539e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

Au village, tout le monde savait qu’il ne fallait pas s’aventurer sur le Chemin du Pougnon
avec le moindre sou en poche.
Sinon, on pouvait s’attendre à tout.
Un nouveau venu, ne croyant évidemment pas à de telles sornettes,

s’y engagea par bravade, de la monnaie plein les poches.

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Ces exercices inédits d’écriture créative n’apprennent pas à écrire, ils enflamment l’imagination. Le but est de vous conduire vers les ressources imaginatives qui somnolent en vous. Après quoi, vous décidez de mener le projet d’écriture qui vous convient : nouvelles, roman, etc.

Est-ce que mes pensées ressemblent à celles de la veille ?
Ce sera le thème de la conférence de Pascal Perrat sur Facebook.
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36 réponses

  1. Michel-denis Robert dit :

    Au village, tout le monde savait qu’il ne fallait pas s’aventurer sur le chemin du Pougnon avec le moindre sou en poche. Sinon, on pouvait s’attendre à tout. Un nouveau venu, ne croyant pas évidemment à de telles sornettes, s’y engagea par bravade, de la monnaie plein les poches. On lui avait dit, tu vas te retrouver nu comme un ver. Mais il ne crut qu’à sa bonne étoile puisqu’elle avait toujours été généreuse pour lui, sa tante Olga. Aussi, il entra dans ce manège comme dans un jour de fête, exactement comme dans le train fantôme, sachant qu’il ne se laisserait pas émouvoir par une quelconque émotion de pacotille. Les villageois gardent en mémoire des moments de délire intenses passés dans ce train.

    Entre temps, un changement de programme était intervenu. Cela avait donné lieu à joutes oratoires houleuses, lors du conseil municipal de ces derniers mercredis. Au bout d’une année de pourparlers, la direction de la nouvelle attraction remplaçant le train fantôme avait obtenu les autorisations pour s’installer sur la place jouxtant l’ancienne tourbière. Le « Chemin du Pougnon » fonctionnant sur les mêmes principes que le train, récupérait ainsi la mauvaise réputation dont « bénéficiait  » ce lieu fréquenté autrefois par des malfrats qui se repliaient ici, dans cet endroit reclus, je vous parle de la bande à Pougnon. On se souvient que cette clique de voleurs motorisés, sans vergogne, délestait les bourgeois de leur fortune, dans les années quinze-vingt.

    Quand Simon arriva au guichet, en échange de sa carte bleue, on le coiffa d’un casque de réalité virtuelle. Je suis un homme augmenté dans tous les sens du terme, la bouche, le nez, les yeux, les oreilles, annonça-t-il à l’animateur. Touchez pas au grisbi, répondit celui-ci. Le film se jouait tout de suite après le billet d’entrée. La partie commençait par une mise en bouche, dix minutes de foot. A chaque but marqué, on lui prélevait 10 euros sur sa carte ! Ensuite, il entrait sur le practice de golf, encore dix euros à chaque trou gagné. Parfois, la balle étant déviée par le vent, il avait droit à une pénalité de 5 euros. Le clou du spectacle, c’était cette bagarre à la Kalach, en plein centre-ville. N’y touchez surtout pas ! C’était précisé sur l’écran. Mais la tentation, trop forte, il fallait vite détrousser les pauvres gens terrorisés. La morale, c’était qu’il n’y avait pas de morale à cette histoire. 50 euros par couple exterminé.

    – Bravo, Monsieur Simon, lui dit-on à la sortie, vous établi un recors !
    Effectivement, il avait marqué 10 buts au foot, réalisé le meilleur score des 16 trous au golf, et éliminé les 35 couples en ville.
    – Bingo ! Je vais pouvoir raconter ça à tante Olga, heureux et fier !
    …/…
    Dis ans plus tard, il se demandait toujours pourquoi Tante Olga l’avait déshérité.

    • Merci pour votre texte Michel-Denis Robert. Je n’ai pu m’empêcher d’y voir toute une allégorie de ce « FOU-tur » transhumaniste — nouveau «train fantôme» — qui nous détroussera davantage de notre humanité pour des « paradis artificiels .

      • Michel-denis Robert dit :

        Merci Béatrice pour votre commentaire. La dégringolade s’accélère mais aussi, il y a heureusement des volontés positives qui contre-balancent le mouvement descendant.

  2. Dominique PORHIEL dit :

    Moi, je suis le commissaire Pognou. Je suis arrivé dans la région de Friquetout en début d’année, quasiment « pour Pâques ».
    Un week end de trois jours ! sympa ! … Ah ben, tu parles d’une fête !
    Le lendemain de mon installation, « installation » c’est un mot un peu pompeux quand on considère la minuscule chambre que j’occupais alors dans un hôtel tout aussi minuscule et au confort minimaliste lui aussi ; le lendemain donc, mon téléphone se mit à sonner à une heure tout à fait incongrue.
    Après avoir fait semblant – j’arrive assez bien à me duper moi-même – de ne pas l’entendre puis de ne pas l’écouter, je me suis obligé à consulter les trois messages qu’il recelait.
    Messages ! Non ! Injonctions plutôt !
    Il me fallait me rendre tout petit déjeuner cessant au sud du village ; dans le petit chemin de Pougnon.
    Mes collègues m’y attendaient déjà ! Enfin ! « collègues », je ne les avais pas encore rencontrés.
    Sympa pour faire connaissance ! Parce que j’imaginais bien que déranger un commissaire, dans ces conditions là, à cette heure là, un jour comme çà … il devait y avoir matière ! … A quoi ? … je ne savais pas encore ; mais je pouvais imaginer : un accident, un suicide, un cadavre presque certainement peut être même plusieurs, allez savoir !
    En guise de p’tit déj’ …
    Ah ben j’ai su !

    Quand j’y suis enfin arrivé, parce que bien évidemment, le chemin de Pougnon n’existe que sur certaines cartes et encore ! … j’ai eu l’impression que toute la population s’y était donné rendez-vous, un jour de Pâques … à l’heure de la grand messe …
    Des hommes, des femmes, des enfants, le curé même.
    Et tous ces gens parlaient, parlaient, se prenaient à témoin, semblaient s’interroger, s’interpellaient.
    Bon enfant, tout ça !
    Les collègues s’étaient avancés vers moi, un peu timides, un peu embarrassés, un peu gênés ….
    En quelques mots, j’appris donc que le nouvel instituteur, faisant fi de toutes les recommandations qui lui avaient été faites, s’était aventuré dans le chemin de Pougnon avec quelques pièces dans sa poche puisqu’au printemps, ne dit-on pas que lorsqu’on entend le coucou pour la première fois, muni de quelques sous, on sera riche toute l’année.
    Alors voilà, il avait pris deux-trois pièces et était parti avec son chien.
    Celui-ci en voulant déterrer un os ou autre trésor, avait creusé au pied d’un arbre et … une cascade de pièces avait coulé au pied du chêne que nous observions tous maintenant.
    Dans l’immédiat, nul ne sût qui récupérerait cette avalanche mais une chose venait de frapper Friquetout : quelqu’un avait lancé cette légende pour mieux cacher son magot et tous se répétaient, depuis des décennies, une légende stupide !

  3. Urso dit :

    Au village, tout le monde savait qu’il ne fallait pas s’aventurer sur le Chemin du Pougnon avec le moindre sou en poche. Sinon, on pouvait s’attendre à tout. Un nouveau venu ne croyant évidemment pas à de telles sornettes, s’y engagea par bravade, de la monnaie plein les poches.

    Jim, encore jeune et sportif, s’élança comme pour une course de 100 mètres.
    A travers les sentiers du bois, il courait courait, allant jusqu’à oublier le défi qu’il s’était lancé.
    Les oiseaux perchés sur leurs branches et les autres animaux qui le voyaient dévaler, se demandaient quel était cet énergumène.

    Trois écureuils qui le suivaient depuis un moment, se demandaient d’où venait ce cling cling continu que faisait l’homme en courant.
    Eurêka fit le plus vieux tout en se déplaçant. Ben oui c’est çà.
    Encore un qui a pris le parti d’entrer dans notre domaine, avec des sous.
    Ah tu exagères lança un autre. Cela fait des années qu’aucun humain n’est venu ici avec son épargne.
    Aïe aïe répliqua le troisième.
    C’est certain ils vont dans quelques minutes lui faire la fête.

    Lui, notre homme, continuait à courir presque sans fatigue.
    Sa vitesse n’était plus celle du début.
    Maintenant il regardait les feuillages, s’étonnait de la présence de mousse sur les arbres et respirait à pleins poumons, les bonnes senteurs de la nature.

    Tout à coup des oiseaux s’envolèrent haut dans le ciel.
    Ils avaient été effrayés par des éclats de rires vulgaires et le bruit de tronçonneuses en action.
    Le jeune coureur, ne s’inquièta aucunement de ce vacarme.
    Pour lui, c’était simplement des hommes qui étaient en train travailler et de couper du bois.

    La réalité fut autre. Après quelques mètres, il se trouva en présence de gros malabars qui lui faisaient signe de stopper.

    Voilà j’y suis. Les villageois avaient donc raison. Le cliquetis des pièces que je transporte a fait sortir les « loups » du bois.

    Celui qui paraissait le chef, lança au coureur :
    Grâce à nos espions, nous savons que tu as de l’argent sur toi.
    Vide donc tes poches et montre nous également le contenu de ton sac à dos.

    Le coureur obtempéra.

    Le chef des malabars fut très étonné.
    Le jeune avait déposé à terre son trésor :
    Des clochettes de chocolat, qui expliquaient le cling cling entendus par les trois écureuils.
    Et aussi de la monnaie en chocolat provenant de ses poches.

    Ben oui fait-il. C’est bientôt Pâque.
    Alors je me suis dit que si je rencontrais des amis après le Chemin du Pougnon …

  4. Bernard Pauchant dit :

    Pablo a quitté son village. La vie est bien difficile à El Ponio pour ce jeune homme qui a tout juste 16 ans. Il fait ce qu’il peut pour aider ses frères plus jeunes, pour seconder sa mère qui prend de l’âge. Il joue autant qu’il peut avec Ignacio, le petit dernier qui n’est jamais tant heureux que quand il joue au foot avec lui. Parfois il l’emmène au bord de la route qui passe près du village. Ils regardent tous les deux passer les belles voitures dont les pare- chocs étincellent au soleil. N’y a-t-il donc aucune justice ? Devra-t-on toujours se contenter d’un monde où certains ont tout et d’autres rien, où les hommes sont malades les uns parce qu’ils mangent trop, les autres parce qu’ils ne mangent pas assez ? Le soir, sur le pas de la porte, jeunes et vieux se racontent des histoires : là-bas, quelque part au Nord, la vie est facile, la richesse est à la portée de tous ceux qui s’en donnent la peine. Il suffit d’être un peu courageux, un peu persévérant, de ne pas rechigner à la tâche. Tous ceux qui ont l’âge de Pablo ont envie de tenter l’aventure. Le Père Alexandro, à la messe du dimanche, les met en garde : « Méfiez – vous. Vous ne savez pas ce qui vous attend si vous prenez le chemin qui traverse la forêt et va jusqu’au grand fleuve qui nous sépare de l’autre monde ». La Madre, submergée par l’angoisse, les vieux du village pensent comme lui et acquiescent. « On sait ce qu’on a, on ne sait pas ce qui nous attend. Méfie-toi, Pablo. As-tu assez d’argent pour le voyage ? Tout ça, ça se paye ». Pablo ne veut pas les entendre. « Je vais y aller, comptez sur moi. Je vous enverrai de quoi vivre mieux et un jour je reviendrai ». Pablo compte les pièces qu’il a gardées depuis son enfance dans une vieille boîte de café toute rouillée. Il compte et recompte les escudos. Pas de doute il n’y en a pas assez. Comment faire ?
    Un matin, en douce, Pablo quitte la cabane de planches et de tôles qui l’a vu naître et s’engage dans la forêt, il se fraie un chemin entre les fougères arborescentes puis traverse un désert de cailloux, sur lequel se dressent des colonies de cactus candélabres. Il arrive à San Bernardo. Là, il essaie d’abord de trouver à manger puis de gagner quelques pièces. IL reste des heures à tendre la main au bas de l’escalier de la cathédrale, en suivant le cours du soleil pour rester un peu à l’ombre. Rares sont les passants qui lui donnent une petite pièce, la plupart du temps, ils ne le regardent même pas comme s’ils avaient honte. D’autres, il le sent bien, l’observent vaguement méprisants. Quelques-uns même lui disent « Tu ne crois pas que tu serais mieux à l’école ou à travailler ? On n’a pas besoin ici de paresseux comme toi ». Pour être juste, il arrive quelquefois que quelqu’un lui montre un endroit où on pourrait l’accueillir, ou il pourrait manger à sa faim. Souvent, quand il le peut, contre une pièce ou deux, il rend de petits services : porter les valises de quelque touriste ou simplement rester à côté pour qu’elles ne soient pas volées. Le temps passe et Pablo se remet en route. Il s’arrête dans les villages où il rencontre encore plus de méfiance ou de désintérêt mais il est prêt à tout accepter : la foi en un avenir meilleur, c’est ce qui lui donne du courage. Quand il passe devant les églises, il pense à ses parents et au Padre. Ah ! S’ils savaient ! Que penseraient-ils ? Non, il ne les décevra pas, il respectera ce qu’ils lui ont appris. Le mépris, l’envie, le vol ce n’est pas pour lui, même s’il en a parfois la tentation.
    La boîte de café rouillée est maintenant bien remplie. Il doit y avoir assez pour passer la frontière et vivre de l’autre côté en attendant de trouver du travail.
    Il y a maintenant de plus en plus de monde sur le chemin, de la violence aussi : il ne fait pas bon être tout juste sorti de l’enfance comme lui ! Dans le petit village au bord du fleuve dans lequel ils arrivent, de jeunes hommes visiblement bien nourris, souriants, sont assis sur le parapet de la grand-place. Ils attendent le client, ou plutôt les clients. « Tu veux passer de l’autre côté, gamin ? Pas de problème, ça fait 20000 pesos ». « Je ne peux pas, ça fait trop pour moi ! SI je vous donne tout ce que j’ai dans ma boîte, Monsieur, vous me conduisez de l’autre côté ? » « Tu rigoles ! Je ne fais pas passer les avortons comme toi ! Essaie ailleurs ! » Désespéré, Pablo fait le siège de tous les passeurs. Sans succès, jusqu’à ce qu’il trouve un vieil homme qui le prévient : « Ne te fais pas d’illusion ! Mon bateau pneumatique n’est pas jeune, jeune et il sera chargé jusqu’à ras-bord. Je n’ai pas non plus assez de gilets de sauvetage ». Peu importe ! Les candidats au voyage se faufilent dans les fourrés, se cachent au milieu des roseaux et attendent la nuit. Commence alors une autre aventure : entassés sur une sorte de grand Zodiac, dans le plus grand silence, ils traversent le fleuve sur quelques centaines de mètres. Le bateau est si chargé qu’ils doivent écoper tout au long de la traversée. Finalement, ils arrivent de l’autre côté, le paysage est tout à fait identique. Pablo, impatient, prend la tête du groupe et se glisse sans bruit dans les herbes hautes jusqu’à un grillage de plusieurs mètres de haut, couronné de barbelés. Comment passer de l’autre côté ? Il finit par trouver, creusé dans la terre, un passage, un trou à rats dans lequel il se faufile…
    Que deviendra Pablo ? Comment sera-t-il accueilli ? C’est à toi, ami lecteur, de répondre à la question.

  5. Françoise - Gare du Nord dit :

    Au village, tout le monde savait qu’il ne fallait pas s’aventurer sur le Chemin du Pougnon avec le moindre sou en poche.
    Sinon, on pouvait s’attendre à tout.
    Un nouveau venu, ne croyant évidemment pas à de telles sornettes,
    s’y engagea par bravade, de la monnaie plein les poches.

    La température était agréablement fraîche, le ciel couleur argent, et c’est l’humeur badine à l’idée de retrouver bientôt à Paris, ses tendres et lascives pépettes du Moulin de la Galette, qu’il emprunta le chemin de caillasse, bordé, à perte de vue, de champs de blé et d’avoine. Il fut bientôt abordé par un agriculteur qui lui tint un long discours sur la détresse paysanne et la difficulté de faire son beurre. Sensible au désarroi du cul-terreux, il le quitta avec un panier d’osier – le grisbi – rempli de radis, de patates et d’oseille.

    Franchissant un ruisseau nommé le Flouze, il s’étonna de devoir s’acquitter d’un droit de passage local et exorbitant, la thune.

    Continuant sa promenade, l’esprit préoccupé, il entendit « 22 voilà le fric » avant même de voir surgir de bosquets 3 espèces de vauriens qui lui tinrent ce langage cash : « Nous sommes 3, tu es seul. Question numéraire, tu ne pèzes pas bien lourd. Donne-nous ton artiche ou on te liquide. Trois balles dans la peau, trois douilles dans le caniveau. C’est notre devise».

    Il tenta de gagner du temps « Mon art…. Mon quoi ? »

    « Picaille pas ! On ne te demande pas 100 briques. Donne-nous tes biftons et tes picaillons, tes talbins et tes fafiots, et on te donnera ton quibus

    Il arriva, complètement essoré, dans un villa où il avait rendez-vous avec le percepteur, un charmant petit village du nom de Bercy

  6. Soledad Granger dit :

    La voix du GPS indiqua, au prochain carrefour : « tournez à droite », « faites 300 mètres », « vous avez atteint votre destination », et il vit « chemin de Pougnon ».
    Sa curiosité, aiguisée par toutes les légendes qui auréolaient ce lieu de mystère l’avait conduit là. De telles sornettes, en apparence, n’étaient pas pour lui déplaire.

    Du vide-poche, il extirpa une lampe-torche. Il attrapa sa vieille besace. Il avait attendu son heure favorite, entre chien et loup. Il sourit de plaisir, en sentant l’air chargé des parfums boisés.

    Sa longue cape brune le protègerait de la fraîcheur nocturne. Il avait veillé à se munir de piécettes. Un passant le vit s’éloigner, il fixa longtemps les deux grandes ailes de papillon de nuit qui semblaient se dessiner sur son long vêtement.

    A l’entrée du chemin, de grands bouleaux s’inclinèrent.
    Leur petites feuilles jaunes doré, rappelaient cette histoire : il était déconseillé de se balader là avec le moindre sou en poche…

    Lorsqu’il mit un pied sur le chemin, les pans de sa cape se soulevèrent, derrière lui apparu une foule qui le suivait, silencieuse.

    Lui marchait devant, le pied léger, comme si de rien n’était.

    Il arriva au lieu dit : La Roche qui pleure,

    L’entrée de la grotte laissait s’échapper une faible odeur d’humidité.

    Il y avait là, une vasque naturelle, creusée dans la pierre ocre, elle scintillait. Il y jeta quelques pièces, fermant les yeux, il fit un voeux. Et entra, suivi de son peuple intérieur.

    Sa lampe éclaira la haute voûte, les stalactites dessinaient une extraordinaire dentelle.

    Admiratif, le souffle coupé par l’émotion, il s’imprégna de ce qui l’entourait, puis fit un tour, l’eau suintait , la roche était lisse et douce, d’une couleur ocre lumineux.

    Il choisit un rocher, et s’y adossa confortablement. Dessinant distraitement quelques signes dans la poussière de la terre.

    Les êtres qui le suivaient, silhouettes quasi transparentes, allaient et venaient maintenant, il ouvrit largement sa besace et les laissa puiser dedans et s’affairer. Avec l’obscurité, elles devenaient denses, une aura subtile, en émanait.

    D’abord le bois fut rapporté des alentours proches, ensuite un grand brasier fut allumé au centre de la caverne. Des lianes vertes et fleuries apparurent tombant du haut plafond naturel. Des flambeaux illuminaient la grotte.
    Une musique d’eau, d’air, mêlés de notes de piano envahit discrètement l’espace. Une table, chargée de grands bouquets de fleurs, de candélabres, de mets, de coupes de fruits, de carafes de vin, fut dressée.

    Et puis le peuple, se trouva revêtu, de tenues de fêtes somptueuses, aux couleurs chatoyantes, de brocart, de velours, de soie, enrubannées, ornées de rangées de perles et de diamants, d’hommes et de femmes des siècles passés.

    Des voix, des rires, des chants, s’élevaient, emplissaient les lieux.
    Les personnes dansèrent et festoyèrent toute la nuit : farandole, menuet, sarabande, quadrille…Tous styles et époques mélangés, comme les costumes des invités.

    L’homme, lui dormait, rêvait.

    Au matin, lorsqu’il ouvrit les yeux, il fut éblouit par les rayons que donnait un puits de lumière, ensoleillé .

    De la fête, il ne restait nulle trace.

    Il but un peu, mangea une barre de céréales aux fruits rouges, ses préférées.

    Ces yeux faisaient le tour, admirant la grotte. Il inspira longuement, rempli d’il ne savait quoi.

    Et il se dit, « oui, je m’en souviens maintenant, je suis déjà venu ici ! Il y a des siècles de cela».

    Il se releva, s’épousseta et sorti.

    De sa cape s’égayèrent des volées d’oiseaux qui envahirent les bois.

    Revenu à sa voiture, il vit le bourg, un appel silencieux l’y invita.

    Passant devant un vieux banc de pierre, il avisa un homme qui semblait abattu.

    Ayant baissé la vitre il l’apostropha : « bonjour, je ne sais pas où je vais, cela vous dit-il » ?

  7. Maïté P dit :

    À l’instant où je franchis ces murs, une vielle femme m’accapara le bras et me tirant au plus profond de ce lugubre village, elle se mit à chanter.

    « Bienvenue mon cher nouveau
    Entrez donc au village des Corbeaux
    Venez, suivez moi je vais tout vous expliquer.
    Saviez-vous qu’ici il y a quelques règles à respecter ?

    Sur vos gardes vous devez rester.
    Sinon, ici vous serez piégé. »

    Ses doigts sales s’agrippaient à mon poignet,cela me faisait mal car ses ongles acérés s’enfonçaient dans ma chair. Je ne pouvais que la suivre. J’essayai donc de l’écouter attentivement mais cela était difficile tant la douleur m’assaillait et la laideur de ces rues putrides m’étourdissait.

    « Tout le monde le sait, ici
    Dans la rue du Pougnon
    Prends garde à ton Pognon
    Ils voleront les étourdis

    Voici l’avenue des Rouges Gorges
    Tu n’y trouveras pas d’oiseaux
    Mais de larges couteaux
    Ils t’y Vider ont les poches »

    Elle continua ainsi pour chacune des rues du village. Au fur et à mesure, je me sentais défaillir, je comprenais que j’étais piégé. Quand elle en eut terminé avec moi elle m’abandonna sur un banc. J’étais vide. Il ne me restait plus rien. Ni dans les poches, ni dans la tête. Je restai là à mendier jusqu’à ce que tu me retrouves.

  8. Béatrice Dassonville dit :

    Au village, tout le monde savait qu’il ne fallait pas s’aventurer sur le Chemin du Pougnon avec le moindre sou en poche. Sinon, on pouvait s’attendre à tout.
    Un nouveau venu, ne croyant évidemment pas à de telles sornettes, s’y engagea par bravade, de la monnaie plein les poches : du menu fretin qui en aurait fait sourire plus d’un, bien que celui-ci pesât lourd, en petites pièces qui lui avait été jetées dans son chapeau, lorsqu’il chantait et jouait du banjo.
    Sa nature heureuse lui avait fait résister à toute forme d’enfermement et sa tête était aussi libre que son corps. De ce fait, il n’avait à l’endroit du chemin aucun à priori. Il avait juste envie de croire qu’il était possible de s’y aventurer, sans compte en banque bien garni et carte de crédit.
    La piéçaille qu’il gagnait, au jour le jour, suffisait grandement à pourvoir à ses besoins : pour s’offrir un repas, voire une nuit d’hôtel, quand le temps ou la saison ne lui permettait pas de dormir sous sa toile de tente.
    Sac à dos, Cornélius allait d’un pas déterminé, tandis que son chien courait devant ou derrière lui, tout excité par ce chemin encore jamais emprunté. Cependant, engageant et facile à parcourir.
    De part et d’autre, un rideau d’arbres laissait percevoir des terres fertiles. Des fermes s’y étaient construites, puis des hameaux et des villages qui, à quelques détails près, se ressemblaient tous. Rien à voir avec ceux qu’il avait l’habitude de traverser, y compris celui qu’il venait de quitter.
    Et tandis qu’il avançait encore, il fut surpris de découvrir que le chemin devenait une route avec de grandes villes où il était possible de faire provision de tout. Ce que réaffirmaient sans cesse des panneaux géants, aux publicités tapageuses. Il y rencontra des gens affairés, au regard parfois terriblement las, et vide.

    D’aucuns faisaient vraiment attention à lui, si ce n’est quelques marginaux, assis à même le sol et qui le hélaient souvent, pour parler avec lui. Ils reconnaissaient en lui un frère qui savait les écouter. Sur leurs rêves brisés. Sur leurs illusions perdues. Et du chemin Pougnon d’où, certainement, ils ne reviendraient jamais.
    Car ils n’avaient pas été assez ambitieux ou assez compétitifs. Ou bien encore, ils n’avaient pas été suffisamment forts pour surmonter les épreuves de la vie, et rebondir pour relever de nouveaux défis.
    À leurs dépens, ils avaient appris que le chemin Pougnon n’en était plus tout à fait un. Qu’iI se rêvait l’autoroute de demain, celle du transhumain, de l’homme augmenté, de l’Homo Deus.
    Oui, pas moins que cela !
    À moins que… Comme Cornélius, fort de son expérience, sans pour autant s’être laissé piéger par elle, l’homme averti, et beaucoup d’autres comme lui, mettent — non plus le Pougnon — mais l’humain —, au cœur du chemin.

    Béatrice Dassonville

  9. Maguelonne dit :

    Le village de Lendormi, traversé par le chemin du Pougnon dormait sur ses deux oreilles. C’était un village tranquille qui avait la foi, foi en ses dictons :
    La vie appartient à qui se lève tôt
    L’argent ne vient pas en dormant
    Un tien vaut mieux que deux tu l’auras
    Qui met son argent en abeilles risque de se gratter l’oreille
    L’oisiveté est mère de tous les vices
    À vouloir trop avoir on perd tout
    Faut pas croire que l’herbe est plus verte ailleurs…
    Il y avait un proverbe local, qui venait d’on ne sait où mais semblait incontournable : faut pas s’engager sur le chemin du Pougnon sans un sou en poche sinon…Les Lendormiois l’ avait simplifié en : faut pas s’engager sur le chemin du Pougnon sinon…
    Tout ça se transmettait de génération en génération, c’était gravé dans les cellules. Et ça donnait une vie paisible, prudente, mais fade, inodore, engluée dans l’ennui. Comme personne ne s’en rendait compte tout allait bien.
    Catrina, le jour de ses vingt ans,qui tombait le premier jour du printemps, rencontra à l’orée du chemin du Pougnon un légionnaire, beau gosse, beau parleur, qui sentait bon le sable chaud. Le ciel était bleu, l’herbe tendre était verte, et Catrina prit des étoiles plein les yeux, et pas que dans les yeux…
    La faute étant insupportable, Catrina l’enfonça bien, bien au fond de sa poche avec un gros mouchoir par dessus. Ni vu ni connu, c’est avec candeur qu’elle annonça sa grossesse à son vertueux mari.
    L’enfant était magnifique, souriant, plein de vie. Il faisait le bonheur et la fierté de ses parents. Tout alla bien jusqu’à l’âge des douze ans. Puis les gênes de l’étranger commencèrent à se manifester. L’enfant devenait curieux, indocile, et rêvait d’ailleurs, ce qui inquiétait beaucoup ses proches. Ah la puberté est une période difficile !
    N’y tenant plus, le jour de ses dix huit ans, il fourra quelques vêtements, quelques biscuits dans son sac à dos et, sans un regard en arrière, s’engagea sur le chemin du Pougnon.
    Catrina, tous les jours guettait le retour de son fils à la lisière du chemin maudit. Peu à peu, telle une vieille rengaine, quelques réminiscences de ce jour où elle s’était sentie vivante, vibrante, lui revenaient en mémoire. Un jour, n’y tenant plus, elle jeta deux culottes, trois robes et la carte de crédit dans le sac à dos et prit le chemin du Pougnon.
    De l’enfant et de sa mère on n’eut plus aucune nouvelle. Mais ça bousculait les esprits et certains jeunes se laissèrent tenter par l’aventure. De certains on n’entendit plus parler, d’autres revinrent et racontèrent le monde. Toute l’atmosphère du village était changée.
    « Ah c’était mieux avant » disaient les vieux.
    « Ah si vieillesse pouvait » pensaient les vieilles.
    Il n’y eut que la vieille Marie, qui venait de perdre son Joseph, qui eut assez de sagesse pour se dire « Plus de temps à perdre » et assez de folie pour, en deux temps trois mouvements, faire un baluchon, récupérer quelques billets et partir sur le chemin du Pougnon. D’elle aussi on n’eut plus de nouvelles. Normal, elle avait fort à faire pour rattraper le temps perdu.

  10. Françoise Rousseaux dit :

    Au village, tout le monde savait qu’il ne fallait pas s’aventurer sur le Chemin du Pougnon avec le moindre sou en poche. Sinon, on pouvait s’attendre à tout. Un nouveau venu ne croyant évidemment pas à de telles sornettes, s’y engagea par bravade, de la monnaie plein les poches… 
    C’était par un bel après-midi de printemps ; quelques nuages inoffensifs moutonnaient dans le ciel azuré. Le promeneur s’engagea d’un pas vif entre deux hauts talus, plantés de haies bocagères, que surmontaient ici et là de grands et beaux arbres.
    Au début, il se sentait un peu nerveux, ses mains tripotaient sans cesse le contenu de ses poches, mais peu à peu , il se laissa gagner par le calme de la campagne environnante..Il commença à ralentir, prenant un réel plaisir à déambuler tranquillement entre les deux talus abondamment garnis de primevères et de sicaires, qui étalaient leur jaune si brillant au soleil. Il prit conscience du chant des oiseaux, s’arrêta pour écouter, observer ; il repéra une mésange bleue, un pinson, un merle, et tout ce petit monde sifflait, gazouillait, modulait ..Il admira la charpente noueuse et complexe d’un vieux chêne, s’émerveilla devant les bourgeons d’un bouleau qui venaient d’éclater, libérant de minuscules feuilles vertes. Il était complètement sous le charme et ne pensait plus à faire tinter la monnaie dans ses poches.
    Tout à coup, alors que le toit d’une maisonnette apparaissait dans un bosquet au bord du chemin, il vit surgir devant lui un gros chien noir, qui tenait le manche d’une grosse pelle dans sa gueule. Surpris, le promeneur hésita, puis voulut contourner l’animal, mais celui-ci, reculant, se plaçait toujours devant lui et semblait lui offrir la pelle.Finalement, il s’empara de l’objet, et comme le chien remuait vigoureusement de la queue et s’écartait pour le laisser passer, il mit la pelle sur son épaule et marcha jusqu’à la maisonnette. Là, il vit une vieille dame , assise sur un banc au soleil, qui lui sourit : «  Enfin, dit-elle, quelqu’un pour creuser des trous ; ça fait des semaines que j’attendais en vain.. ». Comme le promeneur s’étonnait, elle lui expliqua que le chien proposait la pelle aux personnes porteuses d’espèces sonnantes et trébuchantes , afin qu’elles creusent un trou pour enterrer leur argent. Si par hasard, on retrouvait des pièces ou des billets enfouies auparavant par d’autres promeneurs, on avait le droit de les prendre et on pouvait continuer son chemin. Une sorte de jeu de plateau en somme, grandeur nature !
    Notre homme trouva l’idée amusante : il creusa un trou, y jeta toute sa monnaie reboucha soigneusement et tendit la pelle au chien qui s’en empara avec empressement et retourna dans le chemin.
    « Et alors, si on n’a pas d’argent sur soi, on ne creuse pas ? »demanda-t-il à la vieille dame.
    « Si on n’a pas d’argent sur soi, alors on ne rencontre pas le chien,on ne voit pas ma maison et on arrive tranquillement au bout du chemin, tandis que là, vous retournez à la case départ et vous recommencez toute la promenade ».
    « Mais ce sera avec joie, répondit-il, ce chemin est charmant et il fait tellement bon.Et comme je n’ai plus un sou en poche, j’arriverai au bout sans encombre ! ».
    Ainsi se termina cette histoire, inspirée par une balade printanière un Dimanche après-midi.

  11. Pauvre Ignace ! Une fin tragique, mais réaliste.
    Pour autant, j’avoue m’être bien amusée.
    J’adore votre style bouillonnant, fertile et… pleinement déjanté.

  12. Au village, tout le monde savait qu’il ne fallait pas s’aventurer sur le Chemin du Pougnon avec le moindre sou en poche. Sinon, on pouvait s’attendre à tout.
    Un nouveau venu, ne croyant évidemment pas à de telles sornettes, s’y engagea par bravade, de la monnaie plein les poches : du menu fretin qui en aurait fait sourire plus d’un, bien que celui-ci pesât lourd, en petites pièces qui lui avait été jetées dans son chapeau, lorsqu’il chantait et jouait du banjo.
    Sa nature heureuse lui avait fait résister à toute forme d’enfermement et sa tête était aussi libre que son corps. De ce fait, il n’avait à l’endroit du chemin aucun à priori. Il avait juste envie de croire qu’il était possible de s’y aventurer, sans compte en banque bien garni et carte de crédit.
    La piéçaille qu’il gagnait, au jour le jour, suffisait grandement à pourvoir à ses besoins : pour s’offrir un repas, voire une nuit d’hôtel, quand le temps ou la saison ne lui permettait pas de dormir sous sa toile de tente.
    Sac à dos, Cornélius allait d’un pas déterminé, tandis que son chien courait devant ou derrière lui, tout excité par ce chemin encore jamais emprunté. Cependant, engageant et facile à parcourir.
    De part et d’autre, un rideau d’arbres laissait percevoir des terres fertiles. Des fermes s’y étaient construites, puis des hameaux et des villages qui, à quelques détails près, se ressemblaient tous. Rien à voir avec ceux qu’il avait l’habitude de traverser, y compris celui qu’il venait de quitter.
    Et tandis qu’il avançait encore, il fut surpris de découvrir que le chemin devenait une route avec de grandes villes où il était possible de faire provision de tout. Ce que réaffirmaient sans cesse des panneaux géants, aux publicités tapageuses. Il y rencontra des gens affairés, au regard parfois terriblement las, et vide.
    D’aucuns faisaient vraiment attention à lui, si ce n’est quelques marginaux, assis à même le sol et qui le hélaient souvent, pour parler avec lui. Ils reconnaissaient en lui un frère qui savait les écouter. Sur leurs rêves brisés. Sur leurs illusions perdues. Et du chemin Pougnon d’où, certainement, ils ne reviendraient jamais.
    Car ils n’avaient pas été assez ambitieux ou assez compétitifs. Ou bien encore, ils n’avaient pas été suffisamment forts pour surmonter les épreuves de la vie, et rebondir pour relever de nouveaux défis.
    À leurs dépens, ils avaient appris que le chemin Pougnon n’en était plus tout à fait un. Qu’iI se rêvait l’autoroute de demain, celle du transhumain, de l’homme augmenté, de l’Homo Deus.
    Oui, pas moins que cela !
    À moins que… Comme Cornélius, fort de son expérience, sans pour autant s’être laissé piéger par elle, l’homme averti, et beaucoup d’autres comme lui, mettent — non plus le Pougnon — mais l’humain —, au cœur du chemin.

  13. Kyoto dit :

    Le repas dominical, dit, des trois générations, s’achève. Je ne sais si c’est l’arrivée du printemps mais l’ambiance est pétillante. Grand-Père choisit ce moment pour convoquer la légende du Chemin du Pougnon. Au village, tout le monde savait qu’il ne fallait pas s’y aventurer avec le moindre sou en poche. Sinon on pouvait s’attendre à tout.

    – Dites-moi, les jumeaux, combien de fois avez-vous enfreint l’interdiction d’y aller ?
    – Houlà, s’exclama Nina.
    – S’il fallait compter, Grand-Père, nous n’aurions pas assez des doigts de nos quatre mains et des orteils de nos quatre pieds, Nina et moi.
    – Je m’en doutais, Nino ! Racontez-nous la première fois, vous deviez avoir peur ?
    – Au début, pas du tout ! Souvenez-vous, vous nous appeliez les vilains chenapans !
    – En effet, dit Nina. Je m’en souviendrai toujours. C’était par un ciel céruléen et une douce chaleur ambiante que nous nous précipitâmes en riant dans ce chemin.
    – Environ quinze minutes plus tard, Nina me fit remarquer que des nuages s’étaient amoncelés. Et dans la seconde qui suivit un…
    – Un éclair survint brutalement et impacta un arbre qui se fendit en deux…
    – Suivi par une trombe d’eau…
    – C’est à la vitesse d’un autre éclair que nous avons rejoint la bastide, la trouille au ventre.
    – Mais, repris-je, les autres fois tout s’est bien passé.
    – Bien sûr, les jumeaux ! Mais nous n’étions pas inquiets car nous savions qu’à l’époque vous n’aviez pas un sou en poche, s’esclaffa Grand-Mère.
    – Nina et moi, nous ne croyons pas à de telles sornettes. Alors aujourd’hui, nous avons décidé d’aller dans ce Chemin du Pougnon, avec…
    – … du pognon plein les pognes !
    – Nina veut dire plein nos sacs à dos !
    – Alors qui nous aime nous suive !

    Bien sûr, personne ne nous suivit. Les grands-parents et parents riaient, pour cacher leur inquiétude.
    Nina et moi, comme les gamins que nous étions, passèrent plus de deux heures, dans Notre chemin, car nous y avions tant de souvenirs de notre insouciance joyeuse.

    – Le soleil va bientôt s’inclinait. Vite, rentrons, la durée de mijotage est dépassée…

    Ils nous guettaient… A peine entrés, nous fûmes assaillis par une cacophonie :
    – Je me suis fait un sang d’encre ! Bande de garnements ! J’avais peur ! Votre sac à dos ! Il est vide ! Vous avez été attaqués ! Par des voyous ! Par des bandits ! Ils ont volé votre argent ! On vous avait prévenus ! Vous n’êtes pas blessés ! …
    Une longue litanie…
    – Du calme, les anciens, pouffa Nina.
    – Voici l’heure de l’apaisitude !
    Et tous les deux en chœur :
    – Poisson d’avril !
    Une deuxième longue litanie…
    Et les anciens en chœur :
    – Mais, que contenaient vos sacs à dos ?
    – De vieux journaux ! hoqueta Nina
    – Et maintenant c’est l’heure de l’apéro !

  14. françoise dit :

    Au village, tout le monde savait qu’il ne fallait pas s’aventurer sur le Chemin du Pougnon avec le moindre sou en poche. Sinon, on pouvait s’attendre à tout.
    Mais l’inconnu semblait l’ignorer.
    Il était vêtu de pied en cap élégamment
    et marchait à grands pas
    quand soudain trois lascars se jetèrent sur lui
    pour le délester de ses biens.
    Mal leur en prit
    de bien il n’en avait pas
    à part une cravache de cuir dont il se servit fort adroitement
    Les trois lascars se retrouvèrent au sol
    Tels sont pris qui croyaient prendre
    L’inconnu leur fit les poches et récolta quelques billets
    Lui qui faute d’argent pensait faire son chemin à pied
    (quinze kilomètres tout de même)
    se hâta vers le prochain arrêt de car
    Ainsi il arriverait frais et dispos
    à l’étude notariale où il avait été engagé comme clerc
    et ainsi ne pourrait que faire bonne impression

  15. iris79 dit :

    Au village, tout le monde savait qu’il ne fallait pas s’aventurer sur le Chemin du Pougnon avec le moindre sou en poche.
    Sinon, on pouvait s’attendre à tout.
    Un nouveau venu, ne croyant évidemment pas à de telles sornettes,
    s’y engagea par bravade, de la monnaie plein les poches.
    Il ne mit pas longtemps à comprendre pourquoi une telle réputation précédait cette rue du Pougnon. Une odeur de pain chaud l’attrapait déjà par les narines alors que ses yeux avaient été happés par les ouvrages magnifiques gaillardement exposés dans la vitrine d’une librairie magnifique. Hypnotisé, il se retrouva à pousser la lourde porte qui fit tinter le carillon l’accueillant avec ses mille et une notes qui cliquetaient joyeusement au-dessus de sa tête. Les yeux verts de la jeune vendeuse qui s’approchait finit de le transporter sur des pentes vertigineuses d’où il ne montra aucune résistance. Cet endroit était le paradis sur terre et il n’en crut pas ses yeux quand on l’invita à s’asseoir dans le canapé moelleux pour feuilleter les livres dont il avait toujours rêvé. La tasse fumante du café que l’on déposa devant lui assorti du petit croissant qui venait directement de la boulangerie voisine finit de le convaincre de finir sa vie ici.
    Mais pourquoi diable ne lui avait on pas parler de cette rue plus tôt ?
    Il était bien d’accord pour vider ses poches, son compte en banque et son cœur sur la table si c’était pour ne jamais repartir de cet endroit magique.
    Pourquoi donc les gens étaient ils si réticents à se laisser piéger ici ?
    Y avait-il un quelconque poisson puissant dans le café offert aux passants pour mieux les détrousser ?
    Il préférait cent mille fois être prisonnier ici que devant son écran devant les mille et une publicités qui vomissaient de sa télé. Quitte à dépenser autant que ce soit pour s’enrichir ! S’enrichir de lectures folles, de romans inquiétants, d’histoires incroyables en dégustant ce qu’il y avait de meilleurs au pays de ces subtiles saveurs !
    Il ne sut plus combien de temps il resta dans cette fameuse rue dont il ressortit un peu groggy. (Finalement les breuvages étaient peut-être un peu frelatés ?). Point de monnaie dans ses poches qu’il retourna complètement en quittant cette rue décidément bien étrange. Fauché, il l’était, délesté de son argent mais ce ne fut pas ce qui le choqua le plus en fin de compte. Non. Ce qui le laissa septique était ce drôle de nom, la rue du Pougnon.
    Lui décida de la rebaptiser celle du « rêve éveillé ».

  16. Nouchka dit :

    A Vers-l’Eglise, village vaudois connu pour son édifice religieux et la propension de la population à une certaine radinerie, les élèves du collège s’étaient attribués, par dérision, les noms de personnages célèbres pour leur avarice. Nous trouvions Félix Grandet, Ebezener Scrooge, Don Salluste de Bazan, Harpagon, Balthazar Picsou, Eugène Krabs, Charles Montgomery Burns…
    Peu de temps avant la période pascale, il était prévu une journée d’examen que les collégiens redoutaient. Les moins préparés à cette épreuve, imaginaient un « pougnon » qui compenserait leur manque de connaissances.
    Le risque était grand de se faire surprendre avec cette antisèche. En effet, le bruit courait que les surveillants dévalisaient les élèves s’ils les prenaient à frauder avec un « pougnon » et les faisaient sanctionner pour traitrise !
    Pays de montagne où la tradition est particulièrement prégnante, chacun était tiraillé entre l’envie de réussir les tests scolaires, en dépit des difficultés qu’il pouvait avoir, et le risque de se voir dépouiller par les pions.
    Les années passées, les collégiens partaient aux épreuves sans le moindre sou en poche. Mais cette fois-ci, un nouveau venu, ne croyant évidemment pas à de telles sornettes, se rendit au lieu d‘examen, par bravade, un « pougnon » au creux de la manche et des pièces plein les poches.
    Le surveillant d’examen scrutait les élèves espérant en prendre à tricher. Deux heures de silence dans cette grande salle se passèrent avant que le pion ne saute de sa chaise et ne vienne gourmander l’élève fraichement débarqué dans ces contrées. L’antisèche trouvée fut confisquée et le surveillant fouilla les diverses poches du collégien. La monnaie qu’il possédait tinta joyeusement aux oreilles du gardien des lieux mais résonna, par solidarité, douloureusement à celles des autres élèves. L’intégralité de la mitraille fut saisie. Les collégiens distraits de leur labeur souffraient en silence pour leur nouvel ami.
    A la sortie de cette épreuve redoutée, les élèves entourèrent l’élève dépouillé afin de compatir à sa mésaventure.
    A leur grande surprise, l’élève nouvellement arrivé les rassura de son accent marseillais : « Ne vous inquiétez pas pour moi, l’antisèche n’en était pas une. J’ai écrit sur un papier, les paroles d’une vieille chanson qui n’a rien à voir avec le programme scolaire. Ca s’appelle « Fais pas l’couillon ». Par ailleurs, dans mes poches, j’avais les jetons d’un vieux juke-box, trouvés dans le grenier. Les surveillants ne s’enrichiront pas avec ça ni ne pourront me faire sanctionner pour les paroles d’une opérette marseillaise… »
    Les petits vaudois étonnés trouvèrent que ce sens de la dérision pouvait être intéressante à acquérir et prirent plaisir à observer la manière de faire de leur condisciple ainsi que les réactions stupéfaites des détenteurs de l’autorité peu habitués à cet art de l’esquive et de la déstabilisation.

  17. Catherine M.S dit :

    Au village tout le monde était prévenu
    Sauf, bien entendu, les nouveaux venus
    Au village tout le monde savait
    Qu’une légende courait tout le temps
    Plus vite que le vent d’autan
    Et que jamais elle ne s’essoufflait …

    Elle était née un soir d’été
    Chemin du Pougnon-du-Roi
    Quand des quidams de bon aloi
    S’étaient faits détrousser
    Enfin, c’est ce qui se dit
    Par ici …
    Mais nul n’a jamais vraiment su
    Ce qu’il s’était passé
    Car les quidams ont vite disparu
    Et la légende a pris le dessus

    «  Chemin du Pougnon-du Roi
    Videz vos poches avant d’y aller »
    Clamaient à l’envi les villageois
    Et la légende de ricaner
    En attendant ces nouveaux venus
    Les non-initiés
    Qui bravaient l’interdit
    Les bourses pleines d’écus
    Et la légende de se frotter les mains
    S’assurant ainsi de bien beaux lendemains

    « Venez, venez, chers innocents
    Ne perdons pas de temps
    Je vous attends
    Combien de louis aujourd’hui ? »

  18. Antonio dit :

    Au village, tout le monde savait qu’il ne fallait pas s’aventurer sur le Chemin du Pougnon avec le moindre sou en poche. Sinon, on pouvait s’attendre à tout. Un nouveau venu, ne croyant évidemment pas à de telles sornettes, s’y engagea par bravade, de la monnaie plein les poches.

    Joe n’avait peur de rien, surtout de personne. Il ne voulait pas passer pour une mauviette et encore moins pour un misérable. Il venait d’arriver et comptait bien gagner le respect de tous les villageois qu’il se mit à regarder de haut. Il n’avait pas beaucoup d’argent, il en manquait même. Il passa à la banque et demanda de retirer toutes ses économies en petites pièces d’or histoire de s’en remplir les poches, à ras bord, de pantalon et de veste. Puis il s’engagea sur le fameux chemin, le béret sur la tête et le Beretta dans le caleçon, il était prêt à tout, lui aussi. On l’entendait de loin déambuler le Pougnon, les pièces tintant ostentatoirement sous chaque pas, quelques curieux le suivaient pour être témoin de ce qui attendait cette tête de mule.

    Cela ne manqua pas. Au milieu du chemin, elle était là. Elle n’apparaissait pas souvent. Selon les cycles de la lune disaient les uns, les jours de mauvaise récolte, disaient les autres. Elle l’attendait. Comment aurait-elle pu le rater ?

    — Bonjour, je suis Émilie. Tu es nouveau, il me semble ?
    — Oui, répondit Joe, sèchement. Ça vous pose un problème ? ajouta-t-il, en fixant agressivement cette vieille femme à l’air inoffensif et une curieuse malle sur laquelle elle était assise.
    — Pas du tout, jeune homme, lui répondit-elle à son tour, avec une voix de grand-mère à qui on donnerait le bon dieu sans confession. Comment t’appelles-tu ?
    — Joe, dit-il laconiquement, sur ses gardes.
    — Et bien Joe, dit-elle, je sens que tu as le cœur triste et que tu es venu par ici dans l’espoir de refaire ta vie pour nourrir une famille que tu as dû abandonner, je me trompe ?
    — Cela ne vous regarde pas, madame, répondit-il, la gorge nouée.
    — Je t’attendais, car j’ai ben reçu le message, lui lança-t-elle avec bienveillance.
    — Quel message ? s’inquiéta-t-il, sûr désormais du guet-apens qu’on lui tendait.
    — Peu importe, dit-elle en se levant pour ouvrir la malle.
    — Les mains sur la tête ! ordonna-t-il en pointant son Beretta sur la vieille dame. Qu’est-ce que t’as là-dedans ?

    Émilie sourit, elle en avait vu d’autres, des fous furieux, des miséreux qui voyaient le mal partout dès que quelqu’un s’intéressait à ce qu’ils avaient dans le cœur.

    — J’ai ce qu’il te faut, quelques pièces d’or, pour acheter ce terrain et cultiver une première récolte pour que tu puisses ensuite y faire construire une maison et venir ta famille. Le destin ne t’a pas amené ici pour rien.

    Joe fut soudain ému car c’était exactement ce dont il rêvait et qui l’avait amené par ici. Le terrain, il savait qu’il ne pouvait l’acheter. Émilie lui tendit alors une poignée de pièces qu’il ne sut où mettre.

    — Quelle idée de venir ici les poches pleines, personne ne t’a dit ?

  19. Fanny Dumond dit :

    Au village, tout le monde savait qu’il fallait éviter de s’aventurer sur le Chemin du Pougnon avec des sous en poche. Sinon, on pouvait s’attendre à tout. Un nouveau venu, ne croyant évidemment pas à de telles sornettes, s’y engagea.

    Il s’égara plusieurs fois avant de tomber sur le panneau indicateur. Il la trouvait paisible cette campagne fleurie qui embaumait le lilas. À peine eut-il fait trois pas dans le chemin qu’il fut accosté par une mendiante qui criait famine. N’écoutant que son bon cœur, il lui fit l’aumône d’un billet de 10 euros. Après un tournant, il tomba sur une baraque devant laquelle se tenait une vielle femme brune, aux oreilles percées de grandes créoles, qui lui proposa de lui dire la bonne aventure. Ne croyant pas à de telles inepties, il se retrouva néanmoins assis devant une boule de cristal. Il sortit de la bicoque délesté de 30 euros, mais ravi de son futur qui s’annonçait sous les meilleurs auspices. Les prédictions de la gitane étaient plausibles, mais il se dit qu’il devait les garder pour lui parce que dans ce village, moins en disait plus on était tranquille. Marchant encore cinq minutes, il se sentit des crampes à l’estomac et, comme par magie, il aperçut une gargote au bord de la rivière. Après s’être restauré du «menu gastronomique» qui le laissa sur sa faim, il fut délesté de 50 euros et de 5 de pourboire. Il commença de s’inquiéter pour sa maigre retraite, mais la voyante ne lui avait-elle pas promis la richesse d’ici la fin de l’année ? Il n’en continua pas moins sa virée bucolique qui l’enchantait. Arrivé au bout du chemin, il fut mis à terre et assommé par une bande de vauriens encagoulés. Lorsqu’il reprit ses esprits, il fouilla ses poches, en vain. Il était dépouillé !

    Il ne raconta jamais sa mésaventure et dénicha, quelques mois plus tard, une charmante maisonnette dans laquelle il coulait des jours heureux à pécher dans son étang des carpes et des goujons.

    «Merci tonton, tu as bien fait de partir faire fortune en Amérique !»

  20. pompelair dit :

    Le nouveau venu au village se moquait, il ne croyait pas une seconde à l’histoire que plusieurs lui avaient racontée en lui recommandant fortement de ne jamais aller balader sur le chemin du Pougnon. Qu’ils sont couillons se disait-il, et s’ils s’imaginent que moi aussi je vais croire à cette fable …

    Pour lui, il s’agissait plutôt d’une légende éculée que d’une histoire que l’on persistait à transmettre, sans doute aussi vieille que l’an Mille, quoiqu’à cette époque-là, pas sûr que l’on désignât déjà les écus de l’argot « pognon ». Ça ne tenait pas debout, parce qu’en ce temps-là, si vous passiez par ce chemin :

    – avec une valise : on vous dévalisait
    – avec un oiseau : on vous le plumait
    – avec des poches : on vous les faisait
    – avec de la monnaie : on vous la chipait, la piquait, la chouravait, et de bien d’autres façons encore on vous en détroussait et le résultat était le même.

    Les bandits des grands chemins, les tire-laine*, ça n’existait plus, leurs méthodes étaient révolues ou tout au moins modernisées.

    Par défi, pour en avoir le coeur net et être en mesure de démontrer qu’il était dans le vrai, il s’en alla emprunter ce fameux chemin les poches pleines de monnaie qu’il faisait tinter à plaisir. Rien ne se passa, pas de mauvaise rencontre, il en revint tel quel, indemne.

    Les autres ne comprenaient pas, impossible, c’était bien la première fois, comment avait-il fait pour passer à travers ?

    Pas compliqué leur dit-il, venez avec moi. Quelques téméraires acceptèrent de le suivre en ayant toutefois pris la précaution de s’armer, qui de pelle et pioche, qui de serpette ou de pétoire à grives.

    Et là, il ne leur resta plus qu’à contempler sceptiques la pancarte signalant le chemin devenue par la grâce de deux coups de pinceau «chemin du BRUGNON».

    * Tire-laine : au Québec = pickpocket

  21. blackrain dit :

    Blaise était repu. Il avait mangé une bonne galette de pommes de terre à l’oseille avec une poignée de radis. Il avait arrosé sa recette d’une bonne peinte de bière fraiche, puis une deuxième. Il n’était pas rond mais le liquide avait gonflé sa panse. Plutôt que de faire un somme, il décida de faire une balade pour digéré le trop plein. Il longea un champ de blé avant de s’engager dans le chemin du Pognon. Il eut une pensée pour la fille de l’aubergiste, le trésor de son cœur. Il était capital pour lui de l’épouser. Mais s’il voulait devenir son roi, il lui fallait engranger encore un peu de pèze avant qu’il marie Antoinette. S’il ferait tout pour l’avoir, il respectait les valeurs patriarcales. C’était un homme de bien qui avait bon fond. Pas question de l’enlever sans le consentement de son père. Il comptait sur son esprit travailleur et plein de ressources pour y parvenir. Il marchait d’un bon pas et s’engageait dans le sous-bois. Son esprit vagabondait. Différentes espèces lui passèrent devant le nez sans qu’il n’y prenne garde. Soudain un homme se dressa en travers de son chemin.
    – La bourse ou la vie ! Intima l’inconnu en braquant deux pistolets sur le promeneur.
    – Vous n’êtes qu’un malandrin. Je ne me plierai point à votre commandement s’exclama Blaise en rassemblant son courage.
    – Mais que voilà un jeune homme vaillant, persiffla le brigand masqué. Toutefois, vous vous égarez. Je ne suis pas malandrin mais Mandrin, pourfendeur de la ferme générale.
    A l’évocation de ce nom célèbre parmi les petites gens, Blaise se détendit quelque peu. Il persiffla à son tour :
    – Sachez que je ne m’égare point car je connais mon chemin.
    L’autre partit d’un grand rire avant de pouvoir dire :
    – Vous me plaisez jeune gandin. Je crois bien que je vais vous laisser vos écus pour cette fois. Allez ! Passez votre chemin. J’attends un plus gros gibier qui devrait se présenter sous peu.
    Blaise ne se le fit pas dire deux fois. C’est avec dignité, sans accélérer le pas, qu’il s’en alla. Il se promit de raconter à Antoinette comment il avait défié le contrebandier.

  22. Souris bleue 🐀 dit :

    🐀A LA CROISÉE DES CHEMINS

    Le voilà arrivé à l’intersection de la réflexion. A dextre: le chemin du Pougnong, à sinistre : le mont Vaurien. Lui, cherche le chêne aux glands d’or. Non qu’il n’en soit pas pourvu… Mais en a-t-on jamais assez ?
    On l’avait prévenu que certains sentiers étaient semés d’embûches et qu’il risquait de se faire détrousser.
    Pourtant, il avait passé allégement, le premier carrefour Hippolyte : celui des écuyères, l’ Amazone, la Galopante pour finalement choisir la Sauteuse d’obstacles. Vous dire s’il avait dû faire face à quelques chausse-trappes, pièges à renards et autres ornières à mâchoires d’acier… Fi de toutes ces difficultés.
    Il est maintenant devant la plus ardue, c’est la dernière  » ligne droite  » et gare à lui s’il ne l’atteint pas. Le  »Pougnoung » évidemment lui parle, le mont Vaurien n’augure rien de bon… Évocateur de brigands et coupe-jarrets.. ça va de pair. Mais c’est peut-être un piège !
    Il s’assoit sous un arbre, et décide de s’en remettre au hasard. Sort un Louis d’or pour faire pile ou face… Le jette en l’air, tend sa casquette pour la rattraper…et… et… Rien ! La pièce ne retombe pas.
    – Voilà qui défie toutes les lois ! Tout poids redescend, il me le doit !
    Il en sort une autre pour assurer son destin, la contemple, la soupèse, se lève pour la projeter encore plus haut et hop !.. c’en est fait… Il tend ses doigts…attend… attend… Rien. Comme avalées les deux pièces d’or ! Ça ne se passera pas comme ça !
    Il grimpe à l’arbre, un beau chêne centenaire et tout en haut au milieu des feuilles métalliques scintillantes une jolie cavalière à cheval sur une branche l’attend en souriant : la Sauteuse d’obstacles ! Monte en croupe courageux explorateur, à nous les rivières aurifères et les volcans d’argent.
    Et ils s’envolèrent accomplir leurs rêves.🐀

  23. LURON'OURS dit :

    🐻 PAIX, RADIS
    On le lui avait seriné, n’y allez pas lesté. Motus et poches cousues c’est la devise en ces contrées.
    Le chemin du Montretout à Pougnon était balisé par un nouveau panneau «risque de détrousse ». Un inconscient par pur bravade l’avait emprunté, les deux poches remplies de monnaie. Du pognon, de la fraîche, de l’oseille, ça lui sortait pas les oreilles, à vous dégoûter d’être riche.
    De ravissantes dryades, moqueuses ou timides guettaient l’étranger aventureux ; dénudées elles semblaient encore revêtues des nuances du printemps. Leur troupe ailée frôlait le jobard enlacé. Au secours, appelait-il, à moi et je me laisse faire. Mis à nu par ces célibataires même, il se défendait encore. « ne suis-je pas mis à ta guise, la plume au chapeau, un riche manteau sur l’épaule, l’épée au côté, l’escarcelle pleine, en somme, un vrai gentilhomme»
    Animées elles lui chantaient gaies, alouette !
    Je te plumerai.
    Ravi, désormais, il ne risque plus rien. 🐻

  24. Laurence Noyer dit :

    CE QUI EST CHER N’EST PAS CHER

    On savait au village que sans un sou en poche
    Il fallait éviter le Chemin du Pougnon
    Et que si d’aventure on faisait le fantoche
    On risquait de changer, victime de conversion

    Ce chemin interdit menait au Dérisoire
    Il était parsemé d’anodines vétilles
    Les choses capitales devenues accessoires
    Concédaient au soleil un profit plus tranquille

    Quand trois fois rien font chose insignifiante
    Il est bien inutile d’en avoir plein les poches
    Roupies de sansonnet trébuchantes et sonnantes
    Pas besoin de moyen pour faire la bamboche

    Estimer sans avoir à faire d’estimation
    Emprunter sans danger le Chemin du Désert
    Pour éviter le prix d’une déviation
    Ce qui m’est le plus cher n’est pas forcément cher

  25. camomille dit :

    Au village, tout le monde savait qu’il ne fallait pas s’aventurer sur le Chemin du Pougnon avec le moindre sou en poche.
    Sinon, on pouvait s’attendre à tout.
    Un nouveau venu, ne croyant évidemment pas à de telles sornettes,
    s’y engagea par bravade, de la monnaie plein les poches.

    Le Pougnon à l’affût se frotta les mains et ajusta ses jumelles en ricanant,
    Le nouveau venu, sac à dos, sous en poche avançait en sifflotant.
    Les habitants du village sceptiques attendaient la suite.
    Ils attendirent, ils attendirent mais le nouveau venu ne revenait pas.
    Alors, le maire du village se trouva dans l’obligation de prendre une décision :
    On ne pouvait pas abandonner un nouveau venu, même s’il avait fait la bêtise d’aller là où il ne fallait pas.
    Ça risquait de lui mettre à dos les AVF (Accueil des Villes Françaises).
    Sa réputation était en jeu.
    Mais, il fallait des volontaires pour aller rechercher le stupide nouveau venu sur le chemin du Pougnon !
    Ça ne s’affolait pas au portillon.
    Pas même un demi-habitant se proposa.
    Le Maire transpirait, se rongeait les sangs et finalement, c’est SEUL qu’il partit sur le chemin du Pougnon, bâton de pèlerin en main et poches vides bien évidemment.
    Il marcha, il marcha, il marcha…
    Les habitants du village sceptiques attendaient la suite.
    Ils attendirent, ils attendirent, mais le Maire ne revenait pas.
    Alors, les habitants du village se trouvèrent dans l’obligation de prendre une décision :
    Pouvait-on abandonner un nouveau venu stupide ?
    A l’unanimité la réponse fut : OUI
    Pouvait-on abandonner un Maire zélé parti seul à la recherche d’un nouveau venu stupide ?
    A l’unanimité la réponse fut : OUI
    et chacun retourna à ses occupations.

  26. Jean Marc Durand dit :

    Au village, tout le monde savait qu’il ne fallait pas s’aventurer sur le chemin du Pougnon, avec le moindre sou dans la poche. Sinon, on pouvait s’attendre à tout. Un nouveau venu, ne croyant évidemment pas à de telles sornettes, s’y engagea, par bravade, de la monnaie plein les poches.

    Le Pougnon était un monstre griffu avec une corne d’abondance sur l’avant et un coffre avec tous ses bijoux de famille à l’arrière. Il roulait toujours en Rolls, la grosse vielle rosse des gosses de riches, avec des jantes en or et une statuette d’Harpagon sur le capot. Le Pougnon étale souvent son mauvais goût.

    Ignace lui se déplacait sur ses pieds, chaussés de sandalettes à la semelle en pneu coréen récupéré sur un 4×4 de brousse en fin de vie africaine. Pour lui, la menue monnaie tintinnabulant dans ses fouilles égyptiennes, pleines de trous partout, c’était pour faire croire au Pougnon qu’il claquait des dents. Il trimballait aussi la sempiternelle illusion comme quoi, jamais le Pougnon, il dirigerait sa vie. Que ses économies durement entassés à la table basse et à multiples rallonges du travail, il allait se les conserver précieusement, sans se laisser tenter par les appâts du jeu, des femmes et de tous les paradis artificiers du monde, de la Lune et de Mars réunis. En fin de parcours, il se paierait enfin une glace à trois boules, vanille, pistache et chocolat.

    Mais le Pougnon était bien là, à peine caché derrière un pied d’oseille sauvage. Il ne se souciait même plus de chasser à l’affût. Son cul débordait des arbres centenaires. C’était d’ailleurs un gros radin car il avait largement de quoi se payer une belle paire de sequoias. Très sûr de lui, le Pougnon se contentait de se balader, à la fraîche et de cueillir les fleurs de grisbibiche, sur les mitrailles d’humains, trébuchants et sonnés.

    Ignace finit comme les autres innocents sortis du village, à poil et sans un dessous. Le Pougnon ne l’avait certes pas dirigé, il l’avait tout simplement digéré.

    Moralité: Yen a pas!

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