Exercice inédit d’écriture créative 54
Il était né dans l’ombre, pas un rayon de lumière n’avait éclairé sa venue au monde.
Aux yeux de ses parents il fut inapparent, il n’existait pas.
Sa vie devint crépusculaire.
Inventez la suite
Il était né dans l’ombre, pas un rayon de lumière n’avait éclairé sa venue au monde.
Aux yeux de ses parents il fut inapparent, il n’existait pas.
Sa vie devint crépusculaire.
Inventez la suite
Il était né dans l’ombre, pas un rayon de lumière n’avait éclairé sa venue au monde.
Aux yeux de ses parents il fut inapparent, il n’existait pas. Sa vie devint crépusculaire.
C’est en l’an de grâce 1217 que l’on parla vraiment de lui. Une poignée de maisons, quelques peintures rupestres et des vestiges romains agrémentaient le décor de-ci, de-là.
Il était né dans l’ombre. Pas un rayon de lumière n’avait éclairé sa venue au monde.
Il était né d’une mère « au foyer » et d’un père se tuant à travailler le fer et le charbon.
Lieu de résidence : Valle Antrona.
Pas un rayon de lumière en cette journée d’hiver.
Pas un rayon de soleil pour adoucir les toits de lauzes et les façades en pierres grises.
Pas un passant dans les rues glaciales aux ombres crépusculaires.
Il était né dans l’ombre.
Aux yeux de ses parents, il fut quasi inexistant. Chétif et chiffonné, replié sur lui-même….
Certains espéraient, d’autres se résignaient.
Certains espéraient des jours meilleurs, le départ vers ailleurs, la richesse, une vie plus clémente.
D’autres se résignaient, s’accrochaient et rêvaient de jours meilleurs, dans cet écrin de granit et d’ophiolites.
Les années et les siècles s’écoulèrent.
Immuablement, des soupirs déchirants lacéraient l’obscurité hivernale.
Immuablement, une frénésie printanière apaisait les âmes et les corps.
Un poète romantique aurait écrit cette vie en ressac obsédant d’un Océan fou.
Un poète contemporain réveilla la cité. Tout le monde en fut ébloui.
Le 26 novembre 2006, un miroir géant fut installé sur la montagne. Depuis, il reflète les rayons du Soleil en hiver et illumine la piazza centrale de Viganella…
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Italie – Piémont.
Viganella est une commune de la Valle Antrona. Cette vallée est si étroite et si profonde que Viganella ne voit aucun rayon de soleil de la mi-novembre à fin janvier.
204 habitants, 16 au km² ;
46°03′ 03 » N – 8°11’15 » E
Altitude 1012 m
Il était né dans l’ombre, pas un rayon de lumière n’avait éclairé sa venue au monde. Aux yeux de ses parents il fut inapparent, il n’existait pas. Sa vie devint crépusculaire.
On ne parlait pas de lui, ou si peu, entre intimes. Quelques-uns avaient bien tenté de faire sa connaissance, avaient posé des questions. En vain.
Pourtant parfois, quelques bribes s’échappaient. On en révélait une phrase ou deux à l’un, une phrase ou deux à l’autre…Et à force de petites phrases, de recoupements, on le connut parfaitement, le secret.
Dès lors, il mourut. Un secret doit vivre dans l’ombre, ne pas exister, être inapparent. La lumière le tue.
©Margine
Il était né dans l’ombre, pas un rayon de lumière n’avait éclairé sa venue au monde.
Aux yeux de ses parents il fut inapparent, il n’existait pas.
Sa vie devint crépusculaire.
Ses yeux d’un bleu transparent, sa peau d’un blanc délavé, ses cheveux hirsutes vaguement bruns avec queslquess mèches jaunes, tout en lui était pâle et insignifiant. Il s’appelait Benoit. Benoit Detravers. Souvent, tout au long de sa vie, il s’était demandé si son nom de famille n’avait pas quelque chose de prémonitoire. Enfant, il avait pris l’habitude de passer inaperçu. Il apprit à se fondre dans le décor, à ne pas se faire remarquer, mieux encore … à se faire totalement oublié. Plus tard, en classe, il n’était jamais interrogé par ses professeurs. Il n’avait pas d’amis, parlait peu et passait le plus clair de son temps à lire des magazines scientifiques. Les cellules, les molécules, les atomes le passionnaient, il se sentait étrangement proche, sur le plan affectif de ces formes de vie infiniment petites. Dans son coeur, il avait pris sa décision : plus tard, il serait chercheur. Il travaillerait dans un laboratoire à l’abri des regards. Il passerait son temps à observer le comportement et l’évolution de ces molécules qu’il affectionnait tant. Il se hâta de passer son bac scientifique pour entreprendre des études qui le ménèraient à son objectif. Après un doctorat brillamment obtenu en recherche biologique et molléculaire, Benoit, pouvait enfin se dédier à sa passion. Caché dans son laboratoire, il passait ses journées et souvent aussi une partie de ses nuits à observer sous son microscope les toutes premières formes de vie. Il s’était marié avec Adèle Poussetoi, une chercheuse comme lui, dont il avait attiré l’attention sans la rechercher un jour qu’il discutait avec elle de sa passion. Quand il en parlait, c’était le seul moment où ses yeux s’illuminaient d’une lumière ardente et que son visage affichait de la couleur. Leur mariage n’avait pas attiré grand monde. Les deux tourtereaux s’étaient habitués à vivre dans la discrétion et l’ombre et n’avaient pas fait grand bruit autour de leur union. Pour ses parents et son entourage il était toujours aussi inapparent et insignifiant. Pour avoir du poids auprès d’eux, Benoit avait pris du poids physiquement. Il était devenu corpulent et l’on pouvait difficilement ignorer sa présence même s’il restait quelqu’un de très effacé. Les années passèrent. Benoit continuer à chercher. Sa famille à l’ignorer. Adèle à l’admirer. Lassé du comportement des siens, Benoit ,finalement, finit par couper les ponts avec eux. L’isolement ne lui faisait pas peur, il y était habitué depuis toujours. Et puis, il se sentait de moins en moins seul. ses kilos lui tenaient compagnie et le rassuraient. Tout comme sa femme. Mais personne ne remarquait son travail acharné. Et Benoit travaillait beaucoup. Ses parents vieillissant de ne souciait plus guère de lui. Son père, Raymond Detravers, atteint d’un cancer, n’était plus préoccupé que par sa maladie. Son fils obèse n’avait aucune place dans son esprit. Un dimanche, Raymond, comme à son habitude s’installa sous la véranda pour lire son journal. A peine avait-il parcouru les grands titres de la première page que son coeur cessa de battre. Terrassé par une crise cardiaque, sa femme, Geneviève, le retrouva deux heures plus tard, écroulé sur son fauteuil préféré, sans vie. Le journal trônait à ses pieds. A la Une on pouvait lire » Ce matin à Oslo, le prix Nobel scientifique a été attribué à un chercheur français. Benoit Detravers, 48 ans, a été récompensé par la communauté scientifique internationale pour avoir découvert la molécule qui guerit du cancer… »
Il était né dan l’ombre, pas un rayon de lumière n’avait éclairé sa venue au monde. Aux yeux de ses parents il fut inapparent, il n’existait pas. Sa vie devint crépusculaire, pendant toute son enfance, il fut l’ombre de lui-même. Après des étude ternes, il se sentit étouffer au milieu de cette famille qui l’avait toujours considéré comme le vilain petit canard. Il quitta un beau jour ses parents, sa guitare sous le bras. IL décida de faire ce qui lui plaisait avec la ferme volonté de sortir de l’ombre. Il devint le guitariste d’un groupe, qui commençait à être connu. Du jour au lendemain il entra dans la lumière, il devint célèbre, son nom était sur toutes les lèvres. Quand il était sous les feux de la rampe il aimait cela. Aussi à l’aise à la ville qu’à la scène, il brillait en société maintenant. Sa dernière chanson était sur toutes les lèvres, il était devenu une idole, il avait sa revanche!
Geneviève Tavernier
« rectification malheureuse »
« Il était né dans l’ombre, pas un rayon de soleil n’avait éclairé sa venue au monde. Aux yeux de ses parents il fut inapparent, il n’existait pas. Sa vie devint crépusculaire.
Dans l’anonymat il fut contraint à l’oubli, avorton sous caution, il survivait tout au plus. Il affrontait un vrai fiasco, un bât sur son dos pour accusation, il avait un air vil sans condition pour un rachat total. Mais son avis badin, un brin poussif, faisait sur lui un savant compromis propulsant la vox populi sur un banc pour bannis. Alors il apparaissait sous un air charmant, accro à la musculation du plaisir pour abolir un blocus humain trop lourd pour un bambin cassant. Mais sur lui la population imposait un portrait sans illusion, un bouffon obscur, pas plus ni moins. Dans un fruit trop noir pour murir, l’ablution du mal construisait un plan primordial pour lui, afin parait-il, d’haïr la mort du soir sans adoucir l’abandon quand surgirait la contagion du matin. Hors un brin fourbu, l’haro du garçon valorisait son affront pour grossir la punition d’un humain obtus par l’oubli, pourtant rompu à la loi du talion plutôt qu’à l’apport d’un bras fort pour sortir du brouillard absorbant qui volait son droit pour grandir. Hormis un olibrius affichant l’option du jour, un instant sans combat fatal pour offrir un plaisir fou à son chagrin. Mon gamin, sans maman ni papa, avait un rival qui lui livrait un combat sans fin, un ami à la Juda, sans foi ni loi affirmant un futur pourtant sans ambition, un vautour sous un nom connu : la mort. Aujourd’hui aucun but pour lui, toujours sans option il doit son salut à l’abri qu’un vagabond construit autour de lui sous un pont. Il sait qu’à tout instant son statut, à la façon d’un tyran, aura un parfum puant qui sans s’avilir produira la fin du conflit instaurait par l’abandon filial. Il pourra, alors, livrait son baroud final pour abolir, à la façon d’un pantin sans fil, l’intrusion du mal. Mais l’illumination d’un avorton sans rayon ni maison, pourra sous l’impulsion d’un amour impromptu s’offrir un hasard folichon d’ouvrir son corps à l’adoption. Alors qui vivra saura… »
Mickaël Dubord (c)
« Il était né dans l’ombre, pas un rayon de soleil n’avait éclairé sa venue au monde. Aux yeux de ses parents il fut inapparent, il n’existait pas. Sa vie devint crépusculaire.
Dans l’anonymat il fut contraint à l’oubli, avorton sous caution, il survivait tout au plus. Il affrontait un vrai fiasco, un bât sur son dos pour accusation, il avait un air vil sans condition pour un rachat total. Mais son avis badin, un brin poussif, faisait sur lui un savant compromis propulsant la vox populi sur un banc pour bannis. Alors il apparaissait sous un air charmant, accro à la musculation du plaisir pour abolir un blocus humain trop lourd pour un bambin cassant. Mais sur lui la population imposait un portrait sans illusion, un bouffon obscur, pas plus ni moins. Dans un fruit trop noir pour murir, l’ablution du mal construisait un plan primordial pour lui, afin parait-il, d’haïr la mort du soir sans adoucir l’abandon quand surgirait la contagion du matin. Hors un brin fourbu, l’haro du garçon valorisait son affront pour grossir la punition d’un humain obtus par l’oubli, pourtant rompu à la loi du talion plutôt qu’à l’apport d’un bras fort pour sortir du brouillard absorbant qui volait son droit pour grandir. Hormis un olibrius affichant l’option du jour, un instant sans combat fatal pour offrir un plaisir fou à son chagrin. Mon gamin, sans maman ni papa, avait un rival qui lui livrait un combat sans fin, un ami à la Juda, sans foi ni loi affirmant un futur pourtant sans ambition, un vautour sous un nom connu : la mort. Aujourd’hui aucun but pour lui, toujours sans option il doit son salut à l’abri qu’un vagabond construit autour de lui sous un pont. Il sait qu’à tout instant son statut, à la façon d’un tyran, aura un parfum puant qui sans s’avilir produira la fin du conflit instaurait par l’abandon filial. Il pourra, alors, livrait son baroud final pour finir à la façon d’un pantin sans fil ou un miroir glacial d’un corps sans halo. Mais l’illumination d’un avorton sans rayon ni maison, pourra sous l’impulsion d’un amour impromptu s’offrir le hasard folichon d’ouvrir son corps à l’adoption. Alors qui vivra saura… »
Mickaël Dubord (c)
ps: intervention certes farfelue mais Pascal je vous laisse le loisir de trouver l’astuce que vous m’avait soufflé un jour..
Il était né dans l’ombre, pas un rayon de lumière n’avait éclairé sa venue au monde. Aux yeux de ses parents il fut inapparent, il n’existait pas. Sa vie devint crépusculaire et parti en éclats. Nul doute pourtant qu’il aurai été fier de montrer ses yeux rougeoyant, bercer par la lumière d’un simple accident. Mais ses parent n’en avait que faire de ces rêves d’enfant alors mystérieux et solitaire il a grandi autrement. Tapis dans l’ombre de la misère, il esquissa ses pleure tranquillement, sans avoir de repères que peuvent donner de bons parents.
Merci Hazem ! Je ne sais comment est venue cette… illumination.
Pour ma part je dois dire qu’il fallait le voir, l’alexandrin de « Aux yeux de ses parents, il fut inapparent ». Et tirer ce début vers des vers (vers des vers..?). Retour de chapeau !
@Soize j’ai adoré… « Il brûlait de la refroidir. » « ne sachant plus s’il voulait éteindre ou étreindre la belle incendiaire » 🙂 splendide !
Il était né dans l’ombre, pas un rayon de lumière n’avait éclairé sa venue au monde. Aux yeux de ses parents il fut inapparent, il n’existait pas.
Sa vie devint crépusculaire.
Ce petit homme sombre et transparent traversait l’existence sans éclat. Il était veilleur de nuit, il vivait en marge de ses concitoyens, décalé et invisible. Personne ne le voyait, personne ne le remarquait. C’était un homme de l’ombre, debout au coucher du soleil, couché à ses premiers rayons. Toujours de noir vêtu. Il ne réfléchissait pas, il faisait sa tournée du bâtiment obscur et calme, il écoutait, il se posait, puis il recommençait. Et il disparaissait avant que les hommes n’arrivent.
Puis un jour, une nuit dirais-je, une nuit noire et profonde, il y eut un éclair. De ceux qui illumine la terre entière, qui vous retourne au plus profond de vous-même, qui vous transcende et vous éblouisse. Et là, dans la pâle lumière de la voie lactée, assis sur le rebord d’une comète, il y avait le petit prince.
‘Dis veilleur, allume moi ma bougie !’
L’homme le regardait, incrédule. Comment le petit prince pouvait-il le voir lui, en pleine nuit, lui que personne ne voyait, que personne ne remarquait.. Il se détourna.
‘Dis veilleur, allume moi ma bougie, s’il te plait’.
Le veilleur.. C’était lui !
‘J’ai besoin de lumière, j’ai perdu mon mouton.. s’il te plait. Que vais-je devenir si je ne le retrouve pas, je ne peux vivre seul, et lui, sans moi pour m’occuper de lui, il va mourir.. S’il te plait, allume moi ma bougie’.
L’homme ne comprenait pas, lui qui ne comptait pour personne, transparent aux yeux de tous, il était sollicité par ce petit être de lumière pour l’aider à retrouver un mouton !
‘Dis veilleur, as-tu un mouton ? De qui t’occupes-tu ?’
De qui je m’occupe ?
‘S’occuper d’un être vivant, en prendre soin, savoir qu’il compte pour toi et que tu comptes pour lui, n’est-ce pas merveilleux ? Le monde n’est pas que froid et sombre, le coeur est un bouton de rose qui doit éclore, avec la chaleur des baisers d’une maman, la force virile d’un câlin paternel, l’éclairage de l’amour. Le tien n’a pas encore fleuri. Tourne le vers la lumière, ouvre le aux autres, aux oubliés de la vie comme tu l’es aujourd’hui, va vers le soleil, trouve toi ton mouton, tes moutons et tu découvriras la saveur de la vie.. Mais, s’il te plait, allume-moi ma bougie !’
Le veilleur prit une allumette, le petit prince lui sourit, son coeur se serra. Il alluma la bougie, la petite flamme vacilla puis emplit l’espace de sa clarté et.. il se réveilla. Il faisait clair, la lune s’était levée et un de ses rayons lui caressait la joue. Sensation éphémère mais si forte pour notre petit homme invisible.. Il avait approché l’échange, il avait frôlé la douceur, il avait entendu le petit prince, il s’était senti vivant. ll allait allumer la bougie qui lui montrerait le chemin…
© Gwenaëlle Joly
Il était né dans l’ombre, pas un rayon de lumière n’avait éclairé sa venue
au monde.
Aux yeux de ses parents il fut inapparent, il n’existait pas.
Sa vie devint crépusculaire.
Il s’étiolait et allait peu à peu s’éteindre sans laisser de traces.
Jusqu’au jour où il rencontra Stella. Elle resplendissait comme un astre. Son sourire illuminait le jour. Sa simple présence embrasait la nuit. La belle espagnole allumait des réverbères et autres candélabres tous les soirs sur les trottoirs de Paris.
Il rêvait en secret de lui déclarer sa flamme, mais nulle étincelle ne jaillissait de lui. Elle était braise, il n’était que charbon. Il prit ombrage de cette impuissance. Aveuglé par la colère, il voua son âme aux ténèbres et, dans la noirceur de son cœur blessé, se jura d’anéantir la lumineuse enfant.
Exalté pour la première fois de sa vie, il échafauda un plan brillant pour étouffer cette beauté solaire.
Il brûlait de la refroidir.
Il choisit une nuit sans lune pour accomplir son sinistre forfait.
Tapi dans l’ombre, il suivit la belle noctambule dans son périple péripathétique tout au long des rues de la ville. Il choisit une voie isolée pour fondre sur elle.
Mais au contact du corps céleste, son esprit s’obscurcit, ses pensées s’embrouillèrent.
Il retint son geste, ne sachant plus s’il voulait éteindre ou étreindre la belle incendiaire.
Elle le regarda de ses grands yeux brûlants et lui révéla la lumière : « Regarde autour de toi, ‘hombre’, dans l’obscurité il n’y a pas d’ombre. Nous sommes tous égaux dans la profondeur de la nuit. » Et en disant cela elle déposa un baiser ardent sur ses lèvres éteintes.
Elle venait d’allumer un cierge qui, dit-on, brûle encore aujourd’hui.
Ombre et lumière
Il était né dans l’ombre, pas un rayon de lumière n’avait éclairé sa venue au monde.
Aux yeux de ses parents il fut inapparent, il n’existait pas. Sa vie devint crépusculaire.
De la lecture viendra la lumière, lui dit un jour un viel homme qui vivait dans l’ombre. Suivant les conseils éclairés de l’ermite, il devint un habitué de la bibliothèque, s’y rendant à l’heure de la fermeture. Nul ne prit ombrage de cet enfermement volontaire. C’est ainsi qu’il se prit de passion pour « La nuit des morts vivants ». Il connut ses premiers émois lors de la découverte de « A l’ombre des jeunes filles en fleurs ». Mais, sans conteste, son héros préféré devint Lucky Luke, l’homme qui tire plus vite que son ombre.
Un dimanche, à la nuit tombée, il passa devant la vitrine violemment éclairée d’un magasin de jouets. Tout à fait par hasard, son regard fut attiré par un pan de mur blanchi à la chaux situé à l’opposé de l’autre côté de la chaussée. Il y vit se dessiner une silhouette en ombre chinoise. En levant un bras et puis l’autre, ses membres prirent forme sur l’écran du mur. Amusé par ce phénomène, il se mit à danser une gigue, la silhouette gigotait dans le même tempo. En s’éloignant de la vitrine, il s’aperçut que l’ombre grandissait. C’est donc comme cela qu’on devient adulte, s’était-il dit, tout étonné de la facilité à franchir cette étape. Pressé de quitter le monde de l’adolescence, il s’éloigna encore de la vitrine.
Un camion de déménagement cueillit notre imprudent à pleine vitesse. Le conducteur se demande encore ce qui a pu occasionné ce choc.
Avec un peu d’attention, ce dernier aurait pu voir, face au magasin de jouets, sur le pan de mur blanchi à la chaux, se dessiner les contours en ombre chinoise d’un pantin désarticulé.
Alain Lafaurie
Il était né dans l’ombre, pas un rayon de lumière n’avait éclairé sa venue au monde.
Aux yeux de ses parents il fut inapparent, il n’existait pas.
Sa vie devint crépusculaire.
Toute sa vie il courut après cette lumière à l’horizon qu’il ne quittait pas des yeux, il courut à pas de géant pour qu’elle ne lui échappa pas. Papa, lui qui lui avait lu, enfant, ces belles histoires, à la lueur de sa feue existence dont il ressentait quelques braises rougir dans le bas de son ventre, à chaque mot, chaque image comme celle, là-bas au loin, qu’il ne perdait jamais de vue et qui scintillait dans une infime couche lumineuse rougeâtre.
Elle était le sens à sa vie. Il savait que de l’autre côté se trouvait un jour nouveau, lumineux, éclatant, d’une douceur exquise, sous le grand projecteur d’une scène ouverte à tous, gesticulant, se bousculant, s’invectivant, riant, s’embrassant, mourrant, renaissant dans ce grand manège enchanté sans fin, au décor de piste aux étoiles, la nuit tombée.
Toute sa vie il courut après cette lumière inaccessible, il courut après ce jour qui ne se levait toujours pas, il courut sur ce chemin sans fin, sous ce crépuscule en état permanent qu’il maudissait à chaque pas et qui finit par le rendre fou, complètement hystérique jusqu’à l’épuisement. Il tomba, rampa, s’agenouilla, fixa l’horizon, et sans pouvoir rien n’y faire assista à l’effroyable. La lumière s’évanouit et s’éteignit comme une bougie qu’on venait de lui souffler. Il venait d’avoir 31 ans.
Il pleura et se coucha pour se laisser mourir dans le noir total, même la lune n’assisterait pas à son enterrement. Quand, quelques heures plus tard, derrière lui un rayon d’une lumière qu’il ne soupçonnait pas le réveilla. Il ne s’était jamais retourné dans sa vie. Pour la première fois il regarda derrière lui. Des couleurs éclatantes s’étalaient dans une luminescence à couper le souffle. Le jour allait se lever, il ne l’avait pas imaginé aussi beau dans ses rêves les plus fous. Trop faible pour se relever, il ne voulut concentrer son énergie qu’à la contemplation de ce spectacle éblouissant. Ses yeux brillaient tellement que les larmes qui débordaient y reflétaient les couleurs d’un arc-en-ciel.
Le premier rayon de soleil l’aveugla dans un instant de bonheur intense. Il ne vit rien d’autre et resta figé, les yeux ouverts sur un grand vide blanc immaculé, bercé par une chaleur étrange et douce sur son visage jusqu’à ce qu’à son tour, il s’éteigne avec le jour.
Il était né dans l’ombre, pas un rayon de lumière n’avait éclairé sa venue au monde. Sa mort fut une éclatante aurore boréale.
Il n’existait pas dans leurs vies en drame apparent
erreur au quatrième vers.
Hazem
Il était né dans l’ombre, pas un rayon de lumière
N’avait éclairé sa venue au monde déjà mortuaire.
Aux yeux de ses parents, il fut inapparent,
Il n’existait pas dans leurs vies en drame apparent.
Sa vie devint crépusculaire.
A force de pleurer caché,
il a forgé ses maxillaires,
Tapis dans son antre.
Attaché à son ennui sombre,
De la nuit seule, qui voyait son ombre.
Le temps force l’habitude à disparaître,
Sombrer dans les nuées de l’aurore à paraître,
À chaque coup d’oeil de côté,
À chaque hochement de leurs têtes,
Pour chaque aigreur de gorge, et larmes de calvaires,
Pour chaque rage contenue, pour eux invisibles,
Il s’atrophie les cordes sans ses vocalises.
Il s’est échappé peu, un peu le cerveau en paillette
À l’aide de paille et cornet, cachet et cachette,
Son âme écornée dans la lumière du malêtre
.
ⓒ Hazem A.A.H. 2011
Il était né dans l’ombre,pas un rayon de lumière n’avait éclairé sa venue au monde.
Aux yeux de ses parents il fut inapparent,il n’existait pas.
Sa vie devint crépusculaire.
L’enfant suivit la courbe de son ombre.Il savait qu’il ne marcherait pas, que personne ne lui apprendrait à parler. Jamais son regard ne croiserait celui ses frères. Il ne serait qu’une silhouette de passage sur un écran, un fantôme de vie. Pour cette société là, tout ce qui ne correspondait pas à la norme était rejeté, exclu, détruit….parfois recyclé jusqu’à la combinaison exacte. La poupée humaine ne pouvait que sortir du moule, s’autoétiqueter et marcher droit le long d’un service obligatoire. Lui, avec son infime défaut choquerait à coup sûr, même pour si peu, mais toujours susceptible de désorganiser l’équilibre plat du monde. Sa vie était une éventualité de risque pour la Loi et il devait disparaître. Il tâta le contour de sa naissance, en mesura la flaque du vide….et attendit sa nuit.
L’ingénieur inscrivit sur la fiche: « Cette semaine, encore un modèle ne correspondant pas à la commande ».
Il éteignit l’écran, rageur. Ce n’était pas bon pour son avancement.