733e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Un souvenir revient sur ses pas.
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En revenant sur ses pas, ce souvenir se trouva soudain au pied de la lettre. Et, ce qui au départ devait être une simple mise en jambes, s’avéra un véritable marathon… Il pensait que ce retour en arrière lui permettrait de prendre du recul, mais sa mémoire flancha et il se retrouva noyé dans la masse des illusions perdues.
Il comprit alors que le temps ne se réinvente pas et ce qui est passé ne peut être changé. Dès lors, il cessa d’être et n’entendit plus parler de lui…
UN SOUVENIR REVIENT SUR SES PAS
Question ardue aujourd’hui. Des réminiscences devaient me titiller, je ne sais pourquoi. Etait-ce un signe ? Un signe de quoi d’abord ? Je voulais savoir. Cela durait depuis quelques jours.
Heureusement j’avais l’IA à portée de souris. Je pris mon courage d’une main, mon stylo de l’autre prêt à prendre des notes et je me permis de poser la question à Madame IA qui était très occupée évidemment. Je ne pus la joindre qu’après plusieurs tentatives.
Quand je l’eus au bout du clic, elle dit simplement :
– Pourquoi me déranges-tu pour des choses personnelles ? Tu sais bien que je ne suis pas programmée pour fouiller dans la vie des gens.
A ce moment-là précisément, j’eus un gros doute. Je fis en sorte que cela ne se traduise pas dans l’intonation de ma voix.
– Mais Madame, sauf votre respect, je ne vous demande pas de fouiller dans ma vie, je veux simplement savoir ce que signifie un souvenir qui revient sur ses pas. J’ai entendu dire que des gens dont la mort est proche voient tout leur passé défiler dans leur tête.
– Ne soyez pas anxieux. (Je ne sais pas ce qui lui prit tout à coup, elle me vouvoya, avait-elle décelé un indice intéressant pour elle ?). Vous savez bien que les gens sont influençables, on peut leur faire croire n’importe quoi. Il n’y a même pas besoin de les programmer.
Ce n’est pas comparable, les souvenirs ponctuels et le passé qui revient à grande vitesse n’ont aucun lien commun. D’ailleurs, jamais rien n’a été prouvé sur ce sujet. A mon avis il ya toujours deux façons d’interpréter les évènements, l’une optimiste et l’autre pessimiste. Je vais vous dire : Un souvenir qui revient veut vous aider à franchir une porte. C’est bien explicite dans le texte. Le souvenir n’est pas précisé s’il est bon ou mauvais. S’il revient sur ses pas, c’est que vous n’avez pas profité de l’expérience que vous étiez en train de vivre et que celle-ci vous a plongé dans un immense bonheur que vous avez perdu et que vous aimeriez retrouver. Vous devez le travailler et le retravailler, l’écrire en vous arrêtant sur chacun des mots pour lesquels vous avez un doute et décortiquer de quoi ce doute est fait. Ainsi vous évoluerez dans un présent permanent en ne vous laissant pas influencer par les bruits de couloir. C’est vous qui devez travailler votre destin.
– Par exemple, je me souviens : j’étais dans un lieu paradisiaque. J’étais venu dans ce lieu pour y rester toute la bruit… Allô !
L’IA avait raccroché… « Je crois que ce n’était pas l’IA que j’ai interrogée… Mais qui ? Ce souvenir m’est resté. »
Pour y rester toute la nuit…
L’esprit émerge d’un marigot de pensées avortées, que purgent parfois les rêves. Nos cerveaux brassent, chaque milliseconde un torrent des perceptions. La passante à la robe rouge, le souffle d’un courant d’air au croisement d’une ruelle, la montre dans la vitrine, l’odeur de poulet frit qui se mêle aux égouts… Mais je vais déjà trop loin. Aucune robe rouge n’est parvenue à mon cerveau. Quelques ondes lumineuses ont frappé mes rétines, le cerveau se charge de les lier au concept de robe, lentement forgé depuis que Maman m’a pris dans les bras, portant ce vêtement, irrémédiablement lié au parfum d’une pommade pour bébés. De la majorité de ces millions de données mon cerveau ne fait rien et n’embarrasse pas les couloirs du conscient. Nous promenons tous ainsi les rebuts de nos vies. Ils flottent et parfois font surface, agités au hasard des courants du présent. Formant parfois une une légère irisation de nos lacs intérieurs, c’est souvent une odeur qui convoque un instant de l’enfance que l’ont croyait enfui et qui n’était qu’enfoui.
Mais quand l’homme est entré dans la librairie à ma suite, il a ouvert une brèche dans un barrage mental dont j’ignorais l’existence, déclenchant un tsunami d’adrénaline rouge sang. Croiser son regard a provoqué cette forme d’électrisation, cette alerte du cerveau reptilien qu’annonce un danger imminent. Ce danger là venait du passé.
J’avais onze ans, je marchais sur l’immense plage déserte dans le matin laiteux de La Baule. Au loin, la silhouette de l’inconnu manœuvrait un cerf-volant. M’apercevant, il m’en avait gentiment tendu les poignées et m’avait enlacé pour m’apprendre à le guider, formant une intimité inattendue. Hélas, le cerf-volant était tombé derrière les dunes. Là, personne ne pouvait nous voir, personne n’avait entendu mes cris quand il m’avait rejoint.
Au milieu des rayonnages effondrés, je sentais confusément la libraire et les deux clients qui tentaient de m’agripper et me tirer en arrière. Leurs hurlements formaient une sorte de bande son indistincte et ouatée que mon cerveau déversait dans le marigot de l’oubli. Rien ne pourrait arrêter le martèlement de mes poings.
Je vous assure mes amis que Monsieur Perrat me le paiera ! Quand on est un producteur d’idées dévergondées, faut quand même, à défaut de cohérence, avoir le sens des responsabilités .
Car, dès que je lus l’exercice qui me fut proposé, je savais, que mon dimanche serait foutu. Oui, je dis bien foutu. J’imagine que le vôtre le fut aussi.
Nous devrions nous syndiquer pour prévenir un tel abus, provoquant chez nous à la fois maux de tête, vertiges et confusions qui pourraient — si nous n’étions pas plus avisés — aller jusqu’à certaines addictions ou sévères dépressions.
Heureusement, pour contrer le farfulisme hautement pervers et destructif de notre producteur d’idées dévergondées, j’ai mon mode opératoire. Se pourrait-il qu’il soit le vôtre aussi ? À savoir : boire une délicieuse liqueur dans une tasse complètement fêlée, ou encore, un bon vin de sa région, dans un verre éméché. À moins que les plus fragiles d’entre nous fussent buveurs de jus de citron ou d’eau de robinet qui les fit plonger, avec morosité, dans ce devoir sans queue ni tête.
C’est ainsi, que vous, moi, nous nous appliquâmes, en ce dimanche tranquille, à disséquer ce foutu thème qui nous était proposé, celui d’ un souvenir qui revient sur ses pas.
Tout d’abord, posons-nous la question : qu’est-ce qu’un souvenir ? Comme moi, vous répondez naturellement : « la matrice d’évènements générateurs d’émotions ». Ouais, pour faire court, on dirait ça comme ça !
Peut-être qu’un chat GPT formulerait ça autrement. Ouais, mais vous, comme moi, on est des — écriveurs rebelles au système — et on ne s’en laisse pas conter si facilement, n’est-ce pas ?
Alors, mes amis, dites-moi comment un souvenir solidement ancré dans une matrice mémorielle déciderait — comme ça — de revenir sur ses pas.
Se pourrait-il que notre producteur d’idées dévergondées ait une cave bien supérieure à la nôtre ?
Pas mal deux consignes en une! Belle performance et un style haut en couleur.
Un souvenir revient sur ses pas.
Hep ! Tu te souviens toujours de moi ? Visiblement pas…Quel dommage. J’ai décidé de revenir toquer à ta porte car je sais que je vais te faire du bien. Je te vois te débattre avec ton histoire mais tu sais, elle n’est pas si sombre que ça. Tes mauvais souvenirs m’ont noyé, m’ont submergé mais je suis toujours là. Je me bats pour te revenir, gagner la bataille et réémerger pour que gagne la vérité. Je ne vais pas rester les bras ballants te regarder glisser dans les méandres de ton passé cabossé. Allez, fais un effort, concentre-toi, respire à fond, ferme les yeux, prends un temps pour toi et tu verras, tu vas m’aider à triompher. Rappelle-toi, je suis celui qui t’a tant réconforté, à chaque Noël, quand c’était compliqué de faire sans elle. Tu te rappelles ? Oui ? Oui, c’est ça, c’est moi ! Allez, je vois dans ton regard que tu m’as refait une petite place, Oh merci ! Ton sourire est la meilleure des récompenses ! Oui, c’est ça ! Tu vas dans la cuisine ! Ah mais je vois que tu vas faire mieux que de me ressusciter !
Tu me ramènes à ma genèse, quelle émotion ! Passer ces petits moments de complicité en cuisinant avec elle. Tu vas les faire ces biscuits que tu aimais tant. Ceux que te faisait ta maman. Et oui, mon frère a gardé la recette pour toi. Je vois que tu l’as retrouvé aussi ! Il se planque toujours derrière moi… Je suis tellement heureux d’être attaché à toi de cette façon-là. Oui, bien sûr elle n’est plus là mais tu la fais revivre et peux le refaire autant de fois que tu voudras en réalisant ces petits gâteaux accrochés à vos sourires quand vous partagiez ces précieux instants. Je sens que cela te revigore, t’aide à repartir ! Quelle énergie ! Et ravi que ce ne soit plus celle du désespoir. Maintenant que je suis revenu et que tu m’as refait une place, je compte bien me battre pour la garder ! Je te promets de tout faire pour ne jamais être délogé !
Un souvenir qui sent bon l’amour et le biscuit !
Merci pour ce délicieux et embaumant partage ! 🙂
Merci Béatrice, bonne journée😊
C’est un souvenir récurrent à l’approche des fêtes de Noël et un petit pincement au cœur chaque fois.
A quinze ans j’étais tombé fou amoureux de Claire. Amour que j’ai perdu à dix neuf ans à cause de mes frasques adolescentes. Puis je l’avais complètement perdu de vue. La vie quoi !
Il y a trois ans, cadeau du destin qui remet Claire sur mon chemin, dix ans après. Je me suis battu comme un tigre pour la récupérer. Je l’ai eu à l’usure mais je l’ai eu. C’était le bonheur.
Ce noël là nous devions le fêter avec toute sa famille et j’avais été choisi pour endosser le costume du Père Noël. Oh malheur !
Avec les beaux frères nous avions attaqué l’apéro. Moi j’avais un peu perdu l’habitude mais les frérots avaient de l’endurance. Je les ai suivi volontiers je dois dire. Z’était sympa les frangins. Résultat : au moment de me préparer, j’étais bourré comme un coing, et une idée bien biturée surgit dans ma tête.
J’adore le limoncello et c’est un devoir de remercier le Père Noël. Ni une ni deux, revêtu de mon habit rouge, de ma barbe blanche, je glisse deux ou trois bouteilles de limoncello dans la hotte et file à la cave. J’ouvre le congélateur et planque maladroitement mes bouteilles dans le grand coffre. Et aviné comme je suis, je bascule dans l’appareil. Une immense fatigue me tombe sur les épaules. Et je sombre dans le néant.
Des ronflements sonores m’ont réveillé. C’était les miens. Oh panique à bord ! Combien de temps ai je dormi ??
Je réussis à m’extirper. Mon dos est humide. Je touche. C’est poisseux, crémeux, devrais je dire. J’étais couché, entre autre, sur les bûches et les ai bien tenu au chaud.
Je réalise que j’ai frôlé la mort. Mourir de froid paraît que ce n’est pas douloureux, mais ma Claire… ???
J’avale quelques gorgées de limoncello pour me donner du culot. POUAH, je recrache tout. C’est de la liqueur à vingt degrés au lieu des quarante. Je me suis bien fait avoir.
N’écoutant que mon courage, je monte l’escalier. C’est bruyant là-haut. Ça crie ça se tord les mains, même des flics sont là. Ils ont cru qu’on avait enlevé le Père Noël. Les enfants pleurent. Ils croient qu’ils n’auront plus de cadeaux. Personne n’a pensé à la cave. Deux chiens de la brigade cynophile lèchent et relèchent mon dos. Ils adorent la bûche au chocolat. Doivent pas en manger souvent.
Des regards ahuris, largués puis furax me fusillent. « Dégage, dégage » dit Claire d’une voix glaciale. Je comprends que ce n’est pas le moment de ramener ma fraise et part sans demander mon reste.
Je n’ai jamais pu rattraper le coup. Ce fut un grandiose fiasco de Noël.
Depuis je drague en Italie
Une nuit, un mauvais souvenir revint sur ses pas pour cauchemarder ma nuit. Je transpirais et disais :
« Eloignez-vous démons ! Ne prenez pas mon père !
Mon père, ce héros qui ne prenait que des plaisirs mineurs. Au fond, il aimait ça le charbon mon charboneur. Il l’extrayait puis le pelletait dans un char bonheur, char de bonne heure et jusqu’à très tard, chargement d’or noir pour son foyer, charbon convoyé à la sueur de sa mauvaise mine. Une mine de crayon, une mine de graillon à force de cracher de la salive noire.
Eloignez-vous démons ! Ne prenez pas mon père !
Après le boulot, au péril de sa peau, il escaladait le terril pour trouver de quoi réchauffer sa misère, pour dénicher quelques perles anthracite entre les sites de poussières charbon sur cette montagne dragon. Autour de la soupe il nous contait les coups du porion, les coups de grisou et le manque de pognon entre deux quintes de toux. C’était la silicose. Lui, défendait la cause dans la silicose vallée, cette vallée du Giers qui noircissait depuis très longtemps son paysage de puits sinueux, son paysage de pluie si boueuse qu’elle pissait du charbon. Mon père, il défendait la cause. La cause ouvrière, il la défendait avec l’horreur des accidents de fond mais aussi avec l’honneur d’y descendre encore le lendemain. Mon père détestait la violence. Il était lent de mains mais vifs de mots. Ses mots, il me les avait fait aimer sous la plume de Zola, jeune socialiste sous qui poussait déjà Germinal. Il me les avait fait aimer aussi sous des capes et d’épais bouquins d’aventure romanesques. Je l’écoutais raillant Pardaillan et ferraillant par derrière. Mon père se voulait Athos mais il était surtout à moi. Depardieu et surtout de par l’admiration que je lui portais, il devenait Portos, un bon gros géant que je croyais indestructible et que je tentais d’imiter. Il m’animait et je l’aimais.
Eloignez-vous démons ! Ne prenez pas mon père !
Il savait donner le gout des mots. En écoutant ses mots, les femmes de chambre l’avaient à la bonne et les bonnes lui ouvraient leur chambre. Elles lui offraient l’origine du monde lorsqu’il se Courbet sur elles. De séduire, il avait le don, Juan. Est-ce Pagnol qui inspirait son hibéricité ? Non, c’était plutôt Lope de Vega. Son pays d’origine, il l’avait cité tant de fois, en hiver comme en été, dans la cité et contre la cécité de ceux qui triment et se taisent. Lui, il avait quitté les maux de la guerre si vile, Franco de porc après Guernica. Sa langue à lui était véhicule de mots et merveilles. Ces mots magiques avaient séduit l’enfant curieux que j’étais, tout comme ils séduisaient toutes les femmes. Toutes les femmes, sauf la sienne qui le faisait cocu alors que lui le faisait partout. Il en était fort marri mais ne voulait pas divorcer. Une forme de tristesse le rongeait de l’intérieur. Le crabe vint alors jouer de concert avec la silicose pour accompagner sa peine d’une punition de mort.
Eloignez-vous cancers ! Ne prenez pas mon père !
Non, je ne veux pas ! Papa…Ne les laisse pas t’emmener. Ne t’en vas pas ! Tu me seras trop père et manque sur le jeu tragique de la mort et du hasard. »
Waouhh, beaucoup d’émotions et une chute tout en jeux de mots. J’ai beaucoup aimé.
Cet amour des mots que vous confia comme héritage votre père est magnifié sous votre plume. Merci pour lui. Merci pour nous. C’est vraiment un magnifique hommage que vous lui rendez.
Un souvenir revient sur ses pas.
« Souvenirs, souvenirs »…
Johnny, oui, c’est Johnny qui chantait cette chanson-là, à ses débuts et que j’ai entendue à la radio au tout début des années 60. Il changeait des Dario Moreno, Gloria Lasso et autre Patachou , Mick Michel, André Claveau qui avaient enchanté mon enfance. J’étais, et suis toujours, « radiophile » , ce média a bercé mon existence, il est la source de mes souvenirs les plus joyeux.
Johnny Hallyday, ça sentait les yé yé qui allaient déferler dans la décennie et envahir les émissions de variété de la télévision, cet autre média phénoménal. Lui, il se déhanchait sur scène, à la Elvis Presley, grattait sa guitare mais pas à la Brassens et déroulait ses airs de rock qui envoyaient ad patres les Bambino, Si tu vas à Rio ou Les femmes à lunettes de la blonde et distinguée Colette Deréal.
Lorsque la télé est apparu dans mon univers, Johnny était là, interviewé par la mythique Denise Glaser dans Discorama et la caméra captait le lumineux visage de ce jeune homme aux yeux bleus, à la blonde chevelure (la télé était pourtant en noir et blanc!) et aux lèvres sentant encore l’enfance.
Les souvenirs s’empilent, s’entassent, se superposent et sont ponctués par des chansons, toutes entendues d’abord à la radio, souvent en voiture, du temps où il fallait chercher les stations… Comme l’a si bien chanté Yves Montand, les souvenirs, comme les feuilles mortes, se ramassent à la pelle, ils nous envahissent, nous peuplent, nous enveloppent, nous habitent. Vous êtes tous en moi Dalida, Barbara,Charles (Aznavour) Julien, Serge, Jean-Jacques, Françoise, Véronique, Maxime et vous aussi les « vieux »Dario, Charles (Trenet), Les Frères Jacques, Jacqueline (Dano)…Je vous aime tant !
Bravo Avoires,
Ton texte est excellent… il met en lumière nos souvenirs musicaux d’une époque que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. Cependant, j’ai failli prendre le même chemin que toi en compagnie de Johnny Hallyday… mais, au dernier moment, je me suis replongé dans mes souvenirs d’enfance de cette période qui précède Noël…
Bien à toi, amitiés.
Un mauvais souvenir qui revient sur ses pas ?
Mais vous n’y croyez pas
Il ne veut surtout pas
Il veut rester là-bas
Au chaud
Incognito
Au pays de l’oubli
Dans la galaxie de l’amnésie
Accroché à l’étoile de l’absence
Sans l’ombre d’une réminiscence
Quelle chance !
Il veut même déclarer
Un casus belli
A qui ?
Mais à la mémoire pardi !
Ne jamais revenir est son credo
Pas d’autre scénario
Il a trop subi de vilenies
On ne veut pas de toi ici
Il a vite compris la leçon
Pas besoin d’explication
On lui a même jeté des cailloux
Pour bien enfoncer le clou
Alors faire demi-tour ?
Pas question
Il va plutôt se faire oublier
Et ce, pour l’éternité.
Le fantôme de ce souvenir – ainsi qu’il se raconte – mérite mieux que des cailloux.
Ecoutez par hasard, ou non, « Everybody knows » de Leonard Cohen, « It’s too late » par Otis Redding ou « Sch…, kleines Baby » chanté par Marlene Dietrich, à plein volume, la nuit, sur l’autoroute au volant de sa voiture, c’était sublime disent certains des sujets que j’accompagne depuis nombre d’années !
Ces concerts nocturnes, étaient des moments de profonde joie quelle qu’ait été la destination ou l’objet du déplacement.
Depuis, je m’emploie, à étudier ce qu’ils suscitent, lors de leur réécoute longtemps après, dans des conditions identiques d’obscurité et de plein volume acoustique.
Et bien, le ressenti est toujours aussi grandiose. L’adrénaline et la sérotonine libérées mettent le corps et la tête dans des dispositions proches de l’extase.
Pour planer avec délice, c’est le mieux que j’ai pu observer sur mes sujets d’analyse.
En jouant mon rôle de souvenir et en tentant de prendre un peu de recul, j’ai constaté que pour Madame B, par exemple, les voix de ses interprètes préférés sont graves. Sur des mélodies connues, ces timbres font vibrer quelque chose de l’ordre de l’excitation sexuelle.
Voyant Madame B retrouver longtemps après, ces sensations de désir et de plaisir solitaires, assurément, mais fort intenses, j’ai cherché à en connaître les mécanismes.
J’ai alors découvert, que la musique active le même réseau cérébral, associé au plaisir, que celui de la nourriture, des drogues ou du sexe. Le cerveau établit un pont entre son et émotion. Cependant, tous les types de musique ne procurent pas les mêmes émotions pour chacun des sujets. Tout dépend du récepteur de la dopamine.
Une voix lascive, des notes puissantes… Certaines mélodies font monter de délicieux désirs érotiques.
Voici comment s’opère l’alchimie entre le son et le plaisir, deux voisins dans le cerveau : Des torrents de dopamine se déversent dans le cerveau, inondant la zone de l’apprentissage et de la mémoire, puis la région du circuit de la récompense.
En une fraction de secondes, une phrase musicale peut mener le plaisir droit à son acmé.
Cette découverte démontre aussi, qu’en faisant résonner au fond du cerveau archaïque, le circuit de la récompense, les notes peuvent susciter le même type de dépendance que celle liée aux autres addictions. D’où, sans doute, cette tentation parfois irrépressible d’écouter le morceau « en boucle ». Émotions et musique sont si intimement liées.
Moi, le souvenir ravivé par la musique, je suis toujours plus chargé émotionnellement qu’un autre lié au silence. Cette priorité de la note démontre aussi, pourquoi la musique est un art sans pareil pour susciter le fantasme : Elle incite les sujets à produire leurs propres scénarii imaginaires. Elle agit comme un créateur d’images.
Si musique et érotisme ont tant de mots en commun, ce n’est pas par hasard : tous deux ont le Corps pour instrument. Quand la musique sonne, c’est tout l’organisme qu’elle impacte, via ses ondulations acoustiques. Par exemple, plus un son est grave et intense, plus il résonne dans les cavités profondes du corps. Les hommes à la voix grave, disent certains sujets féminins, sont beaucoup plus attirants que les autres.
C.Q.F.D., Madame B. était le sujet parfait pour illustrer la force de réminiscence d’un souvenir auditif en dépit des modes et du temps qui passe.
Quel dommage qu’on ne vous ait pas connue avant nous qui étions musiciens pro… Où était la dopamine ? Nous n’ étions évidemment pas insensibles aux beaux airs de la Traviata ou d’une walkie mais jamais hélas jusqu’à l’extase. Votre savante analyse nous faut comprendre que nous sommes passés à côté de qq chose ! 🐀 🐻
Omniprésent, un mauvais souvenir se faisait un malin plaisir à hanter les lieux. Il avait ce don, bien particulier, de chasser les bons qui retournaient se cacher dans leur tiroir respectif.
Un jour, n’y tenant plus de rester enfermés, de ne plus voir la lumière du jour, ils tinrent réunion sur le parvis de la commode. S’armant de courage, ils convoquèrent ce nocif et le condamnèrent à la réclusion à perpétuité. Devant cette foule prête à le lapider, il courut s’enfermer dans le tiroir secret du bonheur-du-jour.
Des décennies plus tard, un brocanteur ouvrit sa planque et c’est ainsi qu’il s’évada. Tel le comte de Monte-Cristo, il décida de se venger des jolis souvenirs. Furetant dans tous les recoins du meuble, il constata que ses geôliers avaient disparu. Puis, à bout de souffle, il s’évapora dans la nature.
Un souvenir revient sur ses pas.
Le mois de décembre est le signe des préparatifs de Noël. C’est bien souvent à cette période qu’un souvenir de mon enfance revient à ma mémoire, comme légèrement voilé par la brume matinale, mais, il me semble entendre ses pas crisser sur le givre qui recouvre la pelouse du jardin, dont la blancheur scintille sous le soleil en milliers d’éclats de diamants…
Je revois le réduit qui prolongeait la cuisine, où nos parents avaient installé un grand buffet en bois aux sculptures tarabiscotées, sans style défini, que l’on trouvait à l’époque chez de nombreuses familles et dont, entre la partie basse et la partie haute, une niche occupait tout l’espace aussi bien en largeur qu’en longueur.
C’est là qu’avec maman nous réalisions le décor de la crèche de Noël. Pour l’arrière-plan, du papier étoilé recréait le ciel et un autre imitant la roche, sous lequel quelques boîtes de différentes hauteurs matérialisaient le vallonnement de la montagne, permettaient de disposer les maisons sur divers niveaux. Sans oublier de placer au centre de la scène, la grange qui accueillerait le petit Jésus.
Chaque santon retrouvait sa place : le berger au milieu de ses moutons ; le rémouleur penché sur sa pierre à aiguiser ; la lavandière, le dos courbé sur son linge au bord de la rivière, figurée par un miroir sur lequel nageaient des canards. Monsieur le curé attendait les fidèles paroissiens devant l’église ; monsieur le maire se tenait fièrement devant la mairie ; le tambourinaire et l’Arlésienne animaient le village ; le ravi, qui l’était toujours, laissait éclater sa joie à une fenêtre de sa maison et le meunier qui entassait les sacs de farine devant son moulin…
Marie et Joseph, l’âne, le bœuf et les Rois mages… sans oublier le petit Jésus qui attendait sa naissance, caché sous du coton… patientaient dans la grange de la Nativité et l’ensemble de ce décor était saupoudré de farine pour imiter la neige… ce n’était rien de plus que la représentation figée d’un tout petit village que nous plongions dans la tradition pastorale, qui veut que le petit Jésus soit né en Provence…
Le seul bémol de notre crèche résidait dans le fait que certains santons, achetés au fil du temps lors de la foire qui se déroulait de fin novembre à début janvier de chaque année, en haut de La Canebière, ou en bordure de la même artère, sur la place de la Bourse, n’étaient pas tous de la même taille… il en était même de plus grands que leur maison… Mais peu nous importait, ce n’était qu’un détail, nous étions fiers de notre crèche.
La touche finale était réservée à papa qui devait installer une guirlande lumineuse, sans rien faire tomber ni rien détruire de notre œuvre commune. Par crainte d’un mauvais geste de sa part durant la pose de l’illumination, nous restions à scruter tous ses mouvements. Puis, c’était l’enchantement devant le spectacle de la crèche éclairée de multiples couleurs… Naïvement, j’attendais que tous les santons se mettent en mouvement pour célébrer l’avènement du petit Jésus… l’image de se souvenir commence à se brouiller lentement, à cet instant, je tourne mon regard vers la fenêtre du salon et je perçois sur la pelouse des marques de pas qui ont rebroussé chemin… mais ce n’est peut-être qu’un de ses tours d’illusions que me joue ma mémoire…
Oh ! Gilaber, si mma mémoire est bonne, ne serait-ce pas l’un de tes souvenirs relatés dans ton livre ?
Chère Avoires,
Tout à fait… mais ce souvenir est récurrent…
Un souvenir revient sur ses pas.
J’étais en sommeil depuis bien longtemps lorsqu’une musique me fit sursauter. Enveloppé dans une myriade de nuages cotonneux, je ne perçois que quelques sons. Je m’agite dans tous les sens pour trouver une trouée dans cette masse qui semble vouloir m’étouffer. Je veux savoir ce qu’elle a de si particulier pour me tirer des vapes.
Petit à petit quelques flashs. A la musique des odeurs sont venues se mêler. Il y a du bruit. J’ai beau chercher, le flou a du mal à se dissiper. Je suis entre deux eaux, à la fois heureux et inquiet.
Une éclaircie. C’était l’hiver. Il faisait froid et il neigeait. J’étais petit. Je tenais une main. Je ne voyais pas grand-chose sauf les postérieurs de ceux qui me précédaient. Alors je levais la tête et je voyais des lumières de toutes les couleurs.
Oui ! L’odeur c’était celle de la barbe à papa que je tenais à la main. Ça poissait, mais qu’est-ce que c’était bon !
Nouvelle couche de brume. La musique, encore elle. Elle ne me quitte pas. Pourquoi ?
Elle se rapproche. Une chanson ?
Oui ! Une chanson entraînante qui me rendait heureux. Je trépignais. Je voulais m’approcher, mais la main qui me tenait me freinait.
Une longue queue. J’attendais. Je voulais une autre barbe à papa.
Puis j’ai vu un vieux monsieur habillé de rouge avec une longue et grosse barbe très blanche. J’avais peur. Je chouinais. Il s’approchait de moi, un bonbon à la main.
Flûte ! Tout s’embrouille à nouveau.
Un autre vieux monsieur. J’étais sur ses genoux. Une photo.
Et toujours cette même chanson.
Un jingle. Celui de RTL. Chers auditeurs, c’est avec cette magnifique chanson de Tino Rossi que je vous laisse et vous souhaite un merveilleux Noël !
Tout me revient. Cette année-là, une partie de mon innocence s’en était allée. J’avais appris que le Père Noël n’était qu’un joli conte pour les enfants.
Ce n’est pas grave. Le souvenir reste magique.
Cher Tino Rossi, on ne l’entend plus !
— Han ! Mais ça me revient, maintenant que tu le dis !
— Quoi donc ?
— Deux jours avant Noël, je l’avais croisée à Paris, aux Galeries Lafayette. On s’était salués brièvement. Elle cherchait un cadeau pour sa fille Juliette.
— Tu es sûre, Samantha ?
— Comme je te le dis, Michèle ! Donc elle ne pouvait pas être à Nice, le 23 au soir, à moins d’avoir pris le TGV, ce jour-là. Elle était sans bagages et ne semblait pas particulièrement pressée.
— Et si ce n’était pas elle que tu avais croisée ?
— Impossible, je ne crois pas qu’il y ait deux voix comme la sienne sur cette planète.
— Je veux bien te croire. Et son rire ! Ma grand-mère avait une ânesse qui avait le même. J’exagère à peine.
— Oh lala, oui ! Mais, là, elle ne semblait pas avoir envie de rire. Elle tirait plutôt une gueule d’enterrement. On a parlé deux minutes, tout au plus.
— Mais alors… celle que j’ai vue sur la Promenade des Anglais, au bras de son mari, que j’ai saluée au loin et qui m’a souri, comme si elle était ma meilleure amie…
— Bah…
— Elle avait ce même ensemble Chanel qui taillait si bien sa silhouette, le même foulard turquoise qui couvrait ses cheveux. Et ses lunettes de soleil yeux de chat, c’était les siennes… je te jure, Samantha. Comment je me serais trompée ?
— J’ai l’impression que c’est lui qui la trompait et sa maîtresse qui l’a empoisonné.
— Tu crois que je dois revenir sur ma déposition ?
— Pour qu’un nouveau procès nous empoisonne l’existence ? Écoute, Michèle, restons sur ton souvenir initial. Après tout, j’ai pu aussi me tromper. La mémoire n’est pas une science exacte.
– Salut !
– Oh, mais pourquoi tu reviens sur tes pas toi ?
– C’est que j’ai oublié de m’enregistrer dans ta mémoire
– Mais ma mémoire, elle est SATURÉE !
-T’inquiète, je sais comment libérer de l’espace, laisse-moi faire,
– Mais NON – je ne veux pas que tu trafiques quoi que ce soit dans ma tête – J’ai assez de souvenirs comme ça et je ne veux pas en rajouter. C’est trop lourd pour moi.
– Mais tu m’as toujours dit que j’étais ton meilleur souvenir ?!
– Oh ! Ce que j’ai dit… Souvent femme varie tu sais…
– Vraiment ? Tu ne veux pas libérer un petit espace pour moi ?
– NON ! Trop c’est trop !
– Alors tu vas m’oublier ? Alors je vais mourir ?
– Hola ! Ne dramatise pas tout de même. Je n’ai pas encore Alzheimer !
Et c’est comme ça qu’un meilleur souvenir peut disparaître tout doucement par manque d’espace.
C’est bien triste n’est-ce pas ?!!!
Pauvre bon souvenir ! Il méritait sa place, d’autant qu’il était agréable à se lire, et talentueux pour se raconter. 🙂
C’est peu de dire que la mémoire vous joue des tours. Voilà plusieurs nuits que ce souvenir tentait de retrouver les justes traces de son passé.
Il se trouvait bien surpris de tous les miroirs déformants sur les bords toujours décalés des chemins égarés.
Toute cette vie soi-disant construite, lui balançait des briques, lui écorchait les pieds. Quelle idée aussi, de vouloir remonter le temps en chaussettes. Et sans casque, sans piolet. Avec toujours ce paquet de biscuits d’illusions, comme quoi avant, c’était mieux. Il l’avait LU. Mais la quatrième de couverture triche toujours sur l’exacte composition de la gourmandise attendue. Il crapahuta ainsi plusieurs nuits, tentant de l’expérience de la veille d’améliorer son cheminement. Mais les bombes anti personnelles lui claquaient souvent les effluves d’ombres flous. Quand il tentait de sortir du flux, les drones le bombardaient de barbouillis de pensus, les tristes dépensées aiguës, des consommations de l’amour et des voisins, toujours aux aguets de sa chute, pour ramasser les miettes. Comme après chaque guerre, chaque dernière.
Têtu, il flageolait, il ne savait plus bien où, ni comment, entre deux eaux boueuses ou entre deux os noueux. Il pensait bien, sans jamais se l’avouer ne pas trouver la sortie du labyrinthe, alors qu’elle était là, juste sous son nez.
Vous me direz, mais qu’allait ’il donc faire dans ces nuits perturbées alors que les journées semblaient plus claires ?
Rien de bien original, juste que dans la réalité collante de cette fin de vie, encore, il s’était oublié.
Certains souvenirs sont des mémoires oubliées, des mémoires mortes. Les réactiver n’a jamais rien de bon. Ils vont toujours où ils se doivent aller… l’oubli.
PERSONNEL DE MAISON
Mon patron perd la tête, le tabac ! Il me rend folle, je frotte et il arrive… Vous n’auriez pas vu…
Il retourne à son fauteuil… Bon sang, où les ai-je mis ? Qu’est-ce que j’étais venu chercher ? Ma pipe, mon cure-pipe, ?
Mes allumettes, mon zippo ?..
Je la lui bourrerais bien mais, il a sa technique, un rituel. J’ai la paix quand les deux mains autour du fourneau qui brasille il se réchauffe et que sa jute dans le tuyau. Quand il tape dans son cendrier, mon heure est finie. Pour le faire enrager, j’ai déplacé quelques objets dans la vitrine. Un jour, il disparaîtront. Une technique de distraction. Je lui rappelle qu’il me doit mes gaged, même s’il m’a payé hier ! 🐻
Souviens-tite Fraise des Bois, de ce séjour à Florence. Lorsque nous étions à savourer ce mythique chocolat chaud italien, épais à souhait. Grand fut notre étonnement lorsque nous vîmes une bande de joyeux lurons ( des étudiants probablement), au nombre de quatre qui commandèrent :
─ quatre cafés pour nous et quatre en attente.
Après avoir bu les quatre cafés qui leur revenaient, ils réglèrent les huit consommations et s’en allèrent.
Remémores-toi Tite Fraise des Bois, combien tu as été interpellée par cette curiosité. D’autant qu’un couple arriva et fit de même :
─ Deux ristrettos et trois en attente, per favore.
Intriguée, tu observas ce ballet des commandes en attentes de cafés qui s’orchestrait devant toi quand piquée de curiosité tu osas :
─ Un autre chocolat chaud per favore et un en attente.
Sans broncher le serveur acquiesça te gratifiant même d’un clin d’œil. ( ton italien n’étnt pas suffisant pour demander la signification de cette drôle expression « caffè sospeso » que tu traduisis par « café en attente ».
Rappelles-toi Tite fraise des Bois, cette étrange coutume italienne. Plus curieuse qu’un grand ibijau sur sa branche, et toi sur ta chaise, tu guettas fébrilement le secret de cette folie à laquelle tu participas. C’est alors qu’une femme à l’allure modeste, ses vêtements élimés et usés par le temps, tenant par la main un enfant tout juste sorti des couches. Ils avancèrent tous deux, les têtes baissées vers le zinc et la mère murmura :
─ Y aurait-il un café en attente s’il vous plaît ?
Le serveur hocha la tête, prépara une tasse fumante de café qu’il déposa devant elle, puis il prépara un énorme chocolat chaud avec des guimauves en décoration et le tendit à l’enfant avec un sourire.
Tout prit son sens pour moi. J’appris par la suite qu’il s’agissait d’une tradition généreuse née à Naples au XIXe siècle. Lorsque la chance, voire la fortune souriait à quelqu’un ; il payait un café pour lui et…un ou deux autres en attente. Il ne s’agissait pas d’une aumône, mais d’un signe d’humanité pour rendre le monde plus doux. Un instant de répit, un souffle de chaleur offert à un inconnu. Une façon subtile de dire : « Je vois tes difficultés, et aujourd’hui je choisis de partager un peu de ma chance avec toi ».
Souvins-toi Tite Fraise des Bois combien fut grande ton émotion face à ce geste essentiel qui rapproche les Êtres dans ce monde de grands clivages et différences.
Je connaissais cette jolie tradition napolitaine mais l’avais oubliée !
Cette coutume a désormais dépassé les frontières d’Italie et se pratique couramment dans notre pays sous le nom de « café suspendu ». Merci pour ce généreux souvenir, par ailleurs, si bien raconté.
733/Le souvenir qui revient sur ses pas, c’est le souvenir de trop.
Je plains celui qui n’en a pas assez, que lorsqu’il remue la tête, son kaléidoscope n’a qu’une couleur. Alors le souvenir qui revient est ce qu’il est parti parce que les autres l’ont chassé et qu’il a voulu voir ce qu’ils sont devenus ? Parce que c’est bien joli tout ça mais dans l’histoire, il serait la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ? C’est ça qu’il veut savoir ! Il a profité de l’odeur de la couleur d’une rose pour réveiller l’endormie, lui chatouiller les sens. S’insinuer, se réinstaller… C’est le projet de cette réminiscence.🐀