La french langue

J’attends mon tour dans la salle d’attente d’un « professionnel de santé, autrement dit, un docteur.
J’ai omis d’emporter un livre. Des magazines féminins attentent de se défraîchir davantage sur une petite table.
Je prends le premier qui me trombe sous la main et je l’ouvre au hasard.
Je tombe sur un dossier tendance, titré : C’est le printemps back to nature.  Les intertitres et les accroches sont du même tonneau* : Running écolo.  Le plogging de la course à pied responsable, Le eathing, des balades pieds nus, Un salon 100% outdoor.

Et là, je me dis, qu’entre l’anglicisme à tout-va et l’écriture inclusive
censée assurer une égalité de représentation entre les femmes et les hommes, je souhaite bien du courage aux enseignants chargés d’apprendre à écrire le français, ne serait-ce qu’une dizaine de lignes clairement lisibles, aux enfants migrants ou pas… 

Toujours plus fort, une publicité pour grande surface nous informe la naissance de GoodHome.
Moi qui suis un dyslexique entendant les mots sous toutes leurs coutures, sur le coup, j’ai cru qu’il agissait d’une boutique vendant des godes pour hommes.

Je ne doute pas que cet article qui souffle le froid et le chaud, la froide et la chaude, va me faire perdre quelques abonné-ées, mais que voulez-vous,  quand on like le français on ne compte pas !

Georges Brassens parle de la langue française ( INA)

* L’origine de cette expression remonte au XVIe siècle 

Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : blog.entre2lettres(at)gmail.com

9 réponses

  1. Pascal Perrat dit :

    Un déclin qui ne date pas d’hier…

    Le plaisir des mots par Claude Duneton

    Humeur de druide

    « Je vous convie à revenir un instant sur la disparition du gaulois dont nous évoquions l’autre jour les traces. Car il s’agit d’un phénomène dont le déroulement, vers le V, siècle de notre ère, est typique du remplacement d’une langue dominée par une langue forte; il risque de se reproduire à notre barbe. Plusieurs causes ont permis au latin d’évincer le gaulois sur son terrain (où il était implanté depuis mille ans, c’est à peu près la durée actuelle de la langue française), la principale cause étant évidemment la complicité active des Gaulois eux¬¬-mêmes face au prestige culturel de la Rome antique.
    Selon Jean-Paul Savignac, dont j’ai présenté ici le Dictionnaire français-gaulois (Figaro littéraire du 6 janvier 2005), les étapes de l’envahissement du latin furent les suivantes : d’abord le latin des marchands sensibilisa les Gaulois des villes à cette langue expansionniste; vint ensuite le latin des légionnaires, un « latin vulgaire» comme on le sait.
    Après la conquête, le latin administratif s’imposa au peuple conquis, et enfin, brochant sur le tout, la langue de l’évangélisation chrétienne rallia les campagnes. IL s’est ajouté sous l’empereur Auguste l’ouverture d’écoles, ce qui régla définitivement l’assimilation de la Gaule au monde romain.
    Il est curieux de rapprocher ce processus de ce que la France connaît aujourd’hui face à la pression linguistique anglo-américaine. Les marchands ? Nous les avons, pressants, débordants, avec la publicité que l’on nous sert de plus en plus en anglais. Les soldats ? Ce sont nos industriels volontaristes qui obligent leurs employés à travailler en anglais en France. Quant à la religion, nous baignons dedans, sauf que désormais elle s’appelle la science. La,diffusion scientifique sert d’évangélisation : les chercheurs nationaux imposent l’anglais autour d’eux comme jadis les prêtres  » le latin des Évangiles. Reste l’école d’Auguste : nous sommes en train de préparer son
    avènement avec des lois scolaires qui tendent à rendre obligatoire l’enseignement de l’anglais dès les toutes petites classes.
    Ce qui, par parenthèse, nous fera connaître une situation comparable à celle du Québec, où les immigrants apprennent tous l’anglais de préférence au français par désir de mieux s’intégrer au grand Canada; pour nous, ce sera la grande Europe. En bref, c’est la conquête romaine qui recommence, deux mille ans plus tard, avec les mêmes ingrédients.
    Monsieur Savignac évoque « l’ambition du grand seigneur qui veut parler latin pour briguer les honneurs, qui le fait apprendre à ses enfants et est imité par ses gens ». Nous avons la réplique exacte de ce collaborateur zélé, prêt à vendre sa patrie pour monter en grade. Il envoie ses fils étudier dans les universités américaines comme son homologue du IV siècle et voyait les siens parfaire leur latinité à Rome. Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont vers 480, modèle du Gaulois hyperromanisé, fin lettré et poète en latin, parlait de « la crasse du gaulois » dont la noblesse d’Auvergne était en train de se nettoyer. À quand la « crasse» du français ?
    On y vient doucement : certaines déclarations du commerce et de l’industrie portent déjà cette condamnation de notre langue nationale, réputée inapte au négoce parce que leurs guides veulent
    Rien de vraiment nouveau sous le soleil : notre pays a, entrepris une marche vers la soumission complète que Dominique Noguès, dans un livre terrible, a nommée justement « la colonisation douce» ; elle ressemble furieusement à la soumission de la Gaule. Si l’on me dit que la conquête à l’Antique s’est étendue sur deux ou trois siècles, je répondrai que du temps des Césars il fallait trois semaines pour aller de Marseille à Lutèce,et qu’il faut aujourd’hui un peu plus de trois heures.
    Encore une similarité : les druides protestèrent, partout, de tout leur cœur, contre l’acculturation de leurs semblables.
    Ils furent les seuls ! »

    Le Figaro Littéraire 10/2/2005

  2. durand JEAN MARC dit :

    « Je suis frappée de voir la fréquence à laquelle revient la question de la défense de la langue française face aux mots étrangers. Il émerge trop souvent chez certains que cela menacerait l’identité française. Notre civilisation n’est pas mise en péril par quelques mots d’anglais ou de wolof! Tout changement n’est pas menaçant. Surtout, on ne peut pas se contenter de lutter contre des effets en étant d’accord avec leurs causes: on accepte le néolibéralisme et on s’étonne de l’arrivée de mots anglais ?  » Danielle Sallenave ans le Télérama n° 3623 du 22/06/2019

  3. Pascal Perrat dit :

    MANIFESTE ADRESSÉ AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

    À l’initiative du collectif LANGUE FRANÇAISE, cent signataires des cinq continents demandent au Président de la République française de protéger la langue française, et à travers elle les langues et les cultures du monde, du colonialisme anglo-américain. Ceci à l’occasion du 79ème anniversaire de l’appel du Général de Gaulle.

    Monsieur le Président de la République,

    La langue française va mal. Étouffée par l’anglo-américain, elle voit désormais son usage même évincé par cette dernière langue devenue si peu étrangère. Confrontée à cette invasion, notre mémoire renvoie en écho un passé douloureux de soumission et d’oubli de soi. Une majorité capitulatrice plaidera le réalisme, hermétique aux cris sourds d’une identité enchaînée par une pseudo « langue universelle », en réalité servante d’un maître particulier.

    Le français outragé, le français brisé, le français martyrisé. Mais le français rendu à la dignité si, Monsieur le Président, vous choisissez de suivre enfin la trace laissée par l’esprit de résistance.

    – Il est demandé au chef de l’État premier contributeur à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), de montrer l’exemple : en renonçant à l’emploi de l’anglo-américain à l’étranger, quand le français demeure l’une des deux premières langues d’usage d’une majorité d’organes internationaux ; en renonçant à l’utilisation peu digne de l’anglo-américain en France même, décourageant ainsi nos visiteurs de pratiquer une langue désertée par ses locuteurs naturels.

    – Il est demandé au chef de l’État : De faire étudier une loi renforçant le dispositif linguistique présent en en rendant notamment l’application contraignante. De rappeler aux autorités judiciaires leur pouvoir de poursuivre les contrevenants à une loi constamment bafouée. De rappeler, immédiatement, les préfets à leur obligation de contrôle de légalité pour les collectivités en infraction, par défaut, avec l’article 15 de la Loi du 4 août 1994.

    – Il est demandé au garant de la Constitution d’interrompre la marche suicidaire vers l’intronisation de la langue anglo-américaine comme seconde langue officielle de la nation ; ainsi devrez-vous mettre un terme au projet sacrilège prétendant dispenser dans les établissements scolaires des cours de matières générales en anglo-américain.

    Ce manifeste reçoit des signatures venues de France, mais aussi des francophones du monde entier. Du pays source de la langue commune, la Francophonie attend légitimement le signal fort d’une résistance enfin consciente de l’enjeu.

    – Il est donc attendu du chef de file de l’OIF qu’il mette la politique étrangère de la France en accord avec les revendications humanistes de l’organisation, fidèle à la langue des Lumières, celle de l’égalité et du partage. À cet égard, nous déplorons l’installation au poste de secrétaire générale de l’OIF d’une personnalité rouandaise membre actif d’un régime politique détestable.

    – Il est attendu du chef de file de l’OIF qu’il défende l’usage de la langue française, non qu’il le rétrécisse. Les francophones se sont particulièrement émus de votre adoubement, lors du dernier Sommet de la Francophonie, de l’anglo-américain comme « langue d’usage » pour le monde. À en juger par le dynamisme économique d’une majeure partie de l’Afrique francophone, comme par la vitalité économique du Canada francophone, terre de créativité et de haute technologie, leur « langue d’usage » – le français – en vaudrait pourtant d’autres.

    Lors de ce Somment, nous vous avons également entendu ceindre la langue française du titre de « langue de la création ». Conviendrait-il déjà que l’État encourageât les appellations françaises pour baptiser nouveaux produits et services créés par toute entreprise revendiquant son aide ; mieux, par toute entreprise où entrent des capitaux d’État. Or il se produit très exactement l’inverse.

    Faute d’avoir su précéder le Québec comme référence mondiale pour la défense du français, du moins sachons nous inspirer de sa pugnacité et abandonner nos comportements serviles. Il y va de notre identité nationale et de l’avenir de la Francophonie.

    Nous vous remercions de l’attention que vous voudrez bien porter à notre requête.

    Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, à notre haute considération.

    Les signataires du manifeste à https://manifestefrancais.blogspot.com/

    Collectif LANGUE FRANÇAISE
    Langue-française2018@laposte.net

    Diffusé par :
    Jean-Paul Perreault
    Président
    Impératif français
    Recherche et communications
    imperatif@imperatif-francais.org

  4. Souris verte dit :

    Hello ! En musique nos conventions sont en italien. Presto, fortissimo, da capo et Tutti quanti… C’est compréhensible dans tous les pays du monde.
    Et, saurions-nous nous passer du cor anglais- notre rossignol des cavernes !

    Ceci dit, tu as bien raison. Autant comme les entendre roucouler outre Manche est chantant autant comme ces incursions anglaises dans le langage français relèvent probablement d’une forme snobisme.

    PS. La prochaine fois prends ton canard, ça t’évitera de te mettre la rate au court-bouillon.
    Mais continue Pascal, j’adore tes coups de dents !
    L’indignation est ce qui nous reste et prouve une bonne santé au moins mentale !
    À la tienne 🍾🍷🤗

    • Pascal Perrat dit :

      Pour aller dans ton bon sens, copie d’un message reçu ce matin :
      « – Accoler en fin de mot, entre des points, des suffixes féminins : « les assistant.te.s », « les auteur.trice.s » – pour rappeler aux lecteurs que les femmes peuvent elles aussi être assistantes ou écrire des livres…
      – Changer les règles d’accords : « Roméo et Juliette sont belles » « le masculin l’emporte sur le féminin » …
      – Créer des barbarismes qui font saigner les yeux, juste pour féminiser inutilement des concepts : « rendre femmage » au lieu de « rendre hommage », « les journées du Matrimoine » au lieu de « Patrimoine « 

  5. Avoires dit :

    Merci Pascal de nous avoir permis de revoir et d’écouter Georges Brassens.
    Malheureusement, c’est un artiste que l’on entend plus, même sur les radios « intellos » ou les chaînes de télé du même acabit – mais existent-elles ?
    Les Québécois eux, font l’effort de franciser les anglicismes , la France elle, ne défend pas son patrimoine linguistique et le laisse disparaître petit à petit partout dans le monde où les institutions ne jouent plus leur rôle.
    Toutefois, l’année dernière, lors d’un voyage en Afrique du Sud, pays anglophone, le guide qui commentait nos visites en français, avait appris notre langue à l’Alliance Française du Cap. Il ne faut donc pas totalement désespérer mais tout de même, je trouve la situation alarmante, notamment à la radio, la télévision, la presse écrite, le cinéma, les titres de festivals, de films …il y a toujours un mot anglais qui y est glissé.
    « Faisons le nécessaire  pour sauver notre belle langue» écrit une des intervenantes, oui, mais comment lorsque les médias balancent des prime time, des live, background, flyer, in et off (Avignon arrive) ? Et les turn over, les open bar, space …
    Bon, l’anglais remplaçant le français, c’est un fait ; que dire aussi de « un espèce » débité à longueur de discours aussi bien par les journalistes que les écrivains, sans parler des liaisons dangereuses telles que « les quatre zopérateurs » ? Mais, c’est une autre histoire …

  6. durand JEAN MARC dit :

    Sur une génération, l’évolution d’une langue est délicate à digérer. Et pourtant, elle est bien vivante, donc se transforme au gré des influences. Personne n’y peut rien. On peut se battre contre les anglicismes, contre l’oubli de certains mots si seyants! Mais diantre, n’oublions pas que les origines du français sont multiples. Non le français n’est pas du gaulois, il descendrait plus du latin mais quel latin? Pour certains ce serait un patois qui a réussi. Pour d’autres on ne devrait reconnaître que le français de Touraine, celui de la Pléiade. Pour la majorité, c’est l’oubli qu’une langue est une dynamique entre mythe et réalités. Il faut donc se replonger sur le Temps des barbares (influence des parlers germaniques),le Temps des chrétiens (influence de la langue latine), le Temps des dialectes (influence des parlers régionaux), le Temps de l’affirmation du français (au XVIème siècle avec François 1er), le Temps du « bon usage », (la langue classique), le Temps de l’école (l’instruction publique obligatoire), le Temps des médias (et la communication de masse).

    Le Français demeure la langue internationale de la diplomatie mais elle a fortement régressé partout. Il y a quelque temps, j’ai eu la chance de visiter la bibliothèque française de Brasov, en Roumanie. En 50 ans, la place de la langue française y a diminué comme peau de chagrin et l’anglosaxon ne grignote plus, il bouffe à belles dents les zones où nous étions soi-disant installé. Et d’ici quelques années, le chinois ne sera t’il pas la première langue étrangère enseignée en France ??

    En attendant, pratiquons les langues qui nous plaisent sans se soucier du reste. La masse linguistique du football nous imposera tout des shoots, des goals, des corners, des penaltys…on verra bien…!

    Et surtout, demeurons libéros, évitons les débordements de l’équipe soi-disant adverse, un sacré mélange de nationalités…quitte à demeurer hors-jeu!

  7. Laurence Smits dit :

    Je suis enseignante de français et d’anglais, et j’interdis tout simplement les anglicismes dans les rédactions en français. J’habitue mes élèves à penser différemment, car la langue française regorge de mots. Personne n’est obligé de suivre cette mode de bobos parisiens, qui nous imposent leurs diktats (ce mot n’est pas anglais!!!).
    La guerre va être longue, mais nos amis les Québécois arrivent bien à ne parler que français…alors, pourquoi pas nous?

    Faisons le nécessaire pour sauver notre belle langue. Et je me fiche éperdument de ceux et celles qui penseront que je suis une vieille prof ringarde. J’assume et je défendrai toujours la langue française, quand bien même j’adore l’anglais!

  8. Clémence dit :

    Il reste toujours le « French kiss » et la « French potatoes »…pour une « French touch »… N’est-il pas?
    Je ne les recopie pas, mais je vous mets le lien… https://www.les-aventures-de-la-famille-bourg.com/2014/11/30-mots-francais-utilises-langue-anglaise/

    Mais j’avoue, la lange française est tellement belle, riche et savoureuse !

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