507e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat
Éloge d’une illusion
Éloge : « Jugement relevant très favorablement en parole ou par écrit les mérites ou la réussite de quelqu’un ou de quelque chose. »
Source : TLF
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Nous étions beaux, nous étions blond, nous croyions que l’amour c’était cette illusion de la perfection, la perfection avec l’autre, la perfection de l’autre, l’autre qui serait tout pour nous, avec qui tout nous paraitrait magique fantastique, énigmatique.
Nous n’en n’étions pas à notre première histoire mais nous avons cru, nous y croyions encore que ça pourrait arriver que ça pourrait exister. Cet amour merveilleux issu des contes de fée, issu des films et des livres pour adultes améliorés.
Nous étions comme des enfants, c’était enivrant, et puis est arrivé ce moment ou le charme est tombé, ou le choc est arrivé, une déception, la fin d’une illusion, de belles sensations, et d’espoirs de vie sans déceptions.
Elle m’a fait voyager cette illusion elle m’a fait pleurer, elle m’a fait rire à gorge déployée, j’étais subjuguée, j’étais épatée, j’ai vécu des émotions ,des palpitations, et quand je ferme les yeux je peux encore m’y retrouver, et revivre ces sensations, cette illusion, pour quelques moments d’évasion, je m’y vois encore, je revis à profusion ces moments d’exception.
Week-end du 15 août 2020
Tranquille, je roule le long de cette vallée sinueuse qui suit le cours du fleuve, traversant de petits villages aux murs de pierres flirtant avec les roses trémières qui, nonchalantes, sous le vent léger, viennent les caresser.
Toi,coincé dans ta voiture surchauffée sur l’asphalte de l’autoroute du sud, tu pestes contre tous ceux qui, comme toi, ont choisi d’aller se faire bronzer sur le sable de la méditerranée ! ,
« Sur l’autoroute des vacances, c’est vraiment pas ton jour de chance… »
Il ou elle, comme toi coincé, se désespère de ce grand serpent indolent de tôles surchauffées et – commande vocale oblige- intime l’ordre au GPS de trouver un palliatif pour ne pas mourir d’ennui ou de colère sur cette aire …
Champagneux. Nous mettons tranquillement nos kayaks à l’eau . Le temps s’annonce clément et l’air est doux ce matin. Le vieux Rhône nous tend les bras (ou lône ) et heureux, nous partons à la découverte de la réserve régionale du fleuve et de ses isles Une famille de cygnes sur la berge salue notre départ
Indien malin suit les prévisions de bison futé et c’est ainsi que vous êtes partis de Lyon aux aurores pour vous retrouver coincés à Vienne ! Pauvre cité romaine adepte de jazz – par le covid rendue muette en ces temps d’été – elle ne peut que vous murmurer : « Errare humanum est ! » Et oui, vous vous êtes plantés, le sud, cette année, quelle utopie !
Les enfants enragent, ils sont en nage ! « Dis maman la mer c’est dans longtemps.. ? »
A la proue de mon frêle esquif, une charmante demoiselle bleue splendide, un instant se pose. Le temps, ici aussi, semble s’être arrêté et pourtant je glisse, fluide, sur l’onde. Silence rompu parfois par un envol de héron ou le saut subit d’un poisson hors de l’eau . Rêve, songe ou mirage, le ciel se réverbère à la surface du fleuve, me donnant l’impression d’être au centre d’une bulle d’éternité, entre eau et nuées…
Pendant que tu rêves d’un bronzage que t’envieront tes collègues de bureau, je m’enduis d’écran total pour éviter les brûlures du soleil devenu ardent. « Être ou paraître », là est la question peut être ?
Nous quittons la voie royale pour nous glisser dans les lônes Les guêpiers et le pic e pêche préviennent les autochtones de notre arrivée et seules les traces d’un chevreuil sur le sable ou quelques bois rongés par les castors ou l’odeur très particulière de pneu brûlé de leurs déjections nous donneront à penser que l’endroit est bien habité.
La bas, vers Valence peut être , il s’arrête pour boire une canette bien fraîche. Elle penche sa main par dessus la ligne de vie du kayak – cela ne s’invente pas !- et la trempe dans l’onde fraîche et si claire d’une résurgence généreuse qui rend ici l’eau presque transparente, ses doigts s’emmêlent aux rubaniers aux fleurs modestes , plante maintenant protégée et elle sourit, tranquille. Il jette un œil a son @phone pour estimer le temps restant de route et soupire, épuisé par avance!
Nous avons mis une journée entière pour rallier Evieu, vingt kilomètre en aval du fleuve. C’est là que nous bivouaquerons ce soir. Installer le campement, préparer le repas ne pas oublier l’apéro et trinquer au coucher du soleil qui illumine les îles alanguies devant nous .
Vous aussi êtes arrivés, une journée entière pour rallier la coté : 400 km que votre SUV aurait ,en temps « normal », avalé en quelques heures …A quoi cela sert il donc d’avoir tant de chevaux sous le capot ! Maintenant, vous allez devoir batailler pour trouver votre location ou peut être même, compagnon infortuné- votre emplacement au camping bondé à deux pas de la plage où vous devrez, consignes obligent, vos distances avec les autres garder.
Ils trinquent ensemble aux plaisirs simples partagés. Le temps s’étire. Ils contemplent les étoiles et dans le silence du soir , Christian, Boris et Yvan leur offrent une aubade. Violon , flûte et clarinette mêlées en notes douces s’envolent vers les cieux. Ce soir, le Rhône, doucement, bercera leurs corps fatigués et leurs rêves auront la couleur céladon de ses eaux.
Le lendemain, alors que vous étendrez vos serviettes sur le carré de sable que l’on vous aura affecté, en maudissant les décibels et la gueule de bois de vos échappées pas belles de la nuit dernière, nous reprendrons notre randonnée, le dos un peu douloureux mais les yeux brillants et le cœur impatient de tout ce que nous allons encore découvrir .
Evieu – Malville avec une halte au pont de Groslée pour pique-niquer. Une journée entière pour une vingtaine de kilomètres seulement à parcourir Le temps n’est plus aussi clément et l’orage menace. Nous devons aller contre le vent et pagayer devient plus physique.Mais la traversée du défilé de Malarage, son château léproserie englouti et ses îles aux textures de forêts primaires, troncs d’algues moussus d’où jaillissent d’improbables bouquets de balsamines de l’Himalaya mélangées aux larges hampes des renouées du japon, éclairées par de fugaces rayons de soleil nous transporte dans un autre monde et nous nous rêvons explorateurs navigant sur le grand fleuve Amazone quand soudain un martin pêcheur, là, devant nous, plonge, un éclair d’azur sur fond d’hombres herbues
Pendant que tu te demandes encore dans quelle nouvelle discothèque tu vas aller draguer ce soir, j’entends, la bas, derrière les arbres, un air d’accordéon qui nous appelle . Nous arrivons au port et ce soir sous l’orage, nous trinquerons encore une fois à ce fabuleux voyage.
Un peu en retrait, cachée dans la mousse, au bord de l’eau, ses yeux aux iris d’or a demi fermés, elle nous regarde quitter ses berges, comblés. Elle qui, tout au long du parcours, nous a accompagnés, vigilante gardienne invisible et silencieuse, peut maintenant se reposer un peu . Son corps, en longs anneaux vert bronze ramassé, lentement s’étire . Un dernier regard et, rassérénée, elle s’en retourne au fleuve où elle glisse et disparaît, notre serpente à nous , la Vouivre.
On avait du mal à la comprendre, mais ce qu’elle dit…
était éclairant, comme si l’obscurité de ses mots apportait une sorte d’ouverture à l’imagination, en entendant d’autre mots, de ceux qui n’existent pas vraiment – ou plus – mais s’accordent à cette vieille personne. Celle qui raconte un monde passé mais dont on a entendu parler dans quelques-uns de nos rêves, ceux un peu féeriques. Ça nous parle, cela nous intéresse plus qu’un peu.
On aimerait partir avec elle, pas seulement à travers ses mots étranges mais dans son monde. Parce que notre monde, qui est aussi le sien aujourd’hui, est « perdu ». Mais celui où elle a vécu en vrai, celui qui berce certains de nos rêves et s’évanouit dès notre réveil, créant de la tristesse, ce monde nous voulons nous y glisser pour de bon, y rester tant qu’on pourra, sans le gâcher, cette fois. Pas question de le perdre pour ne plus le retrouver.
Il m’avait donc amené dans une pièce obscure, salle unique dans cette petite maison, éclairée à la seule lumière d’une chandelle.
Elle était assise et lisait un livre tout en semblant attendre quelque chose…
Ma venue, qu’elle puisse commencer son récit.
Le récit d’une mère qui pourrait dire à son fils, le monde et son origine, le nom de son père.
Les Boudhistes, estiment que Tout n’est qu’illusion, j’avoue que j’ai un peu de mal avec cette pensée. Ils prônent le détachement….
Quant à la physique quantique, le peu que j’en ai compris me dit, je crois, que cette table massive, longue, qui invite à la convivilialité, au partage. Cette table dont je touche et caresse, le bois chaleureux, doux, patiné par les ans, marqué de légères entailles, qu’un artisan consciencieux et habile a fasçonné, cette table donc, n’existe pas en tant que matière « dure comme du bois ». Autant dire que c’est multidimensionnel.
L’infiniment petit et l’infiniment grand.
Le microcosme et le macrocosme.
Le Tout Univers
Si l’on part de ce point de vue où Tout est illusion, de cette science où la matière est « énergie » ou je ne sais quoi : passé un instant de tournis, de vertige.
Je me dis que l’illusion de la Vie est celle que je préfère peu importe sa durée, j’ai souvent à l’esprit les mots « il avait eu le temps », d’un poème appris enfant.
Sentir, le souffle de la vie , et la sève dans mes veines, le sol sous mes pieds nus, le granit de la roche sur lequel je repose un instant ma tête fatiguée, me laisser apaiser par les arbres et leur feuillage verdoyant. Contempler, la beauté des formes parfaites des créations de la Nature, animales, végétales, la variété infinie de leurs formes, de leurs couleurs, découvrir chaque jour, ce tableau toujours changeant que le « grand peintre « du ciel crée. Le ciel lui même. Infini.
Savoir qu’il existe, dans cette illusion, une multitude de paysages, de modes de vie, de façons de penser, de langages, de saveurs, d’être au monde.
J’aime le regard rayonnant et le sourire, d’un ou d’une passante, d’un enfant, d’un ou d’une inconnue, d’un être cher. Un éclat de rire joyeux, une crise de fou rire, une main tendue, et aussi la simplicité de cette mains sur le cœur. J’aime l’illusion qui n’est pas une illusion que tout mon être, toute ma vie n’ont de sens qu’en mon fors intérieur, et que ce sens n’a pas plus d’importance que le sens de la vie de milliards d’’êtres humains.
Illusions et croyances sont liées. Ombre-lumière dans le clair-obscur, soleil et pluie, un arc en ciel se dessine, éphémère. J’aime l’illusion d’avoir l’illusion que je peux ne plus nourrir mes ombres et celle aussi qu’il existe encore des espaces de liberté.
Ce que je décris-là est bien réel pour moi, tout en sachant que la réalité est une boule à facettes.
Illusion, pour d’autres.
J’aime l’illusion d’avoir l’illusion que je n’ai plus ma place et ne l’ai sans doute jamais eu, dans cette drôle de société, que cela m’importe peu, puisque ma place est ici aujourd’hui. J’aime l’illusion d’avoir l’illusion, que désormais, je choisis moi-même mon chemin,
Qu’il y en aura bien un. Et qu’il y aura encore d’autres rencontres, que les différences ne sont pas toujours incompatibles, mais peuvent aussi être enrichissantes et lumineuses. Et que lorsque un lien est mort, il n’y a rien à regretter, c’est juste qu’il est mort, d’ailleurs ce devait être du toc et je ne l’avais pas vu.
J’aime l’illusion d’avoir l’illusion que la roue tourne et peut tourner pour chacun. Y compris pour moi.
L’illusion qui échauffe les esprits collectifs, comme celle du passage de l’an 2000 où tous les ordinateurs étaient censés bugguer, où ce grand couturier annoça la fin du monde : coup de folie passagère, coup de bluff, de pub ? M’amuse, enfin parfois.
Par les temps qui courent, des alarmistes, crient au péril de la planète Terre, je n’arrive pas vraiment à m’inquiéter pour elle, certes, si nous arrivions à ne plus en piller les ressources, et à la préserver, cela serait sans doute une bonne chose, surtout pour la faune et la flore, cependant, malgré que cet animal à deux pattes, nommé humain, m’importe, quoi que souvent ses convictions, ses intérêts et ses actes m’échappent..
Je « crois » que la Terre peut très bien se secouer, et se débarrasser de cette espèce-là…et malheureusement par la même occasion de quelques autres formes de vie inoffensives. Elle n’a aucunement besoin de nous.
Il y a eu un avant l’espèce humaine, peut-être y aura-t-il un après pour cette Terre bleue comme une orange.
Thème du Blog d’écriture : Éloge d’une illusion
L’illusion de la vie.
Enfant, tu aspires avec impatience à grandir.
Adolescent, tu rêves de l’indépendance de choix de l’adulte.
Adulte, tu commences à te demander si le temps qui passe, sans te laisser le loisir de faire autre chose que de « gagner ta vie », – drôle d’expression pour décrire la prison du quotidien, l’exiguïté de tes choix – est réellement la voie du bonheur.
À ce stade, si tu n’as pas eu, personnellement ou autour de toi, de souci de santé ou de perte cruelle à déplorer, tu te crois encore éternel.
Arrive alors, l’âge de la liberté. Liberté sous condition, bien sûr. Celle d’avoir encore le tonus, les ressources, l’appétit de t’offrir les plaisirs qui jusque-là ne n’étaient accessibles, faute de devoir te plier aux incontournables lois économiques et sociales.
Tes amis et parents disparaissent ; tu te demandes quand arrivera ton tour de « perdre » la vie.
À quoi cela rime-t-il ? Cette vie que chaque nouveau-né construit par de multiples apprentissages successifs et qui est vouée, à terme, au néant.
Sans doute est-ce l’illustration la plus contradictoire, l’éloge de l’illusion le plus sublime que je puisse imaginer.. euh non, que je doive accepter.
Le capitaine Éloge D’une Illusion présidait une commission de recrutement de jeunes recrues de l’armée.
Il n’arrivait pas à y croire. Le prochain candidat qu’il allait recevoir pour l’entretien avait le même prénom et presque le même nom que lui. A une différence près toutefois.
Ce jeune homme se dénommait Eloge De Deux Illusions.
Et puis il se dit, c’était peut-être une femme, car selon son opinion, Eloge, lui, il a toujours considéré que ce devait être un prénom féminin.
Subitement une pensée lui traversa l’esprit. Non ce n’était pas possible. On ne pouvait pas être affublé de tels nom et prénom .
Cela n’avait pas de sens. C’était certainement une blague qu’on lui avait faite. Ses collègues officiers certainement. Peut-être son colonel. Oui c’était certainement lui. Son supérieur avait demandé à ce qu’on falsifie le nom du prochain candidat (ou de la candidate).
Malheureusement on n’en saura pas plus. Là destinée est parfois ainsi faite. Notre capitaine, on pourra dire qu’il jeta l’éponge. D’une manière non intentionnelle. En effet, pour un très gros problème médical, il s’effondra de son siège. L’autopsie par la suite déterminera ce qui provoqua cette chute.
Drôle d’histoire. Là est le voeu de celui ou de celle qui tient la plume. Mettre une ou deux illusions, ou plus, dans un écrit.
Le capitaine D’une Illusion disparu, je peux vous affirmer que le dénommé Deux illusions existe, que c’est donc un monsieur, et qu’après une période dans l’armée, il devint un compositeur de renommée internationale.
La fin de notre histoire approchant, on voit que ce n’était pas une blague des collègues du capitaine D’une Illusion. Ah ah ah …
Éloge des hameaux
Dans ma roulotte à moteur je parcours des chemins d’atlas
Sur ce grand livre ouvert les panneaux de lieux-dit s’écrivent sous mes yeux:
…Eclance, Eclaron, Eclans…
Je navigue ainsi comme dans un dictionnaire
Des noms- éclairs se collent en post-it sur le pare-brise:
….Echallon, Echalot, Echalou ..
Puis disparaissent, échoués, exilés au bord des routes.
Juste le temps pour moi de les Exclamer, de les Extirper, de les Ecrier
Exit les hameaux, je suis déjà loin …
…Epire, Epiny , Episy…
Vos noms, je les aurai juste Effleurés
Le temps d’une échappée.
Le temps d’une illusion.
Ô mon illusion
Merci d’être ici
Comme une bulle, une maison
Tu m’enlaces me réchauffe
M’accueilles dans tes bras quand les autres ne sont plus là
Je t’aime contre vents et marées
Tant de gens veulent nous séparer
Ils ne comprennent pas pourquoi
J’ai tant besoin de toi
Je sais très bien qui tu es
Et le bien que tu me fais
Des amis craignent l’aveuglement, le déni
Une chute annoncée, une tristesse infinie
Je n’ai plus envie de leur expliquer
Plus l’énergie de prouver, démontrer
Pourquoi tu m’es plus chère que n’importe quel lieu ici-bas
Que de me laisser glisser dans ton antre,
Me sentir dans ton ventre
Est le plus doux des refuges, le plus réconfortant des endroits
C’est là où je veux être, c’est ici que je veux rester
Je laisse mes souffrances à la pire des réalités
Que je choisis de ne plus habiter
Éloge d’une illusion
Ah ! Cher Pascal, mille et un mercis pour ce sujet.
Quel mot délicieux que ILLUSION aux multiples synonymes tels que
chimère, mythe, fantasme, artifice, escamotage, leurre, tromperie, spectre, vision, méprise, aberration, et tant d’autres encore parmi lesquels j’ajoute avec jubilation : UTOPIE !
Quelle chance de pouvoir plonger dans l’illusion, s’y baigner, se laisser porter par son courant, voir s’évaporer toutes les lourdeurs de la réalité ! Devenir léger, se délester des réalités toutes plus réjouissantes les unes que les autres que sont la pollution, les guerres, le terrorisme, les inondations, les sécheresses, les incendies, la fonte des glaciers, les famines, les régimes autoritaires, dictatoriaux, les pandémies, les chaînes d’infos en continu, les notifications en tout genre sur les écrans, les écrans eux-mêmes, la disparition des vers de terre dans les sols, la mauvaise alimentation, l’obésité, la pauvreté, le chômage, et toutes les joyeusetés que l’on ignore, que l’on nous tait mais qui existent.
Vive l’illusion d’une vie bonne et belle qui nous donne une santé de fer, l’illusion d’un ciel limpide où les milliards d’étoiles sont visibles à l’œil nu, l’illusion de se baigner dans une onde pure, l’illusion de parfums qui font frissonner, de ramages enchanteurs et de mets aux saveurs vraies .
Quoi, l’illusion serait illusoire ? Et alors, illusoire «La Grande Illusion»? Illusoires, illusion, les mythes, la poésie, le cinéma, les romans, la chanson, le théâtre, la peinture, la musique ? Nous vivons dans l’illusion car nous en avons un besoin extrême.
L’illusion est comme un jeu et sans doute avons-nous besoin de jouer à un monde utopique pour tourner le dos à la réalité qui ne manquera pas de nous rattraper.
Frédéric Dard, je t’invite à mon modeste propos en te citant : « L’illusion est trompeuse mais la réalité l’est bien davantage. »
Éloge des hameaux
Dans ma roulotte à moteur je parcours des chemins d’atlas
Sur ce grand livre ouvert les panneaux de lieux-dit s’écrivent sous mes yeux:
…Eclance, Eclaron, Eclans…
Je navigue ainsi comme dans un dictionnaire
Des noms- éclairs se collent en post-it sur le pare-brise:
….Echallon, Echalot, Echalou ..
Puis disparaissent, échoués, exilés au bord des routes.
Juste le temps pour moi de les Exclamer, de les Extirper, de les Ecrier
Exit les hameaux, je suis déjà loin …
…Epire, Epiny , Episy…
Vos noms, je les aurai juste Effleurés
Le temps d’une échappée.
L.Noyer
ÉLOGES DE L’ILLUSION
– Allô Balzac 0001..
Ici Jean Mineur, oui, avec mon casque et mon piolet qui atteint sa cible parfois. Je suis votre émule et l’un de vos admirateurs. Je ne suis que publicitaire et c’est tant mieux. Mes travaux sont stipendiés.
– Au moins toi, tu ne te berces pas d’illusions.
– J’ai l’art de faire passer des vessies pour des lanternes je donne l’envie d’abord.
– Moi j’ai beaucoup désiré, j’ai vécu, j’ai aimé, je crois même que je l’ai été.
– J’étais dans la publicité. Pas une salle de ciné sans ma petite musique ; pour vivre, chacun passait par mon agence.
– Moi j’ai fait vivre toute une société qui sans moi aurait disparu.
– Et vous l’avez appelée ‘ les illusions perdues » ? Alors, regret ou remord ?
– Recherche, plutôt, du temps perdu.
– Moi, je ne perds rien pour attendre.
– Tu as des formules toutes faites.
………………
– Allô, Balzac, ne coupez pas.
😸 LURON’OURS
Mes chers amis
Nous voici réunis pour dire adieu à notre amie magicienne , Illusion , que nous venons de perdre .
Depuis notre venue au monde elle nous accompagne sur nos chemins de vie nous permettant de croire à tous les possibles .
Elle nous a permis d’avancer vers l’inconnu sans crainte nous apportant de la fantaisie et parfois même du prestige .
Grâce à elle nous regardions le monde avec amusement et n’avions aucune limite .
Souvenez-vous de ces fictions qu’elle nous inspirait , révélant ainsi notre imagination , quel enchantement !
Mes amis , une dernière image avant de la laisser , sourions à ses tours de passe-passe qu’elle était la seule à réussir .
N’est-il pas besoin de croire aux mythes et chimères pour se réenchanter ?
Illusion merci .
L’éloge de l’illusion
Certains pensent qu’il faudrait se libérer des illusions pour être heureux ! Voici une curieuse vision de la vie alors que l’illusion est un bienfait pour l’humanité. Elle se dresse comme une femme haute en couleurs qui avance dignement dans le chemin onirique.
Elle se contrebalance de ses sœurs inquiétudes, richesses et avarices. Elle domine la matérialité de son sujet car elle le transcende. Sérieusement ? Qui serait capable de faire rêver autant de personnes ?
Qui d’autres qu’elle serait en capacité d’apporter autant d’envies, de désirs et de poésies et nous faire oublier nos soucis ?
Vous la snobez parfois vous la gardez secrète dans vos plus profonds désespoirs !
Elle n’a que faire de tout cela car elle vous prend dans ses bras et vous berce dans vos nuits.
Une fois que vous avez accepté sa douce présence, vous voyez enfin un monde meilleur. Le bonheur tant idéalisé, le Graal, l’objet de votre quête ne se dérobe plus. Il est là face à vous, immensément vivant, intensément irrésistible. Le nouvel opium du peuple est sans danger, il permet juste d’atténuer la souffrance de la vie à travers sa quintessence et ainsi panser les blessures de nos âmes profondes. Alors merci !
Serena B.
– Je n’y vois que du feu
– Et moi que dalle
– J’en perds les pédales
Tollé général !
L’homme leur a présenté au tableau mural
Une image en noir et blanc
Qui s’affiche sur l’écran
– Que voyez-vous ici mes amis ?
Leur demande-t-il la mine réjouie
A part deux ou trois qui évoquent « des amoureux »
Et une voix timide qui lance du fond de la salle
« Un bocal »
Les autres crient au scandale
Ils ont payé très cher
Pour une conférence sur le sens de la vie
Dispensée par un soi-disant expert
Descendu spécialement de sa chaire
Pour satisfaire leur appétit
Et ils se retrouvent face à un original
En casquette et sandales
Qui leur parle en mordillant ses lorgnons
Mirage, effet d’optique et illusion
La vie ne serait que sables mouvants
Et éternels recommencements
Rien qui ne dure …
Alors la vie, une imposture ?
Pas du tout répond le savant
C’est même la plus belle des aventures
De tous les temps
La nouvelle se répand dans tous les rangs
Comme un doux murmure.
Mesdames,messieurs,chers auditeurs ,bonjour.
Notre émission:
les Chemins de la Vraie Culture,va faire aujourd’hui l’Eloge de l’Illusion.
Illusion,illusion,que de rêves l’on détruit en ton nom,aurai je envie de dire en introduction.Alors que tu es le symbole même de ces rêves.
Certes le Larousse lui assène des définitions péjoratives,négatives:
erreur de perception
interprétation erronée
opinion fausse etc…
Afin de ne pas détruire cette illusion déjà malmenée,je vous invite à en regarder son autre facette,d’en faire une éloge sincère, bien méritée.
Examinons le pouvoir,la force de l’illusion.Que serait l’homme sans elle:
don Quichotte,Léonard de Vinci,les grands chercheurs.
On peut appeller leurs recherches,leurs avancées pour l’humanité une passion,de la foi aveugle,des chimères soutenues par des connaissances hors du commun.
Mais sans l’illusion qu’ils réussiraient,qu’ils devaient persévérer quoi qu’il leur en coûte,où serions nous chers auditeurs?A l’âge de pierre,attendant que le ciel nous tombe sur la tête?
Non croyez moi l’illusion est porteuse d’imagination,vous emmène vers le beau,le sublime,l’absolu.
A condition de rester lucide, d’avoir la possibilité de faire la part des choses…..
Mais je m’emporte.
En gros, amis fidèles du samedi matin,ne perdez surtout pas vos illusions,ne les laissez pas vous troubler le raisonnement.
Contrôlez sans brimer,vous n’aurez dans ce cas aucune raison de vous méfier de cette force que donne l’illusion pour aller de l’avant,d’accomplir des prouesses dans vos domaines de prédilection,dans votre vie de tous les jours.
J’en arrive à la fin de mon intervention.
Je vous remercie de votre attention,chers amis,confrères,auditeurs anonymes et vous dits à la semaine prochaine, non sans vous avoir recommandé mon troisième et dernier ouvrage:
Entre leurre et apparence ou comment tirer son épingle du jeu
aux éditions de la Belle Meunière.
Encore une fois merci.
Je rends l’antenne. A vous les studios.
,
Éloge de l’illusion
Illusion, tu m’as bercée dans tes bras de velours.
Je savais que, tel le Père Noël, tu n’existais pas.
Et pourtant, dans mes rêves éveillés, j’aimais et j’aime encore voir un chou à la crème dans un nuage blanc et joufflu.
Illusion, tant de fois tu m’as séparée de la réalité ;
Grâce à toi, je vivais une autre vie, un autre moi, sur le chemin du retour à la maison.
Je rêvais de bisous, et je les avais.
Je rêvais d’avoir des bonnes notes à l’école, et je les obtenais.
Je rêvais d’avoir des amies, et je jouais avec elles.
Je rêvais de faire de l’athlétisme, et je gagnais la médaille d’or aux Jeux Olympiques.
Mais, plus j’avançais vers mon chez moi, plus je te perdais.
Je veux toujours croire au Père Noël, à ce personnage immuable.
Je rêve d’un monde d’amour et de partage ;
Sans frontières où tous les hommes de bonne volonté se donnent la main pour danser une farandole endiablée autour de la terre.
Elle survivra – ce n’est pas une fantasmagorie – à notre utopie d’avoir cru qu’elle nous appartient.
Merci à toi, illusion, de m’avoir donné la liberté d’être qui je suis.
Fanny
Salut à toi, oh Illusion, grande prêtresse des petites chimères et des vastes manipulations.
Pour m’avoir fait croire que le Père Noël se déplaçait en 4×4, depuis qu’il était parvenu à se faire payer ses heures de travail nocturne à un plus juste tarif, merci!
Pour m’avoir laissé imaginer que les derniers de la classe seraient un jour, les premiers sur l’estrade, merci!
Pour avoir longtemps entretenu dans ma mémoire d’ivrogne que le Christ était belge et changeait l’eau en bière, merci!
Pour m’avoir fait croire que tous les hommes pouvaient être frères, que les manchots donneraient la main au culs de jatte, pour marcher ensemble vers la flamme, afin de rendre enfin hommage à la femme du soldat inconnu, merci!
Merci encore et merci pour tout! Merci de ne pas m’avoir signalé qu’à force d’en parler et de ne pas agir, la banquise, aussi fonderait dans ma bouche!
Merci de m’avoir fait céder aux miroirs des voyages, de la culture et de l’intelligence. Tous ces gros porteurs de prestidigitation fumeuse.
Merci, oh Illusion!, merci encore!
Pour l’araignée qui tisse sa toile mais qui est incapable de me tricoter un pull pour l’hiver.
Pour le chant écologique du coq faisant économiser des tonnes de piles aux réveils des humains.
Pour l’écureuil qui chaque semaine charrie mes maigres économies jusqu’à ma banque.
Pour la mouche Tsé Tsé qui résout mes problèmes d’endormissement
Pour la poutre dans mon œil qui maintient fermement ma vision de la paille dans l’œil de mon voisin.
Enfin, illusion, à l’heure où tu vas disparaître par on ne sait quel tour de passe-passe, merci pour tous tes enchantements foireux mais jouissifs merci pour tes fééries des bords de la grande mare, merci pour tes hochets de plaisir durable.
Merci pour ce grand mirage, cette gigantesque bouteille de Coca Cola plantée au milieu du désert, que je croyais atteindre et qui, à chaque pas plus lourd recule l’horizon.
Illusion, tu vas t’éclipser avec le coucher du soleil…tu vas te reposer…et moi également.
De toute façon, je ne bois jamais de Coca Cola!
La lumière. Sans elle, rien ne paraît, rien n’existe, rien ne se transforme, pas même un trou noir.
Avec elle, big bang ! surgit la grande illusion, sortie du grand chapeau noir de la création.
L’univers et son cortège de matières, la vie et son cortège d’émerveillements.
Dès lors rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme sous les yeux ébahis des seuls spectateurs que nous sommes.
Le grand prestidigitateur, sous sa grande cape noire et sa baguette de lumière, nous met des étoiles plein les yeux, à nous faire tourner la tête, 24 heures durant, « Vous avez les paupières lourdes, vous dormez », nous entraînant dans un film de 24 images par seconde.
Où est le rêve, où est la réalité ? Telle est la question qui tourne en rond dans ma petite tête.
Tout n’est que lumière, tout n’est qu’illusion. À 300.000 kilomètres par seconde.
Comme l’étoile qui brille, là, sous nos yeux éblouis.
Elle s’appelle Icarus et se trouve à neuf milliards d’années-lumière de Paris.
On la voit, donc elle existe, Icarus !
Et pourtant, le temps que la lumière nous parvienne, elle n’est déjà plus.
Et cet amour qui brille dans ton regard, existe-t-il ou est-il déjà parti en supernova ?
En est-il de même pour tout ce qui nous éclaire ?
Une idée, une pensée, une intuition, une inspiration, l’âme elle-même…
Tout n’est qu’illusion, même le temps.
Selon Einstein, une seconde passée dans un train lancé à la vitesse de la lumière correspondrait à presque cent jours sur le quai. Une minute à une dizaine d’années, une heure à presque que mille ans.
Mais alors, si la pensée, l’inspiration circule à la vitesse de la lumière, ce qui nous arrive a déjà vécu de nombreux jours, de nombreuses années… oh !
Trop fort, monsieur le prestidigitateur, j’applaudis à tout rompre, jusqu’à l’anévrisme dans ma petite tête au bout de l’illusion de comprendre un tel tout de magie. Rideau.
🐀 L’ÉLOGE DE L’ILLUSION
Pourquoi faut-il que, dans ma tête, ces deux mots refusent de s’associer ?
Moi qui suis un randonneur téméraire sur les chemins caillouteux des expressions, là, Illusion dans la formulation passe en premier de cordée.
L’ Eloge suit, accrochée au ‘i’ du mot précédent, son bâton de pélerin.
L’ Illusion court après son fantasme, une beauté dorée, un paysage magique, pour atteindre une richesse ou la sérénité.
Elle grimpe le flanc d’un mur à pic au sommet inaccessible pour rejoindre un mirage: Utopie son amie de rêve.
L’ Éloge, se prend les pieds dans la vanité de sa futilité. Elle dérape et s’englue dans la varappe d’une paroi molle afin de retrouver son amant Compliment.
– Rallentis ! Belle chimère, toi qui danses sur les crêtes de l’irréalité.
Derrière, je m’essouffle et n’en trouve plus mes mots pour t’encenser.
Illusion et Éloge atteindront des sommets et seront toutes les deux happées, englouties sans pitié sans merci par le couple malin Utopie-Compliment.
Moralité : gardons-nous de l’une comme de l’autre.
L’ éloge peut donner des illusions.
L’illusion n’a pas besoin d’éloges.
Amis, gardons les pieds sur terre.
🐀 Souris-Verte
Ah te voilà ma chère illusion !
On peut dire que tu m’en as fait voir des vertes et des pas mûres !
Mais qu’aurais-je fait sans toi ?
Voilà des décennies que l’on m’a mise sur ce bateau sans mode d’emploi.
Alors je rame, je rame, mais grâce à toi je n’ai jamais coulé.
Chaque fois que l’insupportable était face à moi… Hop ! Je faisais appel à toi :
« Un petit coup d’illusion… et ça repart » !
Tu as le pouvoir de transformer la réalité en faisant des pirouettes, et combien de fois tu m’as sauvée en me faisant flotter dans tes nuages, le temps de reprendre ma respiration.
– Pour mieux déchanter diraient les sages ?
– Pour mieux endurer leur répondrais-je !
J’ai vite compris comment on pouvait faire bon ménage toi et moi.
Oui, j’ai vite compris qu’il fallait t’économiser pour ne pas perdre pied.
L’illusion : OUI !…mais quand nécessaire uniquement. Question de dosage !
Et je suis devenue experte en illusion !
Tu as remarqué qu’avec le temps je te sollicite moins n’est-ce-pas ?
A force de bons dosages, j’ai commencé à avoir moins peur et à laisser entrer de plus en plus la réalité dans ma vie.
Ah la réalité !… ton ennemie, ton adversaire !
Et nous, pauvres humains… comment faire entre vous deux hein ? Comment faire ?
N’aie crainte ma chère et fidèle amie, si tu penses que la réalité a pris le pouvoir sur toi dans ma vie, n’aie crainte te dis-je… Ce n’est qu’une illusion !
L’homme nait avec l’illusion. Le bébé croit que sa mère n’est que le prolongement de son nombril. Il est bercé d’illusion et croit qu’il peut manger sa mère avec ses dents de lait. Même s’il est laid il demeure pour elle le centre du monde. Mais s’il la perd, si elle meurt, son univers n’est plus très rose. Il devra perdre ses illusions pour s’adonner à la connaissance, co-naissance que partagent les jumeaux qui s’illusionnent d’être semblables, sans bla-bla mais pas sans complicité. Le bébé orphelin ne boit plus du petit lait, il boit le bouillon. La magie s’est envolée. Leurre de la réalité se montre alors à lui avec des aiguilles qui le piquent d’une réalité cruelle. Il n’est pas unique et encore moins d’essence divine. Il se devine mortel, carburant qui se consomme dans des postures, des stations des sens qu’il explore avec plus ou moins de curiosité. Les ombres qui se dessinent derrière le feu de sa caverne ne sont qu’aberration d’une réalité qui le consume. Elles participent au mythe, un terre mythe qui lui cache les cieux, l’essieu d’un mouvement qui l’entraîne et le dépasse. Sa vie n’est qu’apparence, l’enchantement d’un festin qui est à part rance. Le boniment devient son quotidien. Le charme n’est plus que le sourire du Malin. Le beau nie, ment pour mieux le tromper, pour lui vendre un produit ou obtenir son vote. Le Prestige n’est plus que prestidigitation, une agitation qui fait mouvoir les foules jusqu’au vertige, jusqu’aux vestiges d’un enchantement perdu. Le plus souvent, l’homme ne veut pas sortir de son rêve, de son fantasme d’une réalité bien trop violente et inhumaine. Il reste dans le mirage. Il refuse le reflet qui se trouble sous les ondes d’un lanceur d’alerte. Il refuse les aberrations d’un système qui l’aliène. Il refuse d’être un extraterrestre dans un monde robotisé. S’il dévie, il risque d’en perdre la vie, une vie médiocre certes, mais à laquelle il tient. Alors il néglige le virage que lui propose l’Anonymous dans sa vie rage. Il baisse la tête et continue son bonhomme de chemin, un chemin qui n’est qu’une impasse. Lorsque l’un passe, lorsqu’il perd la vie, l’autre arrive. Un père et passe pour laisser bientôt la place à son fils. Le fils prendra cette place pour suivre à son tour le fil de l’illusion.
« Te fais pas d’illusions, gamin »
Une phrase de mon grand-père sentencieux trop souvent entendue. Mais, moi, je continuais ma vie de gamin, avec mes espiègleries et mes rires. Et mon insouciance.
« Et ton avenir ? Tu penses à ton avenir ? »
Mon avenir à dix ans ? C’est tirer sur les tresses de ma sœur qui va aller pleurnicher.
C’est lui cacher sa poupée préférée. C’est chahuter en classe en racontant à mes copains des histoires de Toto. C’est…
« Il est temps que tu penses à un métier, mon gars ! »
La plupart du temps, je haussais les épaules en disant : « Sais pas, grand-père ». Ça le mettait en colère. Je ne comprenais pas pourquoi. Alors un jour, de peur d’un châtiment, je lui ai répondu, en bégayant un peu : « illusionniste ! »
J’étais fier de moi, je croyais avoir inventé un mot.
« Bougre d’idiot ! C’est pas un métier ça ! Tu ferais bien de changer d’optique ! »
Je ne sais pas pourquoi, aujourd’hui, ces souvenirs me reviennent. Au fond, mon grand-père se faisait du souci pour moi et désirait que ma vie soit meilleure que la sienne.
Je suis devenu opticien et illusionniste.
Illusion d’optique ?
Opticien, le métier sérieux.
Illusionniste le reste de mon temps libre.
Certains préfèrent le mot prestidigitateur, peut-être pour le sous-entendu prestige… Ce n’est pas mon cas. Je préfère donner l’Illusion. L’Espoir.
Alors, je me déguise en Clown, avec mon sac à dos rempli d’illusions et de rires, et je rends visite aux enfants malades dans les hôpitaux.
Et le miracle se produit.