Une écriture mal en point…

Je ne vous apprends rien en vous rappelant que la presse écrite est mal en point. (Jeu de mot facile)
De nombreux journalistes peinent à trouver un emploi mal rémunéré, les pigistes sont payés une misère et souvent avec un statut d’auto-entrepreneur imposé par les rédactions.

Quand je débat avec ces professionnels de l’information l’inquiétude est manifeste (dans un Club de la Presse, par exemple) et je tente de les rassurer quant à l’avenir du métier d’écrire :

 » Vous avez un inclination pour l’écriture, un style qui vous est propre, une formation reconnue, vous êtes donc des chevronnés de l’écrit. Alors, pourquoi rester cantonné à l’écriture journalistique ?
Bien d’autres possibilités s’offrent à vous pour gagner sa vie en écrivant. 
On n’a jamais tant écrit depuis la venue des sites, des blogs, des sites, des réseaux, de la publicité, du marketing, etc. Les opportunités d’y trouver une place au soleil ou d’inventer un job, ne manquent pas. »

Et là, généralement, l’assistance se cabre :
 » Vous croyez tout de même pas qu’on a fait une école de journalisme pour devenir des marchands de soupe ! Qu’on est prêt à mépriser le métier auquel on aspirait depuis le lycée ! » 
Pour eux, la question ne se pose même pas, il est impossible d’écrire autre chose que des articles.

S’en suit généralement un débat sur la déontologie du journalisme, ces principes, son honneur, son objectivité, etc.

Moi, l’autodidacte dyslexique qui rêvait d’être un écrivain mais qui ne suis qu’un modeste auteur, je ne les comprends pas.

Est-ce plus honorable d’écrire « du chien écrasé », « du people de caniveau » ou  » de « l’info téléguidée », que tout autre écrit ?

J’ai connu un peintre qui peignait « à la Delvaux » de superbes tableaux surréalistes, mais ils ne se vendaient pas. Pour  « faire bouillir la marmite », il peignait des natures mortes et des portraits et en vivait bien : « J’ai la chance de pouvoir vivre de ma peinture, se réjouissait-il, tout le monde ne peut en dire autant « .

J’ai pris modèle sur lui
Comme je voulais absolument vivre de l’écriture, j’ai accepté tout genre d’écrit. 
Même s’il s’agissait de rédiger des petites annonces, des lettres de vente, des flyers ou réécrire un catalogue.
Je remerciais alors le ciel de m’avoir donné le goût de l’écriture et de pouvoir en vivre plus ou moins bien.

Aujourd’hui encore, quel que soit le genre d’écrit qui m’est commandé, je le vois toujours comme une chance de faire ce que j’aime le mieux faire : ÉCRIRE. 

Dés que je prends place devant mon ordinateur, j’oublie que ce que je vais écrire n’a pas beaucoup de valeur ou peu d’importance. Que cet écrit n’informera pas objectivement, qu’il ne changera pas le monde.

Peu m’importe si je ne suis pas très fier de ce genre de travaux. Je m’applique et trouve ainsi le plaisir décrire.

Des groupes de presse produisent de plus non pas des « articles » mais des « contenus » dictés par les annonceurs. Olivier Goujon raconte très cela dans son livre.

Il est peut-être temps de penser l’intelligence artificielle comme complémentaire et non comme adversaire ?


3 réponses

  1. Levasseuri dit :

    Pour aller plus loin. Lire le magazine Marianne n°1141 du 25 janvier. Un bon éclairage sur le journalisme.

  2. ACHILLE Dominique dit :

    Je suis d’accord avec vous, Pascal. En tant qu’écrivain public, j’écris des lettres de motivation et des CV, car je n’ai pas souvent la chance d’être sollicité pour écrire une biographie, un article, voire un livre.
    René Urtreger, octogénaire, un de nos plus grands pianistes de jazz français, qui a joué avec les plus célèbres jazzmen américains dans les années 50 et 60, a joué du piano quelquefois pour Claude François. Ce n’est pas déshonorant. Il faisait ce qu’il savait et aimait faire.

  3. Michel-Denis ROBERT dit :

    Bonjour Pascal,
    Si l’écriture est mal en point et que des professionnels de l’écrit regardent « l’intelligence artificielle » avec respect, je ne m’étonne pas que celle-ci grignote leur gagne-pain. L’intelligence artificielle, si elle est artificielle, c’est pour répondre à des critères de rentabilité et d’économiquement correct.
    Je pense que ce sont les journalistes eux-mêmes qui devraient savoir se remettre en question. Est-ce que leurs études et/ou leur hiérarchie le leurs permettent ?
    Nous sommes dans un temps de remise en question constant, et les journalistes qui sont aux premières loges de l’actualité doivent aussi s’adapter tous les jours.
    Qui dirige cette fameuse « intelligence artificielle » ? Est-elle capable d’évoluer, dans quel sens, et à quelle fin ?
    C’est un bon sujet pour un journaliste perspicace.

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