Exercice inédit d’écriture créative 30
Une épidémie de trous est annoncée dans les prochaines heures. L’alerte aux trous ne précise pas s’ils seront grands ou petits.
Inventez le suite de façon à écrire une petite nouvelle
S’exercer à écrire une nouvelle est un bon moyen de développer son style. Une nouvelle permet, en peu de temps, de suivre une idée dans un format court.
C’est le genre idéal pour s’entraîner sans user trop de temps et d’énergie.
Ces exercices inédits d’écriture créative n’apprennent pas à écrire, ils enflamment l’imagination. Le but est de vous conduire vers les ressources imaginatives qui somnolent en vous. Après quoi, vous décidez de mener le projet d’écriture qui vous convient : nouvelles, roman, etc.
Tout le monde cligna des yeux, comme sous un soleil trop vif, mais il faisait nuit. Puis, tous les feux de signalisation clignotèrent. Les voitures s’arrêtèrent, les luminaires s’éteignirent. Une odeur d’ozone, de pourriture bref un relent innommable fut perçu. Un vent froid se leva faisant voleter toutes les saletés.Les rues, les trottoirs étaient sans vie, le métro se vida. Pas de musique, pas de klaxonne…le calme plat mais_pour combien de temps?
Il suffit souvent de peu de chose pour que tout devienne fou. C’est ce qui se passa. Des portes furent ouvertes, des cris retentirent, des hurlements suivirent…quelques animaux s’enfuirent. Des hauts parleurs grésillèrent, une voix froide exhorta au calme. Un autre silence s’ensuivit.
La voix reprit: » Chers concitoyens, chères concitoyennes, nous avons le contrôle de cette manifestation épidémique.
Nous vous demandons de bien vouloir nous croire…rentrez chez vous, bloquez vos portes et vos fenêtres. Restez calme. Nous prenons en compte votre peur. Des personnes vêtues de mauve passeront et vous donneront de l’eau et des vivres plus une solution que je vous recommande de boire.
Si vous avez avec vous des enfants, partagez cette solution, mélangez-là avec un litre d’eau + un peu de sirop et buvez cela en famille. Cette solution à base d’algues naturelles et d’épices apaisera votre irritation ne sortez pas. Ceux qui sont en voiture bloquez les portières et vitres.
La vapeur nocive et encore plus intense. Encore quelques heures et nos scientifiques auront les réponses aux questions que l’on se pose…que vous, vous vous posez aussi. Soyez patient, soyez courageux. Je vous demande six heures de patience…je sais que certaines personnes ne pourront résister au besoin de sortir, de se sentir libres et de mettre leurs vies en danger…cela les concerne.
Ne sortez pas, la vapeur vous grignotera de l’intérieur et nous n’avons pour l’instant aucun remède. Si vous sortez, vous encourez une forte amande et même la prison sous très haute surveillance. Nos scientifiques seront heureux de vous avoir sous la main. Ceci Messieurs et Mesdames c’est ce qu’il risque de vous arrivez. Si c’est cela que vous désirez, sortez maintenant des hommes en gris vous encadreront.
Vous serez alors considérer comme des cobayes. Ceci n’est pas une vaine mise en garde. »
La voix se tut. Un froid glaciale tenailla celles et ceux qui avaient entendus le message, ils restèrent sidérés. Environ une heure plus tard, alors que les familles cloîtrées et folles d’inquiétudes commençaient à s’énervé, la voix retentit une seconde fois sauf que ce n’était pas un homme qui parla mais…une femme.
Sa voix était sèche, agressive, il n’y avait aucune compation en elle. Elle s’adressait à eux comme s’ils n’étaient rien d’autre qu’un troupeau d’humains indocile, qu’il fallait regroupé.
Elle dit:
» Il y a eut une erreur d’interprétation. La lumière va revenir, vous pouvez sortir de chez vous, le métro est de nouveau accessible…Mélangez-vous, reprenez votre vie,il n’y a aucun danger pour vous. Nous libérerons la porte et les rues avoisinantes d’ici vingt minutes. Il n’y aura plus aucune trace de notre passage.
Nous pouvons grâce à vous faire partie de votre vie. Merci pour vôtre patience. Ah oui, dans un instant…vous n’aurez plus de souvenirs…du moins aucuns souvenirs de ces heures ou nous avons pris contact avec votre monde. Cette porte, n’est pas ce qu’elle devait être. Nous savons maintenant faire la différence. Terre, nous venons vers vous, accueillez nous, nous avons tant à partagés ».
La voix se tut, la lumière revint, la vie reprit, les feux se mirent de nouveau à remplir leurs rôles bref la vie trépidante de la porte de Clignancourt reprit son rythme. Les odeurs de bitume, d’essence, de sueur et autres firent de nouveau leur apparition beurk.
Rien ne transpira de l’incident . Cette fausse épidémie ne fut qu’un vague sentiment de peur dans le coeur troublé de certaines personnes plus sensibles.Pourtant, il est vrai que certaines de ces personnes eurent durant plusieurs jours une espèce de syndrome grippale sauf que leur peau se couvrit de pustules.
Ils furent hospitalisés quelques jours puis plus fort, ils reprirent leur vie avec cependant quelques différences qui rendirent leurs amis et partenaires de vie, collègues et autres méfiants. Que c’était ‘il passer porte de Clignancourt? Le mystère resta entier. Pourtant, un jeune homme, fit des recherches et ce qu’il découvrit, lui glaça les os.
Ne cherchez pas. Cela ne pourrai que vous nuire. Ce secret reste bien à l’abri dans une chambre forte .Qui a dit que tout était dévoilé, que toute vérité était bonne à dire,à partagé! Qui mais qui pourra un jour dire à tous ces gens ce qui s’est réellement passé? Pas moi en tous cas. Je resterai muet sur cette affaire. Faites comme moi, vivez en paix. y.l.
Sur une idée de Pascal Perrat.
Oups je me suis trompé, j’en suis désolé.
Une épidémie de trous est annoncée dans les prochaines heures. L’alerte aux trous ne précise pas s’ils seront grands ou petits.
Je ne parviens toujours pas à me rappeler comment je suis arrivée là…à Saint-Germain-des-Prés. C’était l’automne. Une pluie soudaine me précipita à l’intérieur d’une bouquinerie. Je flânais, caressant les couvertures des livres au vernis craqué ou au cuir patiné.
Mes yeux se posèrent sur un livre étrange. Des traînées vertes sur la couverture, pareille à des algues, un titre avec les lettres à l’envers, un dos voûté comme un point d’interrogation trop âgé et un tranchant dentelé.
Je le feuilletai distraitement puis entamai la lecture. Les caractères étaient très spéciaux, mais je lisais avec une facilité déconcertante !
Première page: le commencement de tout. Je lus avec avidité. Deuxième page : la séparation. Déjà !!! Troisième page : des paysages de rêves. Quatrième page: des lumières par millier.
Je commençais à avoir ma petite idée.
Cinquième page : animation grandeur nature, ça grouillait de partout…qu’est-ce qui se tramait ? Vite, la page six. Ouf, elle est bien présente. Intéressant… très intéressant….superbe entrée en scène ! Page sept : le style changea brusquement bien qu’il annonçât une période propice au repos, à la détente.
Je suppose que celle-ci fut un peu trop arrosée par le jus de la treille car l’auteur se réveilla en page huit avec une gueule de bois sans pareille. Le vieux heurta sa tête contre un tronc qui traînait par là. Lorsqu’il reprit ses esprits, il fut saisi de stupeur, victime d’un trou géant de mémoire, il fut incapable d’écrire la page huit. D’ailleurs, elle manquait…
Je m’empressai de l’imaginer, cette huitième page…
– Nom de Nom, s’écria-t-il en entrant dans une colère sans fond…
Ameutés par tant de tonnerre, les pages se réunirent en conciliabule autour de lui et lui proposèrent leur aide. Un des leurs qui passait en coup de vent brandit un « Yaka » tonitruant..
– Oh, Zone, ça va, avec tes idées foireuses, on sait dans quel trou tu nous conduiras !
Cela papota ferme. Au finish, le Sage prit la parole :
– Oh, Vieux, comme tu as créé ton Monde à ton image, ton Monde de ressemblera à son tour. De trous il sera criblé.
– Ça se défend, répondit le Vieux en se frottant la fontanelle avec ardeur.
– Je suis preneur pour le Trou Noir, déclara le Firmament !
– On prend Trous-de- bas-fosse et Fosses, clamèrent la Terre et la Mer.
Dans la famille des Végétaux, les Agrumes se proposèrent spontanément. Ils acceptaient à condition que leurs peaux lisses fussent percées de milliers de trous minuscules.
– A nous l’Ombre et les éclipses piaffèrent les Luminaires.
Les Animaux se firent tirer l’oreille. Finalement, la Baleine accepta deux trous au-dessus de son crâne, pour autant qu’on lui accordât à perpétuité des eaux protégées.
Restait le D.G., le dernier groupe. Il se scinda en différents clans. Les tractations se firent sur papier. Le secret fut bien gardé. (Quelques siècles plus tard, des Troubadours trouvèrent ces feuillets et les chantèrent à renfort de gestes.)
Le Monde était enfin apaisé.
Le Vieux retrouva tout à coup la mémoire. Il eut une dernière idée avant de contempler son œuvre. Inventer de la « Patatrou ». Avec une pointe de malice, il l’enterra sous forme de boulettes dans des trous sagement alignés. Bien aise qui les trouverait…
Le Vieux, apaisé à son tour, prit sa Création entre ses mains. Elle était parfaite, bleue comme une orange. Il la fit doucement tourner puis la lança…
– Bang…!!!!!!
– Nom de Dieu, j’ai fait un strike !
© Clémence.
Une épidémie de trous est annoncée dans les prochaines heures. L’alerte aux trous ne précise pas s’ils seront grands ou petits.
Première version.
Dans sa bibliothèque, Monsieur On était bien calé dans son club en cuir patiné, de même que ses lunettes étaient calées sur son nez, de même que son estomac était calé par un repas digne d’un vigneron bourguignon.
– Oui, comme un portrait à la…… ?
– A la Balzac …
– Exactement….
Monsieur On lisait son journal. Entre le virtuel et le réel, il avait fait le choix délibéré du journal papier. Cela lui permettait de se rendre au centre de La Ciotat et de rencontrer quelques amis avec qui il se plaisait à analyser le monde, quitte à le refaire à sa manière.
Monsieur On lisait donc son journal.
Première rubrique : la politique. Il fulmina contre ceci, contre cela, contre celui-ci, contre celui-là, contre ceux-ci et contre ceux-là. Simultanément, Monsieur On fut frappé d’un trait d’amnésie. Il venait d’oublier qu’il avait justement opté et voté pour ceux-là….
Deuxième rubrique : le monde
– La faim dans le monde. Il se demanda comment il était possible d’encore mourir de faim alors que les surplus alimentaires pourrissaient en pyramides démesurées. Tout en s’insurgeant, Monsieur On porta sa main sur son ventre. Il digérait de plus en plus mal. Son médecin l’avait pourtant mis en garde contre les excès alimentaires. Mais, oublier les vicissitudes de la vie est d’une telle facilité avec un verre de bon vin….
– Les guerres dans le monde. Monsieur On frémit à la lecture de toutes les horreurs qui ne devraient plus exister à ce jour. L’Homme n’a-t-il toujours pas tiré les leçons de l’Histoire ? pensa-t-il en se remémorant un titre de dissertation du temps du lycée. En revanche, Monsieur On prit garde à ne pas raviver le souvenir des querelles virulentes et diffamatoires auxquelles il avait ardemment participé lors des dernières élections municipales…
– L’économie et l’emploi : une catastrophe. Comment donc personne n’avait encore pensé à lutter contre le chômage en donnant du travail à tout le monde ! D’une facilité enfantine, souffla-t-il .Monsieur On referma mentalement, mais avec violence, son livre de comptes de feue son entreprise. Fortune faite (pour lui) et quelques dizaines de licenciements (pour les autres).
Les oublis, les accommodements et les trous de mémoire, Monsieur On s’en était fait des amis. Ils étaient les bases les plus sûres de sa bonne conscience.
Trois coups de tonnerre firent exploser le ciel. Un silence inquiétant envahit l’espace. En même temps, un immense titre déchira la page Culture » en lettres noires :
« Une épidémie de trous est annoncée dans les prochaines heures…. »
Premier trou :
L’opéra « Nabucco » fut aspiré dans la trappe du souffleur. Les esclaves se débattaient, s’agrippaient aux planches, s’agglutinaient pour faire bloc… aucun ne survécut.
Deuxième trou :
Fahrenheit 451. Tous les livres s’auto-enflammèrent. Les extincteurs furent inefficaces.
Troisième trou :
Pris d’une peur incontrôlable d’être oubliés, les artistes organisèrent un suicide collectif.
Quatrième trou :
Les médias tombèrent dans l’oubli et dans le néant à force d’avoir manqué à leur mission première en voulant à tout prix créer le buzz.
Les trous se succédèrent à une cadence démentielle ; le journal de Monsieur On ne fut plus qu’un immense trou. Il demeura assis dans son fauteuil, les bars en « dix heures dix » ! Il regarda la vieille horloge.
– Ah, dix heures dix…. Mmmmm, pourquoi donc, sur les publicités de montres, celles-ci affichent toujours dix heures dix ? Pourquoi, se dit-il ? Je l’ai su un jour…. Ça me reviendra…..
Monsieur On se leva, se massa le bas du dos, regarda sa montre et se dit qu’il était temps…temps de …
Frappé de stupeur, il se rendit compte que les trous dans sa mémoire s’agrandissaient dangereusement.
**************
P.S. Il me semble avoir écrit une deuxième version… Mais je crois que j’ai la mémoire qui flanche. Soyez indulgents… laissez-moi le temps de la retrouver…
© Clémence
Aux trous ! Aux trous ! Une épidémie galopante de trous s’apprête à coloniser la vie des Hommes. Un trou par ci, un trou par-là, ça n’arrête pas ! Trou-lala Trou- lalère !!! Si bien qu’on ne sait plus où mener de la tête. Tous ces vides vertigineux éléphantesques ou microphages qu’il faut colmater ou laisser au libre cours du vide apparent.
Certains vides sont tentateurs. Tenez, par exemple, un trou de serrure. Rien de plus excitant qu’un œil voyeur, pas incisif, plongeant dans ce petit orifice de mise à nue arachnéenne. Opercule jouissif, un tantinet récréatif. Voilà un trou à ne pas combler n’est-ce-pas ? Tous les trous de serrure à la fête ! Pas vu, pas pris !
Un peu moins jouissif, la mauvaise clé dans le mauvais trou, ou, celle oubliée après avoir claqué la porte d’entrée, ça, c’est une autre affaire !
Il y a le trou de l’objectif du paparazzi qui se ferme au petit clic automatique ou manuel aspirant sans vergogne des clichés interdits. Y en a même qui se font œil de bœuf sur alcôve présidentielle. Vous m’avez comprise !
Et tous ces trous du cul politicards, qu’on n’arrive pas à éradiquer ! Ils se propagent, prolifèrent, dispendieux, arborant sans scrupule leurs trous de mémoire sur celui béant de la sécu, de la dette, enfin, de nos impôts. Avant élection, les trous ont le creux naïf des vides à étancher. Moi, Président, je comblerai tous ces creux ! Qu’il disait……. ! Pari d’Etat de grâce !!! Et nous, sous le joug gouvernant, bons citoyens moutonnants, en remplissage sonnant et trébuchant, nous amaigrissons nos bas de laine pour engrosser ces volcans et leurs privilégiés cratères ! Les plus organisés, calculateurs et malins font leur trou discret mais grandissant pour une vie pépère et prospère !!! « Avec ces gens- là… » comme dirait Brel !
Ainsi, les endettés-Shadoks bouchent leur trou, tandis que d’autres le débouchent en creux communicants !
Aux trous ! Aux trous !
Il y a par exemple des trous dont on parle peu, ou plus du tout, celui du souffleur au théâtre.
Assurément, aujourd’hui, la mémoire est comblée !!
Et, tous ces trous -de- souris- planques- de- discrets qui ont la trouille aux fesses ? Un vrai terreau de gruyère !! Ne parlons pas de tous ces médias-passoire, passeurs de pleins et de vides à en faire déborder le ciboulot !
Au trou ! Au trou ! Tous ces parasites sanguinaires qui creusent des fosses atomiques pour exploser les trous bienheureux ! Ils ont les neurones vides, pleines d’addictions idéologiques à deux balles. Au trou ! Au trou à perpète !!!
« On creuse son trou en mangeant » disait ma mère ! Et, elle avait raison ! Aujourd’hui, la mal- bouffe comble des trous boulimiques, sans fond à cause des fossoyeurs de misères !
Les trous-oboles tintinnabulent, partout, dans les rues pour le plaisir des paumés.
N’entendez-vous pas dans le métro Lilas comme un air de poinçonneur ?
« J’fais des trous, des p’tits trous, encore des p’tits trous, des petits trous, des petits trous…des petits trous… (mais, ça, c’était avant !)
Les trous, ils y en a partout de la terre jusqu’au ciel, quand les avions ont le mal de l’air !
Non, je ne creuse plus. Je profite du trou de mon terroir pour faire un trou normand :
-A la vôtre M’ssieurs ! Dames !!
Des trous ? C’est bien les trous ! On y passe les lacets et ça tient les chaussures. On met un clou dans celui du mur et on y accroche un beau tableau. On regarde par celui de la serrure…un délice. On fait des trous dans la compta et on s’enrichit. Un trou dans mon pantalon ? Tant mieux, j’en rachète un neuf. Et comment on ferait, sans les trous de la passoire ? On ne pourrait plus regarder canal + ! Mon plaisir quotidien : un trou dans l’arbre où niche le pic-vert.
Moi-même j’en creuse des trous : dans le jardin pour planter un cerisier, dans ma purée pour mettre la sauce.
Et que de souvenirs d’enfance : à 14 ans j’ai fait un trou dans l’énorme plâtre qui réparait mon bras, pour y passer l’aiguille à tricoter qui gratte les démangeaisons. Une merveille… (Hormis l’engueulade de maman et de l’infirmier qui a refait le plâtre qu’en fait j’avais tout fendu !). Et le jour où mon tonton a enlevé ses chaussures : un gros trou d’où sortait un gros orteil tout tordu. Tata a rougi, râlé, mais nous, les enfants, on a bien rigolé quand le gros orteil de tonton, posé sur la table, nous a raconté une histoire drôle. Quand Luc a joué au « petit chimiste », que tout a explosé, laissant plein de trous dans la toile cirée. Quand Nathalie me poussait en courant dans la brouette, ignorant que dans 50 mètres il y avait un trou quand l’herbe qui nous mettrait les quatre fers en l’air. Hier encore, quand mon fils de huit ans a coincé son doigt dans un C.D. Plus il pleurait, plus je riais. Hier, c’était il y a dix, mais on en rit encore.
Alors une épidémie de trous ? Laissez-moi rire…
©Margine
Plus de deux mois sont passés, mes feuilles sont toujours vides…
Bon, j’ai agrafé 3 feuilles blanches ensemble, et j’ai recopié l’énoncé sur la première…ca remplit déjà 1/4 de feuille…
Une épidémie de trous est annonçée dans les prochaines heures. L’alerte aux trous ne précise pas s’ils seront grands ou petits.
Quelle importance! Moi, collectionneur de trous depuis tant années, je vais enfin être comblé. Je possède tant d’expérience, tant de science sur les trous.
Dans le monde entier comme dans ce trou perdu, je suis le seul et vénérable expert, le seul commissaire habilité à leur donner un juste prix.
Moi je saurai distinguer les trous uniques, ceux que je ne possède pas encore, ceux dont j’ai toujours rêvé, dont je suppose l’existence, existant ou pas, les prochains hôtes de mes étagères.
Les autres ramasseront n’importe quel trou encombrant leur grenier, obstruant leur salle à manger, bouchant la vue sur leurs caves.
Ils ne verront rien. Leurs yeux sont des fondrières.
Je les vois déja tous se jeter sur les trous d’ozone, se bâfrer de la forme allotropique de l’oxygène, se construire des ballons, espérer s’en sortir, toujours par le ciel.
Moi aussi, quand j’ai commencé, je ramassais un peu n’importe quoi. Avec un ami, nous avions stocké nombre de trous d’obus dans nos jardins. Puis nous nous sommes rabattus sur les trous de taupes, plus aisés à ranger dans les galeries.
Plus tard, je me suis lancé dans les nids de poule. Il faut dire que la chaussée de mon quartier était tellement délabrée, se baisser suffisait.
Puis je me suis penché sur des trous bien plus rares. J’ai ainsi fait l’acquisition de boulins, vous savez, ces splendides ouvertures dans les colombiers, là où logent les pigeons.
En fait de pigeons, j’en ai roulé plus d’un, de ces culterreux dont j’ai récupéré, à bas prix, nombre de ces majestueuses structures.
Plus tard, je me suis lancé dans une collection d’étampures, vous vous souvenez, ces célèbres trous dans le fer à cheval.
A l’époque, je m’étais acheté un hara bien garnie, une écurie, quoi. Je mangeai du steak tous les jours pour libérer de la place pour mes fers.
Il faut avouer qu’à un moment, vu l’accumulation de toutes ces cavités, ces creux, ces vides encombrants, j’ai eu peur d’en égarer. J’ai craint le trop célèbre et banal trou de mémoire.
J’ai failli basculer dans la collection de bouchons, de plaques d’égoûts, de bondes, de tampons hygiéniques, enfin toutes ces horreurs créant du tort aux trous.
Je me suis rapidement repris grâce à une cure de chas. Enfermé dans ma cuisine, j’enfilai toute la journée du fil dans des aiguilles.
Certes, j’ai du mal à réaliser ce que seront réellement les prochaines heures, mais je pressens un grand bouleversement, une agitation certaine de nos fondements.
Un grand Troubalourd sortira peut être des abysses, du jus de magma. Il nous chantera une jolie mélopée. Tous les hommes auront droit aux mêmes trous. Chacun possédera une grotte avec un puits. Ils seront tous très généreux, s’aideront, se renverront la balle, se garderont le trou.
A moins que le Grand Troubadour ne sorte un mignon flutiau et nous entraîne tous au fond d’un trou, comme des rats!
Une épidémie de trous est annoncée dans les prochaines heures. L’alerte aux trous ne précise pas s’ils seront grands ou petits.
Je ne comprends pas cette alerte, de quels trous parlent ils, c’est tellement vaste ? Nous ne sommes pas un premier avril, je ne sais donc comment interpréter cette information. Mais en est ce vraiment une ? C’est un ami qui m’a envoyé un message sans plus de précisions pour me faire part de ce problème. Je le connais assez pour savoir qu’il ne parlerait d’une telle choses sans motif ou pour une raison non sérieuse.
Le point de départ, est du à un journaliste. Un lien vers internet étant donné, je m’y suis rendu. Pas vraiment de données complémentaires.
Je suis bien perplexe et passe un bon moment avant de remarquer que cela provient de la commune des Lilas : ouf j’ai compris ! mon ami n’a pas eu d’humour !
PS : qui ne connaît pas la chanson de Gainsbourg : « le poinçonneur des Lilas » des p’tits trous …
(C’est vraiment histoire de participer, Pascal, parce que l’accouchement fut rude et aussi long que le texte, désolé !)
Une épidémie de trous est annoncée dans les prochaines heures. L’alerte aux trous ne précise pas s’ils seront grands ou petits.
Le temps est désormais compté pour la population du département de la Creuse qui s’apprête à affronter, cette année encore, ce fléau qui la poursuit.
Tous les ans, au mois de juillet, aux premières heures des grandes vacances scolaires, l’épidémie s’attaque curieusement à ce seul département, même si des cas plus isolés ont été signalés en Corrèze et en Lozère.
Alors, depuis quinze ans, le préfet avec l’appui du ministère de la santé a mis en place un système d’alerte pour sensibiliser la population et tenter de limiter les victimes, surtout parmi la classe la plus vulnérable des 16 – 35 ans pour qui le vaccin est fortement recommandé.
« L’épidémie de trous tue ! », ne manque pas de rappeler le courrier envoyé à tous les creusois, il y a une semaine.
Ce matin, au café de La Place, à La Souterraine, chacun commentait la une du jour parue dans La Montagne.
« C’est une vraie plaie cette épidémie, se désole Ghislaine, tout en essuyant ses verres derrière le comptoir.
– Et après, rétorque Robert, le patron, un trou de plus ou de moins, ça change quoi ?
– Ca change qu’on ne vit plus pendant deux mois, lui répond Ghislaine. On est cloîtré ici ou à Guéret de peur que ça nous tombe dessus !
– Regardez, nous, les normands, les trous on les collectionne entre les repas et personne ne se plaint et qui plus est, n’est malade. »
Daniel, du haut de son mètre 90 et ses 110 kilos, avale cul sec son calva et tape dans le dos du Gégé.
« Whouaaaargh ! … Hein, mon Gégé ? »
Gérard tousse sur l’impact du coup à deux doigts de recracher sa gorgée de cognac tout juste déglutie.
« ‘tain Dany, t’es lourd !
– N’empêche, reprend Robert, de là à tuer, faut pas exagérer !
– Evidemment que ça tue, s’emporte Ghislaine, en posant sa vaisselle et son torchon sur le comptoir, agacée ! Regardez ce qui est arrivé à ma cousine. Vingt-trois ans et l’année dernière elle s’est jetée du haut du barrage, dans la Creuse.
– Elle avait un grain, la môme, relativise Robert !
– Elle vivait dans un trou, insiste Ghislaine ! Dès le 3 juillet, y avait pas un chat dans le village, les boulangeries ont fermées, l’épicerie a suivi et ce qui l’a tué, c’est le tabac !
– Le tabac, s’étonne Gérard ?
– Oui, le tabac, ne plus pouvoir acheter ses clopes au bar-tabac, discuter avec les riverains, rêver à sa terrasse d’une vie meilleure, un jour … elle n’a pas supporté et plouf …
– Dans la Creuse, termine Gérard.
– Exactement ! … et vous voulez que je vous dise ? »
Les gars sont désabusés. Ils n’ont jamais vu Ghislaine aussi remontée. Il valait mieux laisser tomber.
« L’ennui c’est mortel. Et chez nous, ce n’est pas qu’une expression ! »
Et d’ajouter : « je serais vous je me ferais vacciner, fissa !
– Quoi, contre l’ennui, demande Gérard qui tente de suivre ?
– Contre les trous, pardi, les trous perdus, les no man’s land de ce pays qui poussent comme des champignons, une fois l’école finie ! »
– Ouais, moi je dis, c’est des conneries tout ça. On ne risque rien à La Souterraine. On n’est pas bien, là, à l’ombre ? … Allez, c’est la mienne ! »
Robert ressert une rasade à ses amis sur ces belles paroles.
Le vaccin est proposé à tous les creusois. Il consiste en une injection d’un sérum spécial composé de molécules de créativité, d’animation, de bonne humeur et d’envie. L’envie est l’ingrédient le plus important, comme le rappelle l’inventeur du vaccin, Georges Truman.
« L’envie est à l’opposé de la tumeur, comme leurs noms l’indiquent quand on marque une césure après la deuxième lettre »
Donc pour rester en vie, en ce début de mois de juillet, en Creuse, il était préférable de se faire piquer avec une dose d’envie, d’après le professeur Truman.
C’est ainsi qu’à Guéret, les plus aguerris au vaccin ont gardé leurs commerces ouverts, ouvert des cinémas, des piscines, des campings, créé un festival de rue, démarché les parisiens jusqu’à leurs chambres d’hôtes, gîtes et hôtels en tout genre.
Seulement à La Souterraine, c’était une autre histoire. Au café de La Place, un premier trou a fait son apparition, vers 15h30.
« Dis, Ghislaine, tu disais quoi déjà ?
– Rien, Gégé, je disais, rien. Tu ferais mieux de rentrer chez toi. »
Puis vers 16h15, un autre trou, un peu plus gros commença à inquiéter Robert.
« Hein, quoi, Ro.. Robert ? … opération n… non au-auto-risée ? … Tu … tu me ferais pas cr… crédit ? »
A 16h30, sur la route de l’Aumone, un trou, large comme un fossé absorbe Gérard et son Kangoo. Il n’a rien, fort heureusement, mais Jacques Dutroux qui faisait du stop sur la départementale 72 pour rejoindre le lieu-dit de Lanterne des Morts où habite sa tante, a succombé à ses blessures.
Le lendemain, c’est au trou que Gérard tente d’expliquer l’inexplicable au commissaire guérétois, tant le trou noir qui l’habite est incommensurable.
Trois jours plus tard, on creusait un trou du côté de la Lanterne de la Mort. Et mon petit doigt me dit, que, ce n’était pas fini, quelque part, en Creuse.
(Pardon d’avance pour les creusois alors que je ne connais pas, mais alors pas du tout ce département)