1 avis sur écrit est souhaité par Vincent Beau
Pour racines
De toute éternité
J’ai senti peser sur moi
Confusément
Le poids écrasant des souffrances de mes ancêtres
Les massacres perpétrés
Et la terre défendue
Aux confins des plaines gelées
Et puis la longue marche vers le sud
A travers de noires forêts
Et l’espoir levé et les genoux ployés
A la découverte du très grand fleuve
J’ai tant vécu savez-vous
J’ai traversé les siècles sous des formes diverses
Le génome corrompu et comme mis en abysse
Rien ne m’est sûr aujourd’hui vraiment
De ces souvenirs partagés
Je sais seulement que je viens du nord
Qu’avec ma horde
J’ai quelque jour franchi la limite
Traversé la grande eau glaciale
Et imploré de nouveaux soleils
A bien y regarder
Les fragments mystiques venus du sud
M’ont de tout temps laissé indifférent
Je ne comprenais ni le livre ni la parole
Et même à la parfin des âges païens
Je préférais fuir au cœur des forêts profondes
Préférant l’Irminsul
Au dieu faible et mort que l’on me priait d’adorer
Trop de mièvrerie
Définitivement
Etrangères m’étaient la culpabilité
La commisération et les mortifications hypocrites
Mes dieux à moi
N’avaient jamais connu que la force et l’intransigeance
Et les siècles de se tordre
Et le temps d’hésiter
Dans le malstrom crépusculaire
D’un avenir désobligeant
Des Deux Roses
J’ai oublié celle que j’avais choisi
A Constantinople c’est certain
J’ai combattu aux côtés du dernier empereur
J’ai été paysan sans terre
Ouvrier sans espoir
Vendu comme esclave
Molesté emprisonné condamné
Voleur menteur et assassin
Officier sans pitié
Prêtre sans compassion
Et de ces mille regrets et remords
Je ne puis rien absoudre aujourd’hui
Quelque jour je reprendrai le chemin du septentrion
Rejoindre mes racines vandales
Retrouver la mer Baltique
Et qu’elle me reçoive bien
Qu’elle sorte les oriflammes
Qu’elle me témoigne du respect
Sans quoi je pourrai bien la conduire au désespoir
La Muse contrite
Ainsi
Au milieu de la nuit
Une fois nouvelle
Tu aspires à son charme
Tu implores sa sagacité
Son innocence et sa vertu
Tu espères son sourire et son pardon
O elle est si belle quand elle est fière de toi
Ainsi
Tu voudrais tant rallumer le feu ancien
Que coulent à nouveau
Les torrents d’espérance
Ainsi
Il te faut supplier la petite
Une nouvelle fois
Celle que tu as laissé perdre
Tant de fois
O tu sais de qui je parle
La petite éternelle
Celle qui te souriait parfois
Au juste moment
La première ingénue de la réalité onirique
Rappelle toi
Tu t’isolais du bruit
Tu scrutais le fond de ton verre
Tes yeux se fermaient malgré toi
Seul au milieu de tous ces corps
Au milieu du métal
Les étiquettes se confondaient devant tes yeux
Forts alcools heure tardive âme proche de vomir
Elle arrivait alors
Par delà tes larmes imméritées
Elle disait
Je suis le soleil lointain
Mon éclat ne souffre point de nuages
Je te recueille
J’ai tant cueilli sais-tu
J’ai donné tant de réconfort
Pour pauvres caresses
J’ai soigné tant de plaies
Et jamais la moindre reconnaissance
On ne m’est point gré
Quoi
La douceur de mes mains
La joie de ma chair
A des esprits petits
Des illuminations grandioses
Perdues à jamais
Procurées pour rien
Je me sens devenir mauvaise
Elle disait
Sommes-nous revenues vraiment
Pour butors et faquins
Sommes-nous revenues en vain
Les nymphes sylphides du fond des âges de malheur
J’essaie d écrire simplement pour être compris de tous : je crois à l’universalité de l’émotion en quelque sorte.
Pour la ponctuation, elle est donnée par le vers et tous les rejets et choix de longueur sont revendiqués : j’écris comme dans un souffle, sous la dictée, ce qui m’oblige à beaucoup de corrections, dissections, supressions… 1000 mots pour en garder 50 à 100 au final.
J’ai besoin d’espace pour « dire » dans un ton souvent vindicatif, ce qui m’écarte forcément de l’approche poétique classique ( Une saison en Enfer, Lautréamont, Artaud et les grands textes en prose de Ferré me poursuivent depuis 25 ans…).
Mon éternelle insatisfaction (c’est pathologique…) a fait que c’est ici le premier endroit où je livre qulque chose.
Merci à tous
Trop longs, mal ponctués, mais y il a une force certaine dans ces essais
La poésie se sent plus qu’elle ne se lit…et surtout s’épluche! J’aurai pu aimer
certaines sobriétés, certaines approximations parlantes, mais les mots
« savants » ont tué le déroulement. Ca me rappelle un peu les « poèmes de mes
18 ans », personnels mais égocentriques.
Pourtant, il y aurait peut être matière à développer des textes plus
« fantastiques » ancrés dans la « réalité ».
Ce n’est que l’avis d’un autre « écrivant » tout à fait négligeable…ou pas ??
Cordialement!
grand marathon des mots à petites foulées
on retient son souffle jusqu’à l’arrivée
j’aime cette écriture haletante et directe
Très belle écriture. Deux très beaux textes de poésie en prose avec une nette préférence pour le premier « Pour racines » qui résonne plus en moi. Je suis littéralement charmée