Exercice inédit d’écriture créative 45
Un peuplier, ayant bruissé tout l’été,
se plaignait auprès d’un chêne, son voisin :
– Je perds déjà mes feuilles et je n’ai jamais hébergé de nid !
– Que faisiez-vous tout l’été ? lui demanda le chêne
Imaginez la suite de cette fable inspirée de La cigale et la fourmi
Un peuplier, ayant bruissé tout l’été, se plaignait auprès d’un chêne, son voisin :
– Je perds déjà mes feuilles et je n’ai jamais hébergé de nid !
– Que faisiez-vous tout l’été ? lui demanda le chêne
– J’ai commencé par m’allonger, m’étirer, me balancer…
– Que faisiez-vous encore ?
– Je me suis enivré de ces sensations…
– Que faisiez-vous ensuite?
– J’agaçais ma propriétaire et j’en suis fier…
– Que faisiez-vous pour cela?
– Simple, dès 15 heures, je lui portais ombrage…
– Que faisiez-v….
– Une fois bien feuillu, je me suis paré…
– Préparé ?
– Non, je me suis paré de flocons légers
– Quelle drôle d’idée, et pour qu’en faire ?
– Une griserie …
– Dites-moi…
Pour prendre son souffle, le peuplier se plia un peu puis se déplia avec splendeur…
Des flocons par milliers dans les piscines et dans les jardins…
Des flocons par milliers dans les plantes et les recoins…
Des flocons par milliers dans les cheveux et les rivières..
– Et encore ?
– Je crois que c’est tout, j’en ai envoyé partout. Même chez vous, mais je reconnais que les plus drôles étaient vos cousins les chênes verts !
– J’ai effectivement quelques souvenirs de leurs doléances…
– Eux qui se vantaient de toujours être verts, les voilà blancs, givrés ! Ils avaient beau se secouer ou appeler Mistral à la rescousse…Plus ça remuait, plus cela bullait !
– Comment cette mésaventure s’est-elle terminée ?
– Les pluies de juin y ont mis un terme à renfort de lambeaux pendigouillants avant de choir…
Un grand rire secoua la ramure du chêne, il tenait une petite vengeance sur ce cousin qui le snobait de sa verdure alors que lui, perdait ses feuilles majestueusement dentelées…
Les deux compères discutèrent encore un moment, puis, ils revinrent sur le sujet initial…
Le chêne reprit :
– Et vous voilà triste de ne pas encore héberger de nid…
– Certes, et vous m’en voyez chagrin, car, je viens de me rendre compte, en vous narrant mon douzième printemps, je suis davantage auteur de vilenies…
– L’essentiel étant de vous en rendre compte…
– Je vous en remercie…mais, vous ? Parlez-moi de vous…
Le chêne balança nonchalamment ses longues branches.
– Par un matin de fin d’hiver, on me coupa la boule à zéro !
– Un crime de lèse-majesté ! Qui s’est permis ? Qui a osé ?
– Un jeune homme bien outillé ! Mais je le reconnais, moi aussi, je faisais ombrage !
– Quel dommage…
– Les fleurs de Madame s’étiolaient…
– La boule à zéro ? Il vous restait tout de même…
– Trois mini houppes me faisaient ressembler à un topiaire …
– Vous avez bien récupéré, à ce que je vois !
Peuplier-plaintif et Chêne-donneur de leçon se découvrirent une belle complicité.
En gage de cette amitié naissance, le chêne murmura au peuplier…
– Vous n’êtes peut-être pas hébergeur de nid, mais vous y avez déposé des matelas douillets…
Tout est bien qui finit bien.Ils furent, l’un et l’autre, dès que la bise fut venue, réunis en bûches dans la cheminée !
© Clémence
Un peuplier, ayant bruissé tout l’été, se plaignait auprès d’un chêne, son voisin :
– Je perds déjà mes feuilles et je n’ai jamais hébergé de nid !
– Que faisiez-vous tout l’été ? lui demanda le chêne
– Du calcul, répondit le chêne. Du calcul dont le résultat me laisse tout dépourvu.
– Mais qu’avez-vous calculé tout l’été ?
– J’ai d’abord compté le nombre de branches qui sortaient de mon tronc ; puis j’ai compté en moyenne 16,2 ramures rattachées à chacune de ces branches. Cela me permettait de calculer le nombre de nids que je pouvais accueillir, sachant que seuls 18% des diverses variétés d’oiseau nichent dans les peupliers. Mais j’avais oublié les oiseaux migrateurs, j’ai dû reprendre le calcul.
Après cela, il a fallu calculer le pourcentage de grands et de petits nids afin de les répartir sur mes ramures de façon à équilibrer le poids pour ne pas pencher d’un côté ou de l’autre. Sans oublier les oisillons à naître, sachant qu’un oisillon grandit de 4,8% par jour. Une fois défini le nombre de nids, j’ai lancé les invitations aux oiseaux. Mais ils se chamaillaient avant même d’avoir emménager. La cigogne se disputait ma cime avec l’épervier, le hibou ne voulait pas de coucou tapageur comme voisin, le moineau ne voulait pas cohabiter avec le prétentieux rouge-gorge.
Quand j’ai réussi à répartir les locataires selon leurs affinités, l’hiver était venu, chacun avait trouvé un hébergement ailleurs.
– Vous calculiez, et bien dormez, maintenant, vous devez avoir besoin de repos.
-Je vais plutôt mettre à profit l’hiver pour appliquer un tarif plus juste au loyer, selon le nombre d’habitants des nids, leur durée d’occupation…
© Margine
Le chêne et le peuplier
Un peuplier ayant bruissé tout l’été, se plaignait auprès d’un chêne son voisin
– » je perds déjà mes feuilles et n’ai jamais hébergé de nids »
– « que faisiez vous durant l’été lui demanda le chêne »
– « Ce que je faisais pendant l’été cher ami, mais j’agitais mes branches à la moindre brise avec pour seul souci de faire briller mes feuilles au soleil »
– « Ah vous jouiez au bellâtre? …agiter ses branches mais à quoi bon! Regardez tous les oiseaux du voisinage gazouillent dans mes ramures… »
– « Paroles paroles…le roi de la prairie c’était moi, vous étiez assez jaloux de toutes mes feuilles qui reflétaient le moindre rayon de soleil! »
– « Toujours aussi peu modeste mon cher! Mais dites moi…, quelles étaient vos simagrées, l’été durant? »
– « Je me suis balancé de droite de gauche afin de mieux voir, mon reflet dans l’eau…. »
– « Narcissique en plus!…eh bien à tant vous balancer aucune feuille, il ne vous reste…et point de nids sur vos branches, alors…. bruissez maintenant! »
Merci pour cette fable joliment sylvestre. « Aucune feuille il ne vous reste » c’est d’actualité.
Ici, les arbres pleurent leurs feuilles et ces dernières rient jaunes sous le soleil de notre bel automne.
Un peuplier, ayant bruissé
Tout l’été,
De ses feuilles se trouva dépourvu
Quand l’automne fut venu :
Même plus un seul petit rameau
Et maintenant cette carrure d’ormeau
Il alla pleurer misère
Auprès du chêne, le grand magistère,
Plein aux as, afin de le taper
De quelques feuilles pour se saper
Je vous les rendrai, lui promit-il,
Pour la saison automne-hiver, foi de végétal,
En recommandé, par envoi postal. »
Mais le chêne est un gros radin :
C’est son vice le plus anodin.
Qu’avez-vous fabriqué durant l’été ?
Dit-il à cet éternel assisté
« Nuit et jour, dans un doux murmure
Je bruissais, jusqu’à l’usure »
« Vous bruissiez ? C’est étonnant !
Eh bien! boulottez maintenant »
Françoise Denaules
Un peuplier, ayant bruissé tout l’été, se plaignait auprès d’un chêne, son voisin :
– Je perds déjà mes feuilles et je n’ai jamais hébergé de nid !
– Que faisiez-vous tout l’été ? lui demanda le chêne
– J’étais dans les Landes pour un CDD dans un club naturiste. Et forcément, j’ai du me dépouiller de mes feuilles. En rentrant, je les ai laissé repousser mais déjà je les perds et…
– Vous disiez ne jamais avoir hébergé un nid ?
– Non mais…
– Avez-vous donné refuge pendant une nuit de violent orage ?
– Ma silhouette me l’interdit mais…
– Avez-vous offert la fraîcheur durant les jours de canicule ?
– Pas davantage mais…
– Donnez-vous des fruits ?
– Hélas, je suis stérile mais…
– Décidément, vous n’êtes pas très donneur !
– Mais ces feuilles dont je me suis défait, j’en ai fait don. A des fins humanitaires et artistiques. A un écolier qui avait oublié son cahier, une contractuelle pour verbaliser un automobiliste indiscipliné, un sculpteur qui peinait sur le sexe d’un éphèbe, un peintre pour un paysage d’automne. Et même, pour celles qui étaient mortes, à un auteur-compositeur en manque d’inspiration.
– Diantre, quelle générosité !!!
– Heu !!! Puis-je espérer un reçu fiscal pour œuvre de bienfaisance ?
Françoise Denaules
Ni feuille ni nid
Un peuplier, ayant bruissé tout l’été, se plaignait auprès d’un chêne, son voisin :
– Je perds déjà mes feuilles et je n’ai jamais hébergé de nid !
– Que faisiez-vous tout l’été? Lui demanda le chêne.
– Je caressais le ciel. De mes branches hautes, la nuit, je balayais la voie lactée.
– Je m’en doutais, un poète un peu rêveur. Et que faisiez-vous pour attirer les oiseaux?
– Je déployais mes feuilles argentées qui au soleil brillaient comme un miroir.
– Un miroir aux alouettes! Trop beau pour être vrai!
– Des alouettes! Les oiseaux que je convoite sont d’une autre nature!
– Et quels sont les volatils, Monsieur l’Élancé, pour vous satisfaire : le merle moqueur, la pie voleuse ou la blanche colombe peut-être?
– Vous n’y êtes pas, ceux qui me « branchent » laissent dans le bleu de l’azur, deux traces blanches parallèles. De nuit ils clignotent rouge et vert.
– Je vois, je vois… Décidément, nous ne volons pas aux mêmes altitudes. Eh bien rêvez maintenant…
Alain Lafaurie
Belle forme créative dominicale. Exercice difficile que vous réussissez avec brio.
Très bonne idée cette fin aéronautique.