643e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Il était une fois, une liste de courses qui avait un ticket avec un trou de mémoire.
Identifiez-vous à elle ou à lui et racontez.
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Il était une fois, une liste de courses qui avait un ticket avec un trou de mémoire.
Identifiez-vous à elle ou à lui et racontez.
Trou de mémoire s’était perdu. Il marchait droit devant lui sans savoir où il allait.
Le pauvre, ayant reçu un coup sur la tête par un petit marteau tombé du sixième étage d’un haut immeuble, il avait une grosse bosse sur cette tête qu’il n’arrêtait pas de toucher et qu’il sentait assez arrondie.
Pas le temps de boire une bière fraîche se dit-il.
Avant que la nuit tombe il faut que je retrouve mon chemin pour rentrer à la maison. Sinon ma copine elle va s’inquiéter.
Depuis quelques minutes, la pluie frappait fort les trottoirs de la ville. Trou de mémoire, sans parapluie, presque sans mémoire, n’avançait pas vite.
Son crâne battait comme un tambour de garde champêtre annonçant la Révolution Française dans un village éloigné de Paris.
Ah c’était lui le fautif. Ce sale marteau qu’il s’était empressé de jeter dans un caniveau. Ça lui apprendra à tomber soudainement du ciel sur des honnêtes gens.
Peu de collègues de travail le savaient. Trou de mémoire était mélomane. Il écoutait la musique de la plupart des grands musiciens.
Marchant toujours sous la pluie à la recherche de la rue de son domicile, quelque chose l’intrigua.
Une personne pas loin jouait du piano. Aussi bien qu’un virtuose. Oui de la musique de Franz Listz. Ce satané Liszt, ah que je l’adore celui-là.
Alors quelque chose de magique s’opéra en lui.
Le fait de penser à la musique de Liszt, cela le mit « en relation » avec liste …
Yes yes of course s’écria-t-il.
Que m’arrive-t-il en levant la tête et regardant le nom d’une rue.
Je suis à trois kilomètres de chez moi. C’est fou je me suis égaré dans cette grande ville de Los Angeles.
Ma copine à cette heure-ci elle doit se faire du souci. Elle va peut-être croire que je suis avec ma maîtresse du vendredi.
Vite au pas de course, rentrons dans nos pénates.
Retrouver ma petite … Mince je ne me souviens plus de son prénom …
Oh la la, dur dur.
Hi hi j’ai réussi, voilà que j’arrive chez moi.
Un immeuble de plusieurs étages.
J’angoisse, j’angoisse …
Ne pensant plus à son prénom je crains aussi de me tromper de porte …
Yes yes of course, c’est cette porte.
Je regarde à travers le trou de la serrure. Mince je ne vois rien.
J’essaie la clé. Une fois, deux, trois fois. Ça ne s’ouvre pas.
Ah ah quelle misère cette mémoire qui défaille … yes yes of course … shopping list.
Elle s’était amourachée de lui sans même s’en rendre compte.
Elle était habituée à trainer collée sur le frigo entre les codes barres des promotions, recluse au fond des poches de jean menacée par le zèle du lave-linge, abandonnée au fond du cabas ou du sac à main. Quelle ingratitude !
Pourtant, elle était fidèle, scrupuleuse, rassembleuse. La liste de produits qu’elle affichait évitait les ruptures de stock dans les placards ou le gâteau en plan, faute de la levure indispensable alors que le four était déjà chaud.
Déçue, elle a commencé à se faire facétieuse. Introuvable au moment de partir au supermarché. Perdue dans les méandres des allées. Illisible après avoir recueilli quelques gouttes de pluie.
C’est alors qu’elle l’a rencontré. D’abord au loin, faisant mine de l’ignorer. Puis elle s’est enhardie et a répondu à ses avances. Aujourd’hui, on peut dire qu’elle a un ticket avec le trou de mémoire. Ils sont devenus inséparables.
Depuis, Adeline, désemparée, a cherché la parade. Elle a enregistré sa liste dans son téléphone. Imparable ! Mais c’était sans compter sur la puissance de ce couple fusionnel. Maintenant, c’est le téléphone qu’elle oublie…
Il était une fois, une liste de courses qui avait un ticket avec un trou de mémoire.
Identifiez-vous à elle ou à lui et racontez.
Ma chère Aloïsse,
Comment vas-tu depuis la dernière fois ? Bien j’espère.
Oh la la, il faut que je te raconte.
La semaine dernière, j’ai rencontré mon âme sœur. Enfin, je crois. Oui, je sais, je te dis cela à chaque rencontre. Mais là, franchement, je le sens super bien.
Bon je te raconte : je faisais les courses, et tout d’un coup, hop, il me tombe dessus, complètement par hasard. Un magnifique trou de mémoire ! Si si, je te jure.
Je cherchais, j’ai oublié quoi, et je l’ai carrément senti avant de prendre conscience qu’il était là. Je le trouve si mignon, il me fait craquer !
C’est quoi son petit nom, déjà ? Oh my god ! J’ai oublié !
Mais pourquoi me plaît-il tant ?
On est si différents.
Pas tant que ça finalement…
J’ai tellement l’impression que nous nous complétons. Il est toujours là, dans mes pensées, à deux pas. Je rêve de lui, je me languis de lui, je me vois avec lui.
Quand je songe à lui, j’oublie tout. Je ne sais même plus comment je m’appelle. Autant te dire que je suis complètement à côté de la plaque. Tu sais quoi ? Avec lui dans ma vie, je suis comme neuve et donc prête à tout. Ah ! Découvrir le monde avec lui. Sans a priori, sans savoir, sans anticiper…
Prochaine étape : je retourne au supermarché demain et, oui, j’ose, je lui adresse la parole…
Il était une fois, une liste de course qui avait un ticket avec un trou de mémoire.
Sur la liste, il était précisé que les steaks étaient à griller. Tiens ! Je ne l’aurais pas cru. Une prévention en cas de perte de mémoire. Ce magasin pensait pour moi.
Pour commencer, le café venait d’Amérique, je supposais que c’était du Sud. Au nord, malgré les chorons, vu le climat, le café était sûrement plus rare donc plus cher. En plein boum ! Le magasin préservait mon porte-monnaie. J’étais perdu dans mes pensées. Ca tournait très vite.
Je consultai rapidement ma liste une dernière fois pour exercer ma mémoire. Faudra que je pense aux petits pois.
Heureusement le beurre était baratté pas le Président. Il avait même pris la peine d’envoyer ma liste par internet. J’étais donc éligible à ce magasin. En vieillissant, je montais en grade et mes trous de mémoire étaient comblés. Merci Président.
Très fins les petits pois, une réserve en cas de pénurie de légumes, on ne sais jamais. Ils avaient tout prévu. De mon temps, tout était bio, on n’avait pas besoin de le préciser. Ce jour-là, histoire de me jouer des tours, j’avais oublié ma liste dans un rayon. J’ai fait tout le magasin pour me souvenir de ce que j’avais oublié. Et je suis tombé sur les petits pois. De quoi me mettre en boîte.
En parlant de rasoir, y en a avec trois lames, une qui coupe le poil, la deuxième qui coupe le petit bout qui reste et la troisième qui t’arrache la peau. Les poils s’accumulent entre les lames. Comme ça t’en achète plus. Ceux avec cinq lames, je me demande ce que coupe la cinquième. J’ai pas envie d’essayer. Une seule lame, c’est moins cher, mais bon, il parait qu’il faut faire marcher le commerce.
Je me souvenais quand même de ne pas prendre des trucs avec des E-machin. Y a même des trucs qu’on fabrique avec des farines d’insectes indétectables, soi-disant inoffensives pour l’homme.
Je déambulais avec mon caddie loué pour un euro en plastique remboursable en fin de parcours. A la caisse, ils donnent des tickets gagnants où tu gagnes pas grand chose, des fois, rien. C’est un jeu pour acheter plus. C’est sûrement la musique à tue-tête qui empêche de réfléchir. Cela nuit à la concentration. C’est peut-être pour ça que les gens foncent, pour ne rien oublier.
Au moment de payer, la machine qui remplit les chèques refuse le mien pourtant approvisionné. Ca je m’en souvenais. A la caisse centrale, ils me disent que leur machine était couplée avec leur société d’assurance, que je dois leur écrire pour savoir pourquoi ils ont refusé mon chèque. Ils me répondent un mois plus tard après deux pages d’explication :
» Cependant, nous n’avons pas donné la consigne de refuser le chèque comme moyen de paiement, l’outil de C… n’étant qu’une aide à la décision. De plus, notre client vous a certainement proposer d’opter pour un autre moyen de paiement pour régler vos achats. »
Heureusement, j’avais du liquide sur moi, je m’en suis souvenu à temps, sinon j’aurais dû faire 40km supplémentaires.
Nous devions partir à treize heures, c’est ce qu’elle avait dit ! Treize heures trente, elle commence à s’agiter. Sans aucun égard elle pose son sac sur moi.
– Au secours j’étouffe.
Elle fouille toutes les pièces, regarde sous le lit, sous le canapé…Elle se morigène allègrement :
– Que je suis bête, que je suis bête, et c’est toujours au dernier moment que ça arrive. Ha crotte de bique de crotte de bique, où est cette foutue liste ? Tant pis, faut y aller..
– Je suis là patate ! Soulève ton sac, je n’en peux plus.
Ce qu’elle finit par faire et me découvre avec ravissement.
– Ha mais elle était là ! Où avais je la tête ?
C’est tout le temps comme ça. Je n’exagère pas. Elle m’égare tout le temps, m’oublie partout, me jette sans aucune considération. L’autre jour elle m’a récupérée dans la poubelle. Et comme elle me trouvait chiffonnée, elle m’a repassée. Cent quatre vingt degrés sur la tronche! Toute mon encre a fondu. J’étais noire mais noire noire. Et elle se morfondait
– Ma garantie, ma garantie.
Ben ma grande, ta garantie est partie sous la semelle du fer à repasser.
Je vais lui rendre un service à cette nana que je ne supporte plus. Avec sa mémoire passoire, je vais l’envoyer à l’ehpad, du tout cuit pour elle.
Je suis le poinçonneur des lilas… cette chanson me trotte dans la tête
« Je fais des trous, des petits trous, encore des petits trous
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous »
Ça me donne des idées. Elle a une mémoire passoire. Je vais me déguiser en passoire. Je vais me faire pleine de trous, des trous de seconde classe, des trous de première classe, des petits trous, des petits trous, des petits trous…
Elle va en perdre totalement la boule.
– Hé, je suis là, je suis là. Elle m’a encore oubliée. Pas fiable pour un sou cette nana. Bon elle ne perd rien pour attendre. Nous allons faire un sacré couple, toutes les deux pleine de trous
« Je fais des trous, des petits trous, encore des petits trous
Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous… »
Ya pas idée de lui faire porter un tel trou de mémoire. A cette pauvre petite vieille trottinant sa maigre retraite dans les allées du pouvoir d’achat à reporter, de semaine, en semaine. Sa liste de courses, elle l’a perdu dans l’autobus, la ligne 23, celle qui passe toujours devant son cimetière, là où les vieux lui ont réservé un T1. Elle se dit que finalement, ce sera un bon exercice de devoir se souvenir. En général 10, choses, toujours un peu semblables, la variété, c’est que du théâtre, à la tv.
10kg de patates, c’est la base, 1 botte de poireaux, c’est la règle, 1 cubi de vin rouge et un camembert pas trop fait, sinon, le Marcel, il va encore me faire sa tête de nœud qu’a pas changé de slip. Du café, et de l’Arabica, s’l vous plaît ! Parce bien qu’un peu raciste sur les bords de son milieu, le Marcel, il ne supporte que l’Arabica. Des pâtes, oui, et des « Faut qu’ti pense Annie »….car le Marcel, c’est un fou de pub…et qu’elle, ses vieux l’ont bien appelé Annie, parce que petite, paraît ’il, elle aimait les sucettes….même que ça faisait bien rigoler les oncles lors des repas de communion familiale, les recettes de tarte, les étouffe coco, la violence des communs.
Ah oui, des bananes, les seuls fruits exotiques cultivés en France. Et que coupés en rondelles, revenus dans une portion de Président récupérée à la cantine, flambés au rhum brun, ça lui fait son caviar de croisière. Que manque-t-il encore ? Ah tiens, une promo sur les carottes d’un producteur du coin, des carottes grises encore, grâce à la terre du producteur pas calibrée, question présentation. C’est parti pour les carottes. « Hein t’aimes çà, ma lapine ? ». Ta gueule, elle pense très fort Annie, en cherchant à combler son trou de mémoire.
Eh merde, ça va encore m’échapper. Ma pov, tête !
Alors, Annie, elle pense « tant pis » et se dirige vers la caisse ouverte. Elle y reconnait Yvette, la petite garce des boulangers, avec ses ongles rouge, ses lèvres rouge, ses cheveux rouge, tout ce vernis de futures écailles. Elle sort sa ferraille, se débarrasse des toutes les pièces jaune, celles qui pèsent tant dans ses doigts d’arthrose et si peu sur son estomac. Elle sort du Superacket, comme chante son petit fils et se dirige vers l’arrêt de bus.
L’attente a toujours du temps à perdre. Elle s’assoit au dernier rang, au milieu, comme çà, elle a plus de place pour étaler ses jambes. L’autobus traverse la triste ville. Parce qu’il pleut, encore et que les lampadaires ont bien du mal à égoutter leurs premières lumières du soir.
Dans son impasse, pas un chat. Elle habite au 13, parce que, la poisse, hein, faut pas en abuser.
Annie tourne la clef dans la serrure. Ça grince, comme d’habitude. Elle va dans la cuisine poser son filet à provisions. Le filet lui a encore évité de chuter et elle a fait pendant une heure provision de courage. Elle se dirige vers la salle à manger.
Marcel y est vautré sur le canapé, à regarder une connerie à la TV. 3 canettes vides sont alignées devant lui. Ses pieds ont bousculé le cendrier plein de mégots de Boyards. Ça fera un nouveau trou dans le tapis.
Annie regarde tout cela, de son œil fatigué. En un éclair le trou se rebouche. C’est violent, cette évidence de retrouver comme un coup poing dans sa gueule le trou béant, toujours présent, vicieux, avec sa petite vase de marée lui camouflant le crabe de l’évidence, planquée, sinistre.
Annie s’assoit sur une chaise et pleure.
Elle ne comprend pas pourquoi elle a encore oublié la mort aux rats
Longue liste de courses, dans ma robe blanche rayée d’écritures bleues, je me tenais dans la main de monsieur trou de mémoire, le plus jeune de la fratrie. J’avais aussi des soeurs de passage qui disparaissaient chaque semaine après utilisation. Moi, j’étais toujours là, comme liste de base nécessaire pour créer les autres, dès besoin.
J’adorais être dans la main d’Arthur trou de mémoire qui passait délicatement son doigt sous chaque article comme une caresse. Il recopiait ceux dont il avait besoin pour pouvoir remplir son frigo et remettait ma robe dans ses plis d’origines, en me repliant avec tant de précaution comme s’il ne voulait pas que je m’abîme, que je vieillisse.
Je me regardais, reflétée dans ses lunettes comme une amoureuse rassurée par les attentions de son cruch. Il restait pensif en me conservant au creux chaud de sa main, avant de me déposer dans la petite boite ronde en fer jaune. J’avais remplacé ses cachous au réglisse qu’il avait ingurgités.
Pendant quelques jours, Je vais rêver de mon Arthur en attendant qu’il revienne me chercher avec ses gestes tendres qui me manquent déjà, tout en espérant du fond de ma boite que son nom de famille ne devienne pas réalité.
Il était une fois
Une liste de courses
Rencontrée il y a quelques mois
Aux alentours d’une foire
Le vent l’avait sûrement transportée
Pour atterrir à mes pieds
Et me raconter sa drôle d’histoire
Une histoire d’amour unique
Et si fantastique
Avec …un trou de mémoire !
Difficile à croire
Tant ces deux-là étaient incompatibles
Entre eux rien de possible
Ni de plausible
Qui donc allait les croire ?
Quand l’une était dressée
L’autre montrait le bout du nez
Patatras !
Il fallait tout recommencer
Mais rien ne pouvait les séparer
Unis pour la vie
C’est comme j’vous l’dis
La liste ne pouvait vivre sans lui
Vive les oublis !
Elle adorait sa fantaisie
Ça lui mettait du sel dans son quotidien
Et ce n’était pas rien
Tiens, le sel, j’allais l’oublier
Après tout tant pis
Disait-elle
C’est aussi bien pour ma santé
Et c’est ainsi
Qu’elle se sentait légère, légère
Comme une plume
Qui aurait caressé le bout de mes pieds.
Un jour, je me suis dit que peut-être… si j’osais y croire… qu’il était amoureux !
Ça faisait un moment qu’il me tournait autour. Je le laissais venir, craignant de me tromper, pensant qu’il faisait ça pour rigoler.
Quand, brusquement, il se prenait la tête dans les mains et commençait à s’agiter., moi j’attendais la suite, tout émoustillée de tant de sollicitude. C’était comique de le voir arpenter le salon en râlant. Où est-ce que tu te caches, vilaine ?! J’étais sûr de t’avoir laissée là hier soir ! Si je t’attrape…
Une sorte de rituel, rapidement devenu une habitude. Qui pouvait durer un bon moment tandis que je le guettais, fébrilement, planquée sous la pile de vieux journaux.
Il faisait voler les coussins du canapé, soulevait le tapis et inspectait minutieusement la poubelle. Et lorsqu’enfin il me retrouvait, il souriait aux anges. Dieu qu’il était beau quand il se jetait sur moi comme un affamé et me biffait rageusement ! J’aimais cette griffe, ce paraphe vengeur qui, d’un coup de crayon, rajoutait l’élément manquant à ses courses. Puis soudain, épuisé de ce jeu de cache-cache, il soupirait et s’empressait de me camoufler dans la poche intérieure de sa veste, près de son cœur. Où j’aurais voulu rester pour la vie.
Mais sa tête a lâché un beau jour et mon amour a fini par oublier jusqu’à mon existence. Il ne me cherche plus désormais mais je reste là, à le regarder s’endormir doucement, le crayon à la main, ne sachant plus ce qu’il voulait en faire. J’essaie de ne pas être trop triste et je me rappelle de ce temps-là où nous étions si proches, tellement complices.
-Tu sais que j’ai un ticket avec elle?
-Non!!!!! C’est vrai?
-oui , incroyable! Malgré mes trous de mémoire, je la décode !
-ah oui? Comment fait-elle?
-elle me donne des indices….!
-par exemple?
-elle me dit: « Aux bœufs les hors fro »
-ce qui veut dire?
-eau, beurre, lait, oranges, fromage. Ou bien, elle me dit: Soupe!
-Et tu dois penser à quoi?
-Beh à pommes de terre, poireaux , carottes , bien sûr !
-Ah!!! Ok!!! Et encore?
-Elle montre du doigt des gens devant moi!
-Et que dois-tu deviner?
-Œufs ! Bien sûr!
-Ah, ok! Ben dis-donc c’est un super ticket que tu as!!!!
-mais ç’est pas tout!!!!!!
-pour m’impressionner , peut-être , je sais pas, elle me dit: « fricelette »
-Ah….. compliqué…..
-c’est dentifrice et papier toilette ! 😉
-Hé bé, ça c’est un sacré ticket, dis-donc !!!! Ça ressemble à une déclaration !
-ah oui!!!!! si seulement je pouvais ne pas l’oublier d’ici la semaine prochaine…..
Moi le yin, j’avais trouvé mon yang. Nous étions faits l’un pour l’autre. Avant lui je n’étais qu’une « liste de course » qui attendait vainement sur la porte du frigidaire. D’habitude, le maître de maison se souvenait de tout. Alors je restais vierge, feuille immaculée et surtout inutile. Et puis un jour il eut un choc à la tête. Il se rendit compte qu’il avait parfois « un trou de mémoire ». Alors il prit sa plus belle plume pour mettre des mots sur ma page blanche. Je devenais fruits ou légumes, viande ou poisson, huile ou vinaigre. A l’intérieur du magasin « trou de mémoire » se trouva bientôt comblé grâce à moi. Je le rassurais et le déculpabilisais. J’étais son pansement. Moi je me sentais enfin utile. Je l’admirais pour la profondeur de ses sentiments et il me rendait cette admiration en valorisant l’utilité de ma prose. Sans moi il ne faisait que des bêtises. Sans lui je sentais le vide de mon existence et le froid de mon environnement. Lorsque je le voyais se pointer mon crayon se mettait à rougir. Oui mais voilà, à force de lui redonner confiance en lui, « trou de mémoire » se fit de plus en plus absent. Il avait de moins en moins besoin de mes compétences. Je perdais peu à peu espoir. Et puis un jour « trou de mémoire » assura sa maturité d’esprit. Il se présenta à moi en tant que « pleine conscience ». Désormais « pleine conscience » n’écrivait des mots sur ma feuille que pour le plaisir de faire de bons mots à partir des ingrédients qu’il comptait acheter. Moi ça m’allait très bien. Du moment qu’il me mettait dans sa poche j’étais heureuse. Puis le prétexte des ingrédients disparut. Il écrivit sur ma page que pour le simple plaisir. Désormais je ne le quittais plus. Chaque fois que « pleine conscience » avait un mot qui lui passait par la tête il l’écrivait sur moi. De « liste de course » je devins « journal intime ». Si le jour il me mettait dans sa poche, la nuit je restais à son chevet. Près de lui j’étais heureuse et comblée.
– Patates douces,
– Crème fraîche,
– Yaourts…
– Oh ! Là là ! Mais comment faites-vous pour vous rappeler de tout ça ?
– J’ai une bonne mémoire !
– Vous m’épatez ! Et si je vous dis que moi, par contre je suis un trou de mémoire, vous allez me fuir n’est-ce-pas ?
– Non !
– Ça alors ! Vous n’allez pas me fuir ?
– Non !
– Alors, je vous intéresse un peu ?
– Beaucoup même !
– Mon Dieu, mon Dieu ! Quelle catastrophe !
– Et Pourquoi ?
– Ben dans une minute je vais oublier toutes ces belles choses que vous êtes en train de me dire. C’est mon destin de trou de mémoire de ne jamais me souvenir et je passe ainsi à côté de ma vie.
– Mais non, ne soyez pas triste. Je suis là :
Yaourts,
Crème fraîche
Patates douces
– Oh là là ! Mais comment faites-vous pour vous rappeler de tout ça ?
– J’ai une bonne mémoire !
– Vous m’épatez !….
643/Il était une fois une liste de courses qui avait un ticket avec un trou de mémoire.
Il paraîtrait que c’était un virus qui s’était attaqué uniquement mais à quasiment tous les tickets de caisse.Cela créait des incidents entre vendeurs et acheteurs et au sein des familles aussi. Certains couples envisageaient même de divorcer au motif de fraudes
sur les montants d’achat. Certains parlaient d’épidémies, d’autres de pandémies et allaient jusqu’à en venir aux mains (ils ignoraient que ces deux mots étaient des synonymes).
Ma voisine était affectée par cette mesure gouvernementale car elle était habituée à mettre ces tickets dans un récipient à côté du bac litière de ses chats pour qu’ils s’essuient après avoir fait leurs besoins.
Ils ne s’en servaient pas pour cet usage mais ils jouaient avec .Cela agaçait un peu la femme de ménage car souvent le tuyau de l’aspirateur était bouché.Heureusement cette dernière savait que bientôt il n’y aurait plus de ticket de caisse et elle prenait son mal en patience. Les syndicats avaient trouvé cette mesure efficace et n’avaient pas manifesté pas hormis le Front National qui malgré tout ne signa pas de motion de censure.
Il était une fois, une liste de courses qui avait le ticket avec un trou de mémoire.
Abribus et Amanda expectatifs comparaient chacun leur ticket de caisse. Aux arènes de Fréjus, Abribus misère sur le hongre Assuérus, l’autre soutenait une jument, Colomba. En levée de rideaux, dans la stridence des cistres et le battement des tambours évoluaient les danseurs, des gladiatrices modestes se truicidaient en batailles de roses, se pamaient en succombant avec grâce; indifférents, nos deux comparses consultaient la liste des courses sur la paume de leur main, le ver dans le mémorandum ! De quelle couleur était l’ alezan d’Henri, le gris pommelé du percheron, le roussi de la baie-bête ? La manade écumante n’abritait-elle qu’un étalon noir, ou était-ce un taureau échappé ? Ils en auraient perdu leur latin s’il ne s’étaient souvenus du vase de Soissons, et, du crapahuteur…
🐻 Luron’Ours
Une liste de course avait un ticket avec un trou de mémoire.
C’est lui qui avait commencé le jeu pour que je le remarque, moi qu’il couvait d’un oeil intéressé depuis moult jours.
Au début j’ai fais la fière. Pfut! quel prétentieux ! Mais petit à petit j’ai fini par le voir comme plutôt malicieux et me laissait séduire, moi la sérieuse bien établie, lui le joueur plein de fantaisie.
J’étais le plus souvent notée au dos de tickets de caisse récupérés par ma dresseuse avec d’un côté :
Pain, lessive, fruits yaourts etc…
De l’autre:
Farine 95 centimes
Confiture 3,75 euros
Dentifrice 2,30 euros etc…
Et le trou de mémoire faisait des siennes.
Ah, flûte, disait elle, j’ai encore oublié de noter les cerises en boîte pour le clafoutis, c’est bien la peine que je fasse une liste. Il ne me reste plus qu’à y retourner.
Mon copain et moi pouffions de rire comme des mauvais sujets, ravis à l’idée de nous revoir sans tarder car notre complicité devenait de plus en plus tendre.
Je me laissais allonger sur le papier, me demandant ce qu’il allait bien pouvoir inventer.
Une crainte cependant me taraudait. S’il allait m’oublier, si je tombais dans le trou de sa mémoire qui se serait agrandi ? Que deviendrai-je, une liste complète, banale. Fini les rires, la connivence, les farces.
Assez d’idées noires, pour l’instant nous filions l’accord parfait, plein de surprises offertes par mon chéri si imprévu.
Il était une fois, une liste de courses qui avait un ticket avec un trou de mémoire.
Durant la semaine, son pote Stylo, qui lui tenait compagnie, la remplissait au fur et à mesure que la gestionnaire pensait à elle pour lui rajouter un article. Parfois, elle était si longue qu’elle s’étirait recto verso. En attendant, Liste se réjouissait d’avance de pouvoir prendre l’air, de faire un beau voyage enfouie dans la poche ou le sac à main de l’intendante et, surtout, de faire du lèche-vitrines.
Mais, quelquefois, ce pense-bête était privé de sortie. Pourquoi ? me direz-vous. Eh ben, parce que l’acheteuse l’oubliait sur le comptoir de sa cuisine. D’autres fois, Liste parcourait les allées du magasin, mais à son grand étonnement, l’acquéreuse sautait des lignes et oubliait certains produits en route. L’aide-mémoire regrettait de n’avoir pas la parole pour prévenir cette amnésique en se demandant quelle était son utilité.
La dernière fois que ce phénomène se produisit, la femme s’exclama en déballant ses marchandises :
– Punaise ! J’ai oublié l’essentiel ; j’étais allée faire les courses essentiellement pour prendre de la levure de boulanger pour faire mes bugnes de carnaval. Je me demande à quoi ça sert de faire une liste et où j’ai la tête quand je l’oublie.
Et Liste de penser :
– Quelle tête de linotte ! C’est à croire que j’ai le béguin pour son trou de mémoire. Elle devrait nous marier.
– Dorénavant, pour ne plus rien oublier, je ferai ma liste sur mon téléphone qui me suit partout, se dit la gestionnaire des stocks.
Liste haussa les épaules en se pliant en deux de rire :
– Ah, ah ! Il me reste encore de beaux jours devant moi. Je ne lui donne pas deux semaines avant qu’elle me revienne. Elle ne sait jamais où se cache son portable.
– Dis-moi Trou de Mémoire ; tu pourrais m’aider une nouvelle fois ?
– Bien sûr, Liste de Courses chérie, que puis-je pour toi ?
– Je m’en veux beaucoup ; je sais que j’ai quelque chose à me procurer mais je ne me souviens plus dans quel domaine.
– Pas de panique ; on va trouver. As-tu une idée du rayon concerné : alimentation, droguerie, bricolage, pharmacie… ?
– Non, cela ne me revient pas. Peut-être que c’est quelque chose de pas très volumineux…
– Oui ; une couleur te semble correspondre ? Une forme ? Une matière ? Un parfum ?
– Oooh, je t’en prie, pas si vite, je me sens encore plus embrouillée.
– Tu dirais que cela fait défaut dans la salle de bain ? Dans la cuisine ? Dans la buanderie ? Au garage ?
– Oooh la, la, tu es trop impatient. J’ai le vertige…
– Te souviens-tu où tu étais quand tu as réalisé qu’il manquait ce produit ?
– Non, je ne sais même pas si j’étais à la maison.
– Et si tu relis le début de ta liste, cela ne te rappelle pas quelque chose ? Montre-la moi s’il te plait ?
– Tien regarde.
– 20 Vis pour béton cellulaire T30 ; quinze chevilles de 16×115 pour béton ; un rouleau de scotch double face ; un pot de décapant d’acide oxalique ; une spatule plate ; du papier de verre de 200 ; une boite de gants jetables n°8
– Bien ; cela veut dire que tu vas bricoler ou décorer les murs et que peut-être, tu envisages de décaper du bois ?
– Ah oui, je vois du rose. Oui du rose …
– Tu parles de peinture ou de papier peint ?
– Je ne vois pas où j’envisagerais de mettre ça. Oh, je suis fatiguée de chercher. Je crois que nous allons laisser cela pour le moment. Quand je ne serai plus crispée sur cet oubli cela me reviendra-t-il. Je peux t’offrir un verre ?
– Oui, avec plaisir. Tu as toujours du Giger Beer ?
– Ah, ça y est ! c’est ça que je voulais acheter. Il ne m’en reste plus que deux petites bouteilles. Tu vois, tu me sauves la vie à chaque fois. Merci, Puit de Mémoire. Restes-tu faire une petite dinette avec moi ? Je te propose des roulés au jambon. Ah flute, c’est ça aussi que je voulais mettre sur ma liste, du jambon.
– Sans doute la couleur rose évoquée était-elle celle du jambon.
– Oui, probablement. Bon je vais vérifier si j’ai encore du citron vert pour mettre dans le Ginger Beer…
Et l’ouvre bouteille, où l’ai-je rangé ? je ne le vois pas…
Ah je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu. Bon sang, c’est quoi déjà après les courses alimentaires…Ah je le sais pourtant, chaque semaine c’est la même chose, comment se fait-il que cette semaine je reste en rade comme ça ? On a passé ce qui se rangeait dans la cuisine, ce sont les premières lignes de la liste mais là ? Après ? C’est de pire en pire, dès que je lève les yeux sur elle, mon cœur s’emballe .J’essaie de soutenir ses lignes d’écriture aux courbes impeccables et plus je descends plus je flanche, ma vue se brouille, je n’arrive plus à la lire, je commence à bégayer, je ne sais plus où regarder pour trouver l’information, mes neurones s’emballent et la pauvre liste, elle, attend. Elle attend que je l’aie parcourue, que je n’ai rien oublié de tout ce qu’elle me présentait. Mais c’est trop de pression cet effeuillage hebdomadaire, je n’arrive pas à m’y faire. J’en perds tous mes moyens. Que va-t-il nous arriver ? Va-t-on un jour s’accorder ? Vais-je pouvoir me fondre en elle ? C’est mon désir le plus ardent.
─ Horreur, je manque à tous mes devoirs. Moi, l’indispensable liste de course, la fidèle partenaire de monsieur Paulo, j’ai un trou de mémoire. Il m’a dicté sa liste pour son repas de ce soir et j’ai eu une absence, je me suis laissée distraire par un rayon de soleil filtrant au travers de la couche nuageuse qui sévit depuis six jours. J’ai profité de la lumière (suis un peu pâlotte en ce moment) et j’ai zappé ce qu’il m’a dit entre la poire et le fromage. Comment ai-je pu être aussi étourdie ? Je ne suis pas une bleue pourtant. Je connais les pièges pernicieux qui ne cessent de vouloir me détourner de ma fonction de pense-bête. En plus j’ai entendu qu’il recevait ce soir une gente dame du nom de Mathilde de Bois Fleury. Mais comment faire pour me souvenir ? De la cafetière à la pipe, de monsieur Paulo en passant par son grille-pain et j’en passe tous ces objets me boudent. Ils jalousent des mes sorties quasi quotidiennes dans le monde, et envient ma position lorsque monsieur Paulo me sort de sa poche et me brandit avec fierté dans les rayons.
─ Tic tac, c’est bientôt la fin de ta suprématie, liste de courses et autres listes à faire ou à voir. Tu seras la première à être sacrifiée au profit d’un écran plus efficace que toi, et surtout avec plus de fonction que toi, simple bout de papier.
« Qu’elle m’agace cette rabat-joie de pendule ! »
─ Ne la ramène pas trop Tic-Tac, tu pourrais bien être remplacée comme ton copain le réveil par une pendule digitale.
Tout cela ne m’aide pas, si ce n’est que ça m’empêche de me souvenir. Oh, la, la, un trou dans ma liste, mais ce n’est pas possible. Je vais être la risée du festival des meilleures listes de courses de l’année. Qu’est-ce qu’il peut y avoir entre poire et fromage ?
─ Moi je saiiiis, moi je saiiiiis, chanta le cacatoès de monsieur Paulo.
─ Mais tu parles toi ?
─ Pourrrquoi …quoi…je ne parlerai pas…tu clavarde bien toi…la lissste de coursssses.
─ Oui, peu importe. Dis-moi ce que j’ai loupé sur la liste.
─ Je veeeux biiiien…siii tu ajouuutes meees graiiiines gourmanndes.
─ C’est du chantage, mais je n’ai pas le choix. Alors qu’est-ce que j’ai oublié ?
─ Du deeeentifriiice.
C’est depuis ce jour, que les listes de courses destinées à ne rien oublier et à consommer moins, se voient régulièrement complétées avec du « au cas où » qui finalement remplissent vos chariots ou vous obligent à acheter en caisse un autre sac de courses.
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L’Irlandaise Rhonda O’Baize portait fort à l’aise son nom et son prénom. Parfaite illustration du gras et du mou, célèbre pour son inouïe capacité d’ingurgitation.
La supérette du coin vénérait cette incroyable cliente au point d’avoir créé, quasiment pour elle, mais sans l’avouer ouvertement pour ne pas en décourager d’autres, le rayon bonbons, biscuits, miel et confitures alimenté régulièrement de ses préférences.
La voyant si heureuse et décomplexée, d’autres boulottes avaient bien tenté de l’imiter mais avaient vite dû renoncer devant la vertigineuse ascension de leur taux de diabète.
Rhonda n’avait nul besoin de liste de courses, elle avait tout dans sa grosse tête, son nez, ses oreilles, son palais et ses joues débordant des noms de ses douceurs alignées dans l’ordre des rayons. Elle ouvrait son cabas et faisait tomber dedans à coups de petits gestes délicats les jolis emballages de gâteaux secs, les barres chocolatées et les petits pots de crème de marrons.
Pas une matinée sans qu’elle n’aille faire son plein, si replète, si gaie qu’elle enchantait le magasin de sa bonne humeur (ceci augmentait les ventes chacun comprenant que c’était dans le sucré qu’on trouvait le secret de comment adoucir sa vie.)
Hélas, vint un jour où Rhonda s’arrêta tout net venant à peine de débuter sa collecte. Il lui sembla qu’il manquait quelque chose dans la liste qu’elle connaissait par cœur et qu’elle était capable de débiter de A à Z n’importe quand. Vrai, ça devait être ça : elle s’était levée avec une grosse migraine, de légers vertiges.
Voilà qu’il y avait un trou dans sa tête, un trou de plus en plus grand, de plus en plus noir, de plus en plus profond, dans lequel elle avait la sensation d’être aspirée.
Pas une seconde elle ne réalisa les symptômes de l’AVC qui allait la dévaster, bien au contraire elle souriait, heureuse, enfin ! Quoi de mieux que d’être avalée par un DONUT…
Alice de Courses était une sacrée jolie feuille, format A7, bien roulée, issue d’une famille nombreuse mais modeste, qui vivait dans une petite maison carton-pâte à Bristol. Elle avait des idées plein la tête, il fallait la voir se tortiller du calepin, tout le monde se l’arrachait, pour un besoin volé, un désir refoulé, ou juste pour monter au supermarché du coin, avec Alice dans la poche.
C’est qu’elle en connaissait un crayon en besoins. Elle aimait coucher des mots avec chacun d’eux. Des besoins de passage, comme des plus réguliers, des besoins de première nécessité. Mais elle avait un principe, ne jamais coucher un besoin qu’elle ne pouvait pas se permettre, ce serait se mentir, en passant une fois à la caisse.
Un jour, alors qu’elle se rendait au travail, dans la poche d’un client, elle fut prise d’une émotion nouvelle. Les pensées dans sa tête s’embrouillèrent, avant de complètement disparaître. Elles venaient de s’engouffrer dans un petit trou insignifiant, mais doté d’une force d’attirance extraordinaire. Elle n’avait plus de mot pour décrire ce qu’elle ressentait, elle était devenue blanche comme une page vierge. Son cœur se contorsionnait comme une boule de papier froissé. Elle ne put résister et s’abandonna à lui, nue, sans un mot, laissant se coucher sur elle un désir urgent qui allait combler un trou de mémoire, pour sa première fois.
oh la la j’ai ri mai ri. C’est bien écrit avec des jeux de mots savoureux!! Un ton désinvolte donne toute son épaisseur au propos.
Bravo !
Merci MiJo et Nouchka pour vos encouragements. Bon dimanche !
Il était une fois, une liste de courses qui avait un ticket avec un trou de mémoire.
Avec mon aimant dans le dos
Je stagne toute l’année sur le frigo
Mon aimée me déplace, ou bien me fait glisser
Sur cette surface métallisée
Disciplinée, bien en ligne
Accompagnée de mes copines
On est classées par catégorie
Dans une belle symétrie
Conforme à l’affichage
Dans les rayonnages
Du supermarché voisin
Où se joue mon destin
J’aime bien ma maitresse
Quand elle caresse
De ses doigts agiles
Ma série d’ustensiles
Mais j’ai remarqué
Que certaines journées
Certains déplacements
Ne se font plus comme avant
J’ai retrouvé les clémentines
Le nez dans la farine
Et le camembert
Avec les pommes de terre
Mon aimée a la tête en passoire
Et souffre de trous de mémoire
J’ai peur pour mes copines
Et leur face de vitrine
Modifier leur tête à tête
Ca leur chauffe les étiquettes
Il n’y a plus que Jambon-Beurre
Qui supporte Alzheimer