Ne te laisse pas coloniser mentalement

chuchoter

Il y a ce truc bizarre avec les acouphènes : plus tu y prêtes attention, plus ils prennent de place.
Tu les entends, donc tu y penses. Et, comme tu y penses, tu les entends encore plus. Un cercle vicieux. Même quand tu les ignores, ils sont là, en embuscade. L’acouphène est un bruit fabriqué par le cerveau, un faux signal devenu une réalité intérieure.

En ce qui me concerne, j’ai des acouphènes depuis de nombreuses années, j’entends des petits sifflements par intermittences dans ma tête. Ils sont toujours liés à un coup de gong acoustique ou un vacarme de décibels. Mais, je sais comment apprivoiser l’acouphène et supporter ce bruit de fond sans souffrir.

Pourquoi, aborder ce sujet qui n’a apparemment rien à voir avec l’écriture ?

Parce que j’ai fini par réaliser que c’est pareil avec les infos, les médias, les réseaux, les notifications, les vidéos d’actu en boucle, les titres qui claquent, etc.
Plus tu les écoutes, plus ça t’occupe le cerveau. Et plus ça t’occupe le cerveau, plus tu as l’impression que c’est ça, le monde dans lequel tu vis. Comme si la réalité passait uniquement par ces canaux-là. Comme si tout le reste n’existait pas.

À force, tu ne doutes plus. Tu entends. C’est tout. Tu scrolles, tu reçois, tu enregistres. Ton cerveau devient un terrain occupé.

Et c’est là que l’analogie avec les acouphènes est évidente. Ce n’est pas tant la chose elle-même qui fait du bruit, c’est l’espace que tu lui laisses. L’oreille que tu tends, l’attention que tu y mets. On finit par être colonisé, mentalement, par ces signaux qu’on ne maîtrise pas.

Les acouphènes, c’est ton cerveau qui t’envoie un son fantôme et tu y crois, parce qu’il est là, dans ton silence. L’information en boucle, c’est kifkif : une illusion du monde, construite par surabondance. Et comme pour les acouphènes, plus tu essaies de les suivre, de comprendre,  » d’être au courant ”, plus ça te rend confus, agité, saturé. Pour ne pas dire con…

Alors, faut-il couper ? Fuir ? Pas forcément. Sauf si tu fais partie de ceux qui écoutent la même radio toute la journée. Ceux qui ne pensent plus que comme France Inter ou BMFTV. Qui n’ont que des amis Facebook.
Mais, apprends à ne pas tendre l’oreille à tout ce qui fait du bruit. À faire du tri. À reconnaître ce qui est réel pour toi, autour de toi. Revenir à ce que tu vois, ce que tu vis, ce que tu ressens, fuir ce qu’on t’injecte en flux tendu.

Parce qu’à la fin, que ce soit dans la tête ou sur ton écran, ce que tu laisses entrer finit par te parler plus fort que le reste. Et ton imagination littéraire à des acouphènes, voire des « acoufreines… »

Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : association.entre2lettre@gmail.com

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8 réponses

  1. Nadine de Bernardy dit :

    Ah! un petit nouveau sur le blog, bienvenue à vous Mr Tarrep aux initiales P P.
    Je me demande toujours pourquoi l’on se plaint d’être surinformé, n’a-t-on pas le choix, se laisser envahir ou pas comme le dit Camomille, prendre tout au pied de la lettre ou aller boire un chocolat plutôt que de savoir qui a dit quoi et en quelle langue
    Pas vrai Paul ?

    p

  2. ourcqd dit :

    Peut etre le moment de faire un pas de côté ralentir pour écouter et ne plus subir ces flots d images et logorrhées diverses sans débats qui encombrent les oreilles
    Éloge de la lenteur du silence …..
    Belle journée à vous

  3. Eleonore Gottlieb dit :

    ne plus penser par soi même éduquer notre cervau à répéter sans comprendre et devenir une espèce de robot qui se croit « bien malin » informé de tout mais surtout de rien répéteur stupide sans aucune personnalité . La misère , quelle tristesse !

  4. Une addiction à l’information c’est comme le puits des Danaïdes, un puits sans fond.

    Les chaînes d’informations sont vraiment des chaînes. L’analogie avec les acouphènes est très pertinente. Merci Pascal.

  5. Gilaber dit :

    Bonjour cher Pascal,
    Il semble que nous faisons partie du même club… concernant les chaînes d’informations continues, j’ai tendance à les assimiler à un groupe de complotistes… bien que j’éprouve le besoin de me tenir informés sur l’actualité nationale et internationale… mais pas en boucle. Heureusement que je suis encore en capacité de faire le tri sur tout ce que je peux entendre et voir, autrement dit, je résiste à l’abrutissement collectif !

  6. camomille dit :

    Bienvenu au club Pascal (concernant les acouphènes) !
    Cependant, je ne me sens pas atteinte « d’acoufreines » bien que je reste connectée avec les informations.
    Tout est question de discernement et de distance.
    Et puis… nous ne sommes pas le centre du monde pour nous insurger sur tout…
    Faisons avec et frayons notre chemin comme nous le pouvons.

  7. Peggy dit :

    Très intéressant. Merci Pascal Il y a longtemps que j’ai des acouphènes mais je n’y prête plus attention. Je n’ai toujours pas compris quand je les entends plus forts . Peu importe. Il y a aussi un bon moment que je n’écoute plus les nouvelles. Les mauvaises t’arrivent de toute façon. J’ai peut être tord puisque la majorité les écoute au moins une fois par jour.

  8. Tarrep Paul dit :

    Dans un environnement « surinformé », l’abrutissement serait-il devenu le mal de notre génération  ?

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