Dialogue avec son génie intérieur

Parfois, mes proches me surprennent en train de parler seul devant mon ordinateur, bricolant dans ma demeure ou méditant sur le banc au bord de la rivière. Ma femme se moque gentiment, mes amis haussent les sourcils, certains se demandent peut-être si je ne commence pas à radoter.
» L’âge aidant, il parle tout seul, l’ancien combattant… »
Comme ils se trompent ! Je ne parle pas tout seul, je dialogue avec mon génie intérieur.
Je discute simplement avec une petite voix en moi. Une voix curieuse et espiègle qui me chuchote des idées inattendues. Qui me pose des questions, me fait des propositions farfelues et m’ouvre des portes que je n’aurais pas osé pousser.
Elle me dit : “ Et si on essayait ? ” ou “ Tu crois que c’est possible, toi ? ” Et moi, comme un vieil ami, je lui réponds. On discute. On débat. On rit, même.

Cette voix, c’est ma compagne de l’ombre, ma pourvoyeuse d’idées. Elle n’a ni nom, ni visage, mais elle me relie à ce qu’il y a de plus vivant en moi : l’imagination. Cette part de mystère qui produit de la lumière même quand les jours sont gris.
Non, je ne suis pas » gaga « , ni » perché » pas du tout en train de perdre la tête.
J’ai juste choisi de rester en conversation avec moi-même. Comme dans mon enfance…
Et à bien y réfléchir, qui ne le fait pas ? Qui n’entretient pas, silencieusement ou à voix haute, un dialogue secret avec son double intérieur ? Celui qui doute, qui rêve, qui questionne, qui invente.
Comme vous, peut être, je fais partie des penseurs en mouvement, des amoureux du monologue à deux voix. Je parle avec mon personnel intérieur, celui qui me souffle mes idées et que je remercie en les offrant aux autres.
Si, un jour vous me voyez parler seul, ne vous moquez pas. Je suis peut-être en train de coécrire un nouvel exercice avec l’invisible.
Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : association.entre2lettre@gmail.com
Moi je m’engueule toute la journée … et c’est souvent bien mérité !
Les bébés gazouillent, même quand le visage de sa Maman n’est pas penché sur lui, et les enfants, lorsqu’ils jouent seuls, donnent de la voix à leurs jouets. Plus que nous, devenus adultes, ils sont reliés, connectés à cette part d’invisible, d’intériorité, peut importe le nom que nous lui donnons.
Si nous ne sommes que des machines biologiques, alors oui, se parler
seul a quelque chose de dérangeant ; c’est dire que nous n’avons pas bien télécharger les codes sociaux, qu’il y a un bug quelque part.
Or, j’ose croire que nous sommes plus que cela.
« La contemplation de la nature fait les poètes, la méditation sur la destinée fait les penseurs. Le poète et le penseur regardent chacun un côté du mystère. Dieu est derrière le mur. » (Victor Hugo)
de « la » maman.
même quand le visage de la maman n’est pas penché sur « eux ». Décidément ! (j’écris trop vite).
Ça m’arrive aussi !
Je l’appelle mon double de lumière. Nos échanges sont silencieux et intenses. Chaque fois que je lui demande de l’aide sur un sujet précis, j’ai ma réponse. Et quand je ne lui demande rien, je sais qu’il est là, je me sens guidée, parfois même sur écoute (je ne parle pas de Google ou autre Siri ! )
Vous êtes vraiment quelqu’un d’extraordinaire, quelqu’un que l’on aime au premier regard ou à la première phrase ou jeu de mots.
Merci Pascal d’exister par minous, par Osiris ou par Toutatis.
Il m’arrive aussi de parler seul… de dialoguer avec ma petite voix intérieure… si je ne le faisais pas, comment pourrais-je avoir des idées d’écriture ?
C’est un phénomène récurrent. Mais plus particulièrement lorsque je découvre le sujet de l’exercice hebdomadaire.
Merci Pascal.
Cela m’arrive chaque fois que je marche. Je parle avec tout le monde que je croise dans ma tête. A voix basse, je participe à un dialogue qui parfois me fait rire ou hausser le ton, étonnant à peine le badaud, persuadé que je cause à une oreillette. Ainsi va mon monde au milieu de la société moderne 🙂
Le premier sens qui fonctionne avant la naissance est l’ouïe. Le premier son que l’on entend est la voix de sa maman. Et donc, parler seul est on ne peut plus normal. On crée soi-même le prolongement du lieu où on fait des projets.
Parler tout haut favorise la mémoire. Il n’en faut pas que j’oublie… et la mémoire auditive joue son rôle de Sherlock Holmes pour retrouver les objets. Le dialogue avec soi-même est souvent : tu crois que je vais y arriver ?
Ou au contraire : je vais y arriver !
On se veut rassurant… Je vais essayer si ça se trouve… En fait dans le doute on s’interroge. Tout haut ! Et alors ? Quand je les vois tous déambuler tout seuls parlant fort à un invisible, là il y a de quoi s’inquiéter. Un monde de zinzins ! Moi, quand je parle à mon tuyau d’arrosage ou que je vais discuter avec la mer je suis sûre de ne pas être contrariée ! 🐭