Tout le monde croyait qu’elle était analphabète, et se moquait de cette ignorante. Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main. Un jour, alors qu’elle…
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète, et se moquait de cette ignorante. Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main. Un jour, alors qu’elle…
Un jour, alors qu’elle finissait son déjeuner, elle regarda ses propres lignes de la main.
Elle ne vit rien, rien du tout…
Mais un minuscule bout de fromage tomba…
Une souris arriva et emporta le bout de fromage,
Un chat qui passait par là se mit à poursuivre la souris qui emportait le bout de fromage,
Ameuté par le bruit, un chien endormi ouvrit les yeux et se mit en chasse derrière le chat qui poursuivait la souris qui emportait son fromage.
Les poules suivirent en sautillant à la queue leu leu, brassant l’air de leurs plumes brillantes,
Une oie, bon pied bon œil, se mit à poursuivre la troupe et la chapardeuse
La kyrielle bruyante éveilla le renard qui épiait derrière les buissons, il courut à son tour rejoindre les poursuivants qui ne savaient plus au juste ce qu’ils poursuivaient !
Un serpent, toujours à l’affût de quelques gloutonneries prit part à la galopade.
Ce charivari criait et hurlait
Veaux, vaches et cochons complétèrent le tintamarre
On cria « Au loup ! » et celui-ci arriva,
Poussant tout le monde vers la rivière
Le convoi incontrôlable la traversa sur un train d’enfer
Et firent front à la voie ferrée,
Un train passait à ce moment,
Ils sautèrent dans un wagon,
Et arrivèrent, tout reposés, à la mer
Reprenant leur course folle,
Ils plongèrent sans perdre haleine
Ne prenant pas le temps de faire le tri,
Une baleine qui passait par là
Engloutit cette manne venue de la terre
Elle vogua vers l’Ouest,
L’Ouest lointain.
Arrivée sur la Côte, elle rejeta le tout
N’ayant rien trouvé à son goût
Et c’est ainsi qu’une gamine
Vainquit son ignorance,
Grâce à un petit bout de fromage,
Au milieu des lignes de sa main.
Elle prit plaisir à découvrir
Les sciences et la géographie
A son insu, se peupla la Côte Est
Puis le Far West…
Pas de quoi en faire un fromage
J’aime votre idée, très inventive et originale.
Le rapprochement avec Rimbaud est subtil et joliment amené.
Votre texte, tel un conte, nous fait rêver.
Si je peux me permettre : conservez-le et voyez, un plus tard, s’il est possible d’y apporter quelques petites retouches.
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète, et se moquait de cette ignorante.
Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main. Rien d’étonnant à cela: Qui s’y connait vraiment en chiromancie? Qui sait qu’elle est un langage parmi d’autres, et qu’en tant que langage donc, elle s’écrit avec des lettres comme n’importe quel langage. Mais tant de gens pensent que les lettres ne servent qu’à mettre en forme des rapports, des articles de revue, ou pire, à montrer qu’on est intelligent en écrivant des textes que les gens lisent la plupart du temps par politesse, si possible bien au chaud dans leur lit et juste avant de s’endormir d’un sommeil d’autant plus profond que le texte en question est long et atone. Qui penserait dans ces conditions que les lettres ne révèlent leur véritable sens qu’à ceux qui en sont dignes, à ceux qui savent lire entre leurs lignes, à ceux qui comprennent à demi-mot, et non pas aux pédants, aux écrivassiers d’un jour, aux brasseurs d’air, aux moulins à vent de l’écrit jetable.
Donc, tout le monde se moquait de E… Ce dont elle s’accommodait la plupart du temps, n’ayant nul besoin de communiquer avec ceux que le hasard plaçait sur sa route et qui n’étaient pour elle que des étrangers.
Un jour, alors qu’elle était perdue dans ses pensées et aussi un peu sur le chemin qu’elle suivait – en fait elle marchait au hasard – elle arriva dans un vallon. C’était à la campagne, et comme l’été était en son plein, tout était vert. Elle passa près d’un jeune homme, qui était allongé là, et ce qui la frappa d’abord au milieu de tout ce vert environnant, ce fut la tache rouge qui marquait sa chemise d’un blanc éclatant. En fait le contraste des couleurs était saisissant. Elle s’approcha doucement pour constater que le jeune homme dormait paisiblement. Il faisait chaud. Le ciel était bleu, sans nuage et la lumière très vive. Elle s’approcha encore. Le jeune homme respirait doucement, en cadence, inspiration, expiration, un rythme un-deux presque musical. La lumière se fit encore plus vive, encore plus blanche, jusqu’à faire disparaitre toutes les autres couleurs. Et toujours le rythme binaire de la respiration. E… était tout près de lui maintenant. Alors elle lui prit la main, doucement, pour ne pas le réveiller. Elle tourna la paume vers le ciel, y posa son regard et lut. Les lignes importantes s’y dessinaient distinctement, la ligne de vie, celle de coeur, de tête, de chance… Mais voila que ces lignes traçaient tour à tour les voyelles, le A d’abord, très distinct, puis après quelques secondes apparaissaient un E epsilon, suivi du I plutôt tordu, puis un O anguleux et enfin un U en vasque. Et chaque lettre apparaissait et disparaissait au rythme binaire de la respiration. Et en même temps s’échappaient de la bouche du dormeur du val de petits nuages de couleur dont la nuance changeait à chaque lettre: A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu. A n’en pas douter cet homme-là parlait le langage des astres et cotoyait les étoiles dans ses rêves. E… resta longtemps à écouter cette musique colorée dont elle ne se lassait pas. Mais comme la nuit tombait et que l’obscurité grandissante effaçait peu à peu les lettres de cette main magique, E… dut se résigner à partir, ce qu’elle ne fit qu’à contre cœur. Mais avant de se relever elle se pencha à l’oreille de celui qui dormait toujours et murmura: « Poète mon gentil poète, surtout ne te réveille jamais! l’avenir pour toi pourrait ressembler à cette nuit sombre. Demain avec le jour renaîtra la grande clarté et sa ronde de voyelles colorées. Ton futur balance entre l’apothéose du jour et le néant de la nuit. Lumière, néant, rythme binaire qui gouverne les deux pôles de ton destin. Mais les lettres de couleur que tu as fait naître suivront à jamais ton nom ».
Ainsi le prédit la voyante et l’avenir lui donna raison. Car elle seule, l’ « ignorante » , avait su lire dans la main du poète son destin de lumière et d’ombre.
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète,
et se moquait de cette ignorante.
Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main.
Un jour, alors qu’elle faisait son ménage, sa fille lui dit : « Tu sais maman, les gens ne sont pas gentils lorsqu’ils parlent de toi, ils te traitent de bouffonne mais moi je t’aime et si tu veux je peux t’aider à apprendre à lire ».
La jeune femme sourit mais ne répondit pas à son enfant et la vie continua son court jusqu’au jour où le père de cette petite décéda.
Sa maman prit conscience qu’elle ne pourrait pas aider sa fille pour les devoirs, et annonça à sa fille qu’en effet, elle n’avait pas appris à lire dans les livres mais que sa famille lisait dans les lignes de la main, qu’elle savait que son papa était très souffrant mais qu’elle espérait s’être trompée, qu’il ne fallait pas se laisser aller à la tristesse mais se battre pour montrer aux « adultes qui les entouraient » que dans son ignorance, elle avait appris à être forte. La petite fût surprise et demanda à sa maman de lui montrer. Elles prirent alors un accord, chacune apprendrait à l’autre à lire et il fallait que maman travaille très dure pour qu’elle puisse assister sa « choupette » dans ses études. Audrey était déjà au CM1, mais elle avait gardé tous ses cahiers depuis le CP. Elle se fit une joie de dire à Nathalie, sa mère, qu’elle lui épargnerait les poésies à apprendre, mais que le calcul, la lecture et l’écriture était très important. Elle lui transmis donc son savoir en lecture et lorsqu’elle était à l’école, Nathalie bossait dur pour que sa petite chérie soit fière. En trois mois, Nathalie savait lire, et envoyait sa fille à la bibliothèque toutes les semaines. Audrey lui prenait des livres de tout sujet, peinture, architecture, histoire… Nathalie dévorait ses bouquins à une vitesse hallucinante et pouvait maintenant expliquer quelques sujets à sa fille.
Audrey prenait plaisir également à apprendre de sa mère, mais elle était frustrée car cette dernière refusait radicalement de lire dans ses mains à elle. Lorsqu’elle lui expliquait les rudiments de la lecture des lignes, Nathalie prenait toujours exemples sur ses membres.
Audrey avait beau insister rien n’y faisait : Nathalie lui fit comprendre que ce don, il ne fallait JAMAIS l’utiliser pour des proches, car cela porte malheur. La petite compris et repensa au jour où sa mère lui avait dit qu’elle pensait avoir commis une erreur en voyant ce qu’elle lisait sur les lignes de son père et saisi l’importance du sujet.
Audrey demanda à ses copains de l’école de peindre la paume de leurs mains, et de lui donner : c’est pour avoir un souvenir de vous pendant les vacances disait elle lorsque ces derniers lui réclamaient une explication. Elle put donc elle aussi s’entraîner et Nathalie continuer ses explications.
A sa majorité, la jeune fille décida de faire de ce don un métier, malgré le désaccord de sa vieille mère : tu ne peux pas te faire payer pour un don, sinon il te lâchera !
Nathalie avait raison, au bout de quelques mois Audrey n’arrivait plus à rien et sa mère perdait la raison. Audrey devint donc maîtresse d’école pour adultes analphabètes en souvenir de son passé, si heureux, avec sa mère.
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète, et se moquait de cette ignorante. Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main. Un jour, alors qu’elle était assise sur un banc de pierre usée sous l’allée de platanes qui bordait la place du village, son regard, dans le vague, se figea subitement sur une main posée à côté d’elle, sur le banc. C’était une grande main blanche effilée. La jeune fille fixa immédiatement son regard sur une ligne à peine dessinée, qu’elle suivit comme une ficelle que l’on déroule. Sur la ficelle étaient accrochés, comme sur un fil à linge, des images, des sons, des portraits, des sentiments, des larmes, des rires, bref une vie, et puis une plage, un horizon avec des scènes animées, et justement, ce banc… Mais les images se brouillaient dans sa tête. Elle se frotta les yeux et revit nettement la plage et… un garçon avec une longue vue. Alors qu’elle allait se perdre dans cet horizon, elle revint soudain là, sur le banc de pierre, et leva les yeux sur le propriétaire de la grande main effilée. C’était un garçon d’une quinzaine d’années aux yeux gris clair, tissés d’éclats de vert. Depuis un long moment, il la regardait droit dans les yeux sans sourciller, et lui dit : « toi aussi, tu as ce don de lire la vie. Tu lis dans les lignes de la main, moi je lis dans les yeux. Tu dois avoir de belles histoires à raconter ? ». « Oui, répondit-elle, mais chut… il faut le dire à personne. Viens avec moi. » Elle prit le garçon par la main et l’emmena sur le terrain vague, à l’entrée du village. Là, ils s’assirent au pied de la dune, sur un petit carré d’herbe folle parsemée de coquelicots. Chacun leur tour, ils se racontèrent des histoires fabuleuses, drôles ou tragiques, qu’ils avaient puisées, elle dans les mains, lui dans les yeux de personnes rencontrées au gré de leurs errances. Et les histoires passaient, se succédaient, tournaient une à une telles les faces d’une lanterne magique. Ils décidèrent alors de se retrouver là, chaque soir, pour une lecture originale à haute voix de romans qui ne seront jamais écrits. L’un comme l’autre étaient toujours au rendez-vous. Un soir, ils restèrent jusqu’à la nuit sur le terrain vague et découvrirent qu’ensemble, ils pouvaient lire dans les astres.
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète,
et se moquait de cette ignorante.
Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main.
Un jour, alors qu’elle… s’en retourne vers sa maison, un événement singulier se produisit.
Il ne devait pas être loin de midi car le soleil était haut . Les hirondelles volaient bas…. Dans le ciel, de gros nuages noirs s’amoncelaient, l’air était pesant.
Pesant son cœur et ses pas l’étaient tout autant. Elle emprunta la voie qui l’acheminait vers sa maison, … une maison située à l’écart du village, à l’orée de la forêt,…
Ce matin comme à l’accoutumée, elle a quitté très tôt son logis pour se rendre au marché vendre des légumes du jardin. La clientèle lui est fidèle, ses légumes frais sont appréciés…il faut dire qu’elle sait en prend soin, comme s’il s’agissait d‘êtres humains… André, son mari la taquine souvent en lui disant qu’il aimerait être un jardin,…
Ah, comme elle l’aime son André, ce géant roux, ce marin au grand cœur !
Même si sa passion pour la mer les tient séparés trop souvent à leur goût, il a su l’apprivoiser, elle et son âme blessée ; il lui témoigne des attentions touchantes et si bienveillantes…
De son enfance, elle garde le souvenir de traversées de souffrance suivies de froide indifférence. Étant bébé, ses parents périrent dans l’incendie occasionné par la foudre. Elle fut sauvée in extrémis des flammes. Une cousine éloignée la recueillit comme on l’aurait fait pour un animal. Elle n’eut jamais faim, néanmoins cette parente n’exprimait pas une tendresse débordante.
En classe, elle fut sujette aux moqueries. Accablée d’une timidité intense, à la récréation les enfants lui chantaient cette stupide chansonnette : « c’est la Ninette, elle est bête, elle est simplette, c’est la Ninette… ». Son être s’emplissait alors d’un profond désarroi et pourtant pas de larme… elle avait appris à serrer les poings très fort tout en songeant à Iris, une gentille petite chienne qui attendait son retour pour la gratifier d’abondantes léchouilles…
Tout cela appartient au temps d’avant… L’orage est propice aux sombres pensées.
La tête encombrée, elle continue sa route. Il faut se presser. Les soudaines rafales de vent ralentissent sa marche, les premières gouttes de pluie s’amoncellent sur le sol. De grosses gouttes de pluie qui frappent le sol et émettent des notes semblables à celles d’un piano.
C’est alors qu’elle la vit, une petite dame toute frêle qui semblait aérienne et qui traversait la tempête sans difficulté. Elle n’éprouva aucune crainte. La petite dame lui fit une large sourire et tout en s’approchant, elle lui murmura à l’oreille :
«Elle savait lire dans les lignes de la main,
dans les lignes du destin fais ton chemin ! »
Triomphante, à son André, elle a annoncé :
« l’alphabet du cœur, maintenant je le connais par cœur ! »
Jaine
( Un exercice laborieux d’écriture !
– avec la concordance du temps
des verbes et leur mauvais caractère …
– avec des mots qui trainent des pieds
et ne veulent plus avancer …
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète, et se moquait de cette ignorante. Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main.
Un jour, alors qu’elle marchait aux côtés de sa mère, dans les rues parsemées d’encombrants, une main blanche, jetée au milieu de tableaux altérés, gesticulait.
La fillette s’arrêta. Elle observait l’agitation des cinq doigts. Ces phalanges à l’allure plâtrée, l’invitait, tel un intrigant qui cherche à apprivoiser un complice prompt à manœuvrer des desseins diaboliques.
Charmés, les petits pieds glissèrent jusqu’au carton détérioré qui abritait la main. Celle-ci s’impatientait. Les mouvements si précis et directifs se transformaient en une liesse.
L’enfant saisit l’objet de sa curiosité. Soudain, la main s’apaisa. Les doigts se figèrent. Des lignes dorées sillonnaient la paume de la main.
De l’autre côté de la rue, la mère s’époumonait. Sous l’incompréhension de cette scène aux accents surnaturels, tout son corps vacillait. Elle ne cessait cependant d’avilir sa fille. Mais un instant allait changer sa considération pour son enfant.
La fillette caressait les lignes de la main moulée. Leurs dorures s’intensifiaient au fur et à mesure qu’ affleurait ce qu’elles recelaient. Sous le regard sévère de sa mère, la fillette déchiffrait la vie du modèle qui a prêté sa main au sculpteur.
Les sillons et les monts du plâtre guidèrent la fillette au n° 21 de la rue adjacente. Un sourire accueillit la main moulée que présentait la fillette. La mère, qui se tenait toujours à l’écart, affecta une mine déconfite. Puis, elle s’avança vers celle qui éveillait désormais en elle une bouffée de fierté.
Je vous souhaite une bonne soirée,
à très bientôt par mail !
Facile de railler quelqu’un qui paraît analphabète, qui ne fait pas partie du même monde, tolérée avec condescendance, jamais consultée, elle ne peut pas comprendre… il est vrai qu’elle vivait dans son univers , poétique , autres repères, autres lignes, jamais en droite L. Elle avait sa L d’horizon personnelle , ses paysages se découpaient en grandes L qui se croisaient, s’enchevêtraient, ou filaient vers l’infini . En lisant les L de la main, coeur, vie,chance, elle les connaissait bien ces alphabétisés, dans le même temps, elle parcourait les L du visage, grand livre ouvert, elle les déchiffrait facilement . Ils ne pouvaient imaginer qu’elle percevait les L de force, essentielles.
Immédiatement elle sût ce qui était arrivé et qui, avait tout manigancé .
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète, et se moquait de cette ignorante. Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main. Un jour, alors qu’elle tenait entre ses deux mains fines d’enfant, la main de son père, elle perdit la parole.
Mina était une petite fille sage mais avec la réputation d’une langue habile. Celle ci ne bougea plus. Les docteurs se succédèrent les uns après les autres. On décida de l’amener voir un spécialiste. Ce dernier souhaita s’entretenir avec la fillette seul à seul.
« Mina, ta langue va bien…Si tu ne veux plus parler, c’est ton problème mais tu dois au moins trouver un moyen de rassurer tes parents. »
Mina leva ses yeux effrayés vers le docteur. Elle attrapa la main du docteur et ouvrit la bouche :
« Vous avez de la chance, vous allez vivre jusqu’à 90 ans. Pas mon père ».
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète, et se moquait de cette ignorance. Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main.
Un jour, alors qu’elle tentait de lire les lignes de la main du journal, tous ces signes boiteux d’un langage inconnu, elle s’arrêta net sur une photo.
Celle ci représentait un vaste bâtiment, une usine, des sortes de cheminées métalliques, au bord de la mer.
Elle n’avait encore jamais réalisé que le bonheur puisse être à la ville, qu’on y installait les ouvriers au bord de la plage. A la campagne, seuls les restes du vieux moulin rayaient le paysage plat, jusqu’au canal.
Elle et elle seule connaissait son « cadeau de D », son don. En serrant la main du père Michel, elle lui avait indiqué où retrouver sa vache, à deux pâtures, chez un voisin.
En échangeant des salades avec Mauricette, elle était parvenue à la dissuader de monter dans le bus de la ville, celui ci allant, de toute évidence tomber en panne. Et Mauricette n’avait pas perdu sa journée.
En jouant aux billes avec le petit Victor, elle avait pu déterminer et « soigner » sa pneumonie, du moins, c’est ce qu’elle croyait.
Mais là, le fait de caresser la feuille du journal lui envoya une décharge si violente qu’elle en fut toute interloquée. Elle s’appuya sur la petite table du bistrot, repris son souffle, s’assit.
Quelque chose d’énorme allait advenir, elle le sentait dans tout son corps et au delà.
Les lignes de la main du journal prédisaient le pire au simple palpage.
La gazette était tombée sur la table. Elle aurait été incapable de s’en saisir à nouveau.
Pour la première fois de sa vie, son « cadeau de D » lui faisait peur.
Elle était incapable de déchiffrer la légende sous la photo.
Mes exercices sont des accélérateurs de particules imaginatives. Ils excitent l'inventivité et donnent l’occasion d’effectuer un sprint mental. Profitez-en pour pratiquer une écriture indisciplinée.
Ces échauffements très créatifs vous préparent à toutes sortes de marathons : écrire des fictions : nouvelles, romans, séries, etc.
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète, et se moquait de cette ignorante. Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main. Un jour, alors qu’elle…
Un jour, alors qu’elle finissait son déjeuner, elle regarda ses propres lignes de la main.
Elle ne vit rien, rien du tout…
Mais un minuscule bout de fromage tomba…
Une souris arriva et emporta le bout de fromage,
Un chat qui passait par là se mit à poursuivre la souris qui emportait le bout de fromage,
Ameuté par le bruit, un chien endormi ouvrit les yeux et se mit en chasse derrière le chat qui poursuivait la souris qui emportait son fromage.
Les poules suivirent en sautillant à la queue leu leu, brassant l’air de leurs plumes brillantes,
Une oie, bon pied bon œil, se mit à poursuivre la troupe et la chapardeuse
La kyrielle bruyante éveilla le renard qui épiait derrière les buissons, il courut à son tour rejoindre les poursuivants qui ne savaient plus au juste ce qu’ils poursuivaient !
Un serpent, toujours à l’affût de quelques gloutonneries prit part à la galopade.
Ce charivari criait et hurlait
Veaux, vaches et cochons complétèrent le tintamarre
On cria « Au loup ! » et celui-ci arriva,
Poussant tout le monde vers la rivière
Le convoi incontrôlable la traversa sur un train d’enfer
Et firent front à la voie ferrée,
Un train passait à ce moment,
Ils sautèrent dans un wagon,
Et arrivèrent, tout reposés, à la mer
Reprenant leur course folle,
Ils plongèrent sans perdre haleine
Ne prenant pas le temps de faire le tri,
Une baleine qui passait par là
Engloutit cette manne venue de la terre
Elle vogua vers l’Ouest,
L’Ouest lointain.
Arrivée sur la Côte, elle rejeta le tout
N’ayant rien trouvé à son goût
Et c’est ainsi qu’une gamine
Vainquit son ignorance,
Grâce à un petit bout de fromage,
Au milieu des lignes de sa main.
Elle prit plaisir à découvrir
Les sciences et la géographie
A son insu, se peupla la Côte Est
Puis le Far West…
Pas de quoi en faire un fromage
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète, et se moquait de cette ignorante. Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main. Un jour, alors qu’elle rêvait en regardant les formes dans les nuages, elle décida de partir vers une bourgade lointaine.
« Où personne ne sait que je suis illettrée, où tout le monde saura que je suis la meilleure diseuse de bonne aventure. »
Elle revêtit des haillons de bohémienne et arpenta les rues. Sa réputation fut établie en quelques semaines. Le succès était tel qu’elle ouvrit son cabinet de voyance. Terme pompeux désignant sa petite cabane à la décoration rococo, à la propreté douteuse, à l’odeur indéfinissable.
Cependant, même la haute société fréquenta le cabinet. Ce fut très vite sa plus nombreuse clientèle. Clientèle secrète, bien entendu. On venait encapuchonné, chapeauté, emmitouflé, entre chien et loup. Mais la bourgeoisie est composée de rats qui rechignent à céder un ou deux sous. La bohémienne ne savait pas lire, cependant elle savait compter. Et réfléchir. Quoique sa réflexion tenait désormais de l’aigreur et de l’amertume.
Aux bourgeois se succédant, elle annonça que ce n’était pas la peine de revenir.
De toute façon, la haute société ne reviendra plus. Au fur et à mesure que la voyante posait les yeux sur les lignes des mains des messieurs et des dames, celles-ci s’effaçaient à tout jamais.
A l’heure qu’il est la bourgeoisie est en colère. En secret. Comment expliquer ? Comment réparer ? Envolée, la bohémienne.
Les gants sont à la mode, dans la bourgade.
©Margine
J’aime votre idée, très inventive et originale.
Le rapprochement avec Rimbaud est subtil et joliment amené.
Votre texte, tel un conte, nous fait rêver.
Si je peux me permettre : conservez-le et voyez, un plus tard, s’il est possible d’y apporter quelques petites retouches.
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète, et se moquait de cette ignorante.
Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main. Rien d’étonnant à cela: Qui s’y connait vraiment en chiromancie? Qui sait qu’elle est un langage parmi d’autres, et qu’en tant que langage donc, elle s’écrit avec des lettres comme n’importe quel langage. Mais tant de gens pensent que les lettres ne servent qu’à mettre en forme des rapports, des articles de revue, ou pire, à montrer qu’on est intelligent en écrivant des textes que les gens lisent la plupart du temps par politesse, si possible bien au chaud dans leur lit et juste avant de s’endormir d’un sommeil d’autant plus profond que le texte en question est long et atone. Qui penserait dans ces conditions que les lettres ne révèlent leur véritable sens qu’à ceux qui en sont dignes, à ceux qui savent lire entre leurs lignes, à ceux qui comprennent à demi-mot, et non pas aux pédants, aux écrivassiers d’un jour, aux brasseurs d’air, aux moulins à vent de l’écrit jetable.
Donc, tout le monde se moquait de E… Ce dont elle s’accommodait la plupart du temps, n’ayant nul besoin de communiquer avec ceux que le hasard plaçait sur sa route et qui n’étaient pour elle que des étrangers.
Un jour, alors qu’elle était perdue dans ses pensées et aussi un peu sur le chemin qu’elle suivait – en fait elle marchait au hasard – elle arriva dans un vallon. C’était à la campagne, et comme l’été était en son plein, tout était vert. Elle passa près d’un jeune homme, qui était allongé là, et ce qui la frappa d’abord au milieu de tout ce vert environnant, ce fut la tache rouge qui marquait sa chemise d’un blanc éclatant. En fait le contraste des couleurs était saisissant. Elle s’approcha doucement pour constater que le jeune homme dormait paisiblement. Il faisait chaud. Le ciel était bleu, sans nuage et la lumière très vive. Elle s’approcha encore. Le jeune homme respirait doucement, en cadence, inspiration, expiration, un rythme un-deux presque musical. La lumière se fit encore plus vive, encore plus blanche, jusqu’à faire disparaitre toutes les autres couleurs. Et toujours le rythme binaire de la respiration. E… était tout près de lui maintenant. Alors elle lui prit la main, doucement, pour ne pas le réveiller. Elle tourna la paume vers le ciel, y posa son regard et lut. Les lignes importantes s’y dessinaient distinctement, la ligne de vie, celle de coeur, de tête, de chance… Mais voila que ces lignes traçaient tour à tour les voyelles, le A d’abord, très distinct, puis après quelques secondes apparaissaient un E epsilon, suivi du I plutôt tordu, puis un O anguleux et enfin un U en vasque. Et chaque lettre apparaissait et disparaissait au rythme binaire de la respiration. Et en même temps s’échappaient de la bouche du dormeur du val de petits nuages de couleur dont la nuance changeait à chaque lettre: A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu. A n’en pas douter cet homme-là parlait le langage des astres et cotoyait les étoiles dans ses rêves. E… resta longtemps à écouter cette musique colorée dont elle ne se lassait pas. Mais comme la nuit tombait et que l’obscurité grandissante effaçait peu à peu les lettres de cette main magique, E… dut se résigner à partir, ce qu’elle ne fit qu’à contre cœur. Mais avant de se relever elle se pencha à l’oreille de celui qui dormait toujours et murmura: « Poète mon gentil poète, surtout ne te réveille jamais! l’avenir pour toi pourrait ressembler à cette nuit sombre. Demain avec le jour renaîtra la grande clarté et sa ronde de voyelles colorées. Ton futur balance entre l’apothéose du jour et le néant de la nuit. Lumière, néant, rythme binaire qui gouverne les deux pôles de ton destin. Mais les lettres de couleur que tu as fait naître suivront à jamais ton nom ».
Ainsi le prédit la voyante et l’avenir lui donna raison. Car elle seule, l’ « ignorante » , avait su lire dans la main du poète son destin de lumière et d’ombre.
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète,
et se moquait de cette ignorante.
Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main.
Un jour, alors qu’elle faisait son ménage, sa fille lui dit : « Tu sais maman, les gens ne sont pas gentils lorsqu’ils parlent de toi, ils te traitent de bouffonne mais moi je t’aime et si tu veux je peux t’aider à apprendre à lire ».
La jeune femme sourit mais ne répondit pas à son enfant et la vie continua son court jusqu’au jour où le père de cette petite décéda.
Sa maman prit conscience qu’elle ne pourrait pas aider sa fille pour les devoirs, et annonça à sa fille qu’en effet, elle n’avait pas appris à lire dans les livres mais que sa famille lisait dans les lignes de la main, qu’elle savait que son papa était très souffrant mais qu’elle espérait s’être trompée, qu’il ne fallait pas se laisser aller à la tristesse mais se battre pour montrer aux « adultes qui les entouraient » que dans son ignorance, elle avait appris à être forte. La petite fût surprise et demanda à sa maman de lui montrer. Elles prirent alors un accord, chacune apprendrait à l’autre à lire et il fallait que maman travaille très dure pour qu’elle puisse assister sa « choupette » dans ses études. Audrey était déjà au CM1, mais elle avait gardé tous ses cahiers depuis le CP. Elle se fit une joie de dire à Nathalie, sa mère, qu’elle lui épargnerait les poésies à apprendre, mais que le calcul, la lecture et l’écriture était très important. Elle lui transmis donc son savoir en lecture et lorsqu’elle était à l’école, Nathalie bossait dur pour que sa petite chérie soit fière. En trois mois, Nathalie savait lire, et envoyait sa fille à la bibliothèque toutes les semaines. Audrey lui prenait des livres de tout sujet, peinture, architecture, histoire… Nathalie dévorait ses bouquins à une vitesse hallucinante et pouvait maintenant expliquer quelques sujets à sa fille.
Audrey prenait plaisir également à apprendre de sa mère, mais elle était frustrée car cette dernière refusait radicalement de lire dans ses mains à elle. Lorsqu’elle lui expliquait les rudiments de la lecture des lignes, Nathalie prenait toujours exemples sur ses membres.
Audrey avait beau insister rien n’y faisait : Nathalie lui fit comprendre que ce don, il ne fallait JAMAIS l’utiliser pour des proches, car cela porte malheur. La petite compris et repensa au jour où sa mère lui avait dit qu’elle pensait avoir commis une erreur en voyant ce qu’elle lisait sur les lignes de son père et saisi l’importance du sujet.
Audrey demanda à ses copains de l’école de peindre la paume de leurs mains, et de lui donner : c’est pour avoir un souvenir de vous pendant les vacances disait elle lorsque ces derniers lui réclamaient une explication. Elle put donc elle aussi s’entraîner et Nathalie continuer ses explications.
A sa majorité, la jeune fille décida de faire de ce don un métier, malgré le désaccord de sa vieille mère : tu ne peux pas te faire payer pour un don, sinon il te lâchera !
Nathalie avait raison, au bout de quelques mois Audrey n’arrivait plus à rien et sa mère perdait la raison. Audrey devint donc maîtresse d’école pour adultes analphabètes en souvenir de son passé, si heureux, avec sa mère.
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète, et se moquait de cette ignorante. Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main. Un jour, alors qu’elle était assise sur un banc de pierre usée sous l’allée de platanes qui bordait la place du village, son regard, dans le vague, se figea subitement sur une main posée à côté d’elle, sur le banc. C’était une grande main blanche effilée. La jeune fille fixa immédiatement son regard sur une ligne à peine dessinée, qu’elle suivit comme une ficelle que l’on déroule. Sur la ficelle étaient accrochés, comme sur un fil à linge, des images, des sons, des portraits, des sentiments, des larmes, des rires, bref une vie, et puis une plage, un horizon avec des scènes animées, et justement, ce banc… Mais les images se brouillaient dans sa tête. Elle se frotta les yeux et revit nettement la plage et… un garçon avec une longue vue. Alors qu’elle allait se perdre dans cet horizon, elle revint soudain là, sur le banc de pierre, et leva les yeux sur le propriétaire de la grande main effilée. C’était un garçon d’une quinzaine d’années aux yeux gris clair, tissés d’éclats de vert. Depuis un long moment, il la regardait droit dans les yeux sans sourciller, et lui dit : « toi aussi, tu as ce don de lire la vie. Tu lis dans les lignes de la main, moi je lis dans les yeux. Tu dois avoir de belles histoires à raconter ? ». « Oui, répondit-elle, mais chut… il faut le dire à personne. Viens avec moi. » Elle prit le garçon par la main et l’emmena sur le terrain vague, à l’entrée du village. Là, ils s’assirent au pied de la dune, sur un petit carré d’herbe folle parsemée de coquelicots. Chacun leur tour, ils se racontèrent des histoires fabuleuses, drôles ou tragiques, qu’ils avaient puisées, elle dans les mains, lui dans les yeux de personnes rencontrées au gré de leurs errances. Et les histoires passaient, se succédaient, tournaient une à une telles les faces d’une lanterne magique. Ils décidèrent alors de se retrouver là, chaque soir, pour une lecture originale à haute voix de romans qui ne seront jamais écrits. L’un comme l’autre étaient toujours au rendez-vous. Un soir, ils restèrent jusqu’à la nuit sur le terrain vague et découvrirent qu’ensemble, ils pouvaient lire dans les astres.
©Sylvie Wojcik
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète,
et se moquait de cette ignorante.
Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main.
Un jour, alors qu’elle… s’en retourne vers sa maison, un événement singulier se produisit.
Il ne devait pas être loin de midi car le soleil était haut . Les hirondelles volaient bas…. Dans le ciel, de gros nuages noirs s’amoncelaient, l’air était pesant.
Pesant son cœur et ses pas l’étaient tout autant. Elle emprunta la voie qui l’acheminait vers sa maison, … une maison située à l’écart du village, à l’orée de la forêt,…
Ce matin comme à l’accoutumée, elle a quitté très tôt son logis pour se rendre au marché vendre des légumes du jardin. La clientèle lui est fidèle, ses légumes frais sont appréciés…il faut dire qu’elle sait en prend soin, comme s’il s’agissait d‘êtres humains… André, son mari la taquine souvent en lui disant qu’il aimerait être un jardin,…
Ah, comme elle l’aime son André, ce géant roux, ce marin au grand cœur !
Même si sa passion pour la mer les tient séparés trop souvent à leur goût, il a su l’apprivoiser, elle et son âme blessée ; il lui témoigne des attentions touchantes et si bienveillantes…
De son enfance, elle garde le souvenir de traversées de souffrance suivies de froide indifférence. Étant bébé, ses parents périrent dans l’incendie occasionné par la foudre. Elle fut sauvée in extrémis des flammes. Une cousine éloignée la recueillit comme on l’aurait fait pour un animal. Elle n’eut jamais faim, néanmoins cette parente n’exprimait pas une tendresse débordante.
En classe, elle fut sujette aux moqueries. Accablée d’une timidité intense, à la récréation les enfants lui chantaient cette stupide chansonnette : « c’est la Ninette, elle est bête, elle est simplette, c’est la Ninette… ». Son être s’emplissait alors d’un profond désarroi et pourtant pas de larme… elle avait appris à serrer les poings très fort tout en songeant à Iris, une gentille petite chienne qui attendait son retour pour la gratifier d’abondantes léchouilles…
Tout cela appartient au temps d’avant… L’orage est propice aux sombres pensées.
La tête encombrée, elle continue sa route. Il faut se presser. Les soudaines rafales de vent ralentissent sa marche, les premières gouttes de pluie s’amoncellent sur le sol. De grosses gouttes de pluie qui frappent le sol et émettent des notes semblables à celles d’un piano.
C’est alors qu’elle la vit, une petite dame toute frêle qui semblait aérienne et qui traversait la tempête sans difficulté. Elle n’éprouva aucune crainte. La petite dame lui fit une large sourire et tout en s’approchant, elle lui murmura à l’oreille :
«Elle savait lire dans les lignes de la main,
dans les lignes du destin fais ton chemin ! »
Triomphante, à son André, elle a annoncé :
« l’alphabet du cœur, maintenant je le connais par cœur ! »
Jaine
( Un exercice laborieux d’écriture !
– avec la concordance du temps
des verbes et leur mauvais caractère …
– avec des mots qui trainent des pieds
et ne veulent plus avancer …
– avec le sens cohérent du récit…
– avec la fin de l’histoire…
Bigre !… sourire )
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète, et se moquait de cette ignorante. Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main.
Un jour, alors qu’elle marchait aux côtés de sa mère, dans les rues parsemées d’encombrants, une main blanche, jetée au milieu de tableaux altérés, gesticulait.
La fillette s’arrêta. Elle observait l’agitation des cinq doigts. Ces phalanges à l’allure plâtrée, l’invitait, tel un intrigant qui cherche à apprivoiser un complice prompt à manœuvrer des desseins diaboliques.
Charmés, les petits pieds glissèrent jusqu’au carton détérioré qui abritait la main. Celle-ci s’impatientait. Les mouvements si précis et directifs se transformaient en une liesse.
L’enfant saisit l’objet de sa curiosité. Soudain, la main s’apaisa. Les doigts se figèrent. Des lignes dorées sillonnaient la paume de la main.
De l’autre côté de la rue, la mère s’époumonait. Sous l’incompréhension de cette scène aux accents surnaturels, tout son corps vacillait. Elle ne cessait cependant d’avilir sa fille. Mais un instant allait changer sa considération pour son enfant.
La fillette caressait les lignes de la main moulée. Leurs dorures s’intensifiaient au fur et à mesure qu’ affleurait ce qu’elles recelaient. Sous le regard sévère de sa mère, la fillette déchiffrait la vie du modèle qui a prêté sa main au sculpteur.
Les sillons et les monts du plâtre guidèrent la fillette au n° 21 de la rue adjacente. Un sourire accueillit la main moulée que présentait la fillette. La mère, qui se tenait toujours à l’écart, affecta une mine déconfite. Puis, elle s’avança vers celle qui éveillait désormais en elle une bouffée de fierté.
Je vous souhaite une bonne soirée,
à très bientôt par mail !
amicalement,
Virginie
Facile de railler quelqu’un qui paraît analphabète, qui ne fait pas partie du même monde, tolérée avec condescendance, jamais consultée, elle ne peut pas comprendre… il est vrai qu’elle vivait dans son univers , poétique , autres repères, autres lignes, jamais en droite L. Elle avait sa L d’horizon personnelle , ses paysages se découpaient en grandes L qui se croisaient, s’enchevêtraient, ou filaient vers l’infini . En lisant les L de la main, coeur, vie,chance, elle les connaissait bien ces alphabétisés, dans le même temps, elle parcourait les L du visage, grand livre ouvert, elle les déchiffrait facilement . Ils ne pouvaient imaginer qu’elle percevait les L de force, essentielles.
Immédiatement elle sût ce qui était arrivé et qui, avait tout manigancé .
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète, et se moquait de cette ignorante. Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main. Un jour, alors qu’elle tenait entre ses deux mains fines d’enfant, la main de son père, elle perdit la parole.
Mina était une petite fille sage mais avec la réputation d’une langue habile. Celle ci ne bougea plus. Les docteurs se succédèrent les uns après les autres. On décida de l’amener voir un spécialiste. Ce dernier souhaita s’entretenir avec la fillette seul à seul.
« Mina, ta langue va bien…Si tu ne veux plus parler, c’est ton problème mais tu dois au moins trouver un moyen de rassurer tes parents. »
Mina leva ses yeux effrayés vers le docteur. Elle attrapa la main du docteur et ouvrit la bouche :
« Vous avez de la chance, vous allez vivre jusqu’à 90 ans. Pas mon père ».
» Le cadeau de D »
Tout le monde croyait qu’elle était analphabète, et se moquait de cette ignorance. Mais nul ne se doutait qu’elle savait lire dans les lignes de la main.
Un jour, alors qu’elle tentait de lire les lignes de la main du journal, tous ces signes boiteux d’un langage inconnu, elle s’arrêta net sur une photo.
Celle ci représentait un vaste bâtiment, une usine, des sortes de cheminées métalliques, au bord de la mer.
Elle n’avait encore jamais réalisé que le bonheur puisse être à la ville, qu’on y installait les ouvriers au bord de la plage. A la campagne, seuls les restes du vieux moulin rayaient le paysage plat, jusqu’au canal.
Elle et elle seule connaissait son « cadeau de D », son don. En serrant la main du père Michel, elle lui avait indiqué où retrouver sa vache, à deux pâtures, chez un voisin.
En échangeant des salades avec Mauricette, elle était parvenue à la dissuader de monter dans le bus de la ville, celui ci allant, de toute évidence tomber en panne. Et Mauricette n’avait pas perdu sa journée.
En jouant aux billes avec le petit Victor, elle avait pu déterminer et « soigner » sa pneumonie, du moins, c’est ce qu’elle croyait.
Mais là, le fait de caresser la feuille du journal lui envoya une décharge si violente qu’elle en fut toute interloquée. Elle s’appuya sur la petite table du bistrot, repris son souffle, s’assit.
Quelque chose d’énorme allait advenir, elle le sentait dans tout son corps et au delà.
Les lignes de la main du journal prédisaient le pire au simple palpage.
La gazette était tombée sur la table. Elle aurait été incapable de s’en saisir à nouveau.
Pour la première fois de sa vie, son « cadeau de D » lui faisait peur.
Elle était incapable de déchiffrer la légende sous la photo.
Cela aurait pu être Fukushima…ou Gravelines!