Exercice inédit d’écriture créative 195
Elle était si abîmée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée.
Un jour, cependant…
Imaginez la suite, de quoi s’agit-il ?
Elle était si abîmée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée.
Un jour, cependant…
Imaginez la suite, de quoi s’agit-il ?
195. Elle était si abîmée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée.
Un jour, cependant…Mais, revenons un peu avant…
Qui était-elle, celle qui était si abîmée et qui pensait ne jamais pouvoir être réparée ?
Quoi ou qui ? ? Une montre ? une robe ? une vieille dame ? une toile de maître ? une….
Qui pouvait-elle être cette « abîmée » ?
Ah, mais encore… « abîmée » dans le sens cabossée, cabossée ou « abîmée », plongée, perdue dans les abîmes ? Je pencherais davantage pour cabossée !
« Elle », elle a un visage sans être une personne. Elle est abîmée quand elle ronge par le dedans ou par le dehors. Elle est abîmée quand elle est destructrice. Elle s’appelle « PEUR » cette émotion tant abîmée aujourd’hui.
Oh, parfois, elle se déguise en phobies pour paraître moins abîmée… C’est la faute à l’Autre… l’animal, l’objet, la nature, …la liste est longue à l’infini. Cette peur abîmée, nous fait suer, nous fait trembler, nous empêche de parler, nous rend tantôt blême, tantôt bleu.
D’être abîmée, elle nous abîme le cœur et le corps.
Elle devient une horrible abîmée quand elle transforme les autres en ennemis, sapant toute confiance en soi, toute estime de soi, suscitant la peur d’être jugé…
L’ultime perversion de cette abîmée étant de nous pousser jusqu’à l’aliénation nous faisant devenir quelqu’un d’autre que « nous-même ».
Que dire de cette peur abîmée qui nous paralyse au point de ne plus oser aider une personne en détresse de peur d’être à notre tour agressé ?
Que dire de cette peur abîmée qui nous empêche d’affirmer nos valeurs humanistes ?
Que dire de cette peur abîmée qui nous enferme dans une coquille impénétrable ?
Il lui arrive aussi , à cette abîmée, de se transformer en ingénue, et nous rendre si timide tout à coup face à l’autre, face aux autres…Et nous voilà muet ou bègue !
Tout à coup, elle est un peu moins abîmée….plus abîmée du tout quand elle nous pousse à accomplir des actes héroïques, dont on n’imaginait jamais pouvoir en être l’auteur.
Et pourtant, elle vit encore en nous, légèrement abîmée, légèrement cabossée par les années qui passent et nous rappellent que tout à une fin…fin en soi ou fin sublimée ? A chacun d’en écrire la destinée.
Un jour, cependant, nous découvrons ,tout émerveillés, que nous pouvons être plus forts que cette peur abîmée quand une lumière intérieure vient soudain éteindre le feu destructeur de la PEUR .
Il suffit alors de la laisser vivre , apaisée et garante de notre survie, auprès des autres émotions universelles.
Reprise après reprise, ses couleurs avaient pâli, ses lumières faibli, le son s’était altéré, sa résistance avait cédé et son image s’effritait. Même ses pellicules se raréfiaient.
Elle reconnaissait qu’elle avait une drôle de bobine. Il lui était devenu impossible de se projeter vers un quelconque avenir. Des projets : écran blanc. Des objectifs : écran blanc.
Elle était si abîmée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée.
Un jour, cependant, elle rencontra un producteur américain qui lui proposa de le suivre aux Etats-Unis pour faire du cinéma.
« Le cinéma, vous connaissez » lui avait-il demandé
« Si je connais ? Je peux même vous dire que c’est un peu moi qui l’ai inventé » avait-elle répondu
Après maintes discussions et mises au point, elle le suivit au paradis du 7e art.
Et la petite Frenchy ne fut pas seulement réparée mais totalement métamorphosée : elle se vit contrainte de prendre l’accent américain pour recouvrer sa voix, d’honorer la bannière étoilée pour retrouver ses couleurs, de porter l’étoile du sheriff, d’apprendre à siffler et à tirer au révolver pour incarner les valeurs de virilité et de courage.
Voilà l’histoire d’une jeune espoir du cinéma français (1) devenue à Hollywood un des plus grands mythes du cinéma américain (2).
(1) L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat
(2) Le train sifflera trois fois
Elle était si abimée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée.
Un jour, cependant…
Elle sentit qu’on lui gratouillait la serrure. Quelqu’un était en train de tenter de l’ouvrir, elle , la caisse à émotions.
Cela la chatouillait un peu. Son propriétaire fut pris soudain d’un mal au dos.
Et comme ça coinçait toujours avec la rouille, la clé avait du mal à tourner, il fut pris de migraine.
Mais elle sentait sa libération arrivée à grand pas. « je vais exploser, je vais exister. », trépignait-elle patiemment.
Pourvu que mon proprio ne se mette pas à penser. Je serai encore bloqué par le mental, comme d’habitude.
Déjà que le physique est envahissant. Il a toujours un « truc » qui fait mal quelque part.
Forcément, il m’a abandonnée depuis tellement d’années.
Et soudain, je m’expulsai de mon contenant. Un véritable accouchement de couleur arc-en-ciel : du bleu de joie, du rouge de colère, du blanc de tristesse, du vert de peur… de l’émotion à tout va.
Depuis, mon proprio n’a plus de douleurs. Il n’écoute plus les bons conseils, du style : « ne pleure pas si tu es un homme, tais-toi, fais pas çi mais fais ça, sois fort… »
Et surtout, il a découvert qu’il pouvait me gérer maintenant qu’il me connaissait très bien.
C’était impossible avant, on ne s’était jamais rencontré.
Alors… vive ma liberté.
Aujourd’hui, nous ne faisons plus qu’un et j’ai une certitude : je ne retournerai jamais au placard.
Elle était si abîmée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée.
Un jour, cependant…
ma grand mère la pris dans ses mains et décida de la restaurer, il n’y avait pas de raison toutes les chaussettes passaient dans les mains de cette fée qui faisait revivre les vêtements avec un coup de dé majestueux. C’est indéniable, cette femme de quatre vingt ans passés, avait un don ! Elle redonnait vie aux costumes, et parures…
Elle avait été élevée chez les soeurs et n’avait pas appris à lire mais elle connaissait sur le bout des doigts les secrets de la coutures, et de la nourriture. Don qui n’était pas donné à tout le monde à cette époque, car si vous faites le compte, elle a connu la guerre et donc la restriction mais elle arrivait à nourrir toute sa famille ainsi que les enfants qu’elle avait eut en « héritage ».
Elle avait également réussi à donné l’amour et la tendresse d’une mère, d’une nourrice, tout en se préservant du côté obscur.
C’est pour cela que cette chaussette était importante à ses yeux, elle pourrait couvrir les pieds d’un de ces chérubins, dont elle était la mère mais la priorité restait pour les enfants nourriciers… Je la revois, l’aiguille à la main, et le regard soucieux, l’envie de bien faire, de donner même si elle ne recevait pas en retour, chacun de ces enfants était le sien et elle voulait le protéger du froid.
Foi de « mémé », si la chaussette se trouvait irréparable, elle servirait pour les poussières, sinon pour protéger du froid dans la maison, lors de menus travaux, tels que le nettoyage de la gouttière et cette corvée, lui était réservée à elle seule. Cette femme, qui était ma grand-mère, et pour qui tout pouvait être récupérer, raccommoder, réparer, rafistoler, était une femme merveilleuse qui m’a appris les valeurs des choses, des hommes…. Mémé pour moi tu es une merveille de la nature, qui n’a pas su te protéger…
je ne suis pas sûre que le texte convienne parfaitement au sujet, mais il m’a fait grand bien et m’a permis de soulager ma conscience face à ma grand-mère qui est partie trop tôt
merci de votre compation
adresse
Elle était si abimée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée. Rejetée, tassée dans un coin, tabassée à en être quasiment vide.
Elle revit à la vitesse de la lumière le temps passé à vivre et survivre. Des voix tout autour qu’elle ne fait qu’entendre, des voix qui raisonnent, affligées, résignées et inconscientes de l’ampleur du désastre auquel elle fait face et dont elle ne peut s’échapper.
Cependant ce même jour, elle entend la voix tant aimée de sa mère.
Tous ces morceaux épars, perdus se recomposent. Elle, âme encore si fragile et pourtant si forte de cette amour s’envole à tout jamais vers son créateur qui saura lui rendre toute sa splendeur…
Elle était si abîmée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée. Un jour, cependant une blogueuse se rendit compte de son état, et il était plus que temps d’intervenir. Elle avait presque disparue, elle s’était comme envolée, comme évanouie, dans la nature, on ne l’a voyait plus. Etait-elle abîmée finalement ? Quelqu’un cherchait peut-être à nous le faire croire. Ou peut-être la blogueuse était seule victime de cette délitescence ? Victime ou pas, elle mettrait tout en œuvre pour que soit entrepris des réparations, car cette décomposition la privait de sa récréation quotidienne : La lecture du blog « Entre 2 lettres »; privé depuis quelques jours de la page 191 des exercices d’écriture créative de Pascal.
Et ce n’est pas une blague !
Bien vu Laurence !
J’apprécie ce clin d’oeil amical.
Cela a du bon la rationalité parfois.
Je fonce rectifier cette erreur en espérant ne pas me prendre les pieds dans les nombres.
Elle était si abimée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée.
Un jour, cependant, l’amour s’en mêlant, elle reprit confiance en son destin.
Alphonse, comme chaque après-midi ou presque, attendait Gertrude pour aller faire une marche sur la promenade des Anglais et comme d’habitude Gertrude était en retard, d’une demi-heure tout de même cette fois-ci. Il eut du mal à masquer son impatience. Et comme à son accoutumée ,Gertrude s’excusa pas mécontente en son for intérieur d’être désirée .Alphonse s’étonna qu’elle n’eut pas de montre. « Mais j’en ai une regardez à mon poignet, mais après toutes ces années de bons et loyaux services , elle est, comme moi, devenue un peu lente ». Elle a tout bonnement, lui dit-il, besoin d’un bon réglage. Confiez la moi je vais arranger cela, je m’y connais un peu. Gertrude, un peu étonnée de ses compétences en la matière, la lui donna sans poser de question.
Ils marchèrent le long de la plage admirant la méditerranée, devisant comme de vieux amis qu’ils étaient devenus ; mais pour une fois, Alphonse avait un peu hâte de la quitter pour aller chez l’horloger faire réparer la montre.
Celui-ci, un peu perplexe devant sa vétusté, lui fit remarquer qu’il aurait peut-être intérêt à en acheter une neuve. Non non, objecta-t-il, elle a pour moi une grande valeur sentimentale et J’aimerais, de plus, que le nécessaire soit fait rapidement ; surtout ne changez pas le bracelet mais restaurez-le comme il faut.
Quelques jours plus tard, la montre à la main, Alphonse attendait Gertrude pour leur promenade journalière. Au loin, il agita la montre au bout de son bras. A sa vue, Gertrude accéléra sa marche le plus qu’elle put et se jeta à son cou pour le remercier.Il la serra fort contre lui et murmura « je ne veux plus vous quitter une seule heure de mon existence. »
Elle était si abîmée…un jour cependant
Hercule Poirot à Sherlock Holmes
Cher ami
Trouvé chez les Chatterley Jaguar de vos rêves STOP Très abîmée mais superbe STOP Pense possibilité réparation STOP Toujours preneur ? STOP Attend réponse
Sherlock Holmes à Hercule Poirot
My god! STOP Vous êtes un fin limier STOP Arrivons vendredi Watson et moi STOP
Mes Hommages à lady Chatterley
Elle était si abimée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée.
Elle était vieille, pleine de trous et plus personne ne s’intéressait à elle, sa peinture défraîchie par des milliers de soleils ne racontait plus d’histoire à personne. Quelle tristesse !
Elle avait connu de beaux jours lorsqu’Yvon montait sur elle avec tendresse avec tout son attirail de pêcheur. Ils allaient tous deux, au fil des rivières, sur les nénuphars, dans le silence. Yvon lui jetait des poissons et lui parlait. C’était un taciturne, Yvon et il n’aimait qu’elle. Il la bichonnait, tous les samedis soirs et le dimanche matin l’emmenait en promenade.
Puis ce fut un autre temps béni lorsque les enfants venaient jouer en l’enjambant gaiement, lui racontant des histoires de pirates … Ils l’avaient repeinte, pendant les vacances d’été, et l’avaient hissé sur le sable, au milieu des roseaux, où elle bénéficiait de l’ombre tendre et de la torpeur des soirs …
L’hiver, elle s’endormait sous une bâche, le cœur en paix.
La propriété fut vendue. Yvon mangeait des pissenlits par la racine. Elle était toujours là, mais s’ennuyait à présent et personne ne s’intéressait plus à elle. Où étaient passés les enfants ? Ils étaient devenus grands et s’étaient éparpillés aux quatre coins de la terre.
Son vieux cœur de barque sentait bien que c’était la fin. Elle entendait encore vaguement le clapotis de la rivière, mais ne voyait plus rien.
Qui aurait songé à lui enlever sa couverture, alors qu’elle transpirait à présent durant les longs étés en solitaire ? Elle était triste. Et une barque triste, c’est vraiment un spectacle qui fend le cœur.
Le nouveau propriétaire, un terrien bourru comme un bulbe, ne comprenait rien à la magie de l’eau.
Elle l’avait entendu dire : « Il faudra que je la débite en tronçons et que je la jette … »
Ainsi, elle attendait la fin, résignée.
Pourtant, un jour, elle entendit une musique et soudain la lumière réapparut. Un très jeune homme qui jouait de la flûte fit sauter sa vieille bâche et la regarda longuement.
– Oh ! Mais que fais-tu là, toi ? s’écria-t-il.
Cela faisait bien longtemps que plus personne ne s’adressait à elle. Elle en avait la gorge nouée et ne put répondre. Il continua :
– Eh bien, ma pauvre ! Tu es dans un sale état ! Je vais m’occuper de toi ! »
Et il tint parole. En quelques jours, il la remit sur pied.
Il la débarrassa des algues et du sel, la ponça, la repeignit, et écrivit au pinceau, en grosses lettres sur son flanc : « La rescapée ».
Il lui acheta une belle paire de rames et par un beau matin de printemps, ils s’éloignèrent tous deux du rivage …
Après toutes ces années de solitude et de désespoir, elle se vit offrir une nouvelle vie. Elle accompagna Albain dans de fabuleux voyages, toujours sur les rivières et sur des airs de flûte …
« La Rescapée » vécut encore de longues, très longues années et lorsque son vieux cœur cessa de battre, cette fois-ci pour de bon, elle était encore belle et fut exposée au « musée des marins d’eau douce, » qui fut son digne et dernier berceau.
Elle était si abîmée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée. Un jour, cependant…
toute surprise, elle fut remarquée par un drôle de bonhomme qui la prit dans ses mains avec délicatesse, tendresse. Pendant des jours il semblait l’ignorer et après il s’asseyait face à elle, la contemplait vraiment, elle sentait que ce n’était pas banal, s’arrêter devant une bancale pareille sans ironie, ni pitié. Elle rêva même qu’il se passerait peut-être …. Un jour, il arriva avec des accessoires incongrus, morceaux de cuir colorés ,colliers, chutes de foulards en soie, porcelaines et verres aux formes bizarres ! Après des habillages, essayages ,collages et assemblages , elle fût médusée , d’une théière sans bec, ébréchée ,vieillote,elle devînt une pièce unique, transformation magique, création géniale. Elle était la mascotte de la boutique ….
Elle était si abîmée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée. Un jour, cependant…
toute surprise, elle fut remarquée par un drôle de bonhomme qui la prit dans ses mains avec délicatesse, tendresse. Pendant des jours il semblait l’ignorer et après il s’asseyait face à elle, la contemplait vraiment, elle sentait que ce n’était pas banal, s’arrêter devant une bancale pareille sans ironie, ni pitié. Elle rêva même qu’il se passerait peut-être …. Un jour, il arriva avec des accessoires incongrus, morceaux de cuir colorés ,colliers, chutes de foulards en soie, porcelaines et verres aux formes bizarres ! Après des habillages, essayages ,collages et assemblages , elle fût médusée par la transformation, d’une théière sans bec, ébréchée ,vieillote,elle devînt une pièce unique, mutation magique, création géniale. Elle était la mascotte de la boutique ….
Elle était si abimée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée. Un jour cependant, un jeune garçon fort dégourdi et trés bricoleur la retrouva par hasard alors qu’il farfouillait dans le garage de ses grands-parents.
– Qu’elle est belle, se dit-il. Dommage qu’elle soit si abimée. Je m’en vais la réparer.
Personne ne revit Denis pendant des jours. Il prenait ses repas dans le garage et y passait le plus clair de son temps, dès son réveil. Lui qui aimait paresser au lit pendant les vacances, se levait aux aurores pour se rendre au garage comme si rien n’importait plus pour lui que la tâche qu’il s’était assigné. Personne n’avait le droit de pénétrer dans ce qui était devenu son antre. Gilbert, son grand-père était obligé de garer sa voiture devant la maison et Diane sa grand-mère se voyait obligée de reporter son jardinage à plus tard parce qu’elle ne pouvait pas récupérer ses ustensiles qui se trouvaient dans le garage.
Denis tenait son projet totalement secret. Nul ne savait ce qu’il traficotait dans ce garage. De derrière la porte, on pouvait entendre des bruits de marteau, de cliquetis divers et de ferraille que l’on déplaçait. Les jours passėrent et Gilbert et Diane s’interrogeaient. Mais que pouvait bien fabriquer Denis, enfermé toute la sainte journée dans le garage au lieu de profiter du beau temps et de la plage non loin ? Denis continuait inlassablement à travailler sur sa trouvaille. Il délaissait ses amis, ses jeux préférés et même la fille dont il était secrètement amoureux depuis toujours. Il avait décidé qu’elle serait réparée avant de la fin des vacances et peut-être alors, ses grands-parents accepteraient-ils de lui en faire cadeau en récompense de son dévouement et des ses efforts?
Petit à petit, elle recommençait à prendre forme, à prendre vie. Peu avant la fin de l’été, elle avait retrouvé son panache d’antan et sa fière allure. Elle recommençait à tourner rond, son boitier avait été changé par Denis, et son mécanisme fonctionnait de nouveau. Denis avait enfin fini, il n’en n’était pas peu fier. Afin de la présenter à ses grands-parents comme il se doit, Denis avait nettoyé la garage et l’avait recouverte d’un grand drap blanc qu’il pensait õter devant les yeux ébahis de son assistance, à l’instar des artistes qui dévoilent leur oeuvre d’art le jour du vernissage. Denis convia Gilbert et Diane dans le garage un samedi en fin d’après-midi. Il avait installé deux chaises et une petite table sur laquelle il avait posé diverses boissons et des petites choses grignoter.
Intrigués, Diane et Gilbert s’attablèrent sans trop savoir à quoi s’attendre. Pour parfaire sa mise en scène, Denis avait convié son ami Thomas qui possédait une boite à rythme, et qui était chargé de simuler des roulements de tambours. Tout était fin prêt pour révéler à son public l’objet de son travail. Denis s’en approcha, alors, et le découvrit. Un silence quasi-religieux régnait dans la pièce. Seuls les roulement de tambour emplissaient l’atmosphère.
– Mais…mais…c’est la vieille horloge de ma mère s’exclama Diane, fort émue. Mais Denis, comment as-tu fait ? Cette horloge date d’au moins un siècle, elle fut léguée à ma mère par la sienne, mamie Gertrude. Je n’ai jamais eu le coeur de m’en séparer et je me demandais ce que j’allais en faire. Merci mon garçon, merci de lui avoir redonner vie ! Je vais lui trouver une place dans le salon
Gêné, Denis ne savait plus comment formuler sa demande.
– Grand-mère, je pensais que j’aurais peut-être pu la garder, puisqu’elle était oubliée au fond du garage et que personne ne s’y intéressait…
– Oh, mon chéri, mais je ne peux pas te la donner, c’est un souvenir de famille. Mais je penserais à toi à chaque fois que je la regarderais.
Penaud, Denis tenta de faire contre mauvais fortune, bon coeur et de dissimuler tant mieux que mal sa déception. C’était la fin des vacances d’été, Denis devait rentrer chez lui et se préparer à reprendre le chemin du lycée. Dans le train qui le ramenait à la maison, Denis, voulant prendre dans son sac, un sandwich soigneusement préparé par Diane, trouva une petite boite en cuir noir. Il l’ouvrit et découvrit une superbe montre, le dernier modèle de chez Tossit, célèbre marque suisse, qui marquait l’heure avec de fines et belles aiguilles en argent et un bracelet également argenté. Un petit mot l’accompagnait : » Cette montre n’aurait pas pu trouver meilleur propriétaire que toi. Car tu sauras la réparer si besoin est, et devenu grand-père à ton tour tu pourras dire à tes petits-enfants : c’est mon premier souvenir de famille ! »
Halima BELGHITI
Salle d’attente
Elles étaient si abîmées qu’elles pensaient ne jamais pouvoir être réparées.
Un jour cependant …
Gueule cassée, gueule figée et gueule enflée attendaient leur tour au cabinet du Dr Cerveau, de grande renommée
Les trois gueules se retrouvaient tous les mardis à 15 h, assises sur le même canapé
On croyait que des revues elles lisaient
Pour laisser le temps passer
Mais en réalité
Elles ne cessaient de s’observer
Qui, aujourd’hui, allait passer en premier ?
Gueule cassée en était persuadée
Ce serait elle, tant son cas était désespéré
Elle lui raconterait au docteur
Ses pleurs et ses malheurs
Elle lui demanderait au docteur
Comment faire
Pour aider sa douleur à se taire
Comment faire
Pour oublier toutes ses misères
Gueule figée n’était pas pressée
De toutes façons elle avait du mal à se déplacer
Alors elle pouvait passer en dernier
Le docteur l’aiderait à s’installer
Afin qu’elle puisse un peu se libérer
De tout ce qui contribuait à l’enfermer
Quant à gueule enflée elle savait
Qu’il lui faudrait encore beaucoup de temps pour dégonfler
De la patience elle en avait
Alors elle pouvait attendre avant de passer dans la pièce à côté.
En tout cas, toutes les trois
Ce qu’elles espéraient
Et c’est pour cela qu’ici elles venaient
C’était de ressortir, un jour, la gueule réparée
Et, par avance, elles lui en savaient déjà gré.
Elle était si abîmée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée. Un jour, cependant…
Drôles de sensations au réveil. Quelques douleurs diffuses mais apparemment pas de casse. La tête un peu lourde, elle flottait : quel jour sommes-nous, est-ce le matin, le soir, de quel mois, quelle année ? Oh, et puis à quoi bon ! Il suffisait de respirer cet air frais, salé, un brin humide. C’était doux, c’était bon. Plus tard, il serait temps de comprendre. Juste envie de prolonger cette bénignité originelle. Simplement exister quelque part : oublier où, et comment. Savourer l’instant, laisser couler le temps. Être.
Déjà montait en elle, contre son gré, un élan, une reconnaissance. Une sorte de printemps de la vie, avec une grande bouffée de bulles dans ses cellules. Elle était vivante, le mot s’inscrivait en fractales. Mais après quelle nuit ? Elle tenta de résister à l’interrogation fatale : surtout, ne pas se laisser aller au retour arrière. Ce qu’elle voulait était devant, même sans savoir ce que c’était. Même si ça lui était égal. Même si ça n’existait pas. Elle se sentait en devenir. Tout simplement grisant.
Mais la vie toujours ordonne : il était temps d’ouvrir les yeux, grand. D’un coup, la mémoire lui revint : elle se vit basculer dans le vide. La dernière vague avait eu raison de son pan de falaise attaqué inlassablement depuis tant et tant de temps. Elle avait baissé sa garde avant de sombrer dans l’abîme écumant, avant la fin, l’éclatement, la désintégration. La mer serait son linceul. Qui s’en soucierait ?
Ce n’était pourtant pas l’eau qu’elle sentait sous elle mais le sable chaud. En tombant de toute sa hauteur, elle s’y était creusé une place pour l’éternité. Nez à nez avec la mer qui viendrait doucement lui lécher les pieds au gré des marées. C’en était fini du temps des batailles : elle était « de la plage ».
Elle entendit les enfants courir vers elle et, sans crainte de leurs assauts batailleurs, elle sourit à l’idée de cette nouvelle jeunesse, la leur et la sienne.
Bon week-end, Christine
La vieille dame.
Elle était si abîmée qu’elle pensait ne jamais pouvoir être réparée.
Un jour, cependant ils revinrent, sans leurs habits de guignol. Ils démontèrent
le sarcophage.
Faut dire qu’il tombait un peu beaucoup en diguedille, le cercueil.
Depuis le temps qu’ils l’avait bricolé, dans l’urgence pas pressée des décisions
économiquo-politicardes.
Aujourd’hui, ils envoyaient les enfants des esclaves désignés d’office vingt ans
plus tôt pour colmater les brèches des prévoyeurs.
Les prévoyeurs de l’époque avaient fait face à leur propre incompétence en
restant sur place. Ils s’étaient montré incapables de mesurer leur propre
connerie. Ils avaient envoyé des méritants pour boucher le trou car la Reine,
elle continuait à bouillir, à l’intérieur.
On avait même creusé un tunnel par en dessous pour tenter de colmater les
fuites de cette grande Dame. Quand on la faisait suer, La Reine, elle pissait de
partout. Pas moyen d’éviter de salir le matelas terrestre.
A nouveau, ils allaient recommencer à bosser. Chacun aurait encore sa dose.
Ca allait bien durer 10 ans.
Mais au plus tard en 2020, ils l’auraient leur nouveau parc d’attraction. Et ils
espéraient du monde. Les touristes du futur allaient pouvoir prendre un bain
sulfureux du passé.
En avion, si proche de l’évasion du quotidien,Tchernobyl n’était plus loin de nulle
part.