587e exercice écriture très imaginative créé par Pascal Perrat
Chez TOUKALIN, ® on se frottait les mains. Depuis qu’ils proposaient des meubles et des objets câlins les affaires allaient bon train. Le fauteuil-câlineur faisait un tabac.
À peine assis sur ce siège, il vous prenait dans ses bras et vous consolait de tous vos maux.
Ils n’imaginaient pas les embêtements qui s’ensuivirent.
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Chez TOUKALIN, ® on se frottait les mains. Depuis qu’ils proposaient des meubles et des objets câlins les affaires allaient bon train. Le fauteuil-câlineur faisait un tabac.
À peine assis sur ce siège, il vous prenait dans ses bras et vous consolait de tous vos maux.
Ils n’imaginaient pas les embêtements qui s’ensuivirent.
Les responsables concurents : Cinna,Roche et Bobois, Ikea , etc,étaient verts de jalousie et firent tant de tapage qu’ils réveillèrent l’âme de célèbres défunts. Et c’est ainsi que George
Sand prit un court bain dans la mare au diable, avant de s’affaler sur le fauteuil-câlineur ; Delacroix, qui avait abandonné Madeleine dans le désert, il ya fort longtemps, trouva une place à ses côtés.
A peine arrivé, François ler présenta Leonard de Vinci à Delacroix . Tous avaient l’air ravi de se trouver en si bonne compagnie mais au moment de s’asseoir ils s’aperçurent qu’il n’y avait pas assez de place pour tous
A sa grande surprise François ler fut traité sur le même pied que les autres. Outré il appela ses gardes et, plagiant Philippe VI de Valois cria « qui m’aime me suive » et bientôt il n’y eut plus personne sur le canapé câlin, George Sand étant allée rejoindre Alfred de Musset.
Chez TOUKALIN, ® on se frottait les mains. Depuis qu’ils proposaient des meubles et des objets câlins les affaires allaient bon train. Le fauteuil-câlineur faisait un tabac.
À peine assis sur ce siège, il vous prenait dans ses bras et vous consolait de tous vos maux.
Ils n’imaginaient pas les embêtements qui s’ensuivirent.
Un jour la fille Toukalin se maria avec le jeune Sopalin, un beau garçon qui venait d’une famille assez pauvre.
L’amour des premiers jours ne dura pas et un beau matin le couple se sépara.
Rejeté par la famille Toukalin, l’homme se retrouva à la rue sans un sou.
Ah ah se dit-il : les temps paraissent bien durs pour moi. J’ai toutefois une idée derrière la tête. Je vais montrer à cette méchante famille qui m’a manqué de respect de quel bois je me chauffe.
À force de persévérance et aussi de travail, il réussit à écraser dans l’œuf les Toukalin, qui après beaucoup de malchance perdit sa réputation et fit faillite.
Au contraire, notre encore jeune Sopalin avait pris son envol, de fleurs en fleurs, comme des abeilles qui butinent. Il devint le grand patron du Sopalin que beaucoup d’entre nous connaissent et utilisons quotidiennement.
Un beau jour, étant devenu un homme plus que mature, il vit venir à lui, une jeune femme belle et attirante. On aurait dit que le destin avait rebattu les cartes. Notre Sopalin, adorant toujours les femmes surtout les jeunettes, n’opposa pas de refus à cette jolie dame qui était une Toukalin-e.
Espérons toutefois pour la suite de cette histoire que cette petite n’ait pas eu une idée « malsaine » à l’égard du monsieur et qu’il finisse – cuit aux petits oignons – à l’intérieur d’un gros rouleau de printemps ou peut-être d’un petit rouleau S. de sa production.
(Réjouissez-vous les amis, cela n’arriva pas.
Il fut plus malin qu’elle – lui qui est toujours de ce monde, et qui outre les nanas aime aussi le bon vin et le boursin).
Chez TOUKALIN, les grandes idées vont bon train
Même si Les fauteuils n’offrent pas de gros patins
Piano, ils câlinent ceux qui sont dans le chagrin
Ils bercent dans leurs bras ceux en manque de joie
ils aident les aphones à retrouver leur voix
ainsi que les crédules à découvrir la foi
Les fauteuils TOUKALIN guident vers le chemin
Privant tous les psychologues de leur gagne pain
Ce fut une révolution, un truc malin
Mais un jour tout s’arrêta, pour le business roi
La justice s’en mêla et pondit une loi
Plus les pannes électriques 10 à 20 fois par mois
Clients et droits ne furent plus « côté TOUKALIN »
Qui a dû retrouver autre chose de divin
Bravo, c’est bien sympathique surtout dit à haute voix 🙂
Cela commença de manière bien anodine. Un inventeur propose un nouveau concept: le meuble câlineur. Il crée une société : « Toukalin », pour commercialiser son produit qu’il décline sous différentes formes : le fauteuil câlineur, le canapé câlineur, le lit câlineur et pour aider à supporter les canicules estivales, le transat câlineur et le hamac câlineur. Très rapidement, ces objets vont séduire les consommateurs et « Toukalin » connaîtra un développement exponentiel. Son champ d’action s’étendra à toute l’Europe et bientôt sur les autres continents. Un succès planétaire !
Désormais, se faire cajoler par son fauteuil ou son canapé devint une activité banale, mais indispensable, pour une grande majorité de personnes. Il y eut bien quelques grincheux pour nier les bienfaits de ces pratiques, mais on ne les écoutait guère.
Le temps passa…
Quand des sociologues commencèrent à s’alarmer des changements inquiétants survenus dans la vie quotidienne des gens, on refusa de les entendre ; et rien ne fut tenté pour remédier aux problèmes qui s’accumulaient sournoisement dans la plupart des pays. Et lorsque soudainement,notre président décida d’instituer un état d’urgence absolu, ce fut la sidération ! Dans une allocution télévisée devenue célèbre, il déclara la guerre au confinement volontaire généré par l’utilisation massive des meubles câlineurs. En effet, pourquoi se lever tôt le matin pour aller au travail ,alors que notre lit nous cajole et nous berce ? Pourquoi aller faire du sport ou pratiquer un quelconque loisir, alors que canapés et fauteuils nous câlinent si bien? De même, inutile de sortir le soir, pour aller au restaurant, ou au ciné, ou au théâtre…Du coup, la culture était moribonde, les gymnases et les piscines étaient vides. Et les gens n’allaient plus travailler ! Plus de soignants dans les hôpitaux, plus d’enseignants dans les écoles, plus d’élèves non plus d’ailleurs . Les usines ne fonctionnaient plus, l’économie s’écroulait. Alors le président décréta un déconfinement obligatoire et pour ce faire, il imposa des mesures drastiques : les meubles « Toukalin » devaient être sortis de nos logements et détruits. Les entrepôts de la société furent bombardés. On obligea les gens à sortir de chez eux, à retourner sur leur lieu de travail, à se réunir, à se rencontrer ; pratiquer sports et loisirs était obligatoire. Et interdiction de rentrer chez soi avant une heure avancée de la nuit !
Alors là, on peut dire qu’on en a bavé ! Il y eut force dépressions . Et puis peu à peu, on s’est habitué, mais beaucoup d’entre nous regrettent encore le bon vieux temps des meubles câlineurs…
C’est pas mal vu. Je crois que ces meubles vont être regrettés d’ici peu. En tout cas belle adaptation d’une situation actuelle.
Chez TOUKALIN, on se frottait les mains. Depuis qu’ils proposaient des meubles et des objets câlins les affaires allaient bon train. Le fauteuil-câlineur faisait un tabac.
À peine assis sur ce siège, il vous prenait dans ses bras et vous consolait de tous vos maux.
Ils n’imaginaient pas les embêtements qui s’ensuivirent.
Des villes et des campagnes s’élevaient des mélopées du bonheur, des cris de plaisir, des murmures de contentement, des vagissements de ravissement. Le fauteuil avait un tel succès que les ventes avaient explosé, les usines avaient tourné à plein temps et toute la population en était maintenant nantie .
Mais cela avait entraîné une paralysie totale de la société. Les magasins, les bureaux, les ateliers, les gares, aéroports, les sites touristiques, plus personne n’était à l’œuvre. Chacun se laissait bercer dans son fauteuil qui sur les places, salles des fêtes, tous les lieux publics, qui dans les jardins,terrasses, balcons… Ce n’était plus qu’un immense chœur de béatitude qui se répandait sur l pays. C’était comme une pandémie. C’était surréaliste !
Devant cette situation inédite le Président réunit un Conseil de sécurité pour tenter de remédier à l’apathie du pays. En effet, l’état de l’Etat était devenue catastrophique : la TVA ne rentrait plus dans les caisses, le prélèvement à la source de l’impôt ne servait plus à rien puisqu ‘il n’y avait plus de salaires versés, la bourse avait fait flop. Le pays s’ombrait dans le néant.
Des mesures autoritaires devaient être prises, mais lesquelles ? Le Président, entouré de son Conseil de sécurité, décida, finalement tout seul, d’essayer le fauteuil fauteur. Il s’y trouva si bien que…
« La suite serait délectable
Malheureusement je ne peux
Pas la dire et c’est regrettable
Ça nous aurait fait rire un peu »
J’ai découvert votre texte après avoir posté le mien et j’ai constaté non sans surprise que nous avions eu la même idée. Par contre, les dénouements diffèrent et finalement je préfère le vôtre.
Très jolie chute!
Françoise Rousseaux
Chez TOUKALIN, ® on se frottait les mains. Depuis qu’ils proposaient des meubles et des objets câlins les affaires allaient bon train. Le fauteuil-câlineur faisait un tabac.
À peine assis sur ce siège, il vous prenait dans ses bras et vous consolait de tous vos maux.
Ils n’imaginaient pas les embêtements qui s’ensuivirent. Le succès de ce nouveau concept fut médiatisé. Chaque jour, des dizaines de personnes attendaient devant la porte avant l’ouverture.
Certains achetaient le fauteuil-câlineur, d’autres s’installaient sur place pour se consoler. Les vendeurs ne maîtrisaient plus rien.
Les clients arrivaient en pleurant, repartaient en riant. Le fauteuil consolait. Il vous écoutait, vous enveloppait de ses bras, vous berçait.
C’etait formidable sauf que la demande était plus forte que l’offre. On ne pouvait ni consoler tout le monde ni fournir à tous. A l’extérieur du magasin, une foule gémissante s’agglutinait.
Des petits malins vendaient des mouchoirs.
Cette masse pleureuse était incontrôlable. Chacun voulait s’asseoir sur les fauteuils-Calineurs. Parfois, une bousculade, parfois une engueulade…
Une boutique toute proche eut une idée…
Il vendait des chiens.
Il afficha « le canin-câlin »
Une femme essaya… elle fut conquise. Elle emporta un chiot qui l’a consola de tous ses maux. Puis, un autre tenta cette expérience et un autre.
La foule se divisa ainsi en deux. Un fauteuil-câlineur ou un chiot tout câlin. La paix revint. Plus aucune larme ne coula.
Chez Toukalin on se frottait les mains. Depuis qu’ils proposaient des meubles et des objets câlins, les affaires allaient bon train. Le fauteuil câlineur faisait un tabac. A peine assis sur ce siège, il vous prenait dans ses bras et vous consolait de tous vos maux.
Ils n’imaginaient pas les embêtements qui s’ensuivirent.
Ils commencèrent à recevoir des avis négatifs sur leur site.
– Ce fauteuil offert à ma femme, a tendance à faire durer le plaisir, au détriment des soins du ménage se plaignait Victor S. de Maubeuge
– Ma mamie en est devenue accroc au point d’y passer ses journées, y prendre ses repas pleurait Victoire M. de Caen
– Le médecin me prescrit l’usage de ce siège miracle mais il n’est par pris en charge par la sécurité sociale précisait Monique D. de Canteleu.
Et ainsi de suite.
On se pencha en haut lieu sur la situation, le dossier arriva au service Conception et Nouveauté, chez les jeunes designers de Toukalin. Ils mirent au point de nouveaux objets qui furent testés par un groupe de volontaires .
Un lit à bercement et chantonnement, une chaise capitonnée à siège chauffant, une assiette avec cuillère et bavoir intégrés qui ne suscitèrent qu’un intérêt mitigé.
Puis David arriva un matin avec un objet de forme rectangulaire ,plat,en matière souple, muni d’une ouverture à bouchon à l’une de ses extrémités.
Ceci est une bouillotte expliqua le chercheur à ses collègues perplexes, il suffit de la remplir d’eau chaude et de la placer sur la partie du corps qui vous fait souffrir.
La bouillotte fut adoptée à l’unanimité.
Elle fut mise en première page du catalogue Toukalin comme objet du mois, obtenant un succès immédiat, sans doute grâce à son pris modique et sa facilité d’emploi.
Le fauteuil câlineur devint une promotion et fut accompagné d’une notice explicative très claire sur les risques de des dérives possibles qu’il pouvait provoquer.
Le secteur de l’ameublement connaissait une crise sans précédent, conséquence d’une concurrence accrue où les géants de ce secteur imposaient aux consommateurs des prix fort attractifs . Dure loi du marché !
Lors d’un week-end familial dans sa résidence secondaire, Monsieur MORFLE un directeur de magasin de meubles invita l’un de ses amis Monsieur CALINOUTE, professionnel des thérapies alternatives, à partager un moment de convivialité autour d’un dîner.
Au cours du repas, l’intime remarqua la grande nervosité qui s’était emparée de son ami et il amena très finement la discussion sur les dangers du stress sur la santé et prôna le développement de la pratique de la câlinothérapie. Après des propos hasardeux de Monsieur CALINOUTE sur la nécessité de s’adonner à cet exercice quotidien, Monsieur MORFLE lui posa une kyrielle de questions sur le sujet. Son épouse paraissait beaucoup mieux avertie des nouvelles tendances en matière de bien-être. Mari pressé et indisponible, infidélité à la clé ?
C’est alors qu’après une nuit douce et câline, Monsieur MORFLE eut le génie de créer une nouvelle marque de meubles au concept innovant et aux formes évocatrices.
C’en était fait, la marque « Toukalin » lancée, il convoqua, le lundi matin, son équipe de designers et leur demanda de plancher sur un nouveau mobilier spécial évoquant la magie des sens, placé dans une décoration où les objets inciteraient leurs propriétaires à oublier leur agressivité, à se sentir tout simplement bien, parfois même alanguis et lascifs.
Les planches à dessins se remplissaient de dessins aux formes courbes, sinueuses apprivoisant la féminité. Les créateurs, ravis de se livrer à ce genre d’exercice menaient, entre eux, une compétition sans limite.
De la chaîne de production, émergeaient des loveuses, des canapés moelleux qui ronronnaient de plaisir grâce à un dispositif placé dans les tissus, des rocking-chair aux bras articulés et des objets de décoration aux textures très douces poussaient le chaland à la tactilité. Tandis que les fourrures et les soies flirtaient agréablement dans l’enceinte du magasin. La révolution du câlinou était née.
Très vite, les clients affluèrent, les bénéfices dépassaient toutes les espérances du Directeur mais c’était sans compter sur une visite pour le moins inattendue, celle d’un concurrent puritain qui jouait les trouble-fête.
En effet, ce dernier, Monsieur GELEE avait porté plainte pour incitation à la débauche n’ayant absolument rien compris à la finalité de cette innovation.
🐻KINOSCOPE
Le fauteuil me prit dans ses bras, d’humeur câline, presque il me chantait une berceuse. Douc doux doux doux . Me prendrait-il pour un poussin ?moi, un coq gaulois !
Je me resouvenais de mon histoire, quand la goutte n’était pas un reflux du membre, quand nous trinquions pendant nos 30 glorieuses à des succès immodérés, quand, sous l’influence de câlins tarifés, j’avais signé un contrat âprement discuté. C’était le premier et j’étais le premier impliqué, responsable mais pas coupable.
Éliminez, éliminez ! C’était l’amorce. Je me devais de refiler le bébé… Car moi, les mains sales, j’aime pas. Dans le quartier, ça ne manque pas de loyaux malfrats, toujours prêts à en découdre pour une décharge d’adrénaline. Je proposais le dixième du montant, c’était encore mirifique !
Quant enfin, on appris par les journaux que le tueur de chats avait été arrêté et qu’il n’était qu’un minable nervi commandité par un grossium à la manque, je compris qu’avec ma soulte j’aurais pu éradiquer toute la gente féline de la ville, au bénéfice de sa Majesté Rat Premier. Rétrospectivement, j’en ai des frissons dans le dos. Demandez-lui à mon fauteuil si c’est pas vrai ?
🐻 Claud’Ours
Chez TOUKALIN, ® on se frottait les mains. Depuis qu’ils proposaient des meubles et des objets câlins les affaires allaient bon train. Le fauteuil-câlineur faisait un tabac.
À peine assis sur ce siège, il vous prenait dans ses bras et vous consolait de tous vos maux.
Ils n’imaginaient pas les embêtements qui s’ensuivirent.
Victime de son succès, l’entreprise florissante attisa rapidement la jalousie des concurrents. En effet, les fauteuils calineurs se vendant comme des petits pains, les entreprises rivales essayèrent de produire de vulgaires copies sans originalité. Sans succès. L’entreprise Toukalin réagit rapidement, car elle avait au préalable déposé un brevet pour cette invention. Un procès eut lieu très médiatisé et l’entreprise Toukalin entourée des meilleurs avocats non seulement remporta le procès, mais vendit encore plus de fauteuils.
La deuxième attaque vint cette fois-ci de façon plus inattendue, d’une concurrence moins directe. En effet, depuis la mise sur le marché du fameux fauteuil, les cabinets de psy commençaient étrangement à se vider. Les personnes en manque affectif n’ayant plus besoin de passer sur un divan qui lui ne prodiguait pas de câlin. Les psy s’associerent également aux sites de rencontres et autres entreprises faisant commerce du manque affectif. Certaines associations de parents se joignirent même à eux. Un second procès eut lieu contre l’entreprise Toukalin taxée de concurrence déloyale…
Chez TOUKALIN, ® on se frottait les mains. Depuis qu’ils proposaient des meubles et des objets câlins les affaires allaient bon train. Le fauteuil-câlineur faisait un tabac.
À peine assis sur ce siège, il vous prenait dans ses bras et vous consolait de tous vos maux.
Ils n’imaginaient pas les embêtements qui s’ensuivirent.
Car bien sûr dans un premier temps les clients acquéreurs n’eurent de cesse de vanter ce produit autour d’eux mais bientôt les démonstrations de satisfecit s’évanouirent en même temps que les usagers découvrirent avec effroi que la calinothérapie tant mise en avant par les vendeurs laissait rapidement place à une supercherie de confessionnal forcé qui mit à mal les clients éplorés.
Les premiers abandons entre les bras de ce fauteuil étaient divins. L’impression unique de réconfort étaient réelle et extraordinaire. Malheureusement, au moment où les clients baissaient la garde et comptaient rester profiter pleinement d’une plénitude retrouvée entre ces bras douillets, le fauteuil les interpellait en leur faisant des remarques qui devenaient très vite dérangeantes. Car ce que le constructeur avait omis de dire c’est que le fauteuil jouissait d’un capteur intégré qui lui permettait de lire dans les pensées de ses petits protégés et le moins que l’on puisse dire c’est que celles qui se bousculaient dans la tête des gens relâchés n’étaient pas toujours jolies jolies.
Le fauteuil se muait alors inéluctablement en un maître inquisiteur qui ne desserrait son étreinte qu’à la force d’aveux obtenus sous la contrainte. D’où venait cette tension dans les épaules ? Vous malmenez vos employés ? Pourquoi cette tension dans les omoplates ? Vous harcelez vos clients ? Et ces crampes dans le cou ? Vous médisez sur vos voisins ?
Bien sûr, on peut dire que certains ne l’avaient pas volé mais il semblait aussi que la machine, si telle était sa fonction déguisée, était parfois mal réglée car elle bousculait à tort de pauvres innocents vraiment fourbus par leur labeur et le fruit de leur travail mené honnêtement.
Certains n’hésitèrent pas à en faire part au fabricant qui modifia immédiatement les paramètres du fauteuil réconfortant. D’autres prirent même plaisir à retrouver par la suite ce moment propice à la détente et aux mots chaleureux que le fauteuil dispensait aux plus méritants. Les autres s’en séparaient sans délais où prenaient conscience de leurs travers et excès et tachaient d’y remédier. La sensation de bien-être ressentie lors des câlins prodigués pouvaient largement l’emporter sur le fait de s’en séparer.
Tout le monde avait besoin d’être aimé, victimes et bourreaux. Mais certains apprirent à leur dépens que trouver la récompense de bras réconfortants se méritaient et que cela nécessitait de changer…
J’aime bien l’idée que ces meubles puissent faire prendre conscience à quelques uns de leurs travers ou excès.
Chez Toukalin
Depuis plusieurs décennies, la firme TOUKALIN® développe des matières textiles particulièrement douces et agréables au toucher et on se frotte les mains. Depuis que des meubles et des objets câlins sont proposés, les affaires vont bon train. Le fauteuil-câlineur par exemple, fait un tabac. À peine assis dessus, il vous prend dans ses bras et vous console de tous vos maux.
Le service R&D renouvelé et rajeuni, ces dernières années, travaille sur les matières proches de la peau humaine, souple et tiède pour diversifier leurs gammes de produit. Il cherche également des textures végétales pour les climats chauds où une impression de fraicheur aurait des débouchés certains.
Mais pour le moment, il étudie la satisfaction des clients qui viennent d’acquérir le fauteuil-câlineur dernière génération, en cuir souple, programmable à la température souhaitée et à mémoire de forme.
Les technico-commerciaux n’avaient imaginé les embêtements qui s’ensuivraient.
Après les premières semaines d’une commercialisation très satisfaisante, quelques commentaires arrivent sur le site web de TOUKALIN et exprime un besoin de conseils, puis la surprise quant à l’utilisation de leur achat.
Enfin, des lettres recommandées envoyées à l’attention du Directeur Général, avec copie aux associations de consommateurs, pleuvent au courrier du matin.
Suite aux premiers effets constatés, les clients demandent s’il est possible de limiter la température diffusée par le fauteuil qui, semble-t-il, est bien supérieure à celle programmée.
Arrivent ensuite, des observations sur le revêtement de cuir fin et souple qui se déforme, peut-être en raison de la chaleur, laissant l’assise du fauteuil comme un bord de mer avec de petites vagues et des trous en particulier quand la couleur du cuir clair peut donner l’illusion d’un sable mouillé et luisant.
Enfin, les lettres recommandées évoquent, avec véhémence, les difficultés à s’extirper du fauteuil qui embrasse si bien le corps de l’utilisateur qu’il le retient entre ses bras. Et pour comble de désagrément, la mémoire de forme, dans un même foyer pour des personnes de gabarits très différents, fait que les plus volumineux ne peuvent s’installer dans le fauteuil resté aux dimensions réduites du plus menu des utilisateurs précédents.
Les commerciaux trouvent ce dernier point intéressant. Ils émettent l’hypothèse que les clients achèteront dorénavant plusieurs modèles du fauteuil pour que chacun, en fonction de sa morphologie, puisse l’utiliser sans problème…
Reste quand même que le thermostat et la programmation de la température posent question. Des suppositions sont émises sur le niveau d’hygrométrie de l’utilisateur. En effet, si ce dernier transpire beaucoup ou a des « fuites » sur l’assise du fauteuil, le système ne gère pas ce paramètre.
Il convient de diagnostiquer et de résoudre ce point rapidement avant qu’il n’y ait quelque fait divers à déplorer et à ruiner TOUKALIN. Un technicien imagine des éponges absorbant l’humidité ; un autre cherche un nouveau fournisseur de programmateur de température régulée.
Un troisième, en charge du marketing, réorientent les messages de communication vers de nouvelles populations. En effet, la cible initiale de ce type de produit était les vieux, en mal de tendresse partagée et les jeunes enfants, que leurs parents laissent seuls mais pas tout à fait abandonnés, grâce au fauteuil-câlineur.
TOUKALIN est loin de la rupture de stocks. Les entrepôts ne se vident plus aussi rapidement.
Le Directeur Général et son équipe décident de porter tous les efforts de développement sur les produits destinés aux climats chauds et aux revêtements végétaux que les tendances actuelles, à l’économie raisonnée et aux produits bio, encouragent. Il faut faire vite, la mise sur le marché doit intervenir sous nos climats tempérés en période estivale avant d’être proposé à l’autre bout de la planète là où les saisons sont inversées.
Peu de clients portent plainte contre la compagnie. Cette dernière étouffe les aigreurs et la diffusion d’informations critiques dans les médias par la réitération des messages de clients satisfaits. Les grognons se voient dédommagés par remboursement de leur fauteuil défectueux.
Ainsi, explique le Directeur Général à ses équipes privées cette année d’intéressement aux bénéfices : « Nous avons fait une année blanche mais nous sauvons notre réputation pour l’avenir et les produits que nous allons proposer. Garder le moral; je compte sur votre travail à ce futur. Merci ».
🐀A BOUT D’ARGUMENTS
Le vendeur a reçu ce matin toute une palette de fauteuils tous identiques.
L’affiche haute en couleur incite les passants
Chez TOUKALIN, ® on se frotte les mains.
Voyez nos meubles et nos objets câlins.
Essayez notre dernier né : Le fauteuil-câlinou.
Il vous prendra dans ses bras et vous consolera de tous vos maux.
Tout… Tout est dit et le vendeur se trouve à bout d’arguments !
L’affiche est tentante… Je l’ai acheté.
Ce qu’il ne savait pas le pauvre bougre c’est que ce fauteuil électrique rend addict. Mieux qu’un bonimenteur sait nous endormir, lui dégage une fois installé dans ses bras une odeur douce soporifique. Et au moment où la torpeur et le bien-être nous gagnent le programme ‘remise en forme’ se déclenche. Une série de tap-tape monte des pieds aux hanches et s’accentue sur le bassin. Fourmillements et chatouillis se concentrent sous le fessier. On ressent alors un creux dans le ventre, les cuisses se ressèrent et…
Avant de me pâmer j’ai coupé l’électricité !
Je me le réserve pour plus tard… Beaucoup plus tard…
Lorsque la vie me donnera le temps d’en profiter pleinement.
Mais totalement séduite, quand je passe devant, je le caresse des yeux comme une gourmandise. Je sais qu’il est là et m’attend.
Mesdames, je vous le conseille avec modération cependant… Il ne faut pas abuser des bonnes choses.
🐀 Souris-Verte
Le fauteuil-câlineur avait plusieurs modèles. Le bas-de-gamme se contentait de vous enserrer avec ses accoudoirs amovibles électriques, appliquant une simple et brève pression pour simuler un hug assez grossier. Par contre, le haut de gamme était juste extraordinaire. Son assise profonde vous faisait disparaître sous des muscles de cuir qui vous étreignaient avec une délicatesse et une tendresse extrême. On l’appelait aussi le saule-pleureur, de par son apparence enveloppante et sa capacité à vous faire pleurer et lâcher prise comme jamais.
Ce modèle, très cher, était le plus commandé car conseillé par tous les psychothérapeutes et coaches en bien-être, c’est vous dire si ça faisait du monde. Chez Toukalin, c’était le jackpot, au point que la production avait du mal répondre à la demande.
Jusqu’au jour où le cas de la famille Malaudot vint mettre un terme à la belle affaire.
Sur le modèle haut de gamme, le temps était bloqué à trois minutes. Par sécurité, était-il écrit sur la notice. Non pas que l’on pouvait s’étouffer à l’intérieur, mais par précaution, et selon les normes européennes, était-il juste précisé.
Trop frustrant pour les Malaudot. Heureusement, il y avait Ben, le bricoleur en informatique qui adorait démonter tous les appareils électro-ménagers et les remonter avec une ou deux fonctions supplémentaires pour montrer tout son talent. Quant à modifier le « timer » sur un fauteuil, cela n’était qu’une formalité pour le surdoué de la famille.
« Je mets dix ou quinze minutes, m’man ? »
À cette question, la mère préféra répondre : « ne mets rien, puisqu’i y a un bouton stop. »
Elle fut la première à disparaître.
« M’man ? » Le fauteuil était recroquevillé sur lui-même comme une plante carnivore, la bouche fermée. Les pieds de Madame Malaudot, n’en dépassait plus. Ben appuya sur le bouton « on » pour ouvrir ce monstre en cuir qui avait englouti sa mère. Seulement, elle n’était plus dedans. Pas une trace, pas un cheveu, pas une goutte de sang.
Toute la famille la chercha dans la maison, le jardin et chez les voisins. Rien. Elle avait totalement disparu, comme par enchantement.
« Elle a été dévorée par le fauteuil. » dit le jeune Ben aux gendarmes, puis au commissaire Graumalain. « Votre ado est doué mais ne fera pas carrière dans la police scientifique », dit ce dernier au père Malaudot qui était en garde à vue comme suspect numéro un. « Vous vous entendiez bien avec votre femme ? ».
La garde à vue n’alla pas au bout de ses 72 heures, car une nouvelle frappa à la porte du commissariat durant la deuxième. « Le gamin Malaudot a disparu. Sa sœur affirme qu’il a été mangé par le fauteuil. » Le père fut autorisé à se rendre sur les lieux avec le commissaire.
Même constat, même désolation. Rien, aucune trace, aucune pièce à conviction. Cela commença à contrarier sérieusement le haut fonctionnaire de la police de Douai.
On fit venir des experts, des ingénieurs de chez Toukalin, des scientifiques. Tous étaient formels. La matière ne disparaît pas, elle se transforme, se déplace. Le fauteuil n’y était pour rien. Les victimes avaient forcément été déplacées. On fit alors deux tests avec des gendarmes volontaires, pas rassurés entre ces mains en cuir capables de les étrangler et les faire disparaître. Mais rien ne se produisit, en dehors des étreintes de tendresse desquelles ils sortirent plus noués que jamais.
Le lendemain, le père et la fille disparurent, tour à tour, alors que leur pavillon était surveillé. C’en était trop pour Graumalin, il devait savoir, tester lui-même le fauteuil. Ce qu’il fit avec témoins. Sans résultat.
Il se mit à réfléchir, assis dans ce fauteuil confortable, exténué par le travail, avec trop peu d’heures de sommeil, ces deux derniers jours. Il s’assoupit alors, lâchant complètement prise, avec une sensation extrême de bien-être lorsqu’il actionna la machine à tendresse, s’oubliant totalement, au-delà des trois minutes. Il eut l’impression de quitter son corps, ses douleurs, ses sens. Il ne se sentait plus, ne se voyait plus, n’entendait rien d’autre qu’un silence absolu, tout en pleine conscience. Une sensation incroyable qu’il n’avait plus envie de quitter. La raison voulut actionner le bouton stop qu’il ne sentait plus.
Quand i ouvrit les yeux. Autour de lui, aucun gendarme, aucun bruit. Il se leva du fauteuil et marcha, d’un pas extrêmement léger, touchant à peine le sol, presque en apesanteur. Quand il vit, glissant à quatre pattes au plafond, comme une araignée humaine, le père Malaudot.
« Qu’est-ce que vous foutez là-haut ?
— Je tue le temps. Faut bien nourrir les enfants. Ils jouent dans le jardin. »
J’ai aimé ce début d’enquête avec ce fauteuil « avaleur » des intrépides qui osaient s’abandonner aux câlins qu’il prodiguait. Par contre ne suis pas certaine d’avoir compris la chute, est-ce que madame Malaudot est « dérangée »? Ou est-ce que l’inspecteur perd la boule?
Merci Marie-Josée de vous être arrêtée et d’avoir tenu jusqu’au bout. J’ai bien peur qu’il n’y ait pas grand chose à comprendre de ces personnages faits de matière grise dans un univers où rien n’existe, rien ne meurt et tout se transforme au gré du mouvement d’une inspiration. Bon dimanche 😉
Bonjour je découvre avec plaisir et cette nouvelle proposition très amusante inspirante je trouve….j’ai déjà quelques idées…
Oh Non ! Chez TOUKALIN ils étaient loin de s’imaginer ce qu’il se passait là-haut à cause d’eux.
Je suis journaliste d’investigation chez « MÉDIACIEL », et je vous dévoile tout :
Depuis pas mal de temps, Dieu inquiétait son entourage.
Il donnait des signes de grande fatigue, voire de dépression.
Le monde qu’il avait créé ne l’intéressait plus. Il avait un grand coup de mou.
Dès le matin on lui remettait entre les mains un « rubik’s cube » afin de l’occuper, mais ça ne suffisait pas.
Dieu pleurait.
– Pourquoi pleurez-vous Oh ! Dieu ?
– Je pleure sur moi (répondait-il désespéré)
– Que pourrions-nous faire pour vous Grand Seigneur ?
– Des câlins, j’veux des câlins… (répétait-il en boucle) Personne me fait des câlins à moi…personne… personne… (et il pleurait).
Cependant autour de lui nul n’avait envie de prendre Dieu dans ses bras : ça ne se faisait pas et ça risquait de porter malheur.
Heureusement que saint Christophe, qui voyageait beaucoup et qui avait l’œil partout, était dans les parages.
– J’ai peut-être la solution (proposa-t-il) : il faut faire monter un fauteuil-câlineur de chez TOUKALIN . Ils sont en promo en ce moment et ça risque de bien nous le retaper!
Et c’est comme ça que l’on installa Dieu sur le fauteuil-câlineur de chez TOUKALIN .
Il se laissa faire, désabusé.
On l’attacha par précaution, et on appuya sur « ON ».
Dieu, surpris, se cramponna au fauteuil-câlineur qui se mit en branle :
(et que je te prenne Dieu dans mes bras, et que je te le câline, et que je te le console de tous ses maux inavoués et inavouables.)
Pendant un mois, jour et nuit le fauteuil œuvra.
Et un matin, Dieu décida que la câlinothérapie avait assez duré et qu’il était temps qu’il reprenne la main.
Surpris mais discipliné, son entourage appuya sur « OFF »
Mais là : horreur-malheur le fauteuil ne s’arrêta pas.
Dieu se mit en colère,
On téléphona au service après-vente de TOUKALIN mais la garantie était dépassée.
Dieu, qui avait retrouvé ses facultés se mit à hurler, à jurer, à menacer…
– j’veux plus de câlins… trop c’est trop… j’veux plus de câlins…
Et depuis que la volonté de Dieu est mise à mal, le monde marche sur la tête. Voilà l’histoire !
Mais rassurons nous, il y a bien quelqu’un la-haut qui va avoir l’idée d’enlever les piles non ? Vous ne croyez pas ?
Chez TOUKALIN, ® on se frottait les mains.
Le fauteuil-câlineur faisait un tabac.
À peine assis sur ce siège, il vous prenait dans ses bras
La lampe-cerveau éclairait nos lanternes
La table-rallonge invitait nos amis
L’armoire à glace fournissait les sorbets
Le bonheur du jour conservait nos mots d’amour
Le lit-bateau nous faisait couette-couette
Chez TOUKALIN les affaires allaient bon train.
On n’imaginait pas les embêtements qui suivirent.
Une erreur de commande provoqua l’arrivée
De chiffonniers pas commodes
De poufs en guise de secrétaire
De boudeuses qui font malle
De lit-cage en enfilade
Quand le destin fait traversin
On se rabat sur les strapontins
En proposant des meubles et des objets câlins
En cette période d’abat-jour , les consoles font la richesse du magasin
Chez TOUKALIN, on vous prend en main
Excellent !!! Bravo c’est épatant, je me suis régalée à la lecture de votre texte:)
C’est gentil ça
meric beaucoup
Le premier retour provint d’un acheteur de Provins. Au début il était content. Il avait acheté le fauteuil-câlineur pour sa vieille mère qui vivait seule depuis le décès de son père. Elle en profitait à toute heure pour un moment de douceur, avec un livre au bout de ses lunettes à double foyer ou pour un feuilleton devant la télé. Mais un jour il dut utiliser sa clef pour entrer dans l’appartement de la vieille dame. Elle ne répondait pas au bruit de la sonnette. Il la trouva dans le fauteuil, prisonnière de ses bras chaleureux. Cela faisait deux jours qu’elle ne pouvait pas en sortir. Le fils avait eu très peur. Un autre consommateur renvoya bientôt un autre article à la maison mère. Le gars était furieux. Depuis quelque temps sa femme ne répondait plus à ses sollicitations. Lui qui pensait que pour elle il n’y avait qu’Alain se retrouvait privé de câlins. Il décida de la surveiller par l’intermédiaire d’une caméra indiscrète. Il se rendit compte en passant un doigt zooming sur l’image que sa moitié prenait son pied dans un fauteuil un peu trop massant. Il vibrait aux bons endroits et sa matière se déformait à l’envers, allant droit au but qu’il convoitait lui-même. « Il eut phallus qu’il lise le prospectus », lui reprocha le service après vente car il avait acheté un article de la série « Hot câlin ». Un autre client s’était procuré une hotte pour sa cuisine. Il aspirait au bien-être par des odeurs d’huiles essentielles mais durant une soirée entre amis la hotte diffusa dans la pièce des gaz hallucinogènes et désinhibants à base de LSD et de cocaïne. Les amis se retrouvèrent au petit matin à moitiés nus et plus ou moins enchevêtrés dans une bacchanale orgiaque. Le lendemain, une épouse contacta le service après-vente pour se plaindre que son mari ne décollait plus de son canapé. Lové dans ses bras, il se goinfrait d’encas nappés de Nutella et de beurre de cacahuète, scotché devant la télé, entre deux siestes, durant toute la journée. Il avait ajourné toutes ses affaires du barreau pour visionner tous les épisodes de « Baron noir ». Les plaintes se multiplièrent. Le directeur de l’entreprise familiale dut congédier le concepteur de ces modèles, son fils cadet, un ingénieur compétent, mais qui était un peu trop porté sur le sexe et les plaisirs défendus. Après avoir prodigué ses talents ailleurs. Après s’être assagi sur les talons de grands producteurs, l’enfant redevint prodigue auprès de son père quelques années plus tard. Il aida l’entreprise à se relever en fabriquant du meuble et du matériel spécialisé pour les déficients moteurs.
Ah j’ai adoré, et bien ri. joli le jeu de mot « il eut phallus » fallait y penser 🙂 la chute est moins orgasmique et plus huma,itaire 🙂
En effet si la famille Calinours se réjouissait de cette nouvelle tendance chez les créateurs de mobilier, les familles Bizounours et Regardebreizh avaient la moutarde de Pliz qui leur émulsionnait les nervures de bois. Leurs coussins les plus rembourrés n’inspiraient plus leurs bénéficiaires au point qu’ils ne pouvaient plus résistaient de les embrasser ou de les regarder béatement. Chacun des détenteurs de canapés, chaises, sofa, bibus, bonheur du jour*, chiffonnier, enfilade ou homme debout*, même pour la maie*, tous absolument tous s’étaient rendus compte qu’ils donnaient baisers, battements de cils enamourés et ne recevaient rien mais rien en retour. Ces meubles trop orgueilleux de leur design, de leur style restaient de marbre, froids et sans une once de sympathie pour leurs propriétaires. A présent, un ordre nouveau, celui des câlins, des caresses, des effleurements enjôleurs était en marche. De l’apparence nous étions passés à une affection plus profonde, plus intense dans le taux d’endorphine qu’elle occasionnait.
Chacun des meubles de la société Toukalin, avait eu cette idée de génie de proposer une gamme de produits avec un éventail de câlin pour tous les budgets. Après une longue période où les humains privés de baisers de leurs homologues -puisqu’ils étaient H24 hors de chez eux muselés comme des animaux virussés- n’avaient que leurs meubles à embrasser. Leur muselière ne leur permettant que de jouer de clin d’œil et d’œillades amoureuses avec leurs pairs. Les concepteurs de Toukalin, fins stratèges, avaient compris que le peuple manquait de sensations tactiles.
Toutefois, il n’était pas à portée de toutes les bourses de changer illico presto, sans états d’âme ni souffrance pour son porte-monnaie tout son ameublement. Si bien que le mobilier déchu s’organisa pour tenter de contrer les pertes inestimables, comme les buffets ou vaisseliers en merisier jetés sans vergogne à la déchetterie ou les méridiennes belle époque remisées au fond des caves. Ainsi dès que l’on s’asseyait, se couchait, rangeait vaisselle tous se mutilaient. Ici une étagère qui s’écroulait, transformant les héritages en un champs d’éclats de porcelaine ou de cristal ; là un pétrin* s’éventrait, livrant dentelles et albums photos à tous vents. De plus transpirant pour déclencher chutes ou effondrements des pieds de buffet, chaise ou lit, une humidité gagna les ménagères en argent. Celles-ci virèrent à la rouille sans que l’on puisse trouver à les faire reluire à nouveau, tellement corrodées par les émanations de sueur du bois. Les rembourrages des assises de tabouret, siège, kataklé* s’affaissèrent, se déchirèrent sans que l’on puisse les repriser. Les tapissiers et rempailleurs étaient cois d’incompréhension. Ils virent surtout leur chiffre d’affaires chuter drastiquement. De partout on médisait sur ces objets autrefois rois de toutes les attentions qui à présent n’étaient que source de désagréments. Certains allant même à les abattre en bois de chauffage. Quel sacrilège pour ces objets taillés, affinés dans de nobles bois que de finir ainsi en vulgaire cendres. Bizounours et Regardebreizh cherchèrent un général capable de motiver les troupes oppressées, ralliées par les encaustiques -les meubles Toukalin se régénéraient grâce aux sensations tactiles de leurs propriétaires, surtout celles prodiguaient par les enfants et rajeunissaient même lorsqu’ils étaient au contact des bébés- les tapissiers et empailleurs. A la surprise de tous, une armoire lingère Louis XIII en noyer se dégagea de la masse en colère. Cette femme hors du commun, alliait à la fois les mots doux, les regards incendiaires ou enamourés à vous damner, tout en vous époustouflant de ses courbes parfaites, et surtout de son intelligence fine. Elle ergota des jours entiers avec les représentants des deux camps, et l’on se mit d’accord sur une semaine fériée chaque année avec l’obligation des restaurer trois meubles vintages par famille pendant cette semaine de dilettante. De plus un concours serait lancé pour créer un meuble capable de recueillir toutes les larmes de désarroi, la bave de rancœur et les accès de colère. Ainsi naquit « Le larmoir » et « La Baveffet ».
*bonheur du jour : Le bonheur-du-jour est une petite table à écrire reposant sur un haut piétement et dont l’arrière du plateau possède un grand gradin ou une petite armoire à vantaux. Ce meuble de dame est souvent muni d’une ceinture à tiroir et parfois d’une tablette coulissante.
*la maie : La maie est un très grand coffre, profond, reposant sur des pieds bas. Il s’ouvre par le dessus et possède parfois des tiroirs en partie basse.
*Homme debout : L’homme debout est une étroite armoire toute en hauteur et dont la partie centrale accueille généralement un tiroir.
*un pétrin : Le pétrin est un large coffre disposé sur un haut piétement. Il ferme parfois par un plateau à charnière ou à emboitage.
*un kataklé : Le kataklé est un petit tabouret tripode sur lequel le roi posait ses pieds.
Je me suis beaucoup amusée avec cette consigne de bon matin 🙂