436e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat
Au supermarché du Printemps la famille Merle s’emerle. Le moucheron est manquant et le bourgeon hors de prix. Monsieur aimerait siroter un zeste de rosée à la piafétaria mais Madame n’y tient pas.
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Au super-marché du printemps
La piafétaria! Ah non alors, c’est comme se retrouver au Péruchia on ne s’entend même pas grappillé…Serais tu aussi radin que Cacatoès? Si c’est le cas, je vais rejoindre Corneillo et Corbeauly eux au moins savent s’amuser.
_Quoi! Comment cela! Tout ça parce que j’ai envie de siroter un peu de rosée Madame voudrait passé au plan B…non mais je rêve là. Et nos enfants, tu pense à nos enfants là? Qui va les nourrir, qui va nettoyer le nid? Qui va leur donner leur premier cours de vol? Hein tu veux bien me le dire?
Monsieur derouge-gorge, rouge de son prénom s’avança vers M et Mm Merle d’un pas de conquérant et fier de son insigne. Il leur dit: » M Mm ici nous sommes dans l’allée des bourgeons…il est donc interdit de criailler ainsi…vous les empêchez d’éclore le prix ira en augmentant d’autant est ce que vous désirez?
_Oh ça va ronchonne Mm Merle…M Caca est bien mieux que vous, vous savez ça!
_M Cacatoès est aux rayons fruits exotiques avec Pigeonfroufrou…ils donnent tellement de la voix que j’ai plaisir à frétiller avec eux.
_Ouais mais moi je veux juste deux doigts de rosée sur le lit de fruit des bois c’est tout quoi!
_Hum vous m’plaisez vous deux z’êtes jamais allés chez La Tourn de Relle? Faut y aller j’vous y engage, le grain coûte deux pailles de moins qu’ici puis il coule presque à foison…le pain croustille sur le bec sauf si la vieille Médesange du coin balance de la flotte sur celui-ci.
bref…j’ai goûté là-bas des reste de pâtés, fois gras, pâtes et p de terre, viandes et fruits bon à se les disputés avec les poules du coins et le Sieur coq qui veille sur elles…mais j’vous dis que ça!
Ici dans la zone c’est de plus en plus compliqué et cher. En plus, il faut donner aux autres,partagés le bon comme le mauvais qui disent. Moi je dis que le partage, je veux, mais qu’il faut pas abuser. Les gros y bouffent plus que nous les petits pourtant, on paie pareil non?
_Euh…si, si, mais nous on est les moyens donc on est pas vraiment concernés hein!
_Ben si voyons, un bec c’est un bec, gros ou petits faut bien manger non?
_Oh mais c’est que vous avez raison M Rouge qui, qui vous suis dans vôtre cheminement?
_Ah quelle bonne question il y a les Pince-son, les Moîne-eau, Les Mésse-ange, Les étourn-eaux, ( bien que ceux-là, il vaut peut être mieux ne pas trop compter sur eux)
_Pourquoi donc M Rouge.
_Oh ils ne partagent pas, ils bouffent tout, ils font du dégâts avec ce qui reste…je ne les aime pas trop …si vous voulez le fond de ma pensée, ce sont des pique-assiette des arrivistes…enfin il y a aussi la famille de Verdier. Un conseil gratuit Mm Merle, si vôtre mari veut boire quelque chose de frais et se nourrir, je connais un endroit…attention, je ne le donne pas à tout le monde vous pensez bien, mais vous, je vous aime bien.
_Quelle gentillesse M Degorge.
_Appelez moi Rouge cela ira très bien.
elle minaude puis lui dit: » Merlinette pour vous Rouge.
_Hum, hum! bon voila voila, le petit endroit vous le trouverez à vol de nous vers l’ancien poste d’enfouissement, là, il y a des chevaux et eux, ils sont très partageurs.
Ce qu’ils laissent derrière eux vaut le détour, foin, paille, graines de toutes sortent bien broyées, biens mélangées un plaisir de plus, il y a du beau monde.
_Vraiment Et M Merle…
_Merlot pour vous Rouge.
_Merlot donc trouvera eau clair à volonté ou encore baie bien mûre, bien sucrés, un régal assuré.
_Mais et pour les autres Rouge comment faire?
_Bah vu la saison, ils vont avoir du grains à mordre et à profusion. Ils n’ont qu’à suivre les grosses barges qui roulent. Le grain tombe à qui mieux mieux, en prime, il y a ces petits monstres qu’il faut évités…un suspens de plus, c’est bon pour la digestion.
_Venez-vous avec nous Rouge?
_ Non Merlinette,mon service n’est pas fini, je viendrais ce soir avec Madame puis pour nous ce sera les vacances.
_Ah bon, à cette saison?
_Oui, l’appel de la forêt nous mets le sang en fusion Madame veut construire de nouveau son nid.
_Et vous alors Rouge?
_Moi! Moi je me pare, je me gonfle, je frétille afin que ma belle me remarque, nos petits seront d’une grande beauté, c’est ma passion.
_Hum je vous comprends bien Rouge.
_Puis dans la forêt je retrouve mes frères, nous festoyons à longueur de journée, nos chants emplissent les lieux, les deux pattes sont heureux de nous y revoir, de nous entendre…allez Merlinette je dois vous laisser, on se voit à l’automne on se racontera nos beaux jours loin de la Piafétaria. D’un puissant coup d’aile, les deux Merle s’envolèrent pour goûter aux mets délicats des chevaux, vivre une grande aventure dans un terrain ou il y a tout à apprendre, quel sensation étrange!y.l
sur une idée de Pascal Perrat.
🐀😈 EXCUSES :, le geai bouscuLE ! La »fôte » est indélébile 😈
🐀😈 EXCUSES : le geai bouscuLE. La » fôte » y est, indélébile !!!🐀😈
🐀 Au bistrot du Printemps, les oiseaux pipelets piaf-fent en sirotant leur rouge-gorgé de la fraîcheur du matin. Le geai bouscule. Les mésanges médisent sur les asticots qui tricotent en souterrain ne se laissant pas attraper.
Plus de moucheron à l’horizon ! Sauf un, qui les nargue et.. Trois petits tours et s’en va…
Les pies piaillent qu’elles n’ont rien
à becqueter.
Moralité.. Et c’est pas gai !
Quel bel appât que la pie n’happa pas.
Oups ! Je n’ai pas résisté !
Au supermarché du Printemps la famille Merle s’emerle. Le moucheron est manquant et le bourgeon hors de prix. Monsieur aimerait siroter un zeste de rosée à la piafétaria mais Madame n’y tient pas.
— C’est bien la peine de s’appeler le Printemps pour être si mal achalandé, s’émerlait Monsieur Merle.
— Tu sais bien que la saison n’est guère en avance. Je te dis ça pour les bourgeons, il seront moins chers dans quelques jours, regarde c’est annoncé : « Promotion prochaine sur les bourgeons ! », lui sifflota sa femme.
— Pas de bourgeons, pas de fleurs ! Pas de fleurs, pas de fruits ! Mais qu’est-ce qu’on va manger ? Qu’est-ce qu’on va manger ? Pas des moucherons en tout cas, depuis que les hommes ont décidé de manger des insectes, on n’en tient plus.
— Allons nous réconforter à la piafétaria. « La rosée nouvelle » doit être arrivée. J’t’en offre une goutte !
— Un attrape-merle de plus, surfait comme tout ! Pas pour moi. Va-s-y tout seul. Je vais sautiller jusqu’au rayon « Plumage », il me faut de la cire à lustrer les plumes. J’ai aussi envie d’un nouveau tube de « jaune-à-bec ».
— D’accord, on se retrouve à la piafataria. Siffle-moi ton arrivée.
Au supermarché du Printemps la famille Merle s’emerle. Le moucheron est manquant et le bourgeon hors de prix. Monsieur aimerait siroter un zeste de rosée à la piafétéria mais Madame n’y tient pas. Elle n’en peut plus de toutes ces poules qui paillent autour d’elle et ne pense qu’à une chose rentrer chez elle. Monsieur insiste en lui proposant à nouveau une petit zeste de rosée à la terrasse de la piaféteria en se dorant les ailes au soleil. Madame finit par se laisser convaincre et la famille se merle se retrouve sous un parasol colib-cola qui peine à les protéger des rayons agressifs du soleil. En vrai mère poule, Madame Merle positionne ses petits sous le parasol, bien tassé comme ils sont pas une plume ne dépasse de la zone d’ombre. Elle enfile ses lunettes de soleil et se détend enfin en sirotant quelques gouttes de son rosé pour se rafraichir. Monsieur Merle, que l’ennui tenait toujours, sombrait doucement dans le sommeil alors que d’innombrables gazouillis s’échappaient de son petit bec crochu. Madame comprit qu’elle ne pourrait pas compter sur son mari pour lui tenir compagnie et regarda ses enfants qui silencieux, avaient le bec plongé en direction de leurs téléphones portables. Toutes les semaines c’était pareil et cette solitude commençait à lui peser. Elle regarda autour d’elle et pour la première fois elle se rendit compte qu’elle n’était pas seule. Elle n’était pas la seule, Madame mouette, madame mésange, madame Faucon toutes sirotaient le verre tristement avec leurs maris et enfants à leurs cotés silencieux. S’en était trop pour Madame Merle, le rouge lui monta au bec et elle se leva d’un bond. Ce qui, notons le bien, ne fit sourciller aucun membre de sa famille trop concentrés sur leurs activités. Elle fit le tour des tables et échangea avec chacune des femmes qui étaient présentes ce jour là. A chaque fois qu’elle allait à une nouvelle table le petit groupe s’agrandissait et commençait à prendre une telle ampleur que la terrasse ne suffisait plus à les contenir. Finalement elle s’installèrent toutes devant la terrasse et là une cacophonie tonitruante explosa d’un seul coup. Certaines glapissaient, d’autres zinzinulaient alors que d’autres cacardaient créant un charivari pas possible qui réveilla en sursaut toutes les familles présentes. Et puis, soudainement, aussi brusquement qu’il était apparu, le bruit s’arrêta. Madame Merle s’avança devant ses nouvelles amies et faisant face à la terrasse elle s’écria : NOUS SOMMES EN GREVES !!!!!
Au supermarché du Printemps la famille Merle s’émerle. Le moucheron est manquant et le bourgeon hors de prix. Monsieur aimerait siroter un zeste de rosée à la piafétaria mais Madame n’y tient pas.
-« C’est la crise », ne cessent de répéter ahuris les parents Merle.
-« Il fait trop chaud en ce mois de mars. Pas une goutte de pluie depuis trois semaines, et il fait jusqu’à 30° certains après-midis! La voilà l’explication : c’est le changement climatique ! On le subit de plein fouet », insiste le père, décontenancé, ne sachant pas comment finir le printemps dans de bonnes conditions.
Ses rejetons ne pipent mot, de peur de le mettre encore plus en colère. Ils se tiennent cois dans leur coin, se faisant tout petits.
La famille Merle, en effet, se trouve fort dépourvue en ce début de nouvelle saison. L’envie de chanter, de piailler se tarit de jour en jour, comme leurs provisions. C’est triste à en pleurer ! La bise est toujours au rendez-vous depuis plusieurs jours ; ils en ont marre de ce vent d’est qui assèche tout et ne fait pas bien pousser les végétaux ni sortir les insectes. Pas un seul morceau de mouche ou de vermisseau à se mettre sous la dent. Quand leur garde-manger va–t-il se remplir à nouveau ? Il faudrait de la pluie, pensent tous les voisins dans les arbres environnants. Mais, ils ne font que penser…
Pas question de crier famine, de quémander au supermarché ou d’emprunter, la famille Merle a sa dignité. Pas question non plus de demander sa pitance aux Restos du Cœur. Pas question de quêter de branche en branche un asticot ou quelque grain pour subsister à se mettre sous la dent. Obligation : se serrer la ceinture (ce n’est pas simple pour un oiseau, vous l’avouerez !) et limiter les sorties. Plus question de se rendre à la piafétaria, trop cher, on garde son énergie pour survivre !
Le temps est long, l’ennui gagne la famille Merle. Tous les membres restent réunis, c’est déjà ça. Dans certaines familles, on chasse les petits pour qu’ils se débrouillent. Trop de bouches à nourrir avec les nouveaux sur le point de montrer leur petit bec. Ils sont toujours affamés ceux-là.
Un matin, devant un soleil radieux, le père Merle a une idée : « on va tous chanter, offrir des concerts et on se fera payer en nature ! ».
Alors, nuit et jour, la famille chante à tout venant, assurant ainsi sa subsistance jusqu’aux prochaines pluies. Personne n’est malade, pas de guerre de tribu en vue, attendre, c’est tout ce qu’il convient de faire par temps sec !
La famille garde espoir, avril arrive ! Les prévisions météo prévoient de la pluie…
Finalement Madame eh monsieur se décidèrent à merlificoter à la terrasse d’un nidibulle. Ils y retrouvèrent certains de leurs amis et sifflèrent ensemble quelques vermifuges au goût printanier pr’dant Que leur marmaille
piaillait de concert .
La journée s’annonçait sympathique.
Ils avisèrent une affiche annonçant un concert de Guingoins.
Ils s’y rendirent tous à tire d’ailes
Ployant sous le poids de leur progéniture jacassante.
En chemin ils avisèrent un humer qu’ils aimèrent afin d’artiver à temps au concert.
Le chauffer les prit tous sans pépier et les laissa choir directement sur leur branches réservées en dernière minute.
Le concert démarrait tonitruant et brinquebalant à tout va des chants disharmoniques qui leur firent dresser les Plumes sur la tête au point que certains d’entre eux en perdirent l’equilibre.
À l’entracte ils partaient harassés mais merlheureux de cette journée qu’ils finirent en ripaillant.
Le printemps arrive et les beaux jours avec.
Le mimosas est en fleur. L’heure des apéritifs arrive. Et pourquoi pas une liqueur de bourgeon de sapin, même si cette dernière est hors de prix ? Soyons fou, succombons à la tentation se dit Monsieur Merle. Les moucherons s’en donnent à coeur joie. Et croyez moi ils en ont bien raison. Ils vont siroter avec le le père un zeste de rosée. Madame Merle, n’y tenant pas prendra un jus de tomate. Ouf ! la piafetria en sert. Comme il fait bon se reposer sur la terrasse où s’épanche le chêne ! Et ça discute, et ça raconte la dernière partie de pétanque. Les cigales y donnent un air de vacance. Les enfants Merle jouent aux osselets, tout le monde est heureux de savourer à nouveau ces moments de quiétude. Renouvellement des saisons, de la nature, cycle éternel et rassurant comme un moulin à vent. L’air est brassé ramenant les odeurs de pain chaud des cuisines. Douce quiétude que rien n’ébranle. le temps semble s’être arrêté pour ce moment de vie. Vie entre ciel et terre, feu et eau.
Le printemps arrive et les beaux jours avec.
Au supermarché du Printemps la famille Merle s’emerle. Le moucheron est manquant et le bourgeon hors de prix. Monsieur aimerait siroter un zeste de rosée à la piafétaria mais Madame n’y tient pas.
Les oisillons braillent parce qu’ils ont trouvé le vol trop long, que le Printemps est trop loin de chez eux, qu’il faut faire trop d’efforts pour y arriver. Ils en ont plein les ailes et ont juste envie de boulotter les miettes de pain qu’ils ont vu en rentrant.
Il faut dire en plus que Madame voulait faire un arrêt à Fly. Elle y avait repéré un plaid très doux qu’elle aurait déposé au fond de leur nid, ça aurait été parfait pour donner un coup de peps à la déco. Elle ne désespérait pas de convaincre Monsieur sur le chemin du retour. Les enfants râleraient ? Tant pis ! Ils iraient piailler dans les marais avant de rentrer, grand bien leur fasse !
Monsieur se rappela soudain que pour consolider leur habitat, un détour par Leroy Merlette s’imposait…Cela n’allait pas faire l’affaire de tout le monde. Alors, quand, à la caisse du Printemps, Madame se fit voler son porte-monnaie par la pie que ses copines attendaient dehors, ce fut le pompon ! La huppe s’en mêla en tapant aux carreaux montrant qu’elle avait tout vu, en vain.
Cela donna à Monsieur des envies d’ailleurs. Il fantasma sur les terres lointaines de ces comparses migrateurs… Ou au moins sur une virée au bord de mer. Il partagea son projet et contre attente mit tout le monde d’accord ! Changer d’air, de courants, de voisins. Ils trouveraient bien un abri sur place. Retrouver la nature ave un grand N, ne plus être esclaves de toutes ces marchandises inutiles, chanter en cœur, faire des veillées, s’éveiller à l’aube en chantant à l’unisson avec d’autres oiseaux ! Ses ados s’en frottaient les plumes, ils avaient entendu parler de petites espèces uniques au charme fou…
Au supermarché du Printemps la famille Merle s’emerle. Le moucheron est manquant et le bourgeon hors de prix. Monsieur aimerait siroter un zeste de rosée à la piafétaria mais Madame n’y tient pas.
– Ecoute Mirlo, il est plus important de trouver ce qui nous manque pour les repas que de te désaltérer ici
– Bon d’accord, passons au marché en bordure de l’étang ; là-bas, en cette saison, il y a toujours des têtards, des baies de troène et avec un peu de chance, les lombrics seront accessibles.
– Tout de suite après le marché, nous rentrerons.
– Tiens regarde Mirlo, ici il y a des moucherons en quantité. C’est quand même mieux de venir s’approvisionner ici.
– Je bois juste une gorgée à l’étang et nous y allons.
Le soleil décline doucement. Le vent des jours passés s’est apaisé. Merlette trouve agréable de se laisser bercer sur cet arbre souple, dans le parfum enivrant des fleurs jaunes. Le soleil est bien agréable en cette fin d’hiver, après les jours de tempête et de pluie du début de semaine.
Mirlo de retour, ils déploient légèrement leurs ailes pour profiter de cette douceur. Ils observent cependant les abords afin de n’être pas surpris par quelque chat grassouillet mais néanmoins chasseur occasionnel.
La ville à proximité est assez calme à cette heure. Les maisons basses attendent leurs occupants.
Maintenant que les provisions sont faites, ils se penchent légèrement et prennent leur envol. Plein sud.
Le boulevard traversé est plus animé ; les voitures avancent en rythme ; celui des feux de circulation. Ils s’arrêtent un instant sur le dessus d’un grand panneau publicitaire afin d’observer une voiture rouge bruyante, éclairée d’une lumière bleu qui tourne sur elle-même.
Un grand bus traverse le carrefour. Ils décident de le suivre en passant au-dessus des lignes électriques qui surplombent la rue.
Arrivée en centre-ville, ils ralentissent et regardent au-dessous d’eux les promeneurs. Seuls les groupes d’adolescents gesticulent et parlent bruyamment. Des touristes font quelques pas puis s’arrêtent pour observer ou photographier le décor. Les citadins « locaux », de leur côté, se déplacent plus rapidement vers quelques lieux où ils sont attendus. Merlette et Mirlo prennent de l’altitude et s’approchent de la façade de la cathédrale. Ils aiment voir ce que les autres en bas ne peuvent pas voir. Ici, ce sont les statues, les ombres portées sur les murs de pierre sculptés. Ils se laissent dériver sous le vent en abordant les remparts. En bas, dans ces herbes et terre humides au pied des grands murs, ils devraient trouver quelques asticots complémentaires à avaler. Non, ils poursuivent leur vol vers le port. Ah, ici, il y a d’autres oiseaux : mouettes et goélands principalement.
Vraiment, il fait doux et ils continueraient bien leur course. Pourtant, le spectacle des bateaux avec leurs haubans qui cliquettent sous le vent et les mouvements de l’eau sont des perchoirs privilégiés pour observer les scintillements et le ballet des mulets dans l’eau.
Hum, c’est grisant de rester là-haut, les ailes entrouvertes. Les mouettes crient à tue-tête « keh-ouîc, keh-ouîc ». Bon, leur ramage n’est pas le plus beau… Mais, c’est l’expression du bien-être. Peut-être quelque autre oiseau trouvera plaisir à se joindre au concert. De leur côté, les humains sont assez sensibles à ces cris. Pour la plupart d’entre eux, ces «rires » représentent le grand air, la mer, la liberté. Autant leur offrir ce qui les mettra dans de bonnes dispositions.
Aller, ils repartent vers le large ; grand virage sur « l’aile » direction sud-ouest. Dépassement de la vedette qui se dirige vers les îles. Il n’y a pas grand monde dedans. Dommage ; parfois, ils obtiennent des passagers des morceaux de pain ou de gâteau. Cela les change du quotidien.
Ils profitent de cette traversée pour faire quelques rase-mottes, quelques boucles et chandelles.
Ils survolent le port de la première île puis se dirigent vers la côte. Après une halte sur une plate amarrée, ils descendent un moment jusqu’à l’eau. Le fond de la crique propose des anfractuosités entre les rochers, idéales pour se mettre à l’abri.
La lumière du soir vire aux teintes rose-orangées. Le vent fraichit. Il serait bon de remonter dans le nid. Un tonneau, une vrille, un retournement et ils planent balancés par le vent marin. Aller, ils retournent vers les rochers de la crique ; Juste au-dessus dans la lande se trouve leur nid douillet.
Ventre posé sur leurs doigts, le vent soulève légèrement leur duvet. Le ressac berce le décor de sa mélodie régulière. Ils entendent à distance le moteur d’un bateau qui rentre du large.
– Que c’est bon la vie ici, hein ma Merlette ?
Sans attendre la réponse, Mirlo siffle et flûte quelques mélodies de son large répertoire pour la plus grande joie de Merlette qui l’aime tellement ainsi….
M. et Mme Merle ont deux enfants. Manchot, le plus jeune a été laissé au nid, guère plus gros qu’un moucheron et trop piaillard pour qu’ils l’emmènent faire leurs emplettes du samedi au grand magasin « Le Printemps ».
Leur fille, ado tout en pattes et bourgeonnante, les accompagne contrainte et forcée. Ces courses du samedi, ça la fait suer grave, les parents l’obligent à les accompagner pour lui sortir un peu le bec de son portable.
En révolte contre eux comme il se doit à son âge, elle leur en veut et saisit la moindre occasion pour leur reprocher de l’avoir ridiculement prénommée Bécasse (encore heureux, ils ont loupé Grue, Dinde ou Pintade.) A noter que le petit frère ‘Manchot’ n’a guère été gâté lui non plus. Comme s’il manquait du choix parmi les noms d’oiseaux !
La honte en cours chaque fois que le prof fait l’appel ou distribue les copies corrigées … Toute la classe s’esclaffe, se met à gazouiller et fait semblant de battre des ailes, cot, cot, cot. S’ensuit une volée de tweets moqueurs. D’ailleurs c’est ça qui lui a donné des boutons.
Deux heures qu’ils arpentent les étages. Bécasse, lassée de piétiner derrière eux, les a lâchés leur donnant rendez-vous à la sortie. Enfin, finis les achats, cette fois ça ne valait guère le déplacement, ils n’ont rien trouvé de ce qu’ils voulaient : les oeufs de Pâques n’étaient pas encore mis en rayon. Ils se seraient bien rabattus sur des œufs de cailles mais manger des congénères n’était pas dans leur mentalité.
M. Merle, souffrant des articulations, a timidement suggéré à son épouse d’aller faire une petite pause à la mangeoire de la piaféteria près du département Oisellerie.
Mais non, celle qu’il appelle ma douce Colombe n’est pas d’humeur, alors là … vraiment pas du tout. (Elle a ce caractère depuis que toute petite elle est tombée du nid.) Plumes hérissées de contrariété, dressée sur ses ergots, elle se retient de lui voler dans les plumes :
– On a perdu Bécasse dans le magasin et toi tu ne penses qu’à aller t’enfiler un petit coup de Merlot derrière le gésier !
Habitué de ses coups de bec, M. Merle se fait tout petit, rentre sa tête dans son jabot et crispe ses pattes pour contenir ses nerfs.
C’est alors que l’on entend une cavalcade débridée : Bécasse dévale à tire d’aile l’escalier roulant, deux corbeaux vigiles à ses trousses.
« Au voleur !, arrêtez-la … »
Ils peuvent toujours crier et sauter en l’air pour essayer de l’attraper, Bécasse tenant dans son bec un fromage se pose un instant sur le grand lustre pour reprendre son souffle puis déploie grand ses ailes, et pfffuuuiiittt ….
Au supermarché du Printemps la famille Merle s’emerle. Le moucheron est manquant et le bourgeon hors de prix. Monsieur aimerait siroter un zeste de rosée à la piafétaria mais Madame n’y tient pas.
– Ah non ! s’écrie-t-elle. T’as pas vu là, près de la vitrine, mademoiselle Pie qui boit un jus de tomate.
– Qu’est-ce que ça peut faire ! s’étonne son mari.
– Ça me fait que je ne peux plus la voir en peinture celle-ci avec sa jolie robe. En plus, je vois bien qu’elle te fait du gringue.
– Tu es bien moqueuse et serais-tu jalouse, ma diva ? s’égaye-t-il en lui picorant le cou.
– Mais non ! Qu’est-ce que tu vas chercher là ? Mais elle jacasse trop sur les autres, elle m’a avoué qu’elle pique des trucs et quelle vantarde depuis qu’on voit sa photo sur des paquets de bonbons.
– Ah, les bonnes femmes ! Tiens, je vois mon pote Rouge Gorge, je vais le saluer.
– Ah, non ! Ça va pas recommencer ! Il porte bien son nom, celui-là. Il passe sa vie à se shooter au nectar de coquelicots et je ne veux pas que tu deviennes accro.
– Il nous a vus et il va me faire la gueule si je n’entre pas.
– On s’en fiche, s’égosille madame Merle. Tu ne te souviens pas de la dernière fois quand j’ai dû appeler Hubert Pigeon pour qu’il nous reconduise au nid. Il ne se mouche pas de l’aile ; cinquante euros qu’il m’a pris pour faire trois petits kilomètres. Et le pire, c’est que nous avons trouvé le jeune Coucou chez nous et que maintenant nous sommes obligés de marier notre Merlette. Ça va nous coûter jusqu’au duvet cette histoire. Tu te rends pas compte ! On doit inviter les deux familles et tout le quartier.
– Dommage que je ne m’en rappelle pas car il aurait passé un très mauvais quart d’heure et, crois-moi, il serait resté au moins six mois cloîtré dans son horloge.
– J’aurais dû faire les courses juste derrière chez nous, chez monsieur Geai. On trouve de tout chez lui, en plus, il vend du bio et ça nous aurait coûté beaucoup moins cher !
– Et moi j’aurais pas raté la finale de la coupe du monde Alouettes-Hirondelles. Mais bon, j’ai pas loupé grand-chose ; on peut dire qu’elles se sont bien fait plumer, les Alouettes !
Au supermarché du Printemps la famille Merle s’emerle. Le moucheron est manquant et le bourgeon hors de prix. Monsieur aimerait siroter un zeste de rosée à la piafétaria mais Madame n’y tient pas.
Les doigts serrés sur son stylo, Louis l’intrépide tente d’adapter son geste au défilé des mots de la dictée de son maître d’école : « Au-su-per-mar-ché-du-prin-temps- virgule- -la-fa-mi-lle…. »
Tout à coup, il leva la tête et sa main, comme statufié.
– Alors, monsieur Louis, on conteste ?
– Oui, et pas qu’un peu…
– Expliquez-vous, je vous suis toute ouïe…
– Voilà, M’sieur, chez nous, le supermarché, c’est pas l’printemps….
– Certes, certes, répondit le maître à son élève dont la pertinence prenait le pas sur l’impertinence. Mais il se dit que, pour une fois, il pourrait lui accorder le droit de s’exprimer. Il enchaîna, goguenard :
– Et il s’appelle comment, votre supermarché, Louis?
Louis leva les yeux au ciel, se gratta énergiquement le crâne chevelu et lui répondit tout de go :
– Nous, c’est l’ Resto.
– Comment ça, s’égosilla le maître. Le resto ? Mais ça coûte un prix fou, le resto, pour …hum… combien de personnes chez vous et chaque jour ?
Et sans plus attendre, le maître se tourna vers le tableau et posa une multiplication.
– Au travail, les enfants ! Par la suite, nous ferons une étude comparative entre le restaurant et le fait-maison….
Quelques rires fusèrent du fond de la classe ainsi que du côté des radiateurs.
– Alors, la réponse ? s’enquit le maître en tapotant de la craie sur son pupitre.
Louis leva la main et clama :
– J’ai fini, M’sieur. La réponse est ZERO.
– Comment ça, zéro, s’étrangla le maître alors que toute la classe pouffait.
– Zéro, parce qu’au resto où ma mère va, c’est gratuit. Comme toute chose qui vient du coeur, c’est gratuit. Comme un sourire, comme une geste attentionné, comme une parole aimable, comme un ton juste…..
Le maître sentit le rouge monter au front. Le voilà mouché par un môme ! Ne sachant comment se dépêtrer de ce mauvais pas, il tenta de clore cet aparté …
– Bon, les enfants, revenons-en à notre dictée. Je note le sujet de cette discussion pour une prochaine leçon… en fin de semaine.
Il eut un sourire en coin car il le savait : tout ce qui était reporté pour la fin de semaine filerait au placard. Comme le cours de musique, de dessin, de science….
– Je reprends. Louis, auriez-vous l’obligeance de vous conformer au texte que je dicte ?
Louis baissa la tête afin de masquer son rictus.
Et le maître enchaîna : « Au supermarché du Printemps la famille Merle s’emerle….
– Ah, non ! hurla Louis, en v’la assez de ces mots édu-clorés…
– Édulcorés…
– Édulcorés si vous voulez, c’est du pareil au même. Il faut parler vrai. Chez la famille Merle, on s’emerle pas, on s’emmerde ! D’ailleurs, c’est toujours comme ça, chez nous. Rien que des emmerdes, l’eau qui fuit, le gaz qui se fait la malle et l’électricité qu’est coupée….
– Louis, ça suffit. Conformez-vous au programme de ce jour. Dictée ou…
– Ou quoi ? Vous m’le dites. Ou…ou quoi ? Vous me foutez dehors de la classe et après, vous me reprochez que j’ai du retard. Faudrait savoir…
Le maître respira un bon coup. Ce Louis allait lui saccager ses dernières parcelles d’autorité.
– Louis, reprit-il, d’une voix suave, je vous comprends, je compatis, mais nous sommes en classe et tous vos camarades sont avides de….de… comment dire… ? Allons, continuons cette dictée. « Au supermarché du Printemps la famille Merle s’emerle. Le moucheron est manquant… »
– Non, M’sieur, vous n’y comprenez rien, c’est pas le moucheron qui est manquant, c’est le charbon…Chez nous, on caille, mon père scie les portes pour en faire du bois à fourrer dans la gueule du vieux poêle…
– Comment, comment ? Mais il faut respecter le bien d’autrui… on ne peut pas….articula le maître d’une voix blanche. Le respect…continuons…. : « … le bourgeon hors de prix… »
– Pas que le bourgeon qu’est hors de prix, marmonna Louis en triturant un bouchon de liège, au fond de sa poche gauche. Tout est hors de prix ! Il n’en pouvait plus. Il se demandait ce que ce stupide bonhomme qui se disait « maître » allait encore sortir comme ânerie. Il fallait qu’il trouve de toute urgence une tirade pour lui rabattre le caquet. Il ferma les yeux et les images des vignobles à perte de vue défilèrent sous ses paupières. C’est alors qu’il eut une idée de génie. Adieu le trouble-fête ! Il allait se montrer docile, conciliant et même serviable.
– Monsieur, s’il vous plaît ! Permettez-vous que je formule, en ces lieux, une requête…
Le maître fut abasourdit de ce revirement d’éloquence.
– Certes, Louis, certes ! Je vous écoute. Si votre proposition est pertinente, nous l’adopterons !
– Je sollicite l’autorisation de continuer la dictée.
– C’est très judicieux, mon ami. Est-ce tout ?
– .. de continuer la dictée avec MON texte !
Le maître fut quelque peu décontenancé, mais il accepta.
Et Louis enchaîna d’une voie parodiant celle du maître : « …Monsieur aimerait siroter un zeste de rosée à la piafétaria mais Madame n’y tient pas…. »
Le reste de la dictée se perdit dans l’hilarité générale. Louis Merlot, fils de vigneron du bordelais s’était bien payé la tête de cet instit’ remplaçant, venu de la capitale….
© Clémence.
Au supermarché du Printemps la famille Merle s’emerle. Le moucheron est manquant et le bourgeon hors de prix. Monsieur aimerait siroter un zeste de rosée à la piafétaria mais Madame n’y tient pas.
« Ciel ! Tu ne penses qu’à te percher aux barres de la ville. Et si tu emmenais plutôt les petits à l’étage plumage enfants. Depuis leur mue, leur empennage prend l’eau. Essaye de leur trouver un costume en queue de pie, qu’ils n’aient plus l’air de pigeons du voyage.
— Tu sais bien que ça m’emmerle ! Je n’ai jamais su choisir un brin de quoi que ce soit. Même pour notre nid douillet.
— Ça, c’est le moins qu’on puisse rire. À Forêrama, j’ai dû me démerler toute seule à l’étage des canopées. Sans moi, on dormirait sous les ponts de Paris comme des bisets sans nid fixe.
— Quelle idée aussi d’aller à Fontainebleau ! Tu sais bien que je ne peux pas faire de courses en dehors de Paris. Dès que je passe le périph’, j’ai mon allergie aux pollens qui me reprend…
— Ah oui ! Ton allergie au bouleau. Elle est bien bonne celle-là. T’es vraiment un drôle de zozo.
— Mais c’est vrai, ne te moque pas !
— Ben voyons. Pour te moquer des bisets qui forniquent sur les toits de Paris sans en branler une, t’es un fin merle, mais pour passer à la moindre action, t’as comme du plomb dans l’aile.
— T’es venue pour me faire la chorale ou les courses ? C’est toujours la même chanson avec toi. Tu sais quoi ? Je vais aller picorer un ver à la piafétaria avec la rosée du matin. Les enfants, vous voulez m’accompagner ? Maman fait un caca merleux.
— Cuiiiiiii ! Cuiiiiiiii !
— Tu pourrais soigner ton ramage, vieux corbeau ! Fais comme il te plaît, continue à te prendre pour le Phénix des hôtes de ces barres. Mais ne t’étonne pas si je rencontre un beau merle et que je m’envole en l’air avec lui.
— Comme tu y vas. Il faut toujours que tu en fasses un fromage ! »
Au super marché du Printemps, la famille Merle s’emerle. Le moucheron est manquant et le bourgeon hors de prix.Monsieur aimerait siroter un zeste de rosée à la piafétaria mais madame n’y tient pas ainsi que les enfants qui préféreraient aller casser une petit graine quelque part,d’autant plus qu’ils n’ont pas trouvé non plus les jouets dont ils rêvaient.
Un planeur pour Moqueur,le fils,une corde à sautiller dernier cri dont rêve Blanche sa grande soeur.
Ce petit monde commençe sérieusement à s’agiter,les sifflements fusent,les ailes battent furieusement,et personne n’arrive à prendre une décision. Vint à passer un pinson,vendeur
migrateur au Printemps.Mécontent de son sort et du maigre salaire dont il est gratifié,il leur suggère sournoisement:
» Allez donc aux Galeries Farfeuillettes,ce n’est pas loin d’ici .Ils ont de tout et se sont les 4 JOURS,ce qui veut dire promotions à tous les étages,piafétaria gratuite entre 19 et 22 heurs .De plus les coucous qui y travaillent sont très compétents pour vous renseigner.
Après mille mercis,les Merle de dirigent en vol serré vers ce paradis qui leur a été conseillé.
Au supermarché du Printemps la famille Merle s’emerle. Le moucheron est manquant et le bourgeon hors de prix. Monsieur aimerait un zeste de rosée à la piafétéria mais Madame n’y tient pas. Elle préfère du rouge, bien mûr, posée tranquille à côté de la baie.
Comme tous les samedis, au Printemps, c’est la queue.
Les moineaux pépient partout, les tourterelles se la roucoulent douce et les martins sont encore à la pêche.
Les hirondelles, fatiguées de leur long voyage ont à peine déballé leurs valises sous les yeux. Elle se traînent jusqu’au rayon bruitcollage, pour une promotion sur le mortier. Un nid comme avant, c’est nid fait nid à faire, il n’y a plus de vaches, les fameuses bouses en train du plaisir de bâtir. Les bricondelles, investissent de plus en plus dans le préfabriqué, petit volume souvent proposé en grande surface. Chez les oiseaux, l’immobilier bouge beaucoup.
Un autre oiseau s’agache. C’est une vieille pie accusée d’avoir volé un soutien-gorge. Et elle soutient qu’elle le portait dès l’entrée du Printemps.
Un zoziau des arbres, un pas bien gros fait des pinçons à une vendeuse. Monsieur cherche une livrée de saison avec menton, gorge et ventre d’un joli rose vineux. Le magasin n’a pas sa taille…. une semaine d’attente. Sa chérie lui refuse un bec.
Le jeune merle face aux menus du jour tire sur la rémige tertiaire de sa mère…: « Dis…Maman, c’est quoi un merle en frit ?? »
Aux caisses, une colonie de perruches bloque le passage. Ca discutaille sur les prix, ça échange des bonnes adresses de graineteries, de parcs à envahir, d’arbres buildings à s’accaparer.
C’est vraiment le balbazar qui plane au-dessus de toutes ses nichées.
Tout le monde se dépêche, quand même, car ce jour, un peu partout dans le pays, des membres de la LPO, la lutte progressiste des observateurs et du GON, le groupuscule original des naturalistes vont recenser le maximum d’oiseaux. Et chacun doit pouvoir compter l’un sur l’autre.
Au supermarché du Printemps la famille Merle s’emerle. Le moucheron est manquant et le bourgeon hors de prix. Monsieur aimerait siroter un zeste de rosée à la piafétaria mais Madame n’y tient pas.
« Non mais … qu’est-ce que tu crois ? Réparer le nid, surveiller les squatters éventuels et mettre de côté dans un trou de la branche quelques réserves. Pas le temps de papoter autour d’un verre. Tu y vas … entre merles vous pourrez placoter et attraper la pépie… et si … »
Monsieur revient vite essoufflé, le bec ouvert et la plume en bataille. « j’ai ce qu’il nous faut heureusement que je sors … moi…ah…ah… sans…moaaaa » il se rengorge, racle son bec, ratisse ses plumes noires …
« Du calme mon chéri …la news … »
Monsieur Merle lance une tirade en l’air, regarde autour d’eux … « une distribution gratuité pas loin d’ici…Monsieur Mesange m’a donné l’adresse. … le bleu qui habite à côté … »
Madame Merle reprend ses activités.
« Oui je sais, dans le parc au quat’chemins. Rien de nouveau. Des graines et de la graisse. Qualité standard. Et toi qui n’aime pas attendre il y a la queue avec file prioritaire pour les mésanges et pas que les bleues, des charbonnières, assez mal élevées. Vas y …tu me raconteras … »
Monsieur Merle reste interdit … « mmmmm mh »
Madame Merle jacotte « moi la soupe populaire ….et question propreté. C’est plein de vermines. Y en a qui aime ! Et ne rapporte pas de maladies. Les germes on en a pas trop mais les saletés … ! »
Monsieur Merle s’écarte et se perche à distance.
« jamais contente ! Y aurait trois points de distribution avec un choix … manque d’eau mais bon y a la mare … une noix de coco toute fraîche … et j’ai aperçu un hôtel à moucherons encore désaffecté… »
Madame Merle le fait répéter : « noix de coco … ça …on y va. Pas de temps à perdre … ça tweete déjà… on se prend un beau morceau et on pique-nique chez nous … allez on se dépêche … ce sera premier arrivé, premier servi … soit pas le dernier … ah la la toujours à la traîne ! Tu arrangeras tes plumes après ! »