Exercice inédit d’écriture créative 61

 D’abord je me suis dit : « Mais c’est qui ce bâtard ? »

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14 réponses

  1. Clémence dit :

    D’abord je me suis dit : « Mais c’est qui ce bâtard ? »

    Sur les tréteaux, la nappe blanche était tendue, la table dressée.

    Nobles et Seigneurs des alentours étaient conviés au Grand Festin du Duché de Bourgogne, en cette année de Grâce.

    Les nourritures fines, goûteuses et savoureuses étaient préparées en cuisine. Plumées, dépiautées, marinées, faisandées…Il fallait tenir les trois bâtards chapardeurs à l’écart..

    A frais, dans le cellier, les bouteilles se côtoyaient en ordre d’entrée en scène.

    Pommard, Meursault, Côte de Beaune et Volnay haussaient fièrement le col à côté des Médoc, Cadillac, et des Saints Estèphe, Emilion et Julien.

    Cinq minutes avant l’ouverture des agapes, un murmure enfla entre un Margaux et un Bandol (arrivé on se sait comment), dangereusement inclinés vers une tierce bouteille poussiéreuse…

    – Mais c’est qui ce bâtard?
    – Je ne sais pas, je ne parviens pas à lire son étiquette…
    – Mais qu’est-ce donc cette écriture ?
    – Éloignée de mille lieues de notre Gothique …
    – Je crois savoir qu’il s’agit d’une tendance, venue d’Italie…
    – M’en direz-vous un peu plus ?
    – Certains trouvaient le Gothique trop lourd et trop lent de copie…
    – Je plussoie cet avis…
    – Comme je le disais donc, cette tendance venue d’Italie s’inspire de la « scrittura cancellaresca »…
    – Oh, oh… on dirait une chandelle chancelante….
    – Tsss, tssss… ! On l’appelle plus couramment la bâtarde !
    – Et bien voilà, une bouteille d’un genre bâtard à l’étiquette manuscrite en style bâtard…Cela ne fait pas bel effet sur une grande table…

    La bouteille poussiéreuse n’attendait que cet instant pour se manifester…

    – Bâtard , bâtard, oui, mais Bâtard-Montrachet !

  2. Sabine dit :

    D’abord je me suis dit : « Mais c’est qui ce bâtard ? »
    Voyons voir…Une taille de guêpe, un cou de taureau, et une crinière de lion. Laid comme un pou mais fier comme un paon ; gai comme un pinson malgré un air d’ours mal léché. Têtu comme une mule et puant comme un bouc. Tête de linotte et bête comme une oie. Mais fort comme un bœuf …Pas de lézard, ce bâtard, c’est moi !
    ©Margine

  3. Halima BELGHITI dit :

    D’abord je me suis dit mais qui c’est ce bâtard? C’est la première question que je me suis posée lorsqu’ils sont rentrés à la maison, un couffin à la main.
    Je me suis doucement approché du berceau. Il avait plutôt l’air d’une petite crevette rose. Et qu’est-ce qu’il braillait ! Et pourquoi accouraient-ils dès qu’il ouvrait la bouche. Pourquoi était-il le centre de toutes les attentions ?
    Mais d’abord qui c’est ce bâtard ? Elle n’avait plus que d’yeux que pour le bâtard et lui ne faisait qu’en parler. Et moi, alors ?
    Au bout de trois jours, n’y tenant plus, je me suis adressé à lui, parce que je sentais bien qu’avec elle, ma question passerait moins bien. J »ai attendu qu’il soit seul dans le salon et je lui demandais  » Dis, papa, quand vont-ils passer le reprendre ? » Mon père me regarda surpris et me dit :  » Mais de qui tu parles, mon chéri ? » ALors je lui dit : » ben, le bébé !!  » Alors mon père me prit dans ses bras et me dit avec tendresse : « Mais mon chéri, il va rester avec nous pour toujours, c’est ton petit frère! » Je fis des yeux ronds. Mon frère ? Cette crevette était mon frère ?? Euh…mais c’est quoi..un frère ? A l’école, j’avais des copains et j’avais compris que c’étaient des garçons de mon âge que je voyais à l’école. Mais qu’est-ce que c’est qu’un frère ? Cela faisait trois ans que j’étais seul avec mon papa et ma maman et tout se passeait très bien. Avaient-ils besoin d’une autre garçon et puis…ça vit tout le temps avec soi dans la même maison sous le même toi, un frère ?
    Les jours suivants, les choses ne s’arrangeaient pas…c’est comme si je n’existais plus. Ma crevette de frère prenait toute la place. Ils était devenu moi à ma place!
    Il fallait que je réagisse. Mais que faire ?
    Je décidais de prendre mou doudou sous le bras, ma casquette, et le dessin de la girafe que j’amais tant et d’aller m’installer dans la petite cabane dans le jardin. Alors, tout le monde me chercherait partout et on ferait de nouveau attention à moi. Ce jour-là, je n’allais à l’école que le matin. Après le déjeuner, je décidais de mettre mon plan à exécution. Je me suis donc installé dans la cabanne et attendis qu’on me chercha. J’ai du m’endormir parce que lorsque je me suis réveillé, il faisait toujours jour, mais j’avais très faim. C’est normal, c’était l’heure du gouter. Je suis rentré à la maison. Mes parents étaients installés dans le salon avec la crevette. Quand elle me vit ma mère me sourit tendrement et me tendit un verre de chocolat bien chaud, ma boisson préférée. Mon père me pris sur ses épaules pour m’installer à table afin que je mange mon gouter. Que l’atmosphère était douce et chaleureuse ! Et tandis que je trempais ma tartine de beurre dans mon chocolat et que mes parents gazouillaient avec la crevette, je pensais : « un frère ? Après tout, pourquoi pas ? »

  4. D’abord je me suis dit mais qui c’est ce bâtard?
    Quand madame est descendue de sa voiture avec lui dans ses bras, nous les deux chiens de race de la maison on a aboyé de rire!
    Commençons par l’aspect, il a des poils de toutes les longueurs, et d’une couleur complètement improbable, mi roux, mi blancs, mi blondasses c’est sûr on ne fréquente pas le même salon!
    Et la tête, mon Dieu, comment peut-on être aussi laid! Un museau aplati, on dirait un singe. Avec cette tête de macaque, c’est au zoo qu’elle a du le trouver!
    Pour la dégaine, c’est quelque chose, il est haut comme trois pommes, marche comme une petite vieille, donne toujours l’impression de réfléchir, ’’après la patte gauche, la patte droite’’!
    Quand nous les chiens à pédigrée on s’est approché de lui en grondant histoire de l’intimider, on nous a envoyés promener comme des malpropres!
    Et cette boule de poils toujours fourrée sur les genoux de Madame, à nous narguer le nez en l’air….
    Et puis on a commencé à entendre : ‘’’mon pékinois par ci, mon pékinois par là’’,
    Dès le premier jour cette phrase m’a énervée, je me suis mis à tourner en rond, c’était plus fort que moi!
    Et depuis? …Allez– vous me demander.
    Depuis …j’ai quitté la maison, je continue de tourner en rond à ….(j’ose à peine prononcer ce mot)…..à la SPA,..c’est affreux!.
    Personne n’a compris ce qui m’était arrivé mais il faut que je vous dise, depuis ce fameux soir, j’ai un air qui tourne en boucle dans ma tête, c’est insupportable, …
    Ah cet air, mais vous le connaissez, ’’mon péki ki mon pé ki ki mon pé ki nois, mon pé ki ki mon pé…’’
    Geneviève Tavernier

  5. Soize dit :

    …aux antipodes, bien sûr… Mille excuses.

  6. Soize dit :

    J’aurais dû préciser : « slam de caillera ».
    Argh ! Mon ignorance crasse de ce que recouvre le slam est dévoilée ! Je suis démasquée. Car l’approche de Joseph Ciccotelli est tout à fait sensible et vibrante d’émotion(s). Aux antipode de ce slam cabot.

  7. Pascal Perrat dit :

    Belle idée ce slam
    il ne reste plus qu’à trouver les interprètes.
    En parlant de slam, nous connaissons un auteur que nous accompagnons
    et qui en tâte un peu.

    http://ciccotelli.over-blog.com/

  8. Soize dit :

    (à déclamer façon slam)

    D’abord je me suis dit : « Mais c’est qui ce bâtard ? »
    J’avais maté de haut sa robe léopard,
    Toisé sa toison fauve débordant du poitrail,
    Sa crinière sauvage, ses allures de racaille
    Sa meuf avait du chien, c’était une bombasse,
    Au cou elle portait un collier en caillasses
    Qu’avait coûté un max, y devaient être blindés
    Ou bien ce sale iench l’aurait-il chouravé ?
    Sa tronche de baltringue appelait la baston
    Mais j’avais pas envie de finir en zonzon,
    Il faisait son gossbo dans toute la cité
    C’est à ce moment-là que se mit à siffler
    Une jolie belette vers laquelle il bondit
    Les yeux mouillés de joie et la face abrutie
    J’ai pigé rapido que c’était sa maîtresse
    Quand ce blaireau jappa en sautant sur sa laisse.

    © soizeD 2012

  9. gepy dit :

    D’abord je me suis dit : “mais c’est qui ce bâtard ? “

    Il me regarde dans ce miroir. Il m’a “ convoqué “. J’en ai l’habitude mais celui-ci me semble, comment dirons-nous, prétentieux !

    Son aspect, déjà : sa double couleur de gueule avec son inversion de teinte de cerclage d’œil ( une mi-face blanche et l’autre marron avec un œil marron sur la partie blanche ! ), c’est comme irréel, comme artificiel !
    Qui a bien pu le créer ainsi ?
    Moi, ça me demande des efforts considérables pour le reproduire à l’identique ! Et je dois le suivre dans sa moindre gestuelle !

    Ensuite, quelle arrogante allure !
    Il croit peut-être être plus libre que moi, sans doute ! lui et son misérable collier d’animal domestique !

    Il va bientôt partir de la pièce et disparaitre du miroir et c’est tant mieux ! Qu’il court dans son monde et qu’il me libère pour que je retrouve le mien.

    Comme je disais : j’ai l’habitude d’être “ appelé “ pour ces missions d’auto-projection. En fait, c’est mon job : je suis reproducteur d’image de chien, section doublure simple d’image ( il existe d’autres sections comme le doublure multiple d’images (exemple dans un palais des glaces, les boules multi facettes …) …).
    Mon monde est celui de l’invisibilité. Je m’explique : je vole à travers la planisphère pour répondre aux demandes de tous ces chiens qui s’admirent et ont besoin d’une identité visuelle .
    Mes préférés sont ceux qui se mirent dans une flaque ou un cours d’eau. Souvent, leur réflexe premier est de se désaltérer et non de se regarder dans le reflet de cette eau. Mais, quand cela arrive, c’est pour moi un grand bonheur . Cela traduit une réelle intelligence canine qui se lit dans leurs yeux ! ( Et non pas comme ce bâtard prétentieux que ses maitres ont du pousser devant le miroir !).
    Dans ce cas, j’avoue que je m’applique à les reproduire à la perfection afin de faire jaillir en eux de la fierté en découvrant leur physique, même s’ils ne sont pas gâtés par la nature ! J’essaie de leur transmettre une certaine dignité à travers leur propre corps.

    Donc, je suis reproducteur d’image mais pour la gente canine uniquement. Il faut savoir que, dans l’univers de l’invisibilité, chacun d’entre nous a une mission très précise : refléter un seul “ type “ d’être vivant.
    On est nombreux à bosser dans ce secteur, c’est très porteur l’image de soi, surtout à notre époque.
    Pour vous expliquer rapidement le principe : c’est un peu similaire à la croyance de la réincarnation de l’homme dans un animal. Nous, nous sommes la réincarnation du reflet de l’image de l’être vivant et, pour moi, le sujet est le chien . C’est simple, non ?
    Par ce job, je survole la terre entière a une vitesse vertigineuse ( je ne connais pas de comparaison avec votre technologie, c’est un peu comme l’apparition d’un rêve qui s’efface au réveil ). Jai découvert des paysages extraordinaires.
    De toute façon, je n’ai pas le choix, je dois répondre à l’appel des miroirs, sinon, ils n’existeraient pas. Et comment pourrait-on vivre si on ne pouvait plus retrouver son “autre moi” dans un miroir ? Seul, le regard des autres vous traduirait votre apparence ? Quelle galère ! Style : “ je suis coiffée comment ? Ai-je les dents blanches ? Est-ce-que mes vêtements me vont ce matin ? “. Enfin bref, quelle gêne dans le quotidien !

    Pour le chien,c’est considéré comme négligeable car, franchement, qui s’intéresse à cette question : “ que pense le chien de son image ? “
    Quelque soit la réponse, moi, j’y attache de l’importance. C’est mon travail. J’y mets tout mon cœur ; j’y mets de la précision,de la rigueur, de la couleur, de l’expression, de l’amour, quoi ! C’est pour cela que j’occupe ce poste depuis des centaines d’années et j’en suis très fier.

    D’ailleurs, je vais devoir vous quitter. Je suis “Bippé” pour Hollywood. Un film se monte avec comme acteurs uniquement des chiens ( il me semble que l’on m’a déjà sollicité pour ce genre de montage il y a quelques années! ). ça va m’en faire de la reproduction entre le maquillage, le coiffage … ça va être sympa ! Il y a aussi les séances photos et prise de vue, mais, pour ce domaine, une autre section intervient.
    Vous voyez, là, je pars aux States. Je vais régulièrement en Chine pour l’année du chien. Que du bonheur ! Cette année est celle du dragon. Tant mieux car mon collègue qui gère ce thème est en pleine déprime. Il est difficile d’être sollicité avec le dragon ! Il semblerait qu’il ait pas mal travaillé à la Préhistoire et au Moyen-âge. Mais ce sont ses dires et je n’ai aucune preuve de ce qu’il expose !
    Ah, on me “bippe” pour un petit détour à la Maison-Blanche : sortie familiale avec le chien, tout le monde doit être apprêté.

    Bon, je vous quitte pour voler à mes miroirs en m’excusant d’avoir traité ce jeune chien de “ bâtard “, au début de mon histoire, nous n’avons pas le droit de jugement sur notre reproduction dans le monde de l’invisibilité.
    J’espère que vous penserez désormais à moi en vous regardant, chaque matin,dans votre glace et que vous vous direz : “cette image de moi-même est parfaite, il n’y a rien à retoucher ! merci, travailleurs de l’invisibilité !”

    Bonne journée ou bon vol (en fonction de votre position face au miroir, bien sûr ).

    Gepy

  10. Mickaël dit :

    D’abord je me suis dit : « mais c’est qui ce bâtard ? », pourquoi est-il là face à moi sans que je puisse exécrer la colère et la haine de cet aveu fatale. Sous mes doigts se trouvait la preuve irréfutable que mon arbre généalogique venait de perdre une branche sur laquelle mon avenir était posé. Ne pouvant retenir mes larmes, je suffoquais, je tremblais, je vacillais, je perdais pied face à celui qui me ressembler tant. La perte de son identité dans le regard d’un autre représente une peine immense, c’est le fruit pourri d’un secret qui vous foudroie net, un peu comme être occis par la trahison de son cordon de vie. Après réflexion je me suis avoué que l’apparence d’un être sans comprendre son histoire, sa construction et son patrimoine, est la pire des méprises. Le regard torve, je jugeais « l’autre » sans me questionner sur le fondement de ma frustration, qui existe depuis que j’ai trouvé cette photo. J’ignorais le talent héroïque qu’il faut pour s’absoudre de son statut d’hybride et mobiliser les forces vives de son corps pour fléchir la pensée unique et sévère d’une société trop obtuse pour accepter certaines faiblesses. L’erreur est humaine soit disant, la matrice d’un air mâtiné pousse l’être a succombé sous la myriade des détracteurs qui obligent « l’autre » à s’identifier comme exclu alors que la différence est tout de même malingre. Sans pérorer et forcer le trait d’une démarche intrinsèque, je me suis lancé à contre courant dans la recherche de cet homme dont j’ignorais le rôle. Le cliché se trouvait dans une petite enveloppe au fond d’une malle sur laquelle était notée « de toi pour toujours ». Les premiers indices étaient troublant de vérité, même nez, même bouche, mêmes yeux, même allure, un peu trop de moi quoi. Pourquoi autant de similitude avec quelqu’un que je ne connaissais même pas. Je descendis quatre à quatre les marches de l’escalier menant au grenier. A peine essoufflé, je pris ma mère par la main, sans la prévenir de ma découverte, et je l’amenais dans un lieu neutre afin de lui faire part de mon chagrin. Après quelques balbutiements, son regard se figea et elle adopta un langage particulier comme si elle voulait me guérir d’un mal qui couve depuis tellement de temps. Je lui demandais de me donner les raisons d’une telle démarche. Elle me raconta que mon père était bon, courageux, fort et structurant, mais qu’elle voulait connaître la folie, l’ivresse, le créatif et l’illégitime. Se parer d’un costume qui ne lui allait pas pour camoufler son envie d’interdit et d’aventure. La force de ses sentiments donna le sens de mon histoire m’expliqua-t-elle. S’accrocher à son premier amour dans mon regard était pour elle la légitimité de son acte. Alors pourquoi elle me parlait de mon père puisque la concordance de cet inconnu m’amenait à m’éloigner de celui qui me regardait grandir depuis vingt ans déjà. Elle posa sa main sur mon épaule sans force mais de façon apaisante et m’alerta de la crainte qu’elle avait de me confier l’origine de mon nez aquilin, de mes yeux racés, de ma bouche onduleuse alors que mon « père » était aux antipodes de mes traits originels. Alors pour que je n’identifie pas cet homme à un maraud, elle éveilla ma sensibilité à ma culture, à mon audace et à ma recherche de vérité. Elle multiplia les excuses, et finit par me dire que j’étais là par amour et que le seul contact qu’elle garda de lui ce fut moi. Pour éviter que je m’égare dans ce flou émotionnel elle insista sur le pan de l’affect et repris Euripide qui a dit que « le bâtard est souvent meilleur fils que l’enfant légitime » ce à quoi je ne pus répondre mais finalement se perdre c’est se retrouver.

    Mickaël Dubord ©

  11. anatole brumaire dit :

    Le bâtard

    D’abord, je me suis dit : « Mais c’est qui ce bâtard ? »
    Quand les autres portent un nom, c’est celui de leur père
    Le mien est inconnu, perdu dans un brouillard
    Où je le cherche en vain, comme un grain de poussière.

    Ensuite, je me suis dit : « Le bâtard a grandi »
    Comme il put au début. Longtemps, je fus petit
    Puis un jour, j’ai compris que la place du père
    Serait plus belle encore, dans mon imaginaire.

    Enfin, je me suis dit : « Le bâtard peut être fier »
    De ce qu’il a bâti, sans l’aide de personne
    Sans les précieux conseils que tout père, un jour, donne
    Moi, j’ai construit, tout seul, une jolie étagère.

  12. vergeylen dit :

    D’abord je me sus dit:  » Mais c’est qui ce batârd »
    En fait je m »étais dit : « Mais qu’est ce qu’il a l’air con, vraiment une gueule de demeuré ». puis je me suis retrouvé assis à côté de lui au déjeuner. Il paraît qu’il n’y a pas de hasard. Puis on s’est causé. On n’est pas des bêtes quand même. Il a raconté que des fadaises. Il avait l’air tout petit pas bien dans sa peau. Puis un gars lui a demandé: Qu’est ce que tu fais comme taf? Puis il a raconté. C’était magique. Il avait construit un aéroport en Afrique du Sud. C’était passionnant. Ce n’était plus un bâtard. C’est mon ami. De toute façon toutes les personnes qui sont devenues mes amis, ça a toujours commencé comme ça. La première fois que je les ai vu je me suis dit : « Mais c’est qui ce bâtard?

  13. Brigitte dit :

    D’abord je me suis dit : « Mais c’est qui ce bâtard ? »
    La ficelle était un peu grosse ! La boulangère avait décidé de me vendre cette baguette au prix du bâtard. Moi, on ne me roule pas dans la farine aussi facilement. Fils de boulanger, je sais reconnaitre au premier coup d’œil la différence entre deux pains. C’était comme si elle me faisait payer la flute au prix de la brioche. En plus, son pain était rassis ; surement né d’une farine frelatée dans quelque pétrin de passage.

  14. George Kassabgi dit :

    D’abord je me suis dit : « Mais c’est qui ce bâtard ? »

    Elle s’était approchée de ma table sans que je m’en rende compte. J’étais le seul client. Je lisais un roman et, comme d’habitude, je m’immaginais dans une conversation avec les acteurs d’un drame humain.

    « Que lisez-vous ? » me demanda-t-elle. En première réponse, après une ou deux secondes, je la fixais tandis que je passais de mon état de lecteur interactif à celui de compagnon improvisé dans la brasserie de l’hôtel de tourisme.

    « Lettre d’une inconnue, par Stefan Zweig » lui dis-je enfin.

    Un échange prit forme. Elle aimait poser des questions, cela devint évident. Une journaliste, peut-être. À presque chacune de mes réponses, elle me faisait part d’une expérience personnelle pour ainsi dire démontrer que tout n’est que répétition depuis bien longtemps. Elle n’avait pas lu le livre de Zweig que je tenais dans ma main mais elle pouvait citer un autre auteur qui raconte l’aventure de deux voyageurs qui se rencontrent par hasard dans une gare et puis se racontent leurs vies durant le voyage. Il n’y avait, ç ma connaissance, aucun rapport entre les deux livres mais j’acceptais l’opinion venue de loin avec le sourire.

    L’impression initiale allait devenir floue. Le whisky que je demandais au bar pour tous les deux n’avait aucun rôle dans ce début de métamorphose.

    Et puis, petit à petit, l’oiseau fit son nid.

    Un bâtard ?

    Rien n’est bref et simple, malgré les apparences.

    George Kassabgi

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