753e exercice d’écriture très créative créée par Pascal Perrat


Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué…
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Le désir d’accomplissement d’une fissure
A un carrefour, une voiture arriva à vive allure et percuta un homme sur sa moto. Celui-ci chuta, fut immédiatement amené aux urgences, et partit avec un bras cassé et quelques ecchymoses car son équipement l’avait protégé. Un vrai miracle tout de même !
A sa sortie de l’hôpital, la vie continua son cours, seulement pour ce quadragénaire, tout devenait différent car il souffrait d’amnésie…
Son entourage lui conseilla d’aller consulter un « psy » pour l’aider à surmonter cette dure épreuve.
Arrivé chez son psy, il décrivit ses maux :
Docteur, je me sens complétement désemparé, ma tête semble vidée de mon passé, et je sens comme une fissure s’étendre dans mon cerveau afin de le cisailler.
Alors, je m’en remets à vos bons soins, avant que cela ne devienne la faille de San Francisco !
L’homme de l’art l’observait et l’écoutait avec intérêt, dans un demi-sourire, il affirma :
Ce que vous dîtes est très pertinent car voyez-vous, nous pouvons faire un parallèle entre le cerveau et la géologie !
Le patient tout surpris, lui demanda :
Quand j’évoquai la faille de San Francisco, je pensai au futur séisme qui guette cette ville, c’était juste une image !
A juste titre, cette image est puissante car sachez que l’évolution du cerveau
est comparable à la sédimentation d’un terrain, c’est de la biologie .
Maintenant, je comprends beaucoup de choses, dans mon sommeil, ma fissure communique avec moi et n’a qu’un souhait, celui d’agrandir son espace vital, s’étendre afin de voyager, redessiner les frontières…
Le médecin lui demanda :
Au matin, je constate que vous vous souvenez de votre rêve et c’est plutôt bon signe.
Il consulta la fiche de son patient et s’apercut qu’il lui manquait une information.
Au fait, quelle profession exercez-vous ?
Maçon Docteur ! Lança t-il
Ah, je vois, vous êtes en plein dans le sujet !
Pourquoi ? Questionna le patient resté sur la défensive .
Parce-que les fissures, c’est votre lot quotidien !
Vous plaisantez j’espère ! Effectivement, je colmate des fissures et de toutes sortes d’ailleurs, sur le bâti en raison de la sécheresse des sols mais de là en déduire que je fais « une fixette » dessus, il y a un os !
Le docteur constatant que l’homme se trouvait déstablisé, le rassura :
C’est tout à fait normal de se construire une image mentale, Vous vous le faites à partir de ce que vous voyez quotidiennement dans votre travail, des fissures. Vous transposez dans votre sommeil, cette image en faisant un lien entre cette image mentale et votre perception organique.
Alors là, Docteur, vous m’avez mis au pied du mur !
Je ne vous le fais pas dire ! Répliqua t-il rieur,
Ce qui me choque, c’est que chaque nuit, cette fissure en demande toujours plus, elle veut se métamorphoser comme si elle cherchait à s’accomplir ?
Le Psy rebondit en déclarant :
A travers cette fissure, c’est votre seul désir que vous ressentez, celui d’accomplir quelque chose de significatif, de parvenir à atteindre vos objectifs, et un tel désir, croyez le bien est l’essence même de la vie !
Actuellement, ne mûrissez-vous pas un projet de transformation de votre vie ?
Vous avez devinez, je veux changer de profession !
Et pour travailler dans quel secteur ?
Le nucléaire
Comme quoi, vous avez bien trouvé votre voie grâce à cette image mentale représentée par la « fissure ».
Je dois vous avouer, que je ne sais pas si j’ai des chances d’intégrer l’industrie nucléaire car mes compétences sont assez limitées.
Allons, allons, Monsieur, ne soyez pas pessimiste car le pessimisme est le séisme qui fissure l’optimisme.*
Citation de Nabil Alami (enseignant chercheur, docteur en neurosciences cognitives et comportementales).
Il pleut depuis des semaines ! J’ai le bourdon !
Subitement, un rayon de soleil !
Je ne sais pas quelle mouche m’a piqué, je voulais voler !
J’ai attendu plusieurs heures ! Pourquoi ? J’ai un peu honte, mais je craignais que ce soit une mouche tsé-tsé qui m’ait aiguillonné ! Il n’était pas question que je m’endorme en plein vol !
Un, deux, trois… C’est parti !
Un début fastidieux ! J’étais un peu rouillé des ailes !
Je voletais ! Je pris de l’assurance.
Je fis un piquet pour ensuite mieux virevolter !
Soudain, un vrombissement !
Maître Bourdon vint me chatouiller les antennes :
– Enfin, tu es revenu !
– Justement j’avais le bourdon !
– Très drôle ! On fait la course ?
– Noooon ! C’est encore toi qui vas gagner !
– Allons donc voir les copains !
Nous partîmes tranquillement. Un arrêt de temps en temps. Nous avions oublié nos jumelles et avions beaucoup de peine pour retrouver nos amis !
– Ah ! Je vois la robe rouge de Miss Coccinelle !
– Parés pour l’atterrissage !
– Bonjour les amis !
– Salut Miss ! Tu es avec tes copines les fourmis ! Génial !
– Nous avons eu du mal à vous trouver.
– Oui, pas étonnant. Nous avons dû déménager !
– Pourquoi donc ?
– Nous avons rencontré un nombre impression de chenilles en grande procession !
– Rien que de les voir j’ai attrapé de l’urticaire !
– Pauvre Miss Coccinelle !
– Tranquille les amis ! C’était seulement psychosomatique !
– Bon, comme tout va bien, et si nous faisions un barbecue, pour ce soir ?
– Excellente idée ! Allons à la chasse !
Une heure après, les amis revinrent enjoués. Les besaces étaient pleines. Ce sera un sacré festin !
– Oh ! Non ! J’ai senti une goutte d’eau sur mes antennes ! La pluie arrive ! Vite ! Mettons-nous à l’abri !
– Mais où ?
– J’ai une idée ! Allez vite dans la niche du chien, suggéra l’escargot !
– Ah ! Non ! Gémit Miss Coccinelle! Il va nous croquer !
– Le chien est parti avec son mentor ce matin !
– Mais où ?
– A la chasse !
– Mais il va revenir !
– Pas avant deux ou trois jours !
– Super ! Allez ! A nous, la super méga fiesta…
Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué…
Oui, j’ai le bourdon depuis quelques jours et cela m’empoisonne un peu la vie.
Et cette mouche qui, paraît-il m’a piqué, elle ne refait pas surface. Elle, elle doit en savoir des choses sur moi, et sur l’origine de ce bourdon envahissant.
Alors, je chante, je chante, c’est ma manière à moi de chasser les saucisses et les soucis de la vie.
Et lui le bourdon, je le vois, je le sens, qui bat de l’aile lorsque je chante. Aussi, pour lui faire plaisir, je continue à chanter toujours et toujours. Chez moi, c’est devenu comme un rite.
Oh ! Oh ! je volette, je volette avec mon avion Rafale. Que m’a prêté un pote capitaine.
Je volette, je volette, dans le ciel de la capitale, avec mon beau Rafale.
J’évite les hautes montagnes et aussi les mouches piqueuses.
Car avec elles on peut se casser la figure, en fonçant droit dans un mur.
Oui, oui, chanter, chanter, c’est devenu presque une potion magique que m’a léguée ma grand-mère, pour chasser ce bourdon de la farce qui me fait des énormes misères.
Et je volette, je volette, avec mon coucou Rafale.
Très, très vite, loin dans le ciel, évitant les mouches piqueuses.
Oh ! Oh ! le bougre de bourdon, ah ah, je t’ai bien eu, je t’ai bien eu, le bourdon de la farce.
Hi ! Hi ! Ho ! Ho !
Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piquée… je restais là, prostrée, les mandibules en berne. Un nuage noir m’envahissait. Un nuage de cafards tournait dans ma tête. Je tentais, vainement, de voir le ciel bleu mais il s’était voilé comme derrière une moustiquaire. Je n’étais plus moi-même, ce joli papillon bleu 🦋 léger et joyeux enchantant les fleurs et les enfants. J’étais devenu grise comme une chauve-souris. Je me sentais bonne à rien, comme un acarien. Le moral d’une blatte.
On ne s’imagine pas qu’un Grand Monarque, si majestueux, si rare, puisse avoir des états d’âme. D’ailleurs, c’est avec honte que l’on pleure, on se cache sous un feuillage. On espère presque qu’un oiseau viendra vite nous engloutir.
Ce matin-là, un minuscule espoir au cœur, je me secouai les ailes et voleta vers mon ami la Pivoine arbustier. Ses grosses fleurs roses m’accueillirent. Son parfum me réconforta. Il me chuchota des mots doux. Je me lovais au cœur de la plus grosse fleur et je respirais profondément comme me l’avait appris la cigale. En priant, je m’endormis.
« Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué… » Ainsi s’exprimait l’Esprit Saint rôdant autour de la place Saint-Pierre. Il n’avait pas perçu que, s’il avait le bourdon, c’est parce qu’il y avait quelque chose qui clochait… En effet, dans l’attente d’un nouveau pape, les cardinaux l’avaient appelé à la rescousse pour qu’il leur donne un zèle ardent dans l’immense tâche qui les incombait.
Quand il prit la mesure de l’évènement, l’Esprit Saint déploya ses ailes, avant de fondre sur le cardinal qu’il avait choisi et qui se retrouva, du jour au lendemain, bien malgré lui, sous les feux de la rampe…
J’allais enfin quitter ma falaise pour prendre mon envol, déployer toute mon envergure, m’élancer dans les airs, fendre l’éther, plonger, piquer, planer. C’était ma première envolée de printemps. Je savourai, je goûtai avec un plaisir inénarrable les variations de l’air qui me traversaient, s’engouffraient dans les plumes de mes ailes.
Sans bruit, je planai au-dessous des nuées légères, au-dessus des cimes redevenues vertes. Un ventelet frisquet s’enroula autour de ma tête, retroussant ses plumes qui devaient former comme une huppe !
Il faisait beau, je décidai de descendre pour me rapprocher de la ville, à quelque distance, aux toits et autres éminences que je connaissais si bien pour les avoir tant et tant survolées. Je revenais dans mes habitudes et me rapprochai du clocher de la cathédrale où le bourdon allait sonner. Je connaissais l’heure à laquelle il s’ébranlait aussi je m’évertuais, à chaque voyage, à partir à point pour être au rendez-vous sonnant du premier battement. Il résonna si bien encore ce printemps-là, comme je l’espérais, de toute son énergie métallique, puissante, que je me mis à voleter, accompagnai le battement du bourdon du battement de mes ailes. Je restai quelques instants dans cette espèce de danse, allant, venant aux alentours du clocher, enivré par le son et le mouvement du bourdon.
Il faisait beau, j’avais le bourdon à portée d’ailes, je profitais de cet instant magique, quelle mouche aurait donc pu me piquer ? Les mouches, je les avalais dans ma course, je les happais, aucune ne me résistait.
Je revins à ma falaise et avalai d’autant mieux ces insectes aux ailes si courtes que le vent avait tourné et facilitait mon retour.
Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué, quand soudain me revint en mémoire l’atroce vision qui m’avait laissé en état de sidération quelques minutes auparavant. Voici les faits :
Une mante dînant de son chétif amant,
conservant toujours son air atrabilaire,
ripaillait goulûment sans remord infamant
en dodelinant sa tête triangulaire.
Lors celle-ci, nymphomane et gourmande,
guettait, avec émoi, la capitulation
d’un autre mâle qui, faisant sa demande,
Servirait de dessert à la copulation.
Imaginez moi émoi, moi pauvre libellule, en vadrouille dans les marais poitevins, à la recherche d’une amourette. Mon envie fut de suite enfouie aux oubliettes. Le célibat me va bien .
Merci Mijoroy pour ce petit récit très sympathique. 🙂 Heureusement, les noces des libellules ne sont pas aussi tragiques. Au contraire, elles ont quelque chose de romantique. L’alignement du corps du mâle avec celui de la femelle a une configuration en forme de cœur. Et lorsque la femelle déposera ses œufs dans l’eau, le mâle restera à proximité pour veiller sur sa partenaire.
Muscadin mélancolique, quelle mouche te pique ? Tu as le bourdon ? Le bourdon du sacré-cœur ! Tandis qu’il s’ébranle, les sons incommodent Scaramouche. Dans son académie, il enseigne le noble art. Saluer avant de s’entretuer : braves gens qui croisent le fer, le feu jaillit, en un tour de poignet l’adversaire est désarmé. L’honneur est sauf, nonobstant la vie qui reste un enjeu. On se remercie, avec beaucoup de grâce d’une estafilade… Au vestiaire, on échange les serviettes pour une perle de sueur.
Je voletais, j’avais le bourdon, une mouche m’a piqué…🐻
Il faisait beau, je voletais tranquillement comme d’habitude. Quand soudain une mouchette pas piquée des vers traversa mon champs visuel. Waouh ! qu’elle était belle avec ses grands yeux à facettes, ses poils soyeux.
Je me suis senti tout émoustillé, les hormones en furie. Je ne pensais plus. Je ne tenais plus en place. Juste je la cherchais.
Elle sera mon miel, mon sucre. Je lui ferai découvrir les confitures d ‘arbouses Corse, les confitures de cerises noires du Pays Basque, les confitures de figues de Solliès, les confitures de lait de Savoie…Notre vie sera une vaste confiserie.
Les heures défilent, les jours passent. Toujours pas de Mouchette.
Je m’épuise, je désespère. Et je me prends un gros bourdon, un bourdon pas piqué des vers. Je suis au fond des latrines. J’ai beau vrombir, je ne remonte pas.
Alors je vais voir tous les guérisseurs, les débloqueurs, les dérouilleurs possible et imaginable.
Le temps apaise bien des maux. J’ai retrouvé ma tranquillité mais Mouchette est toujours dans un coin de ma tête.
Et qu’est ce que je m’ennuie !
Très sympathique histoire.
Qui sait si Mouchette ne retraversera pas votre champ visuel – chant tout en miel et confiture ?
Le printemps a plus d’un tour dans son sac pour mettre les cœurs en émoi. Merci Maguelonne pour ce petit conte. 🙂
Merci.
Merci
Il faisait beau, je voletai. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piquée. Je décidai de me rendre au marché aux puces pour y retrouver mon amie et confidente Beesbeth. Elle y tenait un stand pour vendre du miel. Sa seule compagnie suffisait à rendre mon humeur joyeuse et ses blagues me faisaient bien rire. Beaucoup pensaient qu’elle avait une araignée au plafond, mais moi je ne la trouvais pas du tout Bzzzzizarre.
Elle n’avait qu’un seul défaut : son petit ami, un papillon de nuit. On peut dire qu’en rencontrant cette larve, elle s’était mise dans un sale guêpier. Il traînait toujours avec un vieux pou, aussi moche que vaurien. Ces deux scélérats, les “Pappou”, comme ils se faisaient appeler dans le milieu, étaient toujours dans les mauvais coups. Mais comme elle était piquée, impossible de lui faire entendre raison.
L’amour est un nectar qui n’a pas le même goût pour tout le monde.
J’espérai qu’un jour elle prenne son envol pour le quitter.
Au moment où j’arrivai, je vis un attroupement, proche du stand de mon amie. Plus loin, j’aperçus l’unité d’élite “la fourmilière ». Il s’était passé quelque chose de grave et je m’empressai de me poser, tout en cherchant du regard Beesbeth. Ses ailes étaient baissées et je devinai son chagrin quand enfin je pus la rejoindre. Elle s’était à peine éloignée derrière un saule-pleureur.
La cheffe de la fourmilière, la commandante Lareine, était en plein interrogatoire de ce pou abject. Elle tentait de lui tirer les vers du nez. Il avait assisté à toute la scène et il allait devoir tout raconter s’il ne voulait pas se prendre un coup de peigne. Au sol, au milieu du groupe de curieux, gisait le corps sans vie du papillon de nuit. Il s’était pris un coup de dard dans le dos et cela lui avait été fatal. Lareine pensait à un coup du gang des frelons asiatiques. Des bruits couraient comme quoi leurs œufs avaient été volés pour être éliminés et c’est le duo de choc Pappou qui aurait honoré le contrat, pour le compte des taons italiens. Une vengeance était prévisible. Lareine avait un bon indic dans le quartier, une mite qu’elle avait mis au trou quelques mois plus tôt.
Je tentai de consoler mon amie tout en contenant ma joie retrouvée.
Punaise ! J’aurais bien été voir un petit ver pour fêter ça !
Messiaen et ses oiseaux ! C’est Offenbach le duo des mouches me semble t il…
Une lettre bucolique comme on aimerait en recevoir.🐀
Ce petit mot pour Rose-Marie 🐀
😀 Merci Souris !
Petite correction orthographique pour la dernière phrase : voir au lieu de voire.
Merci Pascal de bien vouloir corriger mon commentaire. Bonne journée.
Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué…
Enfin les beaux jours ! Les arbres ont revêtu leurs plus belles parures. Les fleurs multicolores tapissent les jardins. Une renaissance multicolore qui embaume l’air. Je volette, humant l’air, écoutant le gazouillis des oiseaux, le bourdonnement des différents insectes.
Je m’allonge dans l’herbe, le sourire béat. J’observe le vol d’un bourdon quand brutalement il s’installe en moi. Non, je n’ai pas gobé la bête, seulement son nom. Pourquoi ? Tout allait si bien. Mais quelle mouche m’a piqué ? Qu’est-ce qui a court-circuité mon bien-être ?
Je réfléchis tout en continuant d’observer ce bourdon qui semble me narguer.
Ma pensée me ramène à mon petit-déjeuner et à cette mouche qui voulait le partager avec moi. Malgré mes chiquenaudes, elle persévérait à vouloir s’enduire les pattes de beurre puis à vouloir le répandre sur le pain. Puis ce fût le tour de la confiture qu’elle semblait apprécier. Bien sûr tout cela donnait soif. L’odeur du café semblait l’attirer. Mes incessants moulinets commençaient à l’agacer. Elle devenait enragée, oui enragée. Elle revenait à l’assaut avec plus de combativité.
Quant à moi, la patience perdue, j’ai réussi à la placer sous cloche. Un beau verre tout fleuri devint sa demeure. Promis, une fois mon petit-déjeuner pris, je la libère.
Et c’est maintenant, en observant ce qui m’entoure, que je me rends compte que la mouche doit continuer à se fracasser les ailes contre le verre. Le messager a été le bourdon. Il était libre, allait de fleur en fleur, se posait, s’envolait. Inconsciemment, mon bourdon intérieur m’envoyait une alerte. J’étais mélancolique car j’avais fait un truc pas cool.
C’était ici que la mouche qui a piqué ma patience ce matin, devrait se trouver.
Oui, elle avait osé se balader sur mes gourmandises matinales avec ses pattes ayant trainé allez savoir où, mais bon, elle fait partie du même monde que moi.
Si elle existe, c’est qu’il doit y avoir de bonnes raisons. J’espère qu’elle n’a pas seulement été conçue pour me taper sur les nerfs.
Je me lève, me rue dans ma cuisine, soulève le verre et libère la mouche quelque peu engourdie qui se pose sur mon nez, me fixe et s’envole avant même que je n’ai le temps de réagir.
Elle emmène avec elle mon bourdon. Je retrouve ma béatitude. Yeah !
Un clou chasse l’autre 🤗🐀
Le monde ne tourne plus rond, c’est vrai !
Je suis persuadée que le tournesol a adoré votre visite. Des affaires de ce monde, il n’en a que faire. Ou, comme vous, sa trajectoire reste rivée sur celle du soleil. Merci souris verte ! 🙂
Pfff : posté au mauvais endroit !
Bien reçu bien apprécié… Effectivement ça ne va pas au bon endroit ! Merci Béatrice🐀
Bombus Deus
(Bourdon Dieu)
Bombus Deus refusait tout déterminisme et était fort fâché de ce que la nature avait décidé pour lui. Le seul fait de ne pas posséder de dard le rendait furieux. Sa grosse présence, pour la défense de la ruche, avait quelque chose de risible pour les apis mellifera, mieux équipées que lui.
Il se trouvait alors en proie à une grave contestation existentialiste, quand son ami le bourdon des champs se posa près de lui.
— Bien le bonjour Bombus Deus ! Mais, dis-moi, ça pas l’air d’aller, quelle mouche t’a donc piqué ?
— Comme si tu ne le savais pas, tout le monde en parle !
— Certes, je suis informé, mais la ruche a vaillamment repoussé les frelons asiatiques.
— Pas grâce à moi, dans tous les cas. Une fois de plus, les apis mellifera m’ont ricané au nez, en me traitant de balourd, tout juste bon à engrosser la reine.
— C’est ton rôle, et tu le fais très bien.
— Sauf que ces Dames estiment qu’à part ça, je glande toute la journée.
— C’est faux. Tu pollinises et cela est fort utile.
— Trop peu pour elles, alors qu’elles ont la charge de la récolte, et de la production du miel.
Bombus Deus continuait de vider son sac, plus plein de fiel que de miel, en effet :
— Quelle est donc cette nature qui a décidé pour moi des conditions de ma naissance, et du rôle que j’aurai à y jouer ? Travailler pour mon propre compte, ça ne m’aurait pas déplu. L’esprit de la ruche ce n’est vraiment pas mon truc. Ah, si seulement j’étais un oiseau, un papillon, ou une fleur !
La fleur sur laquelle nos deux bourdons étaient posés se laissa gagner par cet esprit de révolte :
— Comme j’aimerais avoir deux pieds plutôt qu’un, et ainsi courir, m’échapper, quand, toi, le beau parleur, tu viens piller mon nectar.
— Qui pollinise ici ? répliqua Bombus Deus. C’est bien moi, n’est-ce pas ? À qui d’autres que moi, dois-tu ton existence ?
— Mais je t’ai rien demandé Bombus Deus ! J’aurais mille fois préféré être à ta place, avoir des ailes, et butiner toute la journée.
Le Bourdon des champs se crut obliger d’intervenir :
— Si tout ce qui existe se sent être ce qu’il n’est pas, ça va être le souk. Dieu lui-même ne reconnaîtrait plus ses petits !
— Arrête ton catéchisme vieux ! Railla Bombus Deus. Depuis qu’un coup de raquette à mouche t’a fait traverser un tunnel et voir la lumière, tu as la tête à l’envers !
— Je crois plutôt, persifla la fleur en pouffant de rire, que le bourdon des champs se fait trop de rails de fleurs de pavot.
Cette estocade à l’endroit de son ami eut le mérite de mettre de bonne humeur Bombus Deus. Et lui donna même l’envie d’aller visiter le pavot, car à cette heure du soir, la fleur allait fermer boutique.
Merci pour votre commentaire chère Béatrice. Votre histoire existentielle du Bombus Deus est excellente. Il est vrai que nous ne sommes jamais pleinement satisfait de notre apparence physique… j’aurais aimé avoir une belle dentition, être plus grand de 10 cm… mais j’ai fait avec ce que mère nature m’a offert…
Bien à vous et à bientôt de vous lire.
On ne veut pas voir que c’est un faux ami.. voire même une petite malice du Stockholm ! Bien vu
Pour Béatrice.. Décidément comme vous dîtes… Pfff🐀
En voilà un Bourdon Deus qui a de belles lettres pour s’exprimer mais une addiction aux fleurs de pavot un chouia exagérée. Bravo.
Il faisait pourtant si beau. Je regardais ce gros bourdon naviguer entre les coches du beffroi. Dans mon délire, je me disais que j’allais grimper tout là haut et entamer mon dernier vol. La sale mouche bleue du désespoir m’avait piqué le coeur encore fendue. Finalement je ne planais pas longtemps du premier étage. Et n’ayant pas d’ailes, ne me cassais que les chevilles, ces machins d’assemblage à la vie.
Heureusement, de ces machins d’assemblage à la vie, cher Jean-Marc, vous restent encore les poignets, et les mains…enfin, encore un peu de vous, qu’il fait bon lire. Bien que… aujourd’hui, la mouche bleue a piqué fort. 🙂
Merci Béatrice pour ce regard! L’écriture sert également à évacuer les flottements ressentis….
Si on est libre de son corps l’atterrissage est brutal… Et vivre après… Hein ! Dur dur ! Heureusement il y a les autres, ceux qui ont besoin de nous et justifient notre existence.. et puis..y a nous qui vous attendons … De pieds fermes ! 🐀
C’est noté! 😊
Je voletais, il faisait beau
Ni froid ni trop chaud
Le temps idéal
Royal !
Mais subitement sans crier gare
J’eus un sacré coup de cafard
Une sorte de gros bourdon
Bien gras et bien noir
Qui a élu domicile
Je vous le donne en mille
Dans mon cerveau
Pas rigolo …
Comment donc m’en débarrasser
Quelle mouche m’avait piqué
Et transmis de vilaines bactéries
Le virus de la mélancolie
Comme ça, tout à trac
Une scélérate attaque
Venue de nulle part
Un cauchemar !
Marre de cette chape de tristesse
Je voulais retrouver ma gaieté
Mon allégresse
Alors je me suis enfui
Loin de tous ces insectes maudits
Je suis parti me réfugier
Sous les toits de Paris
Bien à l’abri, collé au béton
J’y ai retrouvé mes complices les pigeons
Adieu le blues du dimanche soir
Retour à la joie et en fanfare !
Le vol plané du bourdon…
Il faisait beau. Je flottais, léger. Peut-être étais-je en train de voler. Ou simplement de me laisser dériver dans cet instant suspendu, hors de toute urgence. Mais une ombre m’effleura l’âme, comme un bourdonnement intérieur. Une forme de mélancolie diffuse. Était-ce une inquiétude ancienne qui remontait, une peur d’oublier quelque chose d’essentiel ? Ou bien l’odeur insistante du muguet, enivrante, presque trop pure, qui éveillait en moi un trouble sans nom ?
Je m’étais allongé sur un bain de soleil, le regard perdu dans l’immensité bleuté d’un ciel sans nuages, convaincu qu’il n’y avait rien à faire, sinon attendre que le monde passe. Le luxe rare de l’inutilité. J’avais décidé de m’abandonner au néant avec une élégance toute méditative. Mais visiblement, mon corps, lui, avait d’autres projets. Peu à peu, je sentis mes membres s’alléger, comme mus par une mémoire oubliée. Mes bras battaient l’air avec une cadence étrange, instinctive, et lorsqu’un reflet me parvint, je reconnus dans leur mouvement la vibration régulière des ailes d’un insecte. Je baissai les yeux : un thorax duveteux, jaune et noir, s’était substitué à mon torse. De petites pattes frémissaient le long de mon flanc. Pris de panique, je poussai un cri — mais ce fut un BZZZ vibrant, irrépressible. Un mot sans langage.
Surpris, mais pas terrifié, je m’interrogeai : et si cette transformation n’était pas une perte, mais une révélation ? Je n’avais pas choisi de devenir abeille. Mais peut-être n’avais-je jamais vraiment choisi d’être humain non plus.
Je me mis à butiner, presque avec reconnaissance. Le nectar ? Un délice. Le pommier ? Un bar à volonté. Le printemps ? Écrasant, mais stylé. Chaque fleur m’offrait ce qu’elle avait de plus secret. Je recueillais, en silence, les gouttelettes dorées du monde. Il n’y avait plus de projets, plus d’hier ni de demain. Seulement le présent, saturé de lumière et chargé de mille senteurs.
Quand vint l’heure du retour, je me dirigeai vers le figuier creux, abri collectif, frémissant d’une rumeur de vies entremêlées. Je n’étais qu’un parmi les autres, mais cela suffisait à m’apaiser. Peut-être allais-je bientôt féconder la reine. Peut-être, dans une alvéole d’ambre, naîtrait un jour une future souveraine issue de moi. Cette idée me frappa par sa simplicité. Créer sans mémoire, transmettre sans vouloir. Je repensai à la sève chaude, au fruit percé, à la chance que j’avais eue de n’avoir pas croisé l’œil d’un prédateur. Avais-je été courageux ? Ou simplement distrait ?
Le crépuscule tomba. La lumière baissait, le monde devenait incertain. Je battis des ailes plus fort pour m’élever au-dessus de mes doutes. Atteindre une dernière fois la vitesse de croisière, celle qui permet d’oublier sa fragilité. Mais dans l’ombre, deux lueurs approchaient. Inexplicables. Hypnotiques. Peut-être deux phares, une vérité trop éclatante pour mon entendement d’abeille. Je voulais réfléchir, mais le moment m’échappait déjà. Tout s’accélérait. Tout devenait silence.
Puis, le choc… Plus de fleurs. Plus de figuier… Plus de…
Je me réveillai en sursaut, le visage contre la terre où j’étais tombé depuis le bain de soleil, étourdi, encore traversé par l’écho d’un rêve où j’avais enfin su qui j’étais — ou du moins, ce que je n’étais plus.
Texte inspiré par ma nouvelle : « Le vol avait duré dix minutes »
Très beau texte Gilaber. Curieusement, je découvre une similitude entre nos deux récits. Je précise que je ne lis le texte des autres participants qu’après avoir posté le mien, pour justement savoir de quoi est capable mon propre imaginaire.
Votre récit me plait beaucoup. Mais, je doute fort, que mon personnage – Bombus Deus – serait d’accord avec votre expérienceur. 😀
Mais quel dommage ce réveil ! On n’ était pas si mal dans votre cauchemar… On y croyait. 🐀
Désolé chère Souris verte… parfois le retour à la réalité est brutal !
Bonne semaine à vous.
Il faisait beau, je voletais. Subitement j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué d’aller rendre visite à tante Abeille par un jour pareil.
L’idée d’aller m’enfermer avec ma vieille parente, gentille mais sourde comme un pot de miel, m’a semblé une corvée, mais elle m’attendait.
Sa ruche de retraite se trouvait dans un champ de colza où je la trouvais, butinant avec d’autres résidents, tous bénévoles pour récolter dans la mesure de leurs forces, le nectar faisant les délices des petits déjeuners .
J’entendis les bourdonnements admiratifs des récolteurs:
Oh! regardez, c’est la nièce de tante Abeille, elle vole à une de ces allures. Ah, la jeunesse.
Ma tante ne m’avait pas entendu mais finit par m’apercevoir. Abandonnant son butinage elle voleta vers moi, ravie. Je la trouvais vieillie, ses ailes plus ridées que lors de ma dernière visite, mais toujours aussi avenante.
Après un petit tour au dessus du colza, nous allâmes nous reposer dans son alvéole pour bavarder un peu.
Elle me raconta les derniers potins de la ruche, je lui criais des nouvelles de la famille.
Tout compte fait, bourdon ou pas bourdon, j’avais passé une excellente journée.
Un petit conte très tendre qui nous fait penser à nos aînés dans les maisons de retraite… à cette vieillesse que beaucoup désertent de peur d’y voir leur propre image de demain… ce qui n’est pas le cas ici. Merci Nadine 🙂
Il faisait beau, je voletais. Subitement j’eus le bourdon. Je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué.
Un ciel bleu-ciel au petit matin ! Comme il était rare de le voir de cette couleur si bleue. Décidément, j’étais inspiré en ce début mai. Quelques fois on voit un ciel bleu, pour autant, il ne joue pas son rôle d’influenceur de l’humeur. Il n’égaie pas. Que se passait-il vraiment ?
Devant mon miroir je réfléchis un instant à cet état d’âme que je ne me connaissais pas jusqu’à présent. Peut-être inconsciemment me donnais-je des raisons dans le but d’éprouver la sensation de la paresse. La paresse ! Sans qu’il y paraisse, ça reste un joli mot. Il paraît que c’est parfois normal. Mais comment l’nvisager ? Comment pourrait-elle enrichir mon expérience ? Grave question !
Ne rien faire ça ne me ressemblait pas. Ca pose trop question. C’était peut-être pour cette raison que la mouche m’avait piqué ? Aurait-elle senti mon besoin d’inutilité soudain ? Dans son dard, y avait-il l’antidote à la mélancolie ?
Ne rien faire de la journée, est-ce que je pourrais assumer ? Rien que le fait de poser la question, c’était embarrassant. Aurais-je peur de l’inconnu ? La phobie de ne rien faire ! C’était sûrement ça. La phobie tout court, serait-elle contagieuse par les réseaux ? En tout cas elle faisait travailler les méninges. D’où l’apparition du bourdon affectant leur fonctionnement !
Si le ciel avait été noir, je comprendrais, mais pour le moment il persistait dans son bleu intense. Et les quelques petits moutons qui se baladaient de ci de là évoquaient la dispersion tranquille dans la nature. L’oisiveté me guettait.
Mais je ne m’inquiétais pas. Enfin, un peu quand même.
– Bonjour l’oisiveté.
– Comment vas-tu ?
– Bof !
– Quoi, bof ?
– Je ne t’ai pas vue arriver.
– Et ?
– Je ne sais pas ce qui ne vas pas chez moi, j’ai envie de ne rien faire.
– Débrouille-toi. Je suis en congé, répondit l’oisiveté. Je suis débordée en ce moment. Reviens me voir quand je serai moins occupée. Je n’ai pas le temps. Regarde le ciel est bleu !
– Le spleen, quand ça vous prend, ça ne vous lâche pas.
– Qu’est-ce que tu parles de spleen ?
– Je ne sais pas pourquoi j’ai envie de ne rien faire. Aurais-tu une solution ?
– Mon petit bonhomme, si j’avais la solution, je ne serais pas payée à ne rien faire.
Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piquée.
Mais oui, minute papillon ! Je venais de me souvenir de ce truc étrange que j’avais remarqué, aux aurores, dans la haie. Mais, trop occupée à donner la becquée à notre progéniture, réclamant à cor et à cri sa pitance, j’avais fait l’impasse sur ma vision. Puis j’étais partie faire mon marché par monts et par vaux. Après la toilette de mes chérubins, j’avais fait mon ménage à fond et pour me délasser, je m’étais octroyé une petite pause bien méritée, n’est-ce pas ? Je m’étais posée sur une branche de laurier pour faire le point sur la situation et c’est alors que mes pensées se sont mises à tourner comme une girouette en pleine tempête d’équinoxe.
C’était donc ça ! Le ver était dans le fruit. Que faisait-il là-bas, à roucouler comme un imbécile auprès de l’autre, là, avec sa taille de guêpe, cette excitée comme une puce, mais molle comme une limace, pour s’occuper de sa maisonnée qui paillait tant et plus. Il est de notoriété publique qu’elle a une araignée au plafond, quant au reste, il est préférable de ne pas le savoir. Je l’avais pressenti ce matin que cette araignée m’apporterait du chagrin.
C’est alors que je pris mon élan pour lui tirer les vers du nez à ce don Juan de pacotille.
Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon… en ligne de mire dans mon couloir aérien, qui fonçait droit sur ma carlingue, manquant de justesse de me précipiter dans quelque abîme. Je pris aussitôt la mouche de ma tour de contrôle à témoin :
— Piquez-moi, je rêve ! m’exclamai-je. D’où sort ce cafard ? Vous avez vu comme il a essayé de me faire sombrer ?
— Tseu-tseu, au temps pour moi ! répondit celle-ci, j’ai oublié de vous prévenir. Ce B52 tentait seulement d’atterrir comme une fleur sur la piste aux pétales d’où vous veniez juste de décoller.
— Comme une fleur ? Vous avez vu le machin ? Ça défie les lois de l’aérodynamisme qui m’a toujours porté dans les airs de ma bonne humeur. Je venais de prendre le plus beau des envols, je commençais tout juste à planer à six mille pieds au-dessus du septième ciel. Tout semblait merveilleux, j’avais quitté le marasme sur terre et me préparai, à nouveau, à passer le mur des cons. Et voilà que ce bourdon m’a fait changer de trajectoire avec ses vibrations aussi tristes que des cordes d’une guitarra lisboète accompagnant un chant de fado qui annonce l’impossible retour des marins perdus en mer. Il va falloir que je me repose encore avant de pouvoir repartir et voleter avec la même insouciance.
— C’est mieux, en effet, de laisser reposer un peu votre imagination, monsieur Pereira. Prenez ces comprimés, ils vous aideront à redescendre en évitant toute dépression. Laissez-vous porter jusqu’au bout du couloir, gardez votre ceinture attachée jusqu’à l’extinction du signal lumineux. Je vous fais signe dès que j’ai une piste pour vous faire repartir d’un meilleur pied.
👏👍😃
🙏😊
le mur des cons! oh la que votre texte est drôle, dans le style floral et animal bravo. Je vois bien cette aventure ( ou mésaventure) mise en dessin animé. En tout cas une histoire que je vais raconter à ma petite voisine de pallier ( 8 ans).
Merci beaucoup Mijoroy 🙏
Toujours décalé ! Bravo mon ami
Joli cheminement d’idée, du bourdon à la clochette !
Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué…
Pourquoi avais-je tout à coup le cafard ? Je compris assez vite en fait, même si j’avais tendance à être dans le déni. Depuis que je gobais toutes les mouches qui croisaient mon chemin, adieu la taille de guêpe. Mon vol devenait lourd et pataud, maladroit, pas sexy pour deux sous.
Garder une silhouette svelte et élancée demandait une rigueur de fou ! Il fallait que je me secoue les puces pour atteindre mes objectifs. L’année dernière, mon vol raté vers les coquelicots qui m’avait fait atterrir dans les chardons m’avait mis la puce à l’oreille. Je m’étais dit « oh toi ma fille, tu files un mauvais coton ! Avoir des fourmis dans les jambes en plein vol comme ça, il va falloir te trouver un régime pas piqué des hannetons ! » Mais se concentrer de gober les mouches ne me suffisait pas ! Mon humeur changea et je me mis à chercher des poux dans la tête de tout le monde y compris celle de mes amis. Aussi je laissai tomber toute restriction alimentaire. Les tentations étaient trop nombreuses.
Mais voilà qu’aujourd’hui, je me retrouve confrontée à moi-même. Se contenter de regarder les mouches voler ne va vraiment pas suffire…Hélas !
Des mouches qui ont des fourmis dans les pattes ! J’adore !🐀
merci souris verte!
Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué…
Ça ne m’étonnerait pas que ce soit cette excitée de «mouche du coche»? Faut qu’elle s’agite en permanence celle-là. Juste pour se prouver qu’elle existe ; alors elle pique à tout va !
A moins… A moins que ce ne soit cette garce de «mouche à merde» ? Il est vrai que l’été dernier j’ai refusé ses avances. Mais de là à m’en vouloir encore… ce serait mesquin tout de même !
A moins… A moins que ce ne soit «fine mouche» ?
Ça fait un moment qu’elle me cherche celle-là… Pourtant, je lui ai bien expliqué que j’étais gay. L’amertume lui va mal à la pauvrette !
Bref, moi je voudrais bien que l’on me foute la paix ! Et que l’on me laisse voleter en toute tranquillité!
Allez tant pis pour elles… J’adresse sur le champ un SMS à mon nouveau copain « gobe mouche » et il va en faire son affaire.
Elles se le sont bien cherché.
Non mais… !
👍🐀
Je ne sais pourquoi j’avais le cafard, comme ça, tout d’un coup. Après avoir vu une magicienne dentelée, ma mère m’avait dit qu’être né sous le signe du capricorne, même si ce n’était pas le capricorne du cactus, était une malédiction. Je serais un enfant bipolaire.
Si je reconnaissais que j’étais un petit diable, je me considérais comme un hyménoptère comme les autres, une abeille déjà travailleuse qui honorait sa reine lorsqu’elle jouait du clairon. J’avais déjà conscience que ma vie serrait éphémère et cela ne me posait pas de problèmes existentiels. Je n’en faisais pas trop. Je ne me prenais pas pour un Apollon, un Hercule ou tout autre titan. Je consultais mon atlas régulièrement pour ne jamais me perdre dans la nature durant l’aurore d’un azur estival.
Bien sûr, je m’étais vu raccompagné parfois à la citadelle blanche entre deux gendarmes mais ce n’étais que pour des faits bénins : le vol d’un citron ou d’un autre fruit. Heureusement, je ne me fis pas gauler lorsque je piquais une Coccinelle, quelques perles ou quelques turquoises, à des insectes bien plus gros et riches que moi. Chaque fois que j’avais le bourdon, il fallait que je vole. Ça me faisait du bien. J’ai revendu la Coccinelle à un pote, un prix bien plus bas que l’argus bleu et j’ai donné les bijoux à ma nymphe préférée, ma Rosalie alpine de Grenoble, une diptère que j’avais aimé durant un taon.
Robin des bois était un véritable mite pour moi. J’avais fixé son affiche dans ma chambre avec 4 punaises. Lorsque j’avais le moral à zéro, je restais silencieux comme un Sphinx tandis que des papillons noirs voletaient à l’intérieur de ma tête. Dans mes rêves agités, de véritables cauchemars, Vulcain me précipitait dans un volcan ou bien je devenais le satyre des Appalaches et piquais les jeunes abeilles avec des acides sexuels après les avoir accostées dans la chenille d’une fête foraine. Ma mère aurait voulu que je devienne géomètre mais lorsque la reine me nomma son vice-roi, elle oublia tous les cheveux blancs que j’avais fait naître sur le sommet de son crâne. Elle était si fière que des larmes inondèrent mes multiples regards. Désormais, il fallait que je me fasse soigner afin d’être à la hauteur de ma fonction, pour ne pas sombrer dans ce désespoir destructeur qui me submergeait parfois.
Lettre à mon « ostéopote »
Cher ami,
Que deviens-tu depuis notre dernière rencontre, à Noël ?
As-tu poursuivi ton cursus universitaire en plus de ton exercice professionnel ?
Ici, nous avons abordé la nouvelle saison avec joie, après tant de semaines de grisaille et de pluie.
Néanmoins, toi, qui es mon « ostéopote », accepterais-tu de me donner un avis ?
En effet, depuis que le printemps est là, j’ai comme un pré dans le cerveau. Bon, j’imagine ta tête ! Ne crois pas que je sois devenu cinoque. C’est juste que l’impression ressentie est nouvelle et étrange.
Dès l’aurore, j’entends tintinnabuler les clochettes d’un troupeau broutant dans ma tête. Cela a démarré le dix-sept mars.
J’ai cherché à comprendre ce qui se passait : avais-je trop arrosé mon anniversaire ? Y avait-il quelque chose de nouveau dans le voisinage ? Et bien, je n’ai rien trouvé. Tu sais, nous vivons en ville ; alors les seuls troupeaux que nous puissions entendre sont les cloches de la cathédrale !
Je dois dire que je commence à m’habituer mais quand même.
Il fait beau, mon esprit volette d’une idée à l’autre. Subitement, j’ai le bourdon, je me demande quelle mouche m’a piqué. C’est comme si mon cerveau était une terre grasse d’où émergent de petites pousses d’herbe d’un vert tendre. Je ressens au réveil, cette fraicheur acquise de la nuit qui patiemment attend le lent et progressif réchauffement du labour. Je discerne le frôlement du vent qui ploie les brins d’herbe. Je perçois le frémissement occasionné par les sabots qui font vibrer le sol à proximité. J’entends les mufles qui soufflent à ma surface et m’envoie une douce chaleur. Ce parfum d’herbe coupée m’enivre. L’unique point préoccupant, est la puissance des clarines. Elles sont trop nombreuses et n’ont pas harmonisé leur mélodie. Moi qui suis plus Mozart que Messian, je tente de me former à ces compositions mais j’ai encore du mal. D’autant que ce ne sont que des percussions. J’apprécierais davantage un mixte, avec des cordes par exemple. Il est vrai que le bourdonnement des insectes et le sifflement du vent dans les herbes tentent de modifier la partition des clochettes mais il y a un déséquilibre de puissance entre les uns et les autres, comprends-tu ?
Ne t’inquiètes-pas trop mon ami, j’aime furieusement cette saison. Les plantes, l’humus, les insectes et les oiseaux s’ouvrent à la vie nouvelle. Moi aussi, d’une certaine manière. Cette année, je vis le printemps de plus près. Ma tête participe totalement au déchainement de cette renaissance. Je me mets à la campanologie. Tu sais, l’étude des cloches, clochettes et carillons, ainsi qu’à l’étude de leur répertoire musical, des usages et traditions qui y sont aussi associés.
C’est beau, c’est bon…mais c’est un peu trop sonore !!
Avec toute ma fidèle amitié et mon meilleur souvenir à Gisèle,
Arthur
C’est magnifique Nouchka et si bien écrit. Une belle ode au printemps. Merci. 🙂
C’est un commentaire très agréable Béatrice. Merci bcp
753/LA MOUCHE PAS T-SÉ T-SÉ DU TOUT
Je suis une jolie mouche jaune et ça fait un moment que je tourne carré et même que les angles de mon vol commencent à s’émousser au souffle du vent. Je bourdonne lourd comme un bombardier géant et moi, si légère à la taille fine, ne peux plus me poser que sur les grosses fleurs ou les énormes fruits. Terminé le régal des bigarreaux ou des framboises ça rétrécit le champ des investigations évidemment. Le comité des Tournesols fut le premier à prendre conscience de cette envahissement car bien sûr je ne suis pas seule dans ce cas… Il faut voir les mouches vertes qui, par obligation restent collées au sol. Bien groupées et en ligne au bord d’un champ d’épandage on dirait des tanks en tenue de camouflage prêts à l’assaut. Les fleurettes n’attirent plus et font tapisserie. Non, le monde a bien changé et d’après les rumeurs du JDD, je crains bien que nous ayons été piquées par le frelon asiatique. Au secours ! Et s’il m’avait violée pendant mon sommeil… Allez voir que mes moucherons aient les yeux bridés ! T-sing…T-sing🐀
Le monde ne tourne plus rond, c’est vrai !
Je suis persuadée que le tournesol a adoré votre visite. Des affaires de ce monde, il n’en a que faire. Ou, comme vous, sa trajectoire reste rivée sur celle du soleil. Merci souris verte ! 🙂