7 réponses

  1. FANNY DUMOND dit :

    Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piquée.

    Mais oui, minute papillon ! Je venais de me souvenir de ce truc étrange que j’avais remarqué, aux aurores, dans la haie. Mais, trop occupée à donner la becquée à notre progéniture, réclamant à cor et à cri sa pitance, j’avais fait l’impasse sur ma vision. Puis j’étais partie faire mon marché par monts et par vaux. Après la toilette de mes chérubins, j’avais fait mon ménage à fond et pour me délasser, je m’étais octroyé une petite pause bien méritée, n’est-ce pas ? Je m’étais posée sur une branche de laurier pour faire le point sur la situation et c’est alors que mes pensées se sont mises à tourner comme une girouette en pleine tempête d’équinoxe.

    C’était donc ça ! Le ver était dans le fruit. Que faisait-il là-bas, à roucouler comme un imbécile auprès de l’autre, là, avec sa taille de guêpe, cette excitée comme une puce, mais molle comme une limace, pour s’occuper de sa maisonnée qui paillait tant et plus. Il est de notoriété publique qu’elle a une araignée au plafond, quant au reste, il est préférable de ne pas le savoir. Je l’avais pressenti ce matin que cette araignée m’apporterait du chagrin.

    C’est alors que je pris mon élan pour lui tirer les vers du nez à ce don Juan de pacotille.

  2. Antonio dit :

    Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon… en ligne de mire dans mon couloir aérien, qui fonçait droit sur ma carlingue, manquant de justesse de me précipiter dans quelque abîme. Je pris aussitôt la mouche de ma tour de contrôle à témoin :

    — Piquez-moi, je rêve ! m’exclamai-je. D’où sort ce cafard ? Vous avez vu comme il a essayé de me faire sombrer ?

    — Tseu-tseu, au temps pour moi ! répondit celle-ci, j’ai oublié de vous prévenir. Ce B52 tentait seulement d’atterrir comme une fleur sur la piste aux pétales d’où vous veniez juste de décoller.

    — Comme une fleur ? Vous avez vu le machin ? Ça défie les lois de l’aérodynamisme qui m’a toujours porté dans les airs de ma bonne humeur. Je venais de prendre le plus beau des envols, je commençais tout juste à planer à six mille pieds au-dessus du septième ciel. Tout semblait merveilleux, j’avais quitté le marasme sur terre et me préparai, à nouveau, à passer le mur des cons. Et voilà que ce bourdon m’a fait changer de trajectoire avec ses vibrations aussi tristes que des cordes d’une guitarra lisboète accompagnant un chant de fado qui annonce l’impossible retour des marins perdus en mer. Il va falloir que je me repose encore avant de pouvoir repartir et voleter avec la même insouciance.

    — C’est mieux, en effet, de laisser reposer un peu votre imagination, monsieur Pereira. Prenez ces comprimés, ils vous aideront à redescendre en évitant toute dépression. Laissez-vous porter jusqu’au bout du couloir, gardez votre ceinture attachée jusqu’à l’extinction du signal lumineux. Je vous fais signe dès que j’ai une piste pour vous faire repartir d’un meilleur pied.

  3. Avoires dit :

    Joli cheminement d’idée, du bourdon à la clochette !

  4. camomille dit :

    Il faisait beau, je voletais. Subitement, j’eus le bourdon, je me suis demandé quelle mouche m’avait piqué…
    Ça ne m’étonnerait pas que ce soit cette excitée de «mouche du coche»? Faut qu’elle s’agite en permanence celle-là. Juste pour se prouver qu’elle existe ; alors elle pique à tout va !
    A moins… A moins que ce ne soit cette garce de «mouche à merde» ? Il est vrai que l’été dernier j’ai refusé ses avances. Mais de là à m’en vouloir encore… ce serait mesquin tout de même !
    A moins… A moins que ce ne soit «fine mouche» ?
    Ça fait un moment qu’elle me cherche celle-là… Pourtant, je lui ai bien expliqué que j’étais gay. L’amertume lui va mal à la pauvrette !
    Bref, moi je voudrais bien que l’on me foute la paix ! Et que l’on me laisse voleter en toute tranquillité!
    Allez tant pis pour elles… J’adresse sur le champ un SMS à mon nouveau copain « gobe mouche » et il va en faire son affaire.
    Elles se le sont bien cherché.
    Non mais… !

  5. Alain Granger dit :

    Je ne sais pourquoi j’avais le cafard, comme ça, tout d’un coup. Après avoir vu une magicienne dentelée, ma mère m’avait dit qu’être né sous le signe du capricorne, même si ce n’était pas le capricorne du cactus, était une malédiction. Je serais un enfant bipolaire.

    Si je reconnaissais que j’étais un petit diable, je me considérais comme un hyménoptère comme les autres, une abeille déjà travailleuse qui honorait sa reine lorsqu’elle jouait du clairon. J’avais déjà conscience que ma vie serrait éphémère et cela ne me posait pas de problèmes existentiels. Je n’en faisais pas trop. Je ne me prenais pas pour un Apollon, un Hercule ou tout autre titan. Je consultais mon atlas régulièrement pour ne jamais me perdre dans la nature durant l’aurore d’un azur estival.

    Bien sûr, je m’étais vu raccompagné parfois à la citadelle blanche entre deux gendarmes mais ce n’étais que pour des faits bénins : le vol d’un citron ou d’un autre fruit. Heureusement, je ne me fis pas gauler lorsque je piquais une Coccinelle, quelques perles ou quelques turquoises, à des insectes bien plus gros et riches que moi. Chaque fois que j’avais le bourdon, il fallait que je vole. Ça me faisait du bien. J’ai revendu la Coccinelle à un pote, un prix bien plus bas que l’argus bleu et j’ai donné les bijoux à ma nymphe préférée, ma Rosalie alpine de Grenoble, une diptère que j’avais aimé durant un taon.

    Robin des bois était un véritable mite pour moi. J’avais fixé son affiche dans ma chambre avec 4 punaises. Lorsque j’avais le moral à zéro, je restais silencieux comme un Sphinx tandis que des papillons noirs voletaient à l’intérieur de ma tête. Dans mes rêves agités, de véritables cauchemars, Vulcain me précipitait dans un volcan ou bien je devenais le satyre des Appalaches et piquais les jeunes abeilles avec des acides sexuels après les avoir accostées dans la chenille d’une fête foraine. Ma mère aurait voulu que je devienne géomètre mais lorsque la reine me nomma son vice-roi, elle oublia tous les cheveux blancs que j’avais fait naître sur le sommet de son crâne. Elle était si fière que des larmes inondèrent mes multiples regards. Désormais, il fallait que je me fasse soigner afin d’être à la hauteur de ma fonction, pour ne pas sombrer dans ce désespoir destructeur qui me submergeait parfois.

  6. Nouchka dit :

    Lettre à mon « ostéopote »
    Cher ami,
    Que deviens-tu depuis notre dernière rencontre, à Noël ?
    As-tu poursuivi ton cursus universitaire en plus de ton exercice professionnel ?
    Ici, nous avons abordé la nouvelle saison avec joie, après tant de semaines de grisaille et de pluie.
    Néanmoins, toi, qui es mon « ostéopote », accepterais-tu de me donner un avis ?
    En effet, depuis que le printemps est là, j’ai comme un pré dans le cerveau. Bon, j’imagine ta tête ! Ne crois pas que je sois devenu cinoque. C’est juste que l’impression ressentie est nouvelle et étrange.
    Dès l’aurore, j’entends tintinnabuler les clochettes d’un troupeau broutant dans ma tête. Cela a démarré le dix-sept mars.
    J’ai cherché à comprendre ce qui se passait : avais-je trop arrosé mon anniversaire ? Y avait-il quelque chose de nouveau dans le voisinage ? Et bien, je n’ai rien trouvé. Tu sais, nous vivons en ville ; alors les seuls troupeaux que nous puissions entendre sont les cloches de la cathédrale !
    Je dois dire que je commence à m’habituer mais quand même.
    Il fait beau, mon esprit volette d’une idée à l’autre. Subitement, j’ai le bourdon, je me demande quelle mouche m’a piqué. C’est comme si mon cerveau était une terre grasse d’où émergent de petites pousses d’herbe d’un vert tendre. Je ressens au réveil, cette fraicheur acquise de la nuit qui patiemment attend le lent et progressif réchauffement du labour. Je discerne le frôlement du vent qui ploie les brins d’herbe. Je perçois le frémissement occasionné par les sabots qui font vibrer le sol à proximité. J’entends les mufles qui soufflent à ma surface et m’envoie une douce chaleur. Ce parfum d’herbe coupée m’enivre. L’unique point préoccupant, est la puissance des clarines. Elles sont trop nombreuses et n’ont pas harmonisé leur mélodie. Moi qui suis plus Mozart que Messian, je tente de me former à ces compositions mais j’ai encore du mal. D’autant que ce ne sont que des percussions. J’apprécierais davantage un mixte, avec des cordes par exemple. Il est vrai que le bourdonnement des insectes et le sifflement du vent dans les herbes tentent de modifier la partition des clochettes mais il y a un déséquilibre de puissance entre les uns et les autres, comprends-tu ?
    Ne t’inquiètes-pas trop mon ami, j’aime furieusement cette saison. Les plantes, l’humus, les insectes et les oiseaux s’ouvrent à la vie nouvelle. Moi aussi, d’une certaine manière. Cette année, je vis le printemps de plus près. Ma tête participe totalement au déchainement de cette renaissance. Je me mets à la campanologie. Tu sais, l’étude des cloches, clochettes et carillons, ainsi qu’à l’étude de leur répertoire musical, des usages et traditions qui y sont aussi associés.
    C’est beau, c’est bon…mais c’est un peu trop sonore !!
    Avec toute ma fidèle amitié et mon meilleur souvenir à Gisèle,
    Arthur

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