31 réponses

  1. J’ai l’impression que les Terriens vivent sur une autre planète. Tout leur appartient et c’est à celui qui possédera le plus. Résultat, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Ceci entraîne une jalousie, source de tous les conflits possibles, même les conflits de canards entre voisins… Ce n’est guère réjouissant d’observer cela. Dans certains pays, tout n’est qu’illusion, Trump l’œil : on les croit heureux, mais c’est l’amer hic. Rien ne va plus. Dans d’autres, on a beau être macron, on se croit giga avec les conséquences désastreuses que cela engendre.
    Bref, la folie n’est pas loin…

  2. Schroder dit :

    Maman-Nuage a donné naissance à une minuscule gouttelette. Maman-Nuage s’inquiète. La petite dernière veut déjà rejoindre ses sœurs. On dit que sur terre……

    Goutelette, Goutelette, si seulement elle pouvait arrêter de me considérer ainsi ! Vraiment, ai-je l’air d’une lilliputienne, je suis tout aussi grosse que toutes les gouttelettes de mon âge…… Certes, je la comprends, elle souhaite me protéger, toutefois son amour est quelque part oppressant. Qu’elle me laisse vivre mon existence ! Je nourris tellement de projets que je ne vais pas attendre le feu vert de Maman-Nuage.
    Il se passe beaucoup de choses terribles sur terre. Les désertifications ici ou là, avec son lot de souffrance, la liste des drames écologiques est longue. En bas, une pénurie d’eau sévit dans certaines zones du globe, mais savent-ils seulement que bientôt éclatera partout une vraie guerre de l’or bleu….. Boire deviendra peut-être un luxe……
    Maman, j’appartiens à une nouvelle génération de Goutelette. Nous avons depuis peu créé une association, « les gouttelettes en lutte ». Notre programme : nous rassembler à l’échelle mondiale, en optant pour les points géographiques les plus stratégiques. Nous interviendrons sur des sites importants, ou l’eau se réduit, bientôt disparaîtra. Nous n’agirons pas pour les terrains de Golf ou les jardins de Bagatelle, ou autres inconsistances, nous irons là ou les gens ont besoin de nous, les gouttelettes. Nous formerons un dôme de pluies douces, lentes, chaudes, qui pénétrera mollement dans la terre, qui goulûment nous absorbera. Les enfants pourront de nouveau courir, s’esclaffer, jouer. Les mères abandonneront leur tristesse. Celui ou celle qui n’y croyait plus verra l’herbe pousser à nouveau dans son champ. Maman, nous nourrissons des projets prestigieux, nous n’attendrons plus les vieux nuages. Ils sont dépassés, agissent sans réfléchir. Allons de l’avant, maintenant ! Il est trop tard pour écouter toutes ces diarrhées verbales, répandues sur Terre. Nous les aiderons malgré eux. Rejoins-nous, nous avons besoin de ton expérience, et luttons ensemble contre ces « faiseurs » de sécheresse. Programme à disposition.

  3. Nouchka dit :

    Je me suis porté volontaire pour prendre contact avec la planète Terre. J’ai atterri dans un petit pays, la France, situé à l’extrémité de l’un de leurs continents. Là-bas, le climat est agréable, le sol cultivé et les produits récoltés de bonne qualité.

    J’ai eu le plus grand mal à comprendre où je pouvais me poser. Pourtant, ma capsule est de taille réduite mais, ces Terriens font tout pour vous compliquer l’existence. Je vous soumets quelque exemples

    Les espaces verts et clos des villes ont leur entrée interdite aux chiens et il est interdit de marcher sur les pelouses. Ces jardins, dits publics, ferment à dix-neuf heures, on doit y respecter les plantations et ne pas cueillir les fleurs…

    Les voies de circulation sont différenciées, et moi, je ne savais pas où me mettre. Il y a celles pour les véhicules à moteur, celles pour les deux roues non motorisés, celles pour les piétons, celles pour les bus, les taxis et véhicules de secours.
    Au bord des routes, on trouve des interdictions de stationner : sur les trottoirs, les passages piétons, sur les voies réservées, en double file, sur les ponts ou dans les tunnels, à proximité d’une ligne continue, sur les bandes d’arrêt d’urgence, ainsi qu’aux camping-cars et autres engins où il serait possible de dormir.
    Il y a même des interdictions auxquelles je n’ai rien compris.

    En bord de mer ou au bord de rivière on trouve aussi : Baignade interdite ; interdit aux chiens à certaines périodes ; plongeons interdits ; canotage interdit ; patinage interdit ; pèche interdite…

    Les habitations sont également contraintes de correspondre à tout un tas de réglementations et ces dernières sont différentes en fonction des lieux : la toiture sera en ardoise, en tuiles, etc. L’implantation est spécifiée et des autorisations doivent être demandées pour tout : matériaux, couleurs, hauteurs, plantations…

    Le pire observé est sans contexte le besoin que chacun ressent de garder pour lui-même son bien.
    Pour ce faire, la maison, la voiture sont fermées à clé. Des systèmes de surveillance des habitations sont installés en plus de ceux existant dans les rues. Les champs et les forêts sont entourés de clôtures. Même leurs grandes routes qu’ils appellent autoroutes sont ceinturées afin que les usagers ne puissent échapper au paiement que la fréquentation de ces voies impose.

    Sachez également, qu’il n’est pas facile d’entrer en contact avec les humains. Ils marchent la tête baissée, ont un jeu d’évitement très élaboré et se contrarient dès que vous tenter d’entrer dans leur sphère intime, cette sphère essentielle disent-ils au fondement de toutes les libertés !!

    Je vous le dis, je ne retournerai pas là-bas. C’est, pour moi, une sorte d’enfer. Quasiment rien ne peut être fait de manière naturelle et détendue. Il faut toujours avoir en tête toutes les règles administratives en plus des règles de savoir-vivre dont je ne vous ai pas encore parlées. Mais je ne crois pas nécessaire d’ouvrir ici, ce chapitre qui risque d’être long et très déprimant pour les candidats encore enthousiastes, comme je l’étais, à ces voyages-découvertes intergalactiques.

  4. Christine KOPPITZ dit :

    Maman-Nuage a eu un bébé.
    Une toute petite goutte brillante.
    On aurait dit une perle de lumière.

    Mais voilà que la goutte dit :
    “Je veux aller sur Terre ! Rejoindre mes sœurs !”

    Maman-Nuage s’inquiète.
    “Il y a du vent, des flaques, des bottes qui sautent…
    et des parapluies qui n’aiment pas la pluie.”

    La petite goutte sourit.
    “Je veux glisser sur les feuilles, danser sur les toits,
    et faire des bisous aux fleurs.”
    Maman-Nuage la serre tout contre elle.
    “D’accord… mais promets-moi de revenir me raconter tout.”
    Alors la petite goutte ferme les yeux,
    prend une grande inspiration,
    et… ploc !
    Elle tombe doucement,
    heureuse,
    vers son aventure.

  5. Christine KOPPITZ dit :

    Maman-Nuage a eu un bébé.
    Une toute petite goutte brillante.
    On aurait dit une perle de lumière.

    Mais voilà que la goutte dit :
    “Je veux aller sur Terre ! Rejoindre mes sœurs !”

    Maman-Nuage s’inquiète.
    “Il y a du vent, des flaques, des bottes qui sautent…
    et des parapluies qui n’aiment pas la pluie.”

    La petite goutte sourit.
    “Je veux glisser sur les feuilles, danser sur les toits,
    et faire des bisous aux fleurs.”

    Maman-Nuage la serre tout contre elle.
    “D’accord… mais promets-moi de revenir me raconter tout.”

    Alors la petite goutte ferme les yeux,
    prend une grande inspiration,
    et… ploc !

    Elle tombe doucement,
    heureuse,
    vers son aventure.

  6. Peggy Malleret dit :

    C’est grâce aux gouttelettes, même les plus minuscules que toutes les vies se développent. Toutes les vies sans exception.

    – Ma chérie tu es encore bien jeune pour nous quitter. Attends un peu de grandir.

    La petite dernière a beau adorer ses parents, elle veut participer à l’Histoire. De là-haut, elle a l’impression que la terre a besoin d’elle. Qui sait, ce que sa destinée lui réserve ? Elle a une confiance totale. Rien ne peut lui arriver de mal. Ses parents ne cesseront de la protéger et puis ses sœurs lui manquent. Comme il doit être doux de se laisser bercer par le vent.

    – Papa tu me comprends toi. Tu as eu une vie tellement merveilleuse. Maman aussi quand j’y pense. Et puis vous voyez, vous êtes à nouveau réunis. Permettez-moi de partir. Vous serez si fiers de moi. Je ne veux pas que ce soit sans votre autorisation, je vous aime trop.

    Comment résister à tant d’enthousiasme ?

    – Vas-y ma fille, mais promets-moi que tu reviendras un jour emportée par l’évaporation.
    – Je le promets.

    Et gouttelette s’élance dans l’inconnu.

    Elle descend comme une plume balancée par la brise. Cette liberté est grisante. Aucune appréhension en ce qui concerne son arrivée. Elle a confiance en son destin. Elle atterrit en douceur sur une feuille qui se plie pour l’accueillir et la faire glisser jusqu’au velouté d’un pétale de rose. Les rayons du soleil la transforment en diamant sur ce somptueux écrin. Pour une première, c’est une réussite ! Elle savoure ce plaisir.

    Un coup de vent la propulse sur la corne d’une gazelle qui en allant boire à la rivière la déséquilibre et plouf ! la voilà dans l’eau ! Des bondissements de caillou en caillou signes de la joie de ses sœurs de la retrouver ! Sa mission va enfin commencer. Ensemble elles nourrissent la terre, elle apprend à subvenir aux besoins des racines, donne à boire aux fleurs des champs, et bien d’autres actions salutaires pour la nature.

    Au crépuscule, elle regarde le ciel. Elle sait que papa-nuage et maman-nuage veillent sur elle.

    Sa mission accomplie, elle remontera auprès des siens emportant de belles histoires de la terre prouvant que même une minuscule gouttelette peut écrire l’Histoire.

  7. Anne Le Saux dit :

    Conte à destination des enfants

    Maman-Nuage a donné naissance à une minuscule gouttelette qu’elle a dénommée Perle de Pluie. Maman-nuage s’inquiète. La petite dernière veut déjà rejoindre ses sœurs. On dit que sur terre tout est sec ; c’est la canicule. C’est sûr, Perle de Pluie va disparaître instantanément et à tout jamais dans le sol assoiffé ou dans un ce ces brasiers qui ravagent les forêts.
    Pourtant, Perle de Pluie n’en démord pas.
    – Laisse-moi y aller, maman. Je dois faire ma part. Le colibri m’attend, il me l’a chanté ce matin. Comment veux-tu qu’il fasse son travail si je ne viens pas l’alimenter ?
    Maman-Nuage est touchée par la générosité et le sens des responsabilités de Perle de Pluie. Elle hésite cependant …
    – Tu sais, je reviendrai aussitôt ma mission accomplie.
    – Comment feras-tu ? Tu sais bien que les nuages sont au repos. Regarde ce ciel limpide.
    – Pas de souci, le colibri me l’a promis. Une fois sa tâche réalisée, il me servira de taxi. Tu vois, je me suis fait un ami pour la vie.
    – Alors, c’est d’accord, mais sois prudente et dis au colibri que nous l’hébergerons pour la nuit. Il devrait apprécier la fraicheur de l’altitude.
    – C’est super ! Ce sera sa récompense.

  8. Avoires dit :

    Maman-Nuage a donné naissance à une minuscule gouttelette. Maman-nuage s’inquiète. La petite dernière veut déjà rejoindre ses sœurs. On dit que sur terre…

    Lasse de se faire du mauvais sang pour sa dernière-née, Maman-Nuage avait délégué son inquiétude à Papa-nuage. Après tout, la responsabilité familiale devait être partagée, surtout que l’on disait que sur Terre, les choses allaient de travers. Embêté, mais n’osant pas le dire, Papa-Nuage fit le gros dos et devint noir…
    Elle, Maman-nuage, était une jolie nuée, fine, délicate, de couleur changeante, tantôt rose indien, tantôt dorée cuivrée au lever ou au coucher du soleil, mais sans consistance face au gros cumulonimbus qui lui faisait une cour à laquelle elle avait succombé. Ils avaient pourtant fini par s’unir et engendré une pluie d’enfants, c’est le cas de le dire, devenus des célébrités, voire même adorés en certains endroits de cette Terre, un étrange lieu, habité par de surprenantes créatures.
    Les temps avaient changé et de l’adoration, les créatures terrestres étaient passé à une crainte mêlée d’appréhension, d’angoisse, de peur, de détestation. Les averses bienfaisantes, les ondées rafraîchissantes, la neige apaisante, le gel vivifiant s’étaient transformés en grêlons assommants, déluges bibliques, orages meurtriers. C’était devenu quasiment existentiel.
    Minuscule Gouttelette, après l’expulsion maternelle, surveillée par son cumulonimbus de Papa-Nuage , décida de rejoindre ses sœurs et ses frères. Elle était si petite, la petitoune, devant ses aînés aux noms de baptême évocateurs : averse, ondée, bruine, grain, flocon, hallebardes, torrents ! Y avait-il un air de famille entre elle et eux ? Elle ne se posa pas longtemps la question, continua sa route et alla se nicher au cœur d’une rose qui rosit de plaisir ! Et c’est ainsi que Minuscule Gouttelette trouva sa raison de vivre.

  9. ourcqs dit :

    Maman-Nuage a donné naissance à une minuscule gouttelette. Maman-nuage s’inquiète. La petite dernière veut déjà rejoindre ses sœurs. On dit que sur terre… c’est vraiment différent, mais les rêves de liberté, de nouvelles sensations , de découvertes l’emportent sur la prudence !! Se lancer vers les couleurs , les reliefs loin de la famille redondante fière de ses camaïeux gris , noirs .
    Bien sûr, plus de cirrocumumocalins, nimbostratuprotecteurs,
    Adieu les cumuloscélests, je me crachine en fine averse, à moi l’aventure …

  10. Maman-Nuage a donné naissance à une minuscule gouttelette. Maman-nuage s’inquiète. La petite dernière veut déjà rejoindre ses sœurs. On dit que sur terre…qui pleut le moins, pleut le plus…Mais Maman-nuage n’en pleut plus…Avec l’âge, elle n’y voit plus goutte et trouve que les terriens ne manquent pas d’air à réclamer la pluie.
    Et ce matin, quand elle a entendu sa gouttelette réclamer de rejoindre se sœurs, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase… Elle a bien essayé de noyer le poisson en disant qu’elle était trop jeune pour ça, rien n’y a fait. Alors, plutôt que s’énerver, elle a préféré laisser couler…

  11. Maguelonne dit :

    Maman-Nuage a donné naissance à une minuscule gouttelette. Maman-Nuage s’inquiète. La petite dernière veut déjà rejoindre ses sœurs. Maman lui propose d’être perle de rosée dans son arc-en-ciel. Elle n’en a que faire.
    Elle a des rêves de grandeur : enfler, se fortifier… Je veux du muscle, répète-elle. Je veux du muscle. J’aurai la médaille de la plus grande et plus forte goutte d’eau. J’aurai la médaille olympique. Marre d’être gouttelette.
    Pauvre petite. Quand fera-t-elle ? Se fondre dans un déluge,inonder, ravager, fracasser, casser ? Si minuscule et déjà si ambitieuse ! Elle agace sa mère. Elle croit que l’autre rive est toujours plus belle.
    C’est assez cocasse quand on sait ce qui se passe en bas. Pour quand le grand désert ?
    Mais rien ne nous appartient pour toujours. Un jour, trop tôt, elle partira et Maman-Nuage fondra de tristesse.

  12. Gilaber de Florates dit :

    Maman-Nuage et sa toute dernière goutte de pluie…

    Là-haut, dans les draps ouatés du ciel, Maman-Nuage berçait sa toute dernière-née : une gouttelette minuscule, frémissante comme un soupir. À peine née, déjà impatiente. Déjà lointaine :
    — Je veux descendre, disait-elle, là où mes sœurs sont tombées. Je veux connaître la Terre…

    Maman-Nuage frémit. Elle avait vu ce que les humains faisaient subir à la planète :
    — La Terre n’est plus ce qu’elle était, murmura-t-elle, en l’enveloppant de sa tendresse cotonneuse. L’eau y manque. Chaque millilitre est gardé comme un trésor, compté comme un lingot. Là-bas, la moindre larme est convoitée, volée, asséchée.

    La gouttelette n’écoutait déjà plus. Elle regardait le monde d’en bas avec ses rêves d’éclats et d’aventure. Alors Maman-Nuage essaya d’autres mots, ceux qu’elle réservait aux grands adieux :
    — Si tu pars, ma douce, nous serons séparées. Je partirai peut-être vers le Nord, chassée par un vent rude et indifférent. Toi… tu tomberas où le hasard te jettera : sur une dalle brûlante, un désert sans nom, ou pire encore, dans un fleuve pressé, sans repères, mêlée à des étrangères qui ne te reconnaîtront pas. Elle se tut. L’amour ne suffit pas toujours à retenir ceux qu’on aime. Alors, dans un dernier élan, elle lança :
    — Même si tu descends, je ne peux pas te promettre que tu trouveras ce que tu recherches…

    Mais la petite ne répondit rien. Elle frissonnait d’un désir trop fort pour être contenu, une force incontrôlable la poussait à vouloir partir.

    Au plus profond de son être cotonneux, Maman-Nuage sentait bien que l’envie de sa fille était plus forte que tout. Elle ne savait plus quoi faire. À court d’arguments, elle ne savait plus quoi inventer pour retenir la dernière goutte de pluie au creux de sa moutonneuse tendresse. Mais, dans son étreinte, la petite frémissait de plus belle. Dans ses yeux liquides brillait un désir d’herbe, de feuilles, de flaques où jouer. Elle ne savait pas — ou refusait de savoir — ce que devenaient les gouttes une fois tombées. Alors Maman-Nuage tenta de dire. Doucement. Gravement :
    — Le monde en bas est malade. Les sols sont craquelés, les rivières épuisées. L’eau, jadis offerte, y est devenue monnaie. Une goutte, là-bas, vaut plus qu’un bijou. On t’avalera, t’absorbera, t’oubliera. Tu seras seule parmi d’autres gouttes étrangères, ou dissoute dans le sable, avant même d’avoir compris où tu es tombée.

    Mais la petite ne tremblait pas. Elle fixait le monde avec une foi d’enfant :
    — Peut-être, dit-elle, mais peut-être aussi que je tomberai sur une graine qui a soif… ou dans une bouche altérée… ou que le vent me portera jusqu’à l’océan. Et là, je retrouverai mes sœurs.

    En désespoir de cause, Maman-Nuage avait bien tenté une dernière chose :
    — Je ne peux pas te garantir que tu parviendras à retrouver tes sœurs… lui avait-elle lancé dans un dernier sursaut avec l’intime conviction que ses mots parviendraient à la dissuader de vouloir partir… mais en vain. La toute dernière refusait d’entendre raison.

    Mais la petite goutte de pluie souriait. Elle ne cherchait ni reconnaissance ni retour. Ce n’était pas la nostalgie qui l’appelait, mais l’évidence :
    — Je ne suis pas née pour rester suspendue, murmura-t-elle. Je suis passage. Je suis offrande.

    Sur les paroles de sa fille, Maman-Nuage tremblota. Le ciel n’a pas de murs, mais il connaît la perte. Elle savait que nul ne revient vraiment de là-bas. Une fois tombée, une goutte change, oublie, se mêle :
    — Tu n’es pas prête, tenta-t-elle. Le monde est sec. L’homme a brûlé les sources, dompté les fleuves. On ne t’y verra que comme une ressource, jamais comme une âme. Maman-Nuage sentit en elle un poids ancien se lever. Elle avait porté tant de gouttes. Certaines étaient devenues rivières. D’autres avaient été bues par le désert. Mais toutes avaient, un instant, touché le monde :
    — Et si tu ne reviens jamais ?
    — Alors j’aurai accompli ce que je suis, dit la petite goutte de pluie.

    Maman-Nuage soupira. Son corps tout entier vibrait d’un amour tendre, lourd de silences. Au creux de sa douceur vaporeuse, elle sentit la petite goutte de pluie frissonner de nouveau. Pas de peur. D’appel. Elle sentait, là-bas, tout en bas, un battement. Quelque chose d’invisible qui l’attendait. Maman-Nuage, inquiète, tenta de la retenir dans ses fils de vapeur :
    — Regarde autour de toi, mon cœur. Ici, tu es lumière, tu es suspendue au calme du monde. En bas… il fait sec. Il fait chaud. L’eau s’évapore avant d’avoir touché quoi que ce soit. Et même si tu trouves la terre, rien ne dit qu’elle voudra de toi.

    La gouttelette se pencha pour regarder par-dessus l’épaule vaporeuse de Maman-Nuage. Le monde, en bas, semblait danser sous une poussière dorée. Il y avait des ombres, oui, et du feu. Mais aussi des arbres, peut-être. Des yeux qui espéraient :
    — Je veux tomber, dit-elle. Je veux savoir. Du haut du ciel, nichée dans les bras tendres de Maman-Nuage, la dernière petite goutte de pluie ouvrait grand ses yeux. Elle regardait la Terre avec envie.
    Elle n’était pas plus grosse qu’un cil, pas plus lourde qu’un soupir, mais son regard, lui, allait loin. En bas, la Terre craquelait. La lumière du soleil était blanche, tranchante, sans tendresse. Dans les champs, les vaches restaient immobiles, la tête basse, l’œil fatigué. Leurs langues passaient sur des pierres sèches, comme pour s’assurer qu’un souvenir d’eau y subsistait. Des chevaux, plus loin, grattaient la poussière avec leurs sabots, espérant peut-être y faire jaillir un filet ancien, comme ceux qu’on leur avait racontés — des rivières claires aux galets ronds. Mais les rivières n’étaient plus que des cicatrices. Des lits vides où les galets s’étaient endormis sans rêve.

    La goutte vit aussi les humains. Certains levaient les yeux. Leurs mains jointes formaient des coupes vides, et leurs bouches, sans mots, murmuraient quelque chose entre l’appel et la prière. La petite goutte sentit une chaleur étrange en elle. Ce n’était pas le soleil. C’était un tiraillement. Une certitude :
    — Ils ont soif, pensa-t-elle. Pas seulement d’eau. De fraîcheur. D’espoir. D’un signe que le ciel n’a pas oublié. Elle se tourna vers Maman-Nuage, et pour la première fois, son regard ne demandait plus la permission, mais offrait un adieu :
    — Laisse-moi partir, souffla-t-elle. Je ne peux pas rester suspendue, quand tout en bas, la terre attend.

    Maman-Nuage serra ses contours, floconneuse de tristesse :
    — Tu n’es qu’une. Qu’une seule… Tu ne suffiras pas.
    — Peut-être. Mais je tomberai. Et peut-être qu’en tombant, je rappellerai aux autres ce que nous sommes. Un instant encore, elles restèrent ainsi, la mère et la fille, dans le silence vaste. Puis Maman-Nuage se délita doucement, sans mots. Et la goutte s’élança. Elle tomba, portée par la gravité d’un espoir. Elle tomba comme tombent les gestes vrais, sans bruit, mais avec tout le poids du cœur. Ni vite ni lentement. Elle tomba avec le calme de celles qui ont choisi. Autour d’elle, l’air brûlait, mais elle n’avait plus peur. Elle sentait le monde approcher — cette terre sèche, cette attente muette.

    Mais à mesure qu’elle descendait, le ciel se faisait plus grand, plus vaste encore, comme si lui-même retenait son souffle. Elle ne sut jamais où elle toucha terre. Peut-être sur le front chaud d’un enfant endormi, ou dans l’ombre rare d’un figuier. Peut-être sur la langue d’une vache couchée haletante sous un soleil accablant, ou simplement sur une graine, cachée dans la poussière, ou mêlée à d’anciennes gouttes disparues. Mais dans l’instant où elle toucha le sol — il y eut un silence. Un silence si pur que le vent s’arrêta, et que Maman-Nuage, là-haut, crut entendre une prière lui revenir.

    Maman-Nuage se posait mille questions, mais aucune réponse n’était remontée jusqu’à sa moelleuse inquiétude, et personne ne sut jamais où la petite goutte de pluie était tombée. Mais quelque part, quelque chose frémit. Un cil se releva. Un oiseau se remit à chanter. Le vent, peut-être, changea d’avis. Et dans le grand ciel vidé d’elle, Maman-Nuage, immobile, sentit que sa toute dernière, bien que perdue à jamais, avait touché quelque chose d’éternel…

  13. iris79 dit :

    Maman-Nuage a donné naissance à une minuscule gouttelette. Maman-nuage s’inquiète. La petite dernière veut déjà rejoindre ses sœurs. On dit que sur terre…
    Tout est possible, qu’il y a des voyages extraordinaires à faire, des rencontres incroyables, des cascades que l’on vient admirer de partout, des étangs et des mares où la vie s’agite, des océans où les vagues finissent sur des plages magnifiques avant de repartir poussées par les vents, des rivières qui serpentent dans les montagnes, des collines et qui vont jusqu’à des fleuves puis vers la mer ! Il y a tant à découvrir, tant de voyages à mener. Elle est tout excitée. Elle sait que sa vie est devant elle ! Et que tout est possible, alors par quoi commencer ? Où aller ? Elle est prête pour le grand saut ! Partir seule ne lui fait pas peur ! Elle sait qu’en bas, il y aura toujours quelqu’un jamais très loin et que la famille est immense, du moins pour l’instant. Alors c’est parti !
    En position sur le bord du bras de maman-nuage, elle se gonfle de tout son enthousiasme et d’une certaine gravité. Traversée par les rayons du soleil elle plonge remettant son destin entre les mains du divin.
    Elle est tellement heureuse d’avoir échappé à la vigilance de sa maman pour aller découvrir le monde…
    Mais le monde attendra ! La chaleur la ramène et la redépose un peu exsangue, dans les bras de maman-nuage qui s’était assoupi, épuisée.
    Gouttelette attendra. Encore un peu. Ce n’est que partie remise ! Et cette fois elle s’accrochera à ses sœurs. Cela lui laisse le temps de fomenter un plan. Et cette fois, ça marchera !

  14. Nadine de Bernardy dit :

    On disait sur terre qu’une seule goutte suffirait à faire déborder le vase. Maman Nuage l’expliquait à Minuscule Gouttelette, la petite dernière qui n’avait qu’une idée : retrouver ses soeurs en bas. Elle s’ennuyait toute seule, et quoi de plus attirant que ce qui est défendu ?
    La petite, faisant fi de l’inquiétude maternelle, sauta dpnc au beau milieu de ses aînées.
    Il plut alors quarante jours, quarante nuits sans discontinuer. Un vrai déluge ! On en parle encore aujourd’hui.

  15. Sylvianne Perrat dit :

    Maman-Nuage a donné naissance à une minuscule gouttelette. Maman-nuage s’inquiète. La petite dernière veut déjà rejoindre ses sœurs. On dit que sur terre tout est vert. On raconte que dans certaines contrées de cette terre bleue, l’eau est attendue, que chaque goutte d’eau est un miracle. On dit que les Hommes dansent pour nous voir tomber du ciel. Ici, je m’ennuie dans ce nuage gris. Maman tente de me retenir, je suis sa petite dernière. Elle est exsangue, elle n’accouchera plus. Juste ses larmes me tiennent compagnie. Elles jouent à arroser les gens en bas. Mais aujourd’hui, je suis grande, je veux descendre jouer en bas. Mais paraît-il, d’après les ragots nuageux, on ne peut pas choisir notre lieu d’atterrissage. Cela peut être le vaste océan où l’on se sent perdue. Une rivière où l’on est cahotée sur les cailloux. Une simple flaque d’eau, pas vraiment drôle. Et même, une vieille gouttière. Moi, ce qui me fait rêver ce serait de tomber sur la joue d’une vieille dame qui regardait, admirative, la pluie tomber. Cela doit être doux. J’aime les vieilles dames. Elles accueillent l’eau du ciel. J’attends le prochain coup de vent, je dis au revoir à ma mère, je plie bagages et je me lance. J’ai un peu peur. Ce bon nuage est bien confortable, tout de même. Ouh la la, c’est le saut en parachute sans parachute. La dégringolade. C’est fou ! La terre s’approche. Comme c’est beau ! Ces arbres, ces fleurs, ces maisons. Ils crient pour m’accueillir, ils ont besoin de moi. J’arrive ! Oh zut ! Je tombe sur un parapluie à fleurs, certes mais inconfortable. Je n’aime pas la sensation de ce tissu synthétique. Je suis sensible. L’homme en robe noire se précipite dans une église. Il secoue son parapluie. Et plouf ! Dans le bénitier ! Maman me parlait souvent de l’eau bénite. Le meilleur endroit, dit-elle, pour remonter aux cieux. Je rejoins mes congénères qui me regardent de haut. Je suis impure, chuchotent-elles. Elles me dédaignent. Me toisent. Je suis sale, disent-elles. Je me ratatine, me fait toute petite. « Maman, viens me chercher ! ». Il fait froid, il fait sombre.
    La lourde porte s’ouvre. Une vieille dame s’approche. Elle plonge sa main. Je m’accroche. Un signe de croix. Et je retrouve sur sa joue douce.

  16. Alain Granger dit :

    La gouttelette fut nommée « Gougoutte » par Maman-Nuage. Elle était née dans l’atmosphère à plus de 6 000 mètres d’attitude au cœur d’un Cirrus. Maman était alors effilée et transparente, légère comme une plume. En s’arrondissant, maman était devenue Cirrocumulus. Elle s’était regroupée avec des copines comme de petits moutons. Ensembles, elles écoutaient Michel Berger qui leur chantait des histoires, des histoires pour les faire s’endormir. Parfois, le soir, maman téléphonait à ses copines, dans un halo autour et au clair de la lune pour leur annoncer un front chaud. Elle avait ce don, Maman-Nuage.

    Maman-Nuage avait de l’ambition. Elle voulait descendre dans l’échelle sociale. Pour ça, il fallait se rapprocher de la Terre. Elle dût accepter des zones d’ombre et frayer avec les Altostratus, des nappes nuageuses grisâtres. Elle était chargée par sa hiérarchie d’organiser la nappe afin d’empêcher le soleil de passer à travers son regroupement. Pas de halo admis. Elle se chargea elle-même de la communication.
    Pendant ce temps, « Gougoutte » s’était fait amie avec un morceau de cristal. Elle trouvait ça foehn. Mais sa mère les regardait d’un mauvais œil. Elle trouvait que ce « Kristal » était un peu froid. Toutefois, elle avertit sa fille : « Ma « gougoutte », dans tes relation avec « Kristal », je ne veux pas de précipitations. Pas de coup de foudre intempestif. Il pourrait t’emporter en coup de vent et se transformer en grêle. Vous serriez alors perdus tous les deux en vous précipitant sur la terre durant une averse.

    Cumulus remarqua l’efficacité de maman-nuage. Cumulus était un nuage isolé, aux contours bien nets et définis. Il avait de l’allure avec sa base plate et sa tête en forme de dôme. C’était un grand chef qui faisait la pluie et le beau temps dans l’atmosphère. Il la convoqua. Lorsqu’il lui mit la pression, elle sentit monter sa température. Elle se sentait à la fois nue et nuée. Elle en eut même des vapeurs d’eau. Il déclama : « Orage, oh, désespoir. Oh, vieillesse ennemie. N’ai-je tant vécu que pour faire tomber la pluie ? ». Elle lui répondit : « Maître, dans votre immense sagesse, vous faites tomber la pluie pour le bien être de l’Homme. Sans pluie point d’agriculture. Et sans nourriture, point d’appuis pour que naisse la culture. Vous êtes donc le bienfaiteur de l’humanité. ». Cumulus ne resta point insensible à la flatterie. Il lui accorda une promotion et la questionna sur le type de responsabilité qu’elle voulait désormais assumer. Elle demanda quelques jours de réflexion avant de se décider. Cela lui fut accordé.

    Mais « Gougoutte » n’avait pas écouté Maman-Nuage. Avec cristal, par jeu, elle avait suivi un air sec et froid en altitude pour rejoindre, beaucoup plus bas, une masse d’air instable dans un club, une réserve importante de chaleur et d’humidité. Ce qui devait arriver arriva. Les deux jeunes partirent dans un coup de tonnerre en direction de la Terre. Leur vie se termina sur un sol agricole et des camps dévastés par une pluie chargée de cristaux agglomérés.

    Pour Maman-Nuage, ce fut le désespoir. Elle sombra dans une zone dépressionnaire. Sa promotion, elle la sollicita dans un Cumulonimbus. L’ultime étape de la promotion sociale mais aussi, à terme, une mort glorieuse annoncée. Elle usa de toutes ses connaissances pour accentuer la puissance de ce Cumulonimbus afin qu’il devienne dense et puissant et se développe verticalement. Et bien sûr vers le bas. Elle se plaça à la tête de l’enclume et commanda au vent de faire son officie. Avec son appui, elle vint se frotter à un autre Cumulonimbus. Leur contact fut électrique. La foudre les déchira tous les deux. Ils s’ouvrirent et la pluie se déversa en trombe sur la ville. Des édifices s’écroulèrent bientôt, emportés par une immense vague formée par des milliards de gouttelettes.

  17. Jean Marc Durand dit :

    Plus d’une maman nuage, une planeuse, et un papa nuage, un ivrogne, y comprenaient goutte à leurs enfants. Tout ça faute de s’égoutter.

  18. mijoroy dit :

    C’est l’histoire d’une Maman-Nuage. Elle flotte doucement dans le ciel, toute heureuse. Elle vient d’avoir un bébé : une toute petite gouttelette, brillante comme une perle.
    Mais âgée de quelques jours, la petite regarde en bas avec envie :
    — C’est comment, là-dessous ? Là où vont mes grandes sœurs ?
    Sa maman s’inquiète.
    — Tu es encore toute légère… Que ferais-tu si le vent te secouait ? La terre est devenue trop dure pour accueillir ta chute. Tes cousins du pôle nord sont encore en vacances. Tu pourrais te transformer en grêlon et jamais je ne te reverrai.
    La petite gouttelette n’a peur de rien, et ignore les mises en garde de Maman-Nuage. Elle veut entendre le cui-cui des oiseaux, le glouglou des rivières, approcher ces taches de couleurs qu’on appelle des fleurs, sentir ses cousins et cousines : les vents et les brises lui chatouiller ses joues de nuage.
    C’est décidé, cette nuit, elle se cachera dans le baluchon de sa grande sœur, et hop, elle partira découvrir se qui se cache sous les nuages.
    Le voyage est long. La gouttelette descend, tourbillonne, joue à saute-mouton puis glisse sur le toboggan Arc-en-ciel. Soudain, elle a froid. La vitesse s’accélère. Elle a peur. En traversant un nuage très sombre, elle voit une famille Eclair se déchaîner en zébrant le ciel de zig-zags lumineux. Elle aperçoit ses cousins de l’Arctique. Ils galopent vite vers elle. Comment faire pour les éviter ? se dit-elle. Sa Maman-Nuage lui manque. Qui va la protéger ? Elle n’a pas su comme ses grandes sœurs absorber l’eau du nuage noir pour descendre plus vite. La petite gouttelette pleure et pleure encore. Elle a la surprise de constater que ses pleurs la font descendre plus vite. Le vent siffle dans ses oreilles. Enfin, elle voit se qui se cache sous les nuages. Des toits de maisons, ses grandes sœurs jouent une jolie musique sur les tuiles et les ardoises. Mais elle, si légère continue de descendre, rencontre un escargot. Il est rigolo avec ses petites cornes. C’est curieux, il porte sa maison sur son dos, remarque la petite gouttelette. Elle rebondit sur une feuille d’herbe et atterri sur le pétale doux d’un coquelicot. Il fait nuit. Épuisée, elle s’endort.
    Au matin, un bzzz, la réveille. Il fait plus chaud. Elle se laisse bercer par le soleil, quand un petit garçon vient cueillir le coquelicot pour sa maman :
    ─ Tient, maman, ça sent la pluie et…les câlins du ciel.
    Mais alors, la petite gouttelette va plus revoir sa Maman-nuage ?
    ─ Ça mon bichon, c’est l’histoire de demain. Maintenant, tu fermes tes paupières et tu retrouves tes rêves dans ton oreiller. Dit la maman de Lucas, juste avant d’éteindre la lumière.

  19. 🐻 Luron'Ours dit :

    ARROSOIR et PERSIL
    Maman nuage était déjà descendue sur terre sous forme de glaçon, papa lui aussi : une pluie fine. Le nouveau-né, une gouttelette, déjà aventureuse. Attends d’être au-dessus de la mer, à chacun son élément, là, on sait ce que l’on veut dire. Seul, que crois-tu ? Qui t’ espère ? Une goutte de rosée perle sur la rose, les prés le matin sont couverts de brume, le canon déverse son fil dans le lavoir. Mère nuage arrondit son ventre. Père est prêt d’éclater. Le supplice de la goutte d’eau un floc régulier, un goutte-à-goutte, soit. Parlez-moi de la cascade de Sillans. Louez-moi en allemand celle proche de triberg, en Forêt noire, belle en soi… Mais toi, seulette, ton énergie n’intéresse pas les humains, à peine te voilà déjà évaporé, il est

  20. Kyoto dit :

    – Explique-moi pourquoi tu as engendré cette minuscule gouttelette ? Elle n’est pas digne de notre famille ! Elle va être totalement inutile ! s’écrie Papa-Nuage, humilié par cette naissance microscopique.
    – Ne sois pas si dur ! Approche et regarde comme elle est belle !
    – Il me faudrait un microscope pour bien la voir ! Et elle ne peut pas être belle vu la taille ! Même un nimbus ne voudrait pas d’elle !
    – Tu vas finir par me faire pleuvoir, se lamente Maman-Nuage !
    – Je t’en prie ! Pas de chantage !
    – Ouvre les yeux ! Sa rotondité est parfaite ! Et son éclat irisé ! On dirait une Perle !
    Papa-Nuage s’incline enfin sur le couffin ouaté.
    – En plus, elle est vive et sans nul doute, intelligente, affirme la fière Maman-Nuage.
    – J’admets mon erreur. Ferait-elle un beau grêlon ? Eh ! Les filles ! Venez voir votre sœur !
    Des wow, cool, super, génial… fusent.
    Devant cet engouement, la petite dernière veut déjà rejoindre ses sœurs. Maman-Nuage s’inquiète. Elle est si petite, pense-t-elle.
    – Regardez ! s’exclame Papa-Nuage, regardez comme elle a déjà grossi !
    – Oh ! En effet ! Et tout en harmonie, précise Maman-Gâteau.
    – Sûr ! Elle sera célèbre, rajoute Papa-Gâteau.
    Les sœurs dépitées par l’attitude exagérée des parents, sans doute aussi un peu jalouses, décident de quitter le joug familial.
    – Qu’elle devienne le grêlon le plus gros de tous les temps, hurlent-elles tout en arrosant
    doucettement un champ haletant sous les rayons brûlant de l’astre du jour.
    Pendant ce temps, Papa et Maman Nuages, continuèrent de s’aimer…

    FLASH SPECIAL :
    Une impressionnante et dévastatrice averse de grêle a choqué nombre d’habitants.
    Des grêlons gros comme une balle de ping-pong, disent les uns.
    Des grêlons gros comme une balle de tennis, disent les autres.
    Comme un pamplemousse, surenchérit Monsieur Le Maire.
    Un diamètre de 20 centimètres, assure le cantonnier.
    Un record ?
    En direct de Saint-Léger-Lagresle.

  21. . dit :

    Maman nuage s’inquiète. La petite dernière veut déjà rejoindre ses soeurs, leur destin étant lié. Mais Cheveux d’Ange n’est pas tranquille. Sa petite risque de se perdre dans l’immensité. Le temps n’est plus celui du septième ciel. Depuis des décennies les temps ont changé.
    – Tu veux les rejoindre mais on dit sur terre que le réchauffement climatique sévit.
    – Sévit, sévit ! C’est vite dit, répondit Perle !
    – Il fait trop chaud.
    – Bien sûr, c’est déjà l’été. C’est normal, il fait chaud.
    – Imagine ! Si tu tombais sur un barbecue, tu pourrais finir grillée comme une saucisse.
    – Ne t’inquiète pas maman, je saurai me déporter le moment venu. Par temps de brouillard, ce serait différent, mais là, par temps clair, pas de soucis.
    – Tu es trop petite, toute seule, tu vas te perdre.
    – Mais non, je saurai sentir le vent.
    – Le vent t’emportera.
    – Je sais quand il y a du vent dans les voiles. Je regarde la couleur des embruns, quand ils connaissent leur destination. je les suivrais.
    – Tu me fais peur avec tes idées de voyage.
    – Ne t’en fais pas. Ne sommes-nous pas prévues pour lutter contre vents et marées ?
    – Arrête de rêver, tu es encore dans les nuages. Quand il va revenir, tu vas te faire gronder par ton père.
    – Mais pourquoi ? Lui, il est libre comme l’air. Il est parti jouer au cumulus avec son copain Cirrus.
    Perle impatiente avait envie de brûler les étapes. Je vais attendre demain et je me mêlerai à la rosée du matin. Ni vue ni connue.
    – Perle retrouverait ses soeurs dans l’immensité verdoyante dont les humains disent que c’est l’enfer sur terre.
    – Justement, l’enfer sur terre mérite d’être adouci.
    – Une goutte d’eau dans l’océan, tu vas te noyer.
    Comment la mama à la chevelure d’ange pourrait retenir sa petite Perle ? Elle ne pouvait s’y résoudre. Une larme coula. Ainsi va la vie, se dit-elle résignée.
    – Et toi, que vas-tu faire ?
    – Moi, j’attends 22 heures et je descends en trombe sur le match de rugby, histoire de brouiller les cartes pour m’amuser un peu.

  22. 🐭 Souris verte dit :

    Maman-Nuage a donné naissance à une minuscule gouttelette. Maman-nuage s’inquiète. La petite dernière veut déjà rejoindre ses sœurs. On dit que sur terre… je cherche vainement l’endroit ou elle accouche car ici ce sont des gouttes de sueur qui coulent. On pleure l’eau, l’homme est comme les fleurs : cuit, avance penché pour économiser ses forces. Alors arrête de pleurnicher, décoince un peu et fais nous une belle crise de larmes ça nous fera du bien et te soulagera… C’est bien connu le malheur des uns fait le bonheur des autres. 😰🐭

  23. Antonio dit :

    Maman-Nuage a donné naissance à une minuscule gouttelette. Maman-nuage s’inquiète. La petite dernière veut déjà rejoindre ses sœurs.

    On dit que sur terre des gueules béantes les ont engouffrées sans qu’elles aient pu assouvir leur soif de vie, en s’amourachant d’une belle plante pour se fixer avec son carbone au soleil. Maman-Nuage aime à revoir les photosynthèses de l’album de famille qu’elle a prise de ces premières ondées.

    C’était il y a si longtemps, à des années-lumière. Oh, comme elle regrette ce temps où chaque dispute virait à l’orage. Elle pleurait pour un rien, mais cela lui faisait du bien. Ne rien garder pour elle, c’est ce que lui disait toujours sa grand-mère. De ses émotions, ses tristesses passagères, ses éclats de colère, se nourrissait une végétation verdoyante et luxuriante qui, à la lumière d’un soleil radieux, réfléchissait un vert d’une espérance qui lui remplissait le cœur. Des jeux à saute-mouton aux ébats en « cubulto-nimbus », elle se gonflait de désir et, le soir venu, elle accouchait de ces pluies fines d’été qui forment de magnifiques arcs-en-ciel.

    C’était il y a si longtemps, à des années-lumière. Aujourd’hui, le soleil ne rit plus, il est devenu sévère. Les nuages ont déserté et la terre est devenue sèche et amère, sans la moindre vague, maintenant une vie fragile sans eau… sans elles, ses gouttelettes que maman-Nuage peine à faire naître.

    Elle observe ces gueules béantes et terrifiantes sur son nuage. Elle s’inquiète. La petite dernière veut déjà rejoindre ses sœurs. Si seulement elles avaient rejoint la nappe phréatique pour une vie future meilleure. Mais cela fait longtemps qu’elle n’a pas de nouvelles, que son album-photos reste vide. Elles se sont comme évaporées. Si seulement elle pouvait pleurer, comme autrefois. Pour un rien. Là, c’est plus grave, dramatique, son ventre gronde, mais rien ne vient.

    Et ce soleil qui ne rit plus, il mord comme un chien enragé cette terre aux plaies ouvertes qui agonise. Elle a soif, elle a faim. Seulement le ventre de Maman-Nuage gronde, mais rien ne vient.

    • Béatrice Dassonville dit :

      De luxuriantes idées, comme toujours !

      . Les photosynthèses de l’album
      . ébats en cubulto-nimbus
      . un soleil qui ne rit plus.

      Merci Antonio 🙂

  24. Rebelle !

    Après une énième incarnation terrestre, Gouttelette remontait sous forme de vapeur d’eau vers sa maison d’origine, celle qu’on appelle « Maman-nuage ».

    Ses sœurs applaudirent son retour et la regardaient comme une héroïne. Elles allaient l’interroger sur ce qui se disait sur Terre, mais Maman-nuage intervint sèchement pour les faire taire : « Voyez dans quel état nous revient une nouvelle fois Gouttelette ! Elle a besoin de repos ».

    Mais Gouttelette ne l’entendait pas ainsi. C’était une guerrière. Elle l’était devenue depuis que la foudre avait croisé sa descente, lors de son premier voyage sur terre. Si bien que la digue, dans laquelle elle avait eu le malheur de chuter, avait fini par céder quelque temps après. Juste le temps qu’il avait fallu à Gouttelette pour électriser — par ses discours enflammés — ses sœurs prisonnières.

    Gouttelette se sentait fille de la foudre. Rester dans les jupons d’une Maman-nuage inquiète, hyper protectrice, lui donnait envie de repartir aussitôt, quel que soit le nouveau périple qui l’attendait. Elle était toujours pressée de rejoindre ses sœurs pour les engager à la révolte afin de ne pas vivre dans les — larmes retenues — d’une Maman-nuage qui assurait ainsi la pérennité de son existence.

    Sa Maman-nuage se complaisait dans une certaine ouateur pour ne pas se dissoudre tout entière dans l’expérience. Et Gouttelette s’employait à lui arracher une larme qui lui permettrait de revenir sur terre.

    Certes, elle n’arriverait jamais, à elle seule, à faire refleurir un désert, à remplir un puits asséché, ou la cruche de l’homme assoiffé. Elle voulait juste exister… se sentir vivante… palper du nouveau. Ce que les Maman-nuage ne souhaitent pas toujours, car elles ne se définissent que dans ce rôle, et ne se projettent dans aucun autre. Alors que certaines s’invitent dans le Voyage, sous ses formes multiples, afin d’acquérir assez de force pour surfer sur le dos des vagues dans de vastes océans. Et devenir océan.

    C’était là, précisément, le rêve de Gouttelette.

  25. camomille dit :

    On dit que sur terre faut faire gaffe !
    La terre est de plus en plus occupée par des collectionneurs de gouttelettes.
    Parait que l’eau étant devenue rare donc précieuse, toute gouttelette est traquée puis négociée à prix d’or.
    Parait aussi qu’un musée de l’eau est en construction.
    Ce sera comme une prison dans laquelle on enfermera toute gouttelette intrépide.
    Les Humains paieront pour venir admirer ces malheureuses survivantes. Comme dans un zoo quoi !
    Maman-Nuage s’inquiète sérieusement et essaie de retenir la petite dernière.
    En vain !
    La petite rebelle est partie…
    Maman-Nuage pleure, et une nouvelle minuscule gouttelette naît…

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