L’escalier ou l’ascenseur ?
Je suis sûr que vous connaissez des personnes dont l’esprit prend l’escalier pour vous raconter une anecdote.
Exemple : hier, une personne me racontait le différend qu’elle avait eu avec le conducteur d’un autobus. Elle commença à me dire qu’elle avait pris le bus de telle heure, et plutôt le 40 que le 88, qu’il était pratiquement vide, et tant mieux, parce qu’elle préfère être à l’arrière qu’à l’avant, parce qu’avec son dos, elle y ressent moins les a coups, etc., etc. Le temps filait et je ne savais toujours pas ce qu’il lui était arrivé dans ce bus, il fallait que je patiente, que je laisse sa pensée monter un escalier, marche par marche. Et elle commençait à m’enquiquiner.
Je vous raconte cette anecdote parce que, comme vous l’avez sûrement observé, un temps de lecture est fréquemment indiqué pour les textes publiés sur Internet.
À VOUS DE DÉCIDER SI VOS LECTEURS DEVRONT PRENDRE L’ESCALIER OU L’ASCENSEUR POUR VOUS LIRE.
Notre génération lit moins et moins longtemps.
Avec la venue de ChatGPT, ce temps de lire va encore diminuer
Il faut en tenir compte si l’on écrit.
Écrire de plus en plus court, aller vite à l’essentiel, le lecteur ne doit pas s’ennuyer. Il veut rapidement savoir si ce que vous avez écrit va l’intéresser ou pas.
Quand j’intervenais pour la presse, il était dit qu’au-delà d’un feuillet, soit : 25 lignes de 60 caractères, espaces (blancs) compris, approximativement 1 500 signes et caractères, le lecteur abandonnait la lecture.
Sauf si on lui annonçait une augmentation de salaire ou davantage de jours de congé.😉
Écrire court exige un élagage à effectuer au cours d’une relecture attentive.
Quelques trucs pour ne pas impatienter le lecteur.
– Entrer rapidement dans le sujet sans introduction repousse-lecteur.
– Supprimer ce qui déborde du sujet.
– Choisir l’actif plutôt que le passif dans la tournure des phrases.
– Donner la priorité au concret dans le choix du vocabulaire.
– Être précis, pas de termes vagues, à double sens ou approximatifs.
– Se souvenir que l’adverbe affaiblit le verbe et l’adjectif affadit le substantif.
– Des paragraphes de 10 à 15 lignes.
– 17/20 mots au maximum par phrase
– Pas de phrases vides de sens.
– Pas ou peu de chevilles inutiles, telles que : « En tout cas, par ailleurs, soudain, bref, enfin, en effet, etc. »
– Ne garder que les adverbes ou adjectifs importants.
– Supprimer les clichés.
– Faire la chasse aux doublons et aux répétitions
– Sacrifier les détails secondaires plus ou moins significatifs
– Des mots courts, si possible, c’est toujours beaucoup plus facile à lire
« Je me suis aperçu que les mots qui servent à exprimer le plus concret, le plus immédiat, avaient formés en monosyllabes : la vie, la mort, la paix, l’air, l’eau, Dieu, le jeu, le feu, le cœur, la main, le cul, la peau, le lit, le corps, le bois… Je me suis constitué un dictionnaire de 1753 mots. » Gilles Vigneault.
Je suis hors-n’homme. Un neuroatypique à dominance dyslexique atteint d’aphantasie : incapable de fabriquer des images mentales et de se représenter un lieu ou un visage. Mes facétieux neurones font des croche-pieds aux mots dans mon cerveau et mon orthographe trébuche souvent quand j’écris. Si vous remarquez une faute, merci de me la signaler : blog.entre2lettres(at)gmail.com
Très intéressant sujet de réflexion !
Pascal, si l’on met en application tes 15 « trucs pour ne pas impatienter le lecteur », cela donnera, à mon avis, un texte squelettique, sec, sans relief. La richesse de la langue française, (bien mise à mal avec tous les anglicismes qui s’insinuent partout), et les différentes voix d’écriture, actif et passif, permettent une grande variété d’écriture.
Dans les textes qui retiennent l’attention, c’est l’alternance des deux qui est utilisée.
« Des mots courts, si possible », oui, pourquoi pas. Mais, pourquoi pas aussi de mots moins dans l’air du temps, des mots qui interrogent ?
Personnellement, je préfère les textes courts qui disent tout en peu de mots, mais où se glissent la poésie, l’originalité.
Suivre ces consignes permet de travailler son style, d’élaguer afin d’être le plus concis possible. Dans ce commentaire, ce qui m’étonne, c’est la consonance des mots. Par exemple, le mot ascenseur, que fait-il ici ? Est-ce qu’il ne cacherait pas un autre mot comme la censure ?
En effet, nous avons pris le parti d’exprimer nos idées en employant certaines tournures habituelles. Est-ce que notre propre censure ne nous empêcherait pas d’aller où on pourrait se perdre.
Quand on écrit; il faut savoir se mettre en danger. Prendre des risques. la sécurité, c’est Pascal qui nous la procure avec son retour par écrit.
Autre exemple : je viens de me rendre compte que j’ai écrit : « le plus concis possible » Ah, ah ! Bonne journée !
Pour la santé on demande toujours de prendre les escaliers !
Il me semble être tranquille coté écriture je prends plutôt l’ascenseur je ne sais pas délayer
» En ouvrant cette porte là, l’homme ne pouvait deviner qu’il en ouvrirait peu d’autres. Mais c’était son choix et finalement, c’était bien fait pour lui. » Exemple de roman très court! 😋
Écrire court, c’est surtout écrire efficace.
Je suis en train de lire un recueil du prix international du Jeune Écrivain de langue française (16-26 ans)
et je me régale.
Je découvre chez ces jeunes une écriture libérée, vive, tonique,
N’en déplaise aux vieux grincheux, la relève est assurée!
Sujet très intéressant… cependant, le comportement des lecteurs est parfois contradictoire, parce que s’ils aiment lire court, ils ne sont pas pour autant amateurs de nouvelles… j’en parle en connaissance de cause, le recueil que j’ai écrit et publié s’est très mal vendu…
Par contre, j’estime qu’écrire court, cela peut enlever toute poésie à un texte… mais ce n’est que mon opinion… peut-être que je ne sais pas faire autrement que d’être long…
Adieu les livres de 500 pages. Adieu la concentration.
Trop dur pour moi de faire court. J’essaye, mais il m’arrive de me sentir frustrée car je me suis retenue pour ne pas ajouter trop de lignes.
Triste de devoir couper court à l’imagination.
Je suis entièrement d’accord avec vous !
Écrire, cours !
Encore un dictat de sportif !
perso (je n’ai pas écris personnellement !) je ne sais pas faire, comme je parle peu, je me rattrape en disant par écrit.
Ais-je raison doc (je n’ai pas écris docteur !) ?
Je plaisante bien-sûr Pascal.
Mais il faudrait que je prenne des cours de diction quand même, question d’équilibre !
Apprendre à parler est-ce que c’est aussi apprendre à se taire ?
Je suis du signe de la balance alors excusez mon humeur hésitante.
Merci à tous de vos réactions bien intéressantes.
Et merci Pascal, un GRAND MERCI, tu le vaux bien.
Jean Louis
Vaux avec un X c’est mieux.
C’est fait !
J’ai lu attentivement cet article et je suis déçue par le fait que les lecteurs ne lisent que du »court ». Ce nouveau » prêt à lire » me paraît moins style et fade.
N’avoir recours qu’à la forme active est selon moi très ennuyeux car tout est-il sur le même plan. Toute la richesse de notre sublime langue française, ce sont ses temps, ses adjectifs enfin l’étendue de sin vocabulaire. Ceux où celles qui ont peur de s’y noyer n’ont qu’à pratiquer un autre loisir. Ces propos n’engagent quoi.
Je suis solidaire avec vos propos… dire adieu à la poésie d’un texte… c’est d’une profonde tristesse…
Oui, bien sûr, il faut écrire court pour être certain d’être lu. Ne pas oublier néanmoins les exceptions dans certains cas, pour créer des effets, dans la fiction, la poésie…
Enfin, pour reprendre au sens propre l’expression de l’escalier au sens figuré, je prends systématiquement l’escalier tant que mes jambes me portent, conclusion je suis encore en forme malgré mon âge.
« Stairway to heaven… »
Je suis une inconditionnelle de » l’écrire court ».
Écrire court tout court
Écrire court
Écrire
Pas ou peu de chevilles inutiles, telles que : « En tout cas, par ailleurs, soudain, bref, enfin, en effet, etc. »
Comme je suis d’accord. En gros il faut se relire et sans concession. Le mieux est de lire ses textes tout fort. A l’écoute on entend les redites.
Avec ta permission je vais envoyer ton edito à mes participants, encore qu’ayant fait beaucoup d’ateliers d’écriture ils écrivent assez court. C’est un exercice difficile qui implique hélas des ‘ablations’ quasi chirurgicales souvent douloureuses ! Le sacrifice des mots !
Bonne journée mon cher Pascal et merci merci… Ta tête est toujours au top ! 🐀
Pour les bons lecteurs de ce blog, la longueur de ce texte est convenable car très intéressant !