753e exercice d’écriture très créative créée par Pascal Perrat


Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué…
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Il faisait beau, je voletais. Subitement j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué d’aller rendre visite à tante Abeille par un jour pareil.
L’idée d’aller m’enfermer avec ma vieille parente, gentille mais sourde comme un pot de miel, m’a semblé une corvée, mais elle m’attendait.
Sa ruche de retraite se trouvait dans un champ de colza où je la trouvais, butinant avec d’autres résidents, tous bénévoles pour récolter dans la mesure de leurs forces, le nectar faisant les délices des petits déjeuners .
J’entendis les bourdonnements admiratifs des récolteurs:
Oh! regardez, c’est la nièce de tante Abeille, elle vole à une de ces allures. Ah, la jeunesse.
Ma tante ne m’avait pas entendu mais finit par m’apercevoir. Abandonnant son butinage elle voleta vers moi, ravie. Je la trouvais vieillie, ses ailes plus ridées que lors de ma dernière visite, mais toujours aussi avenante.
Après un petit tour au dessus du colza, nous allâmes nous reposer dans son alvéole pour bavarder un peu.
Elle me raconta les derniers potins de la ruche, je lui criais des nouvelles de la famille.
Tout compte fait, bourdon ou pas bourdon, j’avais passé une excellente journée.
Il faisait beau, je voletais. Subitement j’eus le bourdon. Je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué.
Un ciel bleu-ciel au petit matin ! Comme il était rare de le voir de cette couleur si bleue. Décidément, j’étais inspiré en ce début mai. Quelques fois on voit un ciel bleu, pour autant, il ne joue pas son rôle d’influenceur de l’humeur. Il n’égaie pas. Que se passait-il vraiment ?
Devant mon miroir je réfléchis un instant à cet état d’âme que je ne me connaissais pas jusqu’à présent. Peut-être inconsciemment me donnais-je des raisons dans le but d’éprouver la sensation de la paresse. La paresse ! Sans qu’il y paraisse, ça reste un joli mot. Il paraît que c’est parfois normal. Mais comment l’nvisager ? Comment pourrait-elle enrichir mon expérience ? Grave question !
Ne rien faire ça ne me ressemblait pas. Ca pose trop question. C’était peut-être pour cette raison que la mouche m’avait piqué ? Aurait-elle senti mon besoin d’inutilité soudain ? Dans son dard, y avait-il l’antidote à la mélancolie ?
Ne rien faire de la journée, est-ce que je pourrais assumer ? Rien que le fait de poser la question, c’était embarrassant. Aurais-je peur de l’inconnu ? La phobie de ne rien faire ! C’était sûrement ça. La phobie tout court, serait-elle contagieuse par les réseaux ? En tout cas elle faisait travailler les méninges. D’où l’apparition du bourdon affectant leur fonctionnement !
Si le ciel avait été noir, je comprendrais, mais pour le moment il persistait dans son bleu intense. Et les quelques petits moutons qui se baladaient de ci de là évoquaient la dispersion tranquille dans la nature. L’oisiveté me guettait.
Mais je ne m’inquiétais pas. Enfin, un peu quand même.
– Bonjour l’oisiveté.
– Comment vas-tu ?
– Bof !
– Quoi, bof ?
– Je ne t’ai pas vue arriver.
– Et ?
– Je ne sais pas ce qui ne vas pas chez moi, j’ai envie de ne rien faire.
– Débrouille-toi. Je suis en congé, répondit l’oisiveté. Je suis débordée en ce moment. Reviens me voir quand je serai moins occupée. Je n’ai pas le temps. Regarde le ciel est bleu !
– Le spleen, quand ça vous prend, ça ne vous lâche pas.
– Qu’est-ce que tu parles de spleen ?
– Je ne sais pas pourquoi j’ai envie de ne rien faire. Aurais-tu une solution ?
– Mon petit bonhomme, si j’avais la solution, je ne serais pas payée à ne rien faire.
Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piquée.
Mais oui, minute papillon ! Je venais de me souvenir de ce truc étrange que j’avais remarqué, aux aurores, dans la haie. Mais, trop occupée à donner la becquée à notre progéniture, réclamant à cor et à cri sa pitance, j’avais fait l’impasse sur ma vision. Puis j’étais partie faire mon marché par monts et par vaux. Après la toilette de mes chérubins, j’avais fait mon ménage à fond et pour me délasser, je m’étais octroyé une petite pause bien méritée, n’est-ce pas ? Je m’étais posée sur une branche de laurier pour faire le point sur la situation et c’est alors que mes pensées se sont mises à tourner comme une girouette en pleine tempête d’équinoxe.
C’était donc ça ! Le ver était dans le fruit. Que faisait-il là-bas, à roucouler comme un imbécile auprès de l’autre, là, avec sa taille de guêpe, cette excitée comme une puce, mais molle comme une limace, pour s’occuper de sa maisonnée qui paillait tant et plus. Il est de notoriété publique qu’elle a une araignée au plafond, quant au reste, il est préférable de ne pas le savoir. Je l’avais pressenti ce matin que cette araignée m’apporterait du chagrin.
C’est alors que je pris mon élan pour lui tirer les vers du nez à ce don Juan de pacotille.
Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon… en ligne de mire dans mon couloir aérien, qui fonçait droit sur ma carlingue, manquant de justesse de me précipiter dans quelque abîme. Je pris aussitôt la mouche de ma tour de contrôle à témoin :
— Piquez-moi, je rêve ! m’exclamai-je. D’où sort ce cafard ? Vous avez vu comme il a essayé de me faire sombrer ?
— Tseu-tseu, au temps pour moi ! répondit celle-ci, j’ai oublié de vous prévenir. Ce B52 tentait seulement d’atterrir comme une fleur sur la piste aux pétales d’où vous veniez juste de décoller.
— Comme une fleur ? Vous avez vu le machin ? Ça défie les lois de l’aérodynamisme qui m’a toujours porté dans les airs de ma bonne humeur. Je venais de prendre le plus beau des envols, je commençais tout juste à planer à six mille pieds au-dessus du septième ciel. Tout semblait merveilleux, j’avais quitté le marasme sur terre et me préparai, à nouveau, à passer le mur des cons. Et voilà que ce bourdon m’a fait changer de trajectoire avec ses vibrations aussi tristes que des cordes d’une guitarra lisboète accompagnant un chant de fado qui annonce l’impossible retour des marins perdus en mer. Il va falloir que je me repose encore avant de pouvoir repartir et voleter avec la même insouciance.
— C’est mieux, en effet, de laisser reposer un peu votre imagination, monsieur Pereira. Prenez ces comprimés, ils vous aideront à redescendre en évitant toute dépression. Laissez-vous porter jusqu’au bout du couloir, gardez votre ceinture attachée jusqu’à l’extinction du signal lumineux. Je vous fais signe dès que j’ai une piste pour vous faire repartir d’un meilleur pied.
👏👍😃
🙏😊
Joli cheminement d’idée, du bourdon à la clochette !
Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué…
Pourquoi avais-je tout à coup le cafard ? Je compris assez vite en fait, même si j’avais tendance à être dans le déni. Depuis que je gobais toutes les mouches qui croisaient mon chemin, adieu la taille de guêpe. Mon vol devenait lourd et pataud, maladroit, pas sexy pour deux sous.
Garder une silhouette svelte et élancée demandait une rigueur de fou ! Il fallait que je me secoue les puces pour atteindre mes objectifs. L’année dernière, mon vol raté vers les coquelicots qui m’avait fait atterrir dans les chardons m’avait mis la puce à l’oreille. Je m’étais dit « oh toi ma fille, tu files un mauvais coton ! Avoir des fourmis dans les jambes en plein vol comme ça, il va falloir te trouver un régime pas piqué des hannetons ! » Mais se concentrer de gober les mouches ne me suffisait pas ! Mon humeur changea et je me mis à chercher des poux dans la tête de tout le monde y compris celle de mes amis. Aussi je laissai tomber toute restriction alimentaire. Les tentations étaient trop nombreuses.
Mais voilà qu’aujourd’hui, je me retrouve confrontée à moi-même. Se contenter de regarder les mouches voler ne va vraiment pas suffire…Hélas !
Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué…
Ça ne m’étonnerait pas que ce soit cette excitée de «mouche du coche»? Faut qu’elle s’agite en permanence celle-là. Juste pour se prouver qu’elle existe ; alors elle pique à tout va !
A moins… A moins que ce ne soit cette garce de «mouche à merde» ? Il est vrai que l’été dernier j’ai refusé ses avances. Mais de là à m’en vouloir encore… ce serait mesquin tout de même !
A moins… A moins que ce ne soit «fine mouche» ?
Ça fait un moment qu’elle me cherche celle-là… Pourtant, je lui ai bien expliqué que j’étais gay. L’amertume lui va mal à la pauvrette !
Bref, moi je voudrais bien que l’on me foute la paix ! Et que l’on me laisse voleter en toute tranquillité!
Allez tant pis pour elles… J’adresse sur le champ un SMS à mon nouveau copain « gobe mouche » et il va en faire son affaire.
Elles se le sont bien cherché.
Non mais… !
Je ne sais pourquoi j’avais le cafard, comme ça, tout d’un coup. Après avoir vu une magicienne dentelée, ma mère m’avait dit qu’être né sous le signe du capricorne, même si ce n’était pas le capricorne du cactus, était une malédiction. Je serais un enfant bipolaire.
Si je reconnaissais que j’étais un petit diable, je me considérais comme un hyménoptère comme les autres, une abeille déjà travailleuse qui honorait sa reine lorsqu’elle jouait du clairon. J’avais déjà conscience que ma vie serrait éphémère et cela ne me posait pas de problèmes existentiels. Je n’en faisais pas trop. Je ne me prenais pas pour un Apollon, un Hercule ou tout autre titan. Je consultais mon atlas régulièrement pour ne jamais me perdre dans la nature durant l’aurore d’un azur estival.
Bien sûr, je m’étais vu raccompagné parfois à la citadelle blanche entre deux gendarmes mais ce n’étais que pour des faits bénins : le vol d’un citron ou d’un autre fruit. Heureusement, je ne me fis pas gauler lorsque je piquais une Coccinelle, quelques perles ou quelques turquoises, à des insectes bien plus gros et riches que moi. Chaque fois que j’avais le bourdon, il fallait que je vole. Ça me faisait du bien. J’ai revendu la Coccinelle à un pote, un prix bien plus bas que l’argus bleu et j’ai donné les bijoux à ma nymphe préférée, ma Rosalie alpine de Grenoble, une diptère que j’avais aimé durant un taon.
Robin des bois était un véritable mite pour moi. J’avais fixé son affiche dans ma chambre avec 4 punaises. Lorsque j’avais le moral à zéro, je restais silencieux comme un Sphinx tandis que des papillons noirs voletaient à l’intérieur de ma tête. Dans mes rêves agités, de véritables cauchemars, Vulcain me précipitait dans un volcan ou bien je devenais le satyre des Appalaches et piquais les jeunes abeilles avec des acides sexuels après les avoir accostées dans la chenille d’une fête foraine. Ma mère aurait voulu que je devienne géomètre mais lorsque la reine me nomma son vice-roi, elle oublia tous les cheveux blancs que j’avais fait naître sur le sommet de son crâne. Elle était si fière que des larmes inondèrent mes multiples regards. Désormais, il fallait que je me fasse soigner afin d’être à la hauteur de ma fonction, pour ne pas sombrer dans ce désespoir destructeur qui me submergeait parfois.
Lettre à mon « ostéopote »
Cher ami,
Que deviens-tu depuis notre dernière rencontre, à Noël ?
As-tu poursuivi ton cursus universitaire en plus de ton exercice professionnel ?
Ici, nous avons abordé la nouvelle saison avec joie, après tant de semaines de grisaille et de pluie.
Néanmoins, toi, qui es mon « ostéopote », accepterais-tu de me donner un avis ?
En effet, depuis que le printemps est là, j’ai comme un pré dans le cerveau. Bon, j’imagine ta tête ! Ne crois pas que je sois devenu cinoque. C’est juste que l’impression ressentie est nouvelle et étrange.
Dès l’aurore, j’entends tintinnabuler les clochettes d’un troupeau broutant dans ma tête. Cela a démarré le dix-sept mars.
J’ai cherché à comprendre ce qui se passait : avais-je trop arrosé mon anniversaire ? Y avait-il quelque chose de nouveau dans le voisinage ? Et bien, je n’ai rien trouvé. Tu sais, nous vivons en ville ; alors les seuls troupeaux que nous puissions entendre sont les cloches de la cathédrale !
Je dois dire que je commence à m’habituer mais quand même.
Il fait beau, mon esprit volette d’une idée à l’autre. Subitement, j’ai le bourdon, je me demande quelle mouche m’a piqué. C’est comme si mon cerveau était une terre grasse d’où émergent de petites pousses d’herbe d’un vert tendre. Je ressens au réveil, cette fraicheur acquise de la nuit qui patiemment attend le lent et progressif réchauffement du labour. Je discerne le frôlement du vent qui ploie les brins d’herbe. Je perçois le frémissement occasionné par les sabots qui font vibrer le sol à proximité. J’entends les mufles qui soufflent à ma surface et m’envoie une douce chaleur. Ce parfum d’herbe coupée m’enivre. L’unique point préoccupant, est la puissance des clarines. Elles sont trop nombreuses et n’ont pas harmonisé leur mélodie. Moi qui suis plus Mozart que Messian, je tente de me former à ces compositions mais j’ai encore du mal. D’autant que ce ne sont que des percussions. J’apprécierais davantage un mixte, avec des cordes par exemple. Il est vrai que le bourdonnement des insectes et le sifflement du vent dans les herbes tentent de modifier la partition des clochettes mais il y a un déséquilibre de puissance entre les uns et les autres, comprends-tu ?
Ne t’inquiètes-pas trop mon ami, j’aime furieusement cette saison. Les plantes, l’humus, les insectes et les oiseaux s’ouvrent à la vie nouvelle. Moi aussi, d’une certaine manière. Cette année, je vis le printemps de plus près. Ma tête participe totalement au déchainement de cette renaissance. Je me mets à la campanologie. Tu sais, l’étude des cloches, clochettes et carillons, ainsi qu’à l’étude de leur répertoire musical, des usages et traditions qui y sont aussi associés.
C’est beau, c’est bon…mais c’est un peu trop sonore !!
Avec toute ma fidèle amitié et mon meilleur souvenir à Gisèle,
Arthur
753/LA MOUCHE PAS T-SÉ T-SÉ DU TOUT
Je suis une jolie mouche jaune et ça fait un moment que je tourne carré et même que les angles de mon vol commencent à s’émousser au souffle du vent. Je bourdonne lourd comme un bombardier géant et moi, si légère à la taille fine, ne peux plus me poser que sur les grosses fleurs ou les énormes fruits. Terminé le régal des bigarreaux ou des framboises ça rétrécit le champ des investigations évidemment. Le comité des Tournesols fut le premier à prendre conscience de cette envahissement car bien sûr je ne suis pas seule dans ce cas… Il faut voir les mouches vertes qui, par obligation restent collées au sol. Bien groupées et en ligne au bord d’un champ d’épandage on dirait des tanks en tenue de camouflage prêts à l’assaut. Les fleurettes n’attirent plus et font tapisserie. Non, le monde a bien changé et d’après les rumeurs du JDD, je crains bien que nous ayons été piquées par le frelon asiatique. Au secours ! Et s’il m’avait violée pendant mon sommeil… Allez voir que mes moucherons aient les yeux bridés ! T-sing…T-sing🐀