24 réponses

  1. Urso dit :

    Il travaillait à l’Hôtel du Nord, on l’appelait le glaçon d’étage, tant il était distant.
    Quand une personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Si bien qu’un jour…

    … il fut demandé courtoisement au glaçon d’étage d’aller voir ailleurs.
    Qu’il serait peut-être mieux à la cuisine de l’hôtel, et qu’il pourrait faire une période dans le gros congélateur, au fond à gauche.
    Le monsieur, gentil qu’il était, ne broncha pas et il fit ce qu’on lui dit.

    De temps en temps, il passait devant « son ascenseur » et remarqua quelque chose qui lui fit plaisir.
    Que les personnes qui en sortaient paraissaient bizarres, portant de drôles de vêtements.
    Puis un copain un jour lui dit qu’elles avaient sur elles à la fois des stalagmites et des stalactites. Il trouva ces mots également bizarres. Mais il continua à regarder attentivement l’ascenseur et surtout celles et ceux qui l’utilisaient. Très vite, en voyant ces drôles d’accoutrements, il eut la conviction qu’il n’était pas la cause de cet ascenseur « frissonnant ».
    Qu’il y avait forcément une autre raison pour laquelle il était souvent si froid.

    Cela le rendit heureux, fou de joie et toujours de bonne humeur. On le vit chanter, siffler et danser dans la rue. Alors que lorsqu’il était glaçon d’étage, on le voyait toujours ombrageux et triste.
    Un jour, justement dans la rue, il croisa un groupe de glaçons, des jeunes et des moins jeunes, chargés de grosses valises, qui lui demandèrent :
    – Monsieur, monsieur, nous cherchons l’hôtel du Nord !; D’après les indications de notre GPS, il ne doit pas être loin !
    Il paraît que c’est un hôtel où il est fait très gla gla, frisquet quoi.
    M. Glaçon répondit très gentiment qu’effectivement cet hôtel n’était pas éloigné et que s’ils restaient sur le même trottoir ils le trouveraient rapidement.

    Notre ami Glaçon sut par la suite que cet hôtel était devenu un repère de tout ce qui appartient au monde du froid, comme ces grands espaces en Sibérie et des pôles Nord et Sud. De plus en plus, il venait dans cet hôtel les êtres et les animaux qui vivaient dans ces contrées froides, voire gelées, et éloignées. Un hôtel où peu à peu la température commençait à franchir les moins vingt, les moins trente degrés. Et étant devenu, pour cette raison, un des lieux les plus visités au monde.
    M. Glaçon se dit que peut-être, même très modestement, il avait contribué à ce succès. Car il avait un peu initié le processus, c’était lui le point 0, de cette actuelle célébrité.
    Entretemps, il avait changé de job, il avait quitté cet établissement, faisant encore son travail discrètement, et pensant de temps en temps à ce satané ascenseur.

  2. Anne Le Saux dit :

    Il travaillait à l’Hôtel du Nord, on l’appelait le glaçon d’étage, tant il était distant.
    Quand une personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Si bien qu’un jour, il fut lui-même pris de tremblements. Il sentait le froid pénétrer ses vêtements, ses muscles, ses os jusqu’au plus profond de son être. Il se secoua vigoureusement, tapa discrètement des pieds, se frotta les mains l’une contre l’autre. Rien à faire, en un instant, il avait été téléporté en Alaska.
    Il se sentait défaillir. Il jeta un coup d’œil à la jeune femme qui souhaitait aller du hall d’accueil au 15ème étage, le plus haut, celui de la direction et des invités VIP. Elle était simplement et élégamment vêtue ; son sourire rayonnait et aurait dû le réchauffer. Alors que d’ordinaire il ne s’adressait pas aux passagers de sa prison mouvante, il se permit de lui demander si elle était satisfaite de la température ambiante.
    – C’est parfait pour moi. Et pour vous ?
    – J’ai très froid, je ne comprends pas pourquoi…
    C’était la première fois qu’il engageait une conversation avec un client. Il en était tout chamboulé et inquiet. N’était-il pas en train d’outrepasser ses droits et devoirs ? Ne devait-il pas rester coi, indifférent (du moins en apparence) ? D’ailleurs il s’obligeait le plus souvent à baisser les yeux ou à tourner le dos à ses passagers éphémères. Pourtant, cette fois, il poursuivit la conversation au risque d’être inconvenant voire licencié. Et peu à peu, il se détendit, son corps se réchauffa et son cœur aussi. A coup sûr, il venait de rencontrer un ange…
    Depuis ce jour, il sourit, il plaisante, il s’inquiète du confort de ses visiteurs et il est devenu « la chaufferette des étages ». C’est ainsi que le surnomment ses collègues !

  3. Michel-Denis ROBERT dit :

    Il travaillait à l’Hôtel du Nord. On l’appelait le glaçon d’étage tant il était distant. Quand un e personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Il en prit conscience par hasard. Ce n’était pas très bon pour la clientèle. Malgré sa bonne volonté les clients n’osaient même pas le regarder. Un jour, une dame âgée en fauteuil roulant se présenta devant le sus dit glaçon. Celui-ci pourtant habitué, prit la précaution de mettre des gants avant de se saisir des poignées du fauteuil.
    La dame surprise se laissa toute fois guider jusque dans la cabine. Et le glaçon reprit sa pose figée en lui tourant le dos.
    – Bizarre ! On dirait que vous êtes un robot, dit la dame.
    Il ne répondit pas.
    – Je me demande quelle est votre utilité dans cet hôtel.
    – Pardon !
    – Ah ! Vous parlez, répondit-elle, avec stupéfaction. Vous savez quelle réputation on vous donne ici ?
    – Le glaçon d’étage.
    – Alors, vous en êtes conscient et vous ne faites rien pour vous améliorer.
    – Je suis soumis au devoir de discrétion.
    – Il y a une différence entre discrétion et la froideur que vous imposez aux clients. Vous ne pilotez pas le transsibérien que je sache. Vous allez nous faire concurrence avec Agatha.
    – Je dépayse, c’est mon rôle et je me conforme aux ordres de mon supérieur.
    – Et qui est votre supérieur ?
    – Henri, le directeur du personnel. Mais pourquoi toutes ces questions ?
    – Croyez vous que vous dépaysez en bien ou en mal ?
    – C’est un interrogatoire ?
    – Je m’informe en tant que cliente, c’est tout.
    – Madame, si vous avez une réclamation, adressez vous à Monsieur Henri, c’et lui qui donne les directives. L’Hôtel du Nord, ce n’est pas n’importe quel hôtel, il a une réputation internationale à tenir. Et comme je suis mime, il m’a dit d’exploiter mes dons à fond.
    – Ah ! Et quelles sont ces directives ?
    – L’atmosphère, Madame.
    – Et bien, vous allez me changer cette atmosphère illico.
    – Mais je ne peux pas changer l’atmosphère historique d’un hôtel aussi réputé.
    – Ne vous en faites pas pour Henri, je suis la propriétaire de cet hôtel et donc de son atmosphère. Désormais vous serez le mime de la créativité et de la gaîté.

  4. Il travaillait à l’Hôtel du Nord, on l’appelait le glaçon d’étage, tant il était distant.
    Quand une personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Si bien qu’un jour… la direction, lasse d’être en froid avec tout le monde, décida de le mettre au placard, sauf que cela devint aussitôt un véritable frigo…. C’est alors que quelqu’un eut l’idée de réveiller en lui le démon de midi pour ranimer la flamme. Aussitôt, une jeune pin-up fut dépêchée (capitaux) sur place.
    Il se mit alors à brûler comme on fait feu de tout bois. Tout embrasé qu’il était, il aurait voulu l’embrasser mais restait embarrassé. Il ne savait que se consumer en excuses, sans modération. Quoi qu’il en soit, il devint le plus chaleureux des glaçons d’étage, ce qui n’est pas peu dire…

  5. ourcqs dit :

    
Quand une personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Si bien qu’un jour… les jumeaux espiègles du quatrième s’amusaient beaucoup !! Ils en avaient assez de ce drôle de climat . Ils avaient imaginé des stalactites comme déco, des fourrures pour adoucir l’ambiance .Ils refusaient de grelotter à chaque voyage . Ils avaient essayé les entrées loufoques, pour dérider, mais les frissonnements perduraient .. ILs découvrirent les « journées des saints de glace «  et décidèrent de faire la fête au Glaçon !! Avec gâteau, bougies, et alors Il fondit vraiment, les remerciant de lui réchauffer le coeur, enfin….
    Depuis plus de tremblements dans la cabine .. les jumeaux sont ravis …

  6. Françoise Rousseaux dit :

    « On le surnommait le glaçon d’étage, tant il était distant.Quand une cliente entrait dans la cabine d ‘ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Une habituée prétendait même qu’elle s’enrhumait après chaque montée en sa compagnie, si bien qu’un jour, le directeur le congédia sous un prétexte quelconque et c’est moi qui l’ai remplacé. Ainsi commença ma carrière à l’hôtel du Nord, dont je suis devenu l’heureux propriétaire, cinquante ans plus tard. .. »
    Ainsi parlait mon oncle Jean, en me faisant visiter l’ancien hôtel devenu sa résidence principale. En fait, j’étais la première de la famille à lui rendre visite en ces lieux et il était ravi de me faire les honneurs de sa vaste demeure. L’histoire du garçon d’étage réfrigérant retint mon attention quelques minutes. Mon oncle savait-il où il était allé après son renvoi ? Non, il ignorait ce qu’il était devenu. Les messieurs étaient-ils moins sensibles que les dames à sa froidure ? Oui,effectivement.
    Bien sûr, j’aurais dû m’en douter, et je souris intérieurement.
    Après la visite, nous nous sommes installés au salon pour manger une collation. Louga, la chienne labrador de mon oncle, qui nous avait suivis partout, dormait à présent devant la cheminée où brûlait un bon feu. La soirée passa agréablement . Vers 11heures, nous sommes montés par le grand escalier au 1er étage ; la chambre de mon oncle se trouvait au bout d’un petit couloir, la mienne s’ouvrait directement sur le palier, ce qui, je ne sais pourquoi, me rassura. Si j’avais su !
    Après un bref passage à la salle de bain accolée à la chambre, je me glissai dans le lit et éteignis la lumière. Tout était calme, je me suis endormie rapidement…
    Quelle heure était-il quand je me suis éveillée soudain ? Aucune idée. La chambre était obscure et on n’entendait aucun bruit…sauf que …si, en fait, j’entendis quelque chose. Un léger raclement, suivi d’un tintement. Le silence s’installa de nouveau, puis de nouveau, le raclement, ponctué par le tintement. Et cela se répéta, encore et encore! Finalement, n’y tenant plus, je me levai brusquement. Au lieu d’allumer la lumière, j’utilisai la lampe de mon téléphone pour me diriger vers la porte que j’ouvris subrepticement.Pas de doute, là sur le palier, quelque chose raclait, tintait, et une lumière éclairait le sol par intermittence. Plus intriguée qu’effrayée, je sortis de la chambre. Et là, en face de moi, je vis la cabine d’ascenseur, qui s’ouvrait, illuminée de l’intérieur ; le tintement retentit, puis elle se referma doucement. L’instant d’après, elle s’ouvrait de nouveau. Je me suis approchée et j ‘ai aussitôt senti un air froid me balayer le visage.
    A ce moment là, n’importe quelle personne sensée serait retournée dans sa chambre et, porte bien close, se serait recouchée en se bouchant les oreilles. Eh bien, moi, je suis rentrée dans la cabine, dont les portes se sont aussitôt refermées. Après un temps interminable, il y eut une petite secousse et l’ascenseur s’est mis à descendre doucement. J’étais frigorifiée ; je me suis mise à grelotter, j’ai cru que j’allais mourir de froid. Au moment où j’allais me mettre à hurler, la cabine s’est arrêtée et les portes se sont ouvertes. Je me suis précipitée au-dehors, le coeur battant. J’étais à présent au rez-de-chaussée, non loin du salon. C’est là que je me réfugiai, réveillant Louga, toujours installée devant la cheminée. Elle se leva et vint se frotter contre moi, en remuant la queue. Cette empathie canine me réconforta, mais j’étais toujours frigorifiée.Je réussis à rallumer le feu et tandis que de belles flammes crépitaient, je m’enroulai dans une couverture et me préparai une tisane bien chaude .Mais malgré les flammes, la couverture , la tisane et la présence réconfortante de Louga, je n’ai pas pu me réchauffer. Au matin, mon oncle me trouva lovée sur le canapé et toujours frissonnante. Il diagnostiqua un début de grippe. Alors je prétendis être coutumière de longues insomnies qui me laissaient frigorifiée, car je souhaitais repartir au plus vite. Après le petit déjeuner, je pris la route, le chauffage de la voiture poussé au maximum. Progressivement, le froid me quitta, mais j’avais encore quelques frissons à la fin de la journée.
    Je ne suis jamais retournée chez mon oncle ; chaque fois qu’il m’invite, je trouve un prétexte pour me défiler . J’en suis navrée, mais impossible pour moi de remettre les pieds à l’Hôtel du Nord !
    Dernièrement, au téléphone, il m’a dit qu’il allait revendre cette demeure trop vaste pour lui et acheter un petit cottage au bord de la mer .
    «  Sans ascenseur ? lui ai-je demandé.
    Mais non, voyons, il n’y aura qu’un rez-de chaussée. Par contre, je vais regretter mon glaçon d’étage ! »
    Ce n’était bien sûr qu’une plaisanterie, mais je sentis un long frisson me parcourir.

  7. Avoires dit :

    Il travaillait à l’Hôtel du Nord, on l’appelait le glaçon d’étage, tant il était distant.
    Quand une personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Si bien qu’un jour…
    …une femme qui voulait percer le mystère, s’interrogeait sur l’attitude du jeune homme, s’approcha de lui, emmitouflée, et, malgré le souffle qui la transit, lui demanda :
    –  Qui êtes-vous ?
    Stupéfait, il répondit
    – Le garçon d’étage
    – Je sais, mais pourquoi vous appelle-t-on le glaçon d’étage ?
    – Oh ! Les gens aiment donner des surnoms, c’est une manie, et puis garçon, glaçon…
    – Quand même ! Comment trouvez-vous « Glaçon d’étage » ?
    – Injustifié, répondit-il sur un ton neutre
    – Ah ! Et pourquoi? S’obstina-t-elle ? Vous êtes quand même peu chaleureux !
    – Je ne suis pas un glaçon, je suis un garçon, répliqua-t-il toujours sur le même ton
    – Ça, c’est Mylène Farmer qui le chante
    – Oui, je sais, j’aime beaucoup Mylène Farmer
    – Bon … Revenons à votre surnom
    – Moi, je trouve que parler de Mylène Farmer ne s’éloigne pas de votre question. »
    La femme emmitouflée ne comprenait pas… Quel rapport entre … Elle persista dans son idée d’une autre manière :
    – Pourquoi, se lança-telle, avez-vous une attitude si distante, qui crée une drôle d’atmosphère ?
    – Vous, vous voyez les choses ainsi et pourtant vous faites le contraire en vous rapprochant de moi !
    – C’est parce que j’ai envie de vous connaître… Pourquoi ne faites-vous pas un effort, les clients de l’hôtel du Nord ne méritent-ils pas un garçon d’étage souriant ?
    – Oh ! Vous savez, l’atmosphère de l’hôtel du Nord… rétorqua-t’il, toujours sur un ton posé
    – C’est à cause du nom de l’hôtel que vous êtes si froid ?
    – Non
    – Ah !… Elle ne savait plus quoi dire… Et… vous avez une amie, une bonne amie pour vous réchauffer ? osa-t-elle, à bout d’arguments
    – Oui
    -Ah ! Et vous êtes aussi réfrigérant avec elle ?
    – Oui, je n’ai pas besoin de changer
    La femme emmitouflée n’en revenait pas.
    Le jeune homme continua :
    – Elle travaille à l’hôtel du Grand Sud à Novosibirsk et elle aussi a droit à un surnom : le « Brasero des couloirs ». Lorsque nous nous retrouvons, c’est toujours à bord d’un train, à vapeur, vous comprenez pourquoi, je pense ?
    – La rencontre du glaçon et du brasero ? s’enhardit-elle
    – Exactement  ! Nos baisers, nos étreintes produisent tellement d’effet que le train roule à toute allure. La ligne et le train nous appartiennent. Nous avons beaucoup de succès vu le nombre de voyageurs qui l’empruntent. Nous avons trouvé un concept qui plaît « L’amour à toute vapeur »
    Ah ! J’allais oublier, Mylène Farmer prend souvent notre train, elle est devenue un grande amie. »

  8. Maguelonne dit :

    Il travaillait à l’hôtel du Nord. On l’appelait le glaçon d’étage tant il était distant.
    Quand une personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt et prenait la fuite en montant ou descendant les escaliers quatre à quatre. Ce qui, entre nous soit dit, lui faisait le plus grand bien.
    Cela vint aux oreilles de la Sécurité Sociale qui se dit « tiens, tiens, en voilà une idée à creuser » et décida illico presto d’accorder une prime de quarante euros aux adhérents qui séjournerais au moins trois jours à l’hôtel du Nord.
    L’offre était alléchante et fit des émules. L’hôtel du Nord n’en finissait plus de refuser des réservations car il était toujours complet. La direction fit même doubler la superficie de l’hôtel. Mais ça ne suffisait pas.
    La Sécurité Sociale fit le bilan, décréta que c’était positif et et demanda au ministère du Travail de créer des formations express de glaçon d’étage. Il il y eut beaucoup de candidats mais aucun n’arrivait à la cheville du glaçon de l’hôtel du Nord.
    Il devint célèbre, fut la coqueluche des médias. Les grands hôtels lui offrait des ponts d’or pour l’embaucher.
    D’abord abasourdi, glaçon se prit au jeu de la célébrité.
    Il commença à se dégeler en rêvant. Puis il décida de passer à l’acte. Il commença par déguster du foie gras, des truffes, du caviar qu’il n’aima pas, du champagne qu’il adora, du chocolat…. Il commença à rêver de plages de sable blanc, de lagons turquoises, de cocotiers…
    Tout à ses découvertes, il ne se rendait pas compte qu’il fondait de plaisir.
    Si bien qu’un jour, il finit en misérable flaque d’eau qu’épongea une vulgaire serpillière.
    Désolée pour cette triste fin mais je ne suis que la rapporteuse.

  9. CATHERINE M.S dit :

    Il travaillait à l’Hôtel du Nord
    Du groupe Accor
    Depuis un certain temps déjà
    Depuis qu’il avait eu son certificat
    Après avoir balayé les salons
    Usé sur les vitres moult chiffons
    Essuyé tant de verres
    Rangé des milliers de couverts
    Coupé les tiges des fleurs
    Il atterrit dans l’ascenseur
    Une promotion
    Pour Gaston

    Garçon d’étage il devint
    Commença un beau matin
    A appuyer sur des tas de boutons
    En casquette et livrée à galons
    Mais Gaston était un vrai glaçon
    Pas rigolo, pas souriant, très distant
    Avec tous les clients
    « Glaçon d’étage » fut le surnom
    Que lui attribua son patron
    Gaston n’en avait cure
    Il cultivait sa fière allure
    Imperturbable il resta
    Jusqu’au jour où Elle entra et prononça
    « Au sixième s’il vous plaît »
    Dans un français presque parfait

    Il la transporta avec plaisir
    Et même une ébauche de sourire
    Elle sentait si bon
    N’est-ce pas Gaston ?
    Non, je ne vous dirai pas
    Si un jour il la transporta
    Par un subtil stratagème
    Jusqu’au septième …

  10. Sylvianne Perrat dit :

    Il travaillait à l’Hôtel du Nord, on l’appelait le glaçon d’étage, tant il était distant.
Quand une personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Si bien qu’un jour, il n’y eut pratiquement que Esquimaux qui réservaient . Les autres clients avaient fui, sortant de l’ascenseur frigorifiés au sens propre et figuré. Leurs orteils devenaient glaçons dès le 1er étage. Et leur moral réfrigéré. Le regard du glaçon d’étage transperçait chaque arrivant. Impossible de sourire, de siffloter. Il vous pétrifiait. Il lisait dans vos pensées, il parcourait votre cœur, soulevait les pires souvenirs. Vos pensées se transformaient en boules de neige. Remords et regrets vous submergeaient. Votre cerveau devenait iceberg ! Votre champ d’horizon se transformait en banquise. Pas de réchauffement climatique dans cet ascenseur ! Douche froide assurée.
    Ce personnage glacial était un célèbre psychiatre reconverti. Dans ce petit local qui monte et qui descend sans cesse, il revivait les milliers de séances qu’il avait vécues avec effroi. Les histoires de ses patients l’avaient frigorifié pour la vie. Au fil du temps, il s’était emmuré comme dans un igloo. Il ne réchaufferait jamais.
    Il avait remarqué que la vie de ses clients était cyclique. Ça monte et ça descend. C’est pour cela qu’il avait choisi ce petit boulot dans cet hôtel.
    Il appuyait sur les boutons et à sa guise la vie montait ou descendait. Parfois, pervers, il bloquait entre deux étages pour effrayer ou étonner ses passagers. La vie est précaire. Ils n’avaient plus la maîtrise. Le glaçon ne disait pas un mot, pas un sourire. Il foudroyait de son regard chaque nouvel arrivant. Il les devinait à leur attitude. Hésitant, décidé, rêveur ou joyeux… Un effronté tentait d’appuyer sur le bouton de son étage. Là, il était intraitable. Un bon coup de pied dans le c.l et il ressortait illico.
    Il était le roi. Pendant quelques minutes, il décidait de la vie de ses passagers. Certains, les pieds glacés, étaient terrorisés. Ils tentaient d’appeler la Direction mais… pas de wifi ! Un exercice in vivo. D’autres trouvaient cela cocasse et en souriait. Chacun en ressortait différent. Descendre au 5e sous-sol et monter direct au 12e ciel était une épreuve enrichissante. Il avait inventé une nouvelle technique.
    On avait renommé l’établissement «  Thérap’hôtel »

  11. Rose Marie Huguet dit :

    Il travaillait à l’Hôtel du Nord, on l’appelait le glaçon d’étage, tant il était distant.
    Quand une personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Si bien qu’un jour…

    Je ne sais pas vous, mais moi j’ai toujours évité de séjourner dans un hôtel nommé Hôtel du Nord. Allez savoir pourquoi ! Le livre, le film, une phobie ?

    Un jour j’ai été sollicitée en dernière minute pour participer à un congrès. J’ai vite recherché un lieu où dormir et quelle ne fut ma stupéfaction en constatant qu’il ne restait qu’une chambre à l’Hôtel du Nord ! Tant pis ! J’ai pas été déçue. Il était conforme à l’image que j’avais en tête : tapisseries datées, moquette usée, fleurs factices, fauteuils à l’assise affaissée et ainsi de suite. Je rigolais dans ma tête. Il ne manquait qu’un vieux groom au costume délavé se chargeant de manœuvrer le vieil ascenseur à grille rétractible.

    Bingo ! J’y ai eu droit ! J’ai oublié de vous dire que nous étions au mois d’août et que la chaleur était infernale. Mais en franchissant la porte de l’ascenseur, un grand frisson me saisit comme si cet engin était doté d’une climatisation poussée à son extrême. Mais non ! J’ai jeté un œil au groom et le froid fut encore plus intense. Cet homme était glacial ! Visage fermé, comme taillé dans le marbre, yeux bleus qui vous transperçaient, les veines de ses mains bien saillantes et bleues elles aussi. Waouh ! Il m’a fait penser à une longue stalagmite. En effet il était grand et maigre.

    Le lendemain j’ai appris qu’il avait été surnommé le glaçon d’étage. Bien vu. Pendant que je prenais mon petit déjeuner, j’ai constaté que personne ne prenait l’ascenseur pour retourner à sa chambre. Même les plus anciens préféraient emprunter les escaliers. Il fallait faire quelque chose, mais quoi ? Pourquoi pas lui attribuer une nouvelle fonction comme climatiseur portatif allant de chambre en chambre pour les rafraîchir ? Le hic, c’est que les clients risquaient de faire des cauchemars toute la nuit. Marrant, mais non ! Il fallait le décongeler. Pas question de le mettre au soleil, il risquait une attaque. Mais alors quoi ?

    Le soir après des heures de réunion, j’ai eu envie de marcher. Une boutique a attiré mon regard. J’y suis entrée, fait quelques emplettes et je suis partie en direction de l’Hôtel du Nord, avec le sourire allant d’une oreille à l’autre. Avant de me diriger vers l’ascenseur, je suis passée aux toilettes où j’ai opéré ma transformation. Entrée dans l’ascenseur, glaçon d’étage se figea encore un peu plus, ses yeux se transformèrent en billes translucides, sa bouche s’entrouvrit formant un petit O. Décontenancée ma grande stalagmite. Je vous décris ce qu’il a vu. Un YETI !

    J’avais trouvé un gros manteau à poils longs ainsi qu’une grosse cagoule et des snow-boots à poils longs également. Imaginez la situation, de quoi perdre le nord !
    Ne me regardez pas ainsi ! C’est bien gentil de vouloir rafraîchir les lieux par cette forte chaleur, mais vous avez besoin d’une bonne révision. Vous êtes bloqué sur froid extrême et franchement c’est pas agréable du tout ! Comment vous faites en hiver ? Vous êtes réversible ? Vous avez une position chaleur ?

    Pauvre glaçon ! Il commençait à se liquéfier. Il se dandinait d’un pied sur l’autre, quelques minuscules gouttelettes de sueur sur son front. A chaque fois que j’empruntais l’ascenseur, je me transformais en Yeti, ajoutant de nouvelles couches : écharpes, couverture, couette…

    Ça me prenait du temps, l’air de rien, mais les clients de l’hôtel étaient hilares et prenaient plaisir à monter avec moi dans l’ascenseur. On riait comme des fous. J’ai même fait des émules. C’était à celui ou celle qui se couvrait le plus. Nous retombions en enfance. Nous remontions dans nos chambres avec des chocolats chauds, des bouillottes.

    Petit à petit, glaçon semblait se réchauffer. Ses yeux étaient plus lumineux, ses lèvres moins pincées, ses veines moins saillantes, son teint un peu plus rosé.

    Avant dernier jour. J’étais en colère contre moi. Je n’avais réussi qu’à écorcher un peu sa glaciale carapace. Je pris l’ascenseur sans me travestir, renfrognée. J’ai senti son regard surpris, mais je n’y ai pas prêté attention. J’étais imperméable. Le soir un panneau était accroché à la porte : EN MAINTENANCE. Manquait plus que ça. J’allais quand même pas me coltiner mes bagages dans ces escaliers étroits et en colimaçon !

    Après une nuit agitée, je quittais la chambre. Alors qu’en bougonnant je m’apprêtais à descendre les escaliers, j’entendis le bruit si particulier de la grille de l’ascenseur. Il était là à mon étage. Soupir de soulagement. J’entrais. Bizarre ! Aucun frisson. Je regardais l’homme qui me tournait le dos. Physiquement il ressemblait à glaçon, mais il était vêtu d’un jean et d’une chemise hawaïenne. En plus, il sentait bon ! Il se retourna, un large sourire aux lèvres, les yeux pétillants et malicieux. Et là, c’est moi qui me transformais en glaçon ! La bouche en O, les yeux en forme de bille. Un grand éclat de rire. Glaçon avait mué.

    Merci, me dit-il. Votre désintéressée obstination m’a libéré du sortilège jeté par ma rombière jalouse des regards des autres femmes. Me revoilà celui que j’étais !
    Alors ma poulette, on dirait bien que je vous ai fait perdre le nord ?

  12. Nadine de Bernardy dit :

    Embauché depuis un peu plus d’un an à l’Hôtel du Nord, il avait effectué, deux mois auparavant, une reconversion nécessaire à son caractère
    Chauffeur de salle dans un cabaret de Pigalle, il ne supportait plus de faire le clown pour une clientèle de provinciaux excités
    On l’appellait le glaçon d’étage, tant il était distant. Quand une personne entrait dans la cabine, elle frissonnait aussitôt. Peut être en faisait il un peu trop, la direction lui en avait fait la remarque, mais en vain.
    Un jour entra une jeune femme, emmitouflée dans une grande écharpe ne laissant voir que deux magnifiques yeux noirs, vifs et malicieux dont le glaçon d’étage tomba sur le champ follement amoureux, il en resta bouche bée, figé devant elle.
    Alors, vous vous bougez, je vous ai demandé le cinquième
    Il appuya sur le septième, la gorge sèche, les mains moites.
    Mais enfin, vous rêvez ou quoi ?
    Ecarlate, il s’excusa et redescendit au cinquième.
    En sortant, la jeune dame ôtant son écharpe, lui dit avec un sourire :
    On m’avait parlé de vous, pour un glaçon vous semblez cependant très émotif mon cher. Merci quand même pour cette escapade.
    On l’appellait au rez de chaussée, il y accueillit avec un sourire extasié un couple âgé, serrant une bouillotte dans leurs bras.

  13. camomille dit :

    La porte de la cabine s’ouvrit.
    Le glaçon d’étage qui était puceau vit entrer une magnifique jeune fille belle comme un soleil.
    Ils se regardèrent et ce fut un énorme coup de foudre.
    Plein d’étincelles partout !
    Mais il ne résista pas au choc thermique.
    Il se dégela aussitôt et Il se mit à fondre lamentablement.
    La belle jeune fille recueillit ses restes dans une serpillière tout en pleurant.

  14. Alain Granger dit :

    Aux autres, Kelvin paraissait froid. Il avait le teint pâle, ne souriait jamais et restait plutôt laconique. Il ne débitait pas des termes au mètre. Avec les clients il ne faisait rien pour briser la glace. Aussi, un jour, le directeur le convoqua dans son bureau :
    – Kelvin, vous êtes un zéro absolu !
    – Pourquoi dites-vous ça ? Qu’ai-je fais ?
    – Vous avez dévorés les friandises d’une cliente.
    – Mais c’est la petite fille qui me l’a proposé.
    – D’en gouter une oui, mais vous les avez toutes mangées.
    – Désolé. je ne peux pas résister aux marrons glacés.
    – Et moi je ne peux pas vous garder. On s’est déjà plaint de votre coté glacial mais là vous exagérez. C’est la goute qui fait déborder la vase…
    – Le vase, monsieur. On dit le vase.
    – Je vais vous le casser sur la tête. sortez ! Vous êtes viré !
    Kelvin enfila son polaire et sortit. Il retourna chez sa mère. Celle-ci le sermonna. Mais des conseils il en avait de sa mère cure. Il ferma la porte de sa chambre et se coucha sur son lit vert. Son regard se perdit dans les motifs de la tapisserie. Il y avait nombre d’animaux : des ours blancs, des renards argentés, des bruants des neiges et puis des cervidés. Il adorait l’effet de cerf. Puis il voyagea à travers une photographie de la Sibérie et une autre de la calotte polaire. Cette dernière lui mit une gifle. Il se ressaisit et se leva. « J’ais trop de frais. Il faut que je trouve du travail », se dit-il. Il ne perdait pas le Nord. Cette idée fit passer un frisson sur sa peau. Avant de s’y mettre, il lui fallait des calories. Un plat surgelé fut mis au micro-onde. C’était son plat préféré : l’épaule d’agneau.
    – Mon petit ange Lure, as-tu assez mangé ? Tu ne veux pas une petite crème glacée en désert ?
    – En dessert, maman, en dessert. Et ne dis plus ange Lure. Ange lire, si tu veux, bien que je sois un peu âgé pour ça.
    – Tout ce que tu veux mon chéri. Dis, tu vas rejoindre tes amis au théâtre ce soir ?
    – Non, car ça risque d’être chaud. Hier, ils ont fait un four.
    Avant qu’il ne quitte la maison elle lui prit la main et la trouva froide. Elle se rassura toute seule. Jamais de sa vie il n’avait été malade d’un simple refroidissement. Elle prononça en souriant :
    – A main froide cœur chaud.

  15. Coriandre dit :

    Un jeune liftier vient d’être recruté par la direction du luxueux hôtel George V. Sa tenue impeccable et sa discrétion plurent de suite à son recruteur M.ALABADINE.

    Après une brève formation, il prit ses fonctions en répétant mécaniquement les mêmes gestes tout au long de la journée. Seulement, au bout d’une semaine, les habitués commencèrent à se plaindre en lui reprochant la froideur et son manque de communication .Il n’accompagnait pas les résidents jusqu’à leur suite en portant leurs bagages et vraiment la clientèle qui payait fort cher les services de ce sélect hôtel menaçait le Directeur de ne plus jamais revenir. C’est alors que M.ALABADINE profitant de l’ambiance délétère qui régnait en ces lieux prit sa retraite et fut remplacé par M. JEMANFOU au caractère diamétralement opposé.

    Ce dernier entendit avec le plus grand respect toutes les doléances de ces VIP guindés et les consignaient dans un obscur registre sans pour autant promettre à ses clients d’y remédier, c’était sans compter sur la rumeur qui allait bon train sur la qualité de l’accueil de cet établissement.

    En effet, les habitués remarquèrent un réel changement dans le management du personnel, chaque employé était à son poste mais ne semblait aucunement s’engager personnellement dans les tâches à accomplir. Un jeanfoutisme sévissait…

    Dans les salons hyper branchés de la capitale où se retrouvaient la jet set, les langues se déliaient…

    Jusqu’au jour où des touristes latinos vinrent peupler les salons sélects du George V.

    Leurs vêtements et exubérances ne passaient pas inaperçus.

    Leurs accents chantants et chauds imprégnèrent de leur gaîté l’ascenseur si bien que le garçon d’étage, si taiseux d’habitude, se dérida peu à peu. Son état de fruit givré se métamorphosa en fruit déguisé… Son visage se décrispa, un sourire apparut, le rire dépassa le sourire, une chaleur se répandit dans tout son corps à tel point qu’il esquissa quelques pas de danse en portant les bagages de ce groupe d’artistes venant de contrées ensoleillées et festives.

    Tout le personnel n’était d’ailleurs pas en reste. Les employés accomplissaient leurs missions sur un air de samba.

    A quoi ou à qui devait-on cette subite mutation ?

    Monsieur ALABADINE avait recruté le garçon d’étage en connaissance de cause. Lors de son entretien d’embauche, le jeune Noé avait répondu si mécaniquement aux questions de son futur employeur, qu’une idée lumineuse avait jailli. Comme une évidence, cet être qui se dressait devant lui, empesé dans ces vêtements, rigide et froid avec son allure de pantin désarticulé ressemblait à l’ascenseur de son hôtel. Donc pas d’erreur de casting !

    Ce n’est que lors des plaintes déposées par quelques habitués sur l’inaptitude de Noé de les accueillir convenablement, que le nouveau Directeur s’est penché sur le dossier personnel de son employé.

    L’ancien directeur n’avait apparemment pas lu son profil, impatient de recruter un garçon d’étage à moindre prix, les vocations se faisant plus rares.

    A la lecture du CV de Noé, il fit une découverte qui le figea : Noé était autiste.

    Il décida de reconsidérer sa lecture, de sorte qu’il put lire : artiste et non autiste.(la lettre U ayant été partiellement effacée).

    Si se taire était un désir d’autiste, Monsieur JEMANFOU considéra que dans le fait de se taire, il y avait une forme d’esthétisme, le silence reste esthétique notamment en musique, par voie de conséquence ce désir ne répond-il pas un désir d’artiste ?

    Noé resta au sein de cet établissement et par une belle journée de printemps des musiciens et danseurs étrangers s’arrêtèrent au Georges V , se prirent d’amitié pour Noé et l’emmenèrent visiter leur beau pays : celui du partage et de la joie.

  16. Gilaber De Florates dit :

    Il travaillait à l’Hôtel du Nord, on l’appelait le glaçon d’étage, tant il était distant. Quand une personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Si bien qu’un jour, agacé par la froideur du liftier, monsieur Maurice, un habitué qui louait une suite à l’année au dernier étage de l’édifice, avec une terrasse qui offrait une vue à 180° sur la capitale et la tour Effel en point de mire… décida que ce comportement ne pouvait plus durer. S’apprêtant à sortir, monsieur Maurice jeta un regard au miroir et ajusta son chapeau sur sa chevelure d’un blanc immaculé, satisfait de sa tenue, il sourit à lui-même. Mais son sourire le renvoya aussitôt au faciès froid du glaçon d’étage qu’il allait encore devoir croiser aujourd’hui…
    À chaque étage, froid comme un iceberg, et se tenant raide dans un profond silence avec un visage qui n’exprimait aucune émotion, le glaçon d’étage s’effaçait pour laisser les clients sortir et entrer dans la cabine… de la même manière, peut-être, choqués par son attitude que tout le monde jugeait inadmissible, les clients adoptaient la même indifférence en passant devant lui…
    Mais, ce matin, n’y tenant plus, lorsque monsieur Maurice sortit de l’ascenseur, il ne put s’empêcher d’interpeller l’employé discourtois sur un ton chargé de reproches :
    — On ne vous a pas enseigné la politesse, jeune homme… vous ne dites jamais bonjour, au revoir, bonne journée monsieur ou madame… vous semblez également ne pas savoir conjuguer le verbe sourire… si, peut-être seulement à l’imparfait… puis monsieur Maurice s’est éloigné sans apercevoir la tristesse qui avait rempli les yeux du jeune homme…
    Excédé et animé par un profond courroux, il s’approcha de la réception pour solliciter auprès de Paul, le souriant et raffiné concierge, un rendez-vous avec le directeur de l’établissement, parce qu’il tenait à lui faire part de son mécontentement… Le chaleureux concierge l’invita à patienter au salon en lui proposant courtoisement une collation, un café ou un thé avec une viennoiserie, que refusa monsieur Maurice. Il n’eut pas longtemps à attendre, on ne doit pas faire perdre son temps à un client comme monsieur Maurice, se dit le directeur en l’invitant à pénétrer dans son bureau.
    C’est là, installé dans un confortable fauteuil en cuir moelleux, que monsieur Maurice découvre le tragique secret du jeune garçon, qui se prénomme Julien. Sa mère, femme de chambre dans l’établissement, l’a élevée seule… mais un jour, à la surprise générale, elle décède d’un cancer foudroyant, alors que son fils est âgé de dix-neuf ans… il se renferme dans son chagrin et sombre dans un profond mutisme… il est rapidement atteint de paralysie faciale qui touche la motricité des muscles du visage. Malgré ses divers séjours en milieux hospitaliers et les diagnostics contradictoires, aucun traitement idéal n’a pu être trouvé pour le guérir… depuis, son visage est resté figé… En mémoire de sa mère, la direction de l’hôtel a souhaité apporter mon aide en lui trouvant un petit travail dans un de ses services… bien consciente, que par ignorance de son handicap, bon nombre de clients prennent ombrage de son manque d’amabilité. Mais le directeur tient à préciser que c’est un très gentil et respectueux garçon. Monsieur Maurice quitte le bureau du directeur, bouleversé et contrarié de ne pas avoir eu connaissance bien plus tôt de l’infirmité qui touchait le jeune garçon, il aurait posé sur lui un autre regard, tout simplement parce qu’il est différent…
    Le soir même, en sortant de l’ascenseur, monsieur Maurice s’arrête devant Julien et plonge son regard dans le sien, posant une main sur son épaule, il lui dit :
    — Désolé mon garçon. Parce que je ne savais pas, ma conduite a été celle d’un imbécile et je vous présente toutes mes excuses… C’est alors qu’une étincelle jaillit dans le regard du jeune homme… Et monsieur Maurice comprit alors que c’est dans les yeux de Julien que l’on pouvait y lire son sourire…

  17. Antonio dit :

    Il travaillait à l’Hôtel du Nord, on l’appelait le glaçon d’étage, tant il était distant. Quand une personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Si bien qu’un jour, il fut soupçonné d’un drôle de drame survenu dans un terrain vague, à faire froid dans le dos. Une cliente de l’hôtel avait été retrouvée poignardée au cœur avec un pic à glace.

    Le jour se levait à peine quand l’inspecteur Perrat débarqua dans le hall d’entrée afin d’interroger le personnel. Quand le glaçon d’étage se présenta, c’était comme si on venait d’ouvrir la porte d’une chambre froide. Tout le monde enfila automatiquement une veste, une laine, en se tenant à distance du collègue. Sauf l’inspecteur en chemisette qui se mit à greloter.

    — Mais dis-donc, il fait un froid de canard, ici ! dit-il en se tournant vers le patron de l’hôtel. D’où vient ce courant d’air glacial ?
    — De lui, intervint la réceptionniste, en montrant le glaçon, à l’écart.
    — Hein ?
    — Là, derrière, le gars blizzard !
    — Vous avez dit blizzard, comme c’est bizzare, s’étonna Perrat dont aucun mot clé n’échappait à son raisonnement. Curieux ce changement d’atmosphère. Et cette atmosphère polaire, ce serait donc vous, ajouta-t-il, en s’adressant au jeune glaçon qui fondit soudain en rage.
    — C’est la première fois qu’on me traite d’atmosphère ! « groomela » l’intéressé. Si je suis une atmosphère, c’est un drôle de bled, ici ! Une maison de passe pour chaudasses en quête de chauds lapins. Moi, je me contente d’envoyer ces visiteurs du soir au septième étage, chambre 727, tandis que ces assassins de l’ordre envoient ses malheureuses enfants au paradis, à leurs sales manières, après s’être vidé des bonnes mœurs. Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? Demandez-leur à eux qui sont ceux qui poussent ces portes de la nuit !

    Il venait de jeter un nouveau froid dans l’assistance. La sueur dégoulinait de son front pour ruisseler jusqu’à ses pieds et ceux de l’inspecteur. Il se liquéfiait à vue d’œil. Perrat n’avait que peu de temps avant que les preuves ne s’évaporent dans la nature.

    — Veuillez tous me suivre ! ordonna-t-il.
    — Où nous emmenez-vous, inspecteur ?
    — Au frigo, au moins le temps de l’interrogatoire !

  18. 🐻 Luron'Ours dit :

    726/AUTEL
    il travaillait à l’Hôtel du Nord, on l’appelait le glaçon d’étage tant il était distant… Quand une personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Si bien qu’un jour, une dame lui dit on m’appelle flocon. Aussitôt, je me dévets quand on m’appelle. C’est pour le grand frisson. Le groom se mit à fondre, ce fut un instant de fusion ! Quand la cabine arriva à l’étage, il ne restait qu’une flaque d’eau. Le patron appela la patronne : où est la gagneuse ? Elle ne doit monter qu’avec ces pratiques, a-t-elle pris sa clé ?
    – Je la lui ai donné, la 96, c’est la plus chaude. Elle était toute émoustillée. Il paraît que tu lui as fait un prix ! Désormais, pour le radada, ça ne sera qu’avec moi ! Le patron grommela, et moi, c’est dans l’escalier que je vous ai surpris. Glaçon transpirait déjà. L’heure était à la réconciliation : nous deux c’était chouette, à l’hôtel du désir, on attend un heureux événement.🐻

  19. Nouchka dit :

    Il travaillait à l’Hôtel du Nord, on l’appelait le glaçon d’étage, tant il était distant.
    Quand une personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Si bien qu’un jour, la direction locale de ce groupe hôtelier las de voir les appréciations ironiques à propos des prestations de cet employé, se réunit pour évoquer son cas.
    Le Gouvernant d’Etage, responsable de ce liftier prit la parole en premier :
    – Jack Frost travaille depuis huit ans pour le groupe et n’a ni une journée d’absence ni de retard à la prise de poste. Cette régularité est très importante pour nous.
    – Effectivement, reconnu le Concierge. Par ailleurs, grâce à son côté « statue de glace », il sait ouvrir l’oreille, sans que les clients le remarque, et me signaler ceux qui émettent des critiques, entre eux, dans l’ascenseur. Cela me permet d’aviser ou de faire remonter l’information.
    – Peut-être pourrions-nous lui proposer une mutation dans un établissement du Var, de l’Hérault ou de Corse où la chaleur est telle que le passage dans l’ascenseur semblerait plus supportable en sa présence, propose l’Hôtel Manager.
    – Il n’est pas demandeur d’une mutation. Cela pourrait le démotiver s’il le vit comme une sanction, reprend le Gouvernant d’étage.
    – Quel âge a-t-il, au fait ? demande l’Hôtel Manager
    – Il a eu 63 ans le mois dernier, assure le Concierge. Nous lui avons offert un pot après le service pour l’occasion.
    – Ah oui, quand même ! Je ne pensais pas… Et il ne parle pas de retraite ? s’étonne l’Hôtel Manager
    – Si, bien sûr, rapporte le Gouvernant d’Etage. Il rêve de se rapprocher alors de sa fille, vers Chambéry.
    – Et bien voilà. Proposons-lui de terminer en beauté dans notre établissement de Courchevel. Entre le froid extérieur l’hiver et Jack Frost, les clients ne frissonneront pas plus dehors que dedans ! Conclut l’Hôtel Manager.
    – Sans doute, objecte le Concierge, mais nous ne savons pas si un tel poste est disponible à Courchevel.
    – Transmettons notre suggestion aux Ressources Humaines, conclut le Concierge. Nous verrons si une telle mutation est possible ou si, tout compte fait, il est préférable de laisser Jack Frost ici, avec nous. Vous savez, il a un humour extra, quand il n’est pas dans la cabine de l’ascenseur. Un humour très british, pince-sans-rire où la noirceur et l’absurde sont très rafraichissants si j’ose dire…

  20. iris79 dit :

    Il travaillait à l’Hôtel du Nord, on l’appelait le glaçon d’étage, tant il était distant.
    Quand une personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Si bien qu’un jour, un couple de clients qui étaient arrivés en fin de saison aux prémices de l’automne et qui se surprit à frissonner dès le perron passé, emprunta l’escalier et garda la tête baissée après avoir croisé le regard glacé du garçon d’étage.
    Une fois dans leur chambre, ils se demandèrent s’ils allaient rester dans cet endroit dont la froideur leur glaçait les os.
    Quand ils ressortirent pour dîner, ils se retrouvèrent nez à nez avec le fameux glaçon d’étage et ils restèrent un moment interdits la bouche entrouverte, les yeux écarquillés. Le glaçon d’étage leur demanda s’ils avaient besoin de quelque chose et son souffle les figea sur place. Une fenêtre claqua et les sortit de leur torpeur.
    Ils descendirent à la réception prêts à négocier leur départ auprès de la propriétaire de l’hôtel qui les reçut très chaleureusement. Elle leur parla de leur installation, de la région, s’assura de leur bien-être (sur lequel ils omirent de mentionner le glaçon d’étage). Cela eut pour effet de les soulager infiniment et de détendre d’un coup l’atmosphère. Ils échangèrent encore quelques formules d’usage et se rendirent au restaurant. A la fin du repas, un courant d’air souleva la nappe, suivi de l’entrée du garçon « glacé » et la détente qu’ils avaient retrouvée avec soulagement s’envola d’un coup. Cette fois, ils prirent leur courage à deux mains et demandèrent à parler à la propriétaire. Le mari embarrassé, ne savait trop comment aborder leur gêne alors la femme, pleine de courage après avoir apprécié ce dîner aux plats et vins raffinés s’en ouvrit sans détour dans une tirade courte et concise et attendit le souffle suspendu, la réaction de la propriétaire dont les traits se détendirent d’un coup.
    -Incroyable ! Alors vous aussi vous l’avez vu ? Estimez-vous chanceux ! ce n’est pas le cas de tout le monde ! Il a ses clients préférés vous savez ! Il adore s’amuser !
    Devant la mine déconfite des clients la propriétaire éclata de rire en leur disant :
    -Vous avez vu Georges ! Le fantôme de l’établissement ! Ça fait 15 ans qu’il est là et qu’il reprend du service en novembre ! Il adore revenir tous les ans…

  21. 🐀 Souris verte dit :

    I UNE BONNE ADRESSE

    Il travaillait à l’Hôtel du Nord, on l’appelait le glaçon d’étage, tant il était distant.Quand une personne entrait dans la cabine d’ascenseur, elle frissonnait aussitôt. Si bien qu’un jour, une jolie dame au doigt ganté resta figée d’angoisse quand le porte s’ouvrit. Tous les occupants étaient transformés en stalagmites.L’ascenseur referma ses portes et remonta ses glaçons dans les étages.

    Bien sûr la dame partit se renseigner au près du majordome

    -vous le savez vous que votre ascenseur congèle ?

    – absolument ! Se garder froid pour vivre plus longtemps est la devise de notre établissement. Et même nous avons quelques propositions de ‘l’extrême’ dans ce sens et qui font notre réputation. L’ Hotel du Nord existe depuis plus d’une centaine d’années ce qui prouve que ça fonctionne. Moi-même j’ai quatre-vingt dix-sept ans et j’y passe mes nuits dans cet ascenseur qui n’en a que le nom car, si vous regardez bien, les pores sont hermétiques et les monte-personnes sont en fait des réfrigérateurs-surgelateurs. A quel étage allez vous ?

    – au dernier dit la dame toute pomponnée

    – Pour l’efficacité, je me permets de vous conseiller le sous-sol car la chaleur monte, c’est bien connu

    – Surtout pas je veux passer une nuit torride avec mon amant qui est chaud comme la braise

    – Dans ce cas vous n’êtes pas au bon endroit, allez plutôten face, à l’Acapulco. 🐀

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