554e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Le pied droit s’adressant au pied gauche : Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?
Non, pas du tout, mais je me souviens très bien de la fois où j’ai marché…

Prenez votre pied en Inventant la suite


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25 réponses

  1. françoise dit :

    Le pied droit s’adressant au pied gauche : Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?
    Non, pas du tout, mais je me souviens très bien de la fois où j’ai marché dans une bouse de vache !
    Tu ne l’avais pas vue ?
    Devine ! J’étais tellement occupé à vouloir lui attraper la queue 
    Pourquoi voulais-tu lui attraper la queue ?
    Devine !
    Tu sais à quoi je rêve en ce moment ? Je voudrais marcher avec des chaussures de cosmonaute
    Qu’est-ce-que tu racontes ! On n’est pas des cosmonautes !
    La nuit j’en rêve et j’ai l’impression d’être chaussé de bottes de
    cosmonaute. Cà me fait un effet dingue mais elles sont tellement lourdes que je n’arrive pas à me mettre debout.
    Tu m’appelles et je t’aide
    Non c’est une expérience que je dois vivre solitairement
    Tu te rappelles que cet après-midi on doit nous acheter des baskets
    Bof que veux-tu on aura certainement le temps de les user avant que je réalise mon rêve…….

  2. Françoise - Gare du Nord dit :

    Le pied droit s’adressant au pied gauche :
    « Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ? »
    « Non, pas du tout, mais je me souviens très bien de la fois où j’ai marché dans une crotte de chien, un labrador, je crois et que… »

    « Tu as fait mentir la croyance populaire, cela ne nous a pas porté chance.»

    « Que veux-tu dire ? »

    « Te souviens-tu de cette ampoule qui nous a empêchés de participer aux 50 foulées du Comité d’Entreprise d’EDF ? C’était déjà toi
    De ce marathon où nous avons été contraints à l’abandon à cause dune fracture de fatigue ? Encore toi
    De cette élimination précoce à la Coupe du monde de football pour un tir avec un pied carré ? Toujours toi
    De ce service gâché, qui nous a valu une mise à pied, dans un restaurant – 3 étoiles au Michelin – où tu t’es entravé dans le tapis ?
    De notre licenciement de je ne sais plus quelle administration en raison de ton entorse perpétuelle au règlement ?
    De ce prix interprétation à Cannes (pour « La Comtesse aux pieds nus ») qui ne nous a pas été attribué pour à cause de ton ongle mal incarné ?
    Et le jour où tu as voulu nous faire concourir pour un prix de poésie. Où tu as piteusement échoué tant tu avais les rimes pauvres et les pieds plats »
    De ces verrues plantaires qui te défiguraient et ne nous ont valu que le titre de 3e dauphine au concours de Miss France ?

    La riposte du pied gauche ne se fit pas attendre :

    « Et toi, te rappelles-tu de ce jour de juillet 1969 où tu t’étais vautré lamentablement parce que tu avais mal noué ton lacet ? Et c’est moi qui fis le premier pas. Tu t’en souviens :  » Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité « , c’était moi

  3. Phanie dit :

    Le pied droit s’adressant au pied gauche : Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?
    Non, pas du tout, mais je me souviens très bien de la fois où j’ai marché sur la pointe. J’étais tout petit à ce moment-là.
    La main gauche voulait attraper quelque chose de bien trop haut ; j’ai senti mon talon se lever d’un coup, ça m’a fait un drôle d’effet, mais ce n’était pas désagréable.
    Par contre, tout le poids reposait sur mes doigts, il a fallu que je prenne sur moi mais ça n’a pas duré longtemps car quelque chose est tombé et nous nous sommes retrouvés à patauger dans une flaque de peinture.
    Ce jour-là il faisait chaud et la fraîcheur de cette peinture était la bienvenue. Nous avons trépigné pendant quelques minutes, c’était très drôle, nous étions tout excités et riions à gorges déployées.
    Tu t’en rappelles ?
    Ah oui ça me revient, puis nous avons entendu des voix et nous sommes restés immobiles jusqu’à ce qu’on nous soulève brutalement.
    Il y avait une voix d’homme et de femme qui se mélangeaient ; ils n’avaient pas l’air très contents…
    Le temps du court trajet, une partie de la peinture avait séché, on n’osait plus bouger…
    Puis on nous a plongés dans l’eau, et de grandes mains sont venues nous frotter, au début ça nous a chatouillé, puis on a commencé à paniquer quand un gant de crin est arrivé, tu t’en souviens ?
    Oh oui : LE gant de crin, c’est depuis ce temps là que je le crains…
    Après on est resté côte à côte pendant un long moment, les doigts tournés vers le coin du mur, on avait interdiction de bouger je crois.
    Et puis on nous a encore soulevés, les fesses se sont posées sur des genoux et je me suis retrouvé nez à nez avec un tibia adulte pas très sympa ; dès qu’il m’a vu, ses poils se sont hérissés. J’ai essayé de l’éviter mais mes jambes se balançaient dans tous les sens, je ne pouvais rien contrôler ; à chaque fois que je le frôlais, je me piquais et lui se gaussait…
    Eh vous deux, vous avez fini de bavasser ! On aimerait dormir nous !
    Quoi ? mais qui êtes vous ?
    Nous, on est les pieds de la gamine qu’on accompagne depuis toujours.
    Mais… On est où, là ?
    Bah dans notre lit ! Mais vous inquiétez pas, demain vous serez déjà repartis !

  4. gottlieb éléonore dit :

    Le pied droit s’adressant au pied gauche : Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?
    Non, pas du tout,
    Mais je me souviens très bien de la fois où j’ai marché…sur l’eau du lac ensorcelé, c’était le printemps il faisait presque nuit, déjà sur l’horizon Venus ajustait son diadème. J’allais ou mes pas me portaient, j’allais sans penser, juste guidé par les lueurs. Je n’avais jamais marché sur l’eau. Je ne croyais pas cela possible, même si c’est raconté dans certaines légendes. J’avais déjà fait l’expérience de danser sur les braises mais je n’avais pas aimé. L’odeur surtout me déplaisait, corne brûlée, terre roussie sécheresse graniteuse qui colle les cendres entre les orteils. Non rien d’agréable vraiment. J’aime la terre humide qui garde l’empreinte des pas, qui suit la route des loups, des lièvres. Celle qui fixe les herbes et les ronces, qui fait naitre des plantes étonnantes et guérisseuses. La terre des elfes, des korrigans, la terre mère tutélaire.
    Je me sentais porté par l’air léger, je quittais le chemin et me retrouvais sans m’en apercevoir derrière la haie de roseaux. Des grenouilles coassaient s’appelant et se répondant avec entrain dans un joyeux tintamarre. La nuit tombait chaude, humide libérant les nuées. Le silence s’imposait. Alors d’autres rumeurs vinrent peupler l’espace invisible. Des cris de chouette, des bruissements de feuillages des sifflements entre les herbes couchées, des frôlements subtils dans les buissons. Je marchais, heureux, me fondant avec volupté dans la nuit mauve qui m’enveloppait. J‘aspirais la fraicheur sous mon pied. II buvait la beauté frileuse du lac.

    Pied droit écoutait, pensif. Crois-tu, que moi aussi, je pourrais marcher sur l’eau ?
    Bien sûr, il suffit d’oublier ce que tu crois savoir, ce que l’on t’a enseigné depuis ton plus jeune âge.
    Lâche tes certitudes. Laisse s’envoler ton âme, elle connait le chemin. Laisse-toi guider par la puissance de tes rêves. Ne réfléchit pas. Vas, émerveille-toi, enivre-toi juste de l’air qui pénètre ton corps, laisse ton cœur battre au profond de ta poitrine et écoute ce qu’il te dit.
    Comme l’oiseau tu peux chanter, comme lui tu peux voler, comme la fleur tu peux te poser sur l’eau et aller au-delà des mondes que tu crois connaitre parce qu’on t’a dit : « c’est ainsi » Vas avec juste un quignon d’amour dans ton sac, enfourche le rayon qui palpite et suis-moi.
    Pied droit s’accrocha à son ami de toujours et le suivi au-delà des terres, au-delà des herbes folles, il palpait la fraicheur.
    Le lac sorcier le soutenait avec légèreté, les clapotis des vagues lui dévoilaient son ultime cheminement jusqu’à la pulsation originelle. Puis enfin au bout du voyage pied gauche et pied droit se rejoignirent pour essaimer des lucioles, ensemencer les âmes errantes, les accompagner sur le chemin jusqu’aux étoiles et ensemble éparpiller des fragments de lumière afin de féconder l’univers

  5. THIERY RESSMER dit :

    Le pied droit s’adressant au pied gauche :
    – Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?
    Non pas du tout, mais je me souviens très bien de la fois où j’ai marché et toi aussi. Tu as de ces questions, tu me donnes la gerbe.
    On est sensé tout faire ensemble, non ? tu es vraiment un pied plat toi !
    – Oh tu m’énerves, je pars

    Euh, où tu m’emmènes là ?

    – Je ne sais pas, marcher quelque part, dans l’herbe tient !

    Bah se sera sans moi.
    Le pied droit n’en fit qu’à sa tête et traina le pied gauche. Le pied gauche avait décidé de ne plus lui parler et partout où le droit voulait aller, le gauche le laissa faire. Bref, ce n’était pas le pied.
    Ils marchèrent, marchèrent, jusqu’à en perforer leurs chaussettes malmenées, épuisées, en sueur,
    Jusqu’à même, à en perforer les semelles de leurs nus-pieds
    Ils décidèrent enfin de se reposer après tant de foulées
    Faut dire qu’ils ne pouvaient qu’être davantage fatigués puisque le droit avait un pied-bot et le gauche un plat pied, c’était pas gagné
    Alors, marcher tout ce temps avec des trous, des petits trous, cela les a épuisés
    Ils avaient décidé de s’arrêter chez mémé. Stupéfaite, elle leur ouvrit la porte et leur fit signe d’entrée
    Ereintés, ils s’allongèrent, non pas dans l’herbe, mais sur la chaise longue de mémé Renée
    Les pieds de mémé ? trop long à raconter, en tout cas, ils étaient d’origine pieds-noirs
    Contente de leur visite, les pieds se racontèrent leurs histoires
    Mémé, avant de poursuivre, se leva et leur proposa du thé noir
    Vla t’i pas, que mémé, malgré son plain-pied, trébucha. Bah oui, l’autre imbécile n’a pu s’en empêcher
    Vous savez ce qu’il a fait ? Devinez ! Voilà, c’est ça, il lui a fait un croche-pied
    Quand j’y pense, pauvre Renée, elle s’est renversée tout le thé sur les pieds, maintenant ils sont grillés. En plus, comme elle ne nous avait pas vu depuis des lustres, elle voulait nous prendre en photo avec son trépied pour nous avoir, figés, de la tête à pied, pour ensuite nous collés dans l’album de pépé.
    Elle a vraiment pas de tasse, la semaine passée, la pauvre, elle s’est fait cambriolée, on l’a mise pied-à-terre.
    Ils sont rentrés avec leur pied-de-biche et ils lui ont piqué son repose-pied. C’est vache. Il lui reste en bouche, un goût amer.
    Plainte a été déposée bien sûr mais les malfaiteurs n’ont toujours pas été retrouvés. Franchement s’en prendre à une grand-mère, il n’y a pas de quoi être fiers.
    Malgré sa panique, elle a eu le temps de les voir, les pieds. En effet, elle s’est rendue compte, allongée sur le sol, stupéfaite, estomaquée, que, comme elle, ils ne portaient pas de chaussures, ils étaient à l’air.
    Mais c’est surtout l’odeur, qu’elle reconnaîtra, c’était une odeur particulière, une odeur de pieds quoi, une odeur pestilentielle, à en faire tomber les mouches, quoique pas que ! Comment vous dire ? C’était une odeur de fromage, un fromage bien passé, mais vraiment bien passé, passé depuis plusieurs lunes, quant à l’aspect, cela n’est pas au goût du jour.
    Mais fallait pas en conter à Renée, elle était forte Renée, même des pieds et elle ne va pas se laisser faire. Elle est si gentille, pleine d’amour et d’humour, c’est un amour !
    Du coup, elle raconta encore son histoire à pied droit et pied gauche, respectivement, Robert et Roger Dulourd.
    Les doigts de pieds en éventail, ils sirotèrent, au lieu du thé noir prévu, une bonne bière avec en fond un peu d’amer bière.
    Soudain, le téléphone sonna, Renée se leva tant bien que mal et se dirigea à cloche pied vers le combiné et demanda à qui elle avait à faire.
    Excusez moi Madame Castel-Scholl, dissipé, je ne me suis pas présenté, je suis le Commissaire Pierre Chaussepied, nous avons peut être interpellé vos tortionnaires, pouvez-vous passer au commissariat les identifier, il y a fort à faire.
    Bien sûr, j’arrive. Puis je venir avec ma paire de petits fils ? Je suis tombée et ils m’aideront à marcher.
    Pas de soucis, Madame Castel-SCholl, il faudra juste qu’ils portent un pasque et qu’ils se pésinfectent les orteils, pessage obligé !
    Alors, bon gré, mal gré, Renée, les cheveux grisonnants, pantalon moulant, haut percutant, manteau en peau de caïman, se rendit claudiquant, trépignant d’impatience, à cloche pied, pas facile, accompagnés de ses petits-fils qui en font sa fierté, Robert et Roger, toujours aussi casse-pieds, chez Chaussepied. Elle reconnut après des pieds et des mains, fichés dans la piedpinière, les salopanards.

  6. THIERY RESSMER dit :
    Le pied droit s’adressant au pied gauche :
    – Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?
    Non pas du tout, mais je me souviens très bien de la fois où j’ai marché.
    Tu ne te rappelles pas ? dit le pied gauche, pourtant nous marchons ensemble tous les jours depuis quelques années déjà. Tu devais être encore dans la lune, entrain de rêvasser.
    – Ca doit être ça, dit le pied droit. Mais si moi je rêve, toi, tu n’as plus de mémoire. Ne me dis pas que tu as oublié que je n’étais pas le pied d’origine ? On m’a collé là après avoir été arraché suite à ce terrible accident. Quelle tristesse ce jour là, la personne à qui j’appartenais a perdu le contrôle de son véhicule et, tu sais la suite.
    Oh non je n’ai pas oublié, dit le pied gauche, c’était il y a si longtemps.
    – Par contre, ils se sont trompés, j’aurais dû aller ailleurs mais ils ont décidé de sauver Pierre, de me laisser là quand même, avec toi, avec cette différence, celle d’avoir une pointure de plus que toi.
    Oui je sais. D’ailleurs, ne dit on pas que le pied droit est le plus fort ? Mais entre nous deux, je me préfère dit le pied gauche. T’as vu ta tête ? Ta tête d’ampoules.
    – Ah ah, trop drôle. Et bien sûr, vu que tu es plus petit, tu es le plus mignon !
    Bah oui !, c’est moi le plus beau dit le pied gauche. De plus j’ai ni d’Hallux Valgus, ni d’oignons, ni de corne, moi
    – J’ai le pied que j’ai dit le pied droit. Avant mon arrivée, avant que Pierre puisse à nouveau marcher, suite à son accident, lui aussi, j’étais avec mon double et cela ne posait aucun problème. Et puis moi au moins j’ai servi pour une grande cause. Toi, tu es né là, ici,  tu n’as pas du te battre pour ne pas être rejeté.
    T’inquiète, je t’aime. Et puis Pierre a du mérite, il fait ce qu’il peut et il remarche, grâce à toi. Et puis, ce n’est pas évident pour lui d’acheter deux paires de pointure différente pour n’en faire qu’une. On le prend pour un cosmonaute.
    – En tout cas, je me souviens de cette première fois où j’ai reposé le pied au sol après tant de pansements, de plâtres, c’était quand nous prenions notre pied à courir dans l’herbe, pour le pique nique familial organisé en  l’honneur des 75 ans de papi. Je redécouvrais, après cet abandon sur le macadam, cette douceur qui me caressait les pieds jusqu’à.
    Oh oui, je me souviens, quelle rigolade. Enfin, c’est moi qui ai tout pris. Je ne voulais pas te suivre, tu voulais aller vers une autre direction et je t’ai fait un pied de nez. Finalement j’aurais dû t’écouter, je me suis retrouvé dans la merde.
    – Oui mais n’oublie pas, marcher dedans avec le pied gauche porte bonheur.
    C’est vrai j’ai plus de chance que toi dit le pied gauche. Mais tu as plus de mérite. On arrête de se prendre le chou ?
    – D’accord. Allez faisons la paire !
    D’accord. En tout cas pour répondre à ta question, je me souviens de la première fois où j’ai marché dans l’herbe avec toi, mais je me souviens aussi, avant que tu n’arrives, avoir marché sur la lune, c’était en 1969 !
  7. Maguelonne dit :

    Le pied droit s’adresse au pied gauche : te souviens-tu du jour où tu as marché la première fois sur l’herbe ?
    – Non pas du tout. Mais ce dont je me souviens est imprimé à tout jamais.
    – Raconte.
    – Tu connais notre Charles. C’est, ou plutôt c’était, un citadin pur et dur. Le mot campagne lui donnait des boutons. De plus il était un brin maniaque : pas de pieds nus, pas d’orteils à l’air. Nous avons toujours été enveloppés dans du cuir, du plastique, de la laine…Bref nous avons eu une existence casanière, protégée.Et puis coup de tonnerre. L’heure de la retraite a sonné et ça lui a tourné la tête. Tu te rappelles ?
    -Oh oui. C’était la fin d’un monde et le début des emmerdes. La retraite peinarde, à ne pas se prendre le chou, à se faire bichonner : envolée. Notre bon Charles a été illuminé !! Il a osé dire campagne, air pur, montagne. Complètement tourneboulé notre Charles !
    – Il a quitté Paris sans nous demander notre avis. Il s’est installé à 1600 mètres d’altitude et il arpente les chemins avec des grosses godasses. Un kilo à chaque pied. Je n’en peux plus de ces cailloux qui roulent sous ma semelle, de ces montées qui n’arrêtent pas de grimper, de ces descentes qui n’en finissent pas de descendre. C’est épouvantable.
    – Oui, c’est dur.
    – Oui mais ce n’est pas le pire. Peu après notre arrivée il a eu une extase. Il se pâmait « que c’est beau cette eau claire presque turquoise qui serpente dans les alpages au milieu des linaigrettes ». Tu parles Charles ! Ni une ni deux il enlève les godillots, les chaussettes et sans préambules nous précipite dans l’eau glacée. Je me suis cru hydrocuté. Et Charles poussait des petits cris benêts. Ensuite il a fait un truc qui devrait être légalement interdit. Il trottinait dans les herbes en virevoltant et chantant. Et là, négligemment, il m’a posé dans une énorme bouse de vache bien fraîche. Une bouse de vache ! Moi, pied pédicuré, chouchouté pendant soixante ans, j’ai pataugé dans une bouse de vache ! L’horreur totale. Je ne m’en suis toujours pas remis. Je suis tout chagriné depuis ce jour fatal.
    – Moi j’ai échappé à la bouse mais je te comprends. Mais t’inquiète, il vieillit et nous ne tarderons pas à retrouver les charentaises.
    – Quand ? Je commence à me déformer : hallus valgus, orteils se chevauchant…cela me réjouit mais ce n’est pas assez rapide. Je me morfonds, je suis au bout du rouleau. De la bouse de vache, tu réalises !
    – Arrête de ruminer et prends ton mal en patience.

  8. Le pied droit s’adressant au pied gauche :

    — Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?

    — Non, pas du tout, mais à présent que nous ne faisons qu’un, pourquoi s’en préoccuper ?

    — Ce pied fantôme, je le ressens toujours, pas toi ?

    — J’ai fait le deuil du mien. La reptation sur ventre, ma foi, est un moyen de locomotion comme un autre !

    Et le pied gauche fantôme du gastéropode d’ajouter :

    — Cela présente même plus d’avantages.

    — Peut-être, mais qu’est-ce qu’on en bave !

    — Cette bave est un mucus précieux pour oser la verticale sur n’importe quelle paroi lisse, malgré notre foutu sac à dos !

    — Mais les fourmis en font tout autant ! Les deux griffes recourbées qu’elles ont sur chaque pied leur permettent de s’agripper aux aspérités d’une paroi.

    — Sauf que sur une vitre, elles n’en mènent pas large !

    — Erreur mon ami ! Elles déploient un petit coussinet qui a une certaine adhérence.

    Le pied gauche fantôme du gastéropode fut un instant déstabilisé. Cette réplique pour le moins pertinente du pied droit fantôme venait de lui couper l’herbe sous le pied.

    Quant à ce souvenir, de la première fois où ils avaient marché dessus… ?

  9. Souris bleue 🐀 dit :

    🐀 CONTRE-PIED

    Le pied droit s’adressant au pied gauche : Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?
    Non, pas du tout, mais je me souviens très bien de…

    Les questions affluent et me remuent.
    Marcher où, dans quoi, avec qui, comment et surtout pourquoi ?
    J’ai bien un petite idée sur la question , mais laquelle de question?
    °-Parce que moi, quand j’ai levé le pied pour la première fois en même temps, j’ai baissé la tête. J’élude les difficultés, évite les coups -les bas surtout- champion des sauts d’obstacles… Je prends mes jambes à mon cou…
    °- Des pieds dans l’herbe, j’en ai vu pléthore… Des abandonnnés au pied d’un chêne… Des verres à pied de vin ou de flûte qui avait l’air de rien, un pied de biche et même des alexandrins qui ne marchent que par douze, au croisement ils rencontraient hémistiche
     » alors ? On continue ? »
    -Si c’est pour te ressembler !…
    ° Et puis ceux qui racontent tout, les bavards des les jardins publics :les pieds de banc, les plus intéressants avec ceux des chaises. Nous avons ça en commun la chaise et moi… De lever le pied dans la terre molle sous l’herbe folle… Et on se casse le binette… l’herbette

    En résumé, les pieds bien à plat sur le plancher des vaches… Y a qu’ça ?🐀

  10. LURON'OURS dit :

    🐻 ET TONG !
    En remontant de la plage, il était coutumier de ne pas s’essuyer les pieds, enduits de sable fin. Tout rose les ripatons comme un jambonneau entouré de chapelure. Aussi, quelle idée de ne pas avoir mis de pataugeoire en haut de la falaise ! Ne restait que la solution de mettre un pied puis l’autre dans l’herbe, sorte de paillasson naturel, et remettre ses chaussures avant d’entrer à la maison à la maison.
    Ceux qui l’avaient compris, c’était Troll et Bus : les nains de jardin. L’ imberbe nigaud ne bougeait pas de son socle. Son bonnet lui tombait sur les chausses. L’autre, barbu, plus gai est moins faraud, s’il se dégourdissait, c’était la nuit. Au clair de lune la pelouse ondulante sous le vent lui était caressante. On le soupçonnait sans en avoir la preuve de déplacer quelques fleurs. On le surveilla. Il fit mine de bouger l’orteil et se tint coit. Il n’y a que le premier pas qui coûte dit-on. Et tous les autres représentaient un joli magot… C’est sans doute en souvenir de ce trésor caché que l’on a appelé la station « Les sables d’Or ». Nous n’y faisons plus trempette. Que sont-ils devenus nos pas perdus ?🐻

  11. blackrain dit :

    – Non mais je me souviens de la première fois que j’ai rencontré un podiatre.
    – Ha oui le podiatre !
    – Oui, le médecin des pieds. Le podologue en chef, quoi.
    – Je suis pas sûr…
    – Peu importe… Au début j’étais content car maman m’avait dit que j’avais le « pied beau »
    – Oui, je me rappelle, même qu’elle pleurait en disant ça.
    – Tu as raison. J’avais trouvé cela bizarre que ça lui cause du chagrin. En tout cas le docteur l’avait grondé pour ne pas s’être occupé plus tôt de cette « malformation », comme il disait. J’avais écouté attentivement le monsieur aux sourcils qui froissaient et j’avais alors appris que « la belle plante » était un peu trop incurvée en dedans. Il avait alors parlé de métatarsiens…
    – … Ah ! Ah ! Ah ! J’avais cru qu’il disait des bêtises. Je ne comprenais pas ce qu’il y avait de commun entre les amis des martiens et le fait que tes orteils regardent toujours vers moi.
    – Tu te moques ? Encore…
    – Mais non mon jumeau, je compatis.
    – Fais bien gaffe à toi car le con n’est pas parti très loin. Il pourrait te mettre un coup de sa prothèse et broyer l’un des 26 os qui te composent.
    – C’est incroyable : 26 os, 16 articulations, 20 muscles et 107 ligaments. Je ne nous savais pas si complexe.
    – 107 ligaments qui me faisaient du mal, c’est certain. La ligue, amant de la singularité, se battait contre moi, contre mes envies d’être comme tout le monde. Je souffrais tellement d’être soigné que j’enviais Talleyrand et lord Byron de l’avoir accepté.
    – Mon pauvre, je t’ai bien souvent vu couché, enfermé dans un carcan pendant que je frétillais du talon en mettant mes doigts en éventail lorsque j’avais un peu chaud. Avec ton pied Romain tu restais armé de courage en resserrant tes phalanges.
    – Et en plus j’ai été opéré deux fois…
    – …Oui je sais, j’étais près de toi. Je m’ennuyais fort, moi qui n’étais pas malade. Je sortais parfois hors du lit au bout de la jambe, histoire de retrouver la fraicheur du carrelage et l’illusion d’un peu de mouvement.
    – Pardonne-moi mon jumeau. Je suis responsable de tes misères. Tu as du attendre que je finisse ma rééducation pour marcher sur l’herbe, et pousser le ballon de football.
    – Tu sais, je ne t’en veux pas. Maintenant, la prothèse et les opérations sont loin. Tu m’assistes dans les dribles et tu me laisses la gloire de mes shoots précis et dévastateurs.
    – Surtout pour les carreaux de l’école
    – …Oh tu exagères. C’est arrivé une fois.
    – Je plaisante frérot. En tout cas, tu n’as pas 10 ans et tu es déjà célèbre. Tous les gars de la récréation ne jurent que par toi.
    – Nous ferons peut-être carrière tous les deux, on ne sait jamais.
    – C’est tout ce que je nous souhaite.

  12. camomille dit :

    Le pied droit s’adressant au pied gauche :
    – Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?
    – Non, pas du tout, mais je me souviens très bien de la première fois où j’ai marché sur le fil d’acier par contre. Je me suis pris la peur de ma vie…

    – Ah oui c’est vrai, la première fois c’était flippant.

    – D’autant plus que tu ne voulais pas avancer et que c’est moi qui suis parti en premier hein ? Tu t’en souviens ? Tu t’en souviens ?

    – Ben oui, c’est pas la peine de crier… Calme toi !

    – Que je me calme ?… Que je me calme ?…Quand j’y pense à ce jour là, j’ai la haine qui me revient espèce de pied droit couard, lâche, trouillard, traître…
    Qui est-ce qui a avancé en premier en tremblant et en cherchant l’équilibre hein ? Qui est-ce ? Qui est-ce qui t’a montré l’exemple et qui t’a encouragé hein ?

    – Ça va… ça va ! T’énerve pas…

    A ce moment là, la musique s’arrête.
    Un roulement de tambour annonce le début du spectacle.

    Le funambule saisit le balancier et se concentre
    Les spectateurs, têtes en l’air, retiennent leur souffle

    Le tambour tambourine, tambourine sans fin
    Le funambule ne décolle toujours pas
    Les spectateurs ont mal au cou

    GRAND MALAISE GÉNÉRAL

    Soudain, le directeur du spectacle intervient et crie: « Que se passe-t-il là haut »t ?

    – « Rien de grave Monsieur » répond le funambule : « mes deux pieds sont en train de se disputer » !

    Les spectateurs croyant que ça fait partie du spectacle, se mettent à rire,

    Le directeur est déconcerté,

    Le funambule tape énergiquement des pieds sur son socle afin de reprendre la main,

    Les deux pieds se ressaisissent et s’apprêtent enfin à obéir à l’artiste,

    LE SPECTACLE PEUT COMMENCER !!!

  13. Kyoto dit :

    – Tu es bien silencieux, PD (plus vite dit que Pierre-Donatien)

    – J’étais en pleine réflexion plantaire, PG (plus vite écrit que Pierre-Guillaume). Je me demandais si tu te souviens du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe.

    – Non, pas du tout, mais je me souviens très bien de la fois où j’ai marché pour la première fois. Tu avais démarré le premier et j’ai eu immédiatement de la difficulté à te dépasser. Tu avais toujours un pas d’avance. J’avais beau m’époumoner, tu ne m’entendais pas, tu ne m’attendais pas.

    – C’est que tu avais un sacré beau pied bot. Tu répétais alors…

    – « C’est vraiment trop inzuste », comme disait Cali Méro.

    – Exact ! Et je te consolais en te racontant que les premiers à sortir du berceau utérin, c’étaient nos tendres et jolis petits orteils. Ah ! La tête que faisait la Tête quand elle est arrivée la dernière. Elle nous en a toujours voulu. D’ailleurs, elle s’est vengée le jour où tu as marché sur une…

    – … mine antipersonnel, qui, mine de rien, m’en voulait personnellement. Volé en éclat mon pied bot ! On s’est retrouvé les quatre fers en l’air, comme le cheval de Monsieur Lapippe tombé dans le ravin d’avoir mangé trop de pommes givrées.

    – Tu as toujours eu du courage, PD (Pied droit, pour ceux qui n’auraient pas suivi). Et, à ce jour, tu en es récompensé, car, grâce à la chirurgie scientifico-technico-réparatrico-régénératrice, tu peux de nouveau piétiner.

    – Et j’en remercie ces immenses et talentueux docteurs es miraculum. Mais ils n’auraient pas dû me greffer un pied…euh…

    – … noir ?… oui, je sais, mais ils n’avaient pas de pied blanc sous la main. Et à notre époque, c’est plutôt à la mode. Nous sommes le parfait exemple du non-racisme ou de la pro-blanchité.

    – Mais, pour être sincère, PG (Pied gauche pour celles qui n’auraient pas suivi), je vois bien le regard méprisant des autres.

    – Non, ils sont surtout surpris. Par exemple, quand ils voient les yeux de la Tête, au visage en forme d’oiseau, ils s’esclaffent : « oh ! C’est mignon et original car rare ».

    – Ce n’est pas si rare que ça, les yeux vairons. Nous verrons bien, je finirais par m’y habituer à ces pieds pas habituels. Et si, maintenant, nous faisions une farce à la Tête ?

    Et voilà, nos deux compères, pied en avant, pied en arrière, en route vers le champ de Madame Lapippe, (surnommée Lapiplette, depuis que son mari avait cassé sa pipe). Arrivés devant la chose tant convoitée, ils firent semblant de se mélanger les pinceaux, trébuchèrent, et la Tête finit sa course dans une fraîche et belle…bouze !

  14. Dominique PORHIEL dit :

    Le pied droit s’adressant au pied gauche :
    – Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?
    – Non, pas du tout, mais…

    – En fait, je ne vois pas du tout de quoi tu parles. Explique-moi un peu cette histoire d’herbe ! C’est comment ? Ça sert à quoi, l’herbe ?
    – Ben, je ne sais pas trop à quoi ça sert ! c’est juste là, par terre, un peu frais , un peu humide le matin (la rosée, qu’ils appellent ça) ou même parfois un peu grillé à la fin de l’été.
    Mais pas « grillé » parce que fumé ! non, je ne te parle pas de ceux qui fument de l’herbe ; je ne sais pas trop en quoi ça consiste mais apparemment ça ne se fait pas ! c’est même puni ! si .. si …
    Mais tu vois bien quand même de quoi je te parle là, non ?
    – Ben non ! franchement non !
    Ah mais il faut que je te dise : moi, je suis un pied marin ! alors l’herbe tu vois ….. m’en fiche complètement !

  15. Fanny Dumond dit :

    Le pied droit s’adressant à pied gauche :

    – Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?

    – Non pas du tout, mais je me souviens très bien de la fois quand la vis, tu sais celle qui avait le diable au corps, s’est enfoncée dans ma voûte. 

    – Ah oui ! Celle qui harcelait son amoureux dans la boîte à outils. Quel raffut ils faisaient là-dedans !

    – Je ne sais même pas comment elle a pu se retrouver sur le tapis de yoga, mais toujours est-il que Léa ne l’avait pas remarquée et je ne te dis pas ma douleur !

    – Ah, ça si je m’en souviens ! On s’est même retrouvés à l’hôpital et qu’après nous sommes restés 8 jours sans bouger et que je devenais dingue à t’écouter gémir.

    – Ouais, c’est l’hôpital que se fout de la charité. Toi, tu ne souffrais pas comme moi et moi aussi j’en avais ma claque d’écouter tes jérémiades et tes soupirs d’ennui ! J’aurais bien voulu t’y voir avec mes élancements et ce bandage qui m’empêchait de respirer, s’agace pied gauche. 

    – Tiens, regarde ! s’exclame son compère pour détourner la conversation. Elle enfile son jogging. Nous allons gambader sur l’herbe humide de la rosée du matin. 

    – Léa dit toujours, à qui veut l’entendre, que c’est bon pour la santé de marcher un quart d’heure pieds nus dans les prés tous les matins et que c’est bien pour ma cicatrice.

    – Eh ben moi, je n’apprécie pas trop, car on ne sait jamais dans quoi on va marcher, s’émeut pied droit. Je n’ai pas envie d’avoir la poisse.

    Aux dernières nouvelles, nous apprenons que la gourgandine de vis se lamente de son sort dans son sac-poubelle.

  16. Nouchka dit :

    Le pied droit s’adressant au pied gauche :
    – Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?
    – Non, pas du tout, mais je me souviens très bien de la fois où j’ai marché…

    … Où j’ai touché du pied, le ventre chaud et la fourrure soyeuse du chat qui dormait au fond de mon lit. Quel contact doux et vivant que le chat a rapidement amplifié par un ronronnement perceptible entre son pelage et ma peau.
    C’est inouï ce que parfois, une rencontre inattendue, peut créer de sensations inoubliables.
    Le toucher est le « sens fondamental : la peau tactile est le premier-né des organes humains et le plus sensible ».Le nouveau-né appréhende le monde en : chaud ou froid, doux ou rêche, humide ou sec. Ou plutôt en, je suis bien ou je ne le suis pas.
    Sorti du berceau, Bébé reconnait ce qui lui est agréable : la chaleur et la douceur, le contact avec l’eau des premiers bains…
    Quelques temps plus tard, l’enfant prend quelque indépendance et se déplace sur le sol dur ou moelleux, frais ou tiède. Il tente d’attraper les objets laissés à sa disposition : rond, lourd, long, léger, glissant ou noueux…
    « Quand il s’agit d’explorer le monde, rien ne vaut notre sens du toucher. Ce que nous touchons nous assure que nous ne rêvons pas. C’est une émotion en soi : ne dit-on pas d’une chose ou d’un être qu’il nous touche ? C’est dire combien le contact physique nous informe de manière sensible ».

    Chacun de nous a en mémoire quelques contacts « marquants ».
    ▪ En repensant au jeune enfant, j’ai le souvenir de la moiteur parfumée des salles humides du hammam. Je fis cette expérience étonnante dans un ancien établissement d’Istanbul. Les lieux recouverts de céramiques et mosaïques étaient durs aux pieds, aux fesses et au dos. Mais, quand la masseuse, une femme âgée vint nettoyer, masser et enduire mon corps des produits appropriés, j’eus l’impression unique de me retrouver bébé entre les bras d’une nounou chaleureuse et attentionnée ;
    ▪ Autre expérience fusionnelle: l’onde de choc que peut produire, entre 2 êtres qui se désirent, le premier contact de leurs doigts. Peut-être la fraicheur de l’un sur la peau chaude de l’autre accroîtra-t-elle ce flash d’adrénaline. Deux peaux qui se trouvent et exercent une caresse légère du bout des doigts, une pression, montrent tout le désir et l’attente présents. Quel moment exquis !
    ▪ Et comment partager cet autre moment intense: Se caller dans le sable sec, fin et léger de la plage et passer sans fin, les doigts dessus et dedans puis marcher pied nu sur des galets arrondis de la grève. Le pied tente alors de s’adapter à la forme ovale et légèrement granuleuse des galets, de tailles inégales. Cet exercice fait perdre l’équilibre et donne l’impression de se désarticuler.

    Tu vois, marcher dans l’herbe ne m’a pas marqué mais ta question a évoqué d’autres images sensibles dont je te remercie mon cher ami.

  17. Dominique PORHIEL dit :

    Le pied droit s’adressant au pied gauche :
    – Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?
    – Non, pas du tout, mais…

    – En fait, je ne vois pas du tout de quoi tu parles. Explique-moi un peu cette histoire d’herbe !
    – C’est comment ? Ça sert à quoi, l’herbe ?
    – Ben, je ne sais pas trop à quoi ça sert ! c’est juste là, par terre, un peu frais , un peu humide le matin (la rosée, qu’ils appellent ça) ou même parfois un peu grillé à la fin de l’été.
    Mais pas « grillé » parce que fumé ! non, je ne te parle pas de ceux qui fument de l’herbe ; je ne sais pas trop en quoi ça consiste mais apparemment ça ne se fait pas ! c’est même puni ! si .. si …
    Mais tu vois bien quand même de quoi je te parle là, non ?
    – Ben non ! franchement non !
    – Ah mais il faut que je te dise : moi, je suis un pied marin ! alors l’herbe tu vois ….. m’en fiche complètement !

  18. Antonio dit :

    Le pied droit s’adressant au pied gauche :
    — Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?
    — Non, pas du tout, mais je me souviens très bien de la fois où j’ai marché sur son pied, à elle.
    — Ahah ! Je m’en souviens aussi. Un, deux, trois, un, deux, trois. C’était pourtant pas compliqué. La valse à trois temps et deux pieds gauches qu’on était.
    — Moi, un peu plus que toi. Son pied m’a regardé droit dans les trous de lacet et m’a dit : t’es pas bien dans ta basket, nougat ! J’étais rouge de pompe.
    — Oh ! les godasses. Elles pointent leurs petits petons nu-pieds, et après elles s’étonnent qu’on leur tombe dessus. Pas de quoi en faire des sandales !
    — J’avais du mal à me concentrer avec ses petits pas chassés qui dévoilaient son cou de pied, à chaque mouvement. J’étais troublé. Elle était si fine, si élégante. Et moi, le lourdaud, je lui marche dessus.
    — Bon, bah, c’était une manière comme une autre de faire le premier pas. Mieux vaut tomber sur des durs à cuir comme nous que sur des écrase-merde. Au moins, on a la converse. Qu’est-ce que tu lui a répondu ?
    — Bah, que j’étais confus, que je m’excusais, que je ne savais pas danser, que j’étais qu’un pied gauche depuis mon enfance, que j’étais bon qu’à jouer au foot avec d’autres pieds carrés. Et puis…
    — Quoi ?
    — On s’est retrouvés sous la table, quelques minutes plus tard. Tu te souviens ?
    — Ah ! oui la barbe, j’en ai sué !
    — Elle m’a fait la morale dans la chaussette, me disant que si je voulais rester un pied gauche toute ma vie, j’étais sur la bonne voie, qu’il ne tenait qu’à moi de la prendre en main, en prenant mon pied, enfin !
    — Elle t’a dit ça ?
    — Mais ce n’est pas tout. Elle s’est déchaussée. Elle n’avait que son maquillage sur les ongles. Mon pied était en nage. Et puis elle s’est mise à délacer ma basket, je suis resté bouche bée. Je suis sorti aussitôt de ma réserve quand elle en a profité pour descendre mon bas.
    — C’était chaud, dis-donc ! Moi qui n’ai rien vu. Et après ?
    — On s’est embrassés longuement, c’était électrique. Puis, ne tenant plus en place, je lui ai dit : suis-moi !
    — Et vous êtes allés où ?
    — Je ne saurais te dire précisément, je me souviens juste qu’on s’est roulés dans l’herbe, à n’en plus finir. Jamais je n’avais pris un tel pied dans ma vie !
    — Tu te foules de ma gueule ? Parce que ce jour-là, je n’ai pas que foulé l’herbe pour la première fois. Une belle entorse m’a causé votre batifoulage.

  19. Nadine de Bernardy dit :

    Le pied droit s’adressant au pied gauche:
    te souviens tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?
    non pas du tout mais je me souviens très bien de la première où j’ai marché sur l’eau.C’était il y a plus de 2000 ans.Nous étions au bord d’un lac,mon « patron » avait,ce jour là,changé de l’eau en vin.Ses douze compagnons y avaient généreusement goûté, n’en croyant pas leurs papilles.
    Ils étaient un peu éméchés,l’un d’eux,Matthieu,lança:
    toi qui est capable de faire une chose pareille,tu serai chiche de marcher sur l’eau ? Juste pour voir
    Lui,il dit:
    Hum,je ne sais pas trop, pourquoi pas tenter le coup,mais si je réussi vous devrez me suivre.
    On verra bien dit Jean,le plus jeune et un peu insolent.
    Il enleva ses sandales,releva sa longue tunique et,en bon gaucher,me posât précautionneusement sur l’eau où je restais,incrédule.Puis le droit suivit,c’était parti,nous marchions sur l’eau!Ravi,il se mit à courir,à sauter à la surface.
    C’était excitant,l’eau me caressait la voûte,mes doigts se tortillaient d’aise.Les autres le rejoignirent avec succès sauf Pierre. qui échoua.Il repartit vers le rivage,penaud,sous les huées de ses compagnons.
    C’était il y a fort longtemps mais je m’en souviens comme si c’était hier.
    Et toi,pied droit,c’était quoi ta première fois?

  20. Anne L. dit :

    « Le pied droit s’adressant au pied gauche : Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?
    Non, pas du tout, mais je me souviens très bien de la fois où j’ai marché… » sur la terre. Elle était irrégulière. Ma plante semblait l’épouser. Le peid se déroulait tout doucement comme si le temps s’était arrêté. Le pilote automatique avait cessé. Chaque os et spores se déliait un à un. J’avais l’impression d’apprivoiser un nouvel univers. mais qui faisait depuis ma naissance tout sans me poser de questions, par ce qu’on me l’imposait, trop pressé de mener vers un autre. je me suis apperçu que je ne connaissais rien de ce qui vivait sous moi. il y avait eu comme une forme d’ingratitude. Mais là, pour une fois, j’ai eu le choix, celui de ressentir, d’éprouver. Une force coulait à mon contact. La force de la Vie Terrestre.
    Puis vient une voix, curieusement venue d’un ou deux mètres au dessus de moi.
    « Bonjour mon pied, comment te sens tu aujourd’hui ? Tu sais j’ai bien envie de déconnecter et te laisser aller là où tu as envie. »
    « Ma fois, puisque tu me le proposes, alors j’ai juste envie de rester là à apprécier ce moment. C’est si bon de ne rien faire, de ne pas penser aux minutes à venir. je me permets…..et si tu venais avec moi ? car je me trompe où tu me jettes bien souvent dans une semelle sans même me demander mon avis ? J’étouffe, je sue et choqué à chaque instant….. »
    « N’aimes tu pas les crèmes chaudes ou fraiches dont je t’enduis pour te restaurer ? Si tu savais combien tu me coûtes ! N’apprécies tu pas le contact des mains qui t’enduises ? »
    « Euh……Je te dirais bien les 5 lettres, mais je vais y mettre une nuance. Car en effet, j’aime ressentir ces dix doigts, mais par pitié, si tu pouvais éviter de mettre entre eux et moi cette sorte de graisse qui m’écœure ! Pourquoi as tu besoin d’un tiers pour venir à moi ? Essaie de faire sans, qu’y risques tu ? Viens, baisses toi doucement sans malmener mes sœurs vertèbres. Je sais, c’est un bien long chemin, mais fais donc confiance à cette matrice qui t’a vu naitre. « 

  21. Laurence Noyer dit :

    Des analyses fouillées ont mis en évidence
    Que le corps et l’esprit sont étroitement liés
    Que la forme des pieds a une grande influence
    Sur le comportement, la personnalité

    Si votre gros orteil est plus long que les autres
    Vous êtes une personne à l’esprit bien ouvert
    Vous êtes tolérant, vous pardonnez les fautes
    Lucide et cohérent, les pieds plantés en terre

    Les pieds « romain » profitent d’une vie pleine d’humour
    Ils aiment le plaisir, prêts pour l’aventura
    Ils se prennent pas la tête et vivent au jour le jour
    Sans hésiter parfois à mettre les pieds dans le plat

    Si le troisième orteil saillit en doigt d’honneur
    C’est le signe certain d’une impulsivité
    Une difficulté à avouer ses erreurs
    Quand il serait plus sage de relever le pied

    Pour certains citoyens, c’est bien plus compliqué
    Le pied droit est celtique, le gauche est germanique
    On sent des troubles de la personnalité
    Car sans orthopédie, les émotions claudiquent

  22. iris79 dit :

    Le pied droit s’adressant au pied gauche :
    PD : Te souviens-tu du jour où tu as marché pour la première fois sur l’herbe ?

    PG : Non, pas du tout, mais je me souviens très bien de la fois où j’ai marché ou plutôt pas voulu marcher dans la neige !
    PD : Ah oui, je me souviens ! C’était drôle ! Tu avais peur de tout quand on avait un an ! Quel froussard !
    PG : Je te voyais écraser cette matière immaculée et le bruit que cela a provoqué m’a fait terriblement peur. Mais dis donc, c’est bien beau de me chambrer mais on en parle de la première fois ou toi, tu as mis le pied dans le sable ?
    PD : Ah, non ne m’en reparle pas, ça me passait partout ! Ses grains entre mes orteils, la chaleur sous ma plante, c’était insupportable !
    PG : Bon ça va…on s’est bien rattrapé quand même. Que veux-tu, c’est peut-être inscrit dans nos gênes de nous méfier de ce que l’on nous met sous le pied, non ? On a quand même une sacrée responsabilité, il y a quand même un sacré édifice à faire tenir au-dessus !
    PD : Ah le gaillard ! Tu m’en diras tant ! Dis donc, je trouve qu’il prend un peu trop ses aises en ce moment. On ne va pas se mentir, il a pris du poids non ?
    PG : C’est bien possible. J’ai plus mal en effet en ce moment à mes articulations et je me trouve un peu à l’étroit dans les chaussures de ville.
    PD : Et dire qu’il y a à peine un an on lui faisait gagner le marathon !
    PG : Ah c’est clair ! La classe intégrale quand même !
    PD : Il faut dire qu’il nous avait bien bichonné aussi. Ces baskets ! Mon dieu ses baskets ! Tu te souviens ?
    PG : Ah mon dieu un délice. En plus la thalasso de l’avant course et surtout celle d’après !!! Un rêve, un éblouissement, qu’est ce qu’on a pris notre pied ! C’est le cas de le dire !
    PD : Trop facile celle-là !
    PD et PG : Ha ha ha…
    PG : Moi je trouve que globalement en vieillissant il nous gâte. Les bottines marron tout cuir de cet hiver, c’était quand même quelque chose.
    PD : Tu as raison. Je les retrouverai avec plaisir. Mais là, tu sais de quoi j’ai envie ?
    PG : Non, dis-moi.
    PD : De marcher dans l’eau froide des torrents comme tous les étés !
    PG : Ah rien de tel pour une petite cure de jouvence ! Et un petit massage aussi ! Ah mais on devrait y avoir droit. J’espère juste qu’il ne va pas nous infliger les claquettes. J’en ai assez de leur clap clap sur nos talons.

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