464e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
Mont Ventouse

Racontez l’ascension mouvementée du mont Ventouse.


« Cesse de réfléchir, de raisonner et calculer, laisse ton imagination s‘en aller rêver » Pascal Perrat

19 réponses

  1. Michel-Denis ROBERT dit :

    Difficile de s’élever quand on est retenu par des obligations. Il s’était d’abord imposé de régler l’urgence dans sa boutique : éliminer les petits tracas, fermer les comptes, baisser le rideau. Puis il acheta les bottes de sept cieux au magasin de l’image, hier, sur un coup de tête.
    Il avait toujours de ces entreprises biscornues en objectif ! Et bien sûr, personne ne crut à son projet farfelu.
    Or, il avait tout calculé d’avance et se voyait déjà au sommet de la fiche plantée en haut du mont sur laquelle étaient inscrites les recommandations de ne pas envahir le site avec des plastiques. Du tac au tac, il avait trouvé la réplique. Avec tact, il informa son entourage. Tous les colifichets en toc donnaient une image malsaine du pic. Il fallait à tout prix remédier à ses tics.
    Les bottes, en promo ! L’idée lui était venue ce matin, de tenter l’expérience la plus périlleuse de sa vie. Le contraire, toujours le contraire de ce que pensait son entourage ! Il avait besoin de se démarquer dans la contradiction, certain qu’il était que cela plairait à Laurette. Mais quand elle vit ses pataugas à semelles de crêpe, une nouvelle marque bretonne adaptée au granit, elle se mit à rire de bon coeur.
    – Par quel moyen t’es-tu payé ces bottes extraordinaires ? demanda-t-elle, elles ne valent pas un coup de cidre et tu n’as pas un rond.
    – Hé ! Hé ! Pas de bol ! répondit-il, j’ai inventé le procédé de la pieuvre. Vu que le mont est tellement escarpé qu’il a des parois presque horizontales qui remontent à la verticale, tu sais ! comme celui du passage de « La Louche », je me suis acheté ces pompes à air.
    – Tu as de ces idées ! dit-elle d’un ton ironique.
    – Je me suis toujours posé la question, pourquoi « Mont Ventouse ». J’ai cru un moment que cela aurait pu être le Dr Saint Kop qui l’ai baptisé. Mais je faisais fausse route. C’est à cause du vent. Et pour lutter contre le vent, rien de tel que des ventouses. Ce mot est dû à la réputation du mont.
    – Et comment fais-tu pour te décoller ? dit-elle, de son air docte, les deux poings sur les hanches.
    Sans se démonter, il lui montra le petit truc qui permettait de désactiver l’aspiration, un petit levier en plastique.
    – Tu m’estomaques, dit-elle, en se renversant sur le clic clac.
    – En-avant toute ! Nous pouvons mettre en pratique.
    – Mais tu ne serais pas un peu toc toc ?
    – Un peu d’imagination ma chère ! Nous partirons demain matin. J’ai tout préparé? Regarde, j’ai même acheté des bottes pour toi.
    Quelle ne fut pas sa surprise, le lendemain matin ! Laurette n’en crut pas ses oreilles. Toute la fanfare « L’ECLAT RIT NET » des instruments à vent avait été mobilisée. Les trombones à cou lisse, les trompettes, les hautbois, les cors anglais, les cors d’harmonie et les flûtes traversières, tous le monde de la musique était là pour encourager les deux tourtereaux.
    – A vaincre sans péril, on triomphe au son de la foire, dit-il.
    – Mais tu me fais peur, il nous faut des cordes.
    – Pas besoin, avec les ventouses.
    De la grosse caisse, le chef de la fanfare sortit les cordes indispensables à l’ascension.
    – Pour l’inauguration de la campagne anti plastiques du pic.

  2. oholibama dit :

    Une ascension mouvementée…

    Ah le Mont Ventouse, quelle ironie et quelle belle histoire, tiens je vous la raconte, si,si,si cela me fait plaisir.
    Un jour que j’étais bien installé à la table d’un café, j’entendis une voix fort reconnaissable qui se ventait d’avoir gravit un sacré Mont. La voix perdait d’intensité j’eus le réflexe de me lever ce qui, ne manqua pas d’interpeller l’homme.

    _Vous ici! Quelle belle surprise mon ami! Que faites_vous donc de si bon matin alors que ce froid mordant me fait les doigts plus que goure?
    _Oh que voila une agréable surprise, je venais pour écrire un article, je ne pensais pas rencontré une telle personnalité.

    _Vil flatteur que vous êtes,tenez puisque vous êtes dans la place, il nous manque un homme en serez_vous?
    _Pour quel exploit cette fois mon ami?
    _Pour le même très cher, la dernière fois ce n’était que pour m’étourdir, cette fois, c’est pour le sport…Alors en serez_vous,ou le vertige vous tient ‘il encore?

    _Hum,il est vrai que je suis perturber par certaines hauteurs,mais pour le public, je me dois d’être plus fort que cela et puis une telle équipée ne peut se refuser,j’en suis,oh que oui dussais-je le regretter plus tard.

    _Ferdinand mon ami venez donc avec moi, l’équipe comme vous dites sera satisfaite de vus compter permis elle.
    _Oui da et moi je sent que mon petit déjeuner fort matinal va m’être comme un poids sur l’estomac!

    Il se mit à rire de bon coeur, cet homme de mots se réjouissait de tout et de rien, un poète un peu oublié mais à la verve bien ancrée.
    Comme de bien entendu, et sans réelle surprise, je fus accepter.
    L’équipement , la nourriture, le couchage et le reste me fut fourni, le départ se ferait dès le petit matin suivant c’est à dire quatre heures sonnantes…un vrai défi pour un lève tard comme moi.

    Pourtant le lendemain matin,je fus debout bien éveillé et fortement excité
    Le Mont Ventouse se tenait fier devant nous, l’équipe au complet se chauffait les pieds et les mains à l’aide d’un brasero de fortune…Quelle serait l’attaque?

    Le Mont Chauve serait notre point d’attaque, Hector l’un des guides nous apprit que bien que des vents forts, des pluies abondantes soient plus que présente en cette saison, il n’était pas rare que l’automne soit en quelque sorte amicale en espérant que la mistral blanc ne vienne pas mettre son grain de sel.

    A peine posé le pied sur lui, qu’il s’accrocha à nous telle une sangsue féroce. La pluie fit son apparition nous collant de plus en plus contre la paroi. A mis chemin exténués mais fort heureux de cette prouesse diabolique, l’un des guides nous arrêta.

    _En patois du coin, il nous dit… »Quand lo ventor a son capeu se plou pas aras, plourà leu. »
    _Bien Messieurs cela va devenir plus sportif que prévu, le Mont ne va pas se laisser faire, il nous envoi le « Marin » êtes-vous toujours partant pour l’ascension?

    _Plus que partant cela fut sûr, moi j’avais mon papier à faire, Pétraque voulait se vanter de son exploit donc on continu…

    Quelle galère monstrueuse se fut…Culminant à 1910 mètres, nous apprîmes à connaître le « Marin » et à le respecter. Des vents violents nous fouettèrent avec vigueur, la pluie nous laissa comme des souches molles, dégoulinantes et sans forces.

    Une vieille chapelle nous servit comme refuge en redescendant et cela fut bénéfique…Deux jours plus tard, nous redescendions fort de cette ascension tumultueuse. Le retour fut aussi déplaisant que l’aller, le Mont ne se laissait pas faire, il nous attrapait par les pieds, collant nos basques, nous affolant par ses vents, nous labourant par ses pluies, nous étions vide de toute sensation, le coeur meurtri et le cerveau en déroute.

    Au bout d’un long et collant chemin de pierraille, nous contemplions enfin le toit de l’église, sa forme nous réjouie le coeur,un point d’ancrage enfin à nôtre portée. Suivre Pétraque à l’avenir? Non,plus jamais. Mon article fut bien accueillit et nombre d’hommes au tempérament fougueux firent à leur tour cette ascension d’autres prirent un chemin plus difficile, je remercié par la pensée mon ami Pétraque car s’il avait choisit le plus long chemin à la même période…nous aurions perdus des hommes comme cela arriva à d’autres.

    Le Mont se plaît à nous recevoir ou pas, ne pas le croire facile vue du bas…il s’avère féroce, redoutable, collant,la noirceur de son coeur me glaça plus d’une fois. Je continue d’écrire pour mon journal, Pétraque écrivit certains poèmes ventant le Mont Ventouse qu’il escalada quelques années plus tard,puis…il renonça à toutes excursion du genre… »Trop dur est l’ascension d’un Mont ou d’une Montagne, la vie d’un homme vaut plus que le frisson du moment. »
    y.l.
    Sur une idée de Pascal Perrat.

  3. Clémence dit :

    Racontez l’ascension mouvementée du mont Ventouse.

    Il était une fois, au pays de Bédoin, un Petit Pois chiche. Il était le dernier d’une famille nombreuse qui vivait bien chichement. Dès que la nuit tombait, Petit Pois chiche installait sa tente, quelques drap et de couverture tendus entre les pattes d’une chaise bancale.
    Il était …
    – Ah, non, tu ne vas pas encore nous casser les oreilles avec un conte à la noix !
    – Comment cela, un conte à la noix ? C’est une merveilleuse histoire que celle du Petit Pois chiche. Je recommence…
    Il était une fois, au pays de Bédoin, un Petit Pois chiche. Il était le dernier, mais le plus intelligent de tous. Il amassait tout ce qui pouvait apporter une réponse à ses questions : une page arrachée d’un vieux livre, une feuille de journal, une recette, une réclame…
    – Dis, ton histoire, elle commence à me casser les oreilles, t’a pas autre chose ?
    – Si tu m’interromps tout le temps, hein !!! Je recommence…

    Il était une fois, au pays de Bédoin, un Petit Pois chiche. Il était le dernier, mais le plus intelligent. Ses yeux et ses oreilles n’en perdaient pas une ! Et pour être sûr de ne rien oublier, il écrivait, sur une feuille volante, à l’encre de betterave, les endroits magiques qu’il visiterait plus tard, lorsqu’il serait grand…
    Un soir, il entendit ses parents gémir et se plaindre en ces mots : « Les sources sont taries. Nous ne recevons plus une seule goutte d’eau et nous allons nous dessécher. Et ce sera pire encore pour les enfants. Nous ne serons jamais assez forts pour aller à la recherche du trésor, enfoui dans les entrailles du Géant. Il ne nous reste qu’une solution, nous laisser prendre, jusqu’au dernier ! Nous serons au moins au chaud pour quelques heures, dans le vieux chaudron de cuivre… »
    A ces mots, de grosses larmes coulèrent et s’écrasèrent en étoile sur la dernière destination de rêve de Petit Pois chiche.

    – Mais ton histoire, elle est d’une telle tristesse, mais la fin, c’est tout vu ! Il va être un copier-coller du Petit Poucet !
    – Pas sûr, mon bonhomme, pas sûr… Si tu me laisses finir…

    De la dernière destination, il ne restait qu’un pâté d’encre rouge où Petit Pois chiche déchiffra : « Mont Ventouse ». Il se mit à réfléchir et ce fut limpide. Le Géant dont parlaient ses parents ne pouvait être que lui !

    Alors, il échafauda un plan audacieux. Gravir à son tour le Mont Ventouse.
    – Mais le pois, il est rond ! Comment peut-il gravir…
    – Et oui, tel était bien le problème de Petit Pois chiche. Il avait beau réfléchir, il ne trouva rien. De désespoir, il sombra dans un sommeil tout gris.

    Et il fit un rêve étrange. Il vit un chemin serpentant dans une vallée verdoyante ou s’amusait un ruisseau d’argent. Et ce chemin se mit à grimper, oubliant les herbes folles, dédaignant les oliviers et les amandiers. Dans un paysage lunaire, il continuait son ascension avec pugnacité. Malheureusement, il ne vit pas la faille et fut avalé. Après une chute vertigineuse, le petit chemin se réveilla, tout cabossé, au milieu d’un lac rempli de diamants et de pierres précieuses…

    Petit Pois chiche se réveilla au matin, la tête emplie de son rêve merveilleux et se dit malicieusement : « Ça y est, j’ai trouvé ! A nous deux, mont Ventouse! Chiche que je gagne, foi de Petit Pois !»

    Mais ce qu’il avait oublié, c’est qu’il était rond. Rond, tout rond !

    Alors, il lui vint une idée géniale. Faire appel ! Battre le tambour.
    Nombreux furent ceux et celles qui répondirent, alléchés par la récompense promise.
    Une coccinelle se présenta en premier, mais, un petit rond sur un autre petit rond, c’était peut-être du land-art, mais cela ne le menerait nulle part.
    Une fourmi lui succéda, mais déclina la proposition : le déséquilibre était désespérant.
    Un chardon suivit, mais c’est Petit Pois qui refusa en raison des pointes trop acérées.
    Un mille patte arriva tout essoufflé. Il n’avait pas eu le temps de lacer toutes ses bottines. Petit Pois chiche eut peur qu’une vilaine chute compromette son expédition. Alors, cette fois, ce fut lui qui déclina poliment.
    Un pigeon se présenta en roucoulant. Petit Pois se souvint des conseils de sa mère : « Évite tout ce qui vient du ciel… ». Le pigeon eut beau faire ses roucoulades à la Rossini, rien n’y fit . Petit Pois fut ferme. Non c’est non !
    Et lorsque la pie voleuse se présenta, Petit Pois se défila.

    – Bouh, il n’y a plus d’espoir alors ?
    – Si, encore un peu lorsque se présenta….
    – Qui donc ?
    – Une araignée.
    – Beurkkkk !
    – Pas si beurk que ça, car elle lui fit un don précieux.

    Petit Pois chiche reprit espoir. Chic ! Une bobine de fil magique. Il suffisait de lancer la bobine, elle se déroulerait, s’accrocherait et Petit Pois aurait ainsi sa cordée pour chercher en toute sécurité la fameuse faille et même, accéder au sommet !
    Hélas, le fil s’avéra beaucoup trop court.

    Petit Pois s’assit sur une pierre dorée et fondit en larmes. Une tarente, affolée par ce déluge, s’avança vers Petit Pois et lui demanda la raison de son chagrin.
    Et Petit Pois commença à raconter : « Il était une fois, au pays de Bédoin, un Petit Pois chiche qui… »

    – Ah, non, tu ne vas pas recommencer toute l’histoire !
    – Non, mon bonhomme, tu la connais. Voilà la suite.

    La tarente regarda Petit Pois chiche. Le soleil se reflétait dans ses yeux tout ronds. Elle lui dit : « Je crois que nous sommes faits pour nous entendre ! Tu es tout rond, certes. Mais as-tu vu la peau de mon dos ? Et mes pattes ? As-tu vu mes pattes ? Et mon agilité à me faufiler partout ? »

    Et c’est ainsi que leur expédition débuta. Lentement, mais sûrement. Au fil de jours tranquilles et de nuits mouvementées. Les prédateurs ne manquaient pas !
    Ils quittèrent la vallée verdoyante et le ruisseau aux reflets d’argent, ils abandonnèrent les amandiers et les oliviers, ils affrontèrent la caillasse éblouissante et ne virent pas la faille. Ils chutèrent longuement et se réveillèrent au milieu d’un lac de diamants et de pierres précieuses. Petit Pois s’écria : « C’est comme dans mon rêve ! »
    Il sortit un petit sac qu’il remplit de diamants et déposa le plus gros sur la tête de la tarente en lui murmurant sa reconnaissance éternelle.

    Cahin-caha, ils redescendirent du Mont Ventouse et retrouvèrent avec soulagement le fil magique de l’araignée.

    De retour à la maison, Petit Pois offrit le sac de diamants à ses parents. Ils furent émerveillés par le courage de leur petit dernier mais honteux de leur faiblesse.
    En guise de reconnaissance, ils firent l’acquisition de toutes les terres qui bordaient le chemin qu’avait gravit leur Petit. Mistral s’empressa de propager la nouvelle par monts et par vaux. Alors, chaque année, des marcheurs venaient de partout en clamant : « Nous aussi, on veut faire l’ascension du Mont Ventouse ».

    Petit Pois eut alors une nouvelle idée de génie ! Il fabriqua une espèce de petite machine composée de deux petits pois astucieusement reliés par un bout de fil d’araignée.
    Au fil des ans, l’engin fut perfectionné car il était trop petit. Aux deux petits pois succédèrent deux marrons qui furent remplacés par deux citrouilles qui s’avérèrent trop lourdes…

    Enfin, la machine trouva sa forme idéale et, en grande pompe, on la baptisa Vélo. Allez savoir pourquoi ?
    Mais ce qui est sûr, c’est qu’un dimanche de juillet 1958 Charly quitta Bédoin sur sa drôle de machine et partit pour l’ascension mouvementée du Mont Ventouse à la blancheur éclatante.
    De diamants, il n’en trouva aucun, mais il gagna un beau surnom : L’Ange de la montagne.

    Neuf années plus tard, hélas… cette blancheur fut tachée de sang…

    © Clémence.

  4. Blackrain dit :

    J’étais toujours très gai lorsque j’appuyais sur la pédale. La bicyclette était pour moi la petite reine de mes loisirs. Je participais même à des compétitions. La dernière fois que je fis l’ascension du mont Ventouse je m’étais mis en tête d’atteindre le sommet avant mes concurrents. J’étais légèrement en avance mais un jeune coureur me collait. Il me suçait la roue et je ne trouvais pas du tout ça érotique. Un vrai chameau le gars de Valence.C’était donc bien vrai que la drome adhère. Il me faisait la chasse depuis deux bons kilomètres.
    J’avais faim de victoire, aussi je mangeais les pignons un à un jusqu’au plus petit d’entre eux. J’adoptais la position de la danseuse bien que nous soyons plus entre chiens qu’entrechats. J’appuyais ferme sur les leviers. Comme j’avais faim de victoire je mangeais les pignons un à un jusqu’au plus petit d’entre eux. Le buste complètement incliné sur la fourche, je risquais de prendre une pelle. Mais déplaçant vigoureusement mon poids d’un pédalier à l’autre, je gagnais des mètres précieux. Je redevenais le maître de la course. Mon adversaire était vaillant, bien loin d’être bidon. D’ailleurs il ne s’hydratait aucunement tandis que je buvais les paroles de mon manager. Ce dernier m’aboyait des encouragements, confortablement installée sur la molesquine de sa Peugeot 404. Lui qui se prenait pour un cadre me pendrait surement à la potence de son Mercier si je venais à défaillir. Il n’était pas question de dérailler. Le soleil tapait. Moi qui venais de Montpellier, je transpirais fort sur ce mont pellé. Au sommet du col la sueur me coulais dans le cou. Enfin c’était la descente. J’avais conservé deux longueurs d’avance. La douleur musculaire me sciait. Afin de soulager mes cuisses dures comme des barreaux je me mis en roue libre. Je comptais faire une échappée. Le vent me faisait la bise dans les virages pentus. Rien n’était encore perdu mais le Valençois était toujours derrière. Si le val, en soi, était rafraîchissant il restait dangereux. Il me fallait bien écouter la musique des courbes. Je préférais jouer du frein à disques plutôt que ceux à tambours. Plus précis et moins grinçant. Pas fou, l’autre était « demeuré » dans mon aspiration. Quelle bonne inspiration ! J’espérais presque une onomatopée pour détacher celui qui me faisait la roue. Pan ! Un simple pneu crevé mais sans la chute, bien sûr. Probablement puni de mes mauvaises pensées, le drômois me coiffa sur le poteau d’arrivé. Il avait vaincu le mont chauve.

  5. françoise dit :

    Nous étions partis entre copains faire l’ascension du mont ventoux, sans aucune préparation,sans carte détaillée, sans avoir consulté la meteo. Nous nous connaissions à peine ou de vue  . il y avait, entre autres, un escargot, une limace (très sympathiques tous deux mais prenant beaucoup de place) un ver de terre, quelques fourmis très vindicatives pour se faire bien voir de leur reine qui était de la partie, une punaise, deux pucerons et quelques autres . Le chef animalier demanda au ver de terre de bien vouloir accepter qu’on le coupe en deux car il prenait un peu trop de place. Il donna son accord, sa tête boudeuse fit demi-tour Hélàs pour lui l’ascension était terminée, sa queue après quelques mouvements s’immobilisa à tout jamais.C’est ce qui arrive aux annélides terrestres quand ils perdent la tête.
    Les paris enregistrés, le chef donna le départ . Tous se précipitèrent, la punaise et deux poux montèrent sur la coquille de l’escargot . Ils réalisèrent vite qu’ils n’avaient pas adopté la bonne solution mais le principal c’est de participer dit le dicton….La Reine et ses fourmis escaladèrent la ventouse qui en peu de temps fut envahie. Et c’est alors qu’on entendit une petite fille crier « Maman il y a des petites bêtes sur et dans la ventouse de Papi ».
    Celle-ci l’attrapa et la noya dans un seau d’eau qui se trouvait là, tout en se demandant qui avait pu jeter cette ventouse dans le jardin
    Notre escargot faisant preuve de sang-froid fit demi-tour et prit le chemin menant au Mont Ventoux

  6. iris79 dit :

    Ce mont défrayait la chronique depuis la nuit des temps. On disait que ceux qui s’y risquaient étaient fous. Fort de cette réputation, le mont Ventouse attirait encore une poignée de casse-cous chaque année pour en tenter l’ascension.
    La légende disait que dès les premiers mètres pour celui ou celle qui s’y risquait, étaient déjà une épreuve. On ressentait très vite un poids sur la poitrine et une impression de lourdeur, une attraction puissante vers le sol et la sensation d’avoir les pieds et les jambes qui pesaient des tonnes, d’où le nom Ventouse dont on ne parvenait pas à retrouver de traces. Bien entendu, le rythme de l’ascension était donc extrêmement lent et il fallait prévoir une bonne semaine pour atteindre le sommet. Plus on se rapprochait de la fin du parcours, plus les effets sur le corps étaient puissants. Une fois au sommet, ce que les candidats à l’exploit y voyaient n’avait jamais été révélé car aucun de ceux qui en étaient revenus (que l’on comptait sur les doigts d’une main) ne souhaitaient communiquer sur cet événement. Cela restait un mystère absolu. Ce que l’on voyait dans le regard de ces champions étaient aussi indéchiffrable que le mont. Ils semblaient être dans un état de sidération extrême qui les changeaient à tout jamais.

    D’éminents chercheurs s’étaient penchés sur le problème de cette ascension, en vain. Des forces telluriques brouillaient leurs capteurs rendant toute mesure indéchiffrable. Sans compter que les conditions extrêmes de l’ascension rendaient difficiles toute récolte de nouvelle donnée. Aussi, à chaque volontaire qui annonçait vouloir tenter l’exploit, était promis une récompense pour ramener des informations. On les bardait de capteurs, et ils s’élançaient vaillants jusqu’ ‘aux premières difficultés qui ne tardaient jamais à se présenter.

    Dans le plus grand secret une équipe de chercheurs mettaient au point une combinaison qui annulerait les effets d’attraction terrestre et permettraient de récolter des données. Un médecin de l’équipe s’était porté volontaire. Il se sentait investi d’une mission qu’il prenait très au sérieux. Il savait qu’ils étaient maintenant en mesure de déchiffrer les secrets de cette montagne maudite. Quelques semaines plus tard, équipé de chaussures spéciales, il posa un premier pas sur le mont Ventouse.

  7. Grimper au mont Ventouse

    Si pour gravir le mont Ventoux
    il faut du souffle et du tonus
    combattre le vent qui rend fou
    ne pas compter sur l’autobus
    ne pas avoir mal aux genoux
    et dans le ciel aucun nimbus

    Mais l’ascension du mont Ventouse
    c’est bien une autre paire de manches
    Il faut des basquets à ventouses
    pour progresser comme un Comanche
    anticiper les aléas
    avec des gants pleins de ventouses
    pour trimballer tout son barda

    Le matin mieux vaut bien manger
    un steack, une om’lette baveuse
    car au sommet y a pas d’ café
    rien pour te caler la dent creuse
    et rien pour te ravigoter
    qu’une brise bien capricieuse
    qui vient te faire éternuer

    Sur ce mont pelé tu verras
    des bikers, des vetettistes
    équipés de ventouses à pneux
    adhérant bien aux chemins creux
    par un procédé de succion
    qui fait des Paf ! Grouiii ! Smatch
    dans les lacets vertigineux

    Mais quand tu dévales la pente
    après avoir sué soufflé
    plus besoin de ventouses aux pattes
    te voilà tout régénéré
    et tout près à recommencer
    à jouer les grands acrobates
    et les ventouses rechausser

    Lecrilibriste

  8. durand JEAN MARC dit :

    Moi c’est Titi et lui, c’est Paulo, min tiot frère. J’m’appelle Titi parce que ma mère m’a mis au monde dans une accoucherie parisienne. Paulo, c’est parce que son père, il était italien, qu’il est retourné au pays…alors Ciao Paulo, comme chante ma mère…quand elle essaie de danser la samba…après l’apéro.

    On n’habite à côté de Loos en Gohelle, dans un coron, au milieu des chiens, des chats, des poules, des briques et des salades. Au bout du jardin, ya un lieu d’aisance, pour lire tranquille son illustré. Mais le beau-père, l’affreux JoJoJo, il nous le pique et il prend ses aisances pour le consulter avant nous. Et parfois, rien que pour nous faire chier, il se torche avec. S’il on l’appelle JoJoJo, c’est pas qu’on bredouille du langage, c’est que son vrai nom, c’est Joseph Jobard. Bien fait pour sa tronche avec ses dents de brochet qui débordent.

    Not mère, elle angoisse fort du chignon. Tout çà, comme elle dit, parce que et à cause du Mont Ventouse. Pour nous, c’est qu’un gros tas de cailloux noirs, entre la maison et l’école, mais not mère, elle en fait des brouettes. Comme quoi, cte montagne là, c’est pire que toutes celles où on perd les enfants dans les contes et qu’on nourrit avec les yétis du Nord. Il paraît que c’est plein de pièges du vide, là-haut. Ya que des résidus des guerres du travail, de grands trous de succion. Tu crois monter un pas et tu en redescends deux. Et ceux qui s’y sont risqué, ils y sont morts d’épuisement.

    JoJoJo, il en rajoute des tonnes ,en prétendant que dans chaque trou, ya une grosse sangsue qui t’aspire par les pieds, le reste, et la tête aussi, et qu’après, elle recrache tout ce qui n’est pas consommable, comme les bretelles et les casquettes.

    Donc, nous, on se tient à carreau, on tourne autour mais on a pas envie d’y grimper, de jouer au King kongolais….pour se prendre, en haut, toutes les mitraillettes parentales.

    Quand il a forcé sur le jus de houblon fait maison, JoJoJo se fout de la gueule de tout le monde de la pédale, comme il dit:  » Ceux là, Tour de France ou pas, y sont pas prêts de l’escalader cte Mont Ventouse « .

    Alors nous, on n’insiste pas…on pédale mou, toujours autour du monstre, on prend juste un peu de hauteur, par moments, rien qu’en grimpant sur not selle. Mais déjà, là, le plus souvent, on se casse la gueule, et les soi-disant potes se la fendent.

    Et puis un jour, le fils du pharmacien, il nous a abordés. On ne le connaissait pas trop, on n’était pas vraiment du même trottoir. JoJoJo, il parlait parfois, en crachant par terre du pharmacien et de son fils endimanché. « Ah oui, le fils à Bibi fric hautain…. » tout çà, pourquoi, on a jamais vraiment compris, parce que soi-disant, quand il le croisait, il ne lui disait jamais bonjour. JoJoJo, il prétendait que le pharmacien, il avait toujours les lèvres pincées, comme s’il essayait d’empêcher de ressortir le suppositoire qu’il s’était enfilé du mauvais côté. Et il se marrait, le con, pendant une demi-heure….que not mère, elle était obligé de lui taper dans le dos pour évacuer toute son humeur de silicose.

    Bref, le Bibi, il nous proposait, comme çà, direct, de l’accompagner en haut de chmaudit terril.

    Nous, on lui a expliqué que non, que not mère, elle aurait bien trop peur qu’on fasse les zandouilles à grimper là-haut.

    Et là, le binoclard, il est parti dans des explications encyclopédiques avec une couverture rouge renforcée, comme les cadeaux scolaires de fin d’année pour les futures têtes chercheuses de not pays. Il a décalotté l’idée comme quoi, c’était une honte, des parents , comme çà, qui, dès l’enfance tuaient dans l’œuf l’esprit aventureux de leur progénifriture, leurs capacités à transcender leurs tares génétiques, à s’élever dans la fabrication de l’ascenseur social…

    Nous, on a pas tout compris, Paulo, rien. J’ai cru saisir que les zandouilles, ce n’était rien d’autre que des alpinistes des Andes, des qui grimpaient des sommets tous les jours comme nous on lessive la cuisine tous les soirs. Et pis, l’idée de monter par un ascenseur, plutôt que de descendre à la fosse, ça m’a travaillé le béret.

    « J’ai besoin de deux sherpas » qu’il a dit le Bibi. Et il a sorti des monceaux de chuques de ses poches. Yavait des caramels, des berlingots, des rouleaux de Zan, des pastilles du mineur….du suc candi à la ficelle…plus plein d’autres gourmandises qu’on n’avait jamais vu.

    « Si vous m’accompagnez, les gars, vous en aurez dix fois comme çà, et pis des gaufres, et des chouquettes! »

    Et là, j’ai bien vu les yeux à Paulo qui faisaient le grand huit, j’ai craqué!

    OK, j’ai dit, ce sera vendredi, en fin d’après-midi. Not mère, elle sera à l’hospice chez Mémé et JoJoJo, il éclusera comme chaque semaine, son désespoir social, après la réunion syndicale.

    On a préparé les brodequins ferrés, les cannes piqués au Pépé. On s’est bricolé des sacs à dos avec des vieilles wassingues. Une torche, un paquet de biscuits au cas où yaurait pas d’épicerie au sommet, et chacun une gourde d’eau.

    Quand le Bibi, il s’est pointé, à l’heure, normal, il avait une montre, lui….il tenait fièrement sa lampe Pigeon. Notre courage clignotait. Mais l’espoir de devenir de vrais malabars en en bouffant nous portait.

    Franchement, je serai incapable de dire si nous avons attaqué le Mont Ventouse et ses 188 mètres … à vol de pigeon, par la face Nord..ou Sud ou Est ou Ouest….incapable. De toute façon, la boussole ,on l’avait déjà perdu, rien qu’à rêver aux terrils ruisselants de chuques glacés. A peine partis, déjà l’ivresse des hauteurs. La vie future n’était plus qu’un gros roudoudou.

    Pour faire plus court, on a visé le sommet, direct….parce qu’on avait quand même entendu de l’instituteur les bonnes bases des mathématiques. Quelque part, la ligne droite entre deux points était forcément la plus courte. Comme la lessive Bonux, qui bien au delà de ses cadeaux commerciaux lavait scientifiquement plus blanc que ses concurrentes. Jusqu’au bouleversement d’une nouvelle découverte.

    Et c’est là que des relents de géométrie ont chahuté le tambour de nos illusions de propreté…d’exactitude.Pas au programme du ce1, ça nous a fichu dedans. Sans parler des lois vicieuses de la gravité. Enfin toutes ces histoires de trains qui fuient et de baignoires jamais là pour l’heure du bain. Comme si notre classe autorisait de prendre bain et train en marche.

    Bibi, sur son caillou, il a bien tenté de faire le chef d’expédition. Le con, il avait bricolé des chenilles, fixées avec des lanières en cuir sur ses escarpins de messe. Et puis sa casquette de chef de gare, ça en jetait. Sans parler des jumelles d’opéra qui lui sciaient le cou.

    Nous, pour le crapahut, on était pas mauvais, petits légionnaires de banlieue, on avait déjà maté plus d’un désert de rue.

    Mais le Bibi, il ne suivait pas. Ce qu’il avait peut-être engrangé dans le ciboulot ne s’était pas infiltré dans le mollet.

    On avait à peine fait vingt mètres que déjà il chialait son édredon en plume d’oie.

    Paulo, en bon poids léger des zones cérébrales, il avançait comme une peau de chamois sur une auto neuve. Et quand il s’aperçut que le Bibi, il flanchait du muscle, il a fait la gueule. Le pic de la désolation le frappait en plein estomac, tout ce glacier de friandises s’évanouissant dans la tiédeur de l’amer.

    On a fait une pause. J’étais le point neutre et sobre d’idées du groupe. Ni trop, ni trop peu. Rien ne valait la peine périr..et la gloire aurait bien d’autres occasions de nous solliciter de son pied marcheur. Pour l’instant, on ne faisait que piétiner.

    Le Bibi, il nous fit tout un discours,comme quoi jamais un sherpa n’abandonnerait son alpiniste dans la difficulté. Et contre la promesse, quand même, de tenir ses engagements….tous ses engagements…et même au delà….on se décida, démocratiquement, à le laisser monter sur mon dos.

    Faut dire que les chenilles n’avaient pas tenu…que les escarpins avaient rendu le peu de cuir de leur âme qui les constituait…et que le Bibi, il ne marchait plus que sur ses chaussettes.

    « L’échec, nous dit il est terreau des futures réussites »

    « Cause toujours mon loulou…pour l’instant, c’est moi qui me coltine le poids de ton erreur »

    Finalement, on ne s’était échappé du réel qu’une grosse demi-heure.

    Le Bibi rentra chez lui et on en entendit plus jamais parler.

    Nous on a bâfré les chuques qu’il nous avait expédié en recommandé, noblesse oblige les manants!

    On a repris nos vélos, on les a bricolés pour le sentiment d’aller plus vite. On a coincé des bouts de carton dans les rayons. On a programmé notre prix de Formule 1.

    Et le mont Ventouse est devenu notre rocher de Monaco.

  9. Fanny Dumond dit :

    – Mamour, l’évier est bouché !

    – Encore ! Je t’ai dit cent fois, mille fois de mettre la grille quand tu fais la vaisselle.

    – Mais, je la mets chaque fois ! Ça fait bien une semaine que l’eau s’écoule lentement.

    – Chut ! Attends la fin du match.

    Mathilde dépitée retourne dans sa cuisine et comme la patience et elle ça fait deux, sinon trois, elle s’en va fourrager dans l’atelier de son mari.

    « Quel bazar là-dedans ! maugréait-elle. Va savoir où il l’a rangée »

    Après avoir farfouillé une bonne dizaine de minutes et déplacé une multitude d’outils, elle déniche, enfin, la ventouse. Suis pas plus bête qu’une autre, se dit-elle et j’aime bien bricoler.

    Pendant que son mari est occupé à houspiller l’arbitre et les joueurs, elle s’attèle à la tâche. Elle pose l’outil dans l’orifice et bien qu’elle pompe sans cesse sur le manche rien ne se passe. La ventouse ne colle pas à l’évier. Mathilde sursaute lorsque Marc apparut derrière son dos lui demande :

    – Mais qu’est-ce que tu fiches avec ce truc ? Ça sert à rien, c’est trop bouché, il doit y avoir une tonne de déchets là-dedans et en plus tu t’y prends comme un manche. Fallait boucher l’autre bac et le trop-plein.

    – Ah ! fait Mathilde dépitée.

    Sous l’œil amusé de sa femme, Marc s’ingénie à mette en œuvre ses connaissances, mais rien n’y fait.

    – Je n’ai plus qu’à dévisser le siphon. Va me chercher une cuvette, s’il te plaît.

    Le placard sous l’évier est vite inondé car la bassine ne suffit pas à endiguer le flot nauséabond et écœurant.

    – Bonté divine ! s’écrie Marc en se massant les reins. Tu pouvais pas en trouver une plus grande ?

    – C’est quoi ça ? s’étonne Mathilde. Il y a deux grandes vis. C’est ça qui bouchait mon évier.

    – Ah ! s’étonne Marc. Ça doit être quand j’ai fait les travaux la semaine dernière. Chais pas comment elles ont pu tomber là-dedans.

    – Et t’avais pas mis la grille, se marre Mathilde.

    La ventouse, qui ne sert à rien, regagne sa place dans l’atelier, pour l’éternité.

  10. Avoires dit :

    Racontez l’ascension mouvementée du mont Ventouse.

    Ah le Mont Ventouse ! Quelle aventure ! Son point culminant à 1777mètres, sa caillasse, son aridité, sa blancheur, tout invite à coup sûr à une ascension paradisiaque !
    Le Ventouse, anciennement Ventoux, appellation retrouvée dans les archives de 1445, doit son nom à la capacité d’aspiration phénoménale tant physique que morale, qu’il exerce sur tout sujet voulant le gravir.
    Il fallait être en condition pour y grimper. A pied, à cheval, en carriole à mulet, à vélo.
    En 1903, l’association MAG (Monts A Gravir) organisa l’ascension du fameux Ventouse. D’abord pédestre, l’épreuve, car cela en fut vraiment une puisque que tous les ascensionnistes périrent, devint réservée aux chevaux. Hélas, ils perdirent tous leurs sabots tant la course était atroce.
    Ce fut ensuite au tour des carrioles tirées par des mulets de se lancer dans l’aventure. Là encore, l’affaire tourna court. Les roues perdirent leurs cerclages et les mulets se sauvèrent.
    Les vélos prirent enfin le relais après des années catastrophiques semées d’accidents mortels, de destruction de matériel,de fuite et de corne éparpillée qui répandait une odeur de roussi sous le cagnard.
    Les participants avaient été recrutés moyennant une très forte prime et un maillot noir en soie portant Mont Ventouse en diamants sur le devant créé par le grand couturier Gabriel Chenel pour le vainqueur.
    Ils arrivèrent donc le matin du départ avec un vélo aux roues carrées ! Ce n’était pas réglementaire mais ils s’en fichaient. De plus, ils avaient revêtu des combinaisons ouatées qui leur donnaient l’air de cosmonautes , étaient chaussés de bottes et de casques de tournois moyenâgeux. Ainsi accoutrés, ils ne craignaient pas l’ascension du fameux Ventouse. Les roues carrées de leurs vélos auraient raison des lacets épouvantables qui striaient le mont et les porteraient au sommet de l’Olympe tant convoitée. L’ascension fut au-delà de tout ce qui était connu. Le vainqueur atteignit le dernier mètre en quarante-sept jours, six heures et vingt-huit secondes. Les deuxième et troisième arrivèrent vingt-cinq et vingt-neuf jours plus tard dans un état indescriptible. Le grand inconvénient fut de les attendre pour revêtir les maillots. Celui du vainqueur, en soie et diamants avait rétréci à la chaleur ! Et puis, impossible de se défaire de leur ouate et ferraille, du moins de ce qu’il en restait. Bon, pour les maillots, c’était fichu. Heureusement, il restait les espèces sonnantes et trébuchantes, et c’est là que la descente-aux enfers- du Ventouse commença.

  11. Grumpy dit :

    J’avais mal dormi, la faute à Pépé qui avait encore toussé toute la nuit. Ça lui avait pris il y a plusieurs années mais depuis quelque temps ça avait empiré. De plus en plus souvent quinte sur quinte, pas à en faire trembler les murs, il était bien trop faible pour ça.

    Comme il avait maigri… Il ne toussait pas fort, juste une toux qu’il étouffait de son mieux, puis il tournait la tête pour un discret crachat dans le mouchoir au creux de sa main. Un geste que Mémé suivait d’un regard de plus en plus inquiet à mesure que passaient les semaines, voilà qu’il ne pouvait plus avaler que de la soupe, plus rien ne passait.

    Elle faisait bien venir le docteur pourtant, fumigations, frictions, potions soulageaient un moment et espaçaient les secousses de sa maigre poitrine, jusqu’à ce qu’en revienne une nouvelle vague annihilant leur effets.

    Croyant que je n’avais pas compris, intimidée, elle tenta de m’expliquer la maladie de Pépé, si maladroitement que je retins qu’il avait les poumons malades de la ‘tubercule’ et qu’il ne fallait plus que je m’en approche pour l’embrasser.

    Et puis, Pépé ne put plus sortir, tout au plus se lever et faire quatre pas pour aller jusqu’à son fauteuil passer l‘après-midi à regarder par la fenêtre les flancs de sa chère montagne, il y avait attrapé son mal pour y avoir gardé son troupeau par tous les temps.

    Alors Mémé sortit de l’armoire ce qu’elle souhaitait de toutes ses forces être la dernière chance : la boîte à chaussures pleine de ventouses. Ça en avait tant soigné des grippes et des sales rhumes attrapés sur les pentes de cette montagne sauvage, surtout à l’automne, lorsque Pépé rentrait transpercé de Mistral ou trempé de pluie après être allé garder.

    Elle le tourna sur le ventre, remonta sa chemise pour dénuder son dos, si maigre qu’on pouvait en compter les côtes. Elle pris le paquet de coton, alluma la bougie, enflamma avec dextérité une mèche après l’autre jetée prestement sous le petit globe de verre appliqué sur la peau d’un geste précis.

    J’étais fasciné à fixer cette boule de peau qui enflait et rougissait sous la transparence de chaque cloche. On aurait dit des abcès gonflés de sang, des seins naissant sans mamelon… Je ne comprenais pas ce phénomène qui faisait tourner cette peau du rouge au violet puis virer au presque noir.

    Il était temps : Mémé décollait une à une les sphères de verre avec délicatesse, la peur me quittait intrigué que j’étais par les bruits de succion de l’air emplissant tout à coup le vide.

    Pépé replacé sur le dos après une friction apaisante, les joues rougies d’un peu de couleur par cette bienfaisante chaleur, toujours coquin, me regarda d’un coin de l’œil souriant et moqueur et me dit :

    « Tu vois, petit, le meilleur remède, c’est la ventouse du Mont Ventoux ! »

  12. Laurence Noyer dit :

    C’était un mont de dimensions colossales
    Sa couleur inconstante variait du gris livide
    au rouge incendie
    Faisant pleuvoir neiger venter brûler
    Il regardait l’horizon de ses yeux hypnotiques
    à paralyser les nuages
    Une cavité en bec de perroquet s’ouvrait
    sur une rangée de dents aigües
    Les routes implantées sur sa tête s’agrippaient à la roche
    Au moyen de ventouses
    Chevelure en furie
    Nous progressions au milieu de ses tronçons
    de serpents
    Enfoncés dans l’obscur mouvement
    Sur un chemin couleur d’encre
    et de sang
    De visqueux tentacules naissaient à chaque contour
    Nous tentions d’harponner nos empreintes
    à la terre gluante
    Mais n’ayant aucune prise, nos corps roulaient
    Le mont Pieuvre referma ses mandibules
    sur notre ascension
    Et nous garda au triple cœur
    de son corps céphalopode.

  13. Nadine de Bernardy dit :

    Elle avait repéré,parmi les naturistes de la plage,le corps recherché allongé à plat ventre,immobile sur son drap de bain.Par petits bonds précis et véloces elle commença son ascension.
    Une première grimpette par le gros orteil,la remontée quasi à pic de la plante du pied facilitée par le sable collé dessus.Là,une hésitation,cheville gauche ou droite?Allez,à gauche ,contournement de la malléole externe.Ouf!une petite pause et l’on repart.
    Là,ça se complique un peu,les mollets glabres et huilés ne facilitaient pas les choses,mais elle parvint au creux poplité après pas mal d’efforts, un peu essoufflée.Elle y resta le temps de retrouver sa respiration de grimpeuse,examinant le chemin qui lui restait à parcourir.
    Elle s’était donné ce challenge,il lui fallait l’atteindre.Cette ascension du Mont Ventouse serait son heure de gloire avant la retraite.Elle le voyait,là haut,ses sommets jumeaux partagés par une vallée étroite et profonde.
    Mais avant cela, il lui fallait encore remonter la façade postérieure des cuisses,également lisse et glissante.De saut en saut elle parvint au prix d’un ultime effort, au pied de son nirvana d’alpiniste.Elle gigotait de plaisir à la perspective de ce qui l’attendait.Admirant leur beauté,l’arrondi parfait ,la fermeté de son but.
    Elle commença à contourner la face droite pour changer un peu.Son coeur battait fort,encore un peu elle y était…
    Une main rageuse s’abattit sur elle:
     » C’est pas possible,cette année la plage est envahie de ces maudites gammares! »

  14. Fleuriet Mireille dit :

    Nous étions mes petites filles et moi au pied d’une petite montagne magique et je leur racontais mon ascension mouvementée du Mont Ventouse, lorsqu’une personne installée non loin de nous m’interrompit dans mon récit, me disant que je m’étais trompée quant à la désignation de la montagne, ce n’est pas le Mont Ventouse, mais, le Mont Ventoux dont vous voulez sûrement parler ? Mon sang ne fit qu’un tour, je toisais cet individu, qui venait de m’interrompre dans mon récit.
    Monsieur, lui dis-je, je ne me suis pas trompée dans le nom de ma montagne, il s’agit bien du Mont Ventouse qui pour des gens comme vous, n’existe pas. Permettez que je continue mon récit et passez votre chemin, ce qu’il fit en bougonnant, me laissant entendre sa réflexion murmurée, elle n’y connaît rien cette ignare… Je souris, et l’ignare que j’étais pour lui, continua son histoire.
    Je me promenais loin du Mont Ventoux, ce fameux Mont dont parle les cyclistes qui attise les envies d’ascension en vélo ou à pied. Il est surnommé le Géant de Provence ou le Mont Chauve vous parlez d’un nom. Point ou pas de point d’eau.
    Le Mont dont je vais vous parler est un Mont magique, vous voyez ce petit monticule mes chéries ? C’est lui, mon Mont Ventouse.
    Un jour que je me promenais dans le coin, je m’assis au pied de ce petit tas pierreux et je me mis à rêver d’ascension de montagne. Lorsqu’une voix douce retentit.
    Cela te dirait d’escalader le Mont Ventouse ?
    Je regardais autour de moi, je devais rêver.
    Non, non, tu ne rêves pas. Je suis l’Esprit de la Montagne et si tu le souhaites, je peux exaucer ton vœu.
    Comme rien ne m’étonne et que je crois aux fées, aux génies, j’ai dit oui. Soudain devant moi, une belle montagne apparaît. Je suis éberluée. La voix continue de me parler, :
    Personne ne voit ce Mont que toi, les autres personnes qui passent ne voient que ce petit tas de pierres.
    Etonnée, qu’en même un peu inquiète, je m’avançais, un petit sentier s’ouvrait devant moi, au fur et à mesure de ma montée. L’herbe était d’un vert tendre, les arbres étaient magnifiques, il y avait toutes sortes de fleurs des connues et des inconnues, tout ce monde végétal parlait et je le comprenais, c’était un vrai Paradis, je me sentais libre, heureuse, une source coulait d’un rocher, je m’approchais, et j’entendis une voix mélodieuse.
    Viens boire à ma source, tu te sentiras légère et mon eau a beaucoup de propriétés.
    Je ne me fis pas prier, cette eau était fraîche, pure, je me sentais bien. Je crois bien m’être endormie. En me réveillant, j’étais adossée au tas de pierres, j’avais bien dormi, mais, ce que j’ai vécu là, était réel, car la voix mélodieuse retentit à nouveau.
    A chaque fois que tu voudras retrouver le Mont Ventouse, il te suffira de venir ici et de penser très fort à ton envie de pénétrer à nouveau dans ce lieu enchanté.
    Voilà mes chéries, ce moment, je veux le partager avec vous, mais chut ! Ce sera un secret entre nous. Mettez vous contre moi et pensons très fort à ce Mont Ventouse enchanté.
    Un vent léger nous frôla, un frisson parcouru nos corps, nous eûmes froid, nous nous étions endormies. Mes petites filles me dirent qu’elles avaient vu un lieu magnifique, avec des arbres, des fleurs extraordinaires, elles aussi avaient bu à la source. Nous nous sommes crues au Paradis tellement c’était beau me dirent-elles.
    Comme souvent dans mes récits, le rêve flirte avec la réalité.

  15. Kyoto dit :

    Ah ! Ce Mont Ventoux qui a fait couler tant de sueur et d’encre !
    Où sont passés ces athlétiques cyclistes mâles courageux et glorieux ?
    Quel lointain et nostalgique souvenir.

    Un jour, tout a basculé.
    Exactement, le 1er juillet 2022.
    Lannie Jongo, femme-fusée, est arrivée au sommet du mont avec une avance de 33 minutes sur ses adversaires.
    Quel exploit !
    L’engouement était tel qu’un vent de folie a balayé le pays.
    Est née la Monte Ventouse.
    Ce fut le début d’un débordement de facéties.
    La Monte Blanche, la Vignefemelle…
    La voyelle E fit fortune.

    Et moi, je suis là, à grimper la Monte Ventouse.
    A pied, à côté de mon vieux vélo.
    Je suis au bord de l’apoplexie.
    Au bord du gouffre.
    J’ai perdu ma jeunesse, ma fougue et tout espoir.

    Un jappement me tire de mes pensées.
    Itye, blottie dans la porte-chienne avant du vélo, donne le signal du retour-maison.
    En route vers les frissons de la descente.
    Un bonheur !
    Quel rafraîchissement physique et moral.

    Belle promenade ? s’enquiert la Patronne.

    Le cycliste rayonne tandis qu’aboie de plaisir la chiote.

    Whouaf ! Whouaf !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Répondez à ce calcul pour prouver que vous n'êtes pas un robot *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.