466e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat
Développez cette histoire de tas
Le chef des tas a vécu, il n’accumulera plus. Moi, petit tas, j’avoue que je lui ai parfois jeté la pierre.
Développez cette histoire de tas
Développez cette histoire de tas
Le chef des tas a vécu, il n’accumulera plus. Moi, petit tas, j’avoue que je lui ai parfois jeté la pierre.
Développez cette histoire de tas
Un mur aveugle vient de recouvrer la vue.
Le chef des tas a vécu, il n’accumulera plus. Moi, petit tas, j’avoue que je lui ai parfois jeté la pierre.
Ils n’avaient plus rien à faire dehors. Alors, ils poussèrent la porte du bistrot. Au 466 ! Comme par hasard.
Ils s’accoudèrent au bar et commandèrent deux Pastis. Un long silence suivit. Gégé claqua sa langue et commença :
– Cette Amélie, quelle folle ! Elle casse tout sur son passage.
– Oui, en effet, lui répondit Max, elle casse tout !
– Même les restanques les plus solides, renchérit Gégé.
– Quand même…
– Quand même quoi ?
– Quand j’y pense…
– Quand tu penses à quoi, Max ? demanda Gégé en réprimant un sourire.
– Quand je pense au mur du 465.
Gégé attrapa son verre et le vida d’un seul coup. Il tapa du poing sur le comptoir et s’exclama :
– P***, pas un seul n’y a pensé !
– A quoi ? demanda Max.
– Au mur du son, tiens ! Tu t’es déjà demandé où étaient tombées les pierres de ce mur ?
Patron ! Deux Mauresques !
Max se gratta la tête, sa main glissa sur sa joue et s’attarda sur le menton puis déclara d’une voix grave.
– Ça alors, quelle question ! T’as une idée, Gégé ?
– Non, pas la moindre idée. Mais, si elles étaient tombées, on le saurait. Et le quelque part, on le connaîtrait !
– Exact ! Ça vaut la peine de chercher l’info ! proposa Gégé. Dans les archives des journaux, peut-être…
– Oh, doucement, l’interrompit Max. Il faudrait aller à la ville. Et avec tous les embouteillages, le prix du carburant, l’empreinte carbone et le reste ! Tout ça pour un tas de pierres, c’est cher payé !
Patron, deux Tomates !
Gégé soupira et suggéra :
– Il y a bien Internet et les réseaux sociaux.
– Tu sais te servir de ça ? demanda Max en écarquillant les yeux.
– Oui, mon vieux, il faut être de son temps ! Regarde…
Gégé sortit son smartphone de sa poche de poitrine et pianota : « mur du son » Après un long silence, il s’exclama :
– Mazette ! 1945. Et depuis, on n’a toujours retrouvé aucune pierre…
– C’est triste, déclara Max. Mais j’ai peut-être ma petite idée !
– Raconte…
– Ben voilà, les tas de pierres ont servi à réparer la Muraille de Chine, ni vu ni connu !
– Et tant que tu y es, pourquoi pas intégrées dans le mur de Berlin ?
– Une éventualité…
Patron, deux Perroquets.
– Nom de Dieu, je crois que j’ai trouvé , grogna Gégé en levant le verre à la hauteur de ses yeux. Elles sont toutes planquées et elles vont bientôt réapparaître.
– Tu délires…
– Pas tant que ça ! Les tempêtes, c’est pour masquer tous les Bang. En veux-tu en voilà, des pierres, il en pleut de partout, scanda Gégé.
– Je ne vois pas le rapport.
– Moi non plus, mais qui sait si le mec à la mèche orange n’est pas en train de les récolter pour faire son mur, hein ! Qui sait ?
– Oh, reprit Max, oh, l’ami, tu délires…Va falloir ouvrir les yeux ! Un chef des Tas, qu’il accumule ou non, personne ne le laissera monter un mur. Çà ne se fait plus, de monter un mur entre les gens…
Un ange passa à la vitesse du mur du son.
Tout penaud, Max murmura :
– Note, je peux pas lui jeter la pierre : je viens de finir un mur pour ne plus voir mon c*** de voisin…
Le chef des tas a vécu, il n’accumulera plus. Nous les petits tas, j’avoue qu’on lui a souvent jeté la pierre.
Rhumatou, tu as fini?
Nanajanel! rollingmol! Rotinineur!Beugmatou!Tados!
Ou êtes_vous?
_Chef,oui chef, dans mon tas
_Bien. C’est le tour de qui ce mois-ci?
Rollingmol se dandina et ça nous fit bien rire. Pour une fois qu’il n’en faisait pas des tonnes, ça changeait. Il était bon dans son genre mais à force de se prendre pour un gros tas, d’être notre chef peu aimer…Il en récoltait le fruit. Bon c’est vrai nous les plus jeunes on lui en a fait baver … Trop d’ordres chassent l’ordre, mais quoi! Il faut bien qu’on s’amuse un brin! ça pour s’amuser à ses dépends,on ses bien marrer foi de Tados.
Rollingmol leva la main très mal à l’aise puis il brailla avec peu de conviction un: » Chef, c’est pour moi chef.
_Voyons donc ce tas, j’espère pour vous qu’il en vaut la peine. Bien ça…un bon gros tas bien compact. Bien rond, bien ferme, une douce odeur tous juste alléchante, beau travail Rollingmol comme d’habitude…Ou donc avez-vous eu toute cette belle…euh…comment dire! « Merde »!
Alors mon vieux c’est fini pour vous, plus d’envie, plus de besoin, plus de camaraderie? Vous retournez chez vous, le coeur fier, le tas bien garni, êtes-vous sûr de vous cette fois Rollingmol?
-Chef, oui chef.
_Plus de nerfs dans votre chef oui chef mon gars sa manque de confiance…je reste encore celui qui peut vous serrer la vis ou tous simplement vous en redonnez pour dix bons jours.
_Sous quel prétexte Chef? Beugla Rollingmol tout en scrutant les jeunots du rand qui n’en perdaient pas une miette. Ces petits imbéciles qui se croyaient plus forts,plus compétents…à souvent lui piquer les cachent les plus fructueuses, se démenant à la suite pour revenir avec leur butin…pauvres jeunes sots sans cervelle.
Il fallait de la force, de l’endurance pour arriver à faire roulé, arrimé,poussé dans le bon sens sans se mettre sous le vent pour éviter ceux qui étaient là pour se goinfrés. Oh oui…il était grand temps pour lui de retourner à la vie au plein air. Il avait tout appris et plus encore. Il lui restait de belles années à vivre, de quoi fonder une belle famille.
il connaissait les techniques, les balancements, les roulements, les coins fabuleux, il avait sa grotte à lui découverte au tout début de sa formation et là tapis bien à l’abri des autres, il avait parachevé son entraînement. Aujourd’hui,il était fort et sûr de lui même si ces jeunes sots lui avaient jeté la pierre plus d’une fois auprès de l’instructeur, jamais celui-ci n’avais eu à se plaindre de ses tas.Et encore moins de ses ordres.
_Bon, qu’allez-vous faire mon vieux à présent que vous êtes libre?
_Chef, je vais me trouver une belle fille bien ronde et avec elle, nous allons former un clan. Elle fera sa part et je l’aiderai, nous ouvrirons notre table, les visiteurs nocturnes seront nombreux…
_Un bien beau début de vie ça, z’êtes sûr qu’elle pourra vous suivre mon vieux?
Un ricanement s’éleva de notre groupe mais Rollingmol nous fonça dessus et tel un jeu de quille, il nous renversa, ok sa force était bien plus grande que ce qu’on pensait. Il avait caché son jeu et heureusement pour nous, il n’en avait jamais abusé. Encore heureux car étant le second du chef…il aurai pu nous faire tomber et virer. hum à méditer sur ce sujet. Les copains et moi,on fit une haie d’honneur pour ce brave Rollingmol qui jamais n’a abusé de sa véritable force contre nous. Un second en or…pour sûr. Qui allons nous avoir après lui?
Il s’en alla tout en roulant son tas bien rond,un plaisir à regarder,une fierté à se dire qu’il nous donna les meilleurs instructions possibles afin qu’à notre tour nous devenions de bons et forts bousiers. Le chef nous hurla dessus, le retour de ce hurleur nous fit regretter aussitôt Rollingmol. Quel perte pour nous mais nous étions fier de son savoir partagé. Un jour prochain, nous serons comme lui près à faire notre pleine vie de bousier consciencieusement.Chef, oui Chef les bousiers sous vos ordres. y.l.
Sur une idée de Pascal Perrat.
😺 C’EST LE FOND QUI MANQUE LE MOINS
Taratata a laissé la place.
Défunt, il est temps de dresser un état des lieux après son passage dans cette vallée.
Vivant, il nous arrivait de vouloir le lapider. Pourtant nous aurions pu en prendre de la pierre. C’était un chef. Une belle dame un jour, avait arrêté son carrosse rien que pour le voir casser des tas de cailloux. C’était un gaillard superbe, nu jusqu’à la ceinture qu’il avait entourée d’un tissu rouge. Il n’avait pas conscience de son physique d’Atlante ni de sa musculature parfaite. La belle dame, nous la désirions tous. Nous lui envoyions des baisers. Nous aurions voulu, elle, la couvrir de pierreries mais personne n’en avait les moyens. Nous n’étions que des mineurs armés d’un seul piolet.
En bonnet et tablier de cuir, nous avions tout de la taupe fouissant dans des galeries, jalonnant son parcours de cônes. Peu de pierres dans ces terrils.
Taratata en surface était le chef. Pas un nid de poule qui ne soit comblé, pas une ornière n’aurait le temps d’être en formation.
La belle dame n’était-elle sensible qu’à ce savoir faire ? Ou avait-elle, elle-même quelque brèche, quelque faille le long de sa route ?
Avec ses rides, un regret se creuse…
Un des nôtres a extrait un gemme précieux, nous le lui offrirons.😺
somptueuse histoire des tas
Le chef des tas a vécu. Il n’accumulera plus.
Il est là, dans son cachot de terre glaise.
Peu à peu, son tas de chair va fondre.
Mais son esprit ?
Où s’est-il envoler ?
Et nous, petits tas, avouons-le
Nous lui avons souvent jeté la pierre.
A raison, à tort.
La douleur de son absence nous surprend.
Nous la musèlerons.
Tout en haut, les grands tas.
Tout en bas, les petits tas.
Tout en haut, les nantis.
Tout en bas, les démunis.
Les cahots de la vie
Epargnent-ils
Les uns ou les autres ?
Tour de passe-passe
Le gros tas de linge sale n’en peut plus, il n’accumulera plus. C’est décidé, il a vécu
Mais tout à côté, le petit tas de chaussettes dépareillées n’arrête pas de l’asticoter
T’es gros, t’es bouffi, tu sens le moisi, on a oublié de te laver, Hi ! Hi ! Hi
C’est à peine s’il a envie de riposter, tant il est las et fatigué
pourtant il avait la langue bien pendue quand il était petit
et ne se laissait pas déstabiliser par ce petit tas riquiqui
Eh ! Toi, tu peux parler, t’as perdu toutes tes moitiés à qui plairas-tu ainsi ?
qui voudrait encore te chausser ?
Me chausser, me chausser ? Mais bien sûr la petite Marie !
Quand toutes mes chaussettes sont dans ton tas pourri
elle vient gratter de mon côté , en choisit deux dépareillées
qui ont des couleurs adaptées. Elle les enfile… Et là, c’est pop et trop joli !
A l’école, elle a lancé la mode toutes ses copines l’ont imité
Et même, sur la table du réveillon, avec mes potes esseulés, on va aller trôner,
Sur la table du réveillon , Tu vas trôner ???
C’est une vraie métamorphone !
Oui Môssieur, même sur la table du réveillon, la p’tite Marie elle ose !
Dans mon p’tit tas, elle a gratté
Elle a pris les plus colorées,
dans chacune, pointe et talon elle a coupé
D’un élastique au bas elle m’a serré, puis elle m’a retrournée
Elle m’a remplie de plein de brisures de riz
Un élastique en haut, pour contenir le riz
un au milieu, elle a serré et pour me faire la taille de guêpe
un élastique elle a remis
Me voilà avec un ventre et une bonne tête
Avec la pointe de ma chaussette,
elle a fait un bonnet et me l’a collé sur la tête
Elle a peint deux yeux au pinceau,
En bonhomme Noël, regarde comme je suis beau
Elle en a fait pour chaque invité et je suis tout émoustillée
de partager le réveillon avec ses invités, de faire la fête
car toi, ce soir là tu auras vécu
mais moi, je survivrai tout en beauté, et à Noël je sourirai !
Lecrilibriste
Il trônait là depuis des années . Il était immense . Il était le plus grand le plus gros , il était le plus vieux et pour beaucoup il était le plus beau .
Tous s’y retrouvait pour s’y allonger , manger , dormir , et même chanter .
Ah ! Il en a entendu des querelles , des ragots , des concerts mais aussi de belles déclarations d’amour .
Vînt l’effroyable canicule , il se dessèche , se vide de sa substance , se ratatine , maigrit à vue d’œil , s’éteint de tous relents .
Jour après jour , ses habituels visiteurs le délaissent pour un tas plus petit mais plus jeune , plus frais , plus odorant qui est en train de naître à l’autre bout de la ferme .
Abandonné de tous , le vieux tas de fumier se laisse alors pénétrer dans le sol . Il meurt et disparait entièrement un matin de septembre .
Au printemps prochain , quelques fleurs sauvages fleuriront sur son emplacement .
Pet à son âme .
Le chef des tas a vécu, il n’accumulera plus : des tas de richesses, des tas de trésors… Moi, petit tas, j’avoue que, motivé par l’envie, animé par la jalousie, je lui ai parfois jeté la pierre, prélevée sur un tas de pierres qui n’avaient rien de précieux.
Et je n’étais pas le seul. La plèbe grognait et la révolte grondait.
Puis l’inévitable advint. Ce fut le coup des tas.
Les tas bruts, rustres et incultes mais revanchards et déterminés, furent les plus bruyants ; les tas de choses, toujours dans le vague, brassaient de l’air ; les tas limites, timorés et prudents, temporisaient ; les tas de dépendance, en permanence sous l’emprise de l’alcool ou autres substances illicites, s’avéraient vains ; les tas de marche, militaire ou nuptiale, produisaient une véritable cacophonie ; des tas d’âmes, bonnes ou errantes, avaient perdu leur conscience ; les tas, français ou membres de l’Union Européenne, comme à leur habitude se cherchaient des noises ; les tas de lieux, communs pour la plupart, tenaient des propos oiseux.
Les tas d’alerte, loyaux envers le pouvoir en place et malgré leurs sirènes hurlantes, ne purent ni se faire entendre ni faire cesser le tumulte.
Cela tournait une affaire des tas. Pour apaiser les esprits, il fut décidé de les mettre tous hors des tas de nuire et d’instaurer les tas généraux. L’officier des tas civils acta la nouvelle constitution qui fut validée dans la foulée par le le Conseil des tas. Ministres des tas et secrétaires des tas furent nommés.
Chacun pensa que la raison des tas avait eu le dernier mot.
C’était sans compter sans un petit tas de nerfs, valeureux caporal à l’accent corse. Tout cela promettait un sacré tas d’emm…
🐀 LE GRAND TAS K’A
Commentaire
A la Une d’un journal un pigiste TS-TS fait un article politico-docu.menthal’eau-eth.niqués sociaux sur une race en expansion.
LE GRAND TAS K’A chef des différentes tribus des Tas K’a et Ya K’a reçoit les doléances.
La souffrance ne l’émeut pas, juste il écoute.
Les Tassés, cassés par la vie passée, réclament des soins. À l’hospice, ces presque fossiles sont relègués ou mis à l’abri aux bons Coins.
Surchargés ces Coins coincent abritant aussi la pouponnière des Gravillons. Ces graviers nés d’ éclats graveleux de Roches coquines et de Cailloux pas mous du genou…
Les Pierres sont fieres et nombreuses: les Pierres à briquet qui s’énervent pour un rien, allument le feu.
Des tas de parpaings empilés attendent la prochaine construction.
Les Amas aussi font partie des tas. Ceux du vieux mur d’enceinte couchés maintenant dans les douves du château gémissent: c’était mieux avant. Avant quoi ? La peste et le choléra?
Ils côtoyent les Cailloux, ces canaillous un peu voyous qui au premier coup de vent se défilent, partent en goguette rouler leur bosse sur les pentes douces qui mènent au ruisseau.
Là, ils s’étalent bronzer au bord de l’eau et au pied des rochers qui eux, sont restés entassés depuis des millénaires. Le bruit court qu’Ils auraient même connu leur mer.
Le grand Tas K’a est ce jour dépassé, on parle de lui et des autres et pas en bien : routes coupées, risque d’éboulements.
Encore quelques garnements qui on fait leurs intéressants, profitant de la moindre tempête pour faire des éboulis sur la chaussée. Ils n’ont pas le droit, la loi est stricte et pour tout le monde. Avec tous ces attroupements, cela devient un État dans les Tas.
Mais ce sont les panneaux qui les représentent dans un triangle : attention travaux danger, qui l’ont le plus choqué.
On voit un gars qui va carrément avec sa pelle démolir son propre Tas.
Rien… Rien, on ne respecte plus rien.
Toujours légiférer ! Ça me lasse.
Hein ? Quoi ? Il y a des souris dans les tas de bois ? Tant mieux. Ça amusera les chats.
S’il faut que je règle aussi les conflits Bois-Souris-Chats je n’en sortirai pas.
Avec la longévité ‘ l’an nuit ‘
Aussi moi, le grand Tas K’a je pars rejoindre mon aïeul l’illustre et sage Tas VK’a Pas et sa femme la superbe mais beaucoup plus âgée que lui sa Bri-quette Tas GaD’a.
Tsoin-tsoin.🐀
Le chef des tas a vécu. Depuis son dernier chantier pharahomèrique, ça ne pouvait qu’aboutir…à sa chute.
Il avait vu s’écrouler quelques murs aveugles. Et une grande vision lui était tombée sur le crâne, un jour qu’il pédalait, tranquille, sur une digue, en bord de mer.
Cela c’était confirmé, une heure plus tard, entre la soupe au caviar et le homard mayonnaise. Il avait fait abattre toutes les masures insalubres, les ponts inutilisés, les usines délabrées et quelques monuments historiques invendables.
En 3 mois, il se trouva à la tête de collines impressionnantes de pavés, de pierres et autres gros galets.
Son équipe de techniciens penseurs lui bricola un programme d’après campagne, s’attaquant de front aux problèmes de recyclage, d’écologie et de sécurité routière.
Il expliqua fermement à ses ministres que Bibi, lui, le Chef, c’était lui.
Pour commencer, expliqua-t -‘il, on va refaire la totalité du circuit routier français. Symboliquement, on va commencer par Paris Roubaix. Pour fêter cette première réussite, on regroupera la classique du Nord et le Tour de France en une seule épreuve.
Celle -ci partira une fois de Paris, la suivante de Roubaix…etc. Et elle passera au minimum par Lille Le Havre, Brest, Nantes, Bordeaux Bayonne, Perpignan, Marseille, Grenoble, Strasbourg, Verdun…
A vue de nez, cela représentait, 4000 kms de routes pavées. Plus besoin de bornes flasheuses car la vitesse se limiterait naturellement à 20 kms à l’heure.
Du coup on relançait les gammes Citroën à suspension hydropneumatique. L’industrie automobile française refleurissait. On fournissait des véhicules à tous les habitants du pays selon leurs moyens, 2cv, Dyane, ami6, 8, etc…jusqu’aux célèbres ID et DS pour les plus riches souffrant du dos.
Jusque-là, le projet du chef des tas pouvait fonctionner. Le peuple aimait ses autos et ses pavés. A de rares occasions, ils jetaient les unes ou les autres.
Mais, cela devint plus délicat lorsque le chef des tas voulu élargir sa vision au monde.
Déjà, lors d’une rencontre avec le premier ministre chinois, sa proposition de démanteler la grande muraille pour repaver les rues de Shangaï passa mal.
Ensuite, à la tribune de l’ONU, il tenta de défendre une vaste théorie, comme quoi la plupart des montagnes ne servaient à rien. Que même les plus élevées s’avéraient incapables d’entretenir leur glaciers et que démantelées, elle fournirait au monde entier les tas de cailloux salutaires. Pour lui, l’avenir reposait clairement dans les tas.
Mais la résistance s’organisa. Les associations de colmateurs de murs, les skieurs de surface, les motards bilieux et les graveurs de statuquo s’allièrent contre lui.
Il périt par ce quoi il avait pêché, lapidé sur une plage privée par des touristes furieux.
On lui consacra quand même une stèle dans le matériau de son utopie.
Et les tas du monde retournèrent au gravier.
466Le chef des tas a vécu, il n’accumulera plus. Nous, les petits tas, j’avoue qu’on lui a souvent jeté la pierre.
Un tout petit osa se mêler de la conversation : mes parents m’ont appris qi’il ne fallait pas dire du mal d’un mort.
Tu as raison dit un autre « paix à son âme ».
Ce qui fit exploser un voisin « un tas de terre n ‘a pas d’âme »
Cela laisse suppose que nous n’irons jamais au paradis s’insurgea un autre
.Un très gros ricana « tucrois au paradis toi ? Tu es enore plus bête que je ne pensais ».
tout en se disant en lui-même « il ne faut pas se moquer d’un plus petit que soi mais bon ce n’était pas très grave , que pourrait-il lui faire ?
Et l’enfer vous y croyez interrogea un autre ?
Va savoir ! Voltaire dans les « Les pensées philosophiques »écrit :
« Les poètes, qui ont tout inventé excepté la poésie, ont inventé les enfers et s’en sont moqués les premiers ».
Cà me laisse à penser mais çà ne répond pas à ma question
Arrête de penser tu te fatigues et tu nous fatigues .
Soudain ils entendirent un camion-benne et frissonnèrent « allaient-ils faire partie du voyage ». Même si parfois ils avaient du mal à se supporter les uns les autres ils se connaissaient, faisaient partie d’une même famille ; n’avaient-ils pas toujours été là. Ils étaient arrivés à force d’efforts intellectuels intenses à communiquer entre eux. En somme, sans le savoir, ils étaient au paradis.
De pelle en pelle , sans aucun égard , le camion fut rempli de plusieurs tas. Il démarra dans un train d’enfer ce qui écourta leurs adieux. Il leur sembla qu’un gros sanglotait, un petit envoyait des baisers.
Arrivés dans un cimetière leur sembla-t-il la benne du camion baissée,ils glissèrent sans ménagement et formèrent un gros tas.Ils se sentirent en connivence et la nuit tombée ils s’endormirent du sommeil du juste, ils rêvêrent de fantômes, certains de Frankenstein. Ils ne se doutaient pas qu’au petit matin ils seraient séparés et rempliraient des trous au fond desquels il y aurait un cadavre, pourquoi pas deux, et puis ils seraient recouverts d’une pierre sans doute pour les empêcher de s’évader pour refaire des tas.
Le chef des tas a vécu. Il n’accumulera plus. Moi, petit tas, j’avoue que je lui ai souvent jeté la pierre
-Le chef est mort
-Le chef de quoi?
-Le chef des tas
-Des tas de quoi?
-Des tas d’andouilles comme toi
-Tu le connaissais? Comment il s’appelait?
-Andouille 1er. Mais non je ne le connaissait pas
-Alors pourquoi t’es triste?
-Je lui ai régulièrement jeté des pierres. Il savait s’en emparer et souvent les retourner à son
avantage. C’était un jeu excitant
-Je comprends rien à ce que tu dis. Alors y a une place à prendre,s’y a plus de chef
-Ca t’intéresse! Remarque il y a longtemps qu’on ne fait plus chef des tas d’andouilles de père en fils
alors,pourquoi pas?
-Je pourrais même être chef des gros tas. T’as vu? Je suis costaud
-Tu n’es pas costaud,tu n’es pas gros,tu es gras. Mais si la bêtise se mesurait en kilos,tu serais,à coup
sûr parmi les plus lourds
-T’es jaloux,hein? Je pourrais même être le roi des chefs des gros tas. Regarde comment je salue.
Tout est dans le poignet
-Les rues sont pavées d’andouilles mais roi des gros tas d’andouilles,tu as toutes tes chances
-Je vais postuler. Tu crois que c’est à la mairie?
-Possible.Mais cours,cours,la bataille sera rude
féroce mais tellement vrai !
Le chef des tas a vécu. Il était d’une constitution trop fragile. Pourtant, dans un transport en commun, son ambition l’avait fait descendre très tôt à l’arrêt public. On le disait très « couillu » car il avait les parties politiques. Pour lui « avoir la gaule » tenait plus de l’élection que de l’érection. A force d’être écouté et lu, il avait fini par être élu. Il avait décidé de porter un masque afin de mieux appliquer sa stratégie. Il était adepte des mots : parle, ment, taire. Mais il devint bien vite un député dépité. Il ne parvenait pas à faire la loi de mauvais aloi qu’il promouvait à cœur et à cris. Face à des parlementaires versatiles et velléitaires, après les coups d’éclat contestataires mais inutiles il passa au coup d’Etat hostile et totalitaire. Il avait abandonné les gros tas qui ne se décidaient pas pour s’appuyer sur les petits tas populaires qui écoutaient son discours populiste. Sa voix « Nazillarde » enflammait les foules. Malheureusement, après la croix gammée ce fut la gamme des croix qui fit audience aux chants de batailles. L’Europe mangeait dans sa main. Il était géant parmi les nains. Il se voyait devenir dieu. Mais dans les nuits de cet homme de pouvoir, il se mit à voir des poux. Si au début son delirium était très mince, cet homme qui ne se considérait pas comme un sous-pape eut bientôt des problèmes de saint-siège. Ses coliques devinrent frénétiques. Sa vie était devenue pot, lit, tics. Ses différents régimes ne firent rien à l’affaire. A force de perdre des kilos son poids politique s’amenuisa. Cet homme belliqueux mourut complètement vidé de toute liqueur et de toute vigueur, abandonné, solitaire dans son monde arbitraire.
Il m’agaçait à amasser de façon compulsive. Déjà que sa suffisance nous écœurait depuis longtemps. Chef des tas, chef des tas, c’est bon ! Petit tas petits, nous aussi méritions autant de considérations ! En quoi un statut ou la taille devrait ouvrir les portes de la gloire et justifier tous les caprices !
Ce besoin pathologique d’être toujours en tête, devant, le plus grand et enfin chef, c’était insupportable !
Et puis, je me suis souvent demander pourquoi cela me dérangeait autant. Je me souviens de périples que nous préparions pour aller lui lancer des pierres. Ce qui ne contribuait qu’à le grandir davantage ! Quand j’ai compris ça, tout a changé. M’est revenu en mémoire la sagesse de ma grand-mère et son vieil adage : Petit tas petit, l’oiseau fait son nid. Je me suis donc après cela, consacrer à suivre mon propre chemin, à construire mon parcours en semant de petits cailloux sur la route de mon destin.
Patiemment, vaillamment, courageusement et humblement, j’ai suivi mon parcours sans attendre plus rien du chef des tas. Chaque jour je mesurai qu’il n’était point besoin d’accumuler pour trouver le bonheur. Moi petit tas qui se recréai chaque jour au gré de mes rencontres, je nouai des liens incroyables, toujours pleins de surprise et de nouveauté. J’ai parcouru le monde, rencontré des rochers, des dolmens bien plus grand que notre fameux chef, j’ai fait partie de bien des tas, des tout petits, des moyens, de toutes les couleurs, de tous les aspects. J’ai été lavé par les pluies, soulevé par des tempêtes. Puis au gré des vents et des érosions, je suis revenu simplement retrouver ma place, près de ma maison, enrichi de tout mon parcours, de ma vie faites de monts et merveilles, de montagnes franchies, de rivières à descendues. J’en reviens enrichi au terme de ma vie prêt à me lier pour toujours à d’autres petits tas pour construire ensemble un chemin qui guiderait d’autres pas que les miens.
Le chef des tas a vécu, il n’accumulera plus. Moi, petit tas, j’avoue que je lui ai parfois jeté la pierre.
Il était assis en face de moi, la couronne de travers, les mains posées à plat, de part et d’autre de son couvert. Je sentais bien qu’il allait me sortir une de ces inepties sur un de ses ses sujets de prédilection. Mais je me trompai car, d’une voix métallique, il déclama :
– J’ai vécu. Je n’accumulerai plus.
Je faillis enchaîner avec un « Vini, vidi, vicci » mais préférai béer de stupeur et lui répondre, la bouche en coeur :
– Le chef des tas – t’as d’beaux yeux – zieu d’perdrix – Istanboul – boul’de…
C’est alors qu’il a piqué une colère qui le transforma illico presto en dragon fulminant .
– Tu crois que c’est simple de gérer les tas ?
– Comment veux-tu que je le sache ? Tu es encore ancré dans un monde de phallocrates. Il n’y en a que pour les hommes. Chef de file, chef de gare et même, chef des tas !
– Que proposes-tu alors ?
– Qu’on applique la loi.
– Quelle loi ?
– La loi no 2014-873 du 4 août 2014, lui répondis-je du tac au tac.
Ce fut alors à son tour de béer puis de bayer aux corneilles. Lentement, il leva sa main, ajusta sa couronne et maugréa :
– Soit, si tu le veux ainsi.
Il repoussa son fauteuil et d’un pas hésitant, il se dirigea vers moi et posa sa couronne sur ma tête en clamant :
– Femme, je te déclare Chef des Tas.
– Comme ça, Chef des Tas ? Et le féminin, tu en fais quoi ?
– Des tas de petits pois.
– Très drôle, vraiment très drôle ! Tu commences fort !
– Bon, votre majesté, Cheffe des Tas, je vous présente mes excuses.
– Combien ?
– Des tas, bien sûr !
Et c’est ainsi que commença mon règne de Cheffe des Tas. Et je peux vous déjà vous affirmer que ce ne fut pas mince affaire !
Comment ça, vous ne me croyez pas ? Dites de suite que je mens, que j’exagère, que j’ai une armada de serviteurs à ma disposition ?
Que nenni, je ne veux rien déléguer. Je n’ai pas confiance ! Un méfait est si vite arrivé !
D’ailleurs, si vous voulez un aperçu de ma charge, je vous invite à passer une journée avec moi. Et surtout, n’oubliez pas un crayon bien affûté et un carnet de notes car vous en aurez tes tas … de notes !
Suivez-moi, le périple commence.
Chaque matin, pousser des tas de portes en criant : « Debout, il est l’heure ! » et puis filer en cuisine pour préparer des tas de tartines beurrées et confiturées.
Ensuite, tournée générale pour ramasser tous les petits tas : tas de miettes, tas de chaussettes orphelines, tas de papiers de bonbons…
Au tour de l’aspirateur qui enlèvera les tas de poils, les tas de poussières et les tas de toiles d’araignées. C’est épuisant !
Vient le tour de midi et des tas de ding-dong au clocher. Eplucher des tas de légumes et de fruits, préparer, cuire, servir, débarrasser et enfin laver des tas d’assiettes, de verres, de fourchettes.…
– Arrêtez, de grâce, arrêtez, c’est une cadence infernale !
– D’accord, installons-nous pour le tea-time et je continuerai à exposer ma charge.
Quelques heures plus tard, il me dit :
– Ce sera parfait ainsi, je crois que je tiens mon papier !
– Avez-vous déjà une idée du titre ? Mais avant, jurez-moi que vous n’en ferez pas des tas. Vous savez, cheffe des tas, c’est pas si extraordinaire somme toute. C’est juste le politiquement correct pour ne pas dire « Femme au foyer »
Le lendemain, en lisant l’article du journaleux, je me repassai le film de ma vie.
J’entendais, une fois encore, le chef déclarer qu’il avait vécu et qu’il n’accumulerait pas, je dus reconnaître que de temps à autre, je lui jetais la pierre. Petite ou grosse, selon mon humeur.
Mais en inversant les rôles, j’avais compris beaucoup de choses.
Lorsque l’ex-chef des Tas rentra de sa journée et me questionna su rmon emploi du temps, je lui dis :
– J’ai pris une grande décision. D’abord, je m’excuse de t’avoir -parfois- jeté la pierre et je change de métier. Je me reconverti.
Il me regarda , haussa ses sourcils brouissailleux en guise de question. Je continuai sur un ton moqueur :
– Promis-juré-craché, je passerai le reste de ma vie à tes côtés, mais je ferai des trous, des petits trous, encore des petits trous, dans les tissus, dans les papiers, dans les chaussettes, dans ta cagnotte…
© Clémence.
Dire que quand je l’ai connue elle n’était qu’une toute petite chose, c’est justement ce qui m’avait séduit, son regard bleu en bonus bien sûr.
En même temps qu’elle, le chien que nous avions reçu en cadeau de mariage était lui aussi rapidement devenu un gros tas. Elle n’arrêtait pas de bouffer, et vas-y que je t’ouvre, vas-y que je te ferme, à force la porte du frigo couinait et n’allumait plus son ampoule à tous les coups. Me narguant elle chantonnait « une croquette par-ci, une croquette par-là…. » et le Toutou-sacré l’attrapait au vol, ça l’amusait au début, mais à force, il était devenu si gras qu’il n’arrivait plus à sauter.
Elle, la sauter, c’est moi qui n’y arrivais plus. Pas tant que je n’avais pas envie, plutôt que je n’avais plus 20 ans ni même 30 pour chaque fois devoir tenter l’escalade de cette montagne de graisse. Même assisté d’oxygène, je n’y serais pas parvenu, vu que mon oxygène c’était encore elle qui me le respirait.
Pas non plus la velléité de me trouver dessous au lieu de dessus, je n’en serais pas ressorti vivant.
Au plus elle prenait du poids, au plus elle devenait méchante. Tout comme elle avait vu un énergumène hurler à la télé « la République c’est moi », elle me criait à la figure :
– Ici, l’État c’est moi !
Je ne pouvais plus rien lui dire. Je m’était hasardé une fois à chantonner en sourdine « tu te laisses aller, tu te laisses aller… » Pas eu le temps d’atteindre la strophe « redeviens la petite fille … » qu’elle m’avait retourné une de ces torgnoles !
Rouste, dérouillée, tabassage, branlée, déculottée, raclée étaient devenus à la fois l’essentiel de son vocabulaire et mon douloureux quotidien. Alors je suis allé m’inscrire au Club des Hommes Battus pour y trouver un peu de réconfort. Et croyez-moi, il y avait du monde !
Jusqu’au jour, où elle est tombée sur ma carte d’adhérent. Qu’est-ce que j’ai pris ! Au plus elle me cognait, au plus je me ratatinais, je devenais si petit que je voyais le jour où elle me tuerait rien qu’en me marchant dessus, même par mégarde. Du coup, si l’on peut dire, j’ai pris ma décision.
A 15H, pendant qu’elle et le Toutou-sacré avachis sur le canapé se gavaient de gaufrettes à la confiture en regardant les Feux de l’Amour, je suis arrivé par derrière et avec ma pelle, j’ai tapé, j’ai tapé, tapé, tapé, tapé ….
Et puis, toujours avec ma pelle (je ne regrettais pas d’avoir choisi la plus chère du magasin) j’ai creusé sous la terrasse. Pour le moment, évidemment ça semblait un gros tas de terre, dès que ça se serait un peu tassé, je reviendrais (peut-être, mais ça m’étonnerait) couler une dalle de béton.
Et puis j’ai mis mes bonnes chaussures, pris ma carte de crédit, un petit tas de vêtements, un petit tas de casse-croûte, un petit tas de billets, mes jambes à mon cou et j’ai tracé la route. Finalement je devrais la remercier de m’avoir tellement diminué que bien malin qui me retrouvera !
Quel régal!
Merci ! (Les sujets qui en disent le moins sont les plus stimulants)
Délicieusement méchant….
Merci et bon dimanche en bord de mer, à remonter si démontée.
Le Chef des Tas a vécu.Il n’accumulera plus.Moi,petit tas,j’avoue que je lui ai souvent jeté la pierre.
Sa veuve,la Cheftaine Douairière,se frottait les mains A elle la première place!Depuis le temps qu’elle attendait cela en me fournissant secrètement la première pierre qui lui tombait sous la main.
J’avais à ma disposition une bande de sous tas armés, vigilants,qui m’avertissaient du passage du tyran,et je jetais la pierre sur sa grosse Tatamobile à triple blindage sur laquelle elle rebondissait pendant que le gros tas à l’intérieur,ricanait de satisfaction.
Mes essais demeuraient infructueux, je fulminais ainsi que la Cheftaine qui commençait à s’énerver.
Puis un jour la nouvelle tombât.
« Le Chef des Tas a vécu!Il n’est plus depuis huit heure ce matin. »
Ce ne fut pas une pierre qui mit fin à ses jours ,mais une mauvaise grippe attrapée un soir pluvieux de novembre en revenant d’une escapade galante sur sa trottinette électrique.
Après six jours de fièvre intense,malgré ventouses,cataplasmes et grogs brûlant,le Grand Accumulateur rendit de mauvais gré son âme au Très Haut,dûment soutenu par sa veuve apparemment éplorée.
N’ayant pas de descendance,elle s’autoproclamât Cheftaine Suprême et se mit à accumuler encore plus âprement que ne le faisait le défunt.
Que fîmes nous,moi et les sous tas?
La seule chose que nous sachions faire,lui jeter la pierre plus souvent qu’à notre tour dès qu’elle avait le dos tourné.
Nous aurions dû comprendre beaucoup plus tôt, beaucoup plus vite !
Nous avions passé nos vies à faire des tas.
Tout petit nous fîmes des tas de sables, de splendides tourelles, donjons, châteaux
La marée se chargeait de tout effacer.
Le lendemain nous recommencions, inlassablement,
Des générations d’enfants se succédant, toujours content…
Puis nous grandîmes et fîmes des tas de bois
Des buchers crépitants, des chants entêtants
Et nous dansant, inconscient de cet instant.
Puis ce fut des tas de pierres pour bâtir, construire,
Penser à l’avenir : Premier soupir…
Puis ce fut des tas d’objets pour remplir la maisonnée
Des objets bien désuets, très vite dépassés.
Puis ce fut des tas de billets
À bien conserver, en petits paquets.
On devint inquiet de ne point en avoir assez !
Puis le chef des tas succomba, des tas de maladies.
Il n’accumulera plus de tas …
J’avoue qu’on lui a souvent jeté la pierre, par jalousie peut être
Et pourtant nous les petits tas ont finira certainement dans le même état :
Un tout petit tas !
Hélas ! ainsi va la vie !
Le chef des tas a vécu, il n’accumulera plus. Nous, les petits tas, j’avoue qu’on lui a souvent jeté la pierre.
– Chanterons-nous ou dirons-nous un De Profundis en l’honneur du chef ? Se demandaient ses quatre enfants.
– Ce serait un comble que de chanter la tristesse ! D’une part, le chef était un vrai joyeux luron, capable de faire rire un tas de cailloux avec ses histoires et d’autre part, nous, ses mômes, ses petits tas, comme il disait, nous sommes plutôt contents d’être débarrassé de ce tyran domestique.
– C’est vrai ; c’était facile pour lui quelques heures par jour, d’être facétieux ; de toujours se présenter au café, aux copains, d’humeur joviale. Avec ses blagues, il faisait rire toute l’assemblée des ivrognes
– Mais quand il rentrait éméché et fatigué, il n’était plus rigolo du tout avec nous.
– Je me souviens, la fois où nous, nous avons répandu du savon liquide sur le sol de l’entrée, en espérant qu’il se casse la figure. Et bien, il est tombé mais il est resté par terre à se gondoler, riant tant et tant, que tout l’immeuble s’est demandé s’il avait perdu la tête.
– Et nous, ses petits tas, nous avons, le lendemain, reçu une dérouillée mémorable.
– On lui a souvent, entre nous, jeté la pierre. Ça nous paraissait injuste de le voir tout le temps aboyer après nous et réserver ses meilleurs moments aux autres.
– Bon alors qu’est-ce qu’on décide ; De Profundis ou pas ?
– Moi, je serai d’avis de tenter d’écrire un texte où on mettrait en lumière les deux faces du chef. Par exemple, expliquer pourquoi il nous imposait de d’appeler chef ou pourquoi il nous traitait de petits tas.
Tu m’épates !
Le chef des tas a vécu
Le chef d’état n’accumulera plus
Paix à son âme !
Mais ça a une âme un chef des tas ?
J’ai un doute…. j’ai un doute….
Faut que je vous explique : moi, je suis PETIT-TAS mais je ne vous cache pas que je ne ferai pas ça toute ma vie.
J’aspire à devenir TAS-MOYEN et peut-être un jour GROS-TAS .
Ma spécialité actuelle c’est de rassembler les tas d’ennuis et de les trier par ordre d’importance.
J’ai un travail fou car faire des petits tas avec des gros ennuis… c’est tout une affaire d’état, croyez-moi.
C’est pas comme mon copain TAS-LEGER qui gère les tas des problèmes sans importance….
Mais revenons à moi.
J’étais souvent en conflit avec « feu chef des tas » qui me trouvait trop lent et qui me harcelait.
Fallait qu’il accumule un max de tas à chaque fin de mois car Il était payé au tas. « LES TAS C’EST MOI ! » Disait-il sans arrêt. J’ai jamais trop compris pourquoi il disait ça ?
TAS-LEGER m’a dit que cette frénésie, c’était à cause de ses points retraite.
Il lui en manquait un tas car il n’avait pas tous ses trimestres.
Bref, il avait un tas de préoccupations qui le rendaient invivable.
Remarquez, ça ne lui a pas porté chance de me bousculer de la sorte, car il n’a même pas profité de ses cumuls de points retraite. Il a fait l’infarctus avant.
Eh bé non….il n’accumulera plus. Tant pis pour lui ! Tant mieux pour moi.
Je peux enfin travailler à mon rythme : un petit tas par ci, un petit tas par là….un ennui ordinaire, un ennui qui n’en est pas un (ça c’est pour TAS LEGER), un ennui gravissime… etc…etc…
Mais, travailler sans hiérarchie, ça n’existe pas.
Ils ont vite remplacé « feu chef des tas » par un….par un ROBOT !
Et ma vie est devenue un enfer pour de vrai.
Robot, ce tas de ferraille, me rend la vie impossible et quand je lui jette la pierre, ça rebondit.
En conclusion, je suis devenu un PETIT-TAS brimé qui pleure sur son CHEF DES TAS regretté.
TARATATA… TARATATA… sniff sniff…
La chef des tas a vécu, elle n’accumulera plus. Moi, petit tas, j’avoue que je lui ai parfois jeté la pierre.
En cette fin de soirée, tous les collaborateurs de l’entreprise sont réunis autour du pot qu’elle donne pour fêter son départ à la retraite. Enfin quand je dis tous, c’est un peu exagéré. Après un discours élogieux du gérant et la distribution de cadeaux, elle verse une petite larme en disant qu’elle regrettera son travail, mais qu’elle a prévu de consacrer son temps à classer sa collection de timbres dans des albums.
En mon for intérieur je me marre et je lui souhaite « bon courage » ! Je suis stagiaire dans cette entreprise depuis cinq mois et son départ me réjouit, il faut bien l’avouer. Elle a accumulé en tas sur son bureau, sur des meubles, même parterre 20 ans de dossiers et ne connaît pas le mot classement. Je ne l’entendrai plus me dire : j’ai perdu le dossier de Tartempion, viens m’aider à le chercher. Et moi, qui suis une maniaque de l’ordre, je suis horripilée de perdre ainsi mon temps et vous savez comme c’est agréable de tout retourner pour dénicher un objet égaré ! Je me souviens de la fois lorsqu’elle avait escaladé la benne pour chercher un chèque perdu et perdu à tout jamais.
Je ne sais pas encore que sa remplaçante fera tout un tas de coquilles d’œuf d’autruche dans ses courriers et qu’il me tardera davantage de prendre la tangente le mois prochain.
— Moi, petit tas, j’avoue que je lui ai parfois jeté la pierre.
— Ouais, ben, mal lui en a pris de taper dans la fourmilière. Il a voulu amuser la galerie devant les ouvrières en leur promettant monts et merveilles. Sauf qu’il n’a pas vu venir les gilets jaunes.
— Le pauvre, il est tombé dans un guêpier et s’est écroulé comme un gros tas sur son rond-point !
— Il n’a que ce qu’il mérite. À laisser pourrir la situation, il ne pouvait pas tenir longtemps sur sa base.
— C’est sûr ! Quand les fourmis ont déserté les galeries pour suivre le mouvement social, il a été vite fragilisé.
— Pas folles les guêpes ! Elles n’allaient pas se laisser enfumer et traiter de nuisibles par un tas de fumier qui s’engraissait sur leurs dos.
— Mais tout de même, il s’agit du chef des tas ! S’il amassait, c’était pour ouvrir des voies autour du rond-point.
— Un chef désarmé, ouais, qui a attaqué des réformes avec des fourmis dans les jambes sans les consulter. Seulement des voix se sont élevées plus haut que lui et ont résonné dans le vide de ses tripes. Le chef des tas a vécu, il n’accumulera plus.
— Qu’est-ce qu’on va devenir maintenant sans chef ?
— Une force d’assemblement, de parlement en terre, palais des bourdons, des termites et de tous les gilets jaunes pour défendre le modèle social de nos fourmilières.
— Une nouvelle république quoi !