372e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat


Papa Pain était très fâché,
pas une miette n’osait bouger.
Continuez comme ça, grondait-il, et le grand méchant oiseau viendra vous picorer. Mamie Pain le détestait quand il se mettait en boule…  
 

Inventez la suite de cette histoire à raconter aux enfants

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26 réponses

  1. françoise dit :

    Papa Pain était très fâché,
    pas une miette n’osait bouger.
    Continuez comme ça, grondait-il, et le grand méchant oiseau viendra vous picorer. Mamie Pain le détestait quand il se mettait en boule… 
    Sur la paillasse des carottes pour se moquer se chamaillaient :
    – moi je veux être râpée
    – moi je veux être cuite à la mode de Vichy 
    Des poireaux demandèrent qu’on leur fiche la paix, ils savaient qu’on allait les jeter dans la casserole où de l’eau commençait à bouillir et leur partie verte en particulier craignait le chaud.
    Soudain le chef cuisinier du restaurant « Pain d’Epice » demanda de sa grosse voix qu’on remette tous ces légumes dans le cageot : aujourd’hui, décréta-t-il , ce sera purée de patates douces pour tout le monde. Et demain on fera une julienne avec tous ces légumes. Quant à ces pains nous allons en faire du pain perdu que nous donnerons aux enfants de l’école voisine qui doivent venir visiter notre fournil dans l’après-midi.
    Personne ne pipa mot, pas même Papa Pain.
    A l’heure du déjeuner les clients se régalèrent avec les patates douces, au goûter les enfants avec le pain perdu.
     

  2. Cetonie dit :

    Papa Pain était très fâché, pas une miette n’osait bouger.
    Continuez comme ça, grondait-il, et le grand méchant oiseau viendra vous picorer.

    Mais les miettes
    Pas du tout inquiètes
    Ne craignant pas sa baguette
    N’en firent qu’à leur tête

    Sautaient gaiement, toutes à la fête
    De l’assiette à la fourchette
    Glissaient sur la galette
    Se cachaient dans la musette

    Les miettes en goguette
    Dansaient comme des girouettes
    Mais les pauvrettes
    Finirent sur une planchette

    Pour le bonheur des alouettes
    Des grives et des fauvettes
    Dont elles firent la dinette
    Au son de la clarinette.

  3. Jean-Pierre dit :

    Papa Pain était très fâché, pas une miette n’osait bouger.
    Continuez comme ça, grondait-il, et le grand méchant oiseau viendra vous picorer.
    – Ma Mie, disait-il à sa femme (une baguette qu’il aimait d’amour tendre), tu devrais te montrer plus sévère avec les enfants.
    Sa femme était trop gentille, et refusait de les mener à la baguette pour éviter de les frapper.

    Les enfants étaient insupportables, surtout le petit dernier qui se fourrait partout où il ne faut pas.
    Hier par exemple, il était fourré au chocolat, et c’est pour ça que Papa Pain l’a sévèrement admonesté :
    – Un Petit Pain au Chocolat ! Quelle honte ! A force de fréquenter les touristes parisiens, tu es devenu stupide ! Tu sais très bien que c’est tabou dans la région, et qu’il risque de t’arriver malheur !
    Prends exemple sur tes deux grandes sœurs Choco et Latine.
    Elles au moins, elles sont du Sud-Ouest et n’ont pas honte de leur origine !

    La boulangère, Madame Dupin aime bien se faire appeler Mamie Pain. On voit rarement son mari que les enfants du quartier appellent Papy Pain.
    Papy Pain a un sale caractère, et Mamie Pain le déteste quand il se met en boule…  
    Toutefois, c’est un brave homme, et Mamie Pain aime son gros hérisson qui prend la peine de se lever tous les matins à quatre heures pour faire le meilleur pain de la région.

    Tous deux ignorent que les pains petits et grands parlent entre eux et qu’ils ont une vie de famille entre le moment où ils sortent du four et celui où ils son disposés sur l’étal.
    Ils savent juste que la vie des pains (petits et grands) est courte et se termine dans l’estomac d’un client heureux.

    Papa Pain, sa Mie la baguette, Choco, Latine, et Petit pain (au Chocolat) sont sur l’étal de la boulangerie. Ils sont heureux et bien soignés par Mamie Pain.

    Un petit garçon accompagné de son oncle entre dans la boutique et pose son dévolu sur Latine que son oncle lui paie. Après en avoir mangé la moitié, il a des remords.
    – Dis, Tonton, est-ce que ça lui fait mal à la choco quand je la mords ?
    – Est-ce qu’elle a crié ?
    – Non !
    – Alors !
    – T’inquiète pas, mon petit, fait la boulangère, demain elle sera encore là, et je suis sûre qu’elle est ravie de faire plaisir à un gentil garçon comme toi.

  4. patrick labrosse dit :

    Papa Pain était très fâché, pas une miette n’osait bouger.
    Continuez comme ça, grondait-il, et le grand méchant oiseau viendra vous picorer.
    Mamie Pain le détestait quand il se mettait en boule…
    Papa pain n’était pas d’humeur à rigoler, l’apprenti boulanger avait tout mélangé ! Pas assez de farine, une quantité d’eau en trop et un poil de levain en moins, poil de chien.
    Même ses filles adorées, de petites baguettes croustillantes, n’osaient se moquer, poil au nez.
    Il était ronchon comme un cochon, la tête toute grillée comme celle d’un charbonnier, poil de sorcier.
    Pierrot l’apprenti boulanger avait pourtant tout essayé, poil aux nénés.
    Il avait tenté de corriger ses maladresses, poil aux fesses.
    Il avait mélangé à part égale un tiers de farine, un tiers de levain, un tiers d’eau : c’était rigolo !
    Mais dans le pétrin la pâte était devenue toute molle, poil aux guibolles.
    Il avait ajouté de la farine, en cachette, poil à la quéquette.
    Et voilà que le sac était tombé dans le pétrin, tout entier, houlala il allait se faire disputer !
    Affolé, il avait continué, malaxé et malaxé sans s’arrêter, poil aux pieds.
    Ajoutant de l’eau, ajoutant du sel, ajoutant du levain, sacré coquin.
    Et puis comme l’heure avançait, il avait vite remisé la pâte dans la grande chambre de pousse, poil de pamplemousse.
    Il guettait du coin de l’œil, inquiet, la pâte allez t’elle lever, gonfler ?
    Au bout de deux heures, il fit comme on lui avait appris, faire un tour à la pâte, une petite pirouette pour accélérer la fermentation, et hop une cabriole, poil de luciole.
    Et, il attend, il attend, deux heures durant : rien à faire ! La pâte ne voulait pas gonfler, elle restait plate comme une limande, poil de salamandre.
    L’horloge indiquait cinq heures, il était temps de façonner car les premiers clients ne tarderaient à venir réclamer le bon pain du matin, alors il pèse et confectionne des petits pâtons, poil aux mentons.
    Il est triste le petit apprenti, il va se faire disputer car il a tout raté, poil de lévrier.
    Peut-être qu’un magicien viendra l’aider, jettera une poignée de poudre de perlimpinpin, pour faire gonfler la pâte, poil aux pattes.
    Mais que se passe-t-il ? N’entendez-vous pas un petit bruit, comme celui d’une petite souris ? Approchez votre oreille du livre et faites comme Pierrot : Cherchez d’où vient le petit bruit ?

    Mais oui, le petit bruit vient des étagères, là où reposent les petits bannetons. Tiens donc, on dirait un petit gargouillement, comme une fermentation ! Mais oui, c’est la pâte, elle monte, elle monte, elle gonfle comme un ballon de baudruche.
    Le pierrot, il est content, il danse comme un fou, poil aux genoux.
    Allez chantons tous ensemble :
    Le pain vient de lever, poil aux nez
    Je ne me ferais pas disputer poil aux nénés
    Encore une belle journée, l’ami du petit déjeuner, l’ami …

    Allez vite, vite, il faut enfourner… le four est chaud, hop, hop, le pierrot il envoie les belles miches dans la gueule du four… poil de vautour.
    Et il chante et il danse et il rit le petit apprenti, et l’heure tourne… (À relire deux fois)
    Mais que se passe-t-il ? Approchez votre nez du livre : Ne sentez-vous pas comme une odeur de brulé ?
    Houlala ! Le pain commence à bruler ! Appelez vite le petit apprenti :
    – PIERROT ! PIERROT ! LE PAIN, il A TROP CHAUD (on répète deux fois)
    – Voilà, voilà j’arrive … Mince alors, j’avais oublié de sortir le pain du four, poil de troubadour.
    Quand Papa pain sortit du four, le dernier des derniers, il était tout grillé…
    Papa Pain était très fâché, pas une miette n’osait bouger. Poil de sanglier.
    Continuez comme ça, grondait-il, et le grand méchant oiseau viendra vous picorer. Poil de perroquet.
    Mamie Pain le détestait quand il se mettait en boule… Il fallait lui pardonner, ce n’était qu’un petit apprenti, Poil au zizi …

  5. Fred dit :

    Papa Pain était très fâché, pas une miette n’osait bouger.
    – Continuez comme ça, grondait-il, et le grand méchant oiseau viendra vous picorer.
    Mamie Pain le détestait quand il se mettait en boule…  

    Et ce matin, elle estimait qu’il avait dépassé les bornes. Elle empoigna ses sept mioches, les fourra dans un sac et prit le premier vol d’hirondelles qui passait par là.

    – Destination Bruxelles !
    – Parfait !

    Sur la Grand Place, ils admirèrent les magnifiques maisons aux façades en dentelle de pierre, puis entrèrent au Roy d’Espagne. Alors que les mioches tournaient en riant autour du cheval, leur mère berdella avec la patronne et commanda des tartines de maquée, parsemée de ciboulette. Un régal, dont il ne resta aucune miette ! Les promesses et adieux se firent rapidement, car un passage d’oies sauvages était annoncé.

    – Destination l’Italie! Cela vous convient-il demanda la meneuse ?
    – Andiamo !

    Quelques heures plus tard, la famille Pain, toujours amputée du père, fit halte à Montepulciano, charmante cité toscane.
    – En avant, mauvaise troupe, gronda gentiment la mama. Il est grand temps de vous ouvrir les portes du monde !

    Telle une mère cane et ses canetons, ils se dirigèrent vers la casa de Maria. Les retrouvailles furent chaleureuses. Les premières nouvelles échangées, Maria s’exclama !
    – A table ! Il est temps pour ces petits de découvrir ma délicieuse bruschetta !

    Elle s’empara de son couteau, tailla la ciabatta en tranches généreuses. Elle les frotta d’ail, les arrosa d’huile d’olives, y déposa des dés de tomates et quelques feuilles de basilic…
    – Goûtez-moi ça ! dit-elle, les poings sur ses hanches épanouies.
    – Délicieux ! s’écrièrent-ils d’une seule voix !

    Le temps était venu de se dire au revoir et de continuer la route. Maria leur conseilla une adresse en Grèce, un petit restaurant où déguster la meilleure pita du continent, accompagnée bien sûr d’un mezzé.
    – N’oubliez pas… chez Emilio, à Milo ! Après cela, vous n’aurez plus envie de vous attarder dans les pays voisins…

    Sur ces dernières paroles, la famille Pain fut emportée par une cigogne égarée.
    – Quelle maternité ? leur demanda-t-elle, d’une voix pâteuse, en claquant du bec.
    – Pas question de maternité, répondit maman Pain, j’ai déjà sept mioches, mais un tour du monde me conviendrait parfaitement !

    La cigogne ne se fit pas prier, car elle avait aussi de grands projets. Voir le monde et ses merveilles !

    Ensemble, à tire d’ailes, ils sillonnèrent les ciels d’Afrique et d’Amériques, d’Océanie et d’Asie. A chaque étape, l’accueil des familles était généreux et convivial. Ils partagèrent mille pains, mille odeurs et mille saveurs.
    Ils n’oublièrent jamais, après avoir régalé leurs papilles, de s’asseoir autour d’une table pour le même rituel. Maman recopiait la recette avec application, la cigogne peignait un paysage à l’aquarelle et les mioches collaient de menus souvenirs.

    Et puis… il fallut bien penser au retour.
    Affronter Papa Pain.
    Aurait-il enfin compris que la colère ne mène à rien ?
    Aurait-il enfin compris que le bonheur est fragile ?

    Le retour se passa sans aucun incident, bien qu’ils survolèrent le Triangle des Bermudes.

    L’accueil au foyer fut chaleureux.
    Papa Pain exprima ses regrets.
    Mamie les balaya d’un revers de main.
    Les mioches sautèrent de joie.
    La cigogne en avait le bec cloué !

    Elle s’éclipsa discrètement à l’instant où les mioches offrirent le carnet de voyage en criant :
    – Ouvre, ouvre, regarde ! C’est tous les pains du monde…

  6. Odile Zeller dit :

    Papa Pain était très fâché, pas une miette n’osait bouger.
    Continuez comme ça, grondait-il, et le grand méchant oiseau viendra vous picorer.
    Mamie Pain le détestait quand il se mettait en boule… La tante Miche essayait de le calmer. Mais non rien à faire il ne voulait pas décolérer. Il fallait que les petits Pain comprennent que le discipline était gage de longévité. Rentrer à l’heure dans le pochon à pain. Regarder mademoiselle Baguette avec sympathie sans trop copiner. Quant aux sœurs Tranche on leur avait fait des adieux chaleureux en les voyant passer sur la planche. Papa Pain avait expliqué qu’en étant sage et gentil on lierait connaissance avec Monsieur Beurre et Madame Confiture qui étaient de bonne compagnie. Sinon on finissait rassis sur l’appui de fenêtre ou en petits morceaux dans l’auge aux pourceaux. Une vraie belle tranche de pain de campagne savait se tenir, elle trônait près d’une assiette en porcelaine et faisait honneur aux meilleurs fromages. Mamie Pain avait osé parler de pain perdu, de pudding mais là Papa Pain avait pris une vraie rage et tempêta si fort qu’une partie de sa croûte s’était fendillée. Tu vois avait il hurle c’est moi qui vais finir en chapelure et ce sera bien de ta faute.

  7. Jean Louis Maître dit :

    Papa tique et Maman bout
    Sur une musique de Charles Trenet.

    Papa-pain était fâché
    Il grondait, il grondait !
    Pas un’ miett’ n’osait bouger
    Tell’ment ça bardait.

    « Si vous continuez comm’ça,
    Grondait-il, grondait-il,
    L’grand oiseau vous picor’ra,
    Les prévenait-il. »

    Papa tique et Maman bout,
    Papa tique et Maman bout,
    Papa tique, maman bout,
    Papa tique et Maman bout.

    Maman-pain le détestait,
    Disait-ell’, très sûr’ d’elle !
    Quand, en boule, il se mettait,
    Pour ses bouts d’ficelle.

    Quand on est dans le pétrin,
    Ça vous coûte, ça vous coûte !
    On n’est vraiment pas certain,
    De casser la croûte, et…

    Papa tique et Maman bout.
    Papa tique et Maman bout,
    Papa tique, maman bout,
    Papa tique et Maman bout.

    Un papa atrabilaire
    Dans la boulangerie,
    Laisse éclater sa colère,
    Personne ne rit !

    Maman est son ennemie,
    Elle résiste, elle résiste !
    De ses petits, c’est la mie,
    Alors elle insiste.
    Mais…

    Papa tique et Maman bout,
    Papa tique et Maman bout,
    Papa tique, maman bout,
    Papa tique et Maman bout.

    Quand ça rue dans les brancards
    Il faut garer ses miches !
    Maman protèg’ ses batards,
    Elle est très fortiche !

    Un’ maman si dévouée,
    Les mains dans la farine,
    Entend : « Famill’s, je vous hais ! »
    Qu’ses lardons serinent.

    Papa tique et Maman bout,
    Papa tique et Maman bout,
    Papa tique, maman bout,
    Papa tique et Maman bout.

    Hélas, z’ont perdu leur mère !
    Elle est morte doucement…
    Peu de temps après leur père
    A foutu le camp.

    Les p’tits quignons ont rassis ?
    Faisons du pain perdu !
    Avec de la crème aussi
    Car, bien entendu…

    Y a papa qui tique
    Et y a maman qui bout
    Y a papa qui tique
    Et y a maman qui bout.

  8. Liliane dit :

    Papa Pain était très fâché.
    Pas une miette n’osait bouger.
    « Continuez comme ça, grondait-il la baguette menaçante, et le grand méchant oiseau viendra vous picorer. »

    Mamie Pain le détestait quand il se mettait en boule.
    « Espèce de vieux croûton ! De quoi te plains-tu encore ? Tu as trop de sel ? La levure t’a monté à la tête ? Je sors avec les mie-oches. Dans l’espoir que tu seras plus moelleux à notre retour ! »

    La plus jeune, Miss Ficelle, ne peut cacher son angoisse. « Non ! Non ! Pas dans la forêt ! Le croque-mie-taine va nous dévorer ! pleurniche-t-elle »
    Les aînés, faux-jumeaux, Quignon et Quignonnette, dorés à point, craquants à souhait, sont prêts pour l’aventure. Croûte que croûte !

    Les voilà arrivés à la colline des Oiseaux. Mamie Pain souhaite qu’ils découvrent une partie de la beauté de la nature.
    Ils sont accueillis par quatre hirondelles qui font leur festival de haut-vol acrobatique tout en gazouillant.
    Ils apprennent les oiseaux et leurs chants.

    Mais c’est l’heure du retour. Bruyant et gai !
    « Papa ! Papa ! On a appris que la mésange zinzinule, que le merle flûte, que la bécasse croûte… »
    Papa rit ! La crise est passée ! La journée ne finit pas en miettes.

    Cependant, Papa Pain est soucieux :
    «- Oh ! Ma mie ! Je te demande pardon ! Je vois bien que tu es aussi blanche que la farine ! Ma colère n’était pas dirigée contre vous ! Mais à cause de Mama Pizza !
    – Mama Pizza ? Qu’a-t-elle donc fait, cette napolitaine, pour te mettre dans cet état ?
    – Je viens d’apprendre qu’elle est entrée au patrimoine immatériel de l’Humanité !
    – Nous voilà dans le pétrin !
    – J’ai une idée : nous allons mettre en ligne une pétition mondiale pour que la baguette française soit inscrite au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco !
    – Tu es merveilleux, Mon Pain à dorer ! »

  9. grumpy dit :

    La boulangerie où officiaient Papa et Maman Pain proposait aux passants une aussi coquette qu’alléchante vitrine présentant à l’appétit des chalands toutes les variétés de pain et de pâtisseries que la bien nommée famille Pain avait la capacité de fabriquer. Du pain béni pour le quartier cette boulangerie à l’enseigne aguichante : « AUX GROSSES MICHES », elle ne manquait d’ailleurs pas de clientèle qui chaque midi prenait patiemment la file jusqu’à l’angle de la rue.

    Mais à l’intérieur, dans l’arrière-boutique, se jouait une autre histoire. Plus craquante que tendre. C’est que Papa et Mamie Pain avaient tous deux bifurqué avec l’âge, à cause de la fatigue du métier aux épuisants horaires, vers un caractère ombrageux, et c’est peu dire.

    Mamie Pain qui n’était pas en reste, le détestait quand il se mettait en boule, c’est-à-dire quasi tous les jours. Quand elle le voyait dans cet état, il n’avait pas intérêt à l’appeler « ma Mie » parce que la boulangère, loin d’être une patte molle, c’était plutôt du trop cuit.

    Elle avait le rouleau à pâtisserie facile et si celui-ci n’était pas à sa portée à temps pour sa réplique, ayant le réflexe efficace, elle lui assénait de grands coups de tamis laissant sur ses joues ou son derrière des quadrillages farineux, lui provoquant une série de monstrueux éternuements.

    Elle ne manquait pas de lui rappeler que s’il continuait à piquer régulièrement ce genre de colère, il se pourrait bien qu’un de ces jours, elle fasse comme une certaine boulangère qui avait foutu le camp assise en croupe sur le cheval d’un bel ouvrier italien, laissant son mari dans son sale pétrin et auquel il avait fallu trois jours pour émerger d’une cuite monumentale en pleurant toutes les larmes de son corps pour que sa Pomponette revienne.

    Cependant elle n’eut pas besoin d’appliquer cette menace. Un client ce chargea à sa place de remettre le boulanger à la sienne. En effet, celui-ci avait pris la mauvaise habitude qui, ni vu ni connu, pensait-il, lui permettrait baguette après baguette d’arrondir ses bénéfices chaque jour un peu plus. Certes, il rendait la monnaie, mais sans les pièces jaunes, et ce n’était pas pour les envoyer à Bernadette.

    La plupart des clients le sachant bougon et colérique ne protestait pas et partait sans demander son reste. Mais vint le jour où un grand costaud, bien baraqué, et qui avait compris la manœuvre, lui fit la remarque. La moutarde monta aussitôt au nez du boulanger :

    – quoi, qu’est-ce qu’y a, pas content ?
    – non pas content, pas content du tout, je veux ma monnaie, toute ma monnaie et de suite sinon…
    – sinon quoi ? répliqua le boulanger un peu gêné de l’esclandre qui se profilait.

    Là-dessus le client sauta par-dessus le comptoir, le boulanger, courageux mais pas téméraire, bouscula « sa Mie » pour filer dans l’arrière-boutique. Mal lui en prit, le baraqué suivit le même chemin, lui colla quelques bons pains, et le renversa dans le pétrin mécanique.

    La boulangère entendant la mécanique grippée émettre de gros bruits bizarres de hachoir emballé comprit ce qui était en train de se passer. Doux Jésus ! se dit-elle, mon mari pétri menu, que vais-je devenir ? Peut-être maintenant vais-je devoir aller michetonner ?

  10. iris79 dit :

    Papa Pain était très fâché,
    pas une miette n’osait bouger.
    Continuez comme ça, grondait-il, et le grand méchant oiseau viendra vous picorer. Mamie Pain le détestait quand il se mettait en boule…  

    Il oubliait bien vite que lui aussi avait été une petite miette, qu’il avait traîné et fait les quatre-cent coups avec ses frères sur le comptoir du boulanger, les étagères des présentoirs, dans le fournil et à l’arrière de la fourgonnette de livraison…S’il continuait, Mamie Pain se promit qu’elle raconterait à ses biscuits chéris les exploits de leur père.

    Dès tout petit, il disparaissait en se cachant derrière les robes des religieuses, filait à l’opéra sans prévenir ou s’approchait dangereusement de la trancheuse qui le faisait rire et sursauté au milieu d’autres petits camarades inconscients.

    Que dire de son adolescence quand il s’éclipsait la nuit pour aller reluquer les voisines et respirer leur doux parfums chocolatés. Et que dire quand il sautait dans les bacs ? Il la rendait folle, elle ne savait plus où le chercher ! Etait-il allé fricoter avec les graines de sésame, celles de pavot ?

    Elle était bien tentée de le dénoncer mais elle eut un éclair de bon sens et elle se ravisa.

    Elle allait mettre la main à la pâte pour libérer ses petites miettes chéries du regard courroucé de leur père qui en resterait baba à coup sûr !

  11. Clémence dit :

    Papa Pain était très fâché, pas une miette n’osait bouger.
    – Continuez comme ça, grondait-il, et le grand méchant oiseau viendra vous picorer.
    Mamie Pain le détestait quand il se mettait en boule…  

    En ce début d’après-midi, Papa Pain enfila sa tenue préférée. Training noir et basket blanches. Il rafla son trousseau de clés. Avant qu’il ne claque la porte, Mamie Pain lui fit son habituelle liste de recommandations qu’il accepta sans sourciller. Il avait l’habitude qu’elle le traite comme un enfant alors qu’il avait été un dieu durant des années, mais finalement, il aimait sa bienveillance.

    Contact. Direction le stade.
    Ils étaient tous là, les minots, sagement assis sur les bancs, à pianoter sur leurs consoles.
    – Holà, les minots, continuez comme ça, et le grand méchant oiseau viendra vous picorer les mollets et les fesses. Allez zou !

    Au quart de tour, ils rangèrent les jeux dans les sacs et se levèrent, un sourire malicieux sur les lèvres.
    « Sacrés minots, pensa-t-il en voyant leur mines complices. Quels tours ont-ils encore manigancé pour ne pas se bouger ? »
    – Allez, zou, 3 tours de terrains, au pas de course.

    Il n’en crut pas ses yeux. La bande de gamins fonça, de petits boulets de canon !… 10 mètres, 20 mètres, 50 mètres. Le premier chuta. La file s’écarta de sa trajectoire. La course continua. Le deuxième s’écroula, la file s’écarta et la course continua. Le troisième chuta à son tour, puis le quatrième… Une symphonie de chutes parfaitement orchestrée !

    Papa Pain siffla et les rappela auprès de lui.
    – Continuez comme ça, gronda-t-il….
    – Et le grand méchant oiseau viendra… répondirent-ils d’une seule voix.

    Papa Pain les regarda et se mit à rire.
    – Bon pour une fois, leur dit-il ! Filez, rentrez chez vous et regardez le Classico !

    Ils ne se le firent pas dire deux fois. Telle une volée de mouettes, ils s’égaillèrent vers les vestiaires en pépiant, en ouvrant les paris…

    Papa Pain rentra chez lui, passablement énervé de s’être fait dribbler ! Il avait à peine ouvert la porte et jeté ses clés dans le vide-poche que Mamie Pain vint vers lui, tout sourire.
    – Allons, allons, ne te mets pas en boule pour si peu. Ce n’est pas bon pour ton cœur…

    Papa Pain la regarda avec tendresse et lui dit :
    – Tu as raison, la prochaine fois, je leur filera un ballon ovale entre les pattes !

    © Clémence.

  12. Nadine de Bernardy dit :

    Papa Pain ce matin était très fâché
    Pas une de ses petites miettes n’osait bouger.
    Continuez comme ça, grondait-il
    Et le grand méchant oiseau viendra vous picorer.
    Mamie Pain le détestait quand il était en boule,
    La petite miche ronde en rassissait d’effroi.
    Heureusement maman Flûte osait se rebiffer
    De leur turbulente progéniture prenant le parti:
    Mon ami, ne voyez vous donc pas à ce jour
    Combien insouciantes sont encore ces jeunettes, Qu’elles préfèrent s’amuser que moisir à la huche
    Qu’ont-elles donc fait que vous vous courrouciez?
    Juste se fabriquer un petit casse croûte
    Eussiez vous mieux aimé les voir faire un sandwich
    Ce snobinard anglais au pain mou,insipide
    Au lieu d’un vrai casse dalle,un délicieux encas
    A la croûte croquante,fleurant bon le levain.
    Allez, faite le pour moi, pardonnez leur,
    Revenez pour elles à votre noble indulgence,
    Et soit dit entre nous mon seigneur et maitre
    Votre histoire de grand méchant oiseau picoreur
    Depuis belle heurette ne leur fait plus peur
    Ce qui les effraye autant est votre grosse voix,
    Alors soyez gentil veuillez baisser le ton
    Mamie Pain aussi vous en sera reconnaissante.
    Vous verrez que nous ne vous en aimerons que mieux,
    Si vous savez rester tranquille et chaleureux.

    Papa Pain,honteux et confus
    Jura sans retard qu’il ne recommencerait plus.

  13. durand dit :

    « Et le levain avait fait son œuvre »….évidemment! Vivement le printemps que ça bourgeonne un peu plus normalement dans ma vieille caboche!

    • durand dit :

      Mais qu’est ce qu’il fout là ce texte….??? tu vois Jean Louis…ya pas que toi qui patine! Gaffe aux avalanches…les suivants et suivantes…! Et amusez vous bien!

  14. Laurence Noyer dit :

    En fournée à travers toute la France, les membres du groupe « Panis et Boulange » débriefent après leur soirée spectacle : « Picoretto » : Papapain leur chef est très fâché, il les cuisine les uns après les autres, leur comportement est inadmissible. Ça le met en boule :

    Azyme s’est mis au régime biscotto-mouillette.

    Bretzel élevée au levain, prend régulièrement une navette pour aller vendre ses croutes.

    Fougasse – ce bâtard – a mis la manne au quignon du mitron .

    Et l’amie Michmich ne s’est pas levée ce matin.

    Papapain s’est rassis, découragé.

    Il s’est dit : Sans blé, on se retrouvera peut-être dans le pétrin. Ce serait complet !

    Mais bonne pâte, il ajouta : « Épi tant pis, tout n’est pas pain perdu !

    Car il est pané celui qui me mènera à la baguette.

    Mes chouquettes ! allez donc vous faire dorer ailleurs ! »

  15. Jean-Louis Maître dit :

    Bravo !

  16. Truffier Gaëlle dit :

    « Gare à vos miches les ficelles, vous êtes grillées ! » rugit papa Pain. »Finie la belle vie pour vos vacances. Ahhh vous avez mangé votre pain blanc ! Destination campagne, dans la vieille maison rustique du père Boulanger. Il va vous menez à la baguette, vous allez voir ! Vous allez pouvoir danser la polka jusqu’à être pétries de courbatures ! »
    « Flûte et zut » chuchottèrent Craquotte et Biscotte. En fait, elles se réjouissaient plutôt. Ce n’est pas la première fois qu’ elles roulaient ainsi leur père dans la farine. Elles adorent jouer dans les champs de blé et de maïs.Le chocolat de dame Tartine, la belle soeur du père Boulanger est un délice avec ses petites brioches tout droit sorties du four. Et les coquines aiment bien mettre la main à la pâte pour aider ces paysans très spéciaux. Ils exploitent « La Mie », leur ferme, avec passion. Certes, le soir elles sont cuites de bonne heure, mais… quel bonheur.
    « Ne vous en faites pas mes croutons adorés, ça va bien se passer » lança mamie Pain, qui se doutait bien que la punition n était qu’ une demie peine.
    « Je lève un toast à mes chipies de filles » conclut papa Pain.

  17. durand dit :

    Papa Pain était très fâché, pas une miette n’osait bouger. Continuez comme ça, grondait-il, et le grand méchant oiseau viendra vous picorer. A cet effet, il s’était d’ailleurs procuré un gros dindon sans muselière qui surveillait tous les allers et venues dans la cour.

    Mamie Pain le détestait quand il se mettait en boule. C’était leur guerre froide. Elle le haïssait en silence. Ce sale macho l’avait mené à la braguette. Il lui avait chauffé le four. Et le levain avait fait son œuvre. Une ligne de vie bien trop pleine d’avoir et si peu d’être autrement. Quatre fouaces en 6 ans dont un bâtard. C’est bien pour cela qu’elle écrasait, coincée entre le pâton et le fournil, le patron et la caisse.

    « Quel pétrin, cette vie mal ficelée » ruminait ‘elle à longueur de journée et la plupart des nuits. Et pour couronner la fève de la vie, terminer comme deux vieux croûtons. Misère!

    Tout ce temps…et ce pain perdu!

    N’empêche, elle ne désespérait pas, un soir de Noël, à sa façon, de lui cuisiner le dindon!

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