757e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat


Racontez la dernière espièglerie d’une miette, encline à se glisser là où on ne l’attend pas.
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Racontez la dernière espièglerie d’une miette, encline à se glisser là où on ne l’attend pas.
Louison finissait son œuf à la coque, elle s’attardait sur la mouillette, ce joli et délicat petit morceau de pain, coupé en long, avec surtout de la croûte et presque pas de mie. Sa maman l’avait tartinée de beurre jaune d’or où perlaient de très fines gouttes d’humidité. Louison adorait les mouillettes préparées par sa maman. Elle les trempait avec amusement dans le moelleux de l’œuf, le cœur doré orangé dans son tremblant nid blanc encoquillé, le tout posé sur un coquetier bleu. Quelle symphonie de couleurs !
Louison s’appliquait à mâcher de toutes la force de ses dents de lait comme le lui avait dit sa maman, pour ne pas s’étrangler. Pas une miette ne devait tomber ! De temps en temps, d’ un simple coup d’œil, la maman de Louison rectifiait le passage dans la bouche, essuyait son contour. L’enfant riait alors et réclamait une autre mouillette. Les petites lamelles, juste à point, avec suffisamment de mie pour accueillir un soupçon de beurre étaient engouffrées dans le gosier de Louison. Pas une miette ne s’en échappait !
Louison dort maintenant. Elle semble épanouie dans son sommeil doux et profond avec comme une expression de contentement sur son visage aux traits si fins. C’est alors que sa maman, qui la regarde dormir avec tant d’amour- elle en aurait presque les larmes aux yeux- aperçoit à la commissures des tendres lèvres rosies, entrouvertes, un petit quelque chose vibrant au rythme de la respiration cadencée de son enfant. D’un doigt furtif et précis elle recueillit une miette de mouillette.
Une miette, en ayant marre de se faire mener à la baguette, voulut mettre un pain à un bâtard quelconque. Mal lui en prit, car, bien sûr, elle n’était pas de taille : comme toute miette, elle se fit ramasser. Mais elle réussit à s’échapper pour aller se glisser dans le gosier de ce dernier qui, très vite étouffa… Il fallut un verre d’eau pour noyer l’affaire. Mais la miette possédait un caractère bien trempé et, plutôt que de s’avouer vaincue, réussit à s’extraire pour, finalement, se raccrocher à une boule qui, bonne pâte, luit fit un peu de place…
comme après chaque repas, la servante avait enlevé assiettes, verres, couverts, plats, etc et avait balayé la nappe recouvrant la table de la salle à manger. Moi, maligne, je m’étais faufilée dans un petit pli de celle-ci. Je n’avais pas l’esprit vagabond et ne souhaitais pas me laisser emporter sans savoir pour quelle destination et puis aussi pour ennuyer la servante qui serait sans doute obligée de me
chercher. Je me plaisais en ce lieu. Hier j’avais passé un long moment au creux d’un croûton de pain, mais, lors de ce repas, une bouche grande, grande, humide, l’avait englouti, mais me laissa la vie. Moi, je rêvais que celle-ci soit longue, longue..
J’imaginais que ce ne serait pas facile, personne ne devait me toucher, me déplacer. Soudain je me retrouvais par terre, non pas par terre, mais sur le dos d’un chat sans me faire mal. Sous le choc je me remémorai la citation « pain coupé n’a point de maître ».Celui-ci escalada le tronc d’un arbre.Je songeai soudain que je n’avais pas de parachute, mais bon, qui vivra verra… Soudain, un corbeau (celui de la fable de MONSIEUR DE LA FONTAINE peut-être ? essaya de m’avaler, j’y mis de la mauvaise volonté et il s’étrangla !
Ouf fit-je et pensai : demain est un autre jour
Une gourmande de pain grillé fut fort dépitée quand une miette , entre ses 2 molaires , se trouve coincée .
Les ongles , aidés de la langue s’essayent à la déloger .
– Dégage ! chuinte cette dernière , tu m’irrites la gencive .
Mais , la miette taquine et bien installée ne se laisse pas éjecter et s’arrime pour plus de stabilité .
La langue se lance dans un ballet musclé , mais l’intruse ne se laisse pas chasser .
C’était sans compter sur un baiser aussi langoureux que profond , qui pointe le bout de sa langue .
La miette , attendrie par tant de sensualité , se sent fondre et se laisse glisser . La voilà collée sur l’amygdale du visiteur , qu’une quinte de toux oblige à suspendre son baiser , expulsant au sol notre coquine .
Emportée sur le dos d’une fourmi de passage , la miette songeuse , réalise qu’elle vient de vivre l’extraordinaire expérience du savoureux « French Kiss ».
C’est mon anniversaire aujourd’hui ! Mamie avait préparé un bon repas ! J’ai surtout dévoré le gâteau après avoir soufflé les quatre bougies ! En ce moment, Mamie range la cuisine et moi je suis dans ma chaise à câliner ma nouvelle poupée et à lui raconter une belle histoire de fée ! Je suis aveugle, selon Mamie à la suite d’un accident ! Je ne sais pas trop ce que cela veut dire, mais je le déteste cet accident. Je m’appelle :
– Miel ! Veux-tu bien faire plaisir aux poules en leur envoyant toutes les miettes que je viens de récupérer ?
– J’arrive Mamie !
– Je reviens vite, dis-je à l’oreille de ma poupée.
Pas besoin d’être aidée pour me diriger ! Je connais tout dans ma tête !
– Ouvre bien tes mains en coupe afin de ne pas perdre une miette !
– Je sais Mamie ! J’ai l’habitude !
– Ne cours pas ! Ne va pas tomber sinon elles vont toute s’envoler !
– Mamie les miettes n’ont pas d’ailes.
– Je sais, ma belle.
Et me voilà partie en courant.
– Coucou, les poules ! Aujourd’hui c’est mon anniversaire et je vous offre toutes les miettes du repas !
Pour me remercier, elles arrêtent de caqueter et se mettent à glousser. C’est Mamie qui me l’a appris. Je retourne jouer avec ma poupée. Il va falloir que je lui trouve un prénom ! Mais, quelque chose me gêne dans la main. Sous mes doigts, je sens une miette de pain.
– Mais, que fais-tu là, petite miette. Je vais retourner voir les…
– Oh ! Non ! dit une petite voix que je ne connais pas.
– Tu parles ?
– Oui, et je peux aussi voler !
– Mais les miettes n’ont pas d’ailes !
– C’est vrai mais je peux quand même voler.
– Et tu pourrais m’emmener ?
– Bien sûr ! Et ta poupée aussi, si tu veux !
– Chouette !
– Mais à une condition
– Ah oui ?
– Promets-moi de ne pas me donner aux poules !
– D’accord !
– Où veux-tu aller ?
– Dans le ciel, très, très haut dans le ciel. Plus haut qu’une fusée !
Et nous voilà parties, la poupée, la miette et moi ! Quel beau voyage ! Mais…
– Mais, je ne le vois pas ! dit la poupée.
– Que cherches-tu ? demande la miette.
– Bin…le Papi de Miel !
– Pourquoi crois-tu qu’il soit par ici ?
– Je ne sais pas. Quand je demande à Mamie, elle me répond toujours qu’il est parti mais elle ne veut jamais me dire où ! Et alors, elle semble en colère. Alors je la laisse et vais dehors parler aux poules.
– Je voudrais rentrer, dit la poupée.
– D’accord les filles ! Sache Miel, que ton Papi, il est dans ton cœur ! Ne l’oublie jamais !
Nous voilà revenues sur terre. Je rejoins ma petite chaise !
– Merci petite miette, regarde, pour ne pas te perdre, je te mets dans la poche de la robe de ma poupée.
– Et comment vas-tu l’appeler cette nouvelle amie ?
– Miette.
– Belle idée, Miel
Mamie s’approche. Je reconnais son pas, son parfum, son souffle court.
– Où étais-tu Miel, je m’inquiétais ?
– En voyage !
– …
– Je cherchais Papi.
– Et tu l’as trouvé ?
– Pas aujourd’hui ! Demain, peut-être ?
Mamie n’a pas insisté et est partie dans la maison.
Miel, Miette et petite miette se mirent à rire.
Prêtes pour une nouvelle aventure.
Merci pour cet adorable petit conte Kyoto. Je souhaite de belles aventures à votre petit trio.
Merci Beatrice
La miette était inquiète. La tentation était grande. Régulièrement, elle mettait les pieds dans le plat, on lui reprochait souvent. De tomber au mauvais moment, là où il ne faut pas. On la disait gaffeuse, elle se disait espiègle. Connue pour commettre des bourdes, elle se méfia, cette fois. Se glisser entre la poire et le fromage la tentait. Là, où on ne l’attendait pas. La conversation allait bon train. L’homme aimait la polémique et sa femme se laissait prendre à l’hameçon. Lui, se régalait. Quant à elle, se montrant nerveuse, elle émiettait son pain sur la nappe blanche. C’est trois fois rien, une miette, dit-on. Ou pas… Amusé, il n’en perdait pas une miette. Il poussait le bouchon en la contredisant. Elle allait le réduire en miettes, s’il s’acharnait sur ce sujet délicat. La miette se glissa entre deux arguments. La femme énervée, mouilla son doigt, colla la miette espiègle et la porta à la bouche.
Ce fut la goutte d’eau. Il se fâcha vraiment. L’homme ne supportait pas ce geste ! La miette de trop !
Racontez la dernière espièglerie d’une miette, encline à se glisser là où on ne l’attend pas.
Monsieur Malcuit, boulanger pâtissier, économe et inventif, récupérait très soigneusement toutes les miettes si s’échappaient de ses pains et autres viennoiseries. Une idée lui trottait dans la tête.
Alors qu’il nettoyait avec soin son four, plaques et autres, il ne se rendit pas compte qu’une petite miette avait échappé à son attention. Elle se planquait derrière le cahier dans lequel il notait ses projets de recettes.
Intriguée par la minutie de cet homme, elle consulta le cahier resté ouvert et découvrit avec une certaine inquiétude le sort qu’il réservait aux miettes de tout genre. Cela ne lui plaisait pas du tout. En tant que miette, elle voulait vivre sa destinée :
rester coincée dans une gorge ou
agacer Madame Propre ou
servir de repas aux oiseaux ou
provoquer des rixes entre pigeons ou
être l’anti-ennui lors d’un repas qui n’en finit pas ou
se balader avec une fourmi, etc…
mais en aucun cas se retrouver à recuire dans un four.
Monsieur Malcuit avait beau être très soigneux, il n’en restait pas moins que son cahier hébergeait déjà d’autres petites miettes bien passives. Elle eut alors une idée de génie. Elle se dirigea vers ses consœurs, leur expliqua la situation et leur fit par de son idée. Elles furent enthousiastes et il leur tardait que le maître des lieux aille se reposer.
Et c’est ainsi que pendant plusieurs jours elles trimèrent pour effacer une à une toutes les recettes imaginées par le boulanger pâtissier qui avait eu la mauvaise idée d’utiliser un crayon à papier. De nouvelles mies plus fraîches furent recrutées et un beau jour le cahier se retrouva comme neuf. Il faut dire que les fêtes de Noël approchaient à grands pas et le travail était intense. Monsieur Malcuit n’avait plus le temps de consulter son cahier.
Mais quelle ne fut sa surprise lorsqu’une fois les fêtes passées, il reprit son cahier et ne trouva que des pages blanches à l’exception d’une page sur laquelle on pouvait lire :
RECETTE A BASE DE MIES
NE (grand blanc) PAS (grand blanc) FAIRE (grand blanc)
Il était perdu, ne comprenait pas du tout ce qui c’était passé. Qui lui avait fait cette mauvaise blague ?
C’est alors qu’il aperçut un petit monticule de miettes de pain toutes noircies. Il les étala et au milieu du tas, il vit une petite miette qui le regardait avec un grand sourire espiègle avant de disparaître par la fenêtre à la faveur d’un grand courant d’air.
Elle s’envola vers sa destinée le sourire aux lèvres.
757 – Racontez la dernière espièglerie d’une miette encline à se glisser où on ne l’attend pas.
– Il nous l’avait dit : Je ne vous abandonnerai pas ! ». Il l’avait crié tellement fort ! Il s’était égosillé au maximum qu’il s’était vidé les poumons devant la foule. Un homme seul, à des millions, si on comptait ceux de la télé. Tellement fort que tout le monde l’a cru. Et là, dans son calendrier, il l’avait prévu, je vais vous aider à mourir. Ca faisait huit ans qu’il préparait son coup. Dans son » Je ne vous abandonnerai pas ! Il avait inclus cette idée d’euthanasie. Quel mot bizarre ! Bien choisi pas les nationaux socialistes. »
Il faut se méfier de ceux qui croient tout pouvoir régenter jusqu’à vous dire : Je vais vous aider à mourir ! »
Marcelle écoutait en tenant la main de son amie. Dans son for intérieur, il savait qu’elle disait la vérité. Il n’osait répondre, il écoutait seulement.
Pendant son dernier match, il avait pris un pain et il s’en était remis rapidement. Mais la douleur au coude persistait. Son amie poursuivit son idée;
– C’est vrai qu’ils avaient reçu des ordres pour réfléchir rapidement sur cette loi. Ca va plus vite à aider à mourir qu’à bien vivre. Et l’autre, avec son air narquois : « Nous avons bien peaufiné le texte, vous allez voir, tout se passera en douceur ! Mais ils n’ont vraiment que ça à faire ! A nous dire comment bien mourir alors que nous leur avons confié le bien vivre dans notre pays ! Et, ils sont bien payés en plus !
– Ne sois pas amère s’il te plaît. Je crois que les français vont se réveiller. Ils vont réagir. Après le match, j’ai eu envie de faire un gâteau, dit-il, pour changer de conversation. J’ai eu un petit problème, jai oublié de mettre du beurre. Si bien que j’ai dû en faire un autre. Cette fois-ci, j’ai rajouté du beurre et des amandes pilées.
– Tu es en train de me raconter l(histoire du moule à manqué, dit-elle en riant aux éclats.
Ils coururent jusqu’à la maison. Pas une seule miette ne devait rester.
– Pas si vite, j’ai mal au coude.
– Hum ! Que c’est bon de bien vivre !
Mon mari est moi adorons les histoires policières. Enfin, moi surtout.On se gave de feuilletons à la radio. Confortablement installés dans nos fauteuils en cuir râpé par la tension, on suit chaque soir les enquêtes de l’inspecteur Meuringué, Alfred de son prénom, « Freddy » pour ses collègues américains, « Putain de Fredo » pour les coupables qu’il parvient toujours à coincer.
Ce soir-là, le Alfred, il s’était penché sur le meurtre d’un lascar, à priori enfermé dans son bureau, qu’on n’avait vraiment aucune idée de ce qu’il foutait là à une heure pareille , en pleine nuit à compulser des feuilles de comptes, qu’après analyse, elles ne compromettaient personne. Une fenêtre s’avérait ouverte, normal, par cette poisseur d’été, tout à fait exceptionnelle, un bête samedi de préparation de barbecue, un 31 Mai. Et la porte, fermée, juste par un verrou, de l’intérieur, les clefs reposant toujours dans la poche droite du gaucher.
En tenant compte du gardien qui, d’après lui aurait été assommé, une demi-heure avant un coup de feu, de la femme du décédé qui l’avait déposé vers 18h à la porte de l’immeuble, du vice-président de la société qui cette nuit-là avait perdu 5 briques au poker avec des sommités de la ville, dont un médecin légiste, un juge des affaires familiales et le pasteur du quartier, l’affaire s’annonçait des plus complexes. Sachant que la société était florissante, normale, une fabrique de drones à des fins pacificatrices, on aurait pu songer à la vengeance d’un quelconque extrémiste, désavionné de l’Est, pourquoi pas ? Si l’on n’oubliait pas, également, l’amante du Sieur qui ce jour-là bronzait, soi-disant, à 150 kms de là, sur la plage de Pors-Poulhan. Et le fils maudit par son père indigne qui traînait dans une boîte louche de chez louche, une pleine louche de mecs bizarres et désintéressés de la misère.
Bien que lustrée du crâne depuis la perte de son dernier cheveu, Alfred Meuringué se recoiffa, une mèche, signe pour tout bon psychologue d’une perturbation indicative mais pas forcément significative, à partir du moment où le sujet ne répète pas le geste dans la même minute.
Il sortit donc sa boîte à cachous, ces petits grains noirs qu’il mâchonnait toute la journée, suite à son divorce, à sa décision irrévocable depuis le premier Janvier de ne plus fumer et son impossibilité à arrêter de picoler du vieil Armagnac dès le petit déjeuner. Pour son addictologue, c’était vraiment un sacrilège de gaspiller ainsi une telle boisson.
Foi, de Marthe, c’est mon nom de baptême, je sentais bien que le Alfred, il allait galérer à remuer la boue de toute cette salade poubelle, que ça allait être, pour lui, compliqué de trier le bon grain de l’ivresse, de faire surgir la vérité de sa fontaine, à poil, même pas un petit string.
Alors, je me suis concentré avec lui, j’ai épluché tous les détails de l’histoire, j’en ai sorti des épluchures aussi fines que celles réalisées pour mes frites maison. Quelque part, l’huile de cuisson commençait à gentiment grésiller.
Déjà cette histoire de clefs dans la poche droite alors que le moribond était clairement connu, comme gaucher, ça ne pouvait pas coller. Ces feuilles chiffonnées dans la corbeille, que l’inspecteur de service n’avait même pas relevées, amateur. Ce gardien qui, ancien catcheur de profession s’était écroulé au premier choc, curieux, non ? Cette épouse qui depuis 2 ans, refusait de prendre le volant, à cause d’une récente phobie des trottinettes. ? Cette plage, à 150kms, soit –disant…..avait t’on vérifié. Pour Marthe, on se devait de savoir de quel Pors-Poulhan il s’agissait. Car pour elle, en France, il y avait, peut-être autant de Pors-Poulhan que de Saint Martin ?
Et ces compagnons de jeu qui, à une époque, toujours mystérieuse, avaient crapahuté dans le même régiment que la victime, et sous ses ordres ? Et ces terroristes qui vous étripent à la moindre suspicion de regard condescendant ? Et la montagne qui engloutit la Suisse ? La Chine qui coule Taïwan ?
Honnêtement, à remuer toutes ces hypothèses, je m’étais un peu égaré et décidait de me calmer pour éviter tous ces culs de sac. Je me calais dans mon fauteuil, allumais une cigarette et patientais.
Alfred Meuringué avançait. Lui, posait, au moment opportun, les bonnes questions aux bonnes personnes. Tel un bon éleveur chinois triant le sexe de ses poussins, il voyait juste, endiguait les fariboles fantaisistes, triait les solutions des fumistes, éliminait le superflu.
Viendrait forcément le moment tant attendu où Alfred Meuringué allait trouver l’aiguille dans la botte de foin, quitte à foutre le feu au foin et à ramasser l’aiguille, enfin, muni de son fameux aimant.
Le dénouement s’approchait, et comme d’habitude, je n’allais pas en perdre une miette. Sauf que ce jour là, par on ne sait quelle espièglerie volontaire ou improvisée, juste au moment décisif, mon mari croqua dans une biscotte avec une telle goinfrerie que le bruit fourni s’écroula dans mon oreille telle une banquise épuisée dans la mer arctique.
Moi qui depuis déjà plusieurs années survivait aux misères de l’existence, de la santé et du mariage grâce à Alfred Meuringué, ma vie risquait de s’écrouler. Pour la première fois, je n’aurai pas la solution de l’énigme. Et avec cette conne de radio, pas moyen de remonter le temps. Ma survie était foutu.
J’étais drôlement furax. J’ai fixé Jules, c’est le prénom de mon époux, d’un regard plus que mauvais. Comme disait ma grand mère « Ah si les hommes avaient une bite à la place du cerveau, il pourrait au moins bander de la méninge, de temps en temps ».
J’ai tripoté mon cendrier, un lourd cendrier en marbre rose, du Carrare, ramené de notre voyage de noces, acheté dans une boutique, de l’autre côté du poste frontière, et franchement, c’est bien parce que j’y tenais quand même à ce machin trop plein des cendres de mes illusions que je ne lui ai pas balancer à la figure. C’était moins une , au top de mon Big Ben.
Et puis, je me suis calmé, j’ai relu certains passages des mémoires, pensées et autres fariboles d’Alfred Meuringué.
D’après lui, on avait déjà tué des maris pour moins que cela. Mais j’ai laissé filé, trop bonne, trop poire.
Et de plus, ce n’était honnêtement pas de sa faute, si je m’étais gouré en choisissant d’épouser seulement un Jules Magret.
Nul ne sut vraiment comment cette miette, échappée d’un pain complet bios sans gluten au levain de châtaigne, avait échoué dans l’urne du second tour des municipales de Miette-sur- Crumble.
Les bulletins officiels mentionnaient tous des candidats humains, qui bassinaient sur TF1 et consort, leurs inepties de promesses tièdes ou réchauffées. Personne ne faisait cas, d’un « outsider » sorti du pétrin : Miettony de Croûtoncourt. Celui-ci, parvint néanmoins à convaincre un électorat las des calembredaines servies par le parterre de droite à gauche.
Le voici donc élu premier édile.
Sa première mesure ?
Transformer la salle des fêtes en Centre National du Théâtre Alimentaire, où se joueraient exclusivement des pièces interprétées par de la nourriture tombée au sol.
Biscottine du Levain , Chapelure Quignon, Mie Tendre, connurent leur heure de gloire en jouant à guichet fermé.
Sous sa mandature, on vit :
* « Roméo et Gruyère », avec deux croûtes amoureuses séparées par un frigo divisé ;
* « En attendant Godot, j’ai moisi », monologue d’un champignon oublié ;
Le public acclama. Les critiques s’émurent.
La miette, devenue maire-comédien, déclara dans une interview :
« Je suis la preuve qu’on peut partir de rien, et finir dans les bouches des puissants. »
La presse titra :
« Du fond du grille-pain au sommet de l’État : chronique d’un croustillant ascendant ».
On parla de « révolution panifiable », et fut créé le « nouveau pain-théon ».
Le gouvernement des macarons tomba dans la farine.
J’aime beaucoup ce texte. Merci Mijoroy
Bravo Majoroy, une imagination originale. J’aime beaucoup l’idée.
Bien à vous et bon dimanche.
Oh que ça fait du bien de se permettre de délirer sérieusement. Merci!
Oh que ça fait du bien de se permettre de délirer sérieusement. Merci!
Bravo pour ce texte d’une très grande originalité Mijoroy !
J’ai tout aimé, notamment ces phrases : » « En attendant Godot, j’ai moisi », monologue d’un champignon oublié » – « fut créé le nouveau pain-théon » – le gouvernement des macarons tomba dans la farine ».
J’adore , merci
La miette…
Laissez-moi vous raconter les dernières péripéties d’une miette, encline à se glisser là où l’on ne l’attend pas. On la disait espiègle, mais elle était vive, éveillée, malicieuse, sans méchanceté. Balayée d’un revers de main, parce qu’elle traînait sur le blanc immaculé d’une nappe, on la croyait partie à dos de fourmi, ou même emportée dans le bec d’un oiseau vers son nid où piaillait toute une couvée…
Juste avant ; elle n’était pas coincée entre deux dents non plus. En réalité, pour être honnête avec vous, elle s’est posée au coin des lèvres de Lulu qui avait embrassé le p’tit Louis à la sauvette. Parce qu’elle était tout simplement perdue dans les poils de la moustache du beau jeune homme, dont Lulu était éperdument amoureuse…
Louis n’avait pas réussi socialement. L’école l’ennuyait : trop de règles, trop de leçons à apprendre par cœur, trop de majuscules inutiles à placer aux bons endroits. Il préférait les bancs du parc à ceux du lycée, les conversations aux dissertations. Il ne savait pas citer Victor Hugo, mais il savait se taire au bon moment. Il ignorait la date exacte de la Révolution française, mais il savait quand quelqu’un s’apprêtait à trahir.
Son père, ancien professeur d’histoire géographie, l’avait pourtant prévenu :
— Sans bagages, tu seras juste bon à ramasser les miettes que les autres voudront bien te laisser.
Cette phrase, il l’avait entendue cent fois. Mais il la trouvait creuse, usée, mal adaptée à sa vie. Lui savait que les bagages trop lourds finissent par vous faire marcher de travers. Et puis, il y avait ce vieux proverbe qui lui revenait souvent, comme une ritournelle qu’on fredonne sans y penser :
— Qui ramasse ses miettes, n’aura pas disette…
Il avait appris à observer les gens, à sentir les silences, à flairer les humiliations cachées sous les plaisanteries. Il savait lire un regard mieux qu’un texte littéraire. Il savait consoler une voisine, réparer une fermeture éclair, écouter les enfants sans les corriger.
Ce jour-là, la miette, nichée dans sa moustache, ne l’avait pas trahie. Elle brillait doucement, comme une étoile tombée du pain, et s’accrochait à lui comme à un mystère. Elle, la minuscule avait trouvé un abri chez un homme que l’école avait laissé au bord du chemin, mais que la vie n’avait pas tout à fait oublié.
Le temps était passé, Louis et Lulu s’étaient mariés. Ils étaient heureux, les regards qu’ils posaient l’un sur l’autre étaient chargés d’amour, de tendresse et de reconnaissance. Alors qu’un jour, où, à la fin du déjeuner, Louis poussait du doigt une miette, il adressa un sourire à Lulu :
— Pourquoi souris-tu mon amour ? lui demanda-t-elle.
— Parce que j’ai compris ce que les autres ont manqué, ma douce colombe. Aujourd’hui, j’ai conscience que certaines miettes ne viennent pas du pain, mais du cœur. Et que parfois, une miette suffit à nourrir une histoire entière.
Ne comprenant pas ce que pouvait évoquer Louis, elle se pencha vers lui pour déposer un baiser sur ses lèvres. Lorsqu’elle s’écarta de son visage, Louis s’aperçut qu’une miette était restée accrochée à la commissure de la bouche de Lulu. Il sourit de nouveau en la faisant tomber en passant un doigt sur le visage de la jeune femme :
— Et je dirai même, que parfois le destin s’acharne ! elle lui sourit sans trop comprendre ce qu’il disait…
Comme c’est beau : « Aujourd’hui, j’ai conscience que certaines miettes ne viennent pas du pain, mais du cœur. Et que parfois, une miette suffit à nourrir une histoire entière. » J’ai bien aimé cette histoire.
Merci Mijoroy,!à votre est très bien aussi.
Bon dimanche.
Racontez la dernière espièglerie d’une miette, encline à se glisser là où on ne l’attend pas.
J’étais tellement contente d’avoir été aggloméré à ce biscuit aux céréales. Je retrouvais des centaines de copines ! C’était un peu notre festival. Là au moins on n’était pas fixé avec des colorants de toutes sortes. On était réellement libres et il était tout à fait possible de s’échapper à l’approche des jolies dents. On filait sous les doigts et hop ! Petit saut dans le vide. Aujourd’hui, j’étais d’humeur canaille et je me dis que je me ferais bien un petit road trip ! Alors j’ai commencé par sauter dans le décolleté de la dame trop gourmande (deux gros biscuits avaient déjà été engloutis tout de même !). Comme je la grattais un peu, elle partit en chasse pour me déloger. Mais je suis bien plus maligne qu’elle alors je continuais de descendre et me calais dans un repli du ventre. Ça sentait drôlement bon ! Le parfum mêlé à celui de la lessive de cette jolie robe printanière me fit un petit havre de paix un moment. Quand je compris que la dame allait aux toilettes pour pouvoir explorer tranquillement sa tenue pour me faire partir, je décidais de quitter cet abri précaire moi-même. Ce qui ne fut pas aisé, avec la transpiration, je collais un peu…
Je glissais le long de sa jambe et attendis là, peu de temps de pouvoir m’accrocher sous une chaussure crantée. Ce qui ne tarda pas à arriver. Je le reconnus tout de suite le beau gosse, il était allongé tout à l’heure près de la piscine. Je me camouflais entre les rainures de la chaussure et en sautais quand il arriva à hauteur du buffet. Je ne gis pas longtemps par terre. A l’arrivée du gros matou à l’affût de mets gourmand, je me retrouvais sur le bord de sa moustache. Ce gros pépère au pelage incroyable faisait l’admiration des convives et il s’en donnait à cœur joie, pavanant, paradant devant les invités. Il s’offrait même le luxe de sauter sur la table pour exposer là toute sa majesté. Bon certes, il n’y resta pas longtemps, ils se fit rabrouer mollement par sa maitresse qui l’en fit descendre manu militari, ce qui me permit de sauter dans la coupole de biscuits en passant.
Je retrouvais tous mes amis du début, ravie. Je leur racontais mes aventures, enthousiasmée à l’idée de partir à plusieurs à la prochaine envolée. Mais je ne fis pas recette, elles préféraient rester dans le plat et finir aux poules ou sous les petits doigts humides et boudinés des enfants qui trainaient près du buffet…
Docteur je n’en peux plus
Expliquez moi ça
Je ressens une gêne en jouant du violon, quelque chose d’irritant
A quel niveau ?
Je ne sais pas exactement, ça va ça vient le long de mon bras droit
Seulement quand vous jouez ?
Oui, le reste du temps ça va
Vous jouez souvent ?
3 à 4 heures par jour
Tous les jours ?
Oui, sauf dimanche et jours fériés
Quelle tenue portez vous pendant ces exercices ?
Mon pull fétiche avec lequel je gagna les concours
Pour aujourd’hui je ne peux rien faire, revenez avec le pull, et le violon, bien
entendu
Trois jours plus tard.
Très bien, asseyez vous là ,jouez moi quelque chose
Du Paganini ?
Comme vous voulez
L’artiste accorda son instrument et attaqua la Sarabande numéro trois en si bémol majeur.
Voilà, ça y est, ça commence
Otez votre pull, donnez le moi
Le médecin retourna la manche droite, l’examina soigneusement.
Ah ! ça y est, je l’ai, regardez
Il avait dans sa paume une vielle petite miette bien sèche encore toute frétillante.
C’est elle, une mélomane qui batifole sur votre bras dès que vous commencez à jouer. Elle apprécie votre talent, ne la jetez pas car si un jour elle ne danse plus, vous devrez vous remettre en question.
Laissez vous porter par la musique, oubliez la.
Merci docteur, encore un peu de Paganini ?
Super idée cette miette mélomane.
3-4 heures de
/ jour ! Serions -nous collègues ? 
Oups !
Je n’avais pour commencer qu’une miette d’idée, une miette de rien du tout. Comme il aurait été facile de consulter ChatGPT. En un clin d’œil, il m’en aurait trouvé une, et de taille, mais l’imposture ne m’a jamais tentée.
L’envie me vint d’aller m’installer dans mon jardin, boire un café, et, dans ce lieu inspirant, tout éclairé de lumière matinale, y trouver le secours des Muses.
Sacrée miette !
Que vais-je faire de toi ? Une miette que l’on trouve sur la table et que l’on essuie négligemment d’un revers de torchon ? Ou, au contraire, une miette qui parle des mains qui l’ont pétrie, de la qualité de la farine, des champs de blé, d’avoine ou de maïs ? À moins que son histoire ait été toute différente et que, de facture industrielle, elle ait été traitée avec beaucoup moins de soin.
Miette, dans quel pétrin t’es-tu fourrée ?
On te dit espiègle. Il est vrai que tu aimes bien braver le torchon ou le balai, te glisser sous les tapis, et même dans les interstices de mon clavier. Si tu es miette d’idée, alors, tu prends tous les masques, tous les rôles, que j’ai envie d’imaginer pour toi. Et comme je ne mange plus de pain, chère coquine, tu viens de bon matin, me provoquer sur un tout autre terrain. L’écriture, bien sûr !
Dans ta malice, tu te prétends petite. Au cœur d’un ChatGPT, tu le serais, assurément, car tu ne m’aurais convoquée à aucun dépassement, en effaçant le terrain de jeu où une simple plume trouve enfin ses ailes.
Et pas des ailes empruntées.
Miette, accroche-toi.
Quel que soit ton récit, tu es l’invitée de l’exercice 757, pour de nombreuses romances, et pas seulement la mienne ! Nous ne pourrons plus jamais te regarder comme une simple miette. Car, ainsi que le dit Lao Tseu : « La grandeur naît souvent de ce qui est petit. »
Ah, moi aussi j’ai pataugé dans le pétrin avec ce sujet. Entre la miette qui saute dans le soutien-gorge, celle qui se coince dans mon clavier ou entre les dents, ça ne me faisait pas rire. Et c’est mon fils qui m’a donné l’idée d’une miette candidate à des élections. Nous venions de goûter des macarons salés, rapportés de Brest. Hélas le voyage a broyé en miettes l’un des macarons.
Sinon j’adhère au proverbe de Lao Tseu.
En juin, les musiciens habitués à se produire ensemble, fêtent leur joie d’être parvenu, à ce niveau d’exigence auquel aspirent leurs aficionados.
Pour célébrer ce regroupement convivial, ils sont aujourd’hui installés dans le jardin de Jérôme, le clarinettiste du groupe. L’ambiance est joyeuse et décontractée. Chacun évoque une anecdote, connue de la plupart d’entre eux, mais, narrée du point de vue du conteur.
La table est garnie de victuailles variées et de bouteilles susceptibles de répondre aux désirs des plus gourmets. Plusieurs corbeilles de pains aux céréales différentes, aux teintes chaudes laissent à imaginer combien ils doivent être croustillants et savoureux. Jérôme montre l’exemple et encourage les invités à se servir eux-mêmes.
Les heures passent dans cette ambiance de compagnonnage, de joie d’être présents ce soir, sans autre contrainte que d’être conscients du bonheur de partager les efforts et les réussites de cet orchestre de joyeux drilles.
Entre la poire et le fromage, la tablée propose que chacun exécute un petit solo sur son instrument. L’honneur en est donné à Jérôme, à qui certains proposent d’interpréter « Blowin’ in the Wind » de Bob Dylan.
Jérôme attrape sa clarinette accrochée au dossier de la chaise. Chacun l’encourage résolument. Jérôme souffle dans le bec de l’instrument et produit un son très bizarre, non prévu dans la partition. Il se lève, tousse et renouvelle le début du morceau. Un second couac s’exprime à la surprise des auditeurs qui n’en reviennent pas. Jérôme inquiet secoue la clarinette espérant résoudre la problématique acoustique. Mais en vain, l’instrument ne veut répondre ni au doigté, ni au souffle du musicien. Déçu et interrogateur, Jérôme propose à son voisin de prendre le relai de cette exhibition.
Il se penche alors sur son instrument et commence à le désosser, secouer, essuyer les nombreuses pièces accessibles et souffle de nouveau dans le bec. Les notes insolites se succèdent laissant le musicien décontenancé.
Depuis qu’elle est tombée de la main de Jérôme sur la serviette posée sur ses genoux, une miette du pain de pâte-feuilletée-parfumée-à-l’huile-d’olive, qui se trouvait fort bien sur ce tissu odorant et souple, se retrouve propulsée dans les airs par un mouvement vif de Jérôme et tombe dans le pavillon de la clarinette. Là, la miette glisse dans le corps du bas et se coince à mi-chemin du corps du haut. Les tentatives successives de Jérôme laissent la miette étourdie du bruit, des vibrations et des secousses imposées à l’instrument. Elle n’a pas souhaité s’imposer dans cet endroit étroit. Elle n’avait pas imaginé terminer son aventure collée au bois de l’instrument qui, par ailleurs, sent très bon.
Elle est de nouveau secouée avec violence et extraite du pavillon et tombe entre les lames du parquet de la terrasse.
Il fait froid sous cette terrasse. Elle ressent l’humidité ambiante et les senteurs de champignons qui les accompagnent. La miette entend maintenant, au-dessus d’elle, la belle sonorité de la clarinette exécuter « Blowin’ in the Wind », le bien nommé, après toute cette aventure d’instrument à vent !
Désosser une clarinette ! Voilà une idée qui ne me déplaît pas !
J’ai appris à l’occasion de ce thème que les clarinettes se composaient de dizaines de pièces !! Voilà Souris Verte de quoi désosser pendant des heures
Elle tendait la main à son amoureux.
– Six heures, le réveil, debout.
Petit déjeuner et bises à la hâte.
Les enfants, les cartables, le travail, la route….
12 heures,
16 heures
18 heures
Le retour :
Les enfants, les devoirs, la douche, le repas…
Des bises à la hâte,
Des bises à la hâte sans regard…
Elle tendait la main à son amoureux
Une miette… s’il te plaît… Une miette
Elle était devenue misérable.
Tout petit pour dire quelque chose de grand… d’émouvant.

Juste une miette de tendresse… On la souhaite avant de l’implorer. Je te soutiens dans ta
/
Même avec des miettes d’amour, on peut faire du pain perdu!
Très profond , merci
757/KOBOLD KLEPTOMANE
C’était dans un désir de bien faire, une fois encore, la miette espiègle se glissait où on ne l’attendait pas, sur le jabot de tante Léonie. Je me précipitais pour les pousser au risque d’une tapette, au profit d’une palpation de l’immanence de son moi ! À l’abri d’une réprimande, la miette choisit le chemin de l’exil. Ailleurs, on l’attend à plein bateau, ici, elle est chassée, balayée, engloutie dans l’aspirateur. Heureusement, la petite hirondelle la convoie.
Miette était née en Egypte, à Damiette, d’un Baladi qui avait fait un four en formant deux couches. Deux Miettes étaient nées de ces couches. Malheureusement, l’une d’elles décéda. La mère de Miette était mince comme une ficelle tandis que son père avait de grosses miches. Ses parents étaient considérés comme des bâtards, les fruits d’envahisseurs sarrasins. Leurs employeurs étaient Français. Ils tenaient un restaurant : « Les Boules Anger », en hommage à leur département natal, le Maine et Loire. Très croyants, ils priaient chaque jour les 12 épeautres. Comme ils ne buvaient pas d’alcool, dans leurs menus, ils n’accordaient pas le pain et le vin mais plutôt le pain et levain. Le père Pain avait une haute idée de lui-même. Il disait souvent à propos de sa réussite : « Du pain et des Je ».
Miette était coquine mais séduisante. Elle devint bientôt l’amie de Pain, le fils du patron. Lui était bonne pâte. Son père disait de lui avec le sourire : « Bon comme du bon Pain ». Il était né à Zyme, une ville du Sud. On l’appelait le Pain au son car il écoutait toujours de la musique. Pour la mélodie, il n’hésitait pas à mettre la main à la pâte. Son instrument préféré était la flûte. Il en jouait merveilleusement et enjouait ses auditeurs. Miette adorait écouter la flûte de Pain. De son côté, Pain adorait l’écouter raconter. De ses histoires, il ne perdait pas une Miette. Pourtant, les autres garçons se moquaient souvent de Miette. Elle n’avait pas beaucoup de poitrine, aussi la traitaient-ils de planche à pain. Lui, la défendait bec et ongles, quitte à distribuer des pains aux châtaignes à ces moqueurs. Pour elle, le Pain blanc de gentillesse devenait Pain noir de colère. Lorsqu’il était dans cet état, personne ne parvenait à rompre le Pain. « Mon Bretzel, tu es complètement noué », disait-elle. Alors, elle prit la main de son copain, pour le calmer et marcher un peu à ses côtés. Il était touché par ce geste.
Faut dire qu’il était particulièrement timide. Peut-être était-ce dû aux boutons qu’il grattait sans arrêt. Les mini-plaies séchaient puis durcissaient. Ça ne valorisait pas sa peau. Les filles le rejetaient à cause de ça, parlant entre elles des croûtes de Pain. Miette ne les voyait même pas. Pour elle, le fils Pain était le plus beau, le plus doux et le plus intelligent. Elle n’hésita pas à faire le premier pas. Ce fut elle qui l’embrassa. « Ça ne mange pas de pain », se dit-elle astucieusement. Il rougit jusqu’au plus profond de ses alvéoles. Ses bras enserrèrent Miettes au risque de la transformer en panure. Lorsqu’il parla de son projet de mariage à son père, dans l’arrière salle, le père émit des réserves. Il avait d’autres ambitions pour son fils. Mais le fils usa de patience et d’arguments. Il caressa la brioche de son père jusqu’à ce qu’il cède. Le mariage fut célébré. Miette ne regretta jamais. Lui non plus. Les croûtes de Pain donnèrent naissance à de nombreuses miettes et croûtons.
Waouh ! Il était inspiré ce matin notre Alain !
Très bon ces pains. Merci Alain
Je me suis beaucoup amusée en vous lisant ! Merci Alain
Une bien jolie histoire histoire d’amour dans la panière.
A mon arrivée au château en Bavière où je retrouvais des amis, Georges, le majordome vient vers moi pour me demander tout bas si je trempais pour le petit déjeuner ? Perplexe je répondis oui sans savoir où cette réponse allait me mener.
Après une soirée animée et une bonne nuit on m’a séparée de mes collègues-amis et dirigée vers une autre salle où je dois dire nous n’étions que trois femmes pour une bonne dizaine d’hommes tous d’un âge respectable.
Tous mastiquaient sur la retransmission du concert de la veille et ça, je dois dire que je m’en serais bien passée. Mon vis à vis, dont je ne voyais que la brosse de ses cheveux gris coupés ras, sortit la tête de son bol et m’adressa un sourire moustachu bordé d’un liseré crémeux. Je remarquais alors que les autres c’était des miettes…
J’adressais un sourire général et silencieusement je m’éclipsais avec ma tasse m’isoler sur la terrasse.
J’avais compris ce que Georges avait voulu me dire et m’épargner la vue de tous ces garde-manger de tout poils.