Exercice inédit d’écriture créative 122 bis

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat
coucou

Ça gazouillait ferme sur Twitter depuis que le coucou avait muté.
Tous les médias ne parlaient que de ça.
Était-ce à cause du réchauffement climatique ? Des pesticides ou des insecticides ?
Nul ne savait.
Toujours est-il qu’en ce début de printemps, le cuculus canorus ne chantait plus cou-cou mais cou-couille…

Il ne coucouait pas, il coucouillait !

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10 réponses

  1. Clémence dit :

    122 bis . Ça gazouillait ferme sur Twitter depuis que le coucou avait muté. Tous les médias ne parlaient que de ça. Était-ce à cause du réchauffement climatique ? Des pesticides ou des insecticides ? Nul ne savait.
    Toujours est-il qu’en ce début de printemps, le cuculus canorus ne chantait plus cou-cou mais cou-couille…
    Il ne coucouait pas, il coucouillait !

    « Et c’est ainsi que je me réveillai, tout coucougniollant dans cette chambre de nidsile psychiatrique.»

    C’est sur cette triste fin que s’acheva doucettement la vie du fringant Cuculus Canorus .

    Mais que s’était-il passé pour que ce volatile s’échoua si lamentablement entre les quatre murs d’une chambre grise matelassée ? Retour sur l’autobiographie de Cuculus.

    « Ah, que la vie était belle, autrefois, du temps de ma splendeur. Chacun avait sa place, chacun avait son chant, chacun avait sa chacune.
    Mon compère le geai cageolait à l’orée des bois dès qu’un intrus se risquait à troubler l’oasis et la canopée.

    Pic-Vert picotait et scandait le temps qui passait, pire qu’un métronome ! Mais, pour peu qu’il fut silencieux ou mit une sourdine, nous nous inquiétions. La forêt sans tambour ni trompette, c’est tristounet.

    Les sittelles, les mésanges et les chardonnerets nous amusaient follement de leurs acrobaties !
    De temps à autres, quelques rapaces venaient tournoyer, mais ne s’attardaient pas. La nuit venue, les chouettes, les hiboux montaient la garde, royalement. Ah, c’était le bon temps !

    Et moi, ah, moi….
    J’étais un adepte des locations courtes durées et parfois même, je squattais ! Une formule très intéressante : aucun soucis de taxe d’habitation ou dégradations intempestives. Quand un logis ne me convenait plus, j’en changeais, j’avais le choix ! Ma compagne et moi-même étions en super forme lors de la venue de nos petits car nous ne nous étions pas épuisés à chercher brindilles et autres douceurs.

    Allai-je oublier l’essentiel ?
    Les news! Parfois, je me chargeais de colporter quelques nouvelles : une naissance, le départ d’un gars du pays, le retour d’une demoiselle, un mariage, un baptême, une kermesse… Chaque événement était source de joies et de chants forestiers ou champêtres…

    Il m’arrivait aussi, avec le geai du coin, de distiller quelques informations croustillantes : on avait vu une jolie demoiselle avec son amoureux, une autre demoiselle courir deux lièvres à la fois, ou, un lièvre courir trois belles à la fois, parfois plus encore !

    Ah, que la vie était belle !

    Et puis, un jour, je fis une vilaine chute. Je m’étais installé, peinard, dans le nid d’un plus grand que moi (moi, ça, je ne le savais pas). Quand il revint d’une tournée en Province, il me vira proprement. Étourdi, je heurtai le tronc du chêne voisin. Il se rua sur moi et me houspilla de quelques coups de becs sur la tête. Traître ! Félon !
    Depuis ce maudit jour, moi, Cuculus de Flamboyant, je fus surnommé Coucouille le Dévarié.

    Et de fait, je coucouillais en lieu et place de mon joli chant de coucou Je ne parvenais plus à coucouer pour appeler la fortune dès les premiers jours de printemps.
    Oh, rage, oh, désespoir…

    Cependant, fier comme « Bar-Tabac », je me gardai d’avouer ma mésaventure. Je préférais invoquer la toxicité des pesticides. En effet, tous mes congénères s’étaient plaints dernièrement, de maux de tête à la suite des travaux d’épandages dans les champs de céréales voisins…. Oui, mais eux, ils avaient gardé leurs voix de ténors, de barytons ou de basses.

    J ‘accusai les insecticides, mais je reçus en retour, une volée de bois vert. Les pesticides provoquaient une « va-vite » foudroyante. Ce qui n’était pas mon cas. Ma « va-vite » foudroyante remplaça mon joli « coucou », par un lamentable concert-coucouillis  en couac majeur dans l’allegro, en couic mineur dans l’andante et en coucouille majeur pour l’allegro final. Même la coda partait en quenouille.

    Ma compagne, contrite et marrie de me voir ainsi amoindri, suggéra les méfaits du réchauffement climatique. Mais alors, dans ce cas, nous aurions dû tous mourir de la peste, voire du choléra…

    Il me fallut cependant souligner une petite compensation à cet état de délabrement. En effet, ma réputation vilaine d’infidèle, de jaloux, de parasite, voire de traître s’estompa grandement. Je cédais du terrain, mais restait à voir qui se l’approprierait ! L’avenir nous le dirait.

    Voilà où j’en étais en ce blême matin de fin de printemps.

    C’est alors qu’un séisme, un tsunami secoua la planète entière, ouvrant, telle une déchirure, les limites des forêts, des provinces, des pays et des continents. Ce fut le corbeau qui en paya les frais en premier. Lui qui se plaisait à colporter les rumeurs, des plus fantasques aux plus virulentes sous l’anonymat d’une griffe croisée au bas de page se trouva dégommé, balayé d’un revers de Toile…

    Twitter était né.
    Si Maître Corbeau se contentait de prendre le temps et de limiter ses zones d’actions, Twitter se déjouait des limites spatio-temporelles.

    A la vitesse de l’éclair il publia ma déconfiture.
    Tel un ogre affamé, ils se régalait de ma réputation, de renommée abîmées.
    Tel un gigantesque microscope, il recherchait les moindres faits et gestes qui saperaient la confiance et l’estime de soi.
    Tel une gigantesque parabole, il répétait, transformait et amplifiait.
    La calomnie de Rossini faisait figure de pipi d’oiseau ! C’était à l’opéra et ma vie n’est pas un opéra.

    Je tentai d’acquérir quelques notions sur les technologies de l’information, mais cet effort perturba dangereusement mes neurones. Je me mis à coucouiller du matin au soir et du soir au matin, avec des pointes d’une ardente fébrilité qui me laissaient pantois.

    De jour en jour, Twitter se régalait à faire état de ma dégradation mentale. Je tentai de porter atteinte à mes jours.

    Un soir, Maître Corbeau entra dans ma chambre et me fit boire un élixir. Il murmura ces paroles quelques peu incongrues :
    – Bois cela, tu iras nettement mieux. Mais, je te le dis, dans ce monde pourri, mieux vaut faire l’ange que la bête. Ta vie est faite, ta descendance assurée. Laisse-toi passer pour Coucouille, profite de avantages sociaux et tu n ‘auras plus à chercher ni gîte ni couvert….

    « Et c’est ainsi que je me réveillai, coucougniollant dans cette chambre de nidsile psychiatrique.»

    Je me mis à sourire béatement en pensant à Beethoven et à sa Sixième Symphonie…
    Je peux dormir sans crainte, sa Pastorale ne coucouillera jamais…

  2. Sabine dit :

    Ça gazouillait ferme sur Twitter depuis que le coucou avait muté.
    Tous les médias ne parlaient que de ça.
    Était-ce à cause du réchauffement climatique ? Des pesticides ou des insecticides ?
    Nul ne savait.
    Toujours est-il qu’en ce début de printemps, le cuculus canorus ne chantait plus cou-cou mais cou-couille…
    Il ne coucouait pas, il coucouillait !
    « Voilà où mènent les manipulations génétiques », disaient les vieux. « A force de construire des centrales électriques, il fallait bien que ça arrive », disaient les écolos. « Dis, papa, c’est quoi coucouiller ? » disaient les enfants.
    C’en était trop. Il fallait faire quelque chose !
    Alors on réunit les plus grands savants en un conseil géant : des mathématiciens, des philosophes, des médecins…Et un beau jour, le président du conseil convoqua la presse et annonça :
    « Nous avons trouvé la solution. Nous avons fabriqué une grande machine dans laquelle nous avons mis tous les coucous de la terre. La machine a effacé de leur mémoire toutes les lettres de l’alphabet, hormis le C, le O et le U. Ainsi, ces petits volatiles ne peuvent plus dire que cou-cou »
    Mais à cet instant, un coucou se posa sur l’épaule du président du conseil et se mit à chanter : « COCU, COCU, COCU… »
    ©Margine

  3. gepy dit :

    Ça gazouillait ferme sur Twitter depuis que le coucou avait muté.
    Tous les médias ne parlaient que de ça.
    Était-ce à cause du réchauffement climatique ? Des pesticides ou des
    insecticides ?
    Nul ne savait.
    Toujours est-il qu’en ce début de printemps, le cuculus canorus ne chantait
    plus cou-cou mais cou-couille…
    Il ne coucouait pas, il coucouillait !

    N’en défraye les chroniques, le pigeon ne roucoulait plus, il roucouillait ! Le corbeau croassouillait.
    Les politiciens furent obligés de se pencher sur l’importance des symptômes.
    Quelles réformes fallait-il prendre ?
    On créa le ministère du son animalier.
    Le ministre criait à ses adjoints : « trouvez-moi des solutions ! »
    Un adjoint : « Arrêtez de crailler ainsi ».
    Le ministre : « Je ne craille pas. Pourquoi dites-vous cela ? »
    L’adjoint « Parce que vous craillez. Lisez donc la dernière dépêche : même le cerf ne brame plus, il braille ! »
    Le ministre : « Pourquoi voulez-vous que le cerf braille ? Il n’est pas expert en écriture d’aveugle. »
    L’adjoint : « Mais je vous parle de brailler, pas d’écrire en braille ! Vous ne comprenez donc rien à ce qui se passe? »
    Le ministre : « Calmons-nous un instant et discutaillons à tête reposée. Touvaillons des solutions rapides.» 
    L’adjoint : « vous ne parlez plus, Monsieur, vous « illez » sans arrêt ! »
    Le ministre : « Je « n’ille » point. Secouillez-vous plutôt et imposons le silence. Plus de discours, plus de causerie. Et laissaillons le temps faire les choses ».
    Le silence fut donc institué. Le langage des signes devint obligatoire. On twitta en braille et ce n’était pas facile. La télé, la radio ne fonctionnaient que pour diffuser de la musique, plus de paroles,plus de mots.
    Le monde devint silence.
    Le coucou continuait à coucouiller, le pigeon à roucouiller, le piaf à piailler… Les années passèrent…
    L’homme s’était tu… Au point d’être dérangé à la moindre parole humaine.
    L’homme n’entendait plus, il avait enfin appris à écouter.

  4. Phédrienne dit :

    Ça gazouillait ferme sur Twitter depuis que le coucou avait muté.
    Tous les médias ne parlaient que de ça.
    Était-ce à cause du réchauffement climatique ? Des pesticides ou des insecticides ?
    Nul ne savait.
    Toujours est-il qu’en ce début de printemps, le cuculus canorus ne chantait plus cou-cou mais cou-couille…
    Il ne coucouait pas, il coucouillait !
    Cela n’aurait pas été si extraordinaire, si cette mutation remarquable ne s’était accompagnée d’un phénomène bien plus inquiétant : quiconque approchait le zoziau mutagène était pris dans les 24 heures d’une crise spasmodique et langagière, très perturbante : bousculant toute syntaxe bien née, tout vocabulaire assis et trempé aux longues racines maternelles, le malheureux, dès qu’il ouvrait la bouche, en entendait sortir des sons brouillés, où le slam décapant alternait avec des rimes enlacées, des alexandrins ciselés, ou de l’argot pur jus.
    Un hautain patron, dont le coucouillage de l’oiseau avait ainsi saisi l’oreille, le poussant à écouter de plus près, puis, à regarder de même, se trouva ainsi pris de court lorsqu’il voulut morigéner comme il se doit sa secrétaire :
    J’te kiffe trop dans tes kiabi fringues en solo
    T’as l’albuplast ravageur, t’as scotché mon cœur !
    Voici ce qui sortit en lieu et place de la salve admonestatrice. Révélant du même coup, certaines pensées bien cachées, et quelques petits démons farceurs à la secrétaire médusée, dont le délicat teint de porcelaine s’ornementa de rose et de grenat, la rendant encore plus jolie. Le patron furieux, sortit passer sa rage sur d’autres, non sans avoir regardé avec haine au passage, le concierge hors d’âge, lequel l’observa en retour de ses yeux embués et lui murmura doucement :
    Votre rage, monsieur, n’honore point les dieux,
    Ni les chastes moulures de ces antiques lieux !
    Ce qui eut pour seul effet de précipiter notre homme dans la rue, courant et babelisant dans une langue devenue totalement ingérable, et répandant autour de lui, en bonne quantité, les atomes farceurs et anarchiques dont il avait hérité, à sa langue défendant !
    Comme tout virus galopant, celui-ci se répandit largement et sans entraves et envahit bientôt le reste de la planète, puis quelques pans du ciel, car à l‘heure d’internet, n’est-ce pas, il n’est pas jusqu’aux anges perchés et Dieu lui-même, tirant sur sa longue pipe opiacée pour faire passer agréablement un peu d’éternité, qui ne soient entoilés, réseautés et netamorphosables, qu’on se le dise sans ambages !
    Comme il n’est pas de fin à cette histoire, puisque rien ne peut arrêter la parole, quand bien même elle ne serait que caquettage, laissons à ce docte personnage le constat suivant :
    Qu’importe le support, le siècle et l’outil,
    A tort et à travers, le langage m’ébaudit !

  5. Antonio dit :

    Ca gazouillait ferme sur Twitter depuis que le coucou avait muté.
    « Allo quoi ! »
    Tous les médias ne parlaient que de ça.
    « Le coucou a muté. Je répète, le coucou a muté ! »
    Était-ce à cause du réchauffement climatique ? Des pesticides ou des insecticides ?
    Nul ne savait.
    « Ah mais si ! Il est clair que le réchauffement climatique a altéré d’un demi-ton le chant du coucou.
    – Mais vous n’y être pas du tout. Ce sont les pesticides dans nos champs bourrés d’OGM qui sont la cause de cette mutation ! »

    Toujours est-il qu’en ce début de printemps, le cuculus canorus ne chantait plus cou-cou mais cou-couille…
    « Ah que cou quoi ?
    – Cou-couille, Johnny, cou, plus loin, couille !
    – Ah que c’est rigolo ! »
    Ouais bon, il n’empêche que le coucou ne coucouait pas, il coucouillait !

    « Non mais allo quoi ! t’es un coucou et tu coucoue pas, ALLO ! »

    « Oui j’écoute ! »
    Un coucou contacté par un journaliste de terrain a bien voulu répondre à ses questions par téléphone.
    « Non mais vous croyez quoi. Que vous êtes les seuls à créer des raccourcis de langage. Depuis la venue de Twitter, on a du adapter notre langage.
    – C’est à dire ?
    – Ben là, en l’occurrence Coucouille c’est un son qui signifie en langage sms

    Voilà le printemps mais putain qu’est-ce que ça caille ! »

  6. Christine dit :

    Ça gazouillait ferme sur Twitter depuis que le coucou avait muté. Tous les médias ne parlaient que de ça. Était-ce à cause du réchauffement climatique ? Des pesticides ou des insecticides ? Nul ne savait.
    Toujours est-il qu’en ce début de printemps, le cuculus canorus ne chantait
    plus cou-cou mais cou-couille… Il ne coucouait pas, il coucouillait !

    La rumeur amplifiait et il ouvrit grand la fenêtre : il manquait d’air ! Ça commençait sérieusement à le gonfler tout ce tapage pas seulement nocturne ! Qu’est-ce qu’ils allaient devenir ceux qui, comme lui, n’avaient pas accès à l’indispensable nouveau moyen de communication : le fabuleux, le faramineux, le merveilleux Tweeter ? C’était quoi d’ailleurs ce machin ? La dernière toquade d’un peuple en totale décadence qui ne savait plus que surfer sur le Net et « tweeter » avec un air supérieur. Pas de doute, il se sentait de plus en plus en décalage avec ce troupeau bêlant devant leur nouvelle idole virtuelle. Non, décidément, il refuserait jusqu’au bout cet allégeance au dieu-machine. Evidemment que le coucou ne savait pas chanter cette langue-là ! Qui s’en souciait encore d’ailleurs ?! Le pauvre animal avait beau s’égosiller et prendre des cours du soir pour tenter de parler la nouvelle langue sms, il finirait par y laisser jusqu’à sa dernière plume, détrôné par la horde des sonneries stridentes de ces petites machines qui leur bouffaient le cerveau. Lui c’est d’étouffement qu’il allait finir par crever. Comme l’oiseau.
    Il ferma les yeux et se mit à rêver qu’ils s’envolaient tous les deux dans un grand ciel bleu…
    – Et si tu coucouilles, je te les coupe, compris !

    Joyeuses Pâques, Christine

  7. Christophe dit :

    ourcqs, quand je me considère, je me désole, quand je vous lis, je me console.

  8. ourcqs dit :

    Ouille, ouille,ouille,
    Quelle embrouille !
    Qui est cette fripouille
    Qui nous scribouille
    Une telle bafouille ?
    Elle fouille, farfouille
    Elle gribouille et même cafouille.
    Elle finit bredouille,
    Son histoire est partie en quenouille !

  9. Christophe dit :

    Ça gazouillait ferme sur Twitter depuis que le coucou avait muté.
    Tous les médias ne parlaient que de ça. Était-ce à cause du réchauffement climatique ? Des pesticides ou des insecticides ?
    Nul ne savait. Toujours est-il qu’en ce début de printemps, le cuculus canorus ne chantait plus cou-cou mais cou-couille… Il ne coucouait pas, il coucouillait !

    A la manière de Michèle Alliot Marie, l’ex-ministre de la défense de la France – et des nervis de Ben Ali – le piaf s’était mis à ajouter un exaspérant « yeu » à ses transitions oratoires, comme si sa langue manquait de liaison. Il semblait nous dire que « oui-yeu, c’est le printemps-yeu, et je fais ce que je veux-yeu coucou-yeu coucou-yeu ». Un « n’est-ce pas » rapide façon quatrième république, un caquetant « écoutez » chiraquien eussent été d’un meilleur effet. Car la chose, passée inaperçue dans d’autres langues, réveillait les campagnes françaises dans une ambiance paillarde d’un goût, disons, discutable. Sur les places des villages plantées de platanes, les bigotes bouchaient les oreilles des gamins hilares à la sortie de la messe.

    Ecologistes, ornithologues et politiciens s’envoyaient des noms de quoi ? Des noms d’oiseaux dans des confrontations télévisées. Le recours aux coupes de cous de coucous ne coupèrent court au coucouilleries de ces squatters de nids qui gardaient leur mystère. Ils continuèrent, tout le printemps durant, de désigner aux hommes la partie de leur anatomie qu’ils avaient – semble-t-il -résolu de leur briser menu. La forme de nos gonades avaient-elles inspiré au voleur d’œufs, un appel du ventre, un cri de l’estomac ? Ernest Philochon, éthologue émérite avait osé cette hypothèse, soulevant les quolibets des membres de l’institut. Lorsque vint l’été, au cap d’Agde, dans l’un des plus grand baisodromes d’Europe, les premières attaques en piquet vinrent pourtant confirmer son intuition. Les fâcheux volatiles entreprirent de fondre sur les mâles huilés et avachis de turpitudes nocturnes, espérant piqueter leurs bourses à l’ombre des verges lasses. Il arriva que leur délicatesse fît la confusion avec quelque caresse masochiste dans les rêves des malheureux, jusqu’à ce que l’arrachement d’un lambeau les réveille en sursaut et calme leur bandaison à la vitesse d’un bain de mer.

    La découverte était révolutionnaire. On savait certains oiseaux capables d’imiter la parole humaine, mais qu’ils accèdent à sa signification et – au surplus – s’en empare à l’approche d’un humain pour le menacer et pour signaler une pitance à ses congénères était proprement inimaginable et de l’ordre du paranormal. Nous étions en plein Hitchcock.

    Ernest Philochon avait pris du grade et trouva des financements pour tenter de percer le secret du phénomène. Il fallait qu’un coucou ait surpris la désignation explicite et répétée de testicules dénudés par ce mot pour que l’inférence se fit dans son cerveau. Appels à témoins, recoupements et récompenses portèrent un jour leur fruit. Une charmante paysanne aux cheveux jaunes frappa à la porte de Philochon. Elle avoua, tête basse, la manie qu’elle avait, aux beaux jours, d’offrir sous les frondaisons, aux jeunes hommes du canton, le subtil hommage de sa langue à ce qu’elle se plaisait à designer avec gourmandise « p’tites coucouilles ». Ernest Philochon ne pouvait assurément se satisfaire de cette simple déclaration. Ce n’est qu’après une expérimentation rigoureuse avec la jeune ingénue qu’il admit le mystère résolu.

  10. Jean de Marque dit :

    BEUH!

    Ca gazouillait ferme sur Twitter depuis que le coucou avait muté. Tous les médias ne parlaient que de ça.

    Était-ce à cause du réchauffement climatique ? Des pesticides ou des insecticides ?

    Nul ne savait.

    Toujours est-il qu’en ce début de printemps, le cuculus canocus ne chantait plus cou-cou mais cou-couille…

    Il ne coucouait plus, il coucouillait.

    On aurait pu prétendre qu’avec le renouveau, ce chant était naturel. C’était bien l’époque où le mâle quadrillait son territoire, virait les individus non catalogués dans la famille des cuculidés, révisait ses révérences vocales.

    En principe, il y installait une femelle, une seule.

    Mais là, le coucouille entassa une douzaine de concubines sur cent mètres carrés de roselière touffue.

    Son instinct lui avait soufflé un nouveau devoir. Faire face au risque de disparition de son espèce. Il ne connaissait rien des fautifs, des culs terreux inconscients, des couronnés de la politique agricole, des couillons de la production, des intensifs de la coupe ?

    Évoluer, c’était survivre. Le coucouille se devait d’innover. Une grand réforme était en marche.

    Il se mit donc à besogner courageusement les épouses du devenir.

    Le coucouille ne fait partie pour rien de la famille des grimpeurs.

    Les couples d’un jour atteignirent des sommets.

    Puis le coucouille repéra tous les nids du village proche, de la communauté de communes, du canton, du département.

    Il y accompagna chacune de ses pondeuses. Ce fut l’envol prématuré des oeufs de fauvettes, rouge gorge…enfin tous ces piafs, intégrant dans leur dénomination même l’idée qu’il était temps de…passer.

    Un matin sur Twitter, on s’aperçut que le couroucouille, son cousin péruvien, lui aussi,se manifestait.

    Il avait déjà envahi la Selva et la Sierra. Les autorités craiganaient une patte mise sur la Costa.

    Certains prétendaient que le couroucouille avait investi Lima.

    L’été de l’évolution s’annonçait bouillant.

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