Un livre guérisseur
Je collectionne les métaphores depuis longtemps.
La force des messages subliminaux qu’elles véhiculent impressionne. On dit que ce sont des histoires de la terre racontées avec les mots du ciel. Des petits récits habités qui nous entraînent au-delà de nous-mêmes, parfois jusqu’à Dieu.
Chaque fois que j’en découvre une, je la réécris pour bien m’en imprégner. J’utilise souvent des paraboles pendant mes conférences et accompagnements littéraires. S’adressant autant à l’affectif qu’à l’intellect, elles éveillent et stimulent les personnes à différents niveaux.
Ce faisant, je me suis rendu compte qu’il suffit de lire certaines paraboles pour soulager une tristesse ou réparer un léger traumatisme. C’est ainsi que j’eus l’idée d’écrire « un livre guérisseur » un ouvrage dans lequel chaque parabole aurait un effet rassurant, consolateur ou apaisant. Un livre dont la lecture agirait comme un léger sédatif face à un sentiment de malaise.
Le sommaire était une sorte d’ordonnance de bien être, chaque parabole répondait à un tourment psychique.
J’avais présenté ce projet à un directeur de collection chez Albin-Michel, il ne donna pas suite. Un an plus tard, je découvris qu’un auteur maison s’était emparé de l’idée. « L’auteur » en question avait précédemment participé à mon atelier d’écriture. Peut-être avais-je trop parler ? Allez savoir…
Quelques jours après la tuerie de 130 personnes par des barbares soi-disant croyants, les libraires constatèrent que de nombreuses personnes se tournaient vers les livres pour essayer de comprendre ce qu’il dépassait leur entendement.
Le même réflexe avait déjà été observé aux États-Unis après les attentats du 11 septembre.
Ce qui semblerait prouver que les livres aident à supporter des circonstances particulières. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les lecteurs traumatisés plébiscitent les biographies de personnages ayant surmonté de grandes épreuves. Les histoires de résiliants sont très appréciés.
Les Anglais l’ont compris depuis longtemps, chez eux, de nombreuses « bibliothérapies » prescrivent des livres guérisseurs pour faire face à des problèmes légers.
Je crois qu’un roman, pendant sa lecture, peut nous faire changer de monde et nous apaiser au point d’oublier l’angoissante réalité du moment, mais guère plus. Contrairement à une parabole ce n’est jamais un concentré de vertus bienfaisantes. Juste de l’homéopathie.
Mais peut-être avez-vous lu, contrairement à ce que j’affirme, un roman guérisseur ?
Article en rapport avec mes propos sur La Tribune de Genève :
http://www.tdg.ch/sante/sante/La-promesse-de-la-bibliotherapie-Mettre-des-mots-sur-les-maux/story/24405127
Je suis d’accord avec un grand nombre des personnes ayant laissé un commentaire jusqu’ici sur ce sujet. Peut-être mettrais-je un bémol quant au cinéma. Certains films brident l’imaginaire, d’accord, mais d’autres (bons) ouvrent des perspectives et nous amènent à gamberger tout pareil qu’un (bon) roman, une (belle) musique, un (beau) tableau etc. Tout dépend, forcément, où se situe le niveau de bon ou de beau de chacun. Et c’est aussi pour cela que j’adhère totalement aux propos d’Agnès de Cize : « Je crois qu’à toute épreuve correspond une lecture qui soulage et étaye la douleur. Une histoire, un propos, un message… viennent tout à coup éclairer l’abîme. » Je ne puis le dire mieux.
Pour ma part, si bien des livres m’ont réparée, consolée, consolidée tout au long de ma vie, j’avoue que j’écris aussi pour me faire du bien. Mon « roman guérisseur », c’est peut-être celui que je n’ai pas encore écrit !
Vous avez raison, Soize D, écrire un livre sur sa propre vie est très souvent un livre guérisseur.
Les livres guérisseurs, même en cas de très gros bobos, oui, ça existe, je les ai rencontrés.
les mots contre les maux
les phrases contre les frasques
oui, les métaphores sont les sirops de l’âme
des pilules qui font pshitt dans nos cerveaux endoloris
trouver une belle phrase, voilà ma pharmacopée
Bonjour Pascal,
Pour moi, le premier livre guérisseur fut Ce qui fait rire les anges, du Dr Deepak Chopra. Je sortais de dépression due à l’épuisement, j’ai donc compris à quel point mon essence était futile, mais j’ai aussi compris à quel point j’avais un rôle important à jouer, rôle qui, toutefois, était bien différent de ce que j’avais toujours imaginé. Donc, pour redéfinir l’égo, pour le remettre au bon endroit, rien de mieux que ce livre. Par la suite, ça nous aide à prendre notre place en ce bas-monde, en laissant aux autres celle qui leur revient.
Il traîne toujours sur ma table de chevet.
Eh non je n’ai pas eu la chance de lire un livre guérisseur. En dehors de l’évasion et de l’ouverture d’esprit que certains romans m’ont apportés. Et c’est parfois beaucoup.
Cela étant dit, ton projet est-il réellement aux oubliettes ? N’as-tu pas envie de le dépoussiérer pour nous en faire profiter ?
Je serai preneuse de lire/vivre cette expérience.
Je n’ai pas de livre véritablement guérisseur mais l’ouvrage le plus apaisant est pour moi le Petit Prince (texte et dessins originaux).
Merci Pascal pour ce billet.
« Poil de carotte » a été pour moi un livre sinon guérisseur du moins soigneur et en tout cas consolateur. C’est le livre de mon enfance. Sinon, le conte « Cendrillon » a eu le même rôle
Ceci dit, il existe un livre qui traite de la bibliothérapie. « Remèdes littéraires » d’Ella Berthoud et Susan Elderkin (JC Lattès)
« Madame Bovary » guérirait de l’adultère
« Le meilleur des mondes » de la drogue
« Au-dessous du volcan » de l’alcoolisme
Il est possible de trouver d’autres titres de livres guérisseurs
« Le Père Goriot » qui guérirait du trouble des achats compulsifs
« Voyage au bout de la nuit » de l’insomnie
« Gargantua » de la boulimie
« Lolita » de la pédophilie
Sur la bibliothérapie, on peut citer également l’ouvrage de Régine Detambel: « Les livres prennent soin de vous » éd Actes Sud
etje prescris « l’Assomoir » de Zola pour guérir définitivement les alcooliques!Brrrr….
Pour moi, deux lectures fondamentalement guérisseuses : « Le cœur violé » d’Henri Bonnier (roman) et « Feuillets d’Hypnos de René Char (poésie).
Je crois qu’a toute épreuve correspond une lecture qui soulage et étaye la douleur. Une histoire, un propos, un message… viennent tout à coup éclairer l’abîme. Soudain, il nous est offert de respirer au-dessus des nuages et d’expérimenter l’éclaircie. A condition de cultiver un champ des possibles à venir. Les lectures sont les socs de l’espérance.
A la différence du cinéma, je n’ai jamais lu de livre guérisseur. La différence se situe peut-être dans le fait qu’un livre stimule l’imagination et nous égare dans notre propre histoire, nos fêlures comme nos joies. Un film se regarde et bride l’imagination et en ce sens peut avoir un effet apaisant ou guérisseur, du moins pendant quelques heures. Un livre, au contraire, nous fera cogiter un moment, les images que nous aurons imaginé resteront présentes mais cela n’ira pas au delà.
Bonjour.
Comme vous le dites si bien, les livres sont le repos de l’âme.
Ceux qui sont bien écrits s’entend. Il est vrai que, lorsque l’on vit une tragique expérience…nous tournons vers quelque chose de plus grand,et, nous recherchons à travers ce plus grand, le réconfort que les mots malhabiles des ami(es) ne peuvent nous donner. Les ami(es) étant là pour la châleur de leurs étreintes, mais pour retrouver un semblant de paix, un livre en particulier apporte un grand réconfort. Merci pour cette page,j’espère que beaucoup trouverons comme moi, le temps de répondre, ce qui soit dit en passant donne déjà, un réconfort. Yvette.
J’aime ce petit sentier de réflexion, mon cher Pascal, qui en plus de la noisette sent le doux parfum de la quête. Spontanément, je pense à Giono et plus précisément à Que ma joie demeure. Guérisseur ? Oui, je crois. Mais tu me rétorqueras que Giono, justement, construit son œuvre comme une vaste parabole. Alors, pourquoi écarter les romans de cette jolie trace ? Distinguons simplement les bons et les mauvais romans. Ou encore, pour être plus précise, ceux qui nous vont et ceux qui ne nous vont pas.
Poursuivons. L’idée me va. Mais… Je ne te la piquerai pas.