738e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Il était, une fois, un docteur qui avait pris en grippe l’une de ses patientes. Cela parce que…
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La journée avait bien commencé, bien ordonnancée, bien anticipée . Coup de fil interminable, recherche du dossier urgent dans la pile , impossibilité de remettre la main sur les clefs, tout s’en mêle pour enrayer cette belle organisation, et le chat qui renverse le café sur le bureau,
Quelque chose grippe les rouages de cette parfaite programmation ..
À son arrivée, avec quelque retard, il se fait agripper immédiatement par une patiente agressive qui l’abreuve de remarques grinçantes …car, elle est malade ??
Il écoute à peine ses logorrhées fleuves, quand un mot l’interpelle, serait-ce symptôme d’une grippe exotique rare ??? pas question de se laisser coincer par cette mégère, malgré sa prise en grippe …
Je trouve intéressant le jeu de l’allitération avec la consonne G qui nous donne bien l’impression combien en ce début de journée, tout commence mal :
(grippe, programmation, agripper, agressive, grinçantes, grippe).
Oups !
…qui nous donne l’impression, en ce début de journée, que tout commence mal. 🙂
Il était, une fois, un docteur qui avait pris en grippe l’une de ses patientes. Cela parce qu’elle prétendait avoir une cirrhose en plaques. De même, un inspecteur des impôts, s’était plaint d’une hernie fiscale. Ce qui avait obligé notre médecin, à lui faire un redressement.
Il avait beau essayer d’être aux petits soins pour ses patients, il s’en trouvait toujours pour se plaindre à maux couverts. Il avait pourtant demandé à son ordonnance d’écarter les indésirables, rien n’y faisait. Et à force, cela le rendait malade…
Bien aimé🐀🐻
Le Docteur Idro Gène est chercheur chimiste et ingénieux physicien.
L’objectif de sa vie serait de comprendre pourquoi les femmes ont toujours été si soumises à l’autorité.
Peut-être parce que son père d’origine grecque lui a transmis ce patronyme prédestiné (suffixe signifiant engendrer) ce qui est la moindre des choses pour un savant en devenir, comme ses géniteurs aimaient à le croire, et qui ont, de surcroit, choisi de l’affubler de ce prénom peu commun qui donnerait, prédisait-on, à leurs titulaires : sociabilité, goût du changement, stabilité, discipline et un amour-propre développé.
Bien entendu, Dr Gène oriente assez rapidement, les études du laboratoire qu’il dirige, vers des axes susceptibles de répondre à la fois aux ordres des bienfaiteurs qui financent la structure et au thème qui lui tient tant à cœur.
Les collaborateurs d’Idro recensent toutes les pistes dignes d’intérêt en vue de réduire « le stress oxydant » dans l’organisme des humains qui en sont affecté. Dans de tels cas, la proportion de radicaux libres dépasse les capacités antioxydantes de l’organisme, créant ainsi un terrain propice à l’apparition du stress.
Le tri des dossiers de patients, vieillis prématurément par ce déséquilibre, amène le Dr Gène à se focaliser personnellement sur les sujets particulièrement singuliers.
Sans doute influencé par son identité, Idro introduit l’hydrogène gazeux, aux effets neuroprotecteurs, qui pourrait contenir, voire améliorer l’évolution des maladies neurologiques telles que les accidents vasculaires cérébraux, les traumatismes crâniens et les maladies neurodégénératives. Le procédé contribuerait à réduire l’inflammation cérébrale et les lésions neuronales.
Après une période de tests sur plusieurs dizaines de patients, Dr Gène commence à comprendre comment agit le gaz.
Lui et ses collaborateurs notent des modifications intéressantes dans les bilans sanguins des sujets suivis.
Ils s’entretiennent avec les malades afin de saisir leur désarroi ou leurs espoirs au vue des symptômes invalidants.
Depuis plusieurs semaines, Dr Gène est très attentif à l’une des patientes qui, a-t-il observé, a des résultats d’analyse inexpliqués et qui, par ailleurs, développe une logorrhée jamais observé jusque-là. Ce symptôme jouerait-il un rôle important dans le diagnostic ? Idro tente de faire comprendre à la patiente, qu’elle développe un trouble du langage plutôt inédit.
Le flux de paroles et la fréquence du trouble sont très déstabilisants pour Idro. Lui qui veut lier la recherche institutionnelle et son appétence pour l’analyse du fonctionnement de la gente féminine face à l’autorité, se retrouve face à une femme érudite qui, dans son actuel délire verbal, utilise tous les termes académiques de la littérature, pour s’exprimer.
Et lui, le savant, lui qui domine le contexte scientifique, est en proie à une perte de positionnement et de compréhension.
La patiente parle de diasyrme, d’anthypophore, d’antiphrase et d’autres termes que Dr Gène ne comprend pas. Il a bien tenté de noter certains de ces termes pour aller rechercher leur signification mais il s’est vite fatigué de ces débordements impossibles à canaliser. Contrairement à son attitude habituelle de calme, de compréhension et de pondération, Idro a pris en grippe cette docte lettrée. Il ne s’autorise pas à lui donner des neuroleptiques sédatifs, utiles en psychiatrie, qui pourraient créer une altération des résultats des traitements prescrits au labo !
Idro tente d’analyser sa propre réaction de rejet. Jamais il n’a eu un tel ressentiment dans le cadre de ses recherches.
Il sent que quelque chose lui échappe. Aurait-il atteint son propre seuil d’incompétence ? Il décide de prendre quelques semaines de congés, loin du labo, loin de ses proches, espérant ainsi retrouver un peu de sérénité et, avec un peu de chance, ne plus avoir à suivre cette patiente impossible à son retour….
Merci pour cet excellent récit Nouchka. J’y trouve beaucoup d’originalité et un certain réalisme. Car, en effet, toute science qui entre dans les axes de ceux qui la financent perd beaucoup en sa capacité de recherche sur des intuitions nouvelles. Elle tue dans l’œuf les postulats audacieux et, bien sûr, n’admet aucune controverse. L’univers scientifique – très macho – admettait mal le génie chez les femme, et nous avons pour exemple 7 femmes scientifiques dont le travail à été volé par les hommes, dont Mileva Maric Einstein, l’épouse d’Einstein.
👌, tout à fait d’accord avec vous Beatrice
🙂
EN SOUVENIR DU GÉNIAL RAYMOND DEVOS.
Un jour, en pleine nuit, mon médecin me téléphone: » Je ne vous réveille pas ? » Comme je dormais, je lui dis : » Non. »
Il me dit: je viens de recevoir du laboratoire le résultat de nos deux analyses.
J’ai une bonne nouvelle à vous annoncer. En ce qui me concerne, tout est normal. Par contre, pour vous. c’est alarmant. Je lui dis: – Quoi ?… Qu’est ce que j’ai? Il me dit: – Vous avez un chromosome en plus… Je lui dis: – C’est à dire? Il me dit: – Que vous avez une case en moins ! Je lui dis:
– Ce qui signifie? Il me dit : – Que vous êtes un tueur-né ! Vous avez le virus du tueur… Je lui dis: – … Le virus du tueur ? Il me dit: – Je vous rassure tout de suite. Ce n’est pas dangereux pour vous, mais pour ceux qui vous entourent… ils doivent se sentir visés. Je lui dis: – Pourtant, je n’ai jamais tué personne ! Il me dit: – Ne vous inquiétez pas… cela va venir ! Vous avez une arme? Je lui dis: – Oui ! Un fusil à air comprimé. Il me dit : Alors pas plus de deux airs comprimés par jour ! Et il raccroche ! !!! Toute la nuit… j’ai cru entendre le chromosome en plus qui tournait en rond dans ma case en moins. Le lendemain, je me réveille avec une envie de tuer… Irrésistible ! Il fallait que je tue quelqu’un. Tout de suite ! Mais qui ? Qui tuer ?… Qui tuer ? Attention ! Je ne me posais pas la question : « Qui tu es ? » dans le sens : « Qui es-tu, toi qui cherches qui tuer ? » ou : « Dis-moi qui tu es et je te dirai qui tuer. » Non !… Qui j’étais, je le savais ! J’étais un tueur sans cible ! (Enfin… sans cible, pas dans le sens du mot sensible !) Je n’avais personne à ma portée. Ma femme était sortie… Je dis : « Tant pis, je vais tuer le premier venu ! » Je prends mon fusil sur l’épaule… et je sors. Et sur qui je tombe ? Le hasard, tout de même ! Sur… le premier venu ! Il avait aussi un fusil sur l’épaule… (Il avait un chromosome en plus, comme moi !) Il me dit: – Salut, toi, le premier venu !… Je lui dis: – Ah non ! Le premier venu, pour moi, c’est vous ! Il me dit: – Non ! Je t’ai vu venir avant toi et de plus loin que toi ! Il me dit: – Tu permets que je te tutoie? Je te tutoie et toi, tu me dis tu ! Je me dis: – Si je dis tu à ce tueur, il va me tuer ! Je lui dis: – Si on s’épaulait mutuellement ? D’autant que nous sommes tous les deux en état de légitime défense ! Il me dit: – D’accord ! On se met en joue… Il me crie: – Stop !… Nous allions commettre tous deux une regrettable bavure… On ne peut considérer deux hommes qui ont le courage de s’entre-tuer comme des premiers venus ! Il faut en chercher un autre ! J’en suis tombé d’accord ! Là-dessus, j’entends claquer deux coups de feu et je vois courir un type avec un fusil sur l’épaule… Je lui crie: – Alors, vous aussi, vous cherchez à tuer le premier venu? Il me dit: – Non, le troisième ! J’en ai déjà raté deux ! Et tout à coup, je sens le canon d’une arme s’enfoncer dans mon dos. Je me retourne. C’était mon médecin… Qui me dit: – Je viens vous empêcher de commettre un meurtre à ma place… Je lui dis: – Comment, à votre place ? » Il me dit: – Oui ! Le laboratoire a fait une erreur. Il a interverti nos deux analyses. Le chromosome en plus, le virus du tueur, c’est moi qui l’ai ! Je lui dis: – Docteur, vous n’allez pas supprimer froidement un de vos patients ? Il me dit: – Si ! La patience a des limites. J’en ai assez de vous dire : Ne vous laissez pas abattre !
Je lui dis: Vous avez déjà tué quelqu’un, vous ?
Il me dit: – Sans ordonnance… jamais ! Mais je vais vous en faire une !
© Raymond Devos 1999
Bonjour Pascal,
Merci pour cette magnifique référence au maître du calembour qui maniait la langue française avec un art chirurgical…
Bonne semaine et prenez bien soin de vous.
Cette histoire souligne le magnifique talent de Monsieur Devos. C’est un Maitre, et nous avons beaucoup à apprendre de lui.
Ne nous laissons pas pour autant « abattre ».
Si nous n’avons pas le chromosome du tueur, nous avons celui de l’écriture, du bon et joyeux récit hebdomadaire.
On ne s’en lasse pas!
Merci Pascal pour ce superbe rappel
Il était, une fois, un docteur qui avait pris en grippe l’une de ses patientes. Cela parce qu’il n’en pouvait plus de voir défiler dans son cabinet des malades en tout genre. Aussi décida-t-il de leur attribuer à chacun une étiquette pour mieux les soigner mais aussi mieux suivre leur historique de santé. Il prit donc en grippe Madame Frisson. Puis il étiqueta Monsieur Pif qu’il avait dans le nez depuis plusieurs années. C’était toujours une épreuve de le recevoir pour le soigner. Il souffrait constamment d’écoulement nasal impossible à arrêter. Il y eut Madame Achille qui souffrait continuellement de douleurs musculaires au pied et ne se déplaçait qu’en béquille. Il fut tenté de faire des catégories aussi dans sa patientèle d’enfants. Il était très doué avec eux malgré son agacement lorsqu’il les voyait arriver dans son cabinet. Les Tête-à-claque ainsi nommés n’étaient pas la plus simple à traiter ! Ainsi répertoriés, le docteur en question informait sa secrétaire de son organisation journalière : « aujourd’hui Simone, pas plus de deux tête-à-claque, je suis pas d’humeur. Vous pourrez rajouter une prise en grippe et une frisson, pas de Pif ! On verra demain pour ceux-là…Et les chassez-moi les chiassous ! »
Le médecin nosophobe et sa patiente hypocondriaque
Un médecin nosophobe, vous en conviendrez, c’est rare, mais ça existe. Celui dont je vous parle pensait guérir sa peur panique de la maladie, en se frottant directement à celle des autres : soigner le mal par le mal.
Son cabinet ne désemplissait pas et sa renommée s’étendait déjà aux confins de plusieurs bourgs et villages, jusqu’au jour où, Madame X, atteinte d’hypocondrie sévère pénétra dans son cabinet.
Comme chacun le sait, un hypocondriaque se croit malade alors qu’il ne l’est pas, et multiplie les examens et bilans médicaux. Cependant, la particularité de Madame X était de se sentir souffrir de maladies rares, et si rares pour certaines, qu’on les qualifie d’orphelines.
Dès sa première visite, après avoir raconté par le menu détail un parcours médical déjà chargé, elle se sentait affligée de la maladie des extotoses multiples, puis, dans les mois qui suivirent, de la maladie Moya Moya, suivie de celle de Takyasu , pour en arriver à l’heure d’aujourd’hui au Syndrome de Simpson Golabi. À croire qu’elle avait consulté et appris par cœur la nomenclature Orphanet qui liste les noms principaux de toutes les maladies, par ordre alphabétique.
Le problème c’est que nous en étions à la lettre S. Et que ce médecin nosophobe avait pris en grippe sa patiente, au point d’en redouter un accès de folie, quand elle affirmerait — après avoir feuilleté la liste des maladies en X et Y — être atteinte de Xeroderma Pigmentosum ou de zygomycose.
Déjà, le mal faisait son chemin, car à chacune des visites de cette dernière, il était pris de contractions musculaires, de mouvements brusques, et d’une envie presque irrépressible de proférer des insultes. Il ne pouvait s’empêcher de voir en cela les premiers symptômes de la maladie de Gilles de la Tourette. Pour le moment, il n’en était qu’aux tics moteurs, mais qu’en serait-il quand le vocal suivrait, que l’injure jaillirait de ses lèvres brûlantes ?
Il en fit des cauchemars où se libéraient toutes les énergies qu’il contenait le jour, au point de vociférer les pires jurons et de tordre le cou à sa patiente. Il ne fut donc pas surpris, au cours d’un de ses mauvais rêves, de se retrouver dans un lieu d’une noirceur indicible qui sentait le soufre. Puis, de voir accourir vers lui sa patiente qui lui affirma avoir tous les symptômes de la ménopause, car comment expliquer ses terribles bouffées de chaleur, sa transpiration excessive de jour comme de nuit, et cette odeur corporelle ignoble qui l’accompagnait partout ?
C’est alors que le docteur hurla son pronostic : « Mais c’est que nous sommes en ENFER, espèce de vieille folle, de… »
Les jurons qui suivirent furent prononcés avec une telle violence qu’ils réveillèrent le docteur en sueur. Vaincu par l’effroyable vérité qui se dessinait devant lui, il se disait : « C’en est fini de moi, j’ai la Tourette… j’ai la maladie de la Tourette ! ».
Et il se mit à brailler des horreurs qu’on ne saurait répéter ici.
Il était une fois un docteur qui avait pris en grippe une de ses patientes.
Elle ne se considérait pas de santé fragile, cependant depuis quelques mois, elle se posait de nombreuses questions qui buttaient contre des non-réponses. Son médecin l’inquiétait. Pourquoi était-il nerveux à son égard alors qu’avec d’autres patientes il était beaucoup plus avenant ?
La semaine passée, il était venu chercher Madame Lapouge dans la salle d’attente. Un large sourire éclaira son visage. Visiblement, ils étaient heureux de se revoir tous les deux. Elle n’usa même pas de son déambulateur. Elle courut jusqu’à son bureau et s’allongea sur la table d’examens avec une souplesse sans égale et sans aide. En une visite de dix minutes, il ne pouvait pas tout examiner. Ensuite, elle passa dans un autre bureau. Elle entendit des bruits. Que se passait-il dans ce boudoir secret ? Tout cela était mystérieux.
Dans la salle d’attente elle essaya d’interroger du regard des patients qui se détournèrent. Certains firent semblant de s’intéresser aux petits oiseaux par la baie sans rideau. D’autres, plongés dans leur portable s’hypnotisaient avant de recevoir leur verdict. Deux petites filles attendaient l’heure de la sortie en s’amusant en compagnie de leur père.
Pendant cette longue attente, une incertitude la rendit mal à l’aise. Tant bien que mal, elle essaya de se rassurer, sa tension ne baissait pas. Face à ce Monsieur très sûr de lui, elle se sentait vulnérable. Son pouls battait à 90, voire 92, c’était trop. Des fourmis dans les jambes la démangèrent. L’envie d’aller ouvrir la porte du bureau devint tout à coup prégnante.
Une autre patiente était déjà entrée. Elle dût attendre encore. Plus la visite tarderait, plus le diagnostic deviendrait compliqué à établir.
Il avait sûrement des problèmes personnels. Elle aurait aimé qu’il se confie. Elle aurait sûrement trouvé une solution pour lui. C’est vrai qu’il était débordé, beaucoup trop de patients pour lui ! En contrepartie, sa patience était de zéro. Avec les chiffres de sa tension et de son pouls, ça ferait une bonne moyenne. Peut-être était-ce tout simplement lui qui serait grippé ? Elle avait hâte de s’en assurer.
Elle n’en dormait plus la nuit. Dans ses rêves elle lui proposa un dégrippant. Elle se mit à rire. Quelle sorte de dégrippant panpan pourrait-elle lui soumettre ? Ses images floues ne lui avaient pas donné la réponse. C’est la semaine suivante qu’elle devrait à nouveau le consulter. Elle se forcerait à effacer certains soucis qui transparaissaient à travers ses tics. Assurément, il était très observateur. A la manière se se déshabiller, il était capable de deviner ses pensées.
Elle n’entendit pas son nom.
Miracle ! Il venait de l’appeler.
– Vous rêvez Mademoiselle. Cela fait deux fois que je vous appelle !
– Mais je n’ai pas vu ressortir Madame Lapouge.
– Ne vous inquiétez pas, elle garde mes enfants.
– Docteur, j’ai l’impression que vous m’avez pris en grippe.
– A propos de grippe, nous faisons le vaccin ?
– Oh ! Oui ! Docteur, lequel ?
Il était, une fois, un docteur qui avait pris en grippe l’une de ses patientes. Cela parce que…
Il aimait son métier et se montrait très à l’écoute de ses patients. Les gens venaient d’assez loin pour le consulter, sa réputation ayant franchi les limites de sa ville.
Mais, car il y a toujours un mais qui se cache quelque part, il avait une patiente qui lui hérissait le poil. Dès la première consultation, il l’avait prise en grippe et son animosité envers elle allait croissant à chacune de ses visites. Elle venait le consulter toutes les semaines. Certes, elle souffrait de plusieurs pathologies et avait besoin de soins constants. Mais dès qu’il la voyait, ses mains devenaient moites, son front perlait, son ton devait sec. Il se rendait compte que son attitude envers elle était glaciale. Il n’arrivait pas à se contrôler. Chose curieuse, elle ne semblait pas lui en vouloir. Elle le regardait avec douceur, un petit sourire charmeur aux lèvres.
Elle n’est quand même pas amoureuse de moi ? Pourquoi me regarde t’elle avait des yeux de merlan frit ?
Il devait se faire violence, les patients suivants subissant bien malgré eux le courroux du Docteur. D’ailleurs, il en était arrivé à ne la recevoir qu’en dernier, mais ses soirées étaient gâchées.
Il n’en pouvait plus. Pourquoi ? Pourquoi avait-il pris cette femme en grippe ? Il doit bien y avoir une raison, mouais, mais laquelle ?
Après ses consultations, il aimait se promener, histoire de se vider la tête. Il essayait de ne penser à rien et laissait errer son regard.
Une affiche lui glaça le sang. Il était tétanisé. Sa vue se brouilla, il manquait d’air.
Poulette la maléfique ! Les souvenirs lui revenaient. Il était tout p’tiot. Il y avait plein d’animaux autour de lui. Il était heureux. Il courait derrière les canards, les poules, mais son préféré c’était Cocorico qui le lui rendait bien. Il le suivait partout. Mais Cocorico était courtisé par Poulette qui n’aimait pas du tout que son bien aimé coure après un p’tit bonhomme. Elle était teigneuse, sauvage et éprise de liberté. Il se rappelait que personne n’arrivait à la choper. Elle n’était pas comme les autres. Elle avait un espèce de gros pompon sur la tête, à peine si on pouvait voir ses yeux. Un jour elle disparut. Lui était très content car il ne l’aimait pas.
Mais un jour, grosse panique ! Tous les animaux tombèrent malades. Les adultes parlaient de grippe, grippe aviaire. Le vétérinaire ne pouvait rien faire et tous les animaux moururent. Les grands disaient que c’était la faute de Poulette qui était revenue malade et avait contaminé les autres. Il se rappelait sa colère et sa tristesse car il avait perdu son meilleur copain Cocorico.
Beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts. Il avait oublié cette histoire jusqu’à ce qu’il voie cette affiche d’une poule. Elle ressemblait tellement à Poulette ! Mais pas que ! Avec cette houppette sur la tête, elle lui fit penser à sa patiente dont la coiffure improbable se rapprochait de cette pondeuse.
Il regarda avec plus d’attention l’affiche. Il éclata de rire. Il se tordait de rire. Trop fort ! Incroyable !
Cette poule portait le nom de Houdan, comme sa patiente !
Il comprenait maintenant pourquoi il l’avait prise en grippe !
Il était, une fois, un docteur qui avait pris en grippe l’une de ses patientes. Cela parce que cette bigote non seulement avait toujours la goutte au nez mais aussi la langue bien pendue. Avec sa copine Aïlice Riaghmer elles étaient toujours à cancaner de ci de là sur untel ou untel. D’un mot elles vous faisaient un roman feuilleton ou une série à deux saisons de huit épisodes. Pour sûr que la médisance était leur oxygène et la rumeur leur carburant. Alors lorsque la douairière du village était venue toquer à la porte de son cabinet (son bureau de consultations hein, pas les chiottes) pour se plaindre de la volière du médecin, le sang de celui-ci n’a fait qu’un tour au fur et à mesure des paroles acerbes.
─ Vous comprenez ça caquète, ça roucoule quand ça ne se vole pas dans les plumes. C’est une véritable cacophonie. Et je ne vous parle pas de l’odeur. Alors j’aimerais que vous fassiez cesser séance tenante ce remue-ménage de vos volatiles.
─ Je vous prie madame Froderche d’avoir un peu de considération pour ma patientèle.
─ Ah bon vous êtes vétérinaire en plus d’être docteur ?
S’en suit un échange de propos révélateur du quiproquo. En fait, la vieille bique se plaignait de la volière installée dans son jardin, et des plumes qui jonchent sa pelouse. Quant à l’odeur des fientes cela n’est plus possible. Pour éviter qu’une sale rumeur de vieilles poules déplumées ne vienne ternir sa réputation, notre brave docteur a déplacé sa volière mais qui picorera bien picorera le dernier. Effectivement, le docteur a dans ses nombreux pouvoirs : la communication animale. Je vous laisse deviner les instructions qu’il a donné à une escadrille de goélands.
Cette vieille bigote, au fond, est tellement bête, que ce brave docteur aurait dû l’envoyer consulter un vétérinaire !
Ce petit conte est vraiment plaisant à lire ! 🙂
Il était une fois un docteur qui avait pris en grippe l’une de ses patientes.
Se pensant vacciné contre toutes les enquiquineuses, il avait pourtant, au quotidien, des semaines et des mois, fort à faire.
Entre les boulimiques et les anorexiques, les obsédées de la taille fine et les fanatiques de Maïté, de ses recettes, celles bien grasses, entraînant leurs époux, plus vite, vers la tombe, pour profiter ensuite d’une retraite bien gagnée, à cultiver enfin les légumes du jardin, les jeunes carottes, aussi.
Les migraineuses lui prenaient la tête aussi, toutes ces mères en surcharge d’enfants braillards et incultes, toutes ces esquintées de la lessive et du ménage.
Avec les, en recherche de maternité, ce n’était guère mieux. Toutes ces non pondeuses, pas tombées sur le bon coq, incapables d’exister sans les roulettes existentielles du landau.
Pas tristes non plus, les athées non confirmées venant déballer leurs doutes, leurs craintes, leurs interrogations, à un tarif où un psychanalyste ne les aurait pas écoutés, même assises sur un tabouret.
Mais celle-là, allez savoir pourquoi, lui tapait encore plus sérieusement sur le système. À un point tel qu’il envisageait, de plus en plus sérieusement, de se débarrasser, scientifiquement, de l’intruse.
Un soir il relut son serment de base. Puis hypocrite, le rangea tout au fond de sa bibliothèque.
C’était décidé, il allait agir. Il possédait un gros avantage, avec les dossiers très complets des faiblesses de toutes ses clientes.
Il sortit donc celui de la concernée et lui mitonna un mélange adapté, bénin, discret mais efficace pour lui permettre de ne plus avoir à supporter ses incessantes allergies.
Il potassa l’œuvre sérieusement, à l’image de certains crimes parfaits, dont on parle souvent dans les livres d’illusions policières.
Non seulement, il ne fallait pas rater le départ de la cliente mais il était plus que nécessaire de noyer la tête chercheuse de la justice, avec son glaive moins tranchant qu’avant, mais quand même bien au-dessus de sa tête.
D’autant plus que cette patiente-là, c’était sa femme.
Pour cette raison, un médecin ne doit pas soigner un membre de sa famille 😀
De l’humour, toujours ! Bravo !
En ouvrant la porte de son cabinet, il avait aperçu la vieille dame assise dans un coin de la salle d’attente, dont le visage aux pommettes saillantes et les joues creusées par la maigreur, affichait son habituel air renfrogné… elle tenait son corps sec, raide et bien droit, phagocyté dans sa sempiternelle robe noire, le port de tête haut et le regard fixé sur un point imaginaire qu’elle était la seule à distinguer, les deux mains aux doigts torturés par l’arthrose, appuyées sur le bec recourbé de sa canne. De par sa physionomie austère et son attitude hautaine, elle n’attirait pas la sympathie de qui que ce soit, et, si les patients qui entraient et sortaient du cabinet, la saluaient, c’était par pure politesse… invariablement, elle répondait par un bougonnement inaudible… même les enfants n’osaient pas s’approcher de cette vieille dame qui à leurs yeux, devait être l’incarnation de la sorcière des contes que leurs parents racontaient…
En reprenant place à son bureau, le médecin avait consulté la liste de ses prochains rendez-vous, encore deux personnes et cela serait le tour de la vieille madame Cardie… déjà il sentait les pulsations s’accélérer et ses tempes battaient la chamade… il en était arrivé à la surnommer madame « Tachy Cardie », tant sa présence avait fini par l’excéder au point d’emballer son cœur à chacune de ses visites… elle venait le consulter pratiquement tous les quinze jours, en prétextant chaque fois, qu’elle avait tous les symptômes d’une potentielle maladie… une douleur ici ou là… c’était peut-être un cancer… des maux de tête… elle devait avoir une tumeur au cerveau… des difficultés pour respirer… c’est parce qu’elle avait certainement un problème aux poumons… un simple rhume… elle était la première à avoir contracté la « Covid quelque chose », qui n’était pas encore connue ni reconnue par l’Organisation mondiale de la santé et pas davantage par ses sous organismes nationaux, comme régionaux…
Mais madame Cardie était tout simplement « hypocondriaque »… lorsqu’il s’était aventuré à lui annoncer sa possible tendance à la crainte excessive d’être atteinte d’une maladie, se gardant de lui préciser que cela pouvait également se définir comme un trouble mental caractérisé… il la revoyait s’agiter sur sa chaise, rouge de colère, tapant le sol avec l’embout caoutchouté de sa canne en vociférant :
– Hypo quoi ? Hypo quoi… dites-moi aussi que je suis une vieille dame folle !
– Non, madame Cardie, ce n’est pas du tout ce que j’ai dit… et surtout je ne me permettrais pas de vous manquer de respect. Mais vous devez admettre que votre imagination vous porte à croire que vous êtes atteint de toutes sortes de maladies, alors que vos analyses de sang et tous les examens que vous avez dernièrement réalisés démontrent que vous n’avez rien à craindre pour votre santé.
– Du respect… bin, heureusement que vous en avez… Et qui vous dit que ce sont bien mes résultats, à moi hein ? Le laboratoire a pu se tromper… ça peut arriver, non !
– Tous les prélèvements sont identifiés avec des étiquettes à vos coordonnées… il n’y a aucune possibilité de confusion avec d’autres patients…
– Si vous le dites ! Mais j’ai pas confiance… puis, comme pour la plupart de ses phrases, elle avait également terminé celle-ci par un bougonnement inaudible…
– Vous oubliez mon serment d’Hippocrate…
– Ah ! Surtout, ne me parlez pas de lui… Cet hypocrite… oui un hypocrite celui-là ! Cet épisode était resté gravé dans la mémoire du médecin…
Il avait pris sur lui et s’était armé de patience pour satisfaire avec professionnalisme aux fréquentes visites de la vieille dame. Le temps était irrémédiablement passé et les rendez-vous de madame « Tachy Cardie » avaient fini par s’espacer jusqu’à son admission dans un Ehpad, et, de temps à autre, il l’imaginait aux prises avec le personnel de l’établissement où elle séjournait… et aussi étrange que cela puisse lui paraître, cette pensée l’attendrissait…
De son côté, au terme d’une longue et honorable carrière, le médecin avait pu profiter d’une retraite bien méritée… la seule nouvelle qu’il avait eue d’elle, lui était parvenue par le canal de la presse locale… à la rubrique nécrologie… où son décès était annoncé, en précisant qu’elle s’était éteinte à plus de cent ans… il s’était alors surpris à ressentir un insolite sentiment pour la vieille dame… il prenait soudainement conscience qu’il avait nourri à son égard, une certaine forme d’agacement motivé par le simple comportement de la vieille dame, qui la rendait antipathique… autrement dit, c’était pour cette raison qu’il avait fini par la « prendre en grippe »… cette pensée le fit sourire intérieurement… mais plus il y songeait, plus le rire montait dans sa gorge… mais il ne parvenait pas à chasser cette expression qui trottait dans sa tête, au point d’être pris d’un fou rire qu’il ne pouvait pas maîtriser… il riait aux larmes en se disant que pour un médecin, prendre quelqu’un en grippe, c’était un comble… il riait de plus belle en songeant qu’il n’y avait aucun médicament pour soigner cette maladie…
Pour tenter de se calmer, il but d’un trait un grand verre d’eau… enfin soulagé, en pensée, il s’adressa à madame Cardie :
– Il aura fallu attendre aussi longtemps pour que vous me fassiez rire… merci, madame Cardie, et reposez en paix…
Merci pour ce petit récit doux et tendre.
Les hypocondriaques – et je sais de quoi je parle – pour en avoir pratiqué un, ont l’art de nous mettre en pétard.
Cependant, il est vrai, ils sont les premiers à souffrir de cette maladie, et ils nous aident à cultiver la patience, ainsi que la compassion.
Bonjour Béatrice et merci pour votre commentaire. C’est toujours un grand plaisir que de participer aux exercices hebdomadaires que nous propose Pascal. Bien cordialement.
Il était, une fois, un docteur qui avait pris en grippe l’une de ses patientes. Cela parce qu’elle était hypocondriaque. Elle arrivait trois quarts d’heure en avance à ses rendez-vous quasi hebdomadaires. Impatiente, elle toquait à sa porte pendant qu’il était en consultation pour lui intimer l’ordre de se dépêcher parce qu’elle n’avait pas que ça à faire. Même, qu’une fois, elle était entrée dans son cabinet pendant qu’il était un train d’ausculter un patient dans son plus simple appareil. Furieux, il l’avait reconduite manu militari dans la salle d’attente.
Il faut dire que, tous les quatre matins, elle avait un pet de travers et savait bien mieux que lui faire un diagnostic sur ses maux et quel était le traitement adéquat grâce à son Internet. Chaque fois, elle lui racontait sa vie dans toutes les dimensions imaginables pendant qu’il scrutait sa montre. Alors, pour rattraper son temps perdu, il l’auscultait pour la forme : un coup de tensiomètre et en avant la musique. Elle sortait toute contente de chez lui avec une ordonnance longue comme le bras. Sauf qu’elle ne savait pas qu’il s’agissait de placébos.
Pourtant, un jour, il s’inquiéta auprès de sa secrétaire :
– C’est bizarre, on ne voit plus ma malade imaginaire.
– Ah, vous tombez bien docteur ! J’allais vous avertir. Je viens de recevoir un appel de sa fille outrée qui menace de vous faire un procès. Sa mère est à l’hôpital à cause d’un ongle de pied incarné qui lui a provoqué un grave ulcère. Les chirurgiens réservent leur pronostic.
– – Bonté divine ! s’écria-t-il. Je ne lui ai jamais regardé les pieds à cette bique parce qu’elle court comme une gazelle.
Malo Deau était un généraliste efficace et très apprécié. Moins âpre au gain que généreux et altruiste. Son cabinet ne désemplissait pas d’autant plus qu’il affichait une trentaine attrayante. La clientèle féminine était assidue, assise du matin au soir dans l’attente de se faire ausculter. Chez les femmes ménopausées la crainte d’un cancer du sein se faisait plus fréquente chez lui que chez ses confrères. Certaines se faisaient une joie de se faire palper la poitrine par le séduisant docteur. Pour Malo l’une d’entre elle exagérait effrontément. Tout était pour elle prétexte à se déshabiller. En dehors de ses craintes trimestrielles d’une nouvelle tumeur au sein, c’était une douleur au côté ou sur le haut des cuisses. Il avait compris son manège lorsqu’il avait remarqué qu’elle fermait les yeux, entrouvrait la bouche et accélérait sa respiration lorsqu’il appliquait sa main sur son sein. Une fois elle avait même essayé de l’embrasser. Il avait détourné la tête au dernier moment. Il n’avait fait cas de rien pour ne pas la vexer. La seconde fois qu’elle avait tenté de lui prendre les lèvres, il lui avait signalé qu’il était en couple et comptait le rester. Elle ne s’était même pas excuser ni n’avait exprimé une prétendue méprise. Elle assumait son désir sans le revendiquer. Lorsqu’un jour elle lui proposa d’autres lèvres, il s’éloigna de cette promiscuité et la prit en grippe avec des mots clairement exprimés :
– Dorénavant, je vous demanderais de soigner vos syndromes de détresse respiratoires, votre fièvre et votre besoin disons…d’attentions auprès d’un autre confrère.
– Mais docteur, vous ne pouvez me laisser dans cet état.
– Je suis désolé, je n’ai que des anticorps à vous proposer.
– Docteur, touchez mon front. Je suis toute chaude.
– Heu…je n’en doute pas. Deux cachets de paracétamol devraient suffire à vous soulager.
– Pas assez mole, avez-vous dit ?
– Non, non, pas du tout…enfin oui. Mais là n’est pas le sujet. Allez, madame Coralie Bérée, rhabillez-vous. Je dois prendre une autre patiente.
– Mais c’est que je vais être jalouse. Quitte à prendre une patiente, pourquoi pas moi ?
– Heu…Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Je me suis mal exprimé. Enfin, vous m’avez fort bien comprise.
– Mais il n’y a pas de con prise pour moi aujourd’hui. Le mâle ne s’est pas exprimé. Croyez que je le regrette.
– Bon, il suffit. Je ne peux rien dire sans que vous déformiez mes propos. J’attends que vous sortiez maintenant !
Le docteur Malo Deau se pencha sur son ordinateur pour se donner contenance et ne releva la tête que lorsque qu’un claquement de porte lui annonça la sortie de Coralie Bérée.
Il était une fois un docteur qui avait pris en grippe l’une de ses patientes. Cela parce que chaque visite avec elle était un vrai supplice.
Le docteur Lamarque était fou amoureux de Mme Martin. Lui demander de se déshabiller, palper ses seins, regarder dans sa gorge, sentir son bras contre son propre torse en lui prenant la tension, étaient autant de gestes qui le bouleversaient. Il devait dissimuler son trouble, rester neutre en dépit de ses sentiments.
Cette petite bonne femme, sa peau si douce fleurant le jasmin, ses yeux le regardant avec tant de confiance ! C’était trop, et elle, inconsciente de ces affres, lui demandait de regarder le naevus sur sa cuisse qui l’inquiétait, lui parlait en rougissant de problèmes féminins.
Il se mit à lui en vouloir, de s’en vouloir à lui même et décida de lui montrer une froideur, une distance très professionnelles.
Elle revint encore quelques temps mais un jour, la consultation terminée, madame Martin dit à son médecin:
Docteur vous vieillissez mal, je vous trouve moins aimable, sans empathie à mon égard. J’ai l’impression que vous ne me supportez plus, je ne comprends pas pourquoi mais je préfère allez dorénavant, consulter un de vos confrère.
Il était, une fois, un docteur qui avait pris en grippe l’une de ses patientes. Cela parce que, une fois, elle lui aurait toussé à la figure :
— Vous êtes docteur comme moi je suis la reine d’Angleterre.
— Je ne suis pas encore mort que je sache, lui rétorqua-t-il.
Mais la patiente n’avait pas la langue dans sa poche, tandis qu’il lui plaquait sa lampe de poche devant sa bouche ouverte pour qu’elle la ferme, deux minutes. En vain !
— Ch’est ch’e que vô crô-ayez… kof fof ! Kom’ méd’chin…
— Toussez encore !
— Kom’ Kom’ méd’chin, ch’est tout kom’ !
Sa gorge était aussi enflammée que son humeur, sa toux aussi sèche que sa verve. Cependant, l’absence de céphalée, de fièvre, du moindre frisson chez ce bout de vieille femme, froide comme un glaçon, ne présageait pas de prendre ses symptômes en grippe, comme elle s’évertuait à le faire.
— Mais enfin, docteur, je serais donc la seule en France à ne pas avoir cette foutue grippe ! Vous ne voyez comme je tousse à la mort… kof kof ! J’ai l’impression d’avoir avalé de travers un bouquet de roses. Moi qui déteste les fleurs.
Le docteur se retenait de répondre. Il imaginait plutôt des barbelés lui remonter au fond de la gorge pour mieux l’étrangler et laisser son cœur s’en extraire et échapper enfin à cette vie sans amour, sans but. Était-ce encore humain de la soigner ? Ce qui était clair, c’est qu’il était insupportable de l’écouter tousser.
— Où avez-vous eu votre diplôme ? En Roumanie ? Vous m’avez l’air bien jeune pour y comprendre quelque chose. La grippe, ça fait cinquante ans que je me la coltine. Alors forcément, au bout d’un certain temps, elle finit par ne plus me prendre la tête et me laisser froide. Ça n’empêche pas qu’elle m’arrache la gueule, donc si ça pouvait ne pas arracher la vôtre de me prescrire le nécessaire sur l’ordonnance ! Le sirop qui va bien. Celui avec sucre bien sûr. Du paracétamol, évidemment. S’il y a un petit antiviral miracle, une dernière trouvaille des labos je suis preneuse. Hein ? Ne me parlez pas des vaccins… teu teu… pas à moi. Vous êtes arrivé hier de Roumanie ou quoi ? …
Au bout d’un moment, il ne l’écoutait plus. Elle commençait à le fatiguer grave. Les premiers frissons le saisirent. Son front était chaud, bientôt il deviendra brûlant. Ses muscles se contractaient, il s’entendit tousser sèchement à son tour :
—Très bien, je vais vous… kof kof ! … la faire cette ordonnance.
Il se retira tremblant et fiévreux, dans une pièce attenante au cabinet et en revint avec la grippe qu’elle lui avait ordonnée, carabinée à 22 long rifle.
— Docteur Jekyll, mais… qu’est-ce que vous faites avec ça ?
— Ouvrez la bouche, madame Billard. Vous m’avez demandé un remède miracle, voici un antiviral dernier cri. À prendre en air comprimé. Une seule prise suffira, rassurez-vous, et votre grippe ne sera plus.
Çà grippe sérieux, dans ce petit conte, amusant. 🙂
Il était, une fois, un docteur qui avait pris en grippe l’une de ses patientes. Cela parce que…
Cela parce que lui-même ne savait pas pourquoi.
Dès qu’elle entrait dans son cabinet en souriant bêtement, c’était plus fort que lui, ses poils se hérissaient et sa vocation se faisait la malle.
Il levait les yeux au ciel et suppliait à voix basse :
– Hippocrate, je t’en supplie, ne m’abandonne pas !
Mais Hippocrate ne se manifestait pas.
Alors, dépité, désabusé, le docteur s’occupait de la dame en question, tant bien que mal.
La dame continuait de sourire bêtement,
Le docteur continuait de subir ses visites.
Et puis un jour, la dame en question mourut. (écrasée par une voiture sur un passage piéton).
Le docteur en éprouva un immense soulagement.
Aussitôt sa vocation redoubla d’efficacité.
Depuis, tous les matin en entrant dans son cabinet, il lève les yeux au ciel et remercie Hippocrate d’avoir entendu sa supplique.
Il était une fois un docteur…
738/Sciuscià
Il était une fois un docteur qui avait pris en grippe l’une de ses patientes, tout cela parce que c’était elle ! Une calamité…
Il aurait dû pleurer, tant sur son sort que sur lui-même ! Cette sentimentalité n’a plus court. Le néoréalisme l’horripilait, ça lui donnait des sueurs froides. Il prit un grand verre d’eau, ouvrit la fenêtre, l’air frais lui rendit une évasion.
Zampano avait maintenant purgé sa peine. Rendu à la vie civile, il avait fait valoir ses diplômes obtenus en prison. Comme tant d’autres, il avait occupé ses loisirs forcés à l’étude, sous la férule d’un taulard, ex professeur de médecine. Quand il a ouvert son cabinet, il est rentré dans un mauvais rêve. Sa première cliente s’appelle Gelsomina… Elle joue de la trompette. 🐻
Joli la référence à La Strada !
Il était, une fois, un docteur qui avait pris en grippe l’une de ses patientes. Cela parce que…
Une mouche l’avait piqué. Juste à son entrée pour sa consultation.
La peur le prit alors. Et désormais, il s’en prit à elle.
Il prenait toujours son temps avant de la faire pénétrer dans son cabinet. Un temps infini, elle devait attendre après l’heure de son rendez-vous. Qu’elle l’eut à 14h, il la prenait à 16h, faisant mine d’être très pris par ailleurs.
Elle avait pourtant eu jusque-là une confiance aveugle en son médecin. Il eût même pu lui faire prendre des vessies pour des lanternes.
Longtemps, elle avait pris son mal en patience. Elle se disait : tout ce qui est pris n’est plus à prendre et au moins, il a honoré le rendez-vous que j’avais pris. Certes, je ne vois pas en quoi cette ordonnance pour du produit de bain de bouche pourra soigner mon entorse à la cheville, mais confiance ! J’en prends mon parti. En quoi donc prendre une gélule matin et soir contre l’acné soignera mon mal de dents ? Elle prenait patiente. Il ne s’agissait pas de tout prendre au tragique.
Elle avait bien essayé de le prendre par les sentiments, mais rien n’y fit.
Qu’il la croise dans la rue, il ne prenait pas des nouvelles de son état. Mais elle n’en prenait pas ombrage.
Cela lui prit du temps avant de prendre des mesures.
Et un jour, elle partit. Elle décida qu’on ne l’y prendrait plus. Fini de prendre sur elle. Elle partit…prendre meilleure chaussure à son pied et meilleur docteur à ses maux. Ayant pris un amant, elle prit aussi la poudre d’escampette. Lui en prit une sacrée gifle. Et il s’en trouva fort marri.
Sa patiente était aussi son épouse. Sans sa présence à ses côtés, déprimé, il succomba à la première grippe venue.
😀
Elle court la grippe traverse les âges décime les gens. Et cette année elle est jugée particulièrement mauvaise pourtant elle n’est ni espagnole ni chinoise du reste qui est le premier atteint ? J’aimerais bien le savoir. Quant au toubib qui, allez savoir pourquoi, a pris cette patiente en grippe !? Il y a des malades partout même chez les médecins, tel cet impatient qui s’exaspère après cette chochotte zozotante qui lui chuchote ses maux qu’il ne comprend pas.
-Mais articulez nom d’un p’tit bonhomme en bois…
-F’peux v’ai un feveu fur la langue.
Le médecin envoie sa patiente consulter le yeu-nez-gorge-oreille, qui l’envoie chez le dentiste qui l’envoie chez le coiffeur…
Depuis elle s’tresse…😅😟
La Souris verte qui s’arrache les cheveux et les moustaches !!!🐀
😀
😉🐀