519e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
écriture créative

Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis.
Les murmures de mes fissures m’empêchent de dormir.
J’ai l’impression d’être un préfabriqué. Certains jours…

Faites confiance à votre imagination pour inventer la suite


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Chaque exercice créé par Pascal Perrat est un clin d’oeil à notre imagination, l’occasion d’une irrésistible relation avec sa créativité innée.

48 réponses

  1. Pauline dit :

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis.
    Les murmures de mes fissures m’empêchent de dormir. J’ai l’impression d’être un préfabriqué.
    Certains jours de grand froid, je givre du conduit. Je fuis de la gouttière à l’idée que revienne le feu de ma chaudière.
    Quand les rayons me touchent de plein sud: enfin! L’heure des rires qui dérouillent les gonds. Je craque du parquet, m’étire le siphon.
    Ainsi parée de vie, je redeviens palais. En briques de souvenirs et rêveries d’été.
    Abris d’enfance je ne suis déjà plus quand repart le compteur des jours mornes d’hiver. Cabanon de fortune au sourire de façade…Je disjoncte.

    Quelle tuile, quel calvaire! Je demeure secondaire.

    Complainte d’une maison de vacances.

  2. oholibama dit :

    14 novembre 2020 ~
    Je me suis réveillée ce matin…
    essai

    Je me suis réveillée ce matin avec en moi une drôle d’impression. Je me sens, comment dire cela sans que j’en ressente le désespoir m’envahir?
    Vieille, usée, terrassée par les années,oui c’est cela …aujourd’hui, j’ai presque deux cent ans. J’en ai vécue des choses, des belles, des moches, les guerres, la cruautés des hommes, la joie des enfants, le calvaire des chiens, des oiseaux.

    Oui aujourd’hui, je respire encore. Pourtant…je sais que quelque chose de mauvais s’approche de moi. J’ai des crampes dans les volets à force de les ouvrir et de les fermés avec fracas.

    Mon seuil s’est creusé, le tapis de bienvenu n’y a plus sa place,il gondole… Quant à l’huis, oh le pauvret il n’a plus que des bouts qui pendent , c’est d’un dégradant.

    Le vent s’engouffre dans les fissures, cela murmure tellement que le sommeil me fuit et s’il n’y avait que cela… Mon impression? Si j’étais moi à la place de toi…je me raserai .Bon je suis pas à ta place et toi t’es ps à la mienne et ça me va bien.

    T’imagine même pas ma pensée. Hum oui tu veux la connaître! Bien la voila…J’ai la certitude d’être une préfabriquée avec tous ces trous et fissures et le vent qui hurle et veut entré, qui me bouscule, me fouille…je suis une ruine quoi!

    Aujourd’hui c’est ma dernière chance parce que ne je veux pas que ce soit ce Monsieur Bricabroc qui m’achète ça non.Un dernier couple vient me visiter. J’ai de quoi leur plaire avec mes cent quarante mètres carré habitable, mon terrain de presque un hectare de bonne terre. Un poulailler, le jardinet, le verger.

    Bien sûr la décrépitude de ce tout frôle le désastre mais, dans le coeur et l’esprit de certains bâts cette petite fantaisie qui montre le devenir de ce qui gît devant leurs yeux.

    Je vais leur montrer que j’ai ce potentiel assuré. Oh non ce n’est pas le couple qui vient! C’est ce promoteur peu scrupuleux ventre en avant, se dandinant tel le dindon qu’il est se croyant le paon. S’il savait le pauvret qu’un paon pour se faire beau, n’en montre pas moins son croupion…

    Hors de question que j’appartienne à ce rustre. J’en fis des tonnes et le vent fut sur le coup un bon ami. le croupion euh le dindon s’enfuit au loin, tombant la veste et hurlant tel le goret qu’il est. Fière de moi, je reprends forme. Des voix se font entendre.

    _Regardez-moi ça les amis, elle est sublime sous cette douce lumière. Le potentiel de cette demeure est incroyable. Quelques modestes réparations et vous voila propriétaires d’un bien inestimable.
    _Oui da répliqua le jeune couple, de l’huile de coude, du coeur à l’ouvrage, des bras et des dos malmenés, un bon portefeuille bien garni, quelques années et alors oui, on pourra chanté, boire et dansé fier du travail accompli.Çà c’est sûr!

    _Enfin Monsieur, Madame Delpieu au prix demandé, n’en vaut-elle pas le coup?
    La jeune Dame s’approche de moi et murmure: » Soit douce avec nous, nous t’aimerons à jamais si c’est ton désir ». Lui, il tend la main vers le rabougri qui rougit de plaisir anticiper. Ma vie vient de prendre un nouveau sens. Encore une fois, je vais regardé vivre une famille, des enfants, des rires, des pleurs, des grincements de dents, des chiens, des chats peut-être des oiseaux?

    A nouveau une famille va venir me faire vivre et emplir mon vieux coeur.
    Quel bonheur!
    y.l.
    sur une idée de Pascal Perrat.

  3. Maïté P dit :

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis.
    Les murmures de mes fissures m’empêchent de dormir.
    J’ai l’impression d’être un préfabriqué.

    Assez ! Je veux être immeuble ! Si taudis sitôt faîte. Alors, je vole des porches et j’arnaque les bicoques.
    Zut ! Me voilà en cabane. Ça va me valoir la taule. C’est la Lauze.
    Mieux vaut rester meuble !

  4. Françoise - Gare du Nord dit :

    Avertissement au lecteur : ne prendre connaissance des renvois qu’un fin de lecture
    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans le volet et je perds l’huis. Les murmures de mes fissures m’empêchent de dormir.
    J’ai l’impression d’être un préfabriqué. Certains jours même, cela n’a rien à voir mais c’est beaucoup plus grave, il me semble que je suis un vulgaire gynécée, allons n’ayons pas peur des mots : un b.. , un b…, un b…

    Je ne rencontre que des problèmes. J’ai, entre autres :
    – les serrures qui grincent (1)
    – les canalisations qui fuient (2)
    – deux ailes de mon bâtiment décapitées (3)
    – ma première pièce maîtresse amputée des deux bras (4)
    – et la seconde qui a constamment une mine bizarre (5)
    – mes barricades sont effondrées (6)
    – tous mes arrières sont ouverts aux quatre vents (7)

    Comme si cela ne suffisait pas, une tuile m’est tombée dessus. Ils ont installé, juste devant ma façade, qui pourtant avait bien besoin d’être ravalée – et cela a dû leur coûter une sacrée ardoise – une immonde verrue pyramidale en verre qui me défigure

    Le Musée du Louvre

    (1) « Le verrou » de Fragonard
    (2) « Bethsabée au bain » de Rembrandt
    (3) « La Victoire de Samothrace »
    (4) « La Vénus de Milo »
    (5) « La Joconde »
    (6) « La liberté guidant le peuple »
    (7) «  Les baigneuses » de Fragonard

  5. pakitapom dit :

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis. Les murmurent de mes fissures m’empêchent de dormir. J’ai l’impression d’être un préfabriqué.
    Certains jours…quand je n’en peux plus de l’atelier, je rêve de devenir bout de bois copeau, sciure et poussière aussi pour m’envoler loin d’ici ou simplement disparaître, écrasé, à la terre mêlée, sous ses godillots ferrés.
    Mais le pire, c’est quand il me surprend, le nez en l’air à contempler les nuages qui moutonnent le ciel ou en train de sourire au morceau de ciel bleu qui me fait de l ‘œil à travers la lucarne. Une rage froide s’empare de lui et, pour me faire passer le goût de rêver, pour m’apprendre la vie comme il dit, il m’attrape avec ses grosses pognes caleuses, me jette au fond d’un cercueil et referme le couvercle à grands coups de marteau furieux . Il m’y laissera croupir des heures durant, lui , mon père, le seul menuisier, charpentier, croque mort attitré de la région
    J’ai beau hurler, personne ne viendra me libérer. La mère, depuis toujours, n’a jamais fait que trembler, les yeux baissés, le corps brisé par trop de grossesses forcé. Elle arrive à peine à se traîner. Les frères, bêtes brutes qui , en leurs temps, ont connu les mêmes sévices et s’en sont sortis  matés, calibrés, bien formatés – plus de place pour rêver. Alors à quoi bon prendre des risques . Monsieur le curé, trop occupé à prêcher. Les voisins, « F’rait beau voir qu’on s’occupe des affaires des autres… des fois qu’ils voudraient venir faire pareil chez nous ! »
    Je ne sais plus s’il fait jour ou s’il fait nuit . La peur me submerge à chaque fois mais je dois tenir.J’ai des crampes dans les molles et mes oreilles bourdonnent. Il faut que je tienne Le silence est assourdissant et m’empêche d’entendre la cloche du village sonner les heures. Je me parle dans ma ete et les mots se mélangent, perdent leur sens,. J’ai l’impression de devenir fou .mais je continue pour ne pas sombrer. Un mince filet d’air passe à travers une fissure dans le bois et je m’y raccroche avec toute l’espérance d’un gamin de dix ans à peine . Tenir , il va revenir, il revient toujours. Il attends la dernière limite mais il revient toujours … Tenir.
    Lentement , il ouvrira le couvercle, ombre immense couvrant mon corps d’enfant. Il m’ordonnera de me lever, se moquera de me voir chanceler, cracher, tousser . « Alors la mauviette, on sait même pas se tenir, on a encore pisser dans ses frocs ! » et mes frères, moutons bêlants, ricaneront servilement . Tenir .
    J’ai dix ans, j’ai pas vécu mais je sais que la vie, c’est pas ça. Quand j’entends le chant des oiseaux et que je lève les yeux vers le ciel, je me dis que c’est pas possible que ce soit aussi moche . Quand j’aspire avec frénésie le mince filet d’air qui sourd à travers les planches, je sens confusément que ma vie est ailleurs et même quand l’urine glisse lentement le long de mes jambes maigrelettes, sa douce chaleur me réconforte. Tenir
    Et puis un jour, parce que le père est ailleurs et que les frères ont le dos tourné, une idée folle jaillit dans ma tête. Lentement , très lentement, reculer. Mes pieds glissent silencieusement dans la sciure. Je guette le moindre bruit qui pourrait alerter mes frereS. Mes narines s’emplissent une fois encore de l’odeur du bois , cette odeur si suave que je suis pourtant arrivé à vomir. Mon regard balaie largement l’ensemble de l’atelier , les planches, les etablis, les cercueils et les outils : scie, pinces, vérins,marteau, clous …J’ai presque atteint la sortie .
    Je sens la chaleur du soleil sur mes omoplates. Là dehors, tout près, un oiseau chante. Je regarde mon ombre dans la sciure, sur le sol, devant moi. Elle est immense … Je suis devenu un géant !
    Chute 1 
    Alors, je me retourne et prends mes jambes à mon cou pour fuir là bas, tout au bout du chemin, là où le ciel rejoint la terre.
    Chute 2
    Une fraction de seconde, moi le gamin malingre, je m’étonne d’un tel prodige…une fraction de seconde seulement

    « Alors pisse au cul , tu fais sécher tes brailles au soleil au lieu de bosser   Je vais t ’apprendre, moi à feignasse r ! »

  6. Hemon Patricia dit :

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis.
    Les murmurent de mes fissures m’empêchent de dormir.
    J’ai l’impression d’être un préfabriqué. Certains jours, j’imagine que je suis la Casa Batlló, que des milliers de visiteurs viennent me voir et me sourient. Alors je peux fièrement me montrer avec mes écailles, et mes cavités mystérieuses.
    Les enfants tournent autour de moi, et les adultes redeviennent des enfants.
    Je me prends à rêver que je suis cette maison, et je me sens mieux, je revis un peu quelques minutes.

    Peut être qu’un jour un riche investisseur verra en moi l’âme d’une maison merveilleuse, faite pour rêver, et qu’il remettra de l’ordre dans ma structure toute vermoulue.
    alors je serai heureuse, je revivrai à nouveau, car derrière ces portes qui grincent et ces volets qui pendent, c’est un coeur qui veut vivre qui bat pour vous, dans l’espoir d’un jour vous faire rire, et vous apporter la joie de voir un rêve se matérialiser sous vos yeux ébahis.

  7. Kyoto dit :

    Je me sens très seuil.
    J’ai des crampes dans mes volets.
    Je perds mes huis.
    Les murmures de mes fissures m’empêchent de dormir.
    Les frissons de mes murs me font jouir.
    Suis-je un mal fabriqué, un préfabriqué ou une maison fantôme ?
    Certains jours, je rayonne
    Certaines nuits, je déconne.
    Parfois, il pleut des tuiles.
    Le vent s’engouffre dans ma carcasse.
    Mes gouttières sont bouchées.
    L’eau ruisselle.
    Le ruisseau déborde.
    Que sont devenues mes jeunes artères ?
    Cette nuit, des sales gosses m’ont jeté des pierres,
    Et criaient à pleins poumons :
    « Quel vieux gond ! Quel vieux gond ! »
    Alors j’ai pété les câbles.
    Les courts-circuits ont crépité.
    Feu d’artifice dans la contrée.

    Depuis, je suis une masure
    Au bord de la Lézarde.

  8. Her dit :

    519e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat
    PAR PASCAL PERRAT · PUBLIÉ 7 NOVEMBRE 2020 · MIS À JOUR 7 NOVEMBRE 2020

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis.
    Les murmures de mes fissures m’empêchent de dormir.
    J’ai l’impression d’être un préfabriqué. Certains jours…
    Faites confiance à votre imagination pour inventer la suite👉

    Les années passent et je prends de l’âge, le temps se lit sur ma façade.
    Non pas que je date du moyen âge, mais toutefois ce note la dégringolade !
    À présent je ressens à vue des mes voisines, que je ne suis plus à la page.
    Toutes refaites à neuf, mes vielles copines disparues, je sens arriver mon naufrage.
    Je grince, j’ai froid et le bruit envahi le foyer, qui fut si chaleureux.
    La peur au ventre d’être rasée, impossible à retaper trop coûteux.
    Mes vitres ternies assombrissant mon intérieur, lequel était si lumineux.
    Souvenir pourtant assourdissant, de rires ici, tellement heureux.
    Pourtant je n’ai pas changer, seulement viellit, tâchant d’être la plus sécurisante.
    Aujourd’hui je suis détestée, meurtrie , désirant revenir aux temps fastueux.
    Fastidieux seraient mes travaux, et certains souvenirs de mes murs achèvent mon espoir.
    Malheureux habitants, maux de coeurs ; souffrirance pur de ses rappels sont désespoir.
    Mon plancher, mes marches baptisées de champagne,  » me Angel  » fût mon p’tit nom.
    Effondrée mes tuiles, fuites est aspects de campagne ; approche ma rédemption.
    Insomniaque, je ne suis plus sereine, mes oreilles traînent et mes jours sont comptés.
    Paranoïaque, remplie de peine, mon sommeil veille et le compte à rebours est lancé.
    Qu’est ce qui pourrait sauver l’amour, et redonner la valeur de qui je suis?
    Je n’ai aucun recours, Abandonné je vais disparaître seulement je subis.
    C’est une petite maison bleue adossée à la coline? Hélas non… C’est une belle maison de maître, au milieu de nul part où à la grande époque toutes les générations confondues vivaient dans les nombreuses pièces qui aujourd’hui paraissent bien vides est grandes au dernier petit enfant s’apprêtant à s’endormir pour toujours emportant avec lui ma vie malgré que je resterai là. Aurais-je un autre arbre généalogique qui s’établira dans mes énergies ? Pourrais-je fournir à nouveau être une demeure chaleureuse ? Ou serais abandonné à un sors de délabrement et de solitude ?

    Des jours tristes sont survenus. J’en est vécue des aventures. Mes tripes sont chargées d’histoire…
    Je suis rafraîchie, lumineuse, belle, resplendissante ! Je suis la plus belle à des kilomètres à la ronde; paraît il car je ne voyagerai hélas jamais autrement que par l’ attachement des mes habitants.
    Nôtre petit fils avait bien fais les choses. Il avait tout prévu pour moi! Je ne pouvais pas imaginer le sacrifice toute sa vie pour m’entretenir et à quel point il tenait à moi.
    Ici se sont mariés ses parents, leurs traces sont restées à jamais. Ici sont nés les enfants. 4 générations. Je suis née de leurs mains, de leurs envies et je suis à jamais imprégné par mes hôtes.
    Au dernier souffle je me voyais perdue, fini. Je resta quelques mois sans rien. Dans le noir. Seule, vide, triste. Puis après la frayeur des monstres mécaniques fonçant sur moi; il était là, devant moi, toutes ses équipes derrière lui… Une véritable scène digne d’un film américain !
    J’étais sauvée ! J’espère qu’il se mariera ici et aura beaucoup d’enfants ! Je suis un héritage d’une richesse qui n’est pas celui de la propriété mais de la joie que j’apporte !
    Emeline Her écrit d’une traite /exercice / imagination. Merci pour vos commentaires.

  9. eleonore gottlieb dit :

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis.
    Les murmurent de mes fissures m’empêchent de dormir.
    J’ai l’impression d’être un préfabriqué. Certains jours…mauvais réveil ce matin, je craque de partout, c’est normal j’ai passé une nuit épouvantable, la lune allongeait sur moi ses clartés blafardes, les nuages s’ébattaient, puis s’élançaient impétueux distordant mes draps, profitant des rayons blêmes! pour mystifier mes perceptions.
    Portant j’en ai rêvé de cette nuit magique bien calfeutrée dans ma cabane au milieu des bois, j’imaginais la lumière douce au-delà des arbres protecteurs le huis entrouvert pour permettre aux visiteurs nocturnes un passage discret. Offrir aux écureuils le gite et le couvert, quelques noisettes posées sur le seuil les attireraient, peut-être même qu’un hérisson viendrait si attarder trouvant cet endroit engageant et confortable.
    J’en ai rêvé, des jours, des mois, durant des années, mon imaginaire à fantasmé cet enchantement. Qu’importe le vent, la pluie les planches mal jointes, les volets à peine fixés, ce qui compte c’est le rêve Chapardé aux romans d’aventures et aux légendes oubliées.
    Dans les rêves le froid ne s’infiltre pas, ou si peu qu’il se métamorphose en spectacle de givre scintillant, il fait partie du tableau, le décor est posé. Le lierre agrippe la toiture, s’infiltre entre les fissures qui se plaignent, mais la plainte devient musique, la forêt chante et je suis ce chant mystérieux, tout un univers d’échappées féeriques qui me hantent.
    Pégase est à l’œuvre, et je le chevauche quitte à me rompre le cou, à laisser mon reste de raison s’effondrer dans le marécage des désillusions.
    Ce matin je tremble et j’ai froid, envie d’un café brûlant de pain frais et de bottines fourrées, les noisettes sont là, l’écureuil les a délaissées, le hérisson est écrasé au milieu de la route.
    Ma cabane de Placoplatre prend l’eau.
    Je m’assois dans l’herbe imbibée de pluie, sur mes mains s’égouttent quelques feuilles de hêtre, j’entends une mésange lancer son appel ténu. Le soleil perce à peine les nuées de l’aube alors je me lève, engourdis, chancelante marche jusqu’au village. L’unique café est déjà ouvert, je commande un expresso brûlant une demi baguette généreusement beurrée. C’est un festin royal. Un chien traverse la rue, il me regarde tranquillement, s’approche et quémande pain et caresses.

    Je récupère ma voiture, démarre. L’allégorie représentant Pégase se balance au rétroviseur. Je roule doucement, je ne voudrai pas écraser un petit hérisson.

  10. Urso dit :

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis. Les murmures de mes fissures m’empêchent de dormir. J’ai l’impression d’être un préfabriqué.

    – Certains jours je me dis que la vie est belle et que nous avons de la chance d’habiter dans cette forêt.
    – C’est à moi que tu parles demande le chêne à la vieille maison.
    – Ben oui, tu es mon seul voisin et voilà des années qu’on se connaît.
    – Tu délires un peu non, il y a encore quelques minutes tu disais que tu es seule et abandonnée et là tu parais toute heureuse.
    – Oui je sais, des fois je repense à ma jeunesse : j’étais en pleine forme, toute belle, avec beaucoup de personnes qui vivaient ici. Et maintenant je suis devenue vieille.

    Tout à coup le chêne toussa violemment à tel point que quelques branches se cassèrent.
    – Ça va pas lui dit la maison.
    – Pas trop. J’ai une très mauvaise nouvelle à t’annoncer.
    – Ah bon.
    – D’autres arbres cette nuit m’ont donné l’information. Le pays est entré en guerre.
    – Quoi lança grand-mère maison.
    – Oui répondit le chêne.
    Maintenant je me dis que ça devient risqué pour nous de vivre ici.
    – Ah ce que tu peux être pessimiste.
    – Tu vois la route là-bas qui traverse la forêt dit le chêne.
    – Oui et alors ?
    – Ce matin j’y ai vu plusieurs camions militaires. Je me dis qu’avec cette route pas loin, on n’est pas tranquille.
    – Ah ce que tu peux être trouillard, le beau chêne !
    – Je ne rigole pas. Lors du dernier conflit, je sais qu’il y a eu des combats dans des forêts.
    Et nous les arbres, on a aussi perdu des plumes. Ha ha ha, plutôt des branches, voire le tronc et même le tout, hi hi.
    – Mais qui voudra venir ici ? je suis qu’une baraque et toi tu n’est pas non plus tout jeune.
    – On ne sait jamais reprit le chêne. Pendant les guerres, il faut s’attendre à tout. Nous les arbres et toi on ne peut pas se défendre.
    – Que propose-tu alors ? Qu’on parte d’ici ah ah ah. Je vois la scène : un gros chêne et une vieille maison marchant d’un pas rapide à travers bois. Hi hi. J’ai trouvé lança la maison, on pourrait s’envoler comme dans Harry Potter. Partir de nuit vers l’Angleterre ah ah.
    – Te moque pas rétorqua le chêne, la guerre c’est du sérieux.
    – J’ai une idée dit la maison. Je connais un magicien.
    Je vais lui demander de nous rendre invisibles dès qu’il y a du danger pour nous. C’est à dire lorsque des camions, des soldats s’approcheront trop près d’ici.
    Comme ça on pourra vivre en paix et non dans la peur.
    – Super répondit le chêne avec enthousiasme. Nous sommes sauvés. Ouah.
    – Le magicien fut rapidement là.
    Pas de problème. Je peux faire ça pour vous.

    En fait le chêne avait vu juste car par la suite, des combats très meurtriers eurent lieu à quelques mètres de la maison et nos deux compères, grâce à leur invisibilité, restèrent « intacts ».

    A la fin du conflit, le magicien reçut une lettre anonyme. Elle disait : j’ai su récemment pour le chêne et la vieille maison. Vous auriez pu faire un effort supplémentaire et faire disparaître aussi les autres arbres et les autres maisons. Invisibles également les personnes voire tout le pays. Ainsi on aurait été débarrassé de ce cruel ennemi hi hi hi.

    En lisant la lettre, le magicien resta tout pensif et se gratta doucement la tête.

  11. Soledad granger dit :

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis.
    Les murmures de mes fissures m’empêchent de dormir.
    J’ai l’impression d’être un préfabriqué. Certains jours…
    Non mais qu’est-ce que je raconte ?
    C’est quoi cette histoire ? Je dois encore me faire un film.
    Préfabriqué, préfabriqué ! J’t’en ficherais du préfabriqué !
    Seuil, accompagnée…(même si j’ai une préférence, des désirs) ça me va très bien! Des crampes dans les volets, qu’à cela ne tienne, quelques séances de yoga, et mes volets s’ouvrent grands sur l’immensité du ciel, les vols d’oiseaux et le parfum de l’air marin. Quant à perdre l’huis, j’entends maintenant très bien.

    Ok je tremble un peu, mes murs pourtant bien épais sont parfois parcourus de frissons, les fondations ont pris un peu l’eau, un temps, et j’ai bien cru finir à tout jamais comme un lamentable tas de gravas. J’ai l’air fragile comme cela et je le suis d’ailleurs encore, oui j’ai pas besoin d’être déménagée sans dessus dessous, plutôt d’être ménagée.Et ce courant d’air glacé qui a éteint mon petit feu de cheminée, ah celui-là !!! Heureusement qu’avec quelques vieilles feuilles de choux en boule froissées, des brindilles bien sèches, du petit bois, quelques bûches malgré les embuches, une petite étincelle, des soins, de l’attention, quelqu’un a veillé à faire repartir la flamme au coeur du foyer.

    Faut dire que lorsque j’ai vu cette horde de peaux-rouges au visage peinturluré, poussant des cris de guerre, comme dans un western et même si j’ai rien contre les Indiens (au contraire) de sentir la terre de mon minuscule jardin labourée, quasi éventrée, sous leurs mocassins, la hache de guerre déterrée, les tomahawks brandis, les flèches décochées, brisant mes vitres, trouant mes rideaux de fine dentelle surannée, ces traits, s’enfonçant dans ma modeste façade, mes gouttières ont rompu sous le poids de la tristesse. Toutes ces jolies fleurs, dévastées…qu’est-ce qu’il pouvait bien se passer ? Encore des hallucinations, des fantômes du passé ? Des esprits, des ombres hantant les lieux ?
    Mon faîte, mon toit, et dans mon grenier, ça hurlait d’incompréhension. Et le tamanoir, avec son éteignoir m’avait plongée dans l’obscurité.

    Alors, j’avoue, j’ai tout tenté pour les faire sortir, sans grands moyens cependant, et même si cela m’a mise en colère. A part me rendre chèvre, rien n’y a fait. Alors, je me suis arrêtée, je me suis retirée dans le silence et la paix intérieure, dans la simplicité que j’aime tant. Dans la beauté aussi.
    Leurs cris à eux se sont calmés, un peu adoucis, je crois. Peut-être que cela passera ? J’entends parfois leur poésie et leur humour, leur ingéniosité, leur fantaisie…je sens que quelque chose les unit très fort.
    J’ignore toujours pourquoi ils sont venus, ont vaincu, conquis, et vont sans doute repartir, un jour…
    Peu importe, aujourd’hui, assise, tranquille, je suis sur un petit nuage. Je devrais peut-être les remercier, mais de quoi au fait ? Je ne vois pas trop bien, peut-être d’avoir fait un remue-méninge, quoi d’autre encore ? peut-être d’avoir tout ou presque fait valser, d’avoir retissé du lien, même virtuel, entre deux étoiles contraires, si contrastées en apparence, d’avoir jeté le trouble, sous mille voiles…je ne sais trop, en fait…et à vrai dire, je ne me pose plus la question…

  12. françoise dit :

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis. 
    Les murmures de mes fissures m’empêchent de dormir. 
    J’ai l’impression d’être un préfabriqué. J’appréhende que mon toit s’envole .
    Soudain on cogne à l’huis. Qui çà peut-être ? Je ne connais personne.
    Tu viens le soleil luit me dit une porte de palier ?

    Elle a l’air blindée la nana.Cà va être dur de la câliner.
    Mais comment aurais-je pu décliner cette invitation.
    Je n’entends plus les murmures de mes fissures.
    Je sens à peine les crampes de mes volets.
    Je ne puis soudain résister à l’envie de la sortir de ses gonds quand Marcel Achard me souffle à l’oreille « il est plus facile de sortir de ses gonds que d’y rentrer »
    Perplexe je renonce.
    Furax elle claque frénétiquement.
    J’ai comme l’impression d’avoir échappé au pire.
    Soudain j’entends une alarme, de marque Verisure je crois. Si nos aïeux les entendent ils vont se dire qu’on est tous devenus fous.
    J’ai soudainement envie de me retrouver seuil et vite je ferme ma porte à double tour.

  13. Blackrain dit :

    Certains jours le « champ branle » autour de moi, et pas seulement en « dormant ». Même si je suis bien « bâtis » je ne suis pas de bois. Ma tête joue du « tambour » depuis que ma petite fenêtre Louisa m’a quitté. Je ne suis plus qu’une « porte batarde ». Ma Louisa, elle n’était pas comme toutes ces fenêtres que les « portes cochèrent » sur leur tableau de chasse. Non, « l’espagnolette » refroidissait leur « embrasure » en demeurant porte close et les bras « croisées ». S’ils insistaient, elle sortait de ses « gonds » pour leur opposer une terrible « guillotine ». Une véritable furie cette andalouse. Ils demeuraient bêtes, comme des « chiens-assis », à la contempler sans avoir le droit de mettre leurs mains sur ses « poignées » d’amour. Quant à moi, je la rencontrais à Séville. Je la remarquais dès mon entrée dans le « store ». Les « mouches arabes de biais » l’abordaient pour la séduire, mais sans aucun succès. Heureusement que j’étais un « battant ». Je vis qu’elle pleurait. J’usais alors de la douceur de mon « digicode » pour placer délicatement un mouchoir dans sa « paumelle ». Ses « lucarnes » s’ouvrirent en grand pour écouter ma voix. Elle accepta que je la « console ». Je montrais de l’assurance afin qu’elle en « persienne ». En s’ « ouvrant » à « claire-voie » elle me dit des mots aimables. Sa voie était suave et je découvris bientôt qu’elle avait le Cordoue. Nous sortîmes « auvent » pour un délicieux et langoureux baiser. Cet instant fut un moment « charnière » dans ma vie. J’adorais quand elle minaudait mon prénom : « l’huis ». Elle le susurrait délicatement sans jamais avoir le « loquet » lorsqu’elle buvait un peu trop. Elle fut un véritable « arc » en ciel dans ma vie. Mais l’ « espagnolette » était toute en « jalousie », pas très « coulissante ». II aurait fallut que je me tienne à « carreaux ». Mais je ne sus le faire. Je lui « volet » quelques soirées en compagnies d’une fenêtre aux magnifiques « croisillons » qui faisaient briller deux superbes « vitraux ». Cette Victoria causa ma défaite auprès de Louisa. Lorsqu’elle découvrit mon escapade, elle me traita de « judas » et je me retrouvais vite sur le palier avec mes affaires dans les bras. J’en suis là aujourd’hui, désespéré de n’être plus avec elle. Que vais-je pouvoir faire pour la reconquérir ?

  14. Jean Marc Durand dit :

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis. Les murmures de mes fissures m’empêchent de dormir. J’ai l’impression d’être un préfabriqué. Pourtant , je ne pensais pas être tombé dans le panneau. Je me croyais gentilhomme hier. Aujourd’hui, je doute.

    Certains jours, j’ai la girouette qui perd le nord. Ma vieille antenne hertzienne ne capte plus rien, je suis comme un aveugle dans mon propre quartier. J’ai le garage asphyxié, la cave envahie d’algues et le grenier assailli de souvenirs. Mon épi de faîtage ne me donne plus rien à moudre et mon chien assis s’est couché. Mes doubles vitrages me font croire que je suis sous l’emprise de l’alcool. Pourtant j’ai toujours le bon pied à terre, mon terrain est clairement viabilisé et je prends toujours soin de mon bercail.

    Evidemment, parfois, mes lucarnes voudraient virer végétariennes Un des combles, entre autres, pour d’ anciens yeux de bœuf. Ma cheminée prend souche sur le toit. Elle m’enfume le soupirail. J’ai bien du mal à suivre ma main courante qui galope de tuile en chevron. C’est comme si je m’étais pris un grand coup de marteau sur ma bicoque de noix. Les volets déroulent de sombres perspectives. Certains me décrivent comme suspect et exigent de ma part un balconfinement.

    Alors Docteur, c’est grave ??

    – Non, pas pire que les autres pavillons, calmez vous, baissez vos persiennes pendant une quinzaine de jours. Ne vous laissez pas terrasser par l’inquiétude et cultivez vos pénates.

  15. Maguelonne dit :

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis. Les murmures de mes frissons m’empêchent de dormir. J’ai l’impression d’être un préfabriqué. Certains jours j’ai envie de tout lâcher, tout abandonner, m’écrouler… Et puis quelques bouffées de souvenirs me reviennent. J’ai traversé les siècles, connu tous les états. Ah, nostalgie quand tu nous tiens !
    Quelle vie j’ai eu ! J’ai été château et mes murs ont vu grandir Princesse, Blanche Neige. J’ai tremblé quand leurs destins ont basculé à cause d’envie, de jalousie haineuse. Foutues marâtres, foutues sorcières ! Un peu, voir beaucoup de patience et je me suis réjoui lorsque sont arrivés les princes flamboyants.
    J’ai été maison de sept nains, maison en pain d’épice et fenêtres en sucre, cabane en paille, en bois et rassurante maison de briques. J’ai été chaumière, échoppe, palais de glace…
    J’ai été le témoin d’histoires terribles et merveilleuses où parfois j’aurais voulu hurler. « Non, non » mais mes pouvoirs sont limités, je ne suis qu’un élément du récit. Je ne suis pas magique. Et toujours les efforts, l’opiniâtreté, l’inventivité et le courage des héros sont récompensés et tout se termine dans la joie et l’amour.
    Je remercie du creux de chacune de mes pierres, de mes briques, de mes bois… tous ces auteurs qui m’ont fait traversé les siècles et participer à ces contes de fées. Merci Charles Perrault, Jacob et Wilhem Grimm, Hans Christian Andersen et tant d’autres. Grâce à eux j’ai ressenti les émotions des enfants. J’espère les avoir aidés à grandir. J’ai aussi goûté le plaisir partagé entre parents et enfants. Ça n’a pas de prix tout ça.
    Je ne devrais pas me plaindre. J’ai eu beaucoup de chance mais mon heure est passée. Ça me rend un peu amer, un peu aigri. Maintenant on parle de super héros dans des vaisseaux intergalactiques, d’ultra méga..je ne sais plus quoi. Je n’y comprends pas grand chose, complètement dépassé. Certains jours j’ai envie de tout lâcher, tout abandonner, m’écrouler…
    Mais honte à moi. Je dois être à la hauteur de mes héros. Eurêka, j’ai trouvé : je vais m’endormir autant d’années qu’il le faudra et un jour, un jour…La roue tourne.

  16. Fanny Dumond dit :

    – Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis. Les murmures de mes fissures m’empêchent de dormir. J’ai l’impression d’être un préfabriqué. Certains jours je n’ai plus le goût de vivre et je crains de m’écrouler, se plaint Chaumière à son voisin Atelier.

    – Qu’est-ce que tu as contre les préfabriqués ? s’agace ce dernier. J’en suis un et pour tout dire je suis en meilleure forme que toi.

    – C’est sûr que ton toit en bardeaux tout moches ne te pèse pas sur la carcasse comme le mien. Je n’en peux plus de courber l’échine et de perdre de plus en plus de couverture. Ensuite, après les orages, j’éternue tant j’ai les pieds mouillés et ce n’est pas la cheminée qui va me réchauffer vu qu’il y a belle lurette qu’elle est bouchée par la suie et les nids d’oiseaux.

    – C’est vrai que tu me fais baliser. J’ai peur que tu me tombes dessus quand tu grinces des dents. Pour moi, no soucy. J’ai toujours les pieds au sec.

    – Attends que tu deviennes centenaire comme moi et on en reparlera ! s’égosille Chaumière en ouvrant brutalement une croisée qui en perd un carreau.

    – Ah, ah, ah, se tord de rire le sacripant les pieds bien ancrés dans sa dalle.

    – Et ça te fait rire espèce d’imbécile, tempête la maisonnette qui, pour ne pas perdre sa fierté, se redresse d’un bloc en faisant craquer son ossature.

    – Sauve qui peut, se dit Atelier qui évite de justesse l’avalanche qui se dirige droit sur lui.

    Il s’en tirera à bon compte avec une fracture ouverte sur son derrière, une bosse sur son front et un trou dans son robinet.

  17. Avoires dit :

    Certains jours, mes crampes me font tellement mal que j’en crie de douleur. Il n’y aura donc personne qui s’intéressera à moi ? On veut du neuf, de l’éphémère, du vite monté, du low cost comme on dit maintenant à tout bout de champ !
    Moi je suis une vieille baraque, construite au bord de la mer il y a bien longtemps pour la joie des familles qui venaient m’investir tous les étés. Ah ! Ça riait, ça dégringolait les escaliers, ça se disputait, ça rentrait de la plage tout ensablés et rayaient mon beau parquet de chêne. Ça sentait la tarte aux pommes et la mouclade.
    Et les jours de pluie, il y avait les parties de petits chevaux, le jeu des 7 familles et les devoirs de vacances. Il régnait dans mes murs cette douce atmosphère de l’enfance, ces teints et ces cheveux dorés qui dureraient jusqu’à la rentrée. Je les voyais ces petits depuis mes fenêtres bleues, ils s’élançaient vers les ondes en courant sur leurs menues jambes et se faisaient petites loutres une fois entrés dans l’eau. Le soleil frappait sur les flots, sur le sable et sur moi, asséchait ma toiture. Le vent aussi participait à ces fêtes nautiques de cris, d’ébats, de peaux ruisselantes, faisait s’envoler les serviettes, tourbillonner le sable, s’infiltrait sous mes portes. L’insouciance était de mise et tout allait bien. Je vivais ma vie de maison saisonnière et passais jusqu’aux prochains étés mes mois de solitude humide. Quelquefois je sentais une douleur me traverser comme une flèche qui aurait frôlé un organe vital mais juste frôlé…
    Les étés suivants je grinçais un peu puis gémissais de plus en plus, je laissais passer l’eau dans les chambres puisque l’on n’avait pas daigné remplacer les tuiles que les tempêtes avaient empotées. Mes portes et fenêtres ne s’ouvraient qu’avec des secousses qui ébranlaient à chaque fois un peu plus châssis et chambranles. Je souffrais mille morts lorsque j’entendais des « oh là là, il va falloir qu’on fasse venir le menuisier… » Le menuisier ne vint pas ni le couvreur du reste, ni le maçon ni plus personne.
    Je me retrouve abandonnée, moi qui ai donné tant de joie, qui ai été la protectrice de ces bonheurs de belle saison, je suis maintenant devenue un poids. Non, je ne représente plus rien.
    Les murmurent de mes fissures m’empêchent de dormir. J’ai l’impression d’être un préfabriqué.

  18. Anne Lonjaret dit :

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis.
    Les murmures de mes fissures m’empêchent de dormir.
    J’ai l’impression d’être un préfabriqué. Certains jours…

    ….Je me souviens.
    Je me souviens de cette falaise qui s’est effondrée sous moi.
    La marée avec ses flux et ses reflux l’avait grignoté au fil des ans. L’océan avançait inexorablement, gagnant du terrain sur mon jardin. Mais que les générations d’enfants avaient été heureuses d’assister à ce phénomène ! Eux ne voyaient que le présent et appréciaient ces morceaux de roches tombant à grand fracas dans l’eau. Parfois il en demeurait des parties émergées. C’était un fameux terrain de jeu pour eux. Insouciants, ils descendaient néanmoins avec prudence pour découvrir et escalader ces nouveaux rochers. Ils ne se souciaient pas des panneaux « attention – danger – risque d’effondrement ».
    Les géologues avaient été sollicités pour surveiller et tenter de prévoir le jour où il faudrait me quitter.
    Et ce jour est arrivé. J’ai vacillé malgré mes solides fondations. Je me suis retrouvé comme d’autres préfabriqués montés à la hâte et pouvant s’envoler en 1 clin d’oeil.
    Mais les dernières générations ont pris la peine de me photographier et de garder une certaine forme de ma mémoire, pour ne pas oublier.

    « Un peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre ».( Churchill)

  19. Nadine de Bernardy dit :

    Je me sens très seuil
    J’ai des crampes dans les volets
    Je perds l’huis
    Les murmures de mes fissures
    M’empêchent de dormir
    J’ai l’impression d’être préfabriquée
    Certains jours…

    Halte là ma mignonne
    Que sont ces jérémiades?
    De quoi vous plaignez vous?
    Seuil vous l’avez toujours été
    Vos volets crampent mais néanmoins se ferment
    Je vous l’accorde un petit quelque chose à l’huis
    Serait sans doute nécessaire
    Mais regardez, vos fissures ne s’aggravent point
    Et de toute façon
    Vous ne dormez que d’un oeil ( de boeuf )
    Excusez la facilité de ma boutade
    Mais je vous trouve inutilement pleurnicharde
    Cessez de vous lamenter
    Voyez les côtés positifs
    Votre toiture est en parfait état
    La clôture se tient droite
    Les cheminées ont résisté aux tempêtes
    Le perron rempli son office
    Ne faites donc pas la coquette
    Pour vos 103 ans, vous avez fière allure
    Si je le pouvais,je vous achèterai
    Maintenant ,regardez moi attentivement,
    Mon 1 est un peu rouillé
    Je suis indispensable et sans gloire
    Des vis qui me tiennent,l’une va se déchausser
    Alors, encore quelque grief à votre actif?

    Non – bredouillai-je – c’était un petit coup de blues vespéral
    Un frisson d’angoisse du côté des soupiraux
    Merci de m’aider à faire la part des choses
    Vos légers défauts vous vont très bien
    Bonne nuit mon amie

    A vous également.
    Demain sera un autre jour.

    Alors,encore quelque grief à émettre?

    Non,non – bredouillai-je – c’était un coup de blues
    Un frisson d’angoisse du côté de mes soupiraux
    Merci de m’avoir aidée à faire la part des choses
    Je peux vous garantir que vos légers défauts
    Ne vous enlaidissent pas
    Bonne nuit

    A vous également
    Demain sera un autre jour vous verrez.

  20. LURON'OURS dit :

    🐻 AU BORD DE LA SCARPE
    Un éternuement m’a réveillé.
    Ce n’est que la montagne qui s’effondre. Dors
    Des murmures de fissures agressent mes tympans.
    Ce n’est que le tous ruisseau qui devient torrent. Dors
    Certains jours blêmes ou la nuit même
    Ça m’empêche de dormir.
    Je me sens soudain bien seuil,
    Plus que seuil, abandonné,
    Plus qu’abandonné, préfabriqué.
    Plus que préfabriqué…
    Défait
    Tu rêves, m’a dit mamie, tu volet le jour, le voici !
    Tire ta crampe mon minet ne sois pas inquiet.
    Sers-toi de ton hippocampe, de ton cerveau reptilien,
    Et tout ira bien. 🐻

  21. LURON'OURS dit :

    🐻 AU BORD DE LA SCARPE
    Un éternuement m’a réveillé.
    Ce n’est que la montagne qui s’effondre. Dors
    Des murmures de fissures agressent mes tympans.
    Ce n’est que le tous ruisseau qui devient torrent. Dors
    Certains jours blêmes ou la nuit même
    Ça m’empêche de dormir.
    Je me sens soudain bien seuil,
    Plus que seuil, abandonné,
    Plus qu’abandonné, préfabriqué.
    Plus que préfabriqué…
    Défait
    Tu rêves, m’a dit mamie, tu volet le jour, le voici !
    Tire ta crampe mon minet ne sois pas inquiet.
    Sers-toi de ton hippocampe, de ton cerveau reptilien,
    Et tout ira bien. 🐻

  22. Souris verte🐁 dit :

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis.
    Les murs meurent de mes fissures
    J’ondule de la toiture
    Quand on bien me bisiter je lâche une tôle, des fois une caisse, une sacrée tuile pour l’agent immobilisé..
    Les barreaux nourris de l’espalier qui trinquent au pannier font plomber le furieux qui se ramasse comme une poire blette sur le paille à son comme un ballot.
    Un bon ponseil : froncez…tournez vite les marrons. Pas un rond. Cachetez pas ! Fruitiez …🐁

  23. Nouchka dit :

    Dans l’une des vitrines de ce musée du jouet, une maison miniature ronchonne :
    – « Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis. Les murmures de mes fissures m’empêchent de dormir. J’ai l’impression d’être un préfabriqué.
    Certains jours, je donnerai tout le mobilier dont je dispose, et qui me donne une certaine valeur, pour respirer l’air pur de l’autre côté de cette vitre. J’en ai assez de cette odeur de naphtaline.
    J’aimerais que des enfants, ou même des adultes, me touchent. Qu’ils me prennent dans leurs bras, me posent sur une table ordinaire et là, je suis certaine que je ne sentirais plus gargouiller les petites vrillettes qui rongent ma structure. Si je bougeais régulièrement, cela dérangerait toutes ces «horloges de la mort », comme on les surnomme ; il faut dire que les sons qu’elles émettent pendant la période d’accouplement est fort perturbant.
    – Tu bougonnes, tu bougonnes mais tu n’es pas si seuil que tu le dis. Je suis à proximité et nous avons l’occasion de partager nos impressions sur les visiteurs de l’autre côté de la vitre.
    C’est tout de même souvent une bonne partie de rire.
    – Oui, mais je me sens vieux et ces derniers temps nous n’avons vu aucun visiteur.
    – Que devrais-dire, moi qui supporte plus d’un siècle de vie sur ce socle. Il vibre de plus en plus le système à ressort. Un jour, je vais me retrouver démantibulée, le biscuit de mes bras et la porcelaine de mon visage vont exploser. La boite à musique s’arrêtera pour toujours.
    J’aurais grand besoin d’un bon ostéopathe, voire d’un chirurgien pour me remettre en état. Tu as vu comme je penche sur la gauche ?
    – C’est sans doute parce que la cage que tu tiens est devenue trop lourde
    – Non, je crains que ma colonne vertébrale ne soit cassée
    – Ah ; peut-être. Cela me parait plausible
    – Et puis ma robe est toute déchirée à l’arrière ; usée par le soleil. Ma main s’est désolidarisée de mon bras. Les ligaments métalliques qui la tiennent ont cédée.
    – Cela ne se voit pas ; je ne l’avais pas remarqué
    – Tu vas me mettre en colère. Ce n’est pas parce que cela ne ce soit pas que c’est normal. Moi non plus je ne vois pas tes crampes dans les volets et ce n’est pas pour autant que c’est acceptable par toi.
    – Je rêve parfois d’un coup d’éclat. Nous pourrions briser la vitre et sauter dans le vide. Ce serait une belle fin. La gazette titrerait : « Drame au musée. La maison de poupée et Mamzell’ Nitouche, la poupée automate se sont défenestrées de leur vitrine cette nuit. Le directeur n’exclut pas une intervention extérieure mais rien ne permet d’étayer cette hypothèse pour le moment »
    – T’es pas marrante. Si nous nous détruisions, t’imagines pas notre sort ensuite. Toi, ton bois servirait de petit bois pour une belle flambée ; en peu de temps tu disparaitrais. Moi, par contre, ils risqueraient de récupérer les morceaux de mon corps et du mécanisme et j’aurais peut-être une jambe, rangée sur l’étagère d’un restaurateur de jouets, parmi des dizaines d’autres jambes, en attente d’être réutilisé sur une poupée qui en aurait besoin. Ce serait une vie sans fin….
    – Tu as raison. Je vais y réfléchir de nouveau. C’est vrai que tout le monde n’a pas la chance d’avoir une amie jolie et intelligente avec qui échanger
    – Aller, tenons encore un peu….

  24. iris79 dit :

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis.
    Les murmurent de mes fissures m’empêchent de dormir.
    J’ai l’impression d’être un préfabriqué. Certains jours, je crois que je vais m’écrouler. Il suffit que le vent s’en mêle pour que je tremble de toutes mes briques. Tout craque alors et je crains de ne plus tenir debout jusqu’à ce qu’arrive l’accalmie.
    Les jours heureux sont déjà vieux. On me consolida autrefois mais j’étais tellement gourmand en chaleur qu’on m’abandonna. On alla même jusqu’à me surnommer le gouffre alors que je voulais être tout sauf un trou noir. J’eus de belles années pourtant ou le feu flambait dans mes deux cheminées, l’air circulait entre les persiennes de mes volets alors solides et robustes. Les gens s’accommodaient de peu mais tombaient plus souvent malades.
    J’ai essayé de dissimuler comme j’ai pu les affres de l’humidité mais quand elle s’immisça dans les poumons de mon patron, je sus que les ennuis allaient commencer. On m’abandonna à mon triste sort sans que personne ne vienne pendant longtemps. Puis de drôles de gens de l’immobilier, des agents semblait-il, ont essayé de me confier à nombre de familles, en me trouvant des excuses plus que de raison. Mes portes s’ouvrirent pendant plusieurs saisons.
    En vain. Les personnes avec leur petite mallette perdaient leur enthousiasme et s’excusaient presque de m’envisager comme un projet de vie auprès de leurs clients. J’eus beaucoup de mal à maintenir le panneau « à vendre » sur ma façade déjà bien triste et abimée.

    Je me sens très seuil, c’est vrai, je suis vieux et décati, je connais tous les maux propres aux vieillards mais si vous me regardez bien, vous verrez tout au fond de mon couloir, une petite lueur d’espoir.
    Hier sont venus des enfants qui courraient devant leurs parents. Ils m’ont tout re-tourner, j’ai bien cru que j’allais m’écrouler. Mais comme j’étais heureux de sentir leurs pieds me chatouiller le plancher ! Ils riaient et criaient allant et venant dans tous les recoins de la maison ! Ça m’a complètement chamboulé mais j’ai rajeuni d’au moins trente ans ! Des frissons m’ont parcouru du sol au plafond ! C’est comme si mon sang se remettait à circuler en même temps que leurs pas arpentaient des endroits que même moi je ne reconnaissais pas. Après eux est arrivé l’agent immobilier. Il n’en revenait pas de ce miracle et a sorti sans tarder tous ses papiers. Ils ont signé !
    Je ne sais pas ce qu’ils feront de moi, je me doute bien qu’il va falloir m’amputer de quelques membres tremblants mais je suis serein. Ils retireront ce qu’ils voudront.
    Je sais qu’ils vont consolider ce qu’ils pourront et que je vais continuer d’abriter une famille, des gens bien. Je ne suis plus un vieux bâtiment à l’abandon. J’ai retrouvé ma dignité avec ma seule raison d’être ; un foyer, une maison avec de solides fenêtres.

  25. Laurence Noyer dit :

    Depuis que je suis fixée en terre
    C’n’est pas rigolo. Entre nous,
    Je suis une construction précaire,
    Et je sens rouiller tous mes clous,
    J’ai beau vouloir me remonter
    Je m’éboule de tous les côtés.

    J’ai des crampes
    Dans les rampes
    J’ai le volet
    Gondolé
    J’ai le seuil
    Qui s’effeuille
    J’ai les stores
    Qui s’colorent
    J’ai l’conduit Qui perd l’huis
    Les claustras
    Bien trop bas
    Et les cotes
    Bien trop hautes
    J’ai les planches
    Qui s’démanchent
    Le pilastre
    Qui s’encastre
    La façade
    Qui s’dégrade

    Ah ! bon Dieu ! qu’c’est embêtant
    Quelle foutue baraque
    Ah ! bon Dieu ! qu’c’est embêtant
    Je n’suis pas bien portant.

    Pour me réparer au plus vite,
    Avant qu’survienne l’éboulement
    Je suis allé rendre visite
    A l’architecte en bâtiment.
    D’où souffrez-vous ? qu’il m’a demandé.
    C’est bien simpl’ que j’y ai répliqué.

    J’ai le mur
    Qui s’fissure
    La ch’minée
    Inclinée
    La toiture
    En craquelure
    J’ai les joints
    Bien trop fins
    Les arceaux
    Bien trop gros
    J’ai des briques En plastique Ma bâtisse Se dévisse

    Ah ! bon Dieu ! …

  26. Blanche dit :

    Wao ! Comme disent les Ricains …
    Camomille !!! quelle chute ! GénialeS ! Vous Et votre chute ( j’adore Woody !)
    Blanche

  27. Blanche dit :

    Bravo ! Cher Antonio !
    Blanche

  28. camomille dit :

    Je me sens très seuil, j’ai des crampes dans les volets et je perds l’huis.
    Les murmurent de mes fissures m’empêchent de dormir.
    J’ai l’impression d’être un préfabriqué. Certains jours… Je pleure.

    « C’est une maison bleue
    Adossée à la colline, on y vient à pied
    On ne frappe pas, ceux qui vivent là
    Ont jeté la clé… et se sont barrés ».

    Et ça fait belle lurette qu’ils se sont barrés !

    Certes, j’ai eu ma période de gloire grâce à Maxime. Tout le monde voulait me voir. Alors, on m’astiquait, on m’aérait, on me parfumait et on m’admirait. Bref, on m’entretenait !
    Cependant, tout passe, tout lasse… les ingrats… et ils se sont barrés !
    Gala, Voici, Paris Match, la télé… Ils m’ont tous abandonnée.
    Johnny a détourné leur attention.
    Ils préfèrent se rendre en pèlerinage devant sa maison ou pire, devant sa tombe, enfin sur sa tombe on dit ! Et je me morfonds… je crève en silence.

    Tiens…. Mais je rêve ? Une voiture se gare devant ma porte branlante ? Oh là là,
    je retiens ma respiration de crainte que les volets ne tombent.
    J’ai un peu honte de mon état…. Mais pas le temps de faire un brin de toilette.

    Quoi ? Mais c’est pas possible… C’est Woody Allen ? C’est Woody Allen ? Et il parle en français ! :

    -Ha Yeees ! Elle est vraiment pourrie ! Je l’adore ! C’est exactement ce qu’il me fallait. Faudra juste rajouter des fissures, arracher deux volets et casser les fenêtres.
    Un vrai bijou cette bicoque. On va pouvoir commencer le tournage dès demain.

    Mais l’émotion fut telle que la maison bleue s’écroula.

  29. Antonio dit :

    Certains jours, je suis tellement grippé que je ne passe pas la porte de chez moi, serrure !

    On m’oblige à m’isoler pour que j’économise mon énergie. Mais ce n’est pas en courant derrière des pompes en chaleur – qu’on colle aux murs extérieurs pour se faire du bien à l’intérieur – que ça tirera mieux que ma grande cheminée.

    D’accord, ma flamme n’est plus la même, elle ne me chauffe plus comme avant, mais elle me réchauffe le cœur tout de même, quand je vois renaître le feu dans ses yeux ardents.

    J’aime prendre de la hauteur, au premier étage, dans la chambre à coucher quelques vers sur les pages blanches du lit défait de mes pensées. J’oublie la douleur du temps qui grince dans les articulations de mes ouvertures au monde extérieur, avec tous ces gonds qui geignent pour un oui pour un non. Fermez la, nom d’un chien !

    Fermer la fenêtre sur ces chiens qui aboient dans mon jardin qui ne connaît que l’hiver de ma solitude, depuis que t’es envolé.

    Oh ! je repense à toit qui m’a couvert de tant de bonheur, plus que de tuiles. Tu te souviens, quand le ciel nous est tombé sur la tête ? Oh ! « Rappelle-toi, Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest, ce jour-là »

    Mais, Paroles ! qu’est-ce que je récite, j’ai comme un courant d’air dans la cervelle. J’entends souffler dans le grenier de ma tête, chaque nuit. C’est le même cauchemar. Alors, je tire la couverture à moi et je rêve que je grimpe sur toit pour faire l’amour avec les étoiles.

  30. Laurence Noyer dit :

    Depuis que je suis fixé en terre
    C’n’est pas rigolo. Entre nous,
    Je suis une construction précaire,
    Et je sens rouiller tous mes clous,
    J’ai beau vouloir me remonter
    Je m’éboule de tous les côtés.

    J’ai des crampes
    Dans les rampes
    J’ai le volet
    Gondolé
    J’ai le seuil
    Qui s’effeuille
    J’ai les stores
    Qui s’colorent
    J’ai l’conduit Qui perd l’huis
    Les claustras
    Bien trop bas
    Et les cotes
    Bien trop hautes
    J’ai les planches
    Qui s’démanchent
    Le pilastre
    Qui s’encastre
    La façade
    Qui s’dégrade

    Ah ! bon Dieu ! qu’c’est embêtant
    Quelle foutue baraque
    Ah ! bon Dieu ! qu’c’est embêtant
    Je n’suis pas bien portant.

    Pour me réparer au plus vite,
    Avant qu’survienne l’éboulement
    Je suis allé rendre visite
    A l’architecte en bâtiment.
    D’où souffrez-vous ? qu’il m’a demandé.
    C’est bien simpl’ que j’y ai répliqué.

    J’ai le mur
    Qui s’fissure
    La ch’minée
    Inclinée
    La toiture
    En craquelure
    J’ai les joints
    Bien trop fins
    Les arceaux
    Bien trop gros
    J’ai des briques En plastique Ma bâtisse Se dévisse

    Ah ! bon Dieu ! …

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