729e exercice d’écriture très créative créée par Pascal Perrat
C’est un rêve parti sans ranger sa nuit, ni refaire son lit. Racontez
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– Il est parti le matin, aux aurores, sans même refaire son lit.
– Vous êtes sûre ?
– Ah oui, vraiment, j’en suis certaine. Et en plus, il a emmené avec lui, les draps, les deux couvertures en poils de chèvre et l’oreiller de mamie Jeannette.
– Non, c’est pas possible !
– Mais si… puisque je vous le dis.
– A votre avis, est-ce qu’il a quand même pensé à tapoter le matelas, pour l’aérer un peu ?
– C’est très difficile à savoir
– Pourquoi ?
– Il a emporté le matelas.
– Et le sommier ?
– Il l’a pris aussi !
– Même le sommier ?
– Oui, même le sommier.
– Ah ben voilà, finalement, tout s’explique : concrètement, il ne pouvait pas refaire son lit, pour la simple raison qu’il ne disposait plus des objets nécessaires pour ça.
C’est clair comme deux et deux font quatre.
– Ou comme trois et trois font six.
– Exactement…
C’est un rêve parti sans ranger sa nuit, ni refaire son lit. Racontez
Je ne suis pas d’ici moi.
Je n’ai donc pas eu le temps de ranger le lit et de refaire la nuit.
Normal, logique, un rêve qui compose d’autres rêves pour d’autres personnes il est forcément d’ailleurs.
Et puis moi je suis comme ça.
Le matin une fois que j’ai fini mon job je me casse. Je ne traîne pas.
Je reprends ma petite moto rouge et je rentre chez moi, un peu plus loin que la lune, où je vis caché entre deux étoiles. Avec une grande famille. Et de méchants clébards pour faire peur aux voyageurs perdus dans l’espace.
Ah ! ah ! vous vous posez des questions.
Un rêve pressé au petit matin de rentrer chez lui, avec sa petite moto rouge.
Vous trouvez peut-être que je suis dingue.
Ben que voulez-vous que je vous dise.
Nous les grandes stars des rêves on est comme ça.
Toujours un peu pressé par le temps et en plus on se déplace en moto verte ou rouge.
Puis on a la chance, bécane comprise, d’être invisibles de la quasi-totalité des humains.
Sauf une poignée de personnes qui le matin nous voient enfourcher notre moto, et partir à toute vitesse vers la lune.
Bon je vous laisse les amis, j’ai encore du chemin à faire.
À propos demain matin le lit, je vais essayer de le ranger, et la nuit également de la faire.
Mais je ne vous promets rien.
Mince je crois que j’ai inversé les paroles initiales. Bon ce n’est rien, vous m’avez compris.
Tiens tiens et si avant de rentrer chez moi à côté de la lune, je passais voir mon pote Pom Pom.
Lui aussi il bosse dans le Dreams Dreams.
Allez bye bye les amis.
Mince voici que ce matin ma moto rouge ne veut pas démarrer.
Pourtant, elle est presque neuve.
Aie aie en ce moment il fait un tel froid de canard dans votre pays. Je n’ai pas envie de geler ici.
Vivement le printemps et le retour des beaux jours !
Broum broum voilà que la rigolote elle décide de se réveiller !
Allez broum broum sur ma moto rouge, je pars voir mon pote Pom Pom, avant de rentrer dans mes pénates.
Moi qui suis un peu le père Noël des rêves.
Que je confectionne et réalise moi-même avec tout mon savoir-faire. À la manière d’un artisan chevronné.
Et, depuis des millénaires et des millénaires, que j’apporte et offre à toute l’humanité.
Vroum vroum vite vite la moto rouge on a encore du chemin à faire !
Il s’est éclipsé sans bruit, comme un visiteur anonyme et fugace. Au matin, seulement du désordre et un lit défait. Même pas un petit mot sur l’oreiller pour expliquer sa fuite sans préavis. Où pouvait-il bien être parti ? Et pour quelles raisons ?
Clément se frottait les yeux, incrédule. Plutôt désorienté. Une urgence peut-être ? Un appel lointain auquel il n’avait pu se soustraire ? Une envie d’évasion, d’un autre décor, un autre enfant à réjouir et divertir ?
Pourtant, Clément lui avait cédé son lit tout chaud et avait dormi recroquevillé dans la piscine à balles. Il l’avait écouté longuement raconter ses aventures, le désert, le thé à la menthe et le pas chaloupé des dromadaires. Le décollage de l’avion et la sensation d’être un oiseau porté par le vent dans l’infini de l’univers. L’enfant s’était promis de repartir avec lui et d’apprendre à piloter pour partager cette ivresse.
Triste, il referma le livre abandonné au pied du lit. Il se souvint alors que la reliance du cœur est plus importante que la présence. C’est avec un grand sourire qu’il fit irruption dans la cuisine « Maman, j’ai très faim ! ».
C’est un rêve parti sans ranger sa nuit, ni refaire son lit. Et pourquoi cela?parce qu’il voulait monter sur l’échelle de Jacob ! Et pourquoi cela ! Et pourquoi pas ! Sans rime ni raison tout simplement si on peut dire. En fait son inconscient souhaitait atteindre les cumulonimbus qu’il apercevait au loin.Mais n’était-il pas un peu présomptueux, son rêve ne risquait-il pas de se transformer en cauchemar.
Puis le jour se leva et comme a dit Coluche : “On croit que les rêves, c’est fait pour se réaliser. C’est ça, le problème des rêves : c’est que c’est fait pour être rêvé.”
C’est un rêve parti sans ranger sa nuit, ni refaire son lit.
Il n’en pouvait plus de fureter dans cette chambre. Il avait des envies plus grandes, d’autres cerveaux à conquérir, d’autres histoires à écrire.
Il avait essayé de frapper à la conscience des occupants de ce lit, les mettant sur la voix d’un chemin de promesses, d’un chemin des possibles. Il était revenu car il pensait qu’il avait un rôle à jouer dans le mieux-être des dormeurs mais ceux-ci n’avaient pas compris, pas voulu voir, ou ne pas comprendre que le rêve permettait ce pas de côté, se lever en ayant changé, subrepticement, plus fort, plus serein, plus confiant.
Alors il est parti oui, a quitté cette chambre, sans aller très loin. Il a fureté à l’étage sans attendre longtemps de trouver où se trouvait sa prochaine destination. Il entra sans frapper. La douce odeur de coton l’enveloppa et il se nicha sans problème dans le petit lit à barreaux où il se cacha un instant derrière la boite à musique. Dès que les étoiles se mirent à tournoyer au plafond au son d’une très douce mélodie, il s’immisça dans la petite tête de la petite fille qui s’endormit du sommeil du juste en un temps record. Il se faufila dans ce petit cerveau plein de tendres pensées et d’une multitude de canaux en construction. Il pourrait à coup sûr, jouir d’une grande liberté ici et s’amuser comme un petit fou. Il s’amusa dès cette première nuit à provoquer des petits sourires que certains qualifiaient de réflexes mais que lui savait bien sincères et spontanés. Il aimait l’idée de semer des petites graines et participer à l’éveil d’un esprit si innocent. Il comptait bien camper ici un long moment.
Il ne faut jamais sous-estimer les rêves d’un enfant.
C’est un rêve parti sans ranger sa nuit, ni refaire son lit…
Adèle, de quoi as-tu rêvé cette nuit ? interrogea la mère, histoire de bavarder.
Je ne sais pas, je ne m’en rappelle plus ! Répondit la fillette en croquant dans son pain au chocolat. Du reste je ne me rappelle jamais de mes rêves alors je ne sais pas si j’en fais ?
Tu as bien de la chance lui retorqua sa maman, moi je fais parfois des cauchemars atroces.
C’est quoi un cauchemar ?…
Et la mère de se lancer de façon édulcorée dans la description des cauchemars, il ne fallait pas traumatiser la petite.
Moi le Rêve, j’en avais assez, toutes les nuits je sortais des limbes du cerveau de l’enfant et j’essayais de l’effrayer. Pourquoi allez-vous me demander ? Mais parce que cette sale gamine n’arrêtait pas de se tourner et retourner dans son lit, de donner des coups de pieds dans le bois de lit et parfois de tomber sur le tapis …ouf c’est un peu plus doux que le plancher ! Comment voulez-vous dans ces conditions que je repose mes neurones et que je sois en forme le lendemain.
J’avais un scénario bien rodé que je répétais chaque nuit. Je l’emmenais dans un bois, il faisait nuit, elle se perdait rapidement pour se retrouver au milieu d’une clairière et alors elle devait découvrir une cabane abandonnée et entendre un loup hurler. D’accord je vous l’accorde je suis allé guetter dans les livres de contes et celui du petit chaperon rouge m’a bien plu !
Les semaines passèrent, et toujours pas de réactions à mon affreuse histoire, je commençais à m’impatienter…
Mais un jour, tout alla de travers pour la petite fille, en descendant les escaliers elle se tordit la cheville, mais rien de bien grave elle pouvait aller à l’école. Ensuite elle renversa son chocolat au lait sur son teeshirt neuf. Mais ce n’est pas possible hurla la mère on va être en retard. Un embouteillage monstre, du jamais vu, les fit arriver effectivement en retard. S’en suivit une journée d’enfer pour la fillette, entre la mauvaise note au dernier contrôle, l’oubli de sa rédaction à la maison, sa meilleure copine qui ne voulait plus lui parler et pour clore le tout, un repas infâme à la cantine !…
Elle rentra le soir grognon, de mauvaise humeur, pleurnicha une partie de la soirée. Les paroles bienveillantes de ses parents n’eurent aucun effet !
Moi le mauvais Rêve je savais que j’avais une chance de réussir cette nuit vu l’état dans lequel elle se trouvait. Je fis une première tentative qui échoua : pas de réveil brutal, ni de hurlements. J’attendis patiemment le petit matin, un peu avant la sonnerie du réveil et je remis ça !
Des hurlements en provenance de la chambre firent accourir les parents. Mais que t’arrive-t-il ma chérie ? J’ai… j’ai… dit-elle en essuyant ses larmes, j’ai fait un cauchemar je crois.
Viens déjeuner lui dit son père, tu nous raconteras.
Et puis j’étais dans une forêt, j’étais perdue, il y avait un loup, une cabane et quand je suis entrée je suis tombée dans un trou…. Oh ma pauvre chérie dit la mère en lui prenant la main, tu sais dit-elle pour la rassurer, en général on ne fait jamais deux fois le même cauchemar.
Ah ah, me dis-je en ricanant c’est ce que l’on verra. La nuit suivante je remis ça, et mon cauchemar fonctionna du premier coup…. Ainsi que les nuits ultérieures.
Les parents étaient de plus en plus inquiets. Quelques nuits plus tard, j’échouai, puis point de réaction non plus la nuit suivante, impossible de la faire réagir à mon horrible rêve.
Quand un soir, alors que la fillette montait les escaliers je surpris une conversation entre les parents : il est pas mal ce psy, dit l’un, oui ça a été radical dit l’autre !
Une fois Adèle couchée, je tournai et retournai dans son cerveau … j’étais en rage, j’écumais, mais que faire, il me fallait moi le Rêve, trouver une autre victime, je me levai parti sans ranger ma nuit, ni refaire mon lit !
C’était un rêve nommé Herbert, échappé de quelque nuit, parti sans faire son lit et laissant son client dans de beaux draps. À preuve qu’il se souvenait plus de son contenu sinon qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Mais un rêve n’a qu’un temps et c’est quand vous essayez de le mettre en sommeil qu’il s’évanouit : on a beau dire, quand un rêve se fait la belle, impossible de le rattraper… Quand vous ne l’avez plus en tête, c’est qu’il a pris les jambes à son cou !
C’est un rêve qui est parti
Sans ranger sa nuit
Ni refaire son lit
Et tout à coup il s’est perdu
Là-bas au détour d’une rue
C’était pourtant un rêve si joli
De ceux qu’on voudrait garder
Mais il est parti…
Maintenant, complètement égaré
Il cherche partout en vain
Quelqu’un qui le reconnaisse pour sien
Va-t-il errer encore longtemps ?
Soudain, il se sent propulsé
Comme s’il était un souffle de vent
Un attrape-rêve, vous connaissez ?
Il a été capturé par un puissant sorcier
Qui revend des rêves au plus offrant.
Celui-là, il le donnera à son enfant
Qui le gardera prisonnier sur son oreiller
Et moi, pendant ce temps, je l’ai cherché partout
Mais jamais je ne retrouverai mon rêve si doux…
Je devais être dans des conditions particulières pour que je me souvienne de lui. Une fièvre d’enfer était née au petit matin.. « Sue dit l’ennemi ! » Il m’avait assailli, j’étais cerné de toutes parts. traité de parano. Dans le texte j’avais lu paranormal. Il s’était cru malin. Il avait oublié que je suis plus roublard que lui. Mes défenses immunitaires s’étaient réveillées. Elles sont arrivées, sortant du supermarché, sur des karts en forme de chausson aux pommes, sans doute volés dans les rayons. La direction m’a suivi du regard sans rien dire. Il était évident que je récupère ma clientèle. Avec mes deux véhicules je repris la route sans encombre. Ceux des jeux vidéo, minus, vraiment minus à côté de mes bolides surdimensionnés, ultra rapides.
Je l’ai vu dans son regard, il a été choqué. Me voyant déterminé, il n’a pas osé répondre. J’ai deviné qu’il reviendrait à la charge quand il joua le roque. Il s’est tout simplement affaibli, il n’aurait pas dû le jouer. Le coup d’après, je le surpris par un mat en escalier. Il changea d’armes. Dans son sac, il dissimulait ses magouilles. Des clés électriques pour pieds nickelés. Il les accrocha au tableau. Je ne suis pas tombé dans le panneau. J’avais bien huilé ma tronçonneuse. Rouge de colère, elle était restée au garage. Elle mis ses magouilles en pièces détachées. A peine récupérables sur le marché, elles s’étaient périmées d’elles-mêmes.
Les bolides arrivèrent. Ils avaient encore pillé du chocolat. Ils se souvenaient de mes goûts, avec de la crème à la menthe à l’intérieur, pour déguster avec le thé. Il devait être l’heure de me lever. J’étais encore sur le qui vive. J’avais encore beaucoup d’étapes à prévoir. Un autre bolide arriva en face de moi, plein phare. Il était 6 heures, j’avais encore du temps. Il me restait une pause de 10 minutes. Je ne sais pas qui actionna cette sonnerie furax. Il s’était écoulé une heure en l’espace de 10 minutes. La couette vola en éclat. Le temps de remplir la thermos de thé. Dans le brouillard, j’aperçois un seul quidam à la pointeuse. Pour une fois, je ne suis pas en retard.
– Salut, comment ça va ? T’as bien dormi ?
– Impec !
– On dirait que tu t’es battu avec un ours.
Dans le désordre de mes nuits, il y a les feux brûlants de sa chaleur intime qui ravage mes sens et me font monter au septième ciel en attendant le huitième encore plus explosif. Puis, il y a parfois, le froid saisissant de son absence qui gèle mes draps et les font devenir raides et griffant sur ma peau mendiante de son amour. Il me faudrait ce juste milieu où, la nuit serait tiède et douce, juste assouvie de sa présence et me dire « il est là, tranquille, impatient de moi et moi de lui » une balance dont l’équilibre s’ajusterait au millième de nos espérances.
Cependant, ce matin-là, à l’aube où le jour semblait refuser à la nuit de la pousser le téléphone sonna et me réveilla. Dans la violence de l’information reçue, je suis partie, j’ai laissé les draps ni brûlants, ni tièdes, ni glacés. Je les ai abandonnés à leur destin sans prendre garde à leur odeur ni me rappeler de leur couleur. Je ne suis pas passée par la salle de bain, j’ai enfilé tel un automate mes habits de la veille posés en vrac sur la chaise et je suis partie en claquant la porte sans la fermer à clefs. J’ai sauté quatre à quatre les escaliers jusqu’au garage, ai tourné la clé de ma Clio et foncé droit sur l’hôpital. On venait de m’informer que Luc venait d’avoir un accident sur la route. Il faisait étonnamment un froid de Sibérie dans ce novembre triste et pesant mais, mon corps n’en a pris garde puisque à cet instant, je compris que je ne le reverrai plus vivant. J’étais partie sans ranger ma nuit et savais aussi que mes jours n’auraient désormais plus d’ordre.
C’est ainsi que, j’ai appris qu’il n’y avait pas vraiment dans la vie bien que nous le croyions, un ordre défini des instants, des choses et du mouvement. J’ai appris à laisser venir et faire sans appréhender ou du moins sans redouter que ce qui doit se passer se passe quoi que l’on y fasse. La maison rangée ou en désordre, les sentiments refoulés ou les colères exprimées. Le désordre se fait sans qu’on le souhaite ou le veuille dans l’ordre établi du destin quel que soit l’endroit où nous sommes. J’essaie malgré tout cela, de ranger ma vie sans déranger celle des autres pour que mes nuits s’étirent et reçoivent les matins pleins d’espérance.
AB
C’est un rêve parti sans ranger sa nuit, ni refaire son lit. Racontez
Las, je suis très las. Tant d’efforts nocturnes sans retour. Tant de messages, d’images, de belles projections qui restent sans écho. Au petit matin, il ne reste plus rien ou alors juste un petit flash.
Je plaque tout. Je laisse tout en plan, advienne que pourra.
Je me fais vieux. Toutes ces années allongé sur ce lit à diffuser de belles ondes ont eu raison de moi. On ne m’entend pas, on ne me comprend pas.
Un jour j’avais réalisé un très beau film. Je survolais les plaines, les montagnes, les villes. Tout était très coloré. Les chamallows poussaient dans les arbres, les sols étaient tapissés de fraises tagada, des nounours en guimauve gambadaient, les schtroumpfs se dégustaient à toute heure, les dragibus faisaient rire tout le monde. Les grands avaient tous gardé leur âme d’enfant. Ils s’amusaient de tout et de rien, faisaient des concours de bulles de savon. Les visages étaient tous similaires : une grande banane en lieu et place de la bouche, des étoiles en lieu et place des yeux. La joie, la bonne humeur irradiaient de partout.
J’ai donc décidé d’aller trouver cet univers, loin des grincements du lit et de l’obscurité de la nuit.
La lumière m’aveugle. J’ai pas l’habitude. Je me laisse porter par le vent. Peu à peu je perçois les formes. Je cherche les images de mon film mais je ne vois que grisaille. Les bananes ne sont plus que des fermetures éclair, des barbelés. Les yeux, des rayons laser malveillants. Tout le monde court, se bouscule. Pas une fraise, pas un dragibus en vue. Ça sent mauvais, les nuages sont noirs. Des cheminées crachent d’épaisses fumées orangées. Rapidement la noirceur me gagne, la colère m’envahit. Je mute. Je suis cauchemar. Je transpire. Je m’agite.
Un immense sursaut. Je me réveille et j’éclate de rire. Comment ai-je pu oublier ! Hier soir la petite Zoé a perdu sa première dent de lait. Elle était toute triste en allant au lit, même si elle avait eu la promesse du passage de la petite souris. Mais son problème était ailleurs. Sa mamie lui avait offert une grande boite de bonbons Haribo qu’elle avait soigneusement cachée dans sa chambre. Son papa et sa maman ne voulaient pas qu’elle mange trop de sucreries. Et si cette dent était tombée car elle avait désobéi ?
Mais non, petite Zoé, mais ne me fait plus ce genre de frayeurs. Je tiens à rester rêve dans l’obscurité de la nuit et même si tu ne rappelles plus de moi, je ferais en sorte que tu ais toujours la banane le matin. La fonction de cauchemar n’est pas faite pour moi.
C’est un rêve parti sans ranger sa nuit, comme d’habitude . Après avoir fouillé, farfouillé dans les rencontres, sensations, les mots les couleurs , les bruits des profondeurs de cette journée, de cette nuit , il s’amuse . Il fait défiler, choisit , compose ds associations parfois baroques, parfois drôles, fantaisistes, apparemment inexplicables, souvent déroutantes, énigmatiques .Noir et blanc ou couleur ???
Pourquoi refaire son lit ?? Il n’aime pas le lisse, le bien tiré, bien carré . Il préfère les plis, les replis riches en surprises, les traces de passages, de vie
Le rêve s’esquive subrepticement …. laissant tout désorganisé, inutile d’essayer de le suivre avec insistance, il est insaisissable
C’était un rêve qui faisait bien son boulot. Des songes, des cauchemars, des chimères, des fantasmes peuplaient ses nuits.
Cette nuit là, il vit Taglia, la belle italienne, sa chevelure flamboyante et sa peau si laiteuse qui la rendait remarquable.
Elle retrouvait Carbo, un carabinier à la moustache conquérante. Ils voulaient s’aimer toute la nuit.
Quand surgit Nara, un bandit à l’âme noire, très noire. La veille il s’était fait refouler par Taglia. Insupportable !! Son ego piétiné l’avait rendu furieux. Il voulait tuer les deux amants pour réparer son honneur.
Taglia fut poignardée en plein cœur. Un sang très pâle s’écoulait de sa blessure. Un légiste aurait dit qu’elle était sérieusement anémiée, une sorte de Dame aux Camélias en manque d’hémoglobine.
Carbo, vaillant gendarme, se saisit de son épée et mit en fuite Nara. Il le poursuivit et le tua dans un bain de sang presque noir comme du boudin.
Rêve se réveilla alors brutalement. L’effroi l’avait fait tomber du lit. D’habitude il émergeait toujours avant la fin du cauchemar et pouvait ainsi laisser libre court à son imagination. Ce songe l’épouvanta. Il en saisit toutes les conséquences. Il risquait de ne plus pouvoir déguster son plat favori. Impensable !!
S’il voulait éviter un choc post traumatique, il devait agir. Partisan du principe homéopathique de soigner le mal par le mal, il eut un idée lumineuse.
Il s’enfuit à toutes jambes, sans ranger sa nuit, sans refaire son lit, ni fermer la porte, jusqu’au restaurant de son cousin. Il commanda une assiette de tagliatelles à la carbonara, puis deux, puis trois…jusqu’à s’en faire péter la sous-ventrière.
C’est un rêve parti sans ranger sa nuit, ni refaire son lit. Mais c’est impossible de laisser cette nuit dans un tel état. Moi qui suis si méticuleuse et organisée je ne peux m’enfuir dans mon rêve qu’après avoir tout rangé. Il n’a pas voulu faire son lit, mais moi je vais lui refaire. Je caresse les draps de soie, les tire avec délicatesse, les remets en place, je les prends entre mes mains, les hume pour retrouver la fragrance du parfum de Victor qui était venu me retrouver cette nuit, comme un souvenir lointain refaisant surface avec une tendresse chargée de souvenirs séduisants. Je caresse chaque plis comme pour les repasser et m’imprégner de chaque geste partagé, longtemps oublié.
Je redresse les oreillers, pour que le rêve retrouve son confort lors d’une prochaine nuit peut être encore remplis de désirs et de plaisirs. Je contemple mon oeuvre et je m’enfuis enfin pour à la fois quitter le rêve pour mieux le retrouver.
Vous croyez quand même pas que je vais ranger ma nuit et refaire le lit après ça. Des années que ma rêveuse me fait le coup, se réveiller à trois heures du matin sans me laisser arriver au bout de mon histoire.
Tenez, cette nuit c’était celle d’un jeune garçon qui avait fugué, toute une équipe partait à sa recherche, et juste au moment où quelqu’un va le rattraper….
Vous comprendrez que cela puisse m’ulcérer d’avoir la chique coupée de cette façon. J’ai donc pris mes cliques, mes claques et suis parti sans prévenir, laissant ma nuit et mon lit en l’état.
J’ai erré de ci de là, goûtant à une certaine liberté, flottant d’un inconscient à l’autre, tâtant de celui d’un doux rêveur, d’un bébé, de celui d’un sceptique disant : moi je ne rêve jamais, sans parler de celui d’un gardien de nuit.
Je ne retrouvais pas ma quiétude habituelle, celle du bon vieux rêve structuré, plein de péripéties, de coups de théâtre, spécialités de ma rêveuse.
Alors je suis retourné là bas, timidement j’ai frappé à la porte. Une voix bougonne m’a jeté:
je suis en plein travail collègue, passe ton chemin, tu vas me la réveiller.
C’est un rêve parti sans ranger sa nuit, ni refaire son lit. Il était tout petit, Remi. Il est parti en catimini. Il s’est enfui. Enfui de ce lit rempli de souvenirs. De sombres souvenirs qui n’étaient pas à lui. Sur la pointe des pieds, il est parti sans un cri. Et pourtant, des larmes coulaient sur l’oreiller. Teddy l’avait-il abandonné ? Trop grand, ils avaient dit. Ils avaient emporté Teddy et l’avait jeté ! Tu es trop grand, il est trop vieux, disaient-ils.
Alors les doux souvenirs de Remi sont partis avec lui. Le petit Remi a fouillé la poubelle, a repris Teddy et ils se sont enfuis à cheval sur leurs rêves.
Oh! J’adore:-)
J’en ai assez de me triturer l’imagination pour lui laisser des messages. Chaque nuit, j’invente des scenarii pour la distraire et lui rappeler ce qu’il est important de prendre en compte dans la vie. Mais elle semble n’en avoir que faire.
Oh ! Je ne me suis pas présenté. Je suis son rêve. Elle, elle est mon sujet-objet de prédilection. Elle a dix-sept ans, est belle mais, elle a tout à apprendre. Actuellement, elle se bloque sur sa silhouette qu’elle trouve trop ceci ou pas assez cela. Elle se gâche la vie avec des bêtises de ce style. Sans doute est-ce normal à son âge mais je suis là pour lui ouvrir les yeux, la faire grandir.
Alors, la nuit, je tente de lui faire vivre des rêves qui l’instruisent sur les valeurs universelles : le Beau, le Bon, le Fort, le Positif et en comparaison, leurs contraires.
J’aimerais tellement qu’elle garde en souvenir ce que je m’efforce de lui montrer et démontrer. Malheureusement, chaque matin, elle se lève rapidement, lisse la couette sur son lit et range sa nuit en quittant la chambre.
C’est extrêmement démotivant pour moi. J’ai la sensation de ne servir à rien.
Et si c’était moi qui partais sans ranger sa nuit ! Peut-être aurais-je plus d’impact.
Sachant qu’elle ne connait pas encore l’amour physique, je lui ai concocté une séance de désir onirique aux petits oignons, avec la perspective de la laisser ensuite en carafe, persuadé qu’elle se souviendra enfin, de ce rêve. C’est une sorte de test pour m’assurer qu’elle a la capacité de garder en mémoire les images et messages que je lui soumets.
Et bien, c’est un triomphe. Elle a vécu le premier orgasme « imaginaire » de sa vie et en a été si chamboulée, qu’elle n’a souhaité ni ranger sa nuit ni refaire son lit pendant plusieurs jours, espérant revivre ce rêve magnifique.
Du coup, je ne me suis pas éclipsé. Je sais maintenant qu’elle est capable de se souvenir des rêves que je lui concocte et, si je puis me l’attribuer, je connais ma capacité à faire ressentir toute la puissance du désir, dans la noirceur de la nuit…
C’est un rêve que je ne soupçonnais pas me faire faux bond avant le lever du grand jour. Plutôt faux rebonds, pour être exact. Il jouait avec entrain dans sa nuit, jubilant à chaque action de ses Playmobil qu’il rendait victorieux au fil des batailles, plaquant chaque adversaire à tour de bras. Le premier combat contre les guerriers noirs l’a rendu tellement lumineux que je l’ai suivi les yeux fermés dans sa nuit éblouissante.
Erreur ! Ne jamais fermer les yeux quand on marche au milieu des Playmobil.
Je ne sais pas sur lequel mon pied s’est empalé, mais j’ai hurlé de douleur quand le pauvre Playmobil s’est cassé le bout du nez. Il était un petit homme, pirouette, cacahuète. Il était un petit homme qui avait un drôle de rêve. Un drôle de rêve en carton, comme le masque qu’il devra porter pour finir en cauchemar, vous connaissez l’histoire, autant que la chanson.
Son rêve est devenu cauchemar, donc, pirouette, cacahuète, et sa nuit un vrai foutoir. Tout ça pour un faux rebond, d’un ballon à réaction revenu dans les bras d’une gazelle sud-africaine qui s’est envolée avec, le ballon, le rêve et le titre, au lever du grand jour.
Alors je refais le lit de son histoire, un an après, le cœur gros. Je range sa nuit, en attendant qu’il revienne, parce qu’il reviendra, comme à chaque fois. Et je le serrerai alors dans mes bras, comme à chaque fois.
Parce que personne ne peut vivre sans ses rêves. Tous ses rêves.
Bravo Antonio !
Oh! merci Camomille. La venue des guerriers noirs ce soir a ravivé ce rêve (en)volé 🙂 Bonne soirée !
Très émouvant! 👏
C’est l’histoire d’un rêve parti
Sans ranger sa nuit
Ni refaire son lit
Sapristi !
Où donc a-t-il atterri
Sur quelle galaxie
De quoi a-t-il eu peur ou de qui
Pour se sauver ainsi
Sans laisser ni trace ni indice
Avait-il des complices
Allô la police
Etait-ce prémédité ou un caprice
En avait-il assez
D’être confiné dans un seul cerveau
Pas rigolo !
Assez de tourner en rond
Sous le même édredon
Il avait le bourdon
Des idées noires
Le cafard
Il en avait marre
Et rêvait, lui aussi, d’évasion
Alors quand un fringant cauchemar
A fait irruption
De dessous le traversin
Un doux frisson lui parcourut les reins
Et c’est donc, main dans la main
Qu’ils filèrent un certain matin
Vers leur …fabuleux destin ?
C’est un rêve parti sans ranger sa nuit ni refaire son lit, du moins c’est l’impression qu’il m’a laissée… Cette nuit, j’ai été réveillé par la sonnerie de mon téléphone portable. Comme tous les soirs, je l’avais déposé sur ma table de nuit, car il me sert de réveille-matin. J’étais certain, parce que je le fais tous les jours, de l’avoir mis sur silence… mais curieusement, le signal se faisait insistant… je m’en saisis pour vérifier qui pouvait bien m’appeler en pleine nuit. L’écran lumineux indiquait « appel inconnu »… j’acceptais tout de même la communication, et, quelle ne fut pas ma surprise d’entendre une voix qui me dit :
« Je suis ton rêve ! »…
J’étais debout au milieu de la chambre. Mon regard se posa sur le lit et qu’elle ne fut pas mon étonnement de me découvrir endormi. Ma poitrine se soulevant au rythme calme de ma respiration… puis… plus rien…
Cette nuit, je suis de nouveau réveillé, mais cette fois-ci, par la sonnerie de mon téléphone fixe… je tends le bras pour saisir le combiné et je constate que l’écran lumineux signale « appel inconnu ». J’accepte tout de même la communication, et, quelle ne fut pas ma surprise d’entendre la même voix qui me dit :
« Je suis ton rêve ! »…
Là aussi, j’étais debout au milieu de la chambre. Mon regard se pose une nouvelle fois sur le lit et qu’elle n’est pas ma stupéfaction de me découvrir endormi. Ma poitrine se soulève au rythme calme de ma respiration… puis de nouveau… c’est un trou noir…
Cette nuit, je suis maintenant réveillé par la sonnerie de la porte d’entrée… j’hésite à me lever, mais le carillon se fait insistant… je me décide enfin d’aller ouvrir la porte… il n’y a personne… Dans un ciel couleur bleu nuit, le disque blafard de la lune diffuse une douce lumière sur la végétation du jardin. De nouveau, j’entends la voix qui me dit :
« Je suis ton rêve ! Viens suis moi. »…
Elle provient de la rue à l’extérieur de ma propriété. J’avance pieds nus, marchant sur le gravier dont je ne sens pas la morsure. À mon grand étonnement, le portail est ouvert… je suis certain, parce que je le fais tous les jours, de l’avoir fermé à clé. La voix m’invite à la suivre en direction de la dernière maison au bout de l’allée… la porte d’entrée est entrebâillée… la voix me parvient du couloir, elle est derrière une porte que je pousse…
Là, je suis debout au milieu de ma chambre. Mon regard se pose une fois encore sur le lit et c’est sans surprise que je m’y découvre endormi. Ma poitrine se soulève au rythme calme de ma respiration… puis, je me sens emporté par une spirale, elle m’entraîne le long d’un boyau interminable qui me rapproche d’une douce mélodie. Parvenant à ouvrir les yeux, émergeant avec difficulté de ma profonde léthargie, je prends conscience que la musique provient de mon téléphone portable. Je le prends avec mollesse, l’écran affiche 7 h 30… j’arrête la sonnerie du réveille-matin… et avec soulagement je me dis que tout compte fait… Ce n’était qu’un mauvais rêve, parti sans ranger sa nuit ni refaire son lit…
RANGER LA NUIT
C’est un rêve parti sans ranger ni refaire son lit… Je crois que j’ai entendu un bruit sous le lit. Un lit normal, normand. Comme une armoire, bien campé sur ses quatre pattes. Un braque à levé un lièvre, la chasse était ouverte, excitation et prudence. La bonne fait la chambre. Elle commence par le haut, elle aime ça, bouger sa tête de loup, elle chantonne une incantation aux araignées, un hymne à la poussière. Mais ne va guère dessous. Une expérience malheureuse : elle a glissé sur un patin à roulettes. Rouler un patin, toutefois… J’étais encore tout ébouriffé de mes rêves. Ils se suivent sans se ressembler tout à fait, un drôle d’échevau. Je ne me relève plus pour les noter. Pourtant je crois qu’ils vont m’aider, le quotidien est si banal… Quant à ranger la nuit,… Un glissement progressif du plaisir, on ouvre la fenêtre, pfttt il est parti…🐻
Tout d’abord Bonjour à tous les écrivants de l’atelier et ravie de retrouver Pascal et ses idées lumineuses, corsées pour stimuler notre écriture.
─ Accusée levez-vous. Vous êtes en mon tribunal pour offense à un représentant des forces de l’ordre, lors d’un contrôle d’identité. Je cite :
« Car je suis sûre, sûre
Qu’on nous prend pour des cons
Mais j’en suis certaine
Quelque chose ne tourne pas rond
Car je suis sûre, sûre
Qu’on nous prend pour des cons
Mais j’en suis certaine ».
La Cour est toute ouïe d’entendre ce que vous avez à dire pour votre défense, puisque vous avez décliné votre droit de vous faire accompagner par un avocat.
─ Au pays « pas vu pas pris »
Y’a qu’ des voleurs en sursis
Des maquillages des bourdes gouvernementales,
Et même qui falsifient l’histoire.
Au pays des » c’est dangereux »
Des loosers pas très sûr d’eux,
Qui nous abreuvent de théories « abracadantesques ».
Au pays du « combien ça coûte »
Superviseurs de banqueroute,
Qui osent calmer le peuple à coups de pognon, sorti du chapeau.
Au pays des « je m’en fous »
Individualistes qui se fichent de tout.
Au pays des » je te promets »
Des pas fiables et des navets.
Au pays des « y’a qu’à faire »
Fainéants qui se donnent des airs d’Avengers.
Au pays « moi je nous on »
Y’a que des nombrils à la con.
Je vous l’dis nous sommes dans la zone rouge,
Le système nous assomme, plus rien ne bouge !
─ Votre diatribe s’apparente à l’action de mâcher un chewing-gum qui n’a plus de jus dedans. Avez-vous d’autres arguments plus…concrets ?
─ Pour sûr, votre honneur. Y’a ceux qui se gargarisent de l’urgence d’agir pour le climat, en brûlant des milliers de litres de kérosène pour se rendre à Dubaï, puis qui augmentent sans vergogne le réchauffement climatique et affichent une mine désolée lorsque :
Sur des rivages effondrés,
L’océan déferle ses marées.
Les rivières sous les orages
Saccagent tout sur leur passage.
Le soleil brûle les froides vallées
Faisant s’écrouler les glaciers.
La terre meurt en chancelant
Sous des cyclones délirants.
Vêtue des haillons du passé,
Notre humanité s’est disloquée,
Sous les décombres d’un présent
Truffé de violence et de sang.
Grand silence dans la salle d’audience. Soudain une sonnerie retentit très loin comme dans une brume de mer ( oui je suis en Bretagne). Ça retentit encore, de plus en plus fort. D’un bond j’ouvre les yeux, Je suis en retard. Pas l’temps de ranger ce rêve sous l’oreiller ni de faire mon lit. Je dévale l’escalier, et arrive au bureau, essoufflée. Tous me regardent et pouffent de rire. J’avais gardé mon pyjama aux motifs de père Noël.
C’était un rêve parti sans ranger sa nuit. Il n’avait pas refait mon lit et quitté mon esprit. Plutôt que de s’en aller faire un tour, il débordait sur le jour qui ouvrait mes paupières. Je me revoyais encore en train de lui faire l’amour. La jouissance avait frappé à la porte de mon éveil. La petite mort m’avait ramené à la vie. Je n’avais pas d’avis ; rien que l’odeur de sa peau encore sur moi et ses boucles blondes effleurant mon épaule. Son regard impérial et profond était posé sur moi, même lorsque je bougeais la tête. Mon corps lui aussi se souvenait de ce rêve. Une excroissance au niveau de mon bassin me le signifiait expressément. Alors, plutôt que de me lever pour petit-déjeuner, je refermais les yeux, histoire de retrouver ce rêve délicieux et sensuel. Paupière clause, des images apparurent. Elle était là, nue et souriante, prête à poursuivre nos ébats, eux qui ne requéraient aucun débat. Pour ça, nous nous comprenions à merveilles. Nos veilles se coloraient de Vermeille et parfois d’Or lorsque nous étions en forme. Nos corps devenaient difformes à force de se contorsionner en tout sens, oubliant le nord et le sud à la recherche du point G. Le plaisir des sens nous procurait suffisamment d’essence sans que nous ayons besoin de faire le plein. Nous étions avides de sensations nouvelles, de se découvrir à nouveau même en prenant des sens interdits. Nous venions à bout de tous les tabous. A bout de force et d’imagination, ma rêverie nous accorda un peu de repos. Les mots tendres se firent câlins plutôt qu’à l’autre. Nous ne formions qu’un, alchimie des corps qui se reconnaissent comme le Yin du Yang. L’image d’une rupture orageuse me réveilla complètement. Je quittais les bras de ma rêverie sans plus d’attachement pour me lever et oublier celle que j’avais aimé dans les vapeurs olfactives d’un thé Earl-Grey.
UNE NUIT AGITÉE
Toute la nuit il avait rêvé ce concours de cuisine qui lui ouvrirait les portes des restaurants les plus côtés.
Prendre les bons ustensiles, déjà-là, il s’était endormi aux bruits des casseroles… Des gamelles et des bidons… Y a pas de jambes de bois… La cuillère en bois… La touillette de mamie… Où est-elle ? Son cœur l’appelle… Toujours avec du lait tiède tu dois pouvoir y mettre le doigt… Non mais dites donc… On s’égare !
Et toute la nuit il a cuisiné… vaticiné surtout… chanté aussi …. C’était un rêve criard… Oui chef… Merci chef…
Le rêve a laissé tout cul par dessus tête, mais dans la sienne tout est en ordre.
Il n’a pas eu besoin de réveil une petite voix douce lui a susuré… C’est le grand jour… le tien… tu vas réussir…
Il partit serein.
Les rêves sont les murmures de l’âme dit-on. 🐀