La perfection tue la rédaction


Nous ne sommes plus à l’époque où il fallait écrire au propre… Ce temps où nos aïeux trempaient une plume Sergent-Major dans l’encre et s’appliquaient à écrire le plus lisiblement possible. Une fois leurs phrases couchées sur le papier, ils ne pouvaient plus les retoucher sans faire des taches ou raturer.
Aujourd’hui, on peut corriger autant que l’on veut. C’est trop facile, car corriger tandis qu’on écrit, enraye beaucoup le processus créatif. Focalisé sur le parfait on oubli l’inventé.
Corriger en cours d’écriture est une erreur de débutant
Beaucoup d’auteurs débutants tombent dans le piège du perfectionnisme immédiat. Croyant que chaque phrase doit être parfaite et chaque mot bien choisi, ils retravaillent tant les premières pages que leur ouvrage n’avance pas, et bientôt, ils se découragent.
Mener le brouillon jusqu’au bout
Corriger pendant qu’on écrit c’est un peu comme essayer de conduire une voiture avec un pied sur l’accélérateur et l’autre sur le frein. Dans l’écriture d’un ouvrage, c’est pareil. On avance par à-coups, entre l’élan de la création et l’œil critique du relecteur.
L’écriture du premier jet doit être un moment de liberté totale. Il ne s’agit pas d’écrire bien, mais d’écrire un brouillon. Ce n’est qu’une fois le dernier mot écrit, vient le temps de la relecture et des corrections. Jamais en cours d’écriture.
100 fois sur le métier ils ont remis leur ouvrage
Écrire un livre est une idée en mouvement. Il faut accepter que le premier jet soit imparfait. L’important, c’est de le terminer. Car on ne peut améliorer que ce qui existe.
- Hemingway a déclaré avoir réécrit la fin de L’Adieu aux armes 39 fois pour trouver “le bon ton”.
- Victor Hugo a mis près de 20 ans à écrire et réécrire Les Misérables.
Derrière le besoin de corriger en cours de route, se cache souvent des peurs : peur de mal écrire, peur d’échouer, peur de soi. Mais écrire, c’est précisément traverser cette peur. C’est accepter l’imperfection comme condition de la création.
Donc, écrivez d’abord, corrigez ensuite
Un livre ne naît pas parfait. Il naît vivant, mouvant, brut. Le premier jet est une version de travail, pas une œuvre destinée à être lue telle quelle.
Bonne écriture sans un critique intransigeant derrière l’épaule
Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : association.entre2lettre@gmail.com
Merci parce que c’est exactement ce que je fais. Je vais essayer de ne pas me corriger, mais de corriger ma mauvaise habitude. !
La pensée vole et les mots vont à pied. Voilà tout le drame de l’écrivain. (Julien Green)
Alors, ne leur mettons pas de frein.
Oui oui ! Le premier temps de l’écriture est l’imparfait, les suivants tendent en une asymptote de réécriture infinies vers le plus-que-parfait………….
Bonjour Pascal,
C’est exactement ce que me conseillait mon premier guide d’écriture. Il disait toujours : « Écrit d’abord et corrige ensuite. » Et il avait bien raison, parce que corriger en même temps qu’écrire, cela peut couper le débit de la pensée… et nous faire perdre le fil du récit.
J’ai toujours 2 ou 3 versions différentes du texte que j’écris. Pour ce faire, j’utilise un document word, tout simplement baptisé : feuille de travail, en format paysage, elle est constituée de deux colonnes. Celle de gauche me sert à l’écriture et celle de droite, à noter les éventuelles nouvelles idées… lorsque je pense tenir la version aboutie, elle est systématiquement soumise à l’expertise de ma douce moitié…
Autrement dit, je n’ai jamais réussi à écrire un texte au premier jet…
Ah ! Comme il est difficile de trouver la juste mesure entre l’écriture au fil de l’eau et l’auto-censure qui vient de notre éducation et du désir de bien paraître aux yeux du lecteur éventuel.
Bonne journée !