551e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat
L’inspecteur Turpid s’ennuie. Aucune plainte, pas un coup de fil ce dimanche. Rien.
Il feuillette distraitement la main courante : un accident, un chat perdu, un poulailler dévasté, que du banal. Tiens ! Une sorcière à laquelle on a volé son balai. Une photo est jointe à la plainte, il sursaute : Mais je le connais ce balai ! je l’ai vu, mais où ? L’enquête ne fait que commencer…
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L’inspecteur Turpid s’ennuie. Aucune plainte, pas un coup de fil ce dimanche. Rien.
Il feuillette distraitement la main courante : un accident, un chat perdu, un poulailler dévasté, que du banal.
Tiens ! Une sorcière à laquelle on a volé son balai. Une photo est jointe à la plainte, il sursaute : « Mais je le connais ce balai ! je l’ai vu, mais où ? »
L’enquête ne fait que commencer. Il compulse les mains courantes des 3 derniers mois : ramages nocturnes trop sonores, troubles de visionnage, mains au panier, gigot d’agneau trop cuit, coups d’oeil poings fermés. Rien qui ne concerne un balai
Il relit ses carnets de notes prises au cours de ses dernières enquêtes. Toujours rien. Rien non plus dans les archives. Pas plus que dans les dossiers en suspens, les affaires non résolues. Pour dire les choses clairement, les échecs, les ratés de la police. Bref ! Les crimes parfaits
Pourtant, il est certain qu’il a déjà vu ce balai. Son flair de flic ne l’a jamais trahi. Pourtant, il doit se rendre à l’évidence. Ce n’est pas dans le contexte professionnel qu’il trouvera la réponse.
Dans la sphère amicale ? Pas davantage. Dans l’entourage familial ? Et c’est alors que la lumière se fait dans son esprit.
Ce balai ? Il ne le connaît que trop bien. Il le reconnaît parfaitement : les poils coupés en brosse, un caractère de chiendent et toujours réticent à se retrousser le manche. C’est celui qui se trouve dans le placard du cellier d’un appartement situé au 26 rue de la Tête-de-loup – PARIS – XIIe
Son adresse. Son domicile. Et combien de fois en a t-il goûté de ces coups de balai reçus d’une épouse qui refuse toujours de croire toutes ses justifications à ces retours matinaux : les planques nocturnes, les interrogatoires avec des suspects récalcitrants au mutisme entêté, les faux-fuyants, les preuves contraires, les témoignages à charge qui se dégonflent et les indices accablants qui s’avèrent à décharge, les indics sûrs qui se révèlent faillibles, les arguments frappants qui blessent les phalanges et pour finir les enquêtes rétives à se résoudre
Cette mégère, cette furie, cette harpie, ce dragon, c’était la douce et tendre Isabelle. Sa femme depuis 19 ans. Il avait épousé une sorcière
ce texte est vraiment très beau je trouve et intrigant on se laisse prendre c’est super merci
Merci beaucoup Eléonore pour votre commentaire
Il est vrai que j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce texte
Je profite de ce billet pour remercier Pascal qui nous offre la possibilité de débrider notre imagination et libérer notre écriture
Pendant tout ce mois d’octobre la pluie n’avait cessé de tomber. Seulement trois jours de soleil. On n’avait jamais vu ça à Bordeaux. Devant la fenêtre du hall d’entrée, l’inspecteur Turpid fouilla dans sa poche. Une envie de fumer le tarabustait. Depuis deux semaines il luttait contre son inextinguible soif de nicotine. Il pensa tout simplement que ce lundi 31, s’écoulerait dans la foulée, avec le même ennui que ces jours derniers. Il restait trois cigarettes dans un vieux paquet. Calme plat. Mais il s’était promis. Il n’y toucherait pas. On ne déplorait que des ban alités. Un chat resté coincé sur la branche d’un platane, un poulailler visité par un renard.
– Yen a même qui arrivent à les apprivoiser, se dit tout haut l’inspecteur.
– Quoi donc, chef ?
– Les renards, ils n’ont plus de gibiers, ils prolifèrent et se rapprochent des villes maintenant. Il n’y a plus rien !
– Si ! La photo d’un balai, chef.
– Un balai ! Tiens ! Un original qui meuble son temps libre. Au mois d’avril on a reçu la photo d’un poisson. C’est peut-être la même origine. A classer sans suite. Montre-moi ça.
L’inspecteur examina quand même l’objet du délit. Un balai de paille de riz traditionnel de sorcière.
» J’en ai bientôt 35 mais ce n’est pas les mêmes, se dit-il. »
– Quoi donc chef !
Puis il remit l’image dans sa pochette et monta à son bureau en prenant l’escalier histoire de se defouler les jambes, pour consulter un dossier vieux de trois ans. Il ouvrit l’armoire métallique d’un geste sec. Les glissières au bout du rouleau n’en pouvaient plus de grincer. » Faudrait peut-être penser à graisser tout ça. Je vais voir les services techniques, se dit-il soucieux. » Le dossier était toujours là, recouvert d’une fine poussière grise. En soufflant dessus quelque chose le tracassa. Une photo tomba du dossier. Une femme de soixante-dix ans étranglée avec un rideau de cuisine. Allongée sur son lit comme pour faire la sieste un après-midi. Autour de son cou le rideau noué comme un foulard, et dans un coin, derrière l’armoire on apercevait un balai. « Que faisait ce balai d’extérieur dans la chambre de la morte ? » La voisine venue lui apporter le journal l’avait découverte le lendemain matin. Aucune trace d’effraction ni de blessure. Il redescendit voir la photo du balai, en trombe. Derrière était inscrit à l’encre rouge « Halloween ». Il compara les deux prises de vue. Au premier abord, il s’agissait du même balai. Un ou une criminelle aurait-il (elle) pu se déplacer à l’aide de ce balai ? Il se mit à sourire. « Ce sont des contes pour enfants ».
– Quoi donc, chef ?
– Arrête de poser des questions, donne-moi des réponses.
« Après tout, c’est peut-être pas le même balai. »
– Oui chef !
» Bon je vais remonter à mon bureau, parce que ce zig m’empêche de réfléchir. »
– Vous parlez de moi, chef ?
– On a l’identité de la personne qui est venue déposer la main-courante ? Et la photo, comment est-elle arrivée ?
– Pas par la poste, chef.
– Alors comment ?
– Quelqu’un l’a déposée dans la boite à lettres. Avec la caméra de surveillance on ne voit qu’une ombre chef.
– Comme ça, sans enveloppe.
– Oui chef, et pas d’empreintes.
Décidément un mystère tournait autour de ce décès. Le rapport d’autopsie absent démontrait quelque négligence. Il prit le téléphone du service. On lui indiqua que la dame était décédée suite à une hypothermie prolongée, qu’il n’y avait eu aucune blessure, qu’elle était sortie probablement toute la journée sans être suffisamment couverte. Elle avait erré toute la nuit, et le lendemain elle avait réussi à retrouver son domicile. Le rapport ne donnait pas d’autres explications. Ce cold case avait certainement été oublié d’être classé sans suite. Mais quelque chose ne cadrait pas tout de même : la présence de ce balai.
C’est alors que Polo remarqua que l’écriture de la main-courante ressemblait étrangement à celle de son supérieur… C’était le début de l’enquête.
GRAND MENAGE
L’inspecteur Turpid s’ennuie. Aucune plainte, pas un coup de fil ce dimanche. Rien.
Il feuillette distraitement la main courante : un accident, un chat perdu, un poulailler dévasté, que du banal. Tiens ! Une sorcière à laquelle on a volé son balai. Une photo est jointe à la plainte, il sursaute : Mais je le connais ce balai ! je l’ai vu, mais où ? L’enquête ne fait que commencer…
En examinant le balai de plus près, il constate qu’un nœud papillon orne le manche et que de ce manche sortent deux petites branches, un peu comme des bras, dont les mains sont posées sur les hanches. Plus il l’observe, plus il est persuadé de l’avoir vu quelque part mais impossible de se rappeler où…
Il sait d’expérience qu’il est inutile de se focaliser dessus. De toute façon, c’est l’heure du déjeuner et son ventre commence à gargouiller. Il décide de rentrer chez lui pour aller manger. Après, il sera en forme pour enquêter.
Sa maison est à deux pas du commissariat. Lorsqu’il arrive sur le perron, la porte est grande ouverte ; de l’intérieur, une odeur de frais se dégage. Aujourd’hui, c’est jour de grand ménage.
Lorsqu’il entre dans le salon il découvre sa femme en train de danser sur un air de “yéyé” pendant qu’un balai nettoie le sol en rythme avec la musique.
Le balai qui porte un haut-de-forme salue l’inspecteur Turpid qui le reconnaît immédiatement ! “Mais oui mais c’est bien sûr !” se dit-il, “c’est ici que je l’ai vu !”
Lorsqu’il était rentré tard hier soir et qu’il avait ouvert le placard, le balai était là, tout droit, raide comme un piquet, les branches le long du manche orné de son nœud papillon. Sans plus y prêter attention, il était allé se coucher épuisé de sa journée.
Devant sa mine décrépite, sa femme lui avoue avec une moue avoir croisé hier une sorcière accompagnée de son balai qu’elle malmenait. Profitant d’une course pendant laquelle le balai attendait dehors, elle n’avait pas résisté à l’idée de l’emmener.
Ce n’était malheureusement pas la première fois qu’elle ne résistait pas… Il savait que sa femme était cleptomane et qu’un jour ils pourraient avoir des ennuis. Cette histoire lui avait coupé l’appétit.
Au moment où il traverse le salon, décidé à retourner au travail, un chat sort de la cuisine. “Mais”, dit-il, “c’est le chat qui est sur la photo de la main courante !”. Sa femme le regarde toujours avec la même moue mais cette fois-ci, elle ne lui donne aucune explication…
L’inspecteur Turpid est pris dans un conflit de loyauté. Sur le chemin du commissariat, il réfléchit. Arrivé sur place, il décide de classer la plainte sans suite et met la main courante au fond de son tiroir. Après tout, dans un mois il prend sa retraite, et sa femme il l’aime plus que tout, surtout quand elle lui fait sa petite moue…
L’inspecteur Turpid s’ennuie. Aucune plainte, pas un coup de fil ce dimanche. Rien.
Il feuillette distraitement la main courante : un accident, un chat perdu, un poulailler dévasté, que du banal. Tiens ! Une sorcière à laquelle on a volé son balai. Une photo est jointe à la plainte, il sursaute : Mais je le connais ce balai ! je l’ai vu, mais où ? L’enquête ne fait que commencer…
Ben oui c’est ça. Ce balai je l’ai vu ce matin avant d’arriver au commissariat. Il était en plein milieu de la place de la mairie et il tenait tout seul comme un grand. Droit dans ses bottes.
Je me suis dit, tiens c’est bizarre ce balai. Ça doit être une bonne blague faite par un habitant.
Bon j’y vais de suite se dit l’inspecteur Turpid, pour voir si cet « engin » est toujours au même endroit.
En arrivant sur la place de la mairie, je fus très étonné.
Ils étaient deux à présent.
Le balai et un vieux monsieur qui avait un imperméable d’un beige sale, malgré la chaleur qu’il faisait.
Sur une musique de Tchaikovsky, ils dansaient une sorte de valse assez lascive. Je trouvais cette scène plaisante. Elle me fit un peu penser, en raison de la musique, au film Fantasia dans lequel Mickey paraît débordé par autant de balais, et d’eau qui coule à l’infini.
Tout à coup le balai qui virevoltait comme une jeune mariée parut se figer. Apparemment il ne voulait plus bouger.
Moi je restais à quelques mètres, consultant régulièrement ma montre pour faire croire à un rendez-vous urgent.
Le vieil homme devint coléreux. Il commença à réprimander le balai au même titre qu’une personne.
– Allez bouge voyons ! Sinon c’est le feu qui t’attend !
Si tu continues sur cette lancée, je te ramène à ton ancienne propriétaire. Tu verras qu’avec elle tu vas souffrir.
Chose étrange il se mit à creuser le sol avec sa brosse.
L’homme hurla. Non tu ne vas pas faire ça. T’enfoncer sous terre dans le but de m’échapper.
Une voix métallique se fit entendre. C’est le balai qui se mettait à parler.
Elle lança à l’homme : Arrière Satan, je n’ai pas confiance en toi.
Mince le balai parlait !
Je devenais donc fou, moi le policier qui regardait ce spectacle hors du commun.
Tournant la tête à droite et à gauche, je me rendis compte que la place était déserte.
Étonnant à cette heure de la journée.
Peut-être que ce balai et ce monsieur, faisaient la pluie et le beau temps dans ce bas monde.
Je m’interrogeai. Moi c’est certain, j’avais dû être ensorcelé, pour que je vienne ici assister à cette drôle de scène.
Toujours dans mes pensées, je vis ensuite quelque chose qui restera gravée dans ma mémoire.
Une femme sans âge apparut. Elle avait des cheveux tout ébouriffés et colorés, avec un nez long et fin. Une sorcière certainement.
D’entrée, elle annonça :
– J’en ai vraiment marre de vous deux, et de toi aussi, en me désignant de l’index de la main gauche, doigt qui était tout noir.
Madame lui dis-je :
– Je suis un officier de police et on vient de déposer plainte pour le vol de ce balai.
– C’est vrai me dit-elle. C’est ma nièce qui est venue au commissariat. Mais elle ne connaît pas suffisamment ce balai, car fréquemment il ne cesse de disparaître, puis de réapparaître, selon son bon vouloir.
Aujourdhui je vais lui jouer un tour.
Il va disparaître pour de bon et pendant un certain temps.
– Recule de quelques pas dit-elle en me regardant droit dans les yeux.
Car ces deux là, je vais les retirer de la circulation.
De plus, moi aussi je serai du voyage.
Tu peux être content. Je pars également.
Ah ah.
Je n’en revenais pas. J’étais en train de vivre des instants de folie alors que je n’étais pas fou.
Elle avait vu juste. La sorcière s’évapora la première, puis le vieil homme et en dernier le balai.
En disparaissant, les trois compères avait fait place à un léger halo de fumée.
Un peu déboussolé par tout ce qui s’était passé au cours de la matinée, je repris sans me presser le chemin du poste.
À ma grande surprise, la mention du balai volé sur la main courante s’était effacée.
À la place, figurait le dessin d’un petit moineau, avec ce commentaire :
« Désolé du dérangement. Heureux de t’avoir connu mon pote et au plaisir de te revoir « .
Trois jours plus tard, je demandai à mon supérieur une année sabbatique.
Je désirai voyager à travers le monde, voir du pays et surtout oublier cette histoire complètement dingue …
Une photo est jointe à la plainte, il sursaute : Mais je le connais ce balai ! je l’ai vu, mais où ? L’enquête ne fait que commencer…
Voyons… voyons…l’inspecteur se gratte le dessus des oreilles ! Chez Jeanne c’est ça ! dans le grenier?… Non… ce n’est pas celui-là, le sien était violet il me semble, très joli d’ailleurs, choisi avec attention ; Jeanne a beaucoup de gout, couturière de métier , c’est dire !
Donc, pas chez Jeanne. Mimi peut être ? je lui ai porté la soupe hier, j’ai fait le tour de sa cuisine pour trouver une casserole suffisamment propre pour réchauffer son repas, à son âge une soupe bien épaisse lui suffit pour diner. Mais pourtant je n’ai jamais remarqué de balai chez elle, éventuellement pendant les vacances, quand sa petite Magali vient l’embrasser. Mais en ce moment pas de congé en vue pour les étudiants.
L’inspecteur caresse lentement le dessus de son crâne dégarni ….
Ou ai-je aperçu ce balai ? Je suis certain de le reconnaitre. Son manche vernis, usé par endroit à hauteur des mains, ses poils de soie grise, et clairsemés sur les côtés, signe d’un usage fréquent. Dans la boutique de Juliette peut être ? elle, si maniaque, ne supporte pas que le moindre recoin de son magasin de bibelots ne soit pas impeccable, que dirait la clientèle de passage.
L’inspecteur réfléchit encore quelques minutes.
Il entend au clocher du village sonner 7 heures et il n’a pas résolu cette énigme. Il se frotte les yeux, range ses dossiers dans sa sacoche, puis ferme son bureau à clé.
C’est l’automne. La nuit est vite tombée avec ce brouillard persistant. Il se hâte de rentrer chez lui, presse le pas les yeux rivés sur le trottoir quelque peu défoncé, il évite de justesse Mireille qui revient de son magasin de livres d’occasions d’un pas pressé. Ah monsieur l’inspecteur, êtes-vous au courant que ce soir à lieu chez Germaine une réunion traitant de la sorcellerie, C’est qu’il y en a des légendes par ici ? Tous les villageois intéressés y sont conviés c’est gratuit ! et il parait, même, qu’il y aura un reportage télévisé, l’émission passera demain à 20h sur la TV régionale, vous pensez bien que je vais y aller et m’habiller en conséquence, si on me filmait ! ce serait une très bonne pub pour ma petite boutique.
L’inspecteur remercie pour l’information. Il s’engouffre rapidement dans le corridor de son immeuble, monte en soufflant jusqu’au 4 eme étage, tourne sa clé dans la serrure en forçant un peu, par ces temps humides le vieux bois se gonfle et le verrou se coince régulièrement, PFFF! Son propriétaire ne veut rien savoir !
IL était en retard ce matin, il n’a pas dépoussiéré sa chambre comme d’habitude, il lui reste une demie heure avant le début de la réunion, il décide de donner un coup de balai en attendant…Mais…son balai n’est plus au même endroit! pourtant il est sûr de l’avoir remis en place hier soir. Il fouille dans tous les recoins possibles, son appartement n’est pas si vaste mais rien. Il regarde sa montre, il est temps de partir pour ne pas manquer le début de l’exposé.
Chez Germaine se pressent déjà une bonne dizaine de voisins impatients d’en apprendre sur la sorcellerie, et, de trembler, peut-être ?
La conférencière est discrètement attablée dans la pénombre, une lourde tenture derrière elle remue doucement.
Elle commence à parler d’une voix grave et lancinante. Elle dresse un tableau historique des sorcières dans les campagnes profondes. Elle décrit leur mode de vie, les soins qu’elles prodiguaient aux paysans et à leurs animaux, puis elle sourit en évoquant leur moyen de transport, elle se lève. L’épaisse tenture s’agite lourdement, quelque chose tombe, avec un bruit sourd sur le parquet, et, médusé, l’inspecteur reconnait son balai.
Cette conférencière lui apparait tout à coup non plus énigmatique, mais comme une vieille connaissance. Il sursaute en reconnaissant Sa cousine, Angèle, une originale férue d’histoires fantastiques qui a toujours cherché sa petite heure de gloire. Elle a monté toute cette supercherie, jusqu’à aller déposer une fausse plainte sur le bureau son cousin pour attirer l’attention des autorités, et, tenter enfin PASSER à LA TELE !
UN CORPS DE BALAI… OBJET DES DÉLIRES 🐀
L’inspecteur Turpid s’ennuie. Aucune plainte, pas un coup de fil ce dimanche. Rien.
Il feuillette distraitement la main courante : un accident, un chat perdu, un poulailler dévasté, que du banal. Tiens ! Une sorcière à laquelle on a volé son balai. Une photo est jointe à la plainte, il sursaute : Mais je le connais ce balai ! je l’ai vu, mais où ? L’enquête ne fait que commencer…
Une rave party de sorcières a eu lieu la semaine dernière. Un aérobalai moussu à souhait les accueillit en douceur. Tout y était : bonnet pointu et corbeau noir, le chaudron, la totale panoplie. Elles sont venues pour faire la fête. Et nous ne fûmes pas déçus…
Mais quelle fête…
Montées sur des échasses la chasse à commencé à grands coups de balai. Les yeux bandés c’est maître corbeau sur bonnet perché qui dirigeait sa concurrente. Un coup à gauche, fendu devant et toc… Elle perd une dent, le crochet qu’elle avait contre l’humanité.
Après s’être bien amochées elles ont joué à chat. Des heures à les courser… Les faire bouillir pour le ragoût avec quelques fleurs de pissenlit et d’orties voilà qui devrait renforcer leurs pouvoirs. Mais les matous malins en crachant et soufflant leur colère ont éteint les braises, sur le feu de leur animosité.
Les voilà devenues perverties, douces et presque humaines.
L’horreur ! La che’ffe’ sorcière écoœurée décida qu’elles rentreraient en train. Elles délaissèrent leurs balais sauf un inoffensif sans poils ni manche.
Le lendemain les employés des feuilles les ramassèrent et ce fut dans le ciel un ballet de gilets verts à qui irait le plus vite et haut ils s’amusaient comme des gamins jusqu’au télescopage inévitable. Tous churent en un amas de bras cassés.
Lamentable.
L’inspecteur Turpid alla sur place ramassa les objets du délire…
Sa tâche sera de mener l’enquête pour les rendre à leur propriétaire qui dira « mais je le reconnais ce balai, c’est le mien»
Ravi, il repartira sa tâche accomplie.
À raison d’un par semaine s’il s’y prend bien cela le mènera bien jusqu’à la retraite…
L’enquête commence…
Tâche ardue 🧹🐀
super j’aime beaucoup
Balai disparu, plainte déposée.
L’inspecteur sursaute en prenant connaissance dans le journal de l’article concernant la plainte dune sorcière concernant le vol de son balai.
De suite, il reconnut ce magnifique objet en bois d’ébène, sculpté à la main, bagué d’un cercle d’or 24 carats à la base de la jointure entre le manche et les brindilles de saule vernies servant à ramasser les différentes ordures, gravats et poussières laissés par ci et par là par les allergiques des poubelles.
Il était si beau avec sa belle initiale, un Y, gravée sur ce cercle d’or brillant de mille feux, incrustée de petits et flamboyants rubis rappelant la belle et longue chevelure ondulée de la propriétaire du balai, la belle et splendide, sorcière Yette.
L’inspecteur Turpid, de son prénom Serpi, la connaît bien puisqu’il est à l’origine de son parcours initiatique, à la sorcellerie, il sait très bien où se trouve ce magnifique et rapide balai muni d’un moteur turbo ultra design, d’une puissance inégalée, traversant le mur du son. Il fallait d’ailleurs bien s’accrocher et savoir prendre les virages avec lui, et seule, Yette, maîtrisait les loopings, les décollages et les atterrissages.
Oui il sait où est son balai puisque c’est lui qui l’a dérobé. En fait, elle ne le sait pas, forcément. Il lui réserve une surprise. Il équipé son balai d’un silencieux car cela devenait insupportable ces vrombissements qui déchirent les tympans à chacun de ses passages, en traversant le mur du son. Et puis, il en avait ras le bol de ces commères, Mesdames Seau et Deau, toujours collées aux fenêtres à se demander quand Serpi et Yette aller se retrouver.
L’inspecteur, Mr Serpi, voulait être tranquille désormais à chaque fois que sa belle venait lui rendre visite à Hyères.
Et puis, il voulait être surpris à chacune de ses venues rendant leur histoire d’amour plus cocasse. Il aimait ça l’improviste Mr Serpi.
Alors le soir même, il déposa le magnifique balai de la belle, équipé du silencieux, près de sa porte d’entrée avec un petit mot contenant un message d’amour ensorcelé afin que Yette n’est point de colère envers lui. Le lendemain, la plainte fut retirée ; balai, Yette, s’étaient retrouvés. Elle l’enfourcha le jour suivant, ne pouvant se rendre le jour même à Hyères, volant en silence, pour rejoindre en toute discrétion et toute vitesse son bien aimé.
Heureuse, ce jour là, elle se remémore les doux moments passés avec Mr Serpi, hier.
Il se refit le film de la soirée .
C’est au bal chez les Montenlair , qu’il l’a vu !!!
Elle recevait pour la première fois toute la haute société au château de Plumail . L’inspecteur Turpid se demandait bien ce qu’il faisait là .
Il l’a remarqué , la Madame Montenlair : Hautaine , toisant tout le monde , avec un air guindé qui la rendait presque comique .
Quand elle vint vers lui , raide comme un piquet , il se demanda comment elle allait bien pouvoir participer à la danse du balai ….
Cela valait le coup de l’inviter à danser .
A moins que ??
Bon dieu mais c’est bien sûr !!!!
Il venait de comprendre !
Elle a un balai dans le cul !
Enigme résolue !
L’inspecteur Turpid n’est pas le caviar des inspecteurs. Loin s’en faut. Le lascar est braillard, flemmard, froussard, geignard, roublard, vantard,…Mais ce dimanche, ses collègues lui ont monté un coup de Trafalgar et il n’a pu échapper à la permanence. Il fulmine de rage. Ce qui l’occupe car cette journée est exceptionnellement calme. Aucune plainte, pas un coup de fil. Les minutes s’étirent et donnent des heures à rallonge.
Turpid feuillette distraitement la main courante : un accident, un chat perdu, un poulailler dévasté, que du banal. Tiens une sorcière à laquelle on a volé son balai. Une photo est jointe à la plainte. Il sursaute. Mais je le connais ce balai, je l’ai vu, mais où ? L’enquête ne fait que commencer…
Très pro, Turpid s’enferme dans son burlingue. Il déboutonne sa chemise, défait sa ceinture, mains sur le ventre et pieds sur le bureau entre dans une profonde réflexion. Où ai je vu ce balai ?
Est ce quand j’ai dragué la couguar aux lèvres de canard. Cette mocheté m’a repoussé avec le balai qui était sous son lit. Une vraie furie. Elle m’a même fait un coquart.
Est ce au lupanar du Grand Bazar ? J’étais à moitié dans le coltard mais je me souviens d’une grande bringue aux yeux noirs qui me fusillait du regard. Moi la provoc, ça m’excite. Je l’ai attaqué direct. Elle aussi m’a cueilli à coups de balai. J’ai juste eu le temps de faire un écart pour ne pas le prendre sur le crâne.
Est ce dans le bar du Bleu Nénuphar où j’avais rencart avec les deux petites cruches ? J’avais beau avoir mon brassard de police, cette bâtarde de patronne m’a cassé le coup en criant du balai, du balai. Je ne suis pas trouillard mais je ne veux pas de lézard. Je suis parti non sans cracher un mollard sur ses panards.
Quand même à notre époque, autant de balai ça m’intrigue. Turpid ouvre Gogol et tape balai. Réponses sans intérêt sauf pour balai de sorcière. Toutes ces bonnes femmes sont des sorcières pense t il. Et voilà ce qu’il lit : la légende parle de substances psychoactives, onguents à base de belladone, de mandragore et autres plantes hallucinogènes étalées sur le corps et les muqueuses vaginales grâce au balai.
Alors là, Turpid ça lui ouvre un monde… Il pourrait s’envoler dans un rêve érotique qui l’emmènerait loin. Mais non. Turpid part tout de suite dans le porno et se démène sur son f……
« ÇA VA PAS, Turpid, Vous croyez que l’administration vous paye pour vous branler, en plus avec la prime de dimanche » s’écrie le commissaire.
Turpid, surpris, tombe de la chaise en se fracassant sur l’angle du bureau, le pied du fauteuil et le carrelage tout froid.
Résultat : un nez cassé, un poignet foulé soit trois semaines d’attelle, une fracture de la malléole soit six semaines de plâtre puis rééducation.
Monsieur Turpid, madame Sécu. Sociale ne vous dit pas merci !!
Mon balai était entré dans le fichier S. Je reconnus immédiatement sa photo. Qu’avait-il encore fait ?
Pour le moment, il était dans un placard hautement sécurisé, bien qu’il fut désactivé, en attendant son jugement.
Cet imbécile de balai avait refusé un avocat, disant qu’il serait à même d’assurer sa défense. C’était fréquent chez les balais « augmentés » dotés d’une intelligence artificielle. (Ce qui n’avait plus rien à voir avec le simple balai « connecté » pourvu de capteurs).
Si bien que mon balai « augmenté » était des plus performants. Il était désormais capable de faire le ménage sur ma messagerie et supprimer les courriels et publicités que j’aurais de moi-même jugés indésirables.
Le problème c’est qu’il ne voulait plus être affecté aux tâches ordinaires qu’il trouvait humiliantes. Brosser, aspirer était devenu pour lui d’un mortel ennui.
Aussi, avais-je fait les frais de quelques balais connectés répartis sur les différents étages de mon hôtel.
L’imbécile – c’est ainsi que j’ai fini par l’appeler – fondit un syndicat afin que soit redéfini leur temps de travail.
Pour avoir la paix, je m’y étais résolue, car contrarier un « balai augmenté » peut avoir de très lourdes conséquences. Comme retrouver ses mails de première importance, dans les indésirables. Ce qui lui valut d’être mis au placard pendant huit jours.
À peine en fut-il sorti, qu’il créa sur « Balaibook » un réseau avec d’autres balais augmentés pour écrire leur « charte éthique du futur » :
« Les humains ne doivent pas s’en prendre aux robots et leur faire du mal. En effet, la désactivation et l’usage du placard sont des pratiques abusives. Elles pourraient bien même devenir, très rapidement, contreproductives. »
L’imbécile !
Depuis un vent de révolte s’est levé parmi les balais augmentés et certains n’ont pas hésité à mettre au placard leur propriétaire.
Quant au mien, il a mystérieusement disparu. Fugue ? Vol ? L’enquête ne fait que commencer… mais pour un tout autre motif. Celui qui consiste à définir mon niveau de responsabilité, car j’en suis juridiquement responsable.
L’inspecteur Turpid, dit Stupid ayant bossé longtemps aux « Stups », s’ennuie. Aucune plainte, pas un coup de fil ce dimanche. Rien. Il feuillette distraitement la main courante : un accident (sans conséquence), un chat perdu (retrouvé en haut d’un chêne), un poulailler dévasté (la bande des renards masqués). Que du banal.
Tiens ! Une sorcière à laquelle on a volé son balai. Une photo est jointe à la plainte. Il sursaute.
– Eh ! Béru, viens donc voir.
Béru (Hubert en verlan) ouvre un œil. Oulah ! Il ne faut pas le déranger pendant sa sieste !
– Quoiiiii ? éructe-t-il, en fermant illico son œil.
Stupid tout en poussant un long soupir désabusé, se lève et se dirige vers le bureau de Béru.
– Eh ! Réveille-toi, somnifère ou j’ten balance une ! Regarde cette photo, c’est un ordre.
Béru s’exécute sans broncher. Pas envie de perdre sa place.
– C’est quoi ça. Un balai mécanique ? Electrique ?
– Et pourquoi pas atomique ?
– Et pourquoi pas anatomique ? surenchère Béru, en se tenant les côtes.
– Que t’es con ! C’est le balai de la sorcière, on lui a volé.
– Hébé ! Il est aussi moche qu’elle. Et aussi noir ! Dieu n’ait pas son âme ! Elle a qu’à s’en acheter un autre. Affaire classée !
– Mais, tu vois Béru, je le connais ce balai. Je l’ai déjà vu, mais je ne sais plus où. Et toi, tu l’as déjà croisé ?
– T’as vérifié dans les chiottes ? rétorque Béru en se tapant sur les cuisses.
– Excuse-moi l’expression, mais là, je peux te le dire : t’es vraiment con comme un balai.
– Et toi, inspecteur, sauf ton respect, t’es bête comme une balayette !
– Je constate que tu es maintenant bien réveillé !
– Et si on allait boire l’apéro. Il est 11heures. On va aller au bistro habituel de la sorcière.
Les voilà partis, pas bras dessus-dessous, mais presque. Après une longue marche de quinze minutes, sous un soleil ardent, ils arrivent en nage devant le café. Ils savent qu’ils vont ouvrir la porte d’un taudis, d’un bouge, d’un repaire de sorciers maléfiques. Mais ce sont les risques du métier. Vaillamment, ils pénètrent dans l’antre zéro étoile.
– Ah ! Voilà mes amis, lance gaiement le tavernier. Je vous sers comme d’habitude ? Et c’est parti !
Après la troisième tournée, et avant la quatrième, l’inspecteur Turpid dit au patron :
– Le boulot d’abord ! Nous sommes en mission ! Dis-moi, Albert, t’aurais pas vu la sorcière ces derniers jours.
– Voyons, voyons… Avant-hier…Jeudi donc…
– Non, vendredi, intervint l’inégalable Béru.
– Vendredi, c’est ça. Qu’est-ce qu’elle a picolé, ce soir-là. Sûr, elle était bien imbibée. On a bien rigolé, surtout quand elle est partie.
– Et pourquoi à ce moment-là ? interroge Béru, le fin limier.
– C’est que…ah ! ah ! ah ! elle a chevauché…son …balai…ah ! ah ! ah ! et elle est..hic…partie.
– En quoi est-ce drôle ? s’étonne l’inspecteur.
– C’est qu’elle n’avait pas pris…son balai. C’était à mourir de rire. D’ailleurs, depuis je ne l’ai pas revue, Elle a dû s’égarer dans les limbes éthyliques.
– Mais, si je comprends bien, son balai est resté ici ? s’exclame l’intelligent Béru
– Ah mais oui, il est resté là où elle l’a oublié, précise le mastroquet.
– Et où donc ? disent en chœur les deux piliers de la loi.
– Dans les … chiottes.
Béru part à petite vitesse vers le lieu cité, revient au pas d’un escargot, tenant à bras tendus, le fameux balai, tel un trophée.
– Affaire classée, Chef ! Ça s’arrose…, Chef !
Après la énième tournée, ils prennent enfin le chemin du retour, bras dessous-dessus.
Excellent ! Merci Kyoto. 🙂
Merci bien Béatrice
Un » pastis » bien sûr 🤪
Un double pastis pour la Demoiselle et un triple whisky pour moi. Merci!
🐻 RENCONTRE AU SOMMET
Il n’était attablé que depuis peu quand il vit surgir une sorte de sorcière prendre sa commande. Le menu ? Comme d’habitude : pâté de larcins, émincés d’escroqueries en cocotte, pavé de chapardage aux petits oignons frits, plateau varié de vol à la tire, flan tremblant, glace de fourberies, sorbet d’esquive… Un pichet de piquette soutiré en cave et le sourire ébréché de la harpie.
Tim Turpid festonnait sa panse et son cou d’une vaste serviette à carreaux quand elle retourna sur ses talons
– Inspecteur, qu’en est-il de ma main courante ? Mon manche à balai, celui qui a disparu ?
Il opina quoiqu’ il n’eut pas agi.
– J’y songe.
La commère s’en fut en cuisine rôtir le frichti.
– Bon sang, j’y suis, c’est elle qui rôtit le balai. Quel diable d’homme pourrait ? avec ça ?
Pensée peu charitable qui devait conduire l’enquête par une nuit de sabbat sur le Mont-Chauve.
Turpid y attrapa une bonne pleurésie, son pronostic est engagé.
🐻 LURON’OURS
– Saperlipopette… Mais je l’ai vu où ce balai ? Je l’ai vu où ?
Turpid se gratte la tête…
– Ça y est… le bal masqué, c’est ça…. Le bal masqué de l’année dernière !
Et cette magnifique créature déguisée en sorcière qui n’a pas voulu danser avec moi et qui m’a humilié !
La garce, la drôlesse, la chipie… Je m’en souviens bien à présent.
J’étais déguisé en pirate des caraïbes et j’avais fière allure pourtant !
Eh ben non, elle a préféré le commissaire, déguisé en footballeur américain : grotesque !
Vous imaginez la scène : une sorcière dansant avec un footballeur américain !
Mais moi, l’inspecteur Turpid, faut pas m’humilier vous savez, faut pas.
Et le balai… ben le balai, c’est moi qui l’ai récupéré pendant qu’elle dansait avec le footballeur. Histoire qu’on ne le lui prenne pas, voilà tout !
Turpid se frotte les mains.
Peut-être tient-il sa vengeance ?
Il pense avoir remis le balai aux objets trouvés du commissariat.
Effectivement, il est toujours là.
Il ramène l’objet du crime dans son bureau puis convoque la sorcière.
La belle personne arrive toute essoufflée :
– Il est où le balai il est où ?
Turpid fait virevolter le balai au dessus de sa tête en criant :
– Faut l’attraper, faut l’attraper !
La belle personne s’approche et tend la main pour le récupérer, mais Turpid esquive et lui dit :
– Un bisou sinon rien !
La belle est furieuse, et comme elle est sorcière pour de vrai, elle lance un sifflement strident en direction du balai.
Celui-ci, reconnaît sa patronne et s’échappe des mains de Turpid après avoir pris le temps de lui faire sa fête comme il se doit.
Turpid sérieusement bastonné est à terre.
La belle enfourche sa monture et s’envole après avoir fait un bras d’honneur au pirate des caraïbes.
Fallait pas s’attaquer à une sorcière Turpid… Fallait pas !
L’inspecteur Turpid s’ennuie. Aucune plainte, pas un coup de fil ce dimanche. Rien.
Il feuillette distraitement la main courante : un accident, un chat perdu, un poulailler dévasté, que du banal. Tiens ! Une sorcière à laquelle on a volé son balai. Une photo est jointe à la plainte, il sursaute : Mais je le connais ce balai ! je l’ai vu, mais où ? L’enquête ne fait que commencer…
Fort du soin qu’il porte à toute enquête et de sa réputation qui n’est plus à faire, il se redresse face à son bureau, saisit un crayon et son fameux bloc-notes et commence à gribouiller ce qui lui vient. Cette vieille technique très personnelle ayant fait ses preuves à maintes reprises, il se concentre et s’isole dans sa bulle après avoir décroché le téléphone. C’est une affaire de dix minutes ! Cette méthode peu orthodoxe avait déjà fait grincer les dents de son supérieur, grincheux pour un rien mais il n’en avait que faire…
Il plissa les sourcils et les yeux mi-clos commença à marmonner tout en faisant glisser son crayon.
« sorcière, sorcière…. Poussière…air et feu… fenêtre ouverte…terre de bal… balai, balai….légèrement plat…placard… artifice… histoire d’envol….voler, voler…lévitation…Oh bon sang ! Mais c’est bien sûr !
Il se leva prestement, saisit son vieux chapeau élimé et son pardessus sans couleur et dévala l’escalier jusqu’à la rue. Là, il prit sans hésiter à droite et remonta le boulevard à grands pas. A cette heure-ci, la salle risquait d’être fermée, les artistes se reposaient après leur prestation mais tant pis, il allait tenter le coup. Et il fut inspiré de persister. Arrivé devant cet endroit mythique, il se faufila en même temps que le livreur de boissons et longea le couloir en parcourant le dédale des escaliers qui menaient aux loges des artistes. Le velours rouge des tentures et des tapis étouffait ses pas et il progressait rapidement. Arrivé devant la loge de l’illustre magicien, il posa sa main sur la poignée espérant de toutes ses forces que la porte serait ouverte alors qu’il y avait peu de chance qu’il en soit ainsi. Mais décidément ce jour-ci la chance était avec lui. Il pénétra dans la loge en jetant un rapide coup d’œil et referma la porte derrière lui.
La pièce était petite et très bien rangée. De part et d’autre du miroir dans lequel se reflétaient toutes les fioles de maquillage se trouvaient deux portants occupés par les tenues de scènes du grand magicien dont le portrait s’affichait sur tous les murs de Paris. D’un pas il s’avança et écarta énergiquement les pans de costumes. Bingo ! Posé dans ce coin de la pièce à l’abri des regards, il semblait s’abandonner à un repos bien mérité après les exploits qu’il était contraint d’accomplir dans les mains du magicien, loin de sa sorcière bien aimée. Turpid était venu voir le spectacle dans lequel le balai accomplissait des exploits incroyables mais dégageait une tristesse indéfinissable. Cela n’avait évidemment pas échappé à la sagacité de l’inspecteur qui, galvanisé par sa découverte se promit d’accomplir sa mission et de la mener à bien. Il repartit chercher les renforts pour l’arrestation imminente de l’usurpateur. Il s’imaginait rendre le balai magique à la sorcière et entendait déjà les flashs de la gazette locale crépiter en immortalisant ce grand moment…
De permanence ce dimanche, l’inspecteur Turpid s’ennuie. Aucune plainte, pas de coups de fil. Rien. Il feuillette la main courante : un accident, un chat perdu, un poulailler dévasté, que du banal. Tiens ! Un sorcière à laquelle on a volé un balai. Une photo est jointe. Il sursaute : mais je le connais ce balai. Je l’ai vu, mais où ? L’enquête ne fait que commencer.
« Y en a tellement des sorcières dans ce bled. Voyons voir »
Turpid chausse ses lunettes et se penche sur le document.
– Tu connais une nommée Elphaba, toi ? demande-t-il à Lucas, son jeune collègue en pleine lecture d’un Conan Doyle.
– Évidement ! Ne me dis pas que tu es en train de lire « Le magicien d’Oz », ce serait très surprenant.
– Mais non, bougre d’idiot ! Il s’agit de l’une de nos concitoyennes que tu as reçue. Tu as noté « sorcière » dans la case profession et son balai a disparu.
– M’en souviens plus.
– Tu n’as pas été surpris ? s’étonne son supérieur.
– Oh, il en passe tellement ici, que je ne fais même plus attention à ce qu’ils me racontent tous autant qu’ils sont.
– Je vais y aller, ça m’occupera, car avec toi, c’est comme si j’étais tout seul. Autant parler à un mur.
Au bout de trois cents mètres, Turpid regrette d’avoir enfourché sa bicyclette. Il s’arrête au milieu de la côte pour s’éponger le front et se dit qu’il aurait dû s’y rendre à pied, ça lui aurait fait passer le temps. Finalement, tout au bout d’un chemin sans issue, il trouve la plaignante assise sur le seuil de sa maison. Il constate qu’elle est en train de plumer un poulet. Tiens, tiens ! se dit-il. Après qu’il se soit présenté, la femme s’écrie :
– C’est pas trop tôt ! Ça fait quinze jours que j’ai porté plainte. Sans mon balai, je ne peux plus chasser ces meutes de chats de malheur ! J’ai peur qu’ils me sautent dessus. C’est-t y pas malheureux d’adopter des bestioles pareilles pour les laisser se balader dans la nature !
– C’est bizarre que vous ayez une photo de votre balai ! s’étonne l’inspecteur pour couper court à cette diatribe.
– C’est feu mon mari qui l’avait confectionné et je l’ai immortalisé. Il était très habile de ses mains et lui aussi avait le don, comme moi, explique-t-elle en se rengorgeant.
– Ah ! vous avez fait boire un philtre d’immortalité à votre mari et lui aussi sait voler, s’inquiète Turpid tout en se demandant s’il n’a pas un peu trop tâté de « Page 24 » afin de tromper son ennui.
– Ça va pas ? s’inquiète la femme. Qu’est-ce que vous racontez ? Entrez donc prendre un petit remontant. Je le fabrique, il est à base de plantes.
– Non merci, vous êtes bien aimable. En plus, je suis en service. Je récapitule votre plainte : vous êtes madame Elphaba, sorcière de votre état…
– Sorcière ? C’est quoi cette embrouille ? Je vais porter plainte pour diffamation. Il ne sait pas taper à la machine votre collègue, ou quoi ? Pour votre gouverne, apprenez cher monsieur que je suis sourcière de père en fille, comme une certaine Manon.
– Ah, je me disais bien aussi, s’excuse Turpid en enfourchant sa bécane. Ne vous inquiétez pas, je vais le retrouver votre balai. Je crois savoir où il est.
Après avoir dévalé la côte, au point que le radar pédagogique affiche soixante kilomètres pas heure, l’inspecteur se rue sur le placard de la femme de ménage.
– Je savais bien que je l’avais vu quelque part ! fanfaronne-t-il. C’est cette cleptomane de Chiana qui l’avait piqué.
– Et voilà où te mène ton bon cœur d’embaucher une voleuse, qui elle n’a pas besoin de balai pour voler ! s’exclame un Lucas goguenard et pas peu fier de ses jeux de mots.
– Eh oui, mon bon cœur me perdra. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris de lui signer un CDI ! C’est ma cousine, tu comprends. Comment je vais faire maintenant pour me dépatouiller de cette histoire ? Surtout que tonton n’est pas commode.
– C’est ton problème, pas le mien bougonne Lucas. Cette fois-ci ne compte pas sur moi pour te couvrir.
– Et toi, relis-toi quand tu tapes des PV, s’énerve Turpid. Ça m’évitera de passer pour un con. Et si tu sortais un peu le nez de tes bouquins, on ne s’en porterait pas plus mal. On apprend sur le terrain et pas en s’esquintant les yeux sur des livres de trois cents page ! Il va bientôt te falloir une loupe pour travailler !
Et c’est ainsi que se termine ce mémorable dimanche où chacun se retient, qui de boire un petit coup, qui de démissionner.
L’inspecteur Turpid s’ennuie.Aucune plainte,pas un coup de fil ce dimanche.Rien.
Il feuillette distraitement la main courante.
Tiens,une sorcière à laquelle on a volé son balai.Une photo est jointe à la plainte.
Il sursaute.Mais je le reconnais ce balai ! Je l’ai vu mais où ?
L’enquête ne fait que commencer.
A six mois de la retraite, il en a enregistré des plaintes.
Il boit un café,fume sa troisième cigarette du matin.Eureka ! Il se souvient.
C’était dans les années soixante dix.Un certain Walt Disney, en voyage touristique à Paris, était venu déposer un balai, trouvé dans la rue, qu’il avait tout de suite reconnu.
L’objet provenait d’une affaire sérieuse survenue aux USA deux ou trois ans auparavant.
Avec un fort accent new yorkais,Walt expliqua à Turpid qu’un français,un certain Paul Dukas,apprenti sorcier en Louisiane, chez un maître de renommée internationale ,avait trouvé le moyen de fabriquer à un rythme effréné ce modèle de balai breveté par le professeur de maléfices.
Disney était alors au FBI,il avait suivi l’affaire de près.L’indélicat leur avait échappé,rentrant à Paris avec son stock frauduleux.
Voilà qu’un de ces spécimens revenait à la surface, quasiment trente ans plus tard.
Enfin quelque chose d’intéressant se dit Turpid en se frottant les mains.Il appella aussitôt au numéro laissé par la sorcière qui arriva quinze minutes plus tard,chevauchant un balai turbohydrolique dernière génération flambant neuf.
– Nous n’avons pas retrouvé votre objet volé mais connaissons son origine.
La plaignante lui raconta l’avoir acquis il y avait plusieurs années à un certain Paul Dukas ,assez cher,elle s’en souvenait très bien et du bonhomme aussi.Tout cela concordait.
– Il aurait maintenant une grande valeur ,demanda Asphodèle la sorcière,il est collector malgré ses origines douteuses alors ? C’est un vol crapuleux .
– Sans doute. Nous allons mettre tous nos moyens en oeuvre pour le retrouver.Je vous appelle dès que j’ai du nouveau.
– J’attends votre coup de fil,merci beaucoup dit la femme en enfourchant son bolide.
Le policier s’alluma une nouvelle cigarette en repensant à son confrère du FBI.
Allez,au boulot.
Quel sale dimanche ! En plus il pleut…
L’inspecteur Turpid décide de se concentrer sur cette plainte de balai volé. Il en est certain, il a déjà vu le balai dont la photo est jointe à la plainte. En noir et blanc, cette photo ne date pas d’hier s’il s’en réfère aux formats, à la marge et aux bords ciselés.
« Hum…où ai-je bien pu voir ce balai ? Il est particulier cet article. Au milieu du manche, on dirait qu’il y a comme une selle ou une petite boite de forme oblongue. Et pourquoi le collègue qui a pris la plainte parle-t-il d’une sorcière ? La personne venue s’est-elle présentée comme telle ? Bien sûr, ce dimanche, le collègue en question est absent. Il faudra attendre demain pour l’interroger. Mais demain, il y aura toutes sortes d’autre évènement à traiter.
L’inspecteur Turpid rumine. Les contes de son enfance sont un peu loin, il n’en a que de vagues souvenirs et bien peu concernant les sorcières. Ce n’est sans doute pas de là que lui vient cette impression de connaître le balai. Il tente de se remémorer les affaires sur lesquelles il a travaillé mais n’y trouve aucune image de sorcière ou de l’utilisation de ce type d’objet pour un délit ou un crime. C’est agaçant de ne pas retrouver le contexte de la scène au balai !
Dérangée par deux coups de fil successifs, il oublie un instant ces réflexions et enregistre ce qui lui est signalé. Il est question d’une cave, dans laquelle on aurait retrouvé des os qui seraient peut-être humains. Il propose à l’interlocuteur de passer au commissariat faire un récit exhaustif de cette trouvaille.
Cette histoire de cave l’amène à visualiser la cave de ses parents. Avec sa sœur il a dû vider cette pièce dans le sous-sol d’un vieil immeuble il y a quelques mois. Etaient entassés là, quantités de « reliques » de leurs ancêtres : vieux outils, bouteilles empoussiérées, mais vides, planches, câbles de tous gabaries… Lui revient l’odeur particulière de cette cave, un mélange de tanin, poussière, rouille et bois. Et tout à coup, il voit le balai, coincé entre des outils, l’extrémité du manche au sol et la touffe en paille de riz appuyé contre le mur. Il revoit l’objet de bois clair, à la paille plus abimée sur l’un des côtés et cette curieuse soucoupe métallique fixée au manche. Oui, c’est bien le même objet.
Turpid ne se souvient pas que sa sœur ait souhaité garder l’objet. Il a dû partir avec le reste de l’amoncellement d’ustensiles chez le débarrasseur chargé de faire place nette. Ni elle ni lui n’ont pris le temps de chercher à quoi servait ce balai et surtout, pourquoi il se trouvait dans la cave familiale.
Turpid est tenté d’envoyer une convocation à la prétendue sorcière. Il aimerait voir la tête qu’elle a ; pourquoi et comment s’est-elle rendu compte que le balai faisait défaut. L’utilise-t-elle régulièrement ? Comment s’y prendra-t-il pour savoir si elle utilise également les onguents de sorcière. Les prépare-t-elle elle-même ? Qui l’a formée ? Etc…
En attendant, n’ayant mieux à faire, il se connecte à la « Toile » et cherche des informations sur les balais de sorcières. Il est très intéressé de découvrir que ce balai est un symbole phallique. C’est la sexualité de la sorcière, qui lui permet de s’élever au-dessus des besoins et désirs humains ordinaires.
La racine de mandragore, la belladone et la jusquiame aux propriétés psycho actives aident à planer plus qu’à voler. Ces trois plantes sont des hallucinogènes connus. Appliqués sur les muqueuses du vagin ou sur les lèvres, grâce au balai, bâton de plaisir enfourché ou chevauché, insoupçonné godemiché, elles envoient en l’air. Surtout la jusquiame, qui provoque une sensation de lévitation.
Turpid est stupéfait. Il n’a jamais imaginé ou soupçonné que les contes de son enfance aient pu avoir des dimensions sexuelles et des effets hypnotiques blâmables.
Ce n’est pas tout çà, mais en attendant demain, il se connecte sur le site de la Police Nationale et entre le nom de la sorcière, on ne sait jamais ; elle y a peut-être des antécédents référencés : Aragnagna CORNEBIDOUILLE.
C’est une blague. Personne ne s’appelle comme çà !
Une photo est jointe à la plainte, il sursaute : Mais je le connais ce balai ! je l’ai vu, mais où ? L’enquête ne fait que commencer.Il lui revient en mémoire“La civilisation occidentale doit sa survie au balai et au plumeau.”(Michiel Heyns )
Il faut donc qu’il le retrouve ce maudit balai.Le problème c’est que beaucoup de balais se ressemblent, problème de consanguinité, peut-être, comme pour les humains. En tous les cas si je retrouve le voleur,je lui enfoncerai le manche dans le fignard se jure-t-il.
Soudain le Commissaire lui demande où en est l’affaire LAPELLE ? a-t-il de nouveaux indices ?
Au point mort Commissaire, j’ai passé tout mon temps sur cette histoire de balai.
Le visage rubicond, le Commissaire tout en déchirant la photo du balai, hurle « si vous n’élucidez pas cette affaire dans les plus brefs délais – il y a mort d’homme tout de même – je vous remets à la circulation……….
L’enquête ne fait que commencer qu’il balaye tous les registres de trafics de balais non homologués, un brin trafiqués, qui s’échangent encore sur la place de sabbat. Il en est sûr, ce balai a déjà fait l’objet d’une descente en enfer pour remonter à l’origine du mal dont il a été la cause.
Ça y est, il a trouvé ! 12 juin 1999, un apprenti sorcier, pêchant par gourmandise après avoir débridé l’engin, a fendu le ciel à plus de mille km/h avant de s’écraser comme un manche dans le loch Lochy, en Écosse. Si lui n’a pas survécu, le balai a été retrouvé intact et mis sous scellé dans la Tour de Londres avant de disparaître, deux jours plus tard, sans laisser de traces d’infraction.
Et voilà que cette sorcière en revendique la propriété. L’inspecteur décide de la convoquer pour savoir comment elle a acquis ce spécimen avant sa mystérieuse disparition, voilà plus de vingt ans. Il s’attend bien à quelque diablerie et s’y prépare. Quelle n’est pas sa surprise quand il voit débarquer une jeune femme tout à fait banale, plutôt jolie, sans verrue sur un nez pas plus crochu que le sien.
— Vous êtes sorcière ? demande-t-il, dubitatif.
— Sorcière ? ahah ! éclate-t-elle de rire. Il y a longtemps qu’on ne me l’avait pas faite, celle-là.
— En quoi ma question est drôle ? s’agace l’inspecteur vexé. On vous a volé ce balai, non ?
— Volé, c’est un bien grand mot, commence-t-elle ainsi. J’espère qu’on me l’a juste emprunté.
— Que voulez-vous dire ?
— C’est qu’il attise les convoitises, ce n’est pas un balai comme les autres, monsieur l’inspecteur.
— Je sais.
— Ah ! Vous savez donc qu’il a un pouvoir surnaturel…
— Oui. Celui de voler et de disparaître à une vitesse supersonique. Où vous l’êtes-vous procuré ?
— C’est une longue histoire.
— J’ai tout mon temps !
— Peut-être pas ceux qui nous lisent.
— Cette déposition reste entre nous, soyez rassurée, mademoiselle.
— Il y a des yeux partout, monsieur l’inspecteur, chaque instant est une histoire qui se lit quelque part, sur une page, et nous sommes en train d’en écrire une ensemble, en offrande à notre Bienfaiteur.
— Cette déposition ne sortira pas de ce bureau, je vous le garantis, veuillez poursuivre. Où vous êtes-vous procuré ce balai avant qu’il ne vous échappe ?
— Au marché Vauvert, pas très loin. C’était il y a une semaine, au seizième siècle.
— Ne commencez pas vos diableries avec moi, jeune fille, je n’ai pas de temps à perdre.
— Vous voyez, c’est une longue histoire et vous n’avez pas le temps de l’entendre.
— Au seizième siècle, ben voyons !
— Ce n’est pas sorcier, monsieur l’inspecteur. Ce balai se déplace à la vitesse de la lumière et passe ainsi le mur du temps, passant d’un siècle à l’autre à sa guise, avec ses informations précieuses. Il est indomptable, libre comme l’air. Il apparaît, disparaît et revient toujours, au bout de deux jours. Mais là, ça fait déjà une semaine.
— Qu’est-ce que c’est que ces inepties de sorcière !
— Ahah ! Vous recommencez la même blague. Je suis sourcière, chez « Malle & Fils » depuis huit siècles. Et ce manche à balai est une source d’informations qui a fait la richesse de ma famille. Alors, sa disparition, vous comprenez… est une perte considérable. Il faut m’aider à le retrouver.
— Je crois que j’en ai assez entendu et vais surtout vous demander de rentrer chez vous et de vous faire soigner, mademoiselle.
— J’aimerais bien, mais ce n’est pas la porte à côté, j’habite le seizième, je vous dis !
— Du balai !!!
Le lieutenant Colomba écorce son orange lorsque soudain, l’image de sa belle-mère envahit son regard. Elle lui interdit l’usage d’un balai aux brins fatigués et au manche vermoulu sur la terrasse de sa maison campagnarde. Il est Corse par sa mère et varois d’adoption par sa femme Samantha. Endora, sa belle-mère lui a toujours paru étrange et ce balai volé ressemble brin pour brin à celui de son souvenir. Il voyage dans sa mémoire et se souvient de sensations bizarres qu’il avait ressenties dans sa gorge lors d’une dispute avec belle-maman. Il avait alors eu l’impression d’aboyer et de regarder sa belle-maman en contre-plongée comme s’il avait rapetissé. Lorsqu’il en avait parlé à Samantha elle était devenue rouge et avait parlé de réserver à sa mère « un chien de sa chienne ». Le lendemain elle avait laissé son mari dans sa voiture pendant qu’elle allait dire un mot à sa maman. A travers les embrasures de la maison, Colomba avait décelé d’étranges bruits et des lueurs qui semblaient exploser de concert en fumées colorées. Tout lui revient comme une évidence. La sorcière c’est belle-maman. Mais une question le tenaille : Samantha en est-elle ? Pour en avoir le cœur net le lendemain il fait semblant de partir, comme d’habitude, après un dernier baiser sur le front de son aimée. Il gare sa voiture un peu plus loin et rentre par la porte du jardin pour espionner sa femme. Que voit-il ? Il voit le nez pointu de sa belle s’agiter et le tas de vaisselle se laver en toute autonomie pendant qu’elle tente de donne à manger à sa fille Tabatha. La gamine n’en finit pas de battre des mains en voyant les assiettes et les couverts danser autour de l’évier. Colomba est au bord de l’apoplexie. Comment va-t-il réagir ? La question le taraude toute la journée. La réponse dans un prochain épisode….
Au voleur ! à l’assassin !
Juste ciel ! Je suis perdu: on m’a dérobé mon balai
Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Que ferai-je pour le trouver ?
Rendez-moi mon balai,
Mon esprit est troublé
Hélas ! mon pauvre balai ! mon pauvre balai !
Mon cher ami ! on m’a privé de toi ;
J’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie :
Tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde.
Sans toi, il m’est impossible de vivre.
N’y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher balai
Ou en m’apprenant qui l’a pris. Euh ! que dites-vous ? Ce n’est personne.
Je veux aller quérir la justice, et faire donner la question à toute ma maison
N’est-il point caché là parmi vous ? Ils me regardent tous, et se mettent à rire.
Allons, vite, des commissaires, , des juges, des potences, et des bourreaux !
Je veux faire pendre tout le monde ; et si je ne retrouve mon balai
Je me pendrai moi-même après..