Je n’ai pas eu le temps d’écrire court…
Dernièrement, lors d’un stage de perfectionnement à l’écrit journalistique que j’animais à Paris, j’avais demandé aux journalistes participants, d’écrire un article ayant pour sujet : Les « amis Facebook… »
Avec comme consigne imposée : 1/2 heure pour l’écrire, en un feuillet au maximum, soit 1500 caractères, espaces compris
Quand il me rendirent leurs articles, la plupart étaient bien trop longs, entre 2000 et 2500 signes.
Pour se justifier, l’un d’eux me dit : « Je n’ai pas eu le temps d’écrire court ! »
Ses confrères le moquèrent gentiment.
Ils avaient tors, car sa justification était parfaitement sensée. »
Ce qui est paradoxal, direz-vous, puisque logiquement, il faut plus de temps pour écrire un texte long qu’un texte court.
Détrompez-vous !
Ecrire court, c’est aller à l’essentiel, sans redites, sans phrases creuses, sans mots superflus, cela exige beaucoup d’attention, de relecture et de correction.
Donc beaucoup plus de temps que si l’on écrit long sans trop de rigueur.
Vous ne me croyez pas ? Hé bien, tentez l’expérience.
Le comité de lecture du site ShortEdition sélectionne les meilleurs « short textes » et les soumet au vote des internautes.
Les meilleures textes courts sont publiées en version papier dans un recueil et les auteurs peuvent prétendre au prix de la Short Littérature.
Retenez que Short Edition rejette paraît-il environ 60% des textes qui lui sont proposés…
En fait, il n’y a rien de simple.
Et on ne sait jamais assez.
Je me méfie donc des formules limpides.
Les textes courts peuvent être plus attrayants mais ce n’est pas une règle qui est sans fautes. Il y a des textes courts qui fournissent une bonne qualité de lecture mais il y en a aussi qui en fait ne veulent rien dire, ou qui ne mènent à rien de valable si on se donne la peine de voir au loin (et non seulement de se préoccuper de l’immédiat).
Le « Que sais-je ? » de Montaigne en dit très long mais si le lecteur ne se remet pas en question alors où est la valeur du message si bien posé ?
La morale de l’histoire : plus c’est court, plus c’est long !
Ca c’est bien vrai, « tous ces textes trop longs et bien bas, pendez les moi haut et court! », comme disait un propriétaire terrien importuné par la missive d’un indien réclamant un délai pour payer son loyer!