Exercice inédit d’écriture créative 179

Ils vivaient de puis peu dans le même tiroir…Tiroir

21 réponses

  1. Clémence dit :

    Ils vivaient de puis peu dans le même tiroir…

    Arrivé vaillamment à l’âge de la retraite, Abélard quitte la ville (et fuir tous ses désagréments) pour s’installer dans un village des Cévennes (et jouir de tous ses agréments).

    A chaque fois, c’est pareil quand ses amis Baptiste, Charles, Emile, Fulbert, Guilhem et Jules viennent lui rendre visite. Ils répètent en écho combien ils l’envient, puis vient l’incontournable : « Allez, raconte-nous encore une de tes histoires du pays Cévenol »

    « Attendez un peu que j’ouvre un des tiroirs de mon cerveau, il devrait bien en sortir une légende ou quelque chose qui y ressemble !
    Ma mémoire flanche de temps à autre, et il m’arrive d’oublier le code de mon tiroir secret ou d’en laisser un grand ouvert ! Parfois même, j’en emboîte plusieurs dans un capharnaüm joyeux !
    Parfois encore, mon tiroir-caisse est vide, ou presque. Alors, pour me faire un petit festin, je racle mes fonds de tiroirs, je ressuscite l’un ou l’autre projet dormant dont je vends le brevet et mon tiroir-caisse se remplit d’espèces sonnantes et trébuchantes. »

    Songeur, Abélard continue son monologue…

    « Je continue de fouiller dans le tiroir de ma mémoire…je suis sûr d’y avoir rangé quelques souvenirs intéressants. Quand j’en trouverai un digne de ma plume et de mes lecteurs, j’envisagerai de publier mes fonds de tiroirs ! … Tu radotes, mon vieux Abélard… »
    Après une longue minute de méditation, Abélard s’exclame dans un rire tonitruant :
    « Ah, quelle affaire, mais quelle affaire, ce tiroir ! Il me remplit la tête ! »…
    Le rire s’éteint comme un feu de paille, mais les étincelles pétillent dans les yeux d’Abélard. Il le tient son auditoire ! Et il le tient bien, ferré comme un brochet !

    « La table est mise, allons, mes chers amis, je ne vous fais plus attendre . »
    Un vin rouge bien corsé arriva à table avec un nuage de malice.
    « Vous voyez ce beau meuble en châtaignier ? Savez-vous comment il s’appelle ? Et pourquoi ? »
    Abélard n’eut en réponse que des mines dubitatives et des regards glissant vers les verres à moitiés vides et les couverts en suspens.
    « Rassurez-vous, mes amis, loin de moi l’idée de vous faire un cours d’histoire, mais ce meuble date du temps de la guerre des Camisards…. Regardez comme il est beau,mon meuble, avec ses deux vantaux superposés séparés par un tiroir. Il a une particularité insoupçonnable…observez bien sa hauteur . Elle est telle qu’un homme peut effectivement se cacher derrière. Voilà pourquoi on l’appelle un « homme-debout »

    « Et le tiroir…ah, le tiroir…
    Après moult hésitations et avec grand soin , j’ai fini par y ranger ma vaisselle. Tous les héritages de la famille, glanés au fil des générations. Lorsque j’ai voulu installer le coffret à couverts dans le tiroir, cela coinçait bizarrement. Allez savoir pourquoi, il y avait là un écrou et une vis. Neufs tous les deux.
    Ils semblaient y avoir fait bon ménage : aucune éraflure, ni dans le bois ni dans leur acier aux reflets bleutés. J’en ai déduit qu’ils avaient élu domicile depuis peu, un jeune ménage, vous pensez…Cependant, il fallait que je fasse quelque chose , c’était eux ou mes couverts…. Écrou-vis…écrou-vis…. Écrou-vis…»

    C’est alors que Bastien, Charles, Emile, Fulbert, Guilhem et Jules levèrent leur verre et s’esclaffèrent :
    « Et que voulez-vous qu’il fît? »***
    « Que j’écrou- vis … que j’écrouvisse ….. que J’ÉCRIVISSE …cette histoire ! »

    …………………………………………………………………………………………………………………………

    ***
    – Julie
    Que voulez-vous qu’il fît contre trois ?
    – le vieil Horace
    Qu’il mourût
    Pierre Corneille – Horace, Acte III, scène 6.

  2. Pascal Perrat dit :

    Bonsoir
    Je viens de lire votre texte avec plaisir.
    C’est bien raconté, vif et enlevé.
    J’avais comme l’impression d’entendre quelqu’un (une femme, plutôt qu’un
    homme) me conter une histoire. C’est un compliment.
    J’espère vous lire encore Régis ?
    PS : d’habitude je réponds directement par courriel, mais votre adresse est HS

  3. Regis dit :

    (pardon-erreur ce matin)
    Ce matin, le tiroir s’est ouvert et sa main, je l’ai bien reconnue s’y est introduite…
    Je me tenais bien prêt, moi le foulard rose tendre à fleurs blanches qu’elle aime tant…
    Enfin qu’elle aime…Il y a un bon moment, maintenant que je suis passé du tiroir du haut au tiroir du bas. Je m’y suis retrouvé en compagnie d’un chemisier gris que j’avais accompagné à mes débuts avec elle. Ce chemisier était d’une prétention ! Vous ne pouvez pas l’imaginer ! Il disait qu’il était de marque, acheté dans un magasin de luxe dans la Grande Rue ! Évidemment, il avait repéré tout de suite, moi,le petit chose, le petit colifichet sans prétention. Je venais du rayon « soldes » d’une enseigne de magasins dont on trouvait les petits frères à travers toutes les contrées.
    — Et bla-bla je suis unique. Et bla-bla j’ai été dessiné par une artiste..
    Qu’est ce qu’il pouvait être fatiguant ! Vous dire, si j’avais jubilé le jour où elle a acheté ce superbe chemisier gris agent et cette robe bleue.
    Lui aussi, il a compris très vite que ses plus sérieux rivaux étaient là. Il n’a pas osé leur parler de haut. Les nouveaux ne lui ont même pas parlé. Ils se sont renseignés auprès de moi sur ses habitudes et tout d’abord, tout a continué comme avant. J’aurais du me méfier. Un après-midi, elle s’est arrêté plus longtemps que d’habitude devant une vitrine de colifichets. J’ai vite compris que ce n’était pas son reflet qui l’intéressait. Elle a fixé un point et puis, elle est entréeElle s’en est emparé avidemant, lui de ce bleu et blanc, si vulgaire, pas digne d’elle…
    Enfin, bref, je me suis retrouvé très vite dans le tiroir du bas avec le chemisier gris. Oh, on a fait la paix maintenant. Entre nous, on discute du bon vieux temps avec la petite jupe noire qui est bien sympathique aussi. On parle de la mode. Et la jupe nous dit qu’il y a de l’espoir ; Il y a des retours. Ca s’apelle la mode rétro ». Chemisier gris et moi sommes plus que spectiques.
    Hélas, cela était devenu de plus en plus dur. Nous voyions de moins en moins, la lumière.
    Quelquefois le tiroir s’ouvrait. Nous entendions seulement un long soupir.
    Mais ce jour là,donc, la main m’a saisi et j’ai eu un frisson de bonheur puis je vis qu’elle avait saisie aussi la jupe et le chemisier. Nous nous sommes retrouvés tous les trois sur le lit non loin de la robe bleue, de l’autre chemisier et même de mon rival, l’horrible foulard bleu et blanc.
    — Mais qu’est ce que ça veut dire ? Elle fait sa crise de rangement ?
    — Hélas, non à répondu la robe, j’ai entendue le mot « braderie ».
    Et c’est comme ça que je me suis retrouvé sur une table de camping avec mes amis et elle derrière. , Il y avait une odeur de frites, de biéres et de café fort. Et des mains qui me tripotaient.
    A un moment, j’ai entendu une voix dire : « Oh, il est chou ! »
    Et me voilà dans de nouvelles mains, autour d’un nouveau cou…
    Ah ! Sentir à nouveau la sensation du vent et l’odeur de la jeunesse qui me porte.

  4. Regis dit :

    Ce matin, le tiroir s’est ouvert et sa main, je l’ai bien reconnue s’y est introduite…
    Je me tenais bien prêt, moi le foulard rose tendre à fleurs blanches qu’elle aime tant..
    Enfin qu’elle aime…Il y a un bon moment, maintenant que je suis passé du tiroir du haut au tiroir du bas. Je m’y suis retrouvé en compagnie d’un chemisier gris que j’avais accompagné à mes débuts avec elle. Ce chemisier était d’une prétention ! Vous ne pouvez pas l’imaginer ! Il disait qu’il était de marque, acheté dans n magasin de luxe dans la Grande Rue ! Évidemment, il avait repéré tout de suite, le petit chose que j’étais moi…Je venais du rayon « soldes » d’une enseigne de magasins dont on trouvait les petits frères à travers toutes les contrées.
    — Et bla-bla je suis unique. Et bla-bla j’ai été dessiné par une artiste..
    Qu’est ce qu’il pouvait être fatiguant ! Vous dire, si j’avais jubilé le jour où elle a acheté ce superbe chemisier gris agent et cette robe bleue.
    Lui aussi, il a compris très vite que ses plus sérieux rivaux étaient là. Il n’a pas osé leur parler de haut. Les nouveaux ne lui ont même pas parlé. Ils se sont renseigné auprès de moi sur ses habitudes et tout d’abord, tout a continué comme avant. J’aurais du me méfier. Un après-midi , elle s’est arrêté plus longtemps que d’habitude devant une vitrine de colifichets. J’ai vite compris que ce n’était pas son reflet qui l’intéressait. Elle a fixé un point et puis, elle est entrée. l’ a saisi, lui de ce bleu et blanc, si vulgaire, pas digne d’elle…
    Enfin, bref, je me suis retrouvé dans le tiroir du bas avec le chemisier gris. Oh, on a fait la paix maintenant. Entre nous, on discute du bon vieux temps avec la petite jupe noire qui est bien sympathique aussi. On parle de la mode. Et la jupe nous dit qu’il y a de l’espoir ; Il y a des retours…
    Hélas, cela était devenu de plus en plus dur. Nous voyions de moins en moins, la lumière…
    Donc, la main m’ a saisi et j’ai eu un frisson de bonheur et je vis qu’elle avait saisie aussi la jupe et le chemisier. Nous nous sommes retrouvés tous les trois sur le lit non loin de la robe bleue, de l’autre chemisier et même de mon rival, l’horrible foulard bleu et blanc.
    |— Mais qu’est ce que ça veut dire ? Elle fait sa crise de rangement ?
    -Hélas, non à répondu la robe, j’ai entendue le mot « braderie ».
    Et c’est comme ça que je me suis retrouvé sur une table de camping avec mes amis et elle derrière.
    A un moment, jai entendu une voix dire : « Oh, il est chou ! »
    Et me voilà dans de nouvelles mains, autour d’un nouveau cou…
    Ah ! Sentir à nouveau la sensation du vent et l’odeur du jeune cou qui me porte

  5. Bouquet dit :

    Ils vivaient de puis peu dans le même tiroir et ce n’était pas commande pour autant. Mais il fallait bien faire de la place pour installer « l’outil ».

    Avant, pour écrire, calculer, dessiner ou envoyer une lettre, tout un tas d’outils étaient nécessaires. Comme l’agrafeuse, les tampons manuels en bois 2 ou 3 lignes, inséparables du boitier encreur, les stabilos fluo et les cousins « version papier », les post-it. Ou encore la fameuse calculette solaire, que nous avons tous eu un jour, voir même encore… Sans oublier les stylos hors d’usages, mais on les garde tout de même sait-on jamais, un jour ils pourront de nouveau écrire ?

    Alors c’était rangé dans la trousse ou bien aligné parallèle à la règle et cela pouvait rester sur le bureau, bien en évidence pour montrer qu’ici, c’est un bureau « actif ».

    Jusqu’à présent, Pascal avait évidement besoin de tous ces outils et bien d’autres encore pour travailler ou écrire entre 2 lettres…

    Certes, le tiroir était déjà bien rempli à la base. Mais à part les lunettes toujours sur le nez pour se relire et quelques dossiers d’archives, tout le reste ou presque à fini par atterrir dans le premier tiroir.
    Alors évidemment, on entasse. Et c’est devenu un enchevêtrement d’outils, beaucoup moins indispensables. Une impression de tsunami qui est passé par là. C’est peu de le dire. Un vrai bouleversement dans les méthodes de travail à partir du bureau.

    Bref, qui a bien pu remplacer toute cette armée qui occupait le terrain sur le bureau. La poussière en tout cas, allait pouvoir désormais se poser sereinement sur son dictionnaire et ses livres de grammaire, que Pascal consultait tant pour se documenter.

    C’est fou tout ce qu’on peut oublier sur une étagère ou entasser au fond d’un tiroir, quand on installe un Mac sur son bureau et qu’il est connecté à internet… 😉

  6. gepy dit :

    Ils vivaient depuis peu dans le même tiroir…

    Les présentations n’étaient pas nécessaires. Le deuxième ayant bousculé le premier, la querelle démarra immédiatement. 
    -« Ne t’excuse surtout pas, tu atteris sur Mon territoire et tu ne t’excuses pas », coléra le premier, 
    «  tu te prends pour qui ? »
    Le deuxième, hautain et malicieux, sourit  : « Pour ton frère ou ta sœur, c’est un peu tôt pour le dire.
    Ce sera plus clair dans neuf mois pour nous deux. J’espère que tu ne vas pas me faire une crise chaque fois que je vais te frôler parce que, plus on va avancer dans le temps, plus notre tiroir va nous sembler étroit. Il n’est pas extensible à outrance. »
    Le premier, surpris par ces paroles, pense à haute voix : «  Pourquoi tu parles de tiroir ? Je n’ai pas été conçu dans un tiroir ! »
    Le deuxième glousse devant l’incrédulité de son « vieux » frère (ou sœur ) :
    « J’ai entendu des voix parlant de polichinelle dans le tiroir, donc… de toi, arrivé juste un peu avant moi. »
    Le premier, offusqué, rétorque durement : « Polichinelles avec un S ! Nous sommes deux ! »
    Le deuxième, heureux de se l’entendre dire, jubile : « Enfin, tu m’acceptes à tes côtés. Je te remercie. Je ne m’imaginais pas rester dans le conflit toute la durée de notre gestation. Au fait, tu me laisseras m’expulser avant toi ? J’en rêve. »
    Le premier, exaspéré, proteste : « Non, l’ainé, ce sera moi et ce n’est pas négociable ! »

    Les neufs mois se sont écoulés. Les jumeaux sont nés. Et malgré l’ouverture de leur tiroir, ils resteront des inséparables de la vie.

  7. MAY- SCHEUER dit :

    En délicatesse

    Elles vivent depuis peu dans le même tiroir et s’insupportent déjà !
    La gauche a souvent mal à la tête, elle se sent vite épuisée et quand le matin elle pourrait commencer à souffler, la droite l’assaille de questions futiles et récurrentes:
    – C’était comment cette nuit ?
    – Tu es tombée combien de fois ?
    – Il te fait mal quand il te replace ?
    – Tu ne t’es pas retrouvée coincée ?
    – Quand il se retourne, tu n’as pas le tournis ?
    – Tu ne trouves pas que ça siffle de plus en plus au fond du trou ?

    Et bien oui, certes, cela siffle de plus en plus au fond du trou, c’est pour ça qu’elle voudrait le silence, le calme, la paix quoi !
    Mais la droite, qui s’ennuie toute la nuit, ne rêve que d’escapades, rigolades et tutti quanti. Sa « collègue » n’est décidément qu’une misérable rabat-joie, elle n’a rien compris à la vie.
    Une nuit elle va finir par prendre la poudre d’escampette, sans tambour ni trompette (cela ferait trop de bruit …), et elle s’échappera à l’autre bout du lit, quitte à s’accrocher entre deux doigts de pieds, à se faire écraser dès potron-minet et à terminer au fond d’une corbeille à papiers. Tout, plutôt que rester avec cette fausse jumelle qui n’a aucune imagination et dont la seule ambition est de passer ses nuits dans le pavillon de Léon. Changement d’horizon pour la boule droite, il faudra que Léon s’y fasse. S’il veut continuer à préserver ses nuits, il faudra qu’il change de paire car pour elle c’en est fini, elle ne fera plus l’affaire. Fini, basta, plus question de continuer à gaspiller sa jeunesse avec cette drôlesse de boule quies.
    Ciao, il est grand temps que ça cesse !!

    Catherine M.S

    Il s’en passe de belles dans nos tiroirs …

  8. Isabelle hosten dit :

    Ils vivaient depuis peu dans le même tiroir. Le plus ancien, échevelé, étiré comme un lambeau de temps, aussi ténu qu un fil de soie, aussi léger que l enfance, les champs de coquelicots sous le vent du sud, oscillant avec indolence dans la conscience de Paul. Il rappelait les heures claires de l aube, les senteurs des pins maritimes, la tiédeur des pierres rouges de la côte, le balancement des coquilles de noix dans les criques inondées de soleil. Paul le caressa d un battement de cil. Comme il était doux, suave encore, apaisant tel une langueur mélancolique d un paradis a jamais perdu. Le deuxième était rugueux, âpre et suintant. Un aiguillon rouge sang, une épine plantée au cœur, trépignant d impatience et de nouveauté, cherchant sa place, jouant des coudes dans ce satané tiroir. Comme s il y avait quelque chose a gagner, fallait il livrer bataille se demanda Paul? Parce que la mort triomphe bien tôt ou tard, au delà de la souffrance aiguë qui dardait dans sa tête et son corps meurtri, Paul fit de la place au premier. Il s accrocha à ce souvenir comme un alpiniste brisé a sa ligne de vie.
    Il entendit distinctement les sirènes . Tel un Ulysse en errance, Paul serra les poings de sa mémoire, réussit a sourire en songeant que les secours venaient enfin d arriver.

  9. Christine Macé dit :

    Ils vivaient depuis peu dans le même tiroir…

    Pourtant ces deux-là n’avaient pas grand-chose en commun, on aurait même pu dire qu’ils ne faisaient pas « la paire ».
    Godillot avait des airs de vieux briscard quand Babouche était la finesse même. Mais le hasard est un fieffé coquin…
    Toujours est-il qu’on les avait rangé côte à côte depuis que Babouche avait débarqué d’un grand sac de voyage. Ça avait fait jaser dans le tiroir : pensez donc, ici c’était plutôt le coin des tennis, chaussures de marche et autres croquenots, rien que du sportif, de l’aventurier, du mec, quoi ! La cohabitation s’annonçait plutôt mal. D’abord, c’était qui cette étrangère à la peau délicate qui prenait des couleurs chaque fois qu’on lui posait une question, baissant les yeux et se taisant la plupart du temps. Godillot bougonnait, il aurait préféré qu’on lui assignât pour compagnon la nouvelle paire de chaussure de ski high tech : ça c’était du costaud, ils auraient pu se raconter leurs aventures, les pentes enneigées, la varappe, la glisse à fond les gamelles ! Bref, parler de leurs exploits respectifs !
    Renfrogné dans son coin, il zieutait la Babouche en douce, refusant toutefois de faire le premier pas : chacun chez soi, et les semelles seront bien gardées ! Elle finirait bien par décaniller un de ces jours, l’étrangère, c’était une question de patience.
    Mais les jours passaient et Babouche était toujours là, silencieuse, effacée, souriant timidement aux uns et aux autres qui ne faisaient plus guère attention à elle.
    Un jour que Godillot était rentré d’une longue rando pluvieuse, trempé comme une soupe et la languette pendante, Babouche, rose de confusion, osa lui demander comment ça s’était passé. Godillot, interloqué, faillit lui répondre de s’occuper de ses affaires ! Il s’en retint pourtant et murmura un « super ! » totalement hermétique, histoire de mettre fin à la conversation. Mais la demoiselle lui décrocha un sourire en forme de corne de gazelle qui aurait fait fondre le plus endurci de ces vieux baroudeur : il en avait tout à coup les œillets tout tremblants et la semelle frétillante. C’est à ce moment-là qu’il éternua bruyamment – et fort peu élégamment -, réveillant du même coup l’équipe de godasses qui piquaient un petit roupillon. Il se fit insulter, huer, traiter de tous les noms, puis tout se calme. Confus Godillot regarda Babouche qui n’avait pas bronché.
    – Vous vous êtes enrhumé !?…
    L’évidence même ! Il faillit lui en faire la remarque…
    – Vous devriez rester au chaud… Vous voulez que je vous raconte une histoire, une histoire de mon pays…
    Jamais Babouche n’avait autant parlé : trois phrases d’affilée !
    Pris de court, Godillot opina du chef en reniflant et se croisa les lacets pour écouter l’histoire du grand désert.

    Bon lundi de Pâques, Christine

  10. Sabine dit :

    Ils vivaient depuis peu
    Dans le même tiroir.
    Mais l’allumette, objet peu courageux,
    Avait peur du noir.
    Le bougeoir, pour la distraire, proposa un jeu.
    Mais il faisait décidément trop noir.

    « Il me reste de la cire.
    Pas beaucoup, mais ça peur servir !
    Sur ton grattoir frotte-toi
    Et de ton feu donne-moi. »

    L’allumette cria victoire,
    On y voyait mieux.
    Mais dans le tiroir,
    On jouait un jeu dangereux.
    Le tiroir, puis l’armoire,
    Tout entier prirent feu.

    ©Margine

  11. Sabine dit :

    Très inspirée, Laurence!!
    Bravo

  12. laurence noyer dit :

    TIROIR-CAISSE
    Sully, Descartes et Delacroix vivaient depuis peu dans le même tiroir que Corneille, Cézanne et Bonaparte et partageaient le même billet de 100 francs.

    CHARADE A TIROIR
    Vic et Tor vivaient depuis peu dans le même tiroir que Hu qui ne rit pas jaune (U rit noir) et Go qui n’est pas rapide (Go est lent)

    NOM A TIROIR
    Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais partageait depuis peu le même tiroir que Louis-François de Bourbon-Conti, comte de La Marche puis prince de Conti et tentait d’égaler la longueur de ses titres.

    LIT-TIROIR
    Caleçon et Boxer partageaient depuis peu le même tiroir que String et Culotte et tentaient de lui laisser un petit Polichinelle.

    TIROIR SECRET
    Anagramme et Calembours se partageaient depuis peu le même tiroir que Rébus et Proverbe et jouaient à croiser les mots fléchés.

  13. Françoise - Gare du nord dit :

    Ils vivaient depuis peu dans le même tiroir… mais pourtant leur mésentente apparut rapidement et leurs disputes étaient devenues leur quotidien.

    Elle : Tiens encore là ? Je croyais que tu ne souhaitais pas t’éterniser avec « tous ce minables »

    Lui : Et toi ? Je me souviens t’avoir entendu dire qu’en « un rien de temps, tu aurais déguerpi de ce panier de crabes »

    Elle : Je partirai d’ici bien avant toi

    Lui : J’en prends le pari. Sans vouloir être désobligeant, tu passes totalement inaperçue. Je ne suis pas certain que ta présence ait été repérée. Moi on me remarque !

    Elle : N’oublie-pas que tes belles couleurs se faneront, et que tu vas inévitablement te flétrir ?

    Lui : Comment penses-tu finir ? Mais, ma pauvre fille, tout le monde t’ignore et te méprise

    Elle : Et toi, personne n’ose te toucher. Tu brûles les doigts

    Lui : Tu peux crever la bouche ouverte sur un trottoir, nul ne s’abaissera pour te ramasser

    Elle : Parce que Monsieur, tout imbu de son importance, s’imagine être promis à un grand destin ?

    Lui : Parfaitement. Tandis que toi, ma vieille, je peux te prédire une existence minable et pathétique

    Elle : Combien de temps vais-je devoir supporter cette intolérable fatuité ? Au secours, sortez-moi de là !

    Lui : Dieu que cette promiscuité m’est pénible ! Seigneur, épargnez-moi une journée de plus ici ! Aie pitié de …

    Cling ! Cling !
    Ce dialogue, tout empreint de tendresse et de respect mutuel, fut interrompu par l’ouverture du tiroir.

    Nous venons de vous livrer un petit aperçu du quotidien partagé par un billet de 500€ et une pièce de 1 centime dans le tiroir-caisse d’une supérette.

  14. dumouchel dit :

    Ils vivaient de puis peu dans le même tiroir…
    Ils avaient été remisé là par le maître des lieux, les jugeant accessoires, mais ils les trouvaient beaux ! Ce sont ses enfants qui lui avaient offerts à l’occasion de ses 40 ans, ils étaient gravés à son prénom dans une jolie boîte qu’il avait malencontreusement fait tomber. Depuis, à chaque fois qu’il sortait c’est dans la poche de sa veste qu’ils atterissaient ; et surtout, Antoine les dégainait dès que l’occasion se présentait. Nos deux amis attendaient là et espéraient leur sortie proche :
    « que se passe-til ? que faisons nous ici ? demande l’un
    – je pense que nous sommes réduits à rester ici et attendre que l’on nous jette mon cher ami
    – et pourquoi donc ?
    – Il a eu du mal avec moi la dernière fois et j’ai bien senti que la pression montait ! Te rappelles tu comme il nous a ramassé ?
    – oui et je n’imaginais pas que tu en étais la cause !
    – j’en suis navré mais toute chose a une fin… même moi !
    – et bien s’il faut attendre, ce sera dans le silence…

    Quelques semaines plus tard, Antoine ressorti ses présents, les dévissa et changea la pièce vide. Il essaya de nouveau son trésor ; Victoire nous re-fonctionnons Camarade !

    Voilà la vie secrète de Mr Criterium et Mme Plume !

  15. Nadine de Bernardy dit :

    Ils vivaient depuis peu dans le même tiroir
    Ils n’y voyaient goutte tant il y faisait noir
    Les autres,déjà là, râlaient à qui mieux mieux
    Les pauvres tentaient en vain de s’immiscer entre eux
    C’est alors qu’une main, cherchant un objet bien précis
    S »est mise à sortir du tiroir tous nos nouveaux amis
    Tiens qui donc a eut l’idée de les mettre là dedans
    Tiens chérie pourrais-tu les ranger et pas n’importe comment.

  16. ourcqs dit :

    Ils avaient le tiroir entier à leur disposition, prenaient leurs aises , très décontractés ils s’étalaient dans le désordre et passaient beaucoup de temps dans le noir, tranquilles en silence. Une vie un peu austère, monotone, il faut bien le reconnaître
    Et tout a changé, quand après avoir ouvert en grand, une petite main a exploré tout le tiroir. Délicatement, elle a rangé, ordonné, tout ce beau monde a retrouvé ses formes, mais pourquoi donc tout ce remue-ménage ? elle s’impose vraiment , adieu le train-train quotidien !
    Dorénavant, espace partagé avec des petites choses légères, douces, colorées, enveloppées de parfums subtils. Une révolution culturelle ! il faut accueillir, s’adapter, pas de problème ,ils sont prêts à héberger , se laisser submerger !
    Chacun essaie de garder une certaine tenue, de se rapprocher discrètement pour se mêler à cette débauche de soie, broderies, dentelles et autres fantaisies.
    Enfin, une autre vie commence, à nous (pourtant tous en coton bio) rêves et fantasmes !!

  17. Antonio dit :

    Ils vivaient depuis peu dans le même tiroir.

    « Qu’est-ce qui se passe ? » s’écria le petit.

    Le silence du gros ne présageait rien de bon. Les épaules larges mais déjà tout violet de la peur qui l’habillait depuis toujours qu’il côtoyait ce genre de tiroirs.
    « Qu’est-ce qui se passe ? » insista le petit, la mine grise des mauvais jours, celle de tous les jours, tant il travaillait sans relâche, de main en main, de poche en poche, avec une pause tiroir de cinq minutes tout au plus.
    « Je rêve où les murs tremblent dans ce tiroir ? »
    « Qu’est-ce qui vous prend ? » grommela un troisième écrasé par le gros qui commençait à se tasser, cherchant à se glisser sous son voisin moins large mais vert de la même trouille.
    Tout le monde tremblait comme des feuilles avec le tiroir.
    « Qu’est-ce qui se passe ? » continuait le petit, avide de sensation, grisé par l’idée qu’il puisse se faire la malle, prendre un des chemins de traverses de cet endroit lugubre.

    Quand une lumière vive se fit dans un tintamarre de ferrailles qui volèrent par dessus bord, tel des naufragés projetés d’un bateau qui sombre sous la tempête.

    Des gants noirs animés par des mains pressées et précises s’emparèrent du gros le premier et de tous ses voisins qui n’en menaient pas large.

    « Et moi ? »

    Le petit gris, resta seul dans ce décor d’apocalypse, coincé par une des traverses au fond du tiroir.

    « Qu’est-ce qui se passe ? »

  18. danielle 78 dit :

    Ils vivaient depuis peu dans le même tiroir..

    C’était froid et noir. J’avais juste perçu un déplacement horizontal accompagné d’un léger grincement, comme des roulettes dans une charnière. Une porte métallique a claqué. Puis un silence étouffant. Je me sentais différente. Mes sens percevaient une réalité qui faisait voler en éclats toutes les certitudes qui me rassuraient avant. Avant l’éblouissement des phares sur la longue ligne droite de Randonnai. Aveugle maintenant, immobile, j’étais envahie d’une énergie inconnue. Je perçu une présence à proximité, non pas une chaleur ou un regard, mais un espace léger et nuageux qui me parlait sans mots et que je comprenais. Un dialogue d’âmes à la morgue. Qui l’eut cru ?
    Danielle78

  19. smoreau dit :

    Ils vivaient depuis peu dans le même tiroir. Ils s’ignoraient. N’appartenaient pas au même monde. Un peu gênés, ils étaient allongés l’un contre l’autre. Juste une chemise les séparait.
    Un jour d’avril, Zoé entreprit un grand ménage. Avec son polichinelle dans le tiroir, elle ressentait d’autant plus fort cette énergie printanière. Avait des envies de dépoussiérage. Elle s’approcha de son vieux chiffonnier. Décidée, elle fit les fonds de tiroirs.
    Surprise, elle découvrit enfouis dans une poussière moyenâgeuse, ses deux récits.
    Elle soupira en soulevant les deux paquets de feuilles. C’est de l’histoire ancienne. Poubelle ? Elle s’assit en tailleur sur le parquet et feuilleta… La première, une vie sans histoire. L’autre, une histoire à dormir debout.
    Elle se leva promptement. Une mouche l’avait piquée ? Non, elle avait une idée.
    Elle plongea ses mains sur le clavier et en fit une histoire à tiroirs.
    Les deux récits sortis du tiroir et de l’anonymat furent réconciliés et publiés sous le titre : Le frère du père de ma soeur.

  20. ainsi l’appel vers l’extreme liberté du Tatamour est convoqué

    ils iront en héros et héroïne, ils partiront à la reconquête de l’amour pour soi, pour l’autre.

    Ils iront de par le monde retrouver leur part blessée, poseront pansements et onguents

    Ils se mentiront à eux même, chuteront et se relèveront, la quête de l’Amour vissé au fond d’eux-même.

    Qu’en feront-ils ?

    L’histoire n’en est pas là

  21. durand dit :

    Provocation.

    Ils vivaient depuis peu dans le même tiroir. Bien trop peu.

    Qui peut demander à deux étrangers de se côtoyer ainsi quotidiennement ?

    Quel est ce malotru se mêlant d’emmêler les cœurs aux corps, les pompes aux varices ?

    Quel est ce sadique obligeant deux errants à se mélanger du matin au soir, à partager leurs effluves?

    Quel est ce vicieux qui incite deux promeneurs tranquilles à se confiner dans un étouffement de cercueil ?

    Quel est ce commerçant qui voudrait vous faire goûter la mort avant terme ?

    Comment s’appelle t’il , ce grand bruyant qui vous martèle la tête, vous la fracasse tendrement contre un mur?

    Comment se nomme t’il ,déjà, ce salaud qui s’arrange toujours pour jeter la clef ?

    Ah oui… le Tatamour!

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