725e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

Il était « Rétrécisœur-Agrandifrère ». Il avait le don, par imposition des mains, d’agrandir ou de rétrécir les jeunes gens. Un jour, il eut une demande très particulière.

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17 réponses

  1. Urso dit :

    Il était « Rétrécisœur-Agrandifrère ». Il avait le don, par apposition des mains, d’agrandir ou de rétrécir les jeunes gens. Un jour, il eut une demande très particulière.

    C’était la demande d’une petite chaussette trouée.
    Qui n’avait pas eu de chance.
    Elle jouait dans l’équipe nationale de basket. C’était une chausette géante.
    Malheureusement une nuit elle eut la folle idée de se jeter dans une machine à laver, trop bouillante.
    La pauvre elle rétrécit elle rétrécit.

    Le lendemain elle trouva un morceau de journal dans un caniveau, avec la publicité de ce monsieur Rétrécisœur-Agrandifrère.
    La petite chaussette trouée lui téléphona, elle lui écrivit, elle lui téléphona.
    Elle eut enfin une réponse. L’homme était parti définitivement au Guatemala.
    Il continuait à exercer et il y faisait des miracles. Elle était la bienvenue dans ce pays. Et grâce à ses pouvoirs, elle redeviendrait une chaussette géante.
    Alors, enthousiaste à l’idée d’être comme avant, elle prit sa trottinette et partit au Guatemala. Elle arriva quelques mois plus tard.
    Elle se rendit à l’adresse du Rétrécisœur-Agrandifrère.
    Dans le quartier personne ne le connaissait.
    Elle le chercha partout, dans tous les recoins du pays. Rien, rien, il n’était plus là. Disparu comme la neige au printemps.

    Oh ! oh ! dit la chaussette : – que vais-je devenir ?
    Sans ce monsieur qui peut m’agrandir un peu beaucoup !
    Elle rumina rumina sa tristesse, son désarroi !
    Qu’allait-elle faire ?
    Prendre un avion, un bateau, un vélo pour revenir en Europe ?
    Ou bien aller aux États-Unis ?
    Et la petite chaussette trouée se retrouva dans la ville de Buffalo Bill.
    Une vieille dame l’héberga trois jours.
    Ensuite la petite chaussette partit en moto dans l’État de Louisiane.
    Où tous les soirs elle jouait du saxophone « à la petite chaussette trouée ».
    On venait du monde entier pour la voir et l’applaudir.

    C’est dingue, c’est dingue ! pensait-elle souvent.
    J’étais la plus grande dans une équipe de basket et aujourd’hui je suis toute petite, trouée, rabougrie, et malgré cela, je suis devenue une génie du saxo !

  2. MALLERET dit :

    Cette personne ne pouvait rétrécir ou agrandir que des jeunes de la même famille. Ils devaient être frère ou sœur, ce qui limitait son activité. Une autre exigence était notée sur sa carte de visite et sur la plaque apposée devant l’entrée de son cabinet. La fratrie devait se présenter ensemble pour qu’il puisse exercer son art. Bien évidemment avec cette obligation il eut quelques surprises lorsqu’à plusieurs reprises il trouva son cabinet envahi par une famille de six ou huit enfants, même dix, pour ne traiter qu’un des membres trop grand ou trop petit. Une autre fois, ce fut un couple de Lilliputiens qui vint le voir avec leur progéniture, une de leur fille était trop grande pour le logement qu’ils avaient conçu à leurs tailles.

    Or un jour, en ouvrant la porte de la salle d’attente pour accueillir le prochain client, il recula stupéfait, devant deux Komondors adultes, couleur miel, disparaissant sous leur pelage en forme de dreadlocks. Leur propriétaire, un homme d’une quarantaine d’années bien de sa personne ne présentait aucun déficit mental. Il allait les renvoyer, puis amusé, il décida d’écouter les raisons de la venue de ce monsieur dans cet espace réservé aux humains. La personne lui affirma que les chiens étaient frère et sœur, qu’il avait les documents le prouvant.
    Le praticien éberlué lui demanda « Et alors ? Je ne soigne que des humains ». Le client le savait parfaitement, mais il se trouvait dans une situation désespérée. Tout allait mal, il avait perdu son travail, à la suite de son licenciement sa famille s’était délabrée. Il avait bien essayé de redresser la situation, mais au fil du temps au lieu de se redresser, elle s’était détériorée. De son manoir avec plusieurs hectares il se retrouvait dans une chambre de bonne. Les larmes aux yeux il expliqua qu’il ne pouvait se séparer de ce chien, vieux compagnon de tous les instants :

    – C’est le plus foncé monsieur, l’autre est son frère que je dois ramener à ses propriétaires.
    – Je comprends bien monsieur, je suis désolé de ce qui vous arrive. Qu’attendez-vous de moi ?
    – Le rétrécir évidemment pour qu’il rentre dans ma chambre de bonne. Ne vous inquiétez pas, dès que ma situation sera redevenue comme elle n’aurait dû cesser de l’être, je reviendrai afin que vous lui rendiez sa taille normale.
    – Mais monsieur…
    – S’il vous plaît, essayez, aidez-moi à ne pas le mettre à la SPA où il sera sans aucun doute euthanasié.
    – Vous me demandez quelque chose d’impossible.
    – Essayez au moins.

    Dorénavant, la nouvelle plaque apposée à l’extérieur indiquait : Rétrécisoeur-agrandifrère en tout genre.

  3. Valérie Jacquin dit :

    Il était « Rétrécisœur-Agrandifrère ». Il avait le don, par apposition des mains, d’agrandir ou de rétrécir les jeunes gens. Un jour, il eut une demande très particulière.

    Il fut convoqué, séance tenante, par le Président de sa fédération. Il s’était affilié par obligation, il lui fallait une assurance professionnelle. Les aléas du métiers lui avaient valu quelques déconvenues, qu’il avait soumises au silence grâce à quelques bakchichs, mais sa bourse personnelle touchait le fond. C’est donc par nécessité financière qu’il avait adhéré à la FRA FC (Fédération des Rétrécisoeurs-Agrandifrères de Franche Comté).

    Il se présenta à l’accueil et fut immédiatement reçu par le Président en personne. L’étonnement lui dessinait sur le visage un air un peu niais. Certainement dû à ses deux sourcils qui lui tiraient les paupières et à ses yeux hagards. Un des deux fauteuils en cuir, installés devant le bureau, accueillit son fessier confortablement. Il s’y lova et prit avec plaisir le café qu’on lui offrit. Il croqua dans un biscuit avec gourmandise et s’accommoda fort bien de cette invitation surprise. On devait sûrement, avec un tel accueil, vouloir le féliciter de ses capacités exceptionnelles.

    Il était, en effet, le rétrécisoeur-agrandifrère le plus doué du pays. Quelques maladresses, déjà suggérées auparavant, l’avaient obligé à se former et se perfectionner pour, au final, faire de lui un expert en matière de rétrécissement ou d’agrandissement. Il avait, de plus, deux cordes à son arc que ses pairs n’avaient pas au leur. Il pouvait transformer toutes les catégories d’êtres humains, il n’était pas limité aux jeunes personnes. Et, il pouvait également agir sur les animaux. Ces deux prouesses lui valaient d’être reconnu et respecté dans le milieu et il fut même, un jour, contacté par un gouvernement (dont il avait toujours gardé l’origine secrète) pour agrandir une armée de lions. Il refusa bien-sûr. La charte de la FRA interdisait formellement d’utiliser son pouvoir à des fins gouvernementales, politiques ou religieuses.
    L’aurait-il fait s’il n’était pas sous le joug de la FRA ? Il évitait de se poser la question.

    Le président prit place en face de lui, s’alluma un cigare, lui présenta la boîte pour qu’il se serve, reçut un refus en retour. Il prit alors une grande inspiration et annonça la couleur.
    Un quart d’heure plus tard, le président en personne le raccompagna à la porte et lui indiqua les ascenseurs. Un secrétaire sortit du bureau d’à côté et s’engouffra à sa place dans celui du Président, les bras chargés de parapheurs. Elle eut juste le temps de lui adresser le sourire dont il avait besoin en cet instant. Son estomac se tordait. Était-ce l’expresso ou la requête expresse qu’il ne digérait pas ?
    L’entretien s’était plutôt bien passé. Au début. Le Président n’avait pas manqué d’éloges et l’avait, comme il l’avait imaginé, félicité. A plusieurs reprises. C’en était presque grotesque. Il se sentait brossé dans le sens du poil. Mais pour quelle raison ? On le pressentait pour être l’ambassadeur de leur corporation. Avec un contrat en or ! Fini pour lui les petits boulots, les missions d’intérim, les fins de mois difficiles. Il ne fallait pas se mentir, ce boulot n’était plus aussi rémunérateur. Pas quand on le fait dans les règles. Le pain blanc avait été mangé par les précurseurs, et les miettes restantes se picoraient vite. La vie coûtait chère. Mais il ne savait faire que ça : rétrécir ou agrandir. Il avait bien songé à quitter la fédération pour travailler librement mais son besoin de sécurité l’avait convaincu de ne pas le faire. Des contrats à six chiffres, il aurait pu en signer plus d’un pourtant. Mais pas légalement… Il en connaissait des confrères qui avaient franchi le pas de l’autre côté. Il en avait vu des belles voitures et des grandes villas, de quoi lui donner envie. Il les comprenait mais ne voulait pas devenir comme eux. Des vendus ! Il préférait son appartement défraîchi, sa vieille bagnole et sa tranquillité d’esprit.
    L’offre qu’on venait de lui faire était alléchante et il était tout près d’accepter quand la condition sine qua non tomba.
    Allait-il accepter ?

    Il réfléchit pendant deux jours avant de téléphoner à la fédération. Devenir l’ambassadeur et fanfaronner dans toute la France le tentait bien. Il ne s’agissait que d’être présent à des foires, des inaugurations, des fêtes. Se laisser prendre en photos et sourire. Rien de compliqué.
    Faire quelques démonstrations et le tour était joué !
    Redorer le blason de ce métier qui avait tendance à être désuet.
    Justement, la fédération travaillait à moderniser son image.
    Il avait comme une sensation de se faire embringuer malgré lui.
    Il ne pouvait pas refuser le salaire qu’on lui avait promis.
    Il se sentait pris au piège.
    Allait-il accepter malgré la condition ?

    Dix jours après, on lui présenta son équipe.
    Trois ingénieurs. Cinq techniciens. Quatre informaticiens. Deux biologistes. Une doctoresse, secondée d’un infirmier. Sans parler des petites mains qui gravitaient autour et des spécialistes en tout genre qui allaient et venaient.
    Tous travaillaient depuis des mois sur un projet et il n’était pas loin du but.
    Il ne leur manquait qu’un élément : un sujet modèle.
    Le meilleur avait été choisi et ils allaient pouvoir l’étudier, le reproduire…

    Deux ans plus tard, le premier humanoïde rétrécisœur-agrandifrère fut présenté aux médias. Encore un an et la commercialisation d’une première série fut un succès international.

    Quant à l’ambassadeur des rétrécisœurs-agrandifrères, il déambulait machinalement de foire en foire, tel un robot, avec l’amère sensation de s’être trahi lui-même. Chacune des photos qu’on prenait de lui diffusait cette lueur éteinte dans son regard.

    • Valérie Jacquin dit :

      Désolée, j’ai posté trop vite, je n’étais pas satisfaite de ma fin. Me voilà revenue de balade et avec la bonne fin en tête :

      Quant à l’ambassadeur des rétrécisœurs-agrandifrères, il déambulait machinalement de foire en foire, tel un robot, avec l’amère sensation de s’être trahi lui-même. Chacune des photos qu’on prenait de lui diffusait cette lueur éteinte dans son regard.

  4. ourcqs dit :

    Il était le petit cadet de la famille . Toujours en second, toujours trop jeune, toujours trop petit …. Il en avait assez de subir les interdictions de son aînée qui avait de grands copains sympas, qui racontait de sorties super, qui discutait avec les parents sans problème .. IL en avait assez de rester éternellement le protégé, surveillé !! Ras-le-bol
    Quand il a entendu parler du rétrécisseur-agrandifrère, il a pris son courage en main pour lui expliquer son profond désir d’être Définitivement,le Grand et sa soeur la petite, enfin, elle allait voir ce qu’elle allait voir ..
    Son rêve devenait réalité !!!

  5. Il était « Rétrécisœur-Agrandifrère ». Il avait le don, par imposition des mains, d’agrandir ou de rétrécir les jeunes gens. Un jour, il eut une demande très particulière. C’était un assesseur qui avait besoin de son savoir-frère. En effet, il n’était pas de taille à se mesurer avec lui. Or, il voulait faire les choses en grand. Mais il avait peur de se retrouver devant un nain posteur… Il décida dont de le mettre à l’épreuve en transformant un Liliputien en véritable basketteur professionnel. Mais comme il ne voulait pas mettre ses œufs dans le même panier, il prit la balle au rebond, dès que celui-ci accepta de relever le défi, et stimula la concurrence pour juger sur pièces.
    Mal lui en prit, car le rétrécisœur se vexa et lui fit un enfant dans le dos pour se venger…

  6. Jean Marc Durand dit :

    Il était « rétrécisoeur-agrandifrère » Par simple imposition des mains, il pouvait se permettre de changer la taille de certains jeunes gens, dans certaines familles. Le peuple dit toujours, faute de mieux le rentabiliser, qu’il n’y a pas de sot métier. Lui était convaincu que, par contre, il existait des dons à la con.

    Il s’y attendait, un peu, un jour pourri de printemps, ou d’automne à la noix, à ce retour de bâton, même pas taillé en boomerang.

    Un jour, un petit frère et sa grande sœur vinrent lui demander des comptes. Ils possédaient une sacrée foutue drôle de démarche, le genre quand même rescapé, après 2 passages sous un TER (Oui, sous un TGV, soyons honnêtes, ils n’eurent pas survécu).Qui donc, à l’époque, lui avait, permis de jouer ainsi, avec la nature des choses …. Hein…qui ???

    Ils lui balancèrent sous le nez des photos du temps jadis, leurs multiples couples d’enfants moult fois dépareillés.

    « Vous vous souvenez de cette merde….dans notre famille….dites-nous un peu…dites-nous tout »

    Il se souvenait très bien de ce couple de parents tordus n’ayant pas supporté d’avoir conçu des jumeaux, qui craignait le quand dira-t-on, le regard des belles familles…et j’en passe. En fait, Monsieur aurait préféré n’hériter, tu parles d’un héritage, que d’un garçon et Madame d’une fille, tu parles d’une galère.

    N’étant d’accord que sur peu de choses, ils se lancèrent dans une soi-disante négociation, ce jeu de cartes truqué où chacun croit posséder tous les atouts. Fort de sa masculinité (dans certaines régions, on la nomme couillonnade) Monsieur prit les devants, rémunéra grassement le reboutonneux (oui, à l’époque, il n’avait pas gagné suffisamment de pépettes pour se prendre un rendez-vous auprès d’un dermatologue). Le mâle bambin y gagna 10 bons centimètres et la femelle en perdit 10.

    La semaine suivante, ce fût Madame qui vint menacer l’ouvrier des foudres de l’Enfer, s’il ne lui donnait pas raison, soit, rapetisser, le jeune gredin de 20 centimètres et allonger la donzelle de 30.

    De fait, ce petit jeu, très humain de la bêtise lié à l’entêtement perdura une bonne année. Monsieur y perdit les billets qu’il dépensait d’habitude aux courses et Madame fit plus souvent des courses avec l’infirmier des coups bas.

    Ricanant dans leurs mutuelles moustaches, les jumeaux s’exprimèrent.

    L’un le menaçant de son tromblon soviétique, l’autre de son coupe zigounette en pointe du raz (jeu de mots avec rat), ils lui expliquèrent calmement.

    Et bien nous, mon gros, notre commande sera limpide, tu te rends chez nos vieux, et grâce à cette tecnnique que tu dois, depuis le temps avoir approfondi, tu règles le problème. Par simple simple imposition des mains autour de leurs cous décharnés, tu vas leur couper définitivement le souffle…

    (Cette histoire n’ayant à priori aucune morale défendable, face à une justice ballottant entre tous les bouts des extrêmes, l’auteur, enfin, le gars qui a laissé filer de son triste inconscient, cette macabre anecdote….se voit dans l’impossibilité d’y poser un point final. Car comme lui a confié, le rebouteux, lors d’une de ses visites en sa prison : « L’alcool de poire fait vivre »)

  7. Maguelonne dit :

    Il était « Rétrécisoeur-Agrandifrère ». Il avait le pouvoir, par imposition des mains,de rétrécir ou d’agrandir les jeunes gens. Lui, n’avait rien demandé. Ça lui était tombé sur le dos, comme ça. Don du ciel disait certain, plaie du ciel, pensait-il.
    Comme il était le seul à posséder cette faculté, toute la communauté le surveillait comme le lait sur le feu. Avait-il faim, avait-il soif ? Attention pas trop de gras, pas de sucre. Faut dormir au mois huit heures par nuit. Ne prends pas froid. Il pleut, n’oublie pas le parapluie….C’était très lourd à vivre. Mais lâchez moi, laissez moi respirer, se disait il. Mais personne ne voulait l’entendre. Tout devait demeurer tel quel. Aucun bouleversement ne serait supporté. Alors il s’était résigné.
    Un jour il eut une demande très particulière. Un jeune et beau garçon souhaitait grandir, mais aussi rétrécir, être frère ou être sœur, être gros ou maigre, être couleur ou toutes les couleurs selon les jours, selon son humeur, selon le temps.
    – Tu veux tout, quoi.
    – Oui je veux tout. Je suis iel et je veux vivre iel.
    – C’est le grand bazar dans ta tête. Et tu crois que je peux tripatouiller mon don pour répondre à ta demande saugrenue ?
    – Je ne suis pas fou. Je suis juste vrai. Mais peut être que vous n’êtes pas aussi doué qu’on le pense ? Peut être êtes vous incapable de m’aider ?
    Cette remarque l’avait chatouillé là où il fallait.
    – Reviens dans une semaine.
    Cette requête, ça lui en bouchait un coin. Ça secouait sa routine. De plus son ego en avait pris un coup. Il se prit au jeu et se remua les méninges. Il frisa même la surchauffe. Puis il réalisa qu’enfin il se sentait vivant, qu’il était plein d’énergie et que c’était bon. Adieu la monotonie et le renoncement. Était ça le bonheur ?
    Lorsque le jeune homme revint, il lui dit « OK » mais je pars avec toi et tu m’apprendras la vie. Je veux être iel.
    Un sac sur le dos, le cœur léger,ils prirent la route dans un joyeux bazar.

  8. Souris Verte dit :

    Il avait le don d’agrandir ou de rétrécir les jeunes gens. Un jour, il eut une demande très particulière.
    C’était au théâtre guignol et je me souviens très bien qu’il faisait très chaud. 
    A un moment, un petit garçon très agité voulut rejoindre Flageolet, le gendarme dans la cage des marionnettes. Il avait trouvé la solution de l’énigme et voulait absolument coincer l’infâme Grolouche avant qu’il prenne la poudre d’escampette. C’est qu’il avait vite fait celui-la de se tirer des flûtes ! 
    Mais avez-vous déjà essayé de rentrer dans un théâtre guignol ? Bien que petit Matt était beaucoup trop grand… Alors Guignol, pour une fois grand seigneur, allongea son bâton et, tel un prestidigitateur, transforma l’enfant en marionnette. 
    Dans la salle, tous les enfants voulurent rejoindre leur copain, pensez donc ! Passer sa vie sur les tréteaux si ça les bottait ! Plus de cahiers ni de livres… Toute la journée à se distraire voilà qui leur allait bien. 
    Guignol comprit son erreur déménagea fissa laissant le petit assis sur un strapontin. 
    Mais au fait !
    Si l’histoire fit la Une des quotidiens, on a jamais mentionné si l’enfant avait retrouvé sa taille d’enfant ou s’il est resté marionnette ad vitam eternam

  9. Rose Marie Huguet dit :

    Il était « Rétrécisœur-Agrandifrère ». Il avait le don, par imposition des mains, d’agrandir ou de rétrécir les jeunes gens. Un jour, il eut une demande très particulière.

    Allez savoir d’où lui venait son don, mais il le trouvait trop marrant. Il ne se rappelait plus le nombre de fois qu’il avait étiré et rétréci ses frères et sœurs pendant leur sommeil, ce qui les mettait dans une colère noire, leurs habits devenus trop grands ou se déchirant car trop petits pour leur nouvelle taille. Farceur, il les laissait s’époumoner jusqu’à l’arrivée des parents.
    Très vite, il était devenu aussi connu que le loup blanc. Il en avait allongé et diminué des corps. Il ne s’était jamais encombré la tête à se demander si c’était bien ou pas. Il avait un don, il en faisait bénéficier ceux qui lui en faisaient la demande.
    Lui-même était plutôt petit et autour de lui on ne manquait pas de lui demander pourquoi il ne s’agrandissait pas un peu. Ah ! mes amis, ça ne marche pas sur moi. J’ai bien essayé, mais peine perdue. Ce n’est pas bien grave, je suis heureux de satisfaire autrui. Il avait du mal à garder son sérieux en disant cela. Tu parles ! Ça fonctionnait du tonnerre de Dieu. Il en avait fait des blagues. Ce qu’il préférait c’était de se faire tout petit petit. Il effrayait les femmes qui pensaient voir une souris, se glissait sous les couettes causant des frayeurs aux dormeurs. Il adorait son don.

    Un jour un homme se présenta chez lui. Il le reconnut immédiatement. En effet, celui-ci était passé entre ses mains et les choses ne s’étaient pas vraiment bien déroulées. Ses parents le voulaient grand tout comme le futur auquel ils le destinaient. Seulement voilà, ce ne fut pas que sa taille qui s’allongea, mais les oreilles et le nez prirent une taille démesurée. Jusque-là, les équilibres étaient plutôt bien respectés, mais sur lui, non ! Il avait alors tenté de le ramener à sa taille initiale, mais rien n’y fit. Bien sûr il devint la risée de la petite ville.
    Il vécut caché, loin du regard des autres. Ses mains étaient aussi pourvues d’un don. Il était un sculpteur hors pair. Ses œuvres s’arrachaient, certaines étaient même exposées dans les plus grands musées à travers le monde.
    Je suis malade lui dit-il, mais avant de tirer ma révérence j’ai une demande à vous faire. Toutes ces années je vous ai observé. Je vous connais bien. Je sais que votre don s’applique sur vous aussi contrairement à ce que vous avez toujours dit. Je vous ai vu et j’ai gardé le silence. Je vais vous demander une faveur, vous me la devez bien. Vous serez ma dernière œuvre.
    À la fois surpris, flatté et curieux Rétrécisœur-Agrandifrère accepta. Il suivit l’artiste jusque dans son antre. Il y avait une petite clairière cernée d’arbres tortueux. Le sculpteur lui demanda de se placer face à un arbre et de s’agrandir jusqu’à atteindre sa cime. Il lui demanda alors de prendre une posture se rapprochant au maximum de la forme de l’arbre, d’exprimer la douleur au travers de son visage, comme s’il implorait quelque chose. Lorsque l’artiste fut satisfait du résultat, il lui demanda de ne plus bouger. Il allait faire une esquisse pour pouvoir ensuite réaliser sa sculpture. Il s’éloigna sous prétexte d’aller chercher son carnet. Brusquement, Rétrécisœur-Agrandifrère sentit se déverser sur lui un liquide poisseux, épais avec une telle puissance qu’il n’eut même pas le temps de ciller. Le voilà coulé dans le plâtre. Immortalisé.

    Quelques mois plus tard, il trônait au centre du village. L’artiste souriait. « Rétrécisœur-Agrandifrère ne causerait plus de dégâts.

  10. 🐻 Luron'Ours dit :

    Ce pullement de dragons de stryges de follets, il aurait dû le reduire Ça proliférerait encore. Une question de patience tandis que le jeune patrick s’inquiétait de rester petit, fatigué, le lot des ados. Truc peut le transporter du 36e dessous au 7 éme siècle 🐻

  11. Celine dit :

    Le retrecisoeur- agrandifrére.
    Un sacré métier.d’autant plus que les demandes variaient souvent au gré des humeurs des demandeurs.suivant les rancunes ou les petits bonheurs rencontrés lors des repas de famille.
    Le retrecisoeur-agrandifrére n’en pouvait plus.
    On l’appelait en urgence la nuit, les weekends.il n’avait plus de vie.et c’était souvent Celui qui avait le plus d’argent qui lui passait la commande.
    Non, décidément,ce n’était plus fait pour lui ce métier.
    Il envisageait de démissionner et d’étudier pour être Egalhomme -Egalfemme.ca c’était bien.toud les clients étaient contents,les retombées pacificatrices.
    Bon les Egonhommes -femmes faisaient actuellement des manifestations pour que cet emploi disparaisse.mais il était confiant.

  12. Antonio dit :

    — Madame, je n’ai jamais exercé en dehors du couvent Petit-Jean. Ce don est réservé aux jeunes frères et sœurs qui vouent leur vie à Dieu. Il m’est impossible de répondre à votre requête.
    — Très bien, mon Père ! Si ma fille doit devenir none pour prendre dix centimètres, dites-moi où je dois l’inscrire. Regardez cette pauvre enfant, elle est à peine haute comme trois pommes.
    — Ce n’est pas aussi simple, il faut faire preuve d’une véritable foi pour entrer ici. De plus, agrandir une sœur, vous n’y pensez pas, c’est pour moi inconcevable !
    — Ne me racontez pas d’histoire, mon Père ! Vous êtes agrandisœur ou encore un de ces bonisœurs ?
    — « Rétrécisœur » et « agrandifrère », Madame. Je n’ai pas choisi. Ainsi est le don que j’ai reçu de Dieu.
    — « Rétrécisœur » ? Quelle idée ! Et ça consiste en quoi ?
    — Il suffit qu’une sœur implore le Tout-Puissant pour que mes mains imposées sur sa tête rendent son corps aussi humble et petit que son esprit se soumet au divin.
    — Et pour les frères, vous n’appliquez pas la même humilité ?
    — Pour un jeune frère, c’est différent, son esprit doit s’élever à chaque prière pour comprendre la grandeur de Dieu. Mes Mains fortifient son corps et l’aide à grandir du mieux que je peux.
    — Je vois. Finalement, nous avons le même don, vous est moi.
    — Comment ça ? Mais… Qu’est-ce que… qu’est-ce que vous faites ?
    — Moi aussi je fortifie la grandeur de l’homme par imposition des mains dans la culotte de jeunes pères verts, mon Père. Je suis « fornicactrice ».

  13. iris79 dit :

    Il était « Rétrécisœur-Agrandifrère ». Il avait le don, par imposition des mains, d’agrandir ou de rétrécir les jeunes gens. Un jour, il eut une demande très particulière.
    Celle de procéder au processus inverse. Rétrécir le frère et agrandir la sœur. Ces deux-là étaient jumeaux et les parents n’en pouvaient plus d’entendre leur fils se vanter d’être le plus grand de la famille. Ils voulurent lui donner une leçon pour qu’il cesse enfin de vouloir se considérer le plus grand être de tous les temps. Ils avaient largement débattu de ce que signifiait être grand dans tous les sens du terme et tout son entourage s’accordait pour le convaincre que la grandeur d’âme ne se mesurait pas en centimètres. Comme il dépassait sa sœur, il prenait pour argent comptant et au pied de la lettre sa supériorité toute relative. Il abusait abondamment de sa position. Le rétrécisoeur-agrandifrère se mit donc à l’œuvre pour agir et répondre à la demande et attribua à la fille quelques centimètres de plus, et au frère quelques centimètres de moins. Bien évidemment il en fut catastrophé quand au réveil il s’aperçut qu’il nageait dans son pyjama et que ses pieds ne touchaient plus le sol assis sur son lit. Il se redressa en criant, appelant sa mère comme si sa vie en dépendait. Pendant ce temps sa sœur s’était déjà précipitée dans la chambre de ses parents fouillant dans l’armoire pour essayer frénétiquement les robes de bal qui la faisaient tant rêver quand elle voyait sa mère partir à des cérémonies, habillée comme une reine.
    Il ne cessait de pleurer et de gémir sur son sort, ne sachant plus s’il devait hurler auprès de son entourage, leur en vouloir jusqu’à la fin de sa vie. Par la force des choses, il finit par se calmer. Il s’isola dans sa chambre, réfléchit beaucoup et fut interloqué par toutes les attentions et la bienveillance qu’il reçut de son entourage malgré toutes les vacheries qu’il s’employait habituellement à distiller, mettant sans arrêt en avant sa supériorité. Il se surprit à redécouvrir et aimer plus que tout être dans le giron de ses parents, enveloppé dans la chaleur de leurs bras. Il redécouvrit les jeux de ses premières années et se réjouit de rentrer à nouveau dans son tipi dans lequel il aimait tant se retrouver. Finalement, cette parenthèse enchantée (car cela ne pouvait être qu’une parenthèse n’est-ce pas ?) lui faisait un cadeau inestimable : remonter le temps pour revisiter tous les plaisirs les plus infimes de ses premières années. Il ne dit rien de ses précieuses redécouvertes mais chacun comprenait le bien que cela lui faisait de gouter à nouveau aux petits bonheurs essentiels de l’existence.
    Un matin, il se réveilla un peu engoncé dans le fameux pyjama Spiderman que sa maman lui avait précieusement conservé et qu’il avait enfiler avec tant de nostalgie. Il sauta du lit et comprit.
    La parenthèse s’était refermée.
    Il en avait tiré toutes les leçons nécessaires. Plus jamais il ne fit preuve d’arrogance et il n’eut plus peur de l’avenir. Il n’était plus obsédé par la toise de sa chambre et ne toisait plus personne.
    Adulte, il mesura exactement la même taille que sa sœur, ce qui se révéla fort commode pour la prendre dans ses bras. Leurs rapports s’étaient grandement apaisés depuis la parenthèse enchantée et marqua son esprit à jamais. Il était tout simplement devenu un grand homme.

  14. Camomille dit :

    Un jour, un jeune homme lui demanda :
    – S’il vous plaît… Allongez-moi !
    – ?
    – Allongez-moi de façon que ma tête atteigne les étoiles mais que mes pieds restent bien sur terre.

    Il l’allongea donc. Il l’allongea jusqu’aux étoiles.

    Depuis, le jeune poète allongé mène une double vie en toute légalité et en toute sérénité.

  15. Nouchka dit :

    – Bonjour. Vous êtes bien le Rétrécisœur-Agrandifrère à propos de qui le Télégramme a écrit un article récemment ?
    – Oui, Madame. Puis-je quelque chose pour vous ?
    – Je n’ai pas bien saisi jusqu’où vont vos dons. Vous ne prenez que les jeunes d’une même famille ?
    – A vrai dire, ce sont les demandes les plus fréquentes mais je peux examiner la vôtre, Madame, si vous le souhaitez.
    – Il faut un peu de temps pour que je vous raconte l’histoire.
    – C’est sans problème, je suis libre de suite si vous voulez. Venez vous assoir au chaud. Par cette pluie, ce sera plus agréable.
    – Avez-vous des connaissances médicales ?
    – Je m’intéresse à l’anatomie, à l’énergie vitale et reste vigilent à la santé mentale des personnes qui me consultent.
    – Bon et bien, je me lance. Je m’appelle Jane, suis née en 1945 pas très loin d’ici. Comme vous l’aurez remarqué, je boite. Le mal congénital de certains bretons. Dans ma prime jeunesse, mes parents m’ont amenée consulter les sommités du secteur. J’ai été opérée pour tenter de réduire cette claudication. Le résultat n’a pas été à la hauteur de nos espérances. J’ai donc appris à me déplacer un pied à plat et l’autre sur la pointe pour compenser la différence de hauteur sans avoir à porter ces affreuses chaussures orthopédiques qui vous excluent du monde et des jeux des autres enfants.
    Par la suite, j’ai tenté de voir si les progrès de la science pouvaient quelque chose pour moi. Les chirurgiens consultés m’ont dit que ce serait une erreur de bouleverser l’équilibre que j’avais créé entre la colonne vertébrale, le bassin et les membres inférieurs. J’ai renoncé à changer quoi que ce soit en dépit de mon envie de vivre comme tout le monde.
    – Je saisis votre itinéraire. Mais pourquoi venez-vous me voir maintenant ?
    – Puisque la médecine officielle ne peut rien pour moi, peut-être que vous pourrez quelque chose. C’est vrai que je vais avoir 80 ans. C’est vrai que ma vie a été impactée par cette claudication qui a rebuté les hommes en dépit de mon sourire gracieux, mon regard pétillant, mes pommettes hautes, ma chevelure brune et abondante. Mais je ne suis pas là pour geindre sur ce qui n’est plus. Pouvez-vous m’aider ?
    – Dites-moi tout d’abord ce qui vous soucie le plus ?
    – Mon corps se raidit ; je rencontre maintenant des difficultés à monter les escaliers. J’ai dû renoncer à la conduite et j’aimerais moins souffrir de ces torsions imposées à mon corps depuis si longtemps.
    – Je peux tenter de vous soulager.
    – Vous savez, mes parents nous ont appris à sourire. Nous savons que le sourire accueille autrui. Je veux pouvoir continuer à sourire sans que ce soit un vrai supplice. Quand le corps vous fait souffrir, vous finissez par grimacer. Et la grimace, c’est l’apanage des vieux. De ceux qui souffrent dans leur corps ou leur âme. Moi, même vieille, je souhaite garder le sourire jusqu’au bout de ma vie afin que les autres gardent l’envie de venir vers moi.
    – Votre motivation est précieuse. Prenons rendez-vous Jane, si vous êtes décidée.

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