489e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat
Le facteur sonna à la porte. Elle l’ouvrit, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, dit-elle, y’a de la haine un peu partout, je suis en train de détricoter…
Ces exercices inédits d’écriture créative n’apprennent pas à écrire, ils enflamment l’imagination. Le but est de vous conduire vers les ressources imaginatives qui somnolent en vous. Après quoi, vous décidez de mener le projet d’écriture qui vous convient : nouvelles, roman, etc.
Le facteur sonna à la porte. Elle l’ouvrit, il sourcilla.
_Ne faites pas attention dit ‘elle, y a de la haine un peu partout, je suis en train de ramasser ce qui reste de mes dessous.
_Ah! Euh, Madame Vlank, un pli en recommander vous le prenez?
_Hummm! De qui ce pli?
De l’Étude de Fouilkard.
Elle rugit de colère, tempêta, pesta, pris à part le pauvre facteur , qui ouvrait grand ses mirettes. Complètement abasourdi par la scène qui se déroulait devant lui.
_Regardez! Regardez ça, ça vous dit quoi à vous Monsieur Creuq?
_Ben Madame, c’est pas ce qu’il vous faut pour sûr!
_Comme je suis d’accord avec vous M.Creuq si vous saviez, regardez ça! Mais entrez donc M. Creuq et regardez!
Elle postillonna, lui tendit une photo… le rouge aux joues, fébrile, tremblante des pieds à la tête. L’interrieur ressemblait à un champ de mine. Le canapé était sens-dessus, dessous, percé ici et là, les coussins éventrés, de la bourre blanche partout sur le sol.
Le beau tapis berbère avait subi le même sort. Une odeur nauséabonde emplit ses narines, des chaussures de marque jonchées le sol en piteux états. Du linge, des dessous féminins étaient déchirés, mâchouillés, gluants d’une drôle de matière.
Échevelée, les nerfs à vifs la jeune femme semblait sur le point de pleurer. Il regarda effaré la photo qu’elle lui tendait. Un homme de belle prestance, un mètre quatre vingt environ, soixante quinze kilos au bas mot tenait dans ses bras un magnifique Chiwawa à long poils.
Il regarda le monstre avachi sur les restes du canapé et sentit monter en lui une irrépressible envie de rire. La pauvre jeune femme lui reprit la photo des mains et implorante, elle lui demanda : » s’il vous plaît pouvez-vous m’aider à attacher Tornade afin que je l’emmène au chenil? Il détruit tout dans la maison, je n’en peux plus s’il vous plaît!
_Bien sûr Madame , signez-vous ce pli?
_Oh oui bien sûr! j’attends cela depuis cinq jours,il était temps! Bon maintenant le harnais, la laisse, mes chaussures oh non Tornade qu’as -tu encore fais à mes chaussures? elles sont foutues… ras le bol Tornade, j’en ai assez à la niche! Grognant, elle attache le jeune chien devant le regard interdit du pauvre facteur.
Il se rendit compte que tout compte fait, elle n’avait aucunement besoin de lui. Elle le remercia pour son aide, elle s’avança tout en tirant sur la laisse et en appelant le jeune chien. Allez Tornade viens! Allez viens donc, tu vas être bien! Tornade dû trouver l’idée de sa maîtresse fort inintéressante car, d’un bond il partit si vite qu’elle se retrouva à terre.
Tirer par la force du jeune Saint-Bernard tous fou.Un mètre soixante cinq pour cinquante kilos toute mouillée. Le vol plané ne loupa pas, le facteur ne résista pas, le fou rire le prit…Il ne put se retenir, éclata d’un rre tonitruant alors que la pauvre femme hurlait des imprécations fort peu distingués à l’encontre de son mari.
Voyant que le chien revenait au galop vers le salon, le facteur toujours riant aux larmes, barra le passage au jeune fougueux. Il stoppa des quatre pattes et la chose suivante, fut inévitable. Madame Vlank fut à son tour freiné par le derrière du fier animal.
Son hurlement fit jappé le pauvre jeunot, il se retourna et d’une belle langue bien baveuse, il s’empressa de lui laver le visage et tout ce qu’il pouvait. Ecoeurée , humiliée, à bout de nerf, elle hurla encore.
Le rire du facteur fut la goutte de trop, elle balança d’un geste rageur la laisse en plein visage de celui-ci puis, se redressa furibarde mais devant l’hilarité de l’homme…elle perdit pieds.
A son tour, elle explosa de rire, le chien se coucha, mâchouilla sa laisse avec entrain.
_Pardon Madame Vlank mais, avouée que votre mari à l’air d’un sot avec ce tout petit animal dans les bras non?
_Oh que oui et moi, je suis la dinde que le gros balourd veut boulotté.Merci M. Creuq votre rire m’a remis en place …j’en avais bien besoin croyez- moi, mon mari va me le payer, son humiliation sera au-dessus de la mienne.
Ah le bougre d’âne, un Chiwawa pour un grand échalas, sa photo va faire le tour du monde via inter-net…Nos amis vont trouver cela désopilant, grand merci à vous M. Creuq.
_De rien Mm. Vlank, de rien tout le plaisir fut pour moi.
Elle lui tendit la main qu’il serra doucement oubliant que la bave du chien était encore toute fraîche.
Ce jour là , le pauvre facteur eut tellement mal aux zygomatiques et au ventre qu’il dût interrompre sa journée… Un confrère était chez lui présentant des calendriers à sa femme et celle-ci toute fier lui montra son choix…
Elle qui avait toujours du mal à choisir, ce jour là, son choix fit beaucoup de mal à son mari. Il se tint le ventre, pleurant, riant, gémissant, se tordant.
_Pourquoi ris-tu ainsi Frank? Demanda sa femme. Il lui montra le calendrier. Elle dit: » Quoi! Tu n’aimes pas les Saint-Bernard? » Il se roula par terre sous les yeux effarés de Sandrine et de son collègue.
Au bout d’un long moment, très long moment de calvaire…Il réussis enfin à expliquer la situation de Madame Vlank, il n’aurai pas dû.
Les deux autres visualisèrent la scène et éclatèrent de rire à leur tour…pauvre facteur et pauvre Mm Vlank.
Il y a des jours comme ça! Cette petite histoire l’accompagna longtemps, ce genre là, ça marque un homme…il est vrai que l’image me plaît bien à moi aussi!y.l.
Sur une idée de Pascal Perrat.
Le facteur sonna à la porte. Elle l’ouvrit, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, dit-elle, y’a de la haine un peu partout, je suis en train de détricoter…
Du seuil d’entrée, se dévoilait un minuscule hall donnant sur le salon. Sur le sol, un enchevêtrement de câbles ; des épais, des fins, des noirs, des blancs. On ne distinguait presque plus les jolies tomettes anciennes de cette charmante fermette de la campagne provençale. Ici et là, des multiprises reliant tous ces fils ensemble. Effaré, le facteur restait planté là, la bouche ouverte, et ses yeux écarquillés allant de gauche à droite et de bas en haut. Lentement, Céline, chez qui commençait à poindre un brin d’inquiétude, suivit le regard du facteur. Elle fut, pour la première fois, interpellée par le nombre d’écrans d’ordinateur et de tablettes de tous calibres s’offrant à leur vue. Il y en avait littéralement partout. Sur la console d’entrée, sur son large bureau acajou, sur le tapis persan. Partout. Sans oublier l’appareil qu’elle portait calé sous son bras gauche.
-Détricoter ?
Le facteur la dévisageait maintenant, encore immobilisé dans son dernier geste, les mains agrippées au paquet qu’il était venu délivrer. Amazon Prime. Derrière lui, son vélo électrique l’attendait au bas des marches. Ce qui ne manqua pas d‘étonner Céline.
– Détricoter ? répéta le facteur.
– Euh oui…enfin, c’est un terme que l’on utilise entre nous. Vous savez bien…nous sommes une sorte de… Elle hésita sur le mot à employer.
‘’De cyber-milice…Voilà ! Une cyber-milice ! ‘’
Le facteur fit un pas en arrière.
– Oubliez cela, reprit Céline, soudain embarrassée. Il ne s’agit que de lubies de geeks, vous savez. Rien d’intéressant .
– De geeks ? répéta le facteur, comme en écho.
– Laissez tomber, soupira-t-elle. Vous avez un paquet pour moi ?
Le facteur baissa les yeux vers celui-ci, donnant l’impression qu’il le découvrait. Au ralenti, il le tendit à Céline.
– Merci !
Curieuse, Céline retourna l’objet côté étiquette. Même en plissant les yeux, impossible de déchiffrer le nom de l’expéditeur. D’ailleurs, son propre nom ne semblait pas inscrit dans la case « destinataire ».
Jamais elle ne commanderait quoi que ce soit chez Amazon. Cela irait à l’encontre de toutes ses valeurs et de tous ses principes.
– Dîtes-moi…, commença-t-elle.
Elle releva la tête voulant interroger le facteur mais il n’y avait plus personne. Le vélo jaune de La Poste avait également disparu. Elle comprit enfin ce qui l’avait intriguée un instant plus tôt: depuis quand le facteur livrait-il lui-même ces colis-là? Et en vélo, qui plus est ? Un si gros paquet ! Aucune de ces sacoches n’avait pu le contenir. Décontenancée, Céline demeura encore un instant à examiner la cour déserte.
Louviaux Marie
Le facteur sonna à la porte. Elle l’ouvrit, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, dit-elle, y a de la haine un peu partout, je suis en train de détricoter depuis hier. Et à force de tirer, je n’ai pas eu le temps de rembobiner.
– Ne vous en faites pas, chez nous y a des moutons. Et ça ne me gêne pas.
– Vous ne faites pas le ménage ?
– Si mais comme je suis bohème, je m’imagine que je suis berger, ça me change de la ville.
– Cela vous fait une deuxième casquette.
– En parlant de casquette, tenez, je vous apporte une L.R.
– Ah ! ça doit être mon P.V. j’oublie toujours de les payer.
– Mais vous payez une surtaxe !
– Oh ! j’ai un truc, mais je ne vous dirais pas ce que c’est.
– Vous ne connaissez pas la dernière invention des chinois ?
– Non !
– Tous ceux qui ont un chat siamois devront le déclarer à la mairie.
– Pourquoi ?
– Il paraît qu’ils veulent créer une nouvelle race avec des caractères exclusivement orientaux.
– Mais pourquoi ne font-ils pas cela en Chine ?
– Parce qu’ils veulent savoir pourquoi cette race a eu autant de succès en Occident.
– Bizarre !
– D’après leurs études, il paraît que sur Terre, il n’y a pas assez de sentiments. Selon leurs dires, la race humaine ne survivra pas si on néglige autant les sentiments.
– Ah ! C’est bien la première fois que j’entends une idée aussi farfelue. Mais pourquoi les chats siamois ?
– Parce que c’est la race qui donne le plus ses sentiments.
– Facteur ! Ne le répétez pas, je vous dis tout de suite, j’ai un chat siamois, mais je n’irais pas le déclarer à la mairie.
Depuis deux jours, elle étale, dans l’entrée du logement, ses archives personnelles. Elle n’aime pas trier, jeter, se plonger ainsi, sans filet, dans le passé.
Pour s’y astreindre, elle s’oblige, en simulant la colère qui maintiendra l’énergie nécessaire.
Elle se connait et sait que, si elle s’interrompt et revient sur le tri initial, elle infléchira sa rigueur et remettra dans le grand placard des souvenirs qui prennent un peu de place, certes, mais qui représentent des pans de sa vie passée et de celle de son défunt mari.
Et si jamais elle perdait la mémoire, elle n’aurait plus ces repères datés, signés, parfois photographiés pour renaître de ces documents. C’est cornélien !
L’appartement n’est pas immense. Elle n’avait pas remis les yeux sur ces liasses grisâtres et poussiéreuses depuis son installation ici, il y a douze ans….
Le facteur sonne à la porte.
Elle ouvre, il sourcille.
– Ne faites pas attention, dit-elle, y a de la « aine » un peu partout, je suis en train de détricoter ma vie.
Je suis en train de détricoter toutes mes bonnes vieilles habitudes , à cause de vous , facteur de risque :
– Aller embrasser maman , mes enfants et petits enfants , sans compter tous les autres , en pause !
– Courir dans les bois , visiter cette belle France , en pause !
– Tous les repas festifs , en pause !
– Aller travailler , en pause !
– Partir où bon me semble , quand bon me semble , où je veux , et revenir si ça me chante , en pause !
– Aller lécher les vitrines avec les copines , en pause !
Elle pourrait continuer encore longtemps cette liste .
Sa haine de frustration s’évacue lentement par la porte entr’ouverte , sous les yeux du facteur infectieux , responsable de cette nouvelle vie , non choisit .
Mais , au plus profond de son cœur , toutes ses pelotes de vie qu’elle aime , elle va les garder précieusement et les réutilisera au plus vite , dès qu’elle en aura l’autorisation , mais avec un autre regard .
Elle claque la porte au nez de ce facteur , lui interdisant d’entrer chez elle .
Le facteur sonna à la porte. Elle l’ouvrit, l’air morose, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, dit-elle, y’a de la haine un peu partout, je suis en train de détricoter un mauvais souvenir… Son nom était Jacquard. Un fâcheux sujet, fait de méchante laine, qu’on le prenne à l’envers ou à l’endroit. Beaucoup de difficultés à rentrer dans le rang, il a eu d’ailleurs maille à partir avec le milieu avec lequel il a échangé quelques crochets et toujours il se faisait rabattre à plate couture. Une belle bobine mais peu de carrure, un peu étroit aux emmanchures. Un brin lâche et point de blé dans ses poches
De fil en aiguille, une relation se bâtit entre nous, il me laissait très souvent en attente, c’était lui le patron, l’as de la pelote, mais pour finir point de riz à la sortie de l’église.
La dernière fois que je le vis, c’était dans un port de la Manche. Il fuyait à bride abattue je ne sais quel poursuivant, et s’embarqua comme mousse, à bord d’un cargo qui faisait la navette entre Jersey et les côtes anglaises.
– Je pense que vous allez pouvoir passer à autre ouvrage maintenant. Il me semble que la lettre que je vous apporte annonce un événement heureux. Un faire-part. De naissance ? De mariage ?
Trois semaines plus tard, le facteur revint et resonna – le facteur sonne toujours deux fois ne l’oublions pas. Elle lui ouvrit, l’air joyeux. Il sourcilla.
– « Vous aviez raison, il s’agissait d’un faire-part de naissance. Regardez. En ce moment, je tricote de la layette rose – c’est une fille – et c’est de cette couleur que je vois la vie. Je vais de l’avant désormais. Les malheurs sont dans mon dos. Devant, toujours devant, tel est mon credo »
– « Je m’en veux de freiner votre enthousiasme mais je crains qu’il vous faille revenir en arrière »
– « Et pour quelle raison » ? rétorqua-t-elle l’air revêche
– « Mais parce que vous avez sauté une maille »
PS. Texte inspiré d’un ouvrage en tricot que je suis en train de faire
Le facteur sonna à la porte. Elle l’ouvrit, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, dit-elle, t’a de la haine un peu partout, je suis en train de détricoter… mon intérieur, lui dit elle sur un ton qui avait des relents de malheur
-« Entrez entrez si vous n’avez pas peur ! »
« peur, mais de quoi ? répondit il ? d’un ton rieur »
Il aurait fallu avouer que le précédent facteur de ses manies, de ses lubies s’était lassé et qu’il se contentait de lui jeter le courrier depuis la rue. Puis un jour, excédé, il ne s’est même plus arrêté.. . Mais celui ci était nouveau , plutôt mignon d’ailleurs : de grands yeux porcelaine , un fin duvet blond au menton et de charmantes boucles blondes et …il n’avait pas peur .
Il entra et s’étonna de tout le fatras qu’il trouva : dans le coin cuisine, quelle usine : des casseroles débordantes de soupe à la grimace, dans le four, de vieilles rancœurs réchauffées, sur la table du salon , un bouquet de soucis fanés qui, bien sûr, avaient grainé. Sur le canapé, des coussins froissés, martyrisés à grands coups de poing pour se calmer, éventrés. Quelques plumes éparses s’étaient posées, ici et là, qu’avec une grande délicatesse il ramassa. Des livres de poésie aux pages déchirées.. menterie , tromperie , ignominie! Un miroir fracassé pour ne plus voir son reflet détesté, chiffonné,par le temps et la colère trop longtemps rentrée, ridé.
-« Grand ménage de printemps, apparemment ? »
– Je n ’en peux plus, ce confinement me rend dingue et je tourne en rond, remâchant ma colère et mes frustrations. Par mon intolérance, et mes exigences j’ai fait de ma vie un gâchis..! Collée à moi, incrustée dans ma peau, une vraie poisse , la rancœur me bouffe le cœur . Je voudrais tellement détricoter tout ça,me débarrasser de ce carcan de préjugés et de complexes qui me pourrissent l’existence , faire table rase du passé et tenter un nouveau départ …
– Cela tombe à pic,dit le gentil facteur à l’air angélique, j’ai des lettres pour vous
et il lui tendit un P
– P pour peine à la place de haine, merci du cadeau !
– Non P pour plaisir, poésie, peinture, pétulance, polissonnerie, passion …ou pourquoi pas paix
De sa sacoche à courrier il sort, tel un prestidigitateur, d’autres lettres
-j’ai aussi un G, vous en voulez
– G pour gaine , super, si vous pouviez ne pas en rajouter, ma balance chaque matin me chante le même refrain, quelle galère
– Mais non G pour gaieté, gentil garçon – oh un doublon – généreux. Vous remarquerez que par délicatesse j’ai évité gâteau, glace et gaufre…
– Si vous continuez je vous gifle
– Ah tiens, un S, cela vous dit ?
– Ouais, S comme la Seine pour m’y jeter, parce que franchement, j’ai pas de veine
– C’est pas gagné mais je peux vous proposer, sensible, suave, souriante, soyons fous, sublime !
Vous aimez ?
Devant son air dubitatif, il enchaîne un peu pris au dépourvu :
« Vous avez raison, la tache est ardue . Voici un R
– R comme la reine des emm… je le savais déjà. Pas besoin de me le rappeler !
– Mais non, mettez y un peu du votre, enfin : R comme radieuse, rigolote, rayonnante, royale !
Et là tout d’un coup … elle a ri , même pas avec un grand air, un petit rire qui s’étonnait de jaillir de sa bouche. Quelques notes qui sont venues chasser la crasse triste et tenace. C’était presque gagné. Alors, le gentil facteur aux yeux porcelaine et aux boucles blondes , a mélangé les lettres de ce scrabble inattendu et,en un tout de passe passe joyeux, sortant de sa manche un joker heureux, a transformé Haine en Aime …
Elle l’a regardé, apaisée, lui a souri … elle avait enfin compris
Dans une pirouette élégante, il l’a saluée, sa bicyclette a enfourché …
Puis dans le ciel s’est envolé.
DRING
Le facteur sonna
Rose ouvrit la porte, il sourcilla
– Ne faites pas attention, dit-elle
Avec de faux airs de Machiavel
Y’a de la haine un peu partout
Mais ne craignez rien surtout
Cela ne sortira pas d’ici
Je suis juste en train de détricoter ma vie
Tous ces fils emmêlés
Me donnent la nausée
Je ne sais plus où mettre les pieds
Dès que j’ouvre un œil le matin
Je tombe sur la pelote de chagrin
Et toute cette laine noire
Me donne immédiatement le cafard
Et quand je shoote dedans
Elle me revient comme un boomerang
Et me laisse quasi exsangue.
– N’ayez pas peur, Monsieur le facteur,
Je me suis levée à pas d’heure
Pour mettre de l’ordre dans tout ça
Mais au fait pourquoi êtes-vous là ?
Le facteur lui tendit un paquet
– Vous signez là s’il vous plaît
La porte refermée, elle déchira le papier
Et découvrit un drôle d’objet
Avec deux aiguilles dans un bel étui
« Pour retricoter sa vie
Succès garanti »
Rose s’assit et enfin sourit.
Le facteur sonna à la porte. Elle l’ouvrit, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, dit-elle, y’a de la haine un peu partout, je suis en train de détricoter…
Dans ce petit village oublié du Sud, elle défrayait la chronique locale depuis qu’elle était arrivée avec sa mini caravane déguisée en coccinelle. Qui donc était-elle ?
Primo, elle était certainement très jolie si on prenait la peine de peigner sa tignasse à la lionne d’un violet qui ferait honte à un évêque, si on décapait son maquillage outrancier et ses yeux charbonneux, si le noir de ses ongles et de ses lèvres s’éclipsaient pour un rose tendre.
Si on la défrippait de ses tenues abracadabrantes et si on la déchaussait de ses bottines à la poulaine.
Si, et surtout si… on déroulait l’écharpe qui lui donnait une allure d’une vieille pompe à essence !
Secundo, par chance – pour elle et pour les villageois – elle habitait la dernière maison, à l’extrémité d’une impasse. Là, dans sa maison minuscule, elle ne dérangeait pas grand monde. Elle cultivait ses fleurs et ses simples. Et quand elle était lasse de la terre, elle sortait ses aiguilles et tricotait. Des bonnets, des bonnets et encore des bonnets.
Tertio, elle parlait bizarrement aux chats qui passaient par là. Et il lui répondaient. Elle parlait aux oiseaux et ils lui faisaient la sérénade en retour. Elle parlait à la nature et elle lui offrait alors le plus beau des ballets.
Quatro, sans en avoir l’air, elle adorait le facteur. Dans son uniforme bleu, il était le seul à la regarder comme une personne normale. Et ce matin, elle attendait sa visite en plus de son passage.
A dix heures pile, il agita la chaînette et la cloche tintinnabula. Elle ouvrit la porte et il sourcilla.
Elle – qu’il surnommait Belle en secret – lui dit :
– Ne faites pas attention, y’a de la haine un peu partout, je suis en train de détricoter…
– Bizarre, comme c’est bizarre, lui répondit-il, chez moi, ce matin, y’avait de la rumba dans l’air !!!!
Le menton de Belle trembla légèrement. Sa bouche hésita entre un « Oh » et un « Ah ». Mais elle lâcha un :
– Hein ?
– Y’avait de la rumba dans l’air…reprit le facteur. C’est mieux que de la haine, non ?
– Certes, vu sous cet angle-là ! Avec tout se qui se détricote, autant faire gigoter les aiguilles du bon côté, lui répondit Belle sur un ton monocorde.
C’est ce que le facteur crut comprendre dans cette longue tirade.
– D’ailleurs, reprit-il, danser la rumba, c’est mieux que…
– Alors, een !!! dit Belle en tendant les bras et en ondulant.
– Haine ? répéta le facteur hébété !
– Ja, reprit Belle, een, twee, drie, dansons la rumba !
Frémissant d’une joie inespérée, le facteur – qui était laid comme un pou, se dit qu’il ne fallait pas rater cette aubaine sans haine.
Il s’avança vers Belle, timidement, puis effrontément.
Il l’enlaça langoureusement en chantant « Besame mucho » d’une somptueuse voix de ténor.
L’occasion était trop belle, à défaut d’être laid comme un pou, il serait – ça, il se le jurait, – l’époux de Belle !
© Clémence.
488/Le facteur sonna à la porte. Elle l’ouvrit, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, dit-elle, y’a de la haine un peu partout, je suis en train de la chercher pour l’évacuer de mon domicile à l’aide de mon aspirateur dyson, acheté à cet effet, car je pense que c’est le meilleur.
J’ai cru prudent pour ce faire de mettre la tenue « coronavirus » adoptée pour les soignants dans les ephad .
Je ne m’étais jamais posé la question mais je dois en avoir aussi chez moi comme tout un chacun.
Pourriez-vous, quand vous aurez fini, me prêter votre tenue svp lui demanda-t-il ? quant à l’aspirateur celui en ma possession fera l’affaire.
Je suis désolée mais la tenue ne peut-être portée que par la même personne et seulement pendant trois heures. Et puis sans vouloir vous vexer cette tenue est taille 40 et vous devez faire au moins du 48.Vexé, il posa le paquet brusquement par terre, lui fit signer le papier de livraison et partit rapidement en essayant de fermer la porte calmement.
Quinze jours plus tard, alors qu’il venait livrer un nouveau colis à un occupant de cet immeuble, la concierge lui relata que l’occupante à qui il avait apporté un colis la semaine dernière, avait attrapé le corinavirus et qu’elle était en quarantaine dans un Ephad.Une équipe était venue désinfecter son appartement et en avait profité pour le vider de la haine dont il était rempli.
Le facteur sourcilla de nouveau : serait-elle capable de vivre sans être entourée de haine ?
Sympa notre facteur, déjà … son nom : Rhésus. Du coup, ça ne ratait pas, à chaque tournée : « Ça va toujours facteur ? Ce matin ça va comment ? A+, AB+ ou bien B-, O- ? »
Il en avait pris son parti, et répondait par cette formule qui leur clouait le bec « jamais négatif, toujours positif » se disant que ça avait dû être bien pire pour son collègue, le facteur Cheval.
On était en 1916, il avait débuté ses tournées à pied, depuis peu l’Administration lui avait attribué un vélo, tant de lettres s’échangeaient entre le Front et les familles, pas un jour que ses sacoches n’en soient bourrées.
Tous guettaient son arrivée pressés d’avoir des nouvelles, des bonnes, parce que les mauvaises la Gendarmerie les livrait elle-même à domicile.
Son adresse préférée était celle d’une petite Mémé, douce comme les pelotes de laine bleu horizon qu’elle commandait par douzaines. Elle lui offrait le café, il s’asseyait 5 minutes.
Ainsi il découvrit son secret : elle tricotait à quatre aiguilles, des chaussettes, et encore des chaussettes. C’était donc ça dans les colis qu’elle lui confiait. C’était pour ça qu’elle recevait tant de lettres pleines de mercis.
Mémé, comme ils doivent être contents nos poilus. Pensez ! Dans la boue des tranchées entre deux mitrailles, pouvoir sécher et réchauffer leurs pauvres pieds dans votre bonne laine.
Ah Facteur, j’envoie autant de haine que de laine, voyez ma broderie sous chaque talon. Il enfonça son poing dans une chaussette, et lut : « Mort aux Boches ».
Il enfourcha son vélo et pédala en danseuse O+ de la tête aux pieds.
Le facteur sonna à la porte. Elle l’ouvrit, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, dit-elle, y’a de la haine un peu partout, je suis en train de détricoter. Cette haine ne me plaît pas du tout, trop rêche, trop dure.
Mais entrez donc, je vous sers un petit café ?
– Volontiers mais rapidement, je dois finir ma tournée.
– Tenez, installez-vous dans ce fauteuil. Attendez que je débarrasse ces pelotes de ressentiment. Voilà.
La vieille dame lui servit un café plein d’amertume. Il l’avala à petites lampées en tentant de contrôler ses grimaces de dégoût. Au fond de sa tasse s’était déposé un marc noirâtre.
– Alors, quelles nouvelles ?
– Voyez par vous-même, dit-il en déposant sur le guéridon, encombré d’un tissu de mensonges et de fils de fiel, trois enveloppes dont une bordée d’un liseré noir.
La vieille dame s’empara de cette dernière et la décacheta fébrilement.
– Madame Lelombec !
Et pour tout commentaire, elle lança :
– Une nuisible de moins !
Quand le facteur sortit, son pied était encore entortillé de filaments de haine dont il eut le plus grand mal à se défaire.
🐻 Polar minute.
Jenny sent bouillir… la haine ! Le facteur attendrait… Elle fronçait les sourcils, interrogative. Quand elle se fut décidée à lui ouvrir, il avait laissé le pli là. » décidément, je ne puis m’y résoudre… »
Tout le monde aimait Aurélien. Elle avait du mal à détricoter ce lien !
» j’aurais voulu être lui, avoir pour traine ce cortège d’amours qui l’accompagne. »
L’homme de lettres est de surcroît graphologue, il sait tout, il interprète aussi un plein ou un délié, c’est révélateur, quand l’encre n’est pas sympathique. En bas de l’allée des Marronniers, le facteur est tombé de son tricycle. Pour n’avoir pas su déchiffré un hiéroglyphe, Aurélien a été assassiné. Jenny vient d’être arrêté elle ne l’aimait plus c’était écrit GRAVE 🐻
🐀Entrez, entrez dit Hélène à l’homme de lettres. Un brave gars ce facteur surpris par ce tapis tricoté gris de haine. Maille et pique, attention ! Évitons les pièces rouges de colère. En attendant Monsieur, de lire les nouvelles, prenons une boisson chaude.
Merci madame, vous êtes pleine de bon-thé car voyez-vous je crains que Pâques cette année prenne la teinte du chocolat amer. 🐀
Le facteur sonna à la porte. Elle l’ouvrit, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, dit-elle, y’a de la haine un peu partout, je suis en train de détricoter mon mariage.
Dans le hall d’entrée, le facteur remarqua que tout était sens dessus dessous. Les tiroirs de la commode étaient au sol, des papiers, des dossiers en sortaient. Une photo de mariage avait été piétinée, des valises non bouclées contenaient des vêtements masculins jetés pêle-mêle dedans, des cartons débordaient d’objets hétéroclites et la femme, en peignoir non ceinturé, était échevelée et ses yeux lançaient des flammes.
– C’est pourquoi ? lui demanda-t-elle au comble de la fureur.
– Je vous apporte une lettre recommandée.
Elle s’en saisit et, après avoir déchiré fébrilement l’enveloppe, hurla :
– Le saligaud ! Il demande le divorce à mes torts. Il ne manque pas de toupet. C’est bien lui que j’ai retrouvé chez la voisine, n’est-ce pas ? Soi-disant qu’il lui taillait sa haie. Je ne savais pas qu’elle avait une haie dans sa chambre. J’ai trop aimé voir sa tête lorsqu’elle n’a pas pu pas partir au travail. J’avais mis du sucre dans son réservoir. Et comme je ne comprends pas trop les livres d’Agatha Christie, j’ai envoyé une lettre anonyme au patron de ce lâche qui m’avait promis une belle vie, pour lui expliquer comment monsieur, l’employé modèle, trafiquait les comptes et piquait dans la caisse. Je n’invente rien, j’étais au courant et c’est pour ça qu’on pouvait se payer de belles vacances. Je voudrais trop être une petite mouche pour voir sa tête quand il sera licencié et à son âge il ne risque pas de retrouver du boulot. Je souhaite de ton mon cœur qu’il aille faire un tour en prison pour un bon moment. Ça le fera réfléchir sur ma trop grande gentillesse, qui a des limites, et à moi la belle vie.
– Ah ! fit le facteur complètement désarçonné et s’épongeant le front du revers de sa manche. Signez ici, s’il vous plaît, je suis pressé car je n’ai pas encore terminé ma tournée.
– Mais vous êtes en nage, voulez-vous boire quelque chose ? J’ai préparé du thé, celui-ci est doux. Ce goujat trouvait le mien trop amer et le jetait dans l’évier.
– Non merci, répondit le facteur qui prit ses jambes à son cou en se demandant s’il ne devait pas avertir la police.
Le facteur sonna à ma porte. Je l’ouvris, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, y’a de la haine un peu partout, je suis en train de détricoter toutes ses saletés que j’entasse depuis quelques jours.
– Ah tiens ! c’est marrant moi aussi j’en ai plein de haines chez moi ! Si ça vous intéresse je vous en ramène. On ne sait pas trop quoi en faire.
– Ah bon ? Ah désolée mais c’est gentil de votre part mais moi j’ai assez à faire.
– Je comprends, il parait qu’ils ont installé une urne de la mairie. Ils se disent expert en recyclage de haines. Pas aussi bien qu’à Béziers mais bon, faudra que je tente.
Le facteur restait planté là devant mes tas alignés au sol qu’il détailla rapidement du regard. Je les avais séparés les uns des autres suffisamment pour les haines ne puissent pas se mélanger. Isolées elles gardaient leur puissance de feu. Je sentais qu’il attendait une explication.
– Si vous décidez de détricoter seul, par contre j’ai un conseil : recyclez-les sans tarder sinon elles deviennent toxiques pour toute votre maison.
– ah ?
Le facteur avait maintenant la bouche ouverte.
– Mais alors vous allez en faire quoi exactement ?
– Je vous explique. Les petits tas sont pour les « range ta chambre, lave toi les mains, tu as vu à quelle heure tu rentres, va réviser, tu peux pas regarder autre chose. Ce sont les plus nombreux et les faciles à recycler. Le tas du milieu, le bleu c’est celui des : bien fait pour lui, tu as vu la gueule qu’il a, encore une qui travaille dur, oh elle a encore grossi, ah ah ah il s’est fait viré, j’espère qu’il finira en prison. Et le gros pépère là c’est celui celui des … enfin je peux pas pas vous…. enfin, disons.. Le dernier tas c’est celui à recycler contre tous ces abrutis décomplexés qui nous gouvernent, les capitalistes, les industriels, les riches et les très riches. Très dangereux. À utiliser uniquement en groupe.
– En groupe, mais alors ?
– Maintenant faites comme vous voulez ! Si vous le faites vous-même; vous verrez recycler la haine c’est très jouissif et aussi assez régressif. Reste la possibilité de l’urne mais cela ne donne jamais l’effet attendu plutôt du genre boomerang vous voyez ?
Le facteur avait refermé son visage et fourrageait dans sa pile de courrier.
– Oh c’est bien compliqué votre truc-là… Tenez voici pour vous ! Bonne journée de haine alors !
J’ouvris la lettre : l’huissier ne me laissait plus que 10 jours.
Stéphanie Girard
11 avril 2020 (JC26)
C’est la première fois que ce jeune facteur fait sa tournée. Son prédécesseur lui a décrit chaque usager chez lequel il fera désormais la distribution : tu seras impressionné ton premier jour, normal, ensuite ça ira tout seul, tu verras ils sont tous très aimables, même trop, et évite d’accepter le petit coup de sec.
– Sauf la dernière maison du village, une femme bizarre, réputée sauvage, mangeuse d’hommes dit-on, remplis sa boîte mais n’y entre jamais. Certains ne sont jamais ressortis.
Rien compris, il débloque le vieux … mais bon, on verra bien.
Première tournée, pas de bol, un colis de Bergère de France pour elle, signature obligatoire. Il appuie son vélo contre le mur, prend une bonne respiration, toque au carreau.
Au lieu de la fenêtre c’est la porte qui s’ouvre.
Une pièce remplie de pelotes de laine, à peine pourrait-on y poser une semelle. De toutes les couleurs, c’est drôlement joli, gai même.
Ce jeune facteur a des lettres, il identifie sans peine le syndrome de Diogène. Jamais vu ça, pourtant pour avoir usé pulls et chaussettes faits maison et joué du tricotin avec sa soeur, la laine, il en connait un brin.
Elle est là, debout, encagoulée de la tête aux pied d’un long pull milleraies, tricoté avec multitude de pelotons gardés en fin de chaque ouvrage pour si besoin faire une reprise. Il ne voit d’elle qu’une frange lui mangeant le visage, deux mains aux ongles crochus pointent vers lui des aiguilles tueuses.
Même pas peur, il saisit et tire à lui le fil de ce grand pull non terminé. Elle vire sur elle même à la manière d’une toupie, le pull se détricote, s’enroule en pelote, la voilà dénudée.
Elle feule de haine, c’est là qu’il aperçoit deux cornes surmontant des oreilles pointues et des jambes de bouc aux sabots de satyre.
@Grumpy:
Cette histoire est un bon présage: l’imagination n’est pas confinée, que du contraire! Quelle chance!
Merci pour l’imagination, en attendant la vôtre toujours au RV.
@ Grumpy:
Mission accomplie! Texte confiné comme la surprise dans l’oeuf Kinder.
Joyeuses Pâques !
Le facteur sonna à la porte. Elle l’ouvrit, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, dit-elle, y’a de la haine un peu partout, je suis en train de détricoter ma vie, du moins quelques aspects. Les plus lourds et les plus encombrants. Grâce aux nombreux cartons que vous m’avez régulièrement déposés au gré de mes commandes, j’ai de quoi ranger et stocker tout ce qui me pèse avant de m’en débarrasser définitivement.
Voyez-vous, je me sépare en premier du plus lourd à porter, un gros carton de haine, un autre de ressentiments, un autre de jalousie, un autre de rancœur, et j’en passe ! A chaque carton ficelé je me sens de plus en plus léger. S’il y a bien quelque chose que je ne vais pas empaqueter, c’est bien ma joie de vie retrouvée, ça je vous l’assure ! Si j’avais su qu’elle jaillirait de tout ce vide maintenant fait, je n’aurais pas hésité une seconde ! Ah j’allais oublier ce carton de chaussures pleins de mots d’ordure !
Mais tant pis, chaque chose en son temps, si cela n’arrive que maintenant. Mieux vaut tard que jamais !
Tenez, donnez-moi donc ce petit carton que vous m’apportez, il sera parfait pour y enfermer ma mauvaise foi et quelques pêchés. Et puis cela devrait en être fini de mon ancienne vie ! Attendez vous à ne plus venir livrer ici, je n’ai plus besoin d’une aussi grande maison maintenant que je me sens beaucoup mieux, aussi léger qu’un nuage de coton !
Le facteur sonna à la porte. Elle l’ouvrit, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, dit-elle, y’a de la haine un peu partout, je suis en train de détricoter tous mes bas.
– Bah, quelle idée !
– Je ne sais plus où j’ai foutu mes dernières économies, poursuivit-elle, affolée. Toutes ces bonnes actions perdues, je n’ai même pas de quoi vous donner un sourire pour votre calendrier. Je me déteste !
– Ah ! Voilà ce qui arrive quand on cache son air gentil en des bas de haine, la taquina le postier. Rassurez-vous, je fais pareil, dès que je peux avoir raison dans une discussion et mettre de côté quelques sous entendus, je ne me gêne pas. C’est humain, la haine épargne les pauvres qui n’ont pas d’arguments planqués dans des paradis cérébraux.
– Oh ! vous savez, j’ai toujours essayé d’épargner la gentillesse chaque fois que j’ai pu. Enfant, je me souviens, quand j’avais une dent contre quelqu’un qui tombait, le sourire passait sur mon visage jusque sous les oreilles. Et hop ! Dans les bas que me tricotait maman, au fil d’un ressentiment tondu sur un troupeau d’ouvrières privées de leur usine et de leurs emplois. Aujourd’hui, il ne me reste que cette haine en pièces.
Le facteur lui tendit le calendrier avec un large sourire.
– Mais, dit-elle, embarrassée, n’osant se saisir des deux. C’est trop, je ne peux pas.
– Gardez tout, insista-t-il, l’obligeant à prendre même le bonheur d’offrir derrière le sourire. Et surtout dépensez-le à la première belle rencontre que vous ferez.
Aussitôt le cœur de Mathilde se consuma dans un regard éclatant.
– Vous prendrez bien un café ou un thé ?
Ah… la magie du sourire!
Preuve à l’appui 😉
Ne nous en privons pas surtout….
Un sourire à l’endroit, un sourire à l’envers, tricotons tricotons pendant qu’ailleurs des petites mains héroïques détricotent les maux du monde 😉
Le facteur sonna à la porte. Elle l’ouvrit, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, dit-elle, y’a de la haine un peu partout, je suis en train de détricoter la pelote d’insultes des voisins. Et en plus , je me suis pris les pieds dans leurs filets de férocité.
– Dites donc, vous avez une sacrée bosse ?
– Oui, je sais. Au début, je croyais que c’était le boulot. Mais non, j’ai dû me prendre une brique de malveillance. J’étais tellement crevé de la semelle gauche que je ne me suis rendu compte de rien.
– Ah bon, par les temps qui piétinent, vous travaillez encore ?
– Oui, plus que jamais!
– Étrange, mais dans quelle branche êtes vous donc ?
– Pas vraiment une branche, plutôt un tronc dont on fait les planches, si vous voyez ce que je veux taire.
– Il semblerait que nous soyons un peu collègues, moi aussi, je suis dans la boîte…enfin, pas la même…et pas tout de suite (Rire gêné). Alors , comme ça, vos voisins vous malveillent, ils vous abominent. Pourtant, faut bien que ça se fasse…hein…c’est pas votre faute.
– Je sais, j’aurai du me méfier. Déjà, la semaine passée, on m’avait invité à boire l’hostilithé avec des petits gâteux. Trop sucrés, trop mielleux, avec des questions poisseuses, celles qui vous décollent la chair de poule parce qu’on ne sait jamais si la tête ou la queue qui va mordre. J’ai fait l’enroué de l’oreille. Je n’allais pas tomber dans leur marché obscur du paletot de sapin, comme disait leur grand père dont ils voulaient organiser l’absence. Depuis, ils m’en veulent. Et ils ont la rancœur bien accrochée.
– Eh beh, ma pov dame, moi qui croyais en baver dans mon travail, je ne me plaindrai plus.
– Dites donc, Monsieur le facteur, vous qui paraissez si gentil, ce matin, mon oiseau de compagnie a quitté son perchoir, la fenêtre était ouverte et il a disparu. Ne l’auriez vous pas aperçu, par hasard ?
– Bien justement, si je sonne ce matin, ce n’est pas pour une facture, on vous fera toujours payer, mais plus tard, là on est toujours dans les urgences, mais un jour ou l’autre, on sera encore pressé. J’ai ouvert la boîte pour vérifier que vous n’aviez pas déposé de courrier à expédier et j’ai trouvé ça…désolé!
Et l’homme, l’habitué des mauvaises nouvelles sortit de sa sacoche un ara crevé.
..si c’est la têt ou la queue…
…si c’est la tête ou la queue… (ah là là, comment ont’ils fait pour bidouiller mon clavier…que je m’ y électrocute…aïe…)
La facteur sonna à la porte.Elle l’ouvrit,il sourcilla.
– Ne faites pas attention,dit elle, il y a de la haine un peu partout,je suis en train de détricoter toutes mes vieilles haines.Elles étaient mélangées et je savais plus à qui les vouer.Ce qui fait que je ruminais une vieille haine taille unique,qui me rendait amère et injuste.
Tandis que là,je mets mes haines en pelotes,par destinataire et les range dans des cartons par ordre de priorité.
Haines anciennes,haines à vie,celles de rien du tout.Si c’est pour un homme,une ex amie,pour la famille.Si la haine concerne le plan sentimental,professionnel etc…
– Ouh là là ,c’est coton votre histoire
– Tout à fait mon cher,mais ça fait un bien fou.Je ne veux plus haïr à l’aveuglette,me fatiguer pour rien en me trompant de cible.Un bon petit mépris,une indifférence dosée avec discernement suffisent dans certains cas.
La vraie haine est une denrée très précieuse ,il faut la réserver aux nécessiteux comme a dit je ne sais plus qui.
– Vous êtes donc une haineuse organisée.
– Je le revendique,j’ai toujours fonctionné ainsi.Sinon l’on se disperse.Voulez vous que je vous fasse voir mon étagère à haines?
– Volontiers
-La voilà.
Ici vous avez,dans ces cartons noirs,les pires échantillons.Les haines qui se transmettent sur plusieurs générations,moi même je n’en connais pas l’origine mais je continue à les alimenter.La tradition vous voyez.
Dans les cartons de déménagement,celles qu’on emmène avec soi afin de ne pas les oublier et ainsi de suite pour tous les cartons que vous soyez là.
Mais ce n’est pas le tout,je ne veux pas vous retarder avec mes histoires.
Vous étiez venu pour quoi?
– Pour vous remettre vos médicaments,surtout le Moditen,le pharmacien dit que vous ne deviez surtout pas en manquer sinon…
– Je sais,mon psychiatre le dit aussi.Pourtant j’en ai marre d’avaler ces neuroleptiques,les effets secondaires sont pénibles.Mais je sais que si j’arrête,CA va recommencer.
Au revoir,merci,à la prochaine.
C’est l’histoire d’un mouton inconséquent
Cousin de la chèvre de monsieur Seguin
Qui devait rester capitonné pour sa sécurité
En cellulose comme tous les animaux
A cause d’un loup dangereux comme la peste
Mais il n’en faisait qu’à sa bobine
Et chaque jour, pour se découdre les pattes
Chez lin chez l’autre
Il dévidait ses ficelles et ses rubans
Craignant pour leur peluche
Certains tentaient de l’alerter
Le traitaient de cretonne
quand d’autres lui lançaient
Casse-toi Coton !
Mais lui, sans crin, faisait le galon
A travers chanvre
Créant sur son passage
Lainimosité de tous ses compagnons
Il avait laissé des bouts de l’haine un peu partout
L’histoire ne dit pas si le loup l’a détricoté …
Vos mots font des ricochets Laurence,
Vous jouez si bien avec eux!
Merci
Merci Camomille
Les vôtres rebondissent pas mal aussi
Bon week-end
Le facteur sonna à la porte. Elle l’ouvrit, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, dit-elle, y’a de la haine un peu partout, je suis en train de détricoter…
– Oui mais j’ai un gros colis, je vous le mets où ?
– Là Facteur, là !
– Oh là là, mais je ne m’attendais pas à autant de haine. Une minute, je vais vite chercher mon masque et mon gel hydroalcoolique.
– Mais non Facteur, ne vous inquiétez pas, passez outre, je suis en train détricoter,
– M’en fout moi de votre détricotage, la haine je veux pas l’attraper vous comprenez ?
– Mais votre administration ne vous a pas vacciné cette année ?
– Trop de haine, qu’ils m’ont dit…. pas assez de vaccins, et ils m’ont envoyé au front sans protection !
– Ah ! Je vous comprends…. mais vous savez, on arrive à s’y faire, et puis on en meurt pas !
– A s’y faire ? Mais vous plaisantez madame… vous plaisantez j’espère ?
– Non Facteur, je ne plaisante pas…. je suis philosophe tout simplement : une haine à l’endroit, une haine à l’envers, une haine à l’envers, une haine à l’endroit et le tour est joué comprenez-vous ?
– Non, je ne comprends pas !
– Mais oui Facteur, regardez comme le tas du fond s’est dégonflé. Je désamorce la haine tout simplement… je la détricote au fur et à mesure si vous préférez !
– Ah ?! Mais ça vous prend un temps fou alors ?
– C’est exact, toute une vie Facteur, toute une une vie pour désamorcer la haine qui s’accumule… C’est une course frénétique, utopique me disent mes pairs mais je ne baisse pas les bras.
Voyez près de la fenêtre toutes les commandes qui attendent et que je dois détricoter… J’ai pris du retard cette semaine et en plus aujourd’hui, vous m’apportez un gros colis !
– Quoi ? Je vous livre un paquet de haine alors ?
– Hé oui facteur, et en colissimo en plus !
– Oh Misère ! Je vais demander que l’on me change la tournée alors !
– Pfff mon pauvre Facteur… ouvrez les yeux : nous sommes en pandémie !
Allez entrez, vous êtes un brave gars, je vais vous apprendre à détricoter… ça pourra vous servir à supporter.
Le facteur sonna à la porte.
Elle l’ouvrit, il sourcilla.
– Ne faites pas attention, dit-elle, y’a de la haine un peu partout, je suis en train de dé…
– Ah ! Vous avez tondu vos moutons ?
– Mes moutons ?
– Moutons ! Tondre ! Laine !
– Vous êtes en train de rédiger un télégramme ? Ah, Ça s’entend que vous êtes facteur. Même pas fichu de faire des phrases ! Mais vous avez fait comment pour dégoter un boulot à la Poste ?
– Rien. Je n’ai même pas le Brevet.
– Alors, tout s’explique. Donc, je ne vous parlais pas de laine, mais de la haine. H.A.I.N.E.
– Et, c’est pour cela que vous vous êtes déguisée. On dirait un cosmonaute qui revient de la planète Mars ! Ceci dit, cela vous va à ravir, ajouta le facteur, un sourire moqueur au coin des lèvres.
– Mais, je me protège, moi ! Il faut bien l’éradiquer cette saloperie de haine qui pourrit notre quotidien. C’est pourquoi, je dé…
– Je comprends mieux ce nuage chloré qui a attaqué ma gorge, quand vous avez ouvert votre porte. On se croirait à la piscine municipale.
– Mais oui, Facteur, je dé…désinfecte tout, à l’eau de Monsieur Javel.
– Tout ? Même vous ?
– Bien entendu, je…
– D’où votre Haleine ?
– Mon haleine ? Mon haleine ? Mais qu’est-ce qu’elle a mon haleine ? s’écria-t-elle.
– Comme à la piscine ! répondit-il, hilare.
– Ah ! Non ! Je venais de boire un verre de l’eau du robinet. Mais entrez-donc, je vais vous en offrir un.
– Non merci ! Trop gentille ! Moi, beaucoup de travail ! Tenez, votre colis.
– Je n’ai rien commandé.
– Alors c’est un cadeau. Regardez, c’est « Tricotons » qui vous l’envoie.
– De la laine ?
– Sûrement ! Vous allez pouvoir tricoter. Mais, en même temps, n’oubliez pas de détricoter votre costume de haine. Au revoir, Madame Mouton !
Tandis qu’il s’en allait, déployant une guirlande de rires, il entendit la porte claquer !