317e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat
Chaque année, à la veille de Noël, elle se rendait dans une bibliothèque pour glisser un petit mot entre les pages d’un ouvrage qu’elle choisissait soigneusement.
Son intention était claire.
Imaginez la suite
JOYEUX NOEL !
Chaque année, à la veille de Noël, elle se rendait dans une bibliothèque pour glisser un petit mot entre les pages d’un ouvrage qu’elle choisissait soigneusement.
Son intention était claire.
elle voulait embêter quelqu’un pour noël car elle détestait Noël. Du coup, elle choisissait soigneusement un polar qu’elle avait déjà lu et écrivait le nom du meurtrier sur un marque page au début du livre.
Niark Niark
Chaque année, à la veille de Noël, elle se rendait dans une bibliothèque pour glisser un petit mot entre les pages d’un ouvrage qu’elle choisissait soigneusement. Son intention était pure.
Elle écrivait des voyelles à l’encre violette, sur son cahier d’écolière. D’un trait bien dessiné sur une feuille de papier par une main dont elle découvrait l’intelligence, pouvait sortir un son pour peu que cette main soit guidée pour former un « a ». La relation entre un trait d’écriture et le son émis avait quelque chose de fascinant. C’était d’une simplicité magique. Le son existait avant l’écriture, l’encre avait été inventée pour le dire.
La répétition de ces voyelles avait pour effet de multiplier la solitude. C’est sans doute pour cela qu’on lui demandait de remplir ses pages : pour qu’elles se sentent moins seules. On lui demanda d’en faire des rangs serrés que l’on retrouverait quinze ans plus tard, sous la lucarne, figées comme des photos jaunies et parcourues dans un grenier familial par la griffe d’une souris écrivaine. La nostalgie n’était pas inscrite dans l’apprentissage. Elle y était contenue. Il était important de se souvenir de chaque effort appliqué utilisé pour parfaire une courbe ou un délié. Sa mémoire décortiquait chaque élément de la lettre comme pour s’en imprégner et restituer l’exacte expression de la langue parlée.
Un jour, la tempête se déchaîna et perturba les lignes bien rangées, le grenier battit de l’aile. Que deviendraient les voyelles abandonnées à l’air libre ? » Les voyelles ne meurent pas, se dit-elle. Elles méritent de s’envoler, portées par un message destiné à tous. » Dénudées, elles ne pouvaient avoir la force de leurs arguments. Une étude minutieuse permettrait de maîtriser la syllabe qui fraterniserait avec une autre. Elle les habilla de consonnes pour les rendre solides et plus aptes à affronter le monde. Mais elle n’avait pas la technique pour communiquer. Les idées qu’elle préconisait étaient tournées à l’envers, victimes de leur naïveté. Il fallait les caparaçonner et les agencer avec d’autres mots non ambigus.
Cette année, elle s’approcha de « Croc-Blanc », le feuilleta et y inséra son petit mot : « L’Amour est plus fort que tout ! »
Chaque année, à la veille de Noël, elle se rendait dans notre bibliothèque de quartier pour glisser un petit mot entre les pages d’un ouvrage qu’elle choisissait soigneusement. Son intention était claire : déposer un nouveau papier manuscrit. Je me rappelle qu’en ce jour du 23 décembre 2010, il faisait un froid glacial dans notre établissement car le chauffage était en panne, et les chauffagistes étaient débordés de travail : c’était dû, semblait-il, aux allers et venues du père Noël dans les cheminées de cette ville. Après avoir mis doudoune, bottes fourrées, bonnet de laine, écharpe, gants, je la suivis. D ‘ailleurs, à part nous deux, il n’y avait pas un chat, sauf le mien.
En ce qui la concerne, elle devait avoir particulièrement froid car elle avait pour tout vêtement une robe desigual
(il me semblait que c’était sa marque préférée) et à ses pieds des hauts talons. Il me serait donc facile de la suivre aux bruits de ses pas.
Elle se dirigea vers les biographies et glissa dans l’une de celles de Napoleon ce petit mot »«chaque 5 mai je vais m’incliner sur ton tombeau au musée de l’Armée », puis ressortit.
Intriguée je me demandai pourquoi le 5 mai ? Je découvris sur google que c’était la date de la mort de Napoléon. Cela m’amena quelques larmes aux yeux puis haussant les épaules je repartis à mon poste.
La journée fut longue et pour faire passer le temps plus vite je me plongeai dans la lecture d’un des livres de Jean Tulard, grand spécialiste de ce personnage national.
Je ne vis pas le temps passer mais heureusement je fus rappelée à l’ordre par les miaulements de mon chat. J’emportai le livre chez moi pour en terminer la lecture. En quelques heures, j’étais devenue fan de Napoleon.
Puis nous ne la revîmes plus et quelle ne fut pas ma surprise de la voir pousser la porte de notre bibliothèque ce 23 décembre 2016. Elle portait une robe desigual et était chaussée de hauts talons ; elle semblait très amaigrie. Elle se dirigea vers le rayon des biographies, prit celle de Napoleon, retrouva son petit mot et l’échangea contre un autre. Je le lus peu après sa sortie : « je n’irai sans doute pas m’incliner devant ton tombeau le 5 mai prochain car j’aurai sans doute été te repoindre ».
Je versai quelques larmes, je haussai les épaules et repris mon poste et la lecture de la biographie de François Villon « de moi, pauvre je veux parler » dont l’auteur est Sophie Cassagne-Brouquet.
Mon chat miaula, nous partîmes, mon livre sous le bras.
Chaque année, à la veille de Noël, elle se rendait dans une bibliothèque pour glisser un petit mot entre les pages d’un ouvrage qu’elle choisissait soigneusement.
Son intention était claire.
Elle désirait savoir qui déposait chaque année un livre toujours bien choisi sous son sapin. Marie était une grande lectrice. Sa passion s’amplifiait au fil des pages. Elle vivait à travers ces romans. Elle parlait à tous ces personnages rencontrés sur le papier. Elle rêvait…
Cette personne connaissait donc son attirance pour les histoires. Longtemps, elle avait cru que son père lui faisait un clin d’oeil chaque année. Lui, qui dans son enfance lui reprochait gentiment ses longues heures à lire : « T’as pas autre chose à faire ? ».
Mais Papa était mort et le livre, chaque 25 décembre était là.
Le facteur ? Impossible ! Il ne s’intéressait qu’aux lettres, aux enveloppes et aux timbres.
Son libraire, qui la connaissait si bien ? Mais pourquoi cette générosité anonyme ?
En glissant un mot dans un ouvrage à la bibli, elle espérait surprendre son donateur. Une personne qui offre un livre aime lire. S’il lit, il fréquente la bibliothèque. Tous les 15 jours, elle prenait son temps et feuilletait tranquillement tous les livres dans lesquels elle avait laissé un appât.
Lui répondrait-il un jour ?
Cette année, elle fut surprise. Le livre offert était justement celui qu’elle avait choisi le mois précédent. Donc, il venait à la bibliothèque et lisait ses messages.
Un indice capitale !
Quoi écrire pour le faire réagir ?
Euh.. « merci » ? ; « qui êtes-vous ? » ; « on peut se rencontrer ? » ; « et vous, que lisez-vous ? »
Elle était perplexe. Un soir de réveillon, elle s’était cachée derrière les rideaux toute la nuit pour guetter. Mais elle s’était endormie. A l’aube, le livre joliment emballé l’attendait.
Enfant, elle avait souvent désiré voir le Père Noël mais en vain… Trop tôt ou trop tard.
Elle glissa un message dans un nouveau livre. « Pourrions-nous partager un moment ensemble et parler de ce dernier roman ? »
Chaque semaine, puis chaque jour, elle se précipitait à la bibli pour chercher la réponse. Le livre choisi avait disparu !
Elle décida alors de passer ses journées à la bibli, assise à guetter les rayonnages.
Elle attendait… et s’endormait. A son réveil, le livre avait été emprunté !
Elle n’en dormait plus. QUI ? QUI ?
Une copine espiègle ? Un amoureux transi ? Amazon ?
Elle réfléchit. Relut tous les livres offerts au cours des ces 10 dernières années.
Quelque chose l’intrigua. Il y avait, comme un personnage commun dans toutes ces histoires. Un certain « Peter », parfois nommé Pierre… Et dans tous ces livres, il était généreux, espiègle, taquin et passait à travers les murs.
Il n’était pas le personnage principal. Elle n’y avait pas prêté attention. C’était comme un vieux copain pour elle.
Et si c’était lui ?
Elle relut tous les passages qui le concernait. Oui, oui, cela lui ressemblait.
Elle attendit patiemment le prochain Noël, prépara une jolie table, emballa un livre et l’attendit…
« Bonjour Peter ! »
– Bonjour Madame Drumont ! Antoine n’est pas avec vous ?
– Non, il aide ses parents à préparer le réveillon. Je vais les retrouver tout à l’heure… La voix de Jeanne est trémmulante.
Elise, la bibliothécaire, regarde la vieille dame, courbée, amaigrie, déambuler entre les rayonnages. C’est une habituée de longue date qui amène souvent son petit-fils avec elle. Ensemble, ils choisissent quelques livres. Quand il était petit, elle l’accompagnait à l’heure du conte et restait là, derrière les enfants, à écouter les histoires, d’un air rêveur.
Jeanne s’arrête, devant la rangée des S. Elle prend fermement appui sur sa canne d’une main, de l’autre elle extrait un livre du rayonnage, puis elle fait quelques pas et s’assoit, précautionneusement, dans un fauteuil, face à une grande baie vitrée. Un rayon de soleil, timide, se faufile au milieu des gouttes de pluie, illuminant quelques instants les toits de tuiles d’un arc en ciel. Jeanne garde le livre fermé sur ses genoux, serré entre ses mains.
Dans quelques heures, au milieu des cadeaux, des décorations et des chants de Noël, elle sera avec ses enfants et ses petits-enfants. Antoine est le dernier, celui avec lequel elle a le plus de connivence. Ils partagent le goût de la lecture, de l’écriture. En mars dernier, il l’a accompagnée à la soirée du printemps des poètes, fier d’être au milieu des adultes. A travers la voix, les gestes de la conteuse, Jeanne redécouvrait, avec émerveillement, le « Petit Prince », vibrait aux échos que le texte faisait naître en elle. Antoine écoutait, bouche bée, un sourire aux lèvres. Quelques jours plus tard, ils avaient emprunté le livre, celui qu’elle tient entre ses mains, et l’avaient relu ensemble.
Jeanne ouvre la couverture blanche illustrée, sourit devant les dessins, le boa, les moutons, le Petit Prince sur sa planète, le renard… Elle relit, page après page, lentement, n’entend pas Elise qui, inquiète de la voir si affaiblie, vient discrètement vérifier que tout va bien et s’en retourne silencieusement à son bureau. Jeanne arrive presque à la fin du livre, pose sa main sur la page, à côté du Petit Prince. Il est assis sur un mur, effrayé par le serpent dressé sur le sable, à ses pieds. Il lui parle, prépare son départ de la planète Terre. Jeanne lève les yeux, perd son regard sur les toits de la ville que le déclin du jour plonge dans l’obscurité. « A chacun son serpent ! » songe-t-elle, en écho au Petit Prince. Elle a tout prévu, discrètement, en silence. Un moment d’effroi lui glace le corps. Elle baisse la tête et poursuit sa lecture. Quelques pages plus loin, elle sort de son sac une enveloppe de vélin sur laquelle elle a inscrit « Antoine ». Elle en tire une carte, une carte pleine d’étoiles, à l’intérieur de laquelle, de sa main tremblante, elle recopie :
« …Toi, tu auras des étoiles comme personne n’en a… Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire ! … »
Elle signe, glisse la carte dans l’enveloppe, l’enveloppe entre les pages quatre-vingt-six et quatre-vingt-sept, puis ferme l’ouvrage. Elle n’a pas besoin de relire la suite, se dirige vers le comptoir, calme en cette veille de Noël.
– Elise, puis-je vous demander un service ?
– Bien sûr Madame Drumont.
– Pourriez-vous réserver ce livre pour Antoine et le lui remettre à son prochain passage ? ses yeux ont cillé mais sa voix n’a pas faibli.
– Avec plaisir, Madame, vous ne viendrez pas avec lui ?
– Non, non, je… je ne pourrai pas. Merci beaucoup, Elise.
– Vous n’empruntez rien aujourd’hui ?
– Non, ce n’est pas la peine ! Passez de joyeuses fêtes, et encore merci.
De son pas hésitant, s’appuyant sur sa canne, Jeanne s’achemine vers son dernier Noël. Un sourire serein flotte sur son visage.
© ammk
Chaque année, à la veille de Noël, elle se rendait dans une bibliothèque pour glisser un petit mot entre les pages,
A cette période -là, elle ne supportait plus les ruées sur les ouvrages placardés sur les bus ou couloirs de métro, les mêmes têtes partout , sur tous les présentoirs !! Elle devait intervenir.
Le rituel était bien établi, elle commençait par tous les Primés de la rentrée, demandant aux lecteurs de se poser la question cruciale : valeur littéraire ou potentiel commercial ??? les plus demandés, les meilleurs scores de vente , mais où sont donc passés les surprises, découvertes, plaisir, émotions ?? Elle continuait avec des commentaires grinçants sur le nombrilisme de certaines stars, les nègres mal payés, les critiques et leurs chouchous éditeurs !!
Au rayon polars, elle démontait, dévoilait les intrigues dès la dixième page, semant de nouveaux doutes chez les amateurs!! Elle s’amusait avec les politiques, décortiquait, analysait, argumentait avec un humour féroce qui ravissait les lecteurs ou les rendait hystériques !!
Mais, elle avait des petites « perles » découvertes hors branlebas médiatique, signalées discrètement par des marque-pages bien choisis avec des mots essentiels qui vous accrochaient , vous alléchaient …. une vraie mise en bouche.
Pour Noël, elle pensait que les ouvrages choisis méritaient attention et discernement, pour ne pas terminer entre des mains négligentes ou dédaigneuses ….. ils rêvaient aussi de longues soirées en bonne compagnie ….
Bonnes Fêtes !!
Tellement d’accord sur « les primés de la rentrée ».
La veille de Noël
Chaque année, à la veille de Noël, elle se rendait dans une bibliothèque pour glisser un petit mot entre les pages d’un ouvrage qu’elle choisissait soigneusement.
Son intention était claire, aussi limpide que le courant.
Elle consultait le catalogue des acquisitions et sélectionnait les nouveautés du rayon pêche. Elle choisissait le livre le plus compliqué, le plus documenté et le plus technique, ; elle y insérait alors un billet tendre, un billet doux, tendait des lignes, proposait un paysage, un univers fantasmagorique et lançait ses appâts, ses pattes de mouche formant des vers.
Qui mordrait à l’hameçon ? elle l’ignorait mais jubilait des premières touches quand au printemps suivant, elle devinerait dans le silence des pêcheurs, les effusions rêvées, et dans le regard posé sur l’eau claire, cette si lourde attente.
Elle jetait alors son dévolu et ses vers sur un air innocent, se rapprochait de sa proie et lui avouant son secret, se déshabillait lentement puis glissait dans l’onde fraîche et rejoignait les truites arc-en-ciel avec lesquelles elle passait un moment.
Chaque année,la veille de Noël, elle se rendait dans une bibliothèque pour glisser un mot entre les pages d’un ouvrage qu’elle choisissait soigneusement.Son intention était claire et, cette fois, elle avait décidé que ce serait sa dernière escale:
la bibliothèque François Miterrand non loin de chez elle.
Son grand âge et l’arthrose avaient raison de sa détermination.
Avec la formule magique, elle fut vite dans la salle désirée, voyons…W X Y Z Ze Zi Zo,monsieur Zola Emile,les Rougon Macquart ,tome sept, page 358.C’était fait.
Elle rentra chez elle à temps pour le thé.
Son chat sur les genoux, elle repensait à sa vie.Des regrets vinrent : n’avoir point connu les plus prestigieuses d’entre elles.
Alexandrie la fameuse,la prestigieuse Al Hamoni de Chinguetti en Mauritanie,L’Agad de Najafabad en Iran et tant d’autres, détruites au cours de l’histoire.C’est le gâchis de ces merveilles disparues qui l’avait décidé à partir en croisade.
Pas question que meurent la connaissance ,la culture ,il fallait alerter tous les lecteurs de par le monde. Le choix avait été fait de ces messages de mise en garde.
A ce jour, au dernier chapitre de sa vie, elle pouvait aussi être satisfaite.
Beaucoup de voyages l’avaient menée à travers la planète.Le bilan était positif.
Pékin et la bibliothèque de Chine, un peu austère,celle de l’université de Gras en Autriche,cette merveilleuse petite isba remplie de bouquins vieillots :Oblast de Kagoula à Mithhévo en Russie et que dire des ouvrages de l’abbaye de Saint Gall en Suisse,ou encore la majestueuse salle de lecture du British Museum?
Que de souvenirs….
Elle avait eu sa période Outre atlantique, quand internet lui avait fait craindre le pire.
La Jhonn.F. Kennedy Presidential Library and Museum,La bibliothèque présidentielle William.J. Clinton Center and Park à Washington et toutes celles découvertes à travers les Etats Unis.
Un peu fatiguée par ses croisades, elle avait ensuite écumé les établissements municipaux de France, ce qui lui avait permis de découvrir de petits bijoux de littérature régionale.Elle ne pouvait même plus se souvenirs du nombre de messages laissés ici et là.
Et voilà! Ce soir, c’était fini pour elle. Sans regret.
Le thé embaumait,le chat ronronnait,le plaid était doux à ses genoux.Elle ouvrit le roman choisi pour ce jour mémorable : celui de son anniversaire.
« La femme rompue » de Mme de Beauvoir.
-Page 27- Editions Folio
« André a attendu l’ascenseur avec eux et je me suis affalée sur le divan.Ce vide à nouveau…Le bien être de cette journée,cette plénitude au coeur de l’absence,ici, pour quelque heures… « .
A livre ouvert
Chaque année, à la veille de Noël
Elle se rend dans une bibliothèque
Pour glisser des petits mots entre les pages
De plusieurs ouvrages
Un rituel annuel. ..
Elle réconforte comme elle peut
Les personnages malheureux
Tance vertement
Les héros trop turbulents
Fait carrément de l’oeil au prince désabusé
Quitte à lui donner RV par petit mot interposé
Elle adore ça
Se mêler de ce qui ne la regarde pas
Quand elle pénètre sur la pointe des pieds
Dans la maison des livres
Pour y déposer ses petits papiers
Une vraie jubilation s’empare d’elle
Elle les caresse avec délectation ses chers manuels
S’immisce dans les histoires, met son grain de sel
Tourne les pages, écarte les lignes
Interpelle même l’auteur avec vigueur
Trop long, trop confus, trop compliqué
Coupez, enlevez, taillez, ôtez
Allez droit au but, de l’air !
Et quand vient la saison des prix littéraires
Elle est toute à son affaire
Et s’attribue, drôles de manières,
Les compliments les plus sincères.
Pétillant comme une coupe de Champagne. Santé !
Chaque année, à la veille de Noël, elle se rendait dans une bibliothèque pour glisser un petit mot entre les pages d’un ouvrage qu’elle choisissait soigneusement.
Son intention était claire.
Elle cherchait la recette magique pour qu’enfin, tous les gars du monde se donnent la main,
mais elle ne savait pas le nom de l’herbe : laquelle, du curry, de la cannelle, du safran ou du cumin
pourrait redonner vie aux âmes perdues, celles qui, même une veille de Noël, ne distillent que leur venin ?
Elle ne l’avait pas trouvée ; mais elle pensait qu’en ajoutant ses ingrédients dans les ouvrages, eh bien,
ce serait comme ces messages jetés à la mer. Un jour, ils échouent au creux d’un matin
et, mélangés aux autres recettes , comme quelque chose d’anodin,
soudain …
un air doux comme du pain
qui chante tous les lendemains.
Elle n’allait pas réveillonner, ni songer à manger, car son seul refrain
c’était l’Amour sans fin.
Ce Noël là, semblable à d’autres, plus anciens …
Lorsqu’elle ouvrit l’ouvrage d’un air badin,
Elle trouva enfin la réponse à ses petits mots d’airain …
L’herbe magique, chacun l’a entre ses mains !
Chaque année, à la veille de Noël, elle se rendait dans une bibliothèque pour glisser un petit mot entre les pages d’un ouvrage qu’elle choisissait soigneusement.
Son intention était claire.
Elle était étudiante à l’École de Médecine. Ce projet de carrière était toute sa vie. Malade depuis le début de ses études : anorexique, yeux cernés, cheveux ternes, regard éteint, tant de faiblesse. C’était un squelette qu’elle traînait dans les couloirs, les os sur la peau, à tel point qu’elle aurait pu servir de cobaye aux orthopédistes en devenir.
Affronter chaque année qui passait et tenir le coup devenait de plus en plus douloureux, elle savait que le jour était proche ou ce serait insurmontable. Trois ans déjà qu’elle se disait ‘je tiendrai jusqu’au prochain Noël’, que ses forces pitoyables tentaient de surmonter le mal-être pour parvenir jusque là.
Trois Noël déjà qu’elle avait tenté sa dernière chance, trouver du secours. Dans la bibliothèque, par trois fois elle avait choisi le livre le plus consulté, le Vidal, l’épaisse bible rouge des médecins. Peut-être quelqu’un serait-il intrigué par ce message désespéré et chercherait à savoir s’il était fable ou vérité et qui l’avait déposé là.
– le premier Noël, elle avait écrit « j’ai mal »
– le deuxième : « je vais très mal »
– le troisième : « je vais mourir »
Cette fois le message disait « je suis morte, tombée de haut »
Elle ouvrit la fenêtre et Hop ….
Son intention était claire, son procédé très adroit : qui aurait pu prendre au sérieux 2 ou 3 petits mots sur un minuscule bout de papier ?
Chaque année, à la veille de Noël, elle se rendait dans une bibliothèque pour glisser un petit mot entre les pages d’un ouvrage qu’elle choisissait soigneusement. Son intention était claire….
Il suffit d’une fraction de seconde pour que sa mémoire explosât. Depuis, Elle ne survivait que par la force d’une obsession, bien que celle-ci la fît souffrir de mille morts. Elle voulait retrouver ses origines.
Elle chercha au plus profond de ses entrailles, mais tous ses efforts furent vains.
Par une belle nuit de décembre, une étoile lui susurra une idée. Elle s’étonna de ne pas l’avoir trouvée elle-même. Une légère secousse la fit retomber sur terre au milieu de poussières de modestie.
IL faut chercher autrement, car te croire le centre du monde, n’est pas la solution,
– autrement ?
FAUT-il encore oser inverser les paramètres qui semblent être une évidence pour tes yeux !
– mais les bouleversements font peur…
TOUJOURS est-il qu’ils ont permis d’évoluer…
– et parfois de reculer, voire de retomber dans le néant…
VISER le meilleur pour éradiquer le pire est une sage devise, souviens-t’en….
un éclat de lumière fulgurant mit fin à leur conversation.
LA nuit se fondit dans un un jour radieux.
– et à de nouvelles opportunités !
LUNE adieu, cède ta place à la clarté…
– le moment est venu pour te rendre à l’Agora
CAR c’est là que je trouverai ?
– entre les pages des livres, oui !
MÊME ceux de pierre ou de cire ?
– de papyrus et de papier….
EN effet !
– des mots glissés au fil du temps, au fil des âges
CAS, faits ou circonstances, et même hypothèses…
– n’en négliger aucune. La loi s’est avérée : il suffit…
D’un détail pour trébucher et chuter.
– mais la chute n’est pas un échec. Un sage m’a dit : l’…
ÉCHEC, c’est de rester là où on est…
– et continuer à regarder le doigt au lieu de regarder la lune….
ON ne peut être plus philosophe !
– retourne toi, remonte le temps, regarde, on….
ATTERRIT
– n’aie aucune crainte, tu es forte et belle
DANS chaque livre, à chaque visite, tu as laissé le plus précieux des messages
– on ne voit bien qu’avec le cœur…,l’essentiel est invisible pour
LES yeux….
où brillent aujourd’hui mille
ÉTOILES d’espérance d’un monde meilleur….
La Terre pouvait s’assoupir… elle avait livré son message. Quelque part, au milieu des étoiles, Oscar W. souriait…..
© Clémence.
C’est beau ! J’aime !
Chaque année, à la veille de Noël, elle se rendait dans une bibliothèque pour glisser un petit mot entre les pages d’un ouvrage qu’elle choisissait soigneusement.
Son intention était claire. Trouver le livre le moins lu, voire le pas lu du tout. Sans une corne, un pli, une trace de doigt, un coup de crayon.
Elle lui déposait un petit texte, toujours le même, comme quoi, il ne fallait pas se décourager, que quelqu’un l’ouvrirait un jour, que la couverture n’était pas si moche, le contenu pas si filandreux, la fin presque probable….même si, de toute évidence l’histoire ne méritait pas une suite.
Enfin, ce qu’elle en disait, c’était juste après avoir avalé la quatrième de couverture. Elle terminait toujours par la même promesse. Si dans un mois, personne ne l’avait emprunté, elle viendrait ,elle et le lirait, promis…et jusqu’au bout!
« Je ne voudrai quand même pas qu’un soir de Noël, le pauvre, de désespoir se jette du haut des étagères…pouf, dans la corbeille à papiers » marmonnait ‘elle tout bas… pour ne pas réveiller tous les esprits, dans son église à elle!
Chaque année, à la veille de Noël, elle se rendait dans une bibliothèque pour glisser un petit mot entre les pages d’un ouvrage qu’elle choisissait soigneusement.
Son intention était claire.
L’année dernière, elle avait choisi : « J’y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé. ». Sur son petit mot, Virginie avait écrit : « A quatre heures de l’après midi. ». Ni le jour, ni le lieu.
Juste : « A quatre heures de l’après midi. ».
Et elle avait attendu, attendu, longuement s’habillant le cœur.
Les champs donnèrent bien peu de blé, cette saison-là.
Cette année, à la veille de Noël, elle se rendit dans une bibliothèque pour glisser un petit mot entre les pages d’un ouvrage qu’elle choisit soigneusement.
Son intention était claire.
Cette année, elle choisit : « Mais dans ce moment, une montagne d’eau d’une effroyable grandeur s’engouffra entre l’île d’Ambre et la côte, et s’avança en rugissant vers le vaisseau, qu’elle menaçait de ses flancs noirs et de ses sommets écumants. »
Virginie posa une main sur ses habits, l’autre sur son cœur, et leva en haut des yeux sereins.
En cette veille de Noël, le technicien de surfaces quoique un peu pressé jeta un coup d’œil à la canalisation qui courait sur le plafond, à l’écart des rayonnages. Par acquit de conscience, il grimpa sur son tabouret et passa la main sur le tuyau.
Il était sec.
Mais alors, d’où venait cette flaque légèrement iodée qui s’étalait devant l’étagère des « B », juste à l’aplomb de « Paul et Virginie » ?…
Il y passa un coup de serpillère mécanique et laissa son seau vide à l’emplacement. On verrait bien lundi !
le texte doit être déposé quand? merci
Vous pouvez déposer votre texte quand vous voulez, aucun délai à respecter
Rien ne rime avec noël
car noël ne rime à rien
En décembre le père annuel
en péripatéticien
arpente les trottoirs
allume les passants
aguiche les enfants
avec son présentoir
Mon beau tapin
roi des grandes kermesses de minuit
tar-truffes et petits four-beries
que j’aime ta luxure !
Et les chants de Toni Sirop
guimauve en chamallow
heureusement ya du vin chaud
pour faire passer l’cadeau
Allez, je vais chercher l’ouvrage
de mes bonnes intentions
afin de me glisser dans les pages
de la joie par obligation !
Laurence, je suis de votre avis, hélas ! Noël be rime plus à rien aujourd’hui ! Bravo pour votre texte, je vais le copier en citant l’auteur, bien sûr ! À lundi, donc .
Jean-Philippe
vivement lundi!
Très bien écrit. Glisser un peu de cynisme dans une papillote ne peut pas faire de mal.
Joyeux Noël ! disait la dinde.