Tout rapprochement avec des personnes existantes…
Emmanuel Pierrat, avocat et écrivain, prévient : « Tous les textes sont des objets de droit. La loi ne souffre donc pas d’exception en faveur de la fiction. En dépit du principe constitutionnel de liberté d’expression, le droit français comporte des dizaines de textes susceptibles de valoir à un romancier une convocation au tribunal : faute de « droit au roman », la jurisprudence applique donc aux écrivains les multiples articles relatifs à la diffamation, la présomption d’innocence, l’atteinte à la vie privée ou encore le message à caractère pornographique.
Peu importent les mentions prévenant le lecteur que tout rapprochement avec des personnes existantes serait fortuit, ou l’apposition du label « roman» sur la couverture, dès lors que les personnes, les lieux ou les marques sont identifiables, sans même être nommément cités.(…) »
Source : Le Monde Littéraire, vendredi 14 janvier 2011
J’étais avocat (et suis aussi écrivain) et laissez-moi vous dire que le pire ce n’est pas la fiction ni le roman mais le récit ! Seule la vérité absolue protège de la diffamation. Mais toute vérité n’est pas bonne à dire : parler de soi, ça va, mais à force de détails en se racontant, cela peut porter atteinte à la vie privée d’autrui en les identifiant indirectement ! Comment parler de son amour sans identifier insidieusement sa douce moitié ? Comment raconter sa vie professionnelle sans pointer du doigt collègues et supérieurs ? Attendre que tout ce joli monde soit décédé ? Pas facile le métier d’écrivain…
Vaste débat. Je ne suis pas juriste, mais j’accorde au moins à la loi le fait qu’elle examine au cas par cas les affaires liées au contenu d’édition. PPDA en sait quelque chose.
Je serais curieux de savoir si la véritable famille Bidochon (elle existe) a pu concrètement réagir à l’exploitation négative de son nom ?