désirait voyager dans l’univers pour glaner des poussières lunaires et stellaires.
En CDI chez « RÉCURE-NET » depuis trop longtemps, il ne supportait plus le propre, le pur, le net et le bien tenu.
Il se lança dans un élevage de poussière, bien décidé à en jeter plein les yeux à…
Le président avait dit : « Lancez-vous, créez votre entreprise, prenez-vous en main »
C’est sur ces conseils judicieux, venant de l’autorité suprême, qu’il flanqua sa démission au boss de RECURE-NET après vint-cinq ans de propreté, serpillières et détachants . Un CDI ne peut pas remplacer d’être son propre – ah ! ah ! ah ! – patron.
Il devint donc un auto entrepreneur poussiéreux bien décidé à en jeter plein la vue à… Son enthousiasme retomba lorsqu’il considéra que la poussière, on la met sous le tapis, un nuage de poussière, ça aveugle, poussière, tu retourneras à la poussière…. Tout cela était connu, archiconnu.
C’est en dessinant sur ce matériau informe, inconsistant, évanescent que l’idée jaillit : il allait louer des portions de son élevage de poussière à des artistes et créer ainsi le DUST ART. Le street art avait fait son temps, il fallait du nouveau, de l’inédit, du jamais vu.
Surtout, vite déposer le brevet, faire de la pub, monter des expos et en mettre plein les yeux à tous ces rats de salon, offrir quelque chose de singulier, d’original et de tellement contemporain !
En CDI chez « RÉCURE-NET » depuis trop longtemps, il ne supportait plus le propre, le pur, le net et le bien tenu.
Il se lança dans un élevage de poussière, bien décidé à en jeter plein les yeux àux moutons de poussière qui se sont rassemblés sous le lit de Monsieur depuis que Madame l’a quittée pour un bel Italien sous la couche duquel sont rassemblés des « gatto dipolvero » (chats de poussière). Chacun ayant sa femme de ménage , quand celles-ci se rencontrent, outre qu’elles se chicanent car leur monsieur ou leur madame ont toujours raison mais le ton monte quand elles font les chambres et que l’une parle des gatto dipolvero, l’autre des moutons de poussière. Le problème c’est qu’après leur passage , l’ex CDI de RECURE-NET ne dormait plus de la nuit. Si bien qu’il postula à la SNCF et fut engagé.
Il est maintenant le plus heureux des hommes.Il y travaille en tant qu’agent d’entretien dans des wagons-lits.Une nuit il roule vers Rome, l’autre vers Berlin.Son meilleur souvenir ce fut lorsqu’il se réveilla alors qu’il dormait dans un wagon-lit dans les bras d’une femme dont il ne connut jamais la nationalité. Ce n’était pas un bavard.
Il venait de terminer sa journée, ou plutôt sa soirée.
6h – 9h puis 18h – 22h.
Depuis 33 ans qu’il travaillait chez Récure-Net, les horaires étaient immuables. Le travail aussi. Traquer la poussière, la saleté, les déchets, les traces de doigts, les vitres sales et le désordre des bureaux. Il connaissait les manies des employés, leurs objets fétiches et voyaient même grandir leurs enfants sur les photos.
Ce jour là soudainement il en eut marre ! Marre du propre, du pur, du net, du sent bon et du bien tenu. Marre des chiffons, balais, produits ménagers, gants en caoutchouc et autre aspirateur. Un courant révolutionnaire s’empara de lui.
L’idée lui vint pendant la nuit. Un rêve parsemé d’étoiles.
Dès le lendemain, il se mit au travail. D’abord, il fallait en capturer. Cela fut facile : il s’adressa à elles et leur demanda leur contribution. Il leur prépara un terreau douillet dans une atmosphère humide mais pas trop. Dix jours plus tard il était fier de sa réussite. Il partit au travail de bon matin ragaillardi et léger.
Il se contenta de répandre sa production uniformément sur le sol, les bureaux, les vitres, les poignées de porte et les toilettes. Et il attendit…
Le résultat fut spectaculaire. Tout fut étincelant en un rien de temps.
Le soir, il se contenta d’ouvrir les fenêtres une dizaine de minutes pour qu’elles puissent rejoindre le ciel, leur vraie demeure.
Depuis ce jour, il est « Eleveur de poussière d’étoiles » à son compte. Il a déposé le brevet de son invention. Il pourrait arrêter de travailler mais il a trop de plaisir à aller déposer chaque matin sa poussière d’étoiles magique … et écologique.
Une telle entreprise ne saurait réussir sans une bonne psychologie de la poussière. Or, sa détestation de la propreté fit que l’ennemie jurée d’hier était devenue son amie, son alliée, son associée. Elle n’avait donc plus aucun secret pour lui.
Pour faire simple et par mesure d’économie, il fit de son habitat son laboratoire et mena son expertise.
C’est ainsi qu’il découvrit que les poussières avaient une personnalité et ne se distribuaient pas, ici ou là, de manière hasardeuse. Il les classifia en trois catégories :
— Type 1 : donnent leur préférence à l’inaccessibilité et privilégient le haut des armoires.
— Type 2 : sont soit insouciantes ou ont le vertige. On les trouve souvent sur les meubles bas.
— Type 3 : pratiquent la politique de l’autruche et se planquent sous les tapis.
En un mot, elles étaient animées d’un instinct grégaire de survie. Les plus évoluées — de type 1— étaient plus que les autres à même d’assurer, par voie d’accumulation, la continuité de l’espèce.
Pour mener à bien son projet, il lui fallait un prêt. Son banquier se montra tout d’abord rétif devant son idée aussi singulière qu’audacieuse :
— Mon ami, faites-vous plutôt marchand de plumeaux ! Les poussières « s’élèvent » aussitôt et vous en mettent « plein les yeux » ! Les hommes politiques seraient vos premiers clients.
Mais non, il ne pouvait s’y résoudre. Il argua qu’il ne voulait pas exploiter la poussière à des fins peu éthiques. Il s’agissait de créer une enclave « symbolique » pour tous ceux qui haïssaient cet hygiénisme absolu et qui mettaient la vie sous cloche.
Il rêvait donc de créer des puits de lumière, dans chaque pièce de sa vaste demeure, afin de les voir évoluer. Car elles aimaient bien s’amuser avant que de se poser, chacune, à leur place respective.
Il y aurait des conférences et des soirées à thème sur le seul sujet des poussières, qu’elles soient domestiques, sahariennes ou même, en provenance des étoiles.
On en viendrait à réhabiliter certaines, telles celles du Sahara qui, riches en fer en en phosphore, sont indispensables au bon développement des plantes terrestres et des phytoplanctons.
Quelle que fût leur provenance, il les acceptait toutes. Ainsi s’agrandirait son « cheptel ».
Le banquier médusé répliqua :
— Pourquoi pas, après tout ! La folie parfois peut rapporter de gros sous. Comme cette célèbre photographie de Man Ray d’une sculpture de Marcel Duchamp qui s’intitule « Élevage de poussière ».
Il ajouta :
— Allez, je vous l’accorde ce prêt ! Mais vous me semblez encore plus fou que l’autre.
En CDI chez « RÉCURE-NET » depuis trop longtemps, il ne supportait plus le propre, le pur, le net et le bien tenu.
Il se lança dans un élevage de poussière, bien décidé à en jeter plein les yeux à…
La tâche n’était pas facile.
D’abord, il lui avait fallu récupérer quelques grains ; oh juste quelques uns ! Pour commencer ! Pour avoir une base ! des cellules souches en quelque sorte.
Et puis, dans sa cuisine – déjà pas bien grande – l’installation des tubes, des moulins, des éprouvettes, des tuyaux ….il n’avait plus une minute à lui.
Ses recherches sur Interpouss accaparaient ses dernières secondes de liberté.
Il devint bien vite excédé et excédant pour les autres.
Mais « il faut ce qu’il faut » se disait-il pour se relancer quand sa volonté pliait un peu.
Bon, la fabrication … on était au point !
Restait le stockage …
Une idée de génie lui avait permis de concentrer au maximum sa production.
Au bout de quelques semaines, il jugea le stock suffisant.
Restait la dernière étape. Il avait cogité des nuits entières.
Comment trimballer tout cela ?
Là encore son imagination, jamais défaillante, lui avait suggéré une solution : un sac à dos, un sac à ventre, un sac à main, deux petites pochettes accrochées aux mollets et l’affaire serait dite.
Après son inscription, il se sentit le cœur léger. Tout était paré pour que son projet se déploie dans toute sa grandeur.
Un beau matin donc …. Enfin, non ! pas beau justement et ça c’était vraiment inespéré ! la cerise sur le gâteau ! … un ciel gris chargé mais pas trop quand même non, juste bien !
Et le voilà dans l’avion, équipé d’un parachute dorsal (remplacé bien sûr par son sac à dos) et d’un ventral (permuté de la même manière)
Le top ! là, il était sûr de réussir. Ce serait grandiose !
Alors quand l’instructeur lui fit signe de tirer sur la manette, fou de joie il libéra le contenu de ses sacs … là haut ! … tout là haut ! ….
Ne dit-on pas « un nuage de poussière » ?
Dommage qu’il n’ait pas pu contempler son œuvre !
Cela avait commencé de façon insidieuse un lundi soir. Nadia était morose. Elle ruminait. Monsieur Qualité avait encore été désagréable : elle avait oublié quelques grains de poussière en haut de sa bibliothèque, ce meuble en palissandre où s’alignaient des livres aux titres plus pompeux les uns que les autres… elle n’était pas arrivée assez rapidement pour essuyer l’auréole d’humidité que laissait la tasse de café qu’il venait de boire sur le verre immaculé de son bureau ! Maria en avait marre. Elle rangea le seau et l’aspirateur, donna un dernier coup de balai dans le réduit où elle rangeait ses « instruments ». Ras le bol ! Elle abandonna sur place le dernier petit tas de poussière, bien caché dans un coin, posa le balai devant. Le lendemain, par fatigue, elle fit de même. Chaque jour de la semaine, mue par un besoin irrépressible qu’elle ne chercha pas à expliquer, elle y accumula quelques grains de poussière supplémentaires. Le lundi suivant, elle regarda avec étonnement le tas dissimulé derrière son balai. Il avait grossi, elle en était certaine ! Il s’était aussi enrichi de filaments entrecroisés de toiles d’araignée. Intriguée, elle poursuivit son manège une semaine encore. Le tas semblait enfler jour après jour. Le lundi d’après, elle pénétra avec curiosité dans « son » local, souleva le balai. Atch’oum ! Atch’oum ! une succession d’éternuements. Elle eut juste le temps de se retourner pour éviter la dispersion de son élevage de poussière. Non seulement le tas avait grossi, mais en plus il avait développé des propriétés irritantes. Inutile de s’interroger sur les caractéristiques des déchets qu’elle ramassait tous les jours ! Un sourire en coin étira ses lèvres. Le soir, elle nettoya soigneusement le local, il n’y resta plus un grain de poussière.
Deux semaines plus tard, alors qu’elle époussetait un clavier d’ordinateur, une salve d’éternuements sonores la fit presque sursauter. Elle se pencha un peu plus sur les touches pour dissimuler son sourire. Monsieur Qualité venait d’entrer dans son bureau !
Pierre C. était en C. D. I. chez « RECURE-NET » depuis trop longtemps. Il ne supportait plus le propre, le pur, le net et le bien tenu que sa conscience professionnelle lui imposait. Le soir venu, il était incapable d’honorer sa jeune épouse tant il était flapi. Pour sauver son mariage, il se lança dans l’élevage de poussière. Il était bien décidé à en mettre plein la vue à son patron qui passait son temps sur ses jeux vidéos, ainsi qu’à celle de ses collègues qui brassaient l’air avec leur plumeau. Il passait après eux tant leur travail était ni fait ni à faire.
Le jour où il demanda une augmentation à son boss, ce dernier, après avoir éteint subrepticement son ordinateur, lui répondit qu’il était bien assez payé pour le peu de travail qu’il abattait et que les demandeurs d’emploi se trouvaient aux quatre coins des rues.
Pierre lui répondit qu’il se doutait de cette fin de non-recevoir. Avant de claquer la porte du bureau de cet infatué de sa personne, il lui lança qu’il démissionnait sur le champ, car il envisageait de créer sa propre boîte d’import-export de matières renouvelables à l’envi.
L’autre, dans son fauteuil en resta baba quelques secondes, puis partit dans un grand éclat de rire.
Toutes les nuits, muni des clés qu’il avait omis de rendre, Pierre s’ingéniait à déposer sa production chez les clients de R. N., tandis que sa femme faisait la V. R. P. Elle démarchait toutes les entreprises du secteur et trouvait le moyen de balancer leur élevage dans les conduits d’aération.
Au bout de quelques mois de leur manège le P. D. G. de « RECURE-NET » s’inquiéta subitement des résiliations successives des contrats. Les employés qu’il embauchait tenaient à peine une journée à s’éreinter chez cet esclavagiste. Ils n’avaient jamais eu autant de ménage à faire.
Ce n’est que lorsqu’il fut au bord du dépôt de bilan que le joueur de Zelda, et autre Mario, se décida, à conte cœur, à appeler Pierre à la rescousse. Ce dernier, qui s’y attendait, lui balança, tout à trac :
– Désolé, vous ne savez donc pas, Mon…sieur, que mon entreprise, Où Passe Pierre Poussière Trépasse, est cotée au CAC 40 depuis le mois dernier !
🐻 VILLÉGIATURE
Dans notre immeuble les ‘ recure-nénettes’ passent à l’attaque : c’est le lundi matin.
On sort les poubelles à sept heures et c’est le grand nettoyage à grande eau et coups de ‘ lave-pont ‘ dans la porte. Ça, c’est pour la copropriété, normal, on a les charges. Dehors passe la benne, puis les employés municipaux. Faut qu’ça brille, quand tous les doryphores rejoignent la Capitale. Puis les autochtones reprendront leur élevage de poussière, que ça soit bien ‘ crade’ quand ils arriveront le week-end prochain. C’est ça qui est authentique avec le varech sur la plage. Marre de ramasser les canettes, les présos, de déboucher les canalisations. Dans notre petite station normande, on vend du rêve, du jackpot, de la teurgoule et des crevettes, tout ça pour un CDI au SMIC…
Qui est piégé dans cet échange ? Restons positifs. J’y ai aimé un groupe folklorique de paysans et paysannes, plus tout jeunes, en costume traditionnel. J’ai admiré un défilé de voitures anciennes roulant au pas et assisté à la vente de yearling. Qui a dit que le passé tombe en poussière quand j’en ai encore plein les yeux ? 🐻
En CDI chez « Récure-net » depuis trop longtemps, il ne supportait plus le propre, le pur, le net, le bien tenu. Il se lança dans un élevage de poussières rêvées, bien décidé à en jeter plein les yeux à la mort. Il n’en pouvait plus des masques de bienséance posés sur les effigies de l’ultime départ. Les pauvres cadavres cravatés d’une stupide et inutile élégance, ça lui cultivait d’ignobles insomnies, productrices de cancer du partout.
Il profitait donc de ses nombreuses heures de formation continue pour peaufiner (l’exact mot!) un vaste projet de rajeunissement du concept. Son but était, à partir de documents fiables fournis par les familles de restaurer l’Ancien dans sa jeunesse. Il se faisait un devoir de scier proprement les os fatigués de vivre pour une plus juste taille de l’enfance. Pareil pour les bouclettes à réinstaller sur des crânes dégarnis.
Il réinventait les poches sous les yeux pour y cacher des billes. Aucun genou n’était sans fraîche cicatrice et plus d’un chou fleur enviait le superbe décollement de leurs oreilles.
Le projet présenté en conseil des ministres le 1er Avril 2030 obtint la majorité. La loi se fit foi. Celle d’un nouveau bonheur. La possibilité pour chaque famille, à sa guise, de recycler leurs parents, qui dans le bac à sable, qui dans la cabane, perchée des arbres, qui dans la chambre à découcher.
Certains grognons se rebiffèrent contre cette évolution des mœurs, allez savoir pourquoi…comme si nos morts avaient décidé de décéder dans le triste matelas de leurs douleurs. Non, il en était certain. Ceux ci préfèreraient retrouver les pyjamas de leur insouciance, leurs ours pelucheux et leurs poupées pomponnées, les justes bégueules, pour des parents encombrés de leur porte manteau d’adultes.
Mais, même canalisée, la péniche du mieux avancerait!
Drôle et macabre à la fois et, dans une société aussi folle que la nôtre, pourquoi pas ; tous les jours sont devenus un 1er avril ! (Jour de ma naissance d’ailleurs). Comme toujours Jean-Marc D., l’originalité dans vos textes, est au rendez-vous ! 🙂
Merci Béatrice!
Il se lança dans un élevage de poussière, bien décidé à en jeter plein la vue à sa belle. Il voulait mettre des étoiles dans ses yeux, des étoiles filantes, des comètes qui le hâlaient vers le succès grâces aux poussières de leur queue. Pour lui, les poussières n’étaient que des ponctuations, des points de suspension dans l’air, des particules élémentaires qui écrivaient sur le destin. Il comptait devenir le prochain Houellebecq de la poussière, le Mozart qui réinventait l’environnement. Il fabriquait des cocktails de poussières, des associations bénéfiques pour l’humain, le bonheur à portée de main. Il proposait de ne plus subir les effets nocifs de la mauvaise poussière à l’intérieur de son lieu de vie : fibres, débris, polluants, métaux lourds, pesticides, microbes, virus, parasites. Il faisait le vide dans les pièces choisies. Il aimait à dire : « Terminé les pollens qui apportaient des allergies, les acariens qui ne servaient à rien, si ce n’est d’encombrer les poumons des asmathiques, un véritable pôle haine pour les malades ». Même si chasser les moisissures et les squames était un véritable spore, il se mettait à poil pour tout remplacer. Il aspirait à donner de l’air à la salubrité, utilisant la rosée, les mousses et les lichens pour emprisonner la moindre particule polluante dans son filtre magique. Avec lui on entrait dans une nouvelle ère. Il diffusait alors un cocktail choisis d’éléments de sa composition, un cocktail qui apportait du bien-être à ses clients. Ce pouvaient être des antidépresseurs naturels pour calmer le stress du quotidien, de la sérotonine pour les rendre encore plus heureux ou bien de la dopamine pour décupler leurs plaisirs. Les retours de ses premiers acheteurs insinuèrent que son produit avait de l’avenir. Des articles élogieux dans les quotidiens confirmèrent ses aspirations. Ceux d’une autre caste qui le trouvaient impure durent bientôt s’incliner sur les marqueurs de sa richesse rapidement acquise. De toute façon il s’en lavait les mains. Ce qui lui importait résidait dans le regard admiratif de sa magnifique épouse.
Il se lança dans un élevage de poussières, bien décidé à en jeter plein les yeux à sa femme Balayette.
– Déjà rentré Coco ?
– Oui… ben, faut dire que j’ai démissionné de chez RÉCURE-NET
– Quoi ?
– T’inquiète Balayette, t’inquiète, j’ai mon plan !
– Bonté divine, mais comment on va faire pour nourrir toute la famille sans ton salaire ? Dis… Comment on va faire avec nos petits balais-brosses et avec la cousine Serpillère qui est enceinte d’on ne sait pas qui Hein ?
– Calme-toi Balayette, calme-toi et ne dramatise pas comme toujours …et réjouis toi au contraire car me voilà AUTO-ENTREPRENEUR !!!
– C’est quoi ça ? Qu’est ce que tu nous fais là, Coco ? Explique avant que je m’évanouisse du choc….
– Balayette ma douce, ma tendre, rassure-toi. Notre vie va changer.
Tu sais bien que je pétais les plombs chez RÉCURE-NET ?
– Oui, ça je le savais mon pauvre Coco…
– Eh bien ça y est ! Je les ai quittés pour devenir mon propre Patron.
J’ai tout prévu et je voulais te faire la surprise : Me voilà « éleveur de poussières »
– « Éleveur de poussières » ???
– Oui… de poussières dans l’œil.
Je suis ÉLEVEUR DE POUSSIÈRES DANS L’ŒIL !
– « SEIGNEUR VENEZ-NOUS EN AIDE » !!!
– Du calme Balayette, je t’explique :
Au fond du jardin il y a de la place. Je peux y installer mon élevage de poussières dans l’œil. Et ça je sais faire, je connais la formule par cœur…Fais moi confiance.
Par contre, faudra m’aider à les mettre en sachets hein ma douce Balayette ?
Ensuite je les revendrai à un fabricant de sérum physiologique que j’ai contacté et qui est très intéressé.
Il est constamment en rupture de stock de poussière dans l’œil qu’il a l’habitude de disperser dans sa boutique quand les clients entrent….alors ses ventes de sérum chutent, évidemment. L’un n’allant pas sans l’autre.
Si je l’approvisionne toute l’année, son chiffre va exploser, et par la même occasion le nôtre !
Il m’a même signé un contrat d’exclusivité, tu imagines ?
– Oh mon COCO, Oh mon génie !!!!
A ce stade là de l’histoire, s’en suivent plein de bisous et plus, que la morale m’interdit de retranscrire.
Et ils vécurent heureux….dans la poussière !
Lévitation du monde dans un triangle d’or
Dans un rayon de ciel, le soleil s’intercale
Qui amène avec lui ses poussières d’étoiles
Des spectres de scories bouleversant la lumière
Dans la substance de l’air redevenue matière
Des fantômes de cendre illusionnent l’espace
Ils animent en lutin le grand feu d’artifice
Du projecteur solaire, puis filent en coulisse
Signer dans le hasard l’ombre d’une dédicace
Le monde se révèle par ses imperfections
A l’oblique d’un ciel qu’il laisse entrebâillé
Il livre en silhouette des éclairs en haillons
Des mémoires en poussière, des histoires pailletées.
Poussière
En CDI (Communauté au Discernement Intégriste) avec la charge ecclésiastique de conduite des âmes, chez « RÉforme la CURE-NETtement » depuis trop longtemps, Frère Tempérance ne supporte plus le propre, le pur, le net et le bien tenu.
Il se lance dans un élevage de poussière, en référence à la formule rituelle du mercredi des cendres « Souviens-toi que tu es né poussière et que tu redeviendras poussière ».
Bien décidé à en jeter plein les yeux à ceux qui ont la fibre « astiqueuse », il passe
une année entière à combiner les poussières de pigments volatiles afin de fabriquer de la peinture avec les pigments secs suspendus dans une base d’huile de lin. Le procédé génère ainsi de la poussière.
Frère Tempérance capture les pigments volatiles de façon si efficace qu’il commence à les conserver dans de gros fûts.
Notre peintre, amateur amoureux de la nature, n’hésite pas longtemps avant de recycler la poussière pour en faire de nouvelles couleurs, dont un gris unique formé naturellement par la combinaison de douzaines de teintes.
Il décide d’offrir un petit pot de cette peinture recyclée à chacun des visiteurs de la manifestation célébrant la Journée de la Terre.
« La poussière de pigment ne doit pas être évacuée dans le sol, l’eau ou les décharges, mais dans la peinture », explique-t-il. « Notre gris ne permet pas seulement de recycler nos propres poussières de pigments ; il aide également les artistes à intégrer le recyclage, la sécurité de leur atelier et leur responsabilité par rapport à l’environnement ».
Les œuvres que peint dorénavant Frère Tempérance ont comme thème unique la nature. Il développe également quelques nouvelles couleurs à base de poussière qui soulèvent la stupéfaction et la reconnaissance des artistes.
Sa communauté d’origine tente depuis quelques mois de récupérer Tempérance parmi ses membres, afin de faire main basse sur le potentiel magot que ses créations peuvent générer mais le Frère, fidèle à son objectif, continue à en jeter plein les yeux à ses anciens Frères Astiqueurs.
🐻 VILLÉGIATURE
Dans notre immeuble les ‘ recure-nénettes’ passent à l’attaque : c’est le lundi matin.
On sort les poubelles à sept heures et c’est le grand nettoyage à grande eau et coups de ‘ lave-pont ‘ dans la porte. Ça, c’est pour la copropriété, normal, on a les charges. Dehors passe la benne, puis les employés municipaux. Faut qu’ça brille, quand tous les doryphores rejoignent la Capitale. Puis les autochtones reprendront leur élevage de poussière, que ça soit bien ‘ crade’ quand ils arriveront le week-end prochain. C’est ça qui est authentique avec le varech sur la plage. Marre de ramasser les canettes, les présos, de déboucher les canalisations. Dans notre petite station normande, on vend du rêve, du jackpot, de la teurgoule et des crevettes, tout ça pour un CDI au SMIC…
Qui est piégé dans cet échange ? Restons positifs. J’y ai aimé un groupe folklorique de paysans et paysannes, plus tout jeunes, en costume traditionnel. J’ai admiré un défilé de voitures anciennes roulant au pas et assisté à la vente de yearling. Qui a dit que le passé tombe en poussière quand j’en ai encore plein les yeux ? 🐻
En CDI chez « RÉCURE-NET » depuis trop longtemps, il ne supportait plus le propre, le pur, le net et le bien tenu.
Il se lança dans un élevage de poussière, bien décidé à en jeter plein les yeux à…
PASSAGE DE MAINS🐀
«Tiens ! Dis le balai de coco à la pelle, il paraît qu’on est au chôm-du »
– Comment le sais-tu ?
– Je suis passé hier sur le journal » Pâleurs actuelles », soit on change de mains soit on est recyclés.
– moi, je ne serais pas contre le fait d’en »rouler » pour quelqu’un d’autre dit la pelle
– nous, gronde le balai, à tous les coups on sera du bois dont on fait les huttes. C’est la mode les cabanes en rondins.
– C’est un fait, »recur-net » boit le bouillon, après avoir chassé les moutons tu vas voir qu’il va se lancer dans l’élevage.
– A moins qu’avec toutes les araignées qu’il a délogées, il finisse » danseur-et-toiles ». Il nous en mettra plein la vue.
– Tu as raison on le verrait bien petit »rat » celui-là…
C’est ça la reconversion non ?🐀
En CDI chez RECURE.NET depuis trop longtemps,il ne supportait plus le pur,le propre,le net et le bien tenu.Il se lança dans l’élevage de poussière,bien décidé à en jeter plein les yeux
Dès qu’il avait eu confirmation de ce CDI , attendu pendant cinq ans,il avait laissé libre cours à sa répulsion.Il avait accumulé durant toutes ces années des poussières de toutes sortes,en vue d’un élevage qu’il estimait pouvoir commencer.
Il en avait une bonne récolte dont il n’était pas peu fier.
Travaillant dans sa mansarde dont le foutoir rmalodorant l’inspirait tant ,il respira,tâtonna,surveillant ses mélanges avec un soin d’expert.Il sélectionna celui qui lui paraissait le plus actif:
Moutons et Poussière dans l’oeil
De savants dosages,une lecture journalière au microscope laissaient apparaître des acariens répugnants prêts à se reproduire pour peu qu’on les nourrissent de peaux mortes et autre gourmandise.
Son élevage prospérait tel un compost bien géré.De tubes en boîtes de Petri,il passa en bocaux de plus en plus grands jusqu’à atteindre la quantité nécessaire pour pouvoir se répandre en couche épaisse dans les locaux insupportablement impeccables de RECURE.NET.
Il alla se coucher l’âme en paix.
Cette nuit là, son vieux chat à moitié aveugle,crut voir des souris. Il sauta maladroitement sur les étagères à bocaux qu’il renversa dans un terrible fracas.
La poussière s’envola en tourbillonnant autour de la chambre,se déposant en épaisse couche moëlleuse sur son propriétaire qui se mit à éternuer compulsivement,manquant de s’étouffer.
Il passa trois jours à aspirer,passer la serpillère,la lucarne grande ouverte,le nez coulant et les yeux larmoyants.
Son intérieur devint, lui aussi, propre,net ,pur et bien tenu.
De désespoir il quitta son poste et se fit embaucher comme balayeur de volcan en Islande,là ou le poussier ne disparait jamais.
En CDI chez « RÉCURE-NET » depuis trop longtemps, il ne supportait plus le propre, le pur, le net et le bien tenu.
Il se lança dans un élevage de poussière, bien décidé à en jeter plein les yeux à…
Tous ces détracteurs qui lui avaient dit avec condescendance qu’il n’avait pas l’étoffe d’un chef d’entreprise et que par conséquent, se lancer dans une telle aventure hasardeuse alors qu’il avait la sécurité de l’emploi chez « RECURE-NET, le cantonnait au rayon des inconscients ou doux rêveurs un peu dingues, rien que ça !
Il n’en avait cure. Sa décision était prise et c’est bien ce cap là qui avait été le plus difficile à franchir.
Il étudia minutieusement son sujet, passa beaucoup de temps dans les livres, consulta nombre d’experts et quand il se sentit enfin prêts, prépara ses affaires, des fioles qu’il protégea du mieux qu’il put et partit pour un long périple à la recherche de tous les échantillons qu’il lui serait possible de collecter. Au cours de l’année écoulée, pendant ses temps de repos, il avait profité de ses week-ends pour récupérer les poussières les plus accessibles ; celles qui se cachent sous les tapis, celle que chassaient les voitures ou les tracteurs sur les chemins de campagne environnante, celle qui dormait sur toutes les surfaces hautes des maisons ; les armoires, les meubles de cuisine, celle des cendres de la cheminée…
Aujourd’hui commençait un long périple qui le mena en premier lieu au Sahara. Là, il préleva avec soin la poussière de sable qui s’accrochait sur ses vêtements, ses chaussures et son sac. Il était émerveillé par tant de nuances de couleurs et de consistance. Quelques semaines plus tard, ayant réussi à se faire embarquer sur ces fameux navires qui déposent les scientifiques en terre Adélie, il put racler avec minutie la poussière de neige si rare et si fragile. Il en tira une fierté sans nom. Et bientôt ses désirs de vengeance et de jets de poussières à ses ennemis n’occupèrent plus son esprit, fasciné qu’il était par ses nombreuses découvertes plus étonnantes les unes que les autres. A la nuit tombée, il aimait s’allonger et regarder l’immensité du ciel en repensant à toutes ses découvertes.
Et à chaque contemplation, il en revenait toujours aux mêmes désirs. Avant que lui-même ne redevienne poussière, il se promettait de prélever une infime quantité des étoiles qui illuminaient son regard.
Quand il revint enfin de son périple, ses amis, les gens de son entourage, les bienveillants et surtout les autres lui firent remarquer qu’il semblait avoir beaucoup changé. Ils ne parvenaient pas à définir précisément ce qui était différent mais ils trouvaient qu’il avait dans l’œil, non pas une poussière qui l’aurait fait pleurer mais plutôt un éclat qu’auparavant les autres ne voyaient pas.
Il ouvrit sa boutique, à taille humaine. Il avait balayé l’idée de se lancer dans un grand commerce et une course au rendement qui ne lui convenait pas. Seul lui importait une affaire qui lui permettrait de vivre, de repartir et de satisfaire sa clientèle qui contre toute attente se bouscula rapidement chez lui. Il n’avait pas anticipé à ce point que les gens viendraient chercher autant de poussières de souvenirs. Il jubilait en entendant les personnes interpeler les autres au rythme des « oh tu souviens quand on revenait à la maison de campagne l’été après une longue année scolaire, que l’on ouvrait portes et fenêtre pour chasser la poussière », « oh et la poussière sur les verres de la vieille tante Germaine qui ne voyait plus rien et nous servait des jus de fruits périmés ! » …Chacun repartait avec sa petite bouteille en verre étiquetée du souvenir qui l’animait. Il était heureux et fier enfin, de voir briller dans les yeux de chaque personne rencontrée les étoiles qu’il regardait dans le ciel en espérant un jour recueillir leur précieuse poussière.