725e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

Il était « Rétrécisœur-Agrandifrère ». Il avait le don, par imposition des mains, d’agrandir ou de rétrécir les jeunes gens. Un jour, il eut une demande très particulière.

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12 réponses

  1. Il était « Rétrécisœur-Agrandifrère ». Il avait le don, par imposition des mains, d’agrandir ou de rétrécir les jeunes gens. Un jour, il eut une demande très particulière. C’était un assesseur qui avait besoin de son savoir-frère. En effet, il n’était pas de taille à se mesurer avec lui. Or, il voulait faire les choses en grand. Mais il avait peur de se retrouver devant un nain posteur… Il décida dont de le mettre à l’épreuve en transformant un Liliputien en véritable basketteur professionnel. Mais comme il ne voulait pas mettre ses œufs dans le même panier, il prit la balle au rebond, dès que celui-ci accepta de relever le défi, et stimula la concurrence pour juger sur pièces.
    Mal lui en prit, car le rétrécisœur se vexa et lui fit un enfant dans le dos pour se venger…

  2. Jean Marc Durand dit :

    Il était « rétrécisoeur-agrandifrère » Par simple imposition des mains, il pouvait se permettre de changer la taille de certains jeunes gens, dans certaines familles. Le peuple dit toujours, faute de mieux le rentabiliser, qu’il n’y a pas de sot métier. Lui était convaincu que, par contre, il existait des dons à la con.

    Il s’y attendait, un peu, un jour pourri de printemps, ou d’automne à la noix, à ce retour de bâton, même pas taillé en boomerang.

    Un jour, un petit frère et sa grande sœur vinrent lui demander des comptes. Ils possédaient une sacrée foutue drôle de démarche, le genre quand même rescapé, après 2 passages sous un TER (Oui, sous un TGV, soyons honnêtes, ils n’eurent pas survécu).Qui donc, à l’époque, lui avait, permis de jouer ainsi, avec la nature des choses …. Hein…qui ???

    Ils lui balancèrent sous le nez des photos du temps jadis, leurs multiples couples d’enfants moult fois dépareillés.

    « Vous vous souvenez de cette merde….dans notre famille….dites-nous un peu…dites-nous tout »

    Il se souvenait très bien de ce couple de parents tordus n’ayant pas supporté d’avoir conçu des jumeaux, qui craignait le quand dira-t-on, le regard des belles familles…et j’en passe. En fait, Monsieur aurait préféré n’hériter, tu parles d’un héritage, que d’un garçon et Madame d’une fille, tu parles d’une galère.

    N’étant d’accord que sur peu de choses, ils se lancèrent dans une soi-disante négociation, ce jeu de cartes truqué où chacun croit posséder tous les atouts. Fort de sa masculinité (dans certaines régions, on la nomme couillonnade) Monsieur prit les devants, rémunéra grassement le reboutonneux (oui, à l’époque, il n’avait pas gagné suffisamment de pépettes pour se prendre un rendez-vous auprès d’un dermatologue). Le mâle bambin y gagna 10 bons centimètres et la femelle en perdit 10.

    La semaine suivante, ce fût Madame qui vint menacer l’ouvrier des foudres de l’Enfer, s’il ne lui donnait pas raison, soit, rapetisser, le jeune gredin de 20 centimètres et allonger la donzelle de 30.

    De fait, ce petit jeu, très humain de la bêtise lié à l’entêtement perdura une bonne année. Monsieur y perdit les billets qu’il dépensait d’habitude aux courses et Madame fit plus souvent des courses avec l’infirmier des coups bas.

    Ricanant dans leurs mutuelles moustaches, les jumeaux s’exprimèrent.

    L’un le menaçant de son tromblon soviétique, l’autre de son coupe zigounette en pointe du raz (jeu de mots avec rat), ils lui expliquèrent calmement.

    Et bien nous, mon gros, notre commande sera limpide, tu te rends chez nos vieux, et grâce à cette tecnnique que tu dois, depuis le temps avoir approfondi, tu règles le problème. Par simple simple imposition des mains autour de leurs cous décharnés, tu vas leur couper définitivement le souffle…

    (Cette histoire n’ayant à priori aucune morale défendable, face à une justice ballottant entre tous les bouts des extrêmes, l’auteur, enfin, le gars qui a laissé filer de son triste inconscient, cette macabre anecdote….se voit dans l’impossibilité d’y poser un point final. Car comme lui a confié, le rebouteux, lors d’une de ses visites en sa prison : « L’alcool de poire fait vivre »)

  3. Maguelonne dit :

    Il était « Rétrécisoeur-Agrandifrère ». Il avait le pouvoir, par imposition des mains,de rétrécir ou d’agrandir les jeunes gens. Lui, n’avait rien demandé. Ça lui était tombé sur le dos, comme ça. Don du ciel disait certain, plaie du ciel, pensait-il.
    Comme il était le seul à posséder cette faculté, toute la communauté le surveillait comme le lait sur le feu. Avait-il faim, avait-il soif ? Attention pas trop de gras, pas de sucre. Faut dormir au mois huit heures par nuit. Ne prends pas froid. Il pleut, n’oublie pas le parapluie….C’était très lourd à vivre. Mais lâchez moi, laissez moi respirer, se disait il. Mais personne ne voulait l’entendre. Tout devait demeurer tel quel. Aucun bouleversement ne serait supporté. Alors il s’était résigné.
    Un jour il eut une demande très particulière. Un jeune et beau garçon souhaitait grandir, mais aussi rétrécir, être frère ou être sœur, être gros ou maigre, être couleur ou toutes les couleurs selon les jours, selon son humeur, selon le temps.
    – Tu veux tout, quoi.
    – Oui je veux tout. Je suis iel et je veux vivre iel.
    – C’est le grand bazar dans ta tête. Et tu crois que je peux tripatouiller mon don pour répondre à ta demande saugrenue ?
    – Je ne suis pas fou. Je suis juste vrai. Mais peut être que vous n’êtes pas aussi doué qu’on le pense ? Peut être êtes vous incapable de m’aider ?
    Cette remarque l’avait chatouillé là où il fallait.
    – Reviens dans une semaine.
    Cette requête, ça lui en bouchait un coin. Ça secouait sa routine. De plus son ego en avait pris un coup. Il se prit au jeu et se remua les méninges. Il frisa même la surchauffe. Puis il réalisa qu’enfin il se sentait vivant, qu’il était plein d’énergie et que c’était bon. Adieu la monotonie et le renoncement. Était ça le bonheur ?
    Lorsque le jeune homme revint, il lui dit « OK » mais je pars avec toi et tu m’apprendras la vie. Je veux être iel.
    Un sac sur le dos, le cœur léger,ils prirent la route dans un joyeux bazar.

  4. Souris Verte dit :

    Il avait le don d’agrandir ou de rétrécir les jeunes gens. Un jour, il eut une demande très particulière.
    C’était au théâtre guignol et je me souviens très bien qu’il faisait très chaud. 
    A un moment, un petit garçon très agité voulut rejoindre Flageolet, le gendarme dans la cage des marionnettes. Il avait trouvé la solution de l’énigme et voulait absolument coincer l’infâme Grolouche avant qu’il prenne la poudre d’escampette. C’est qu’il avait vite fait celui-la de se tirer des flûtes ! 
    Mais avez-vous déjà essayé de rentrer dans un théâtre guignol ? Bien que petit Matt était beaucoup trop grand… Alors Guignol, pour une fois grand seigneur, allongea son bâton et, tel un prestidigitateur, transforma l’enfant en marionnette. 
    Dans la salle, tous les enfants voulurent rejoindre leur copain, pensez donc ! Passer sa vie sur les tréteaux si ça les bottait ! Plus de cahiers ni de livres… Toute la journée à se distraire voilà qui leur allait bien. 
    Guignol comprit son erreur déménagea fissa laissant le petit assis sur un strapontin. 
    Mais au fait !
    Si l’histoire fit la Une des quotidiens, on a jamais mentionné si l’enfant avait retrouvé sa taille d’enfant ou s’il est resté marionnette ad vitam eternam

  5. Rose Marie Huguet dit :

    Il était « Rétrécisœur-Agrandifrère ». Il avait le don, par imposition des mains, d’agrandir ou de rétrécir les jeunes gens. Un jour, il eut une demande très particulière.

    Allez savoir d’où lui venait son don, mais il le trouvait trop marrant. Il ne se rappelait plus le nombre de fois qu’il avait étiré et rétréci ses frères et sœurs pendant leur sommeil, ce qui les mettait dans une colère noire, leurs habits devenus trop grands ou se déchirant car trop petits pour leur nouvelle taille. Farceur, il les laissait s’époumoner jusqu’à l’arrivée des parents.
    Très vite, il était devenu aussi connu que le loup blanc. Il en avait allongé et diminué des corps. Il ne s’était jamais encombré la tête à se demander si c’était bien ou pas. Il avait un don, il en faisait bénéficier ceux qui lui en faisaient la demande.
    Lui-même était plutôt petit et autour de lui on ne manquait pas de lui demander pourquoi il ne s’agrandissait pas un peu. Ah ! mes amis, ça ne marche pas sur moi. J’ai bien essayé, mais peine perdue. Ce n’est pas bien grave, je suis heureux de satisfaire autrui. Il avait du mal à garder son sérieux en disant cela. Tu parles ! Ça fonctionnait du tonnerre de Dieu. Il en avait fait des blagues. Ce qu’il préférait c’était de se faire tout petit petit. Il effrayait les femmes qui pensaient voir une souris, se glissait sous les couettes causant des frayeurs aux dormeurs. Il adorait son don.

    Un jour un homme se présenta chez lui. Il le reconnut immédiatement. En effet, celui-ci était passé entre ses mains et les choses ne s’étaient pas vraiment bien déroulées. Ses parents le voulaient grand tout comme le futur auquel ils le destinaient. Seulement voilà, ce ne fut pas que sa taille qui s’allongea, mais les oreilles et le nez prirent une taille démesurée. Jusque-là, les équilibres étaient plutôt bien respectés, mais sur lui, non ! Il avait alors tenté de le ramener à sa taille initiale, mais rien n’y fit. Bien sûr il devint la risée de la petite ville.
    Il vécut caché, loin du regard des autres. Ses mains étaient aussi pourvues d’un don. Il était un sculpteur hors pair. Ses œuvres s’arrachaient, certaines étaient même exposées dans les plus grands musées à travers le monde.
    Je suis malade lui dit-il, mais avant de tirer ma révérence j’ai une demande à vous faire. Toutes ces années je vous ai observé. Je vous connais bien. Je sais que votre don s’applique sur vous aussi contrairement à ce que vous avez toujours dit. Je vous ai vu et j’ai gardé le silence. Je vais vous demander une faveur, vous me la devez bien. Vous serez ma dernière œuvre.
    À la fois surpris, flatté et curieux Rétrécisœur-Agrandifrère accepta. Il suivit l’artiste jusque dans son antre. Il y avait une petite clairière cernée d’arbres tortueux. Le sculpteur lui demanda de se placer face à un arbre et de s’agrandir jusqu’à atteindre sa cime. Il lui demanda alors de prendre une posture se rapprochant au maximum de la forme de l’arbre, d’exprimer la douleur au travers de son visage, comme s’il implorait quelque chose. Lorsque l’artiste fut satisfait du résultat, il lui demanda de ne plus bouger. Il allait faire une esquisse pour pouvoir ensuite réaliser sa sculpture. Il s’éloigna sous prétexte d’aller chercher son carnet. Brusquement, Rétrécisœur-Agrandifrère sentit se déverser sur lui un liquide poisseux, épais avec une telle puissance qu’il n’eut même pas le temps de ciller. Le voilà coulé dans le plâtre. Immortalisé.

    Quelques mois plus tard, il trônait au centre du village. L’artiste souriait. « Rétrécisœur-Agrandifrère ne causerait plus de dégâts.

  6. 🐻 Luron'Ours dit :

    Ce pullement de dragons de stryges de follets, il aurait dû le reduire Ça proliférerait encore. Une question de patience tandis que le jeune patrick s’inquiétait de rester petit, fatigué, le lot des ados. Truc peut le transporter du 36e dessous au 7 éme siècle 🐻

  7. Celine dit :

    Le retrecisoeur- agrandifrére.
    Un sacré métier.d’autant plus que les demandes variaient souvent au gré des humeurs des demandeurs.suivant les rancunes ou les petits bonheurs rencontrés lors des repas de famille.
    Le retrecisoeur-agrandifrére n’en pouvait plus.
    On l’appelait en urgence la nuit, les weekends.il n’avait plus de vie.et c’était souvent Celui qui avait le plus d’argent qui lui passait la commande.
    Non, décidément,ce n’était plus fait pour lui ce métier.
    Il envisageait de démissionner et d’étudier pour être Egalhomme -Egalfemme.ca c’était bien.toud les clients étaient contents,les retombées pacificatrices.
    Bon les Egonhommes -femmes faisaient actuellement des manifestations pour que cet emploi disparaisse.mais il était confiant.

  8. Antonio dit :

    — Madame, je n’ai jamais exercé en dehors du couvent Petit-Jean. Ce don est réservé aux jeunes frères et sœurs qui vouent leur vie à Dieu. Il m’est impossible de répondre à votre requête.
    — Très bien, mon Père ! Si ma fille doit devenir none pour prendre dix centimètres, dites-moi où je dois l’inscrire. Regardez cette pauvre enfant, elle est à peine haute comme trois pommes.
    — Ce n’est pas aussi simple, il faut faire preuve d’une véritable foi pour entrer ici. De plus, agrandir une sœur, vous n’y pensez pas, c’est pour moi inconcevable !
    — Ne me racontez pas d’histoire, mon Père ! Vous êtes agrandisœur ou encore un de ces bonisœurs ?
    — « Rétrécisœur » et « agrandifrère », Madame. Je n’ai pas choisi. Ainsi est le don que j’ai reçu de Dieu.
    — « Rétrécisœur » ? Quelle idée ! Et ça consiste en quoi ?
    — Il suffit qu’une sœur implore le Tout-Puissant pour que mes mains imposées sur sa tête rendent son corps aussi humble et petit que son esprit se soumet au divin.
    — Et pour les frères, vous n’appliquez pas la même humilité ?
    — Pour un jeune frère, c’est différent, son esprit doit s’élever à chaque prière pour comprendre la grandeur de Dieu. Mes Mains fortifient son corps et l’aide à grandir du mieux que je peux.
    — Je vois. Finalement, nous avons le même don, vous est moi.
    — Comment ça ? Mais… Qu’est-ce que… qu’est-ce que vous faites ?
    — Moi aussi je fortifie la grandeur de l’homme par imposition des mains dans la culotte de jeunes pères verts, mon Père. Je suis « fornicactrice ».

  9. iris79 dit :

    Il était « Rétrécisœur-Agrandifrère ». Il avait le don, par imposition des mains, d’agrandir ou de rétrécir les jeunes gens. Un jour, il eut une demande très particulière.
    Celle de procéder au processus inverse. Rétrécir le frère et agrandir la sœur. Ces deux-là étaient jumeaux et les parents n’en pouvaient plus d’entendre leur fils se vanter d’être le plus grand de la famille. Ils voulurent lui donner une leçon pour qu’il cesse enfin de vouloir se considérer le plus grand être de tous les temps. Ils avaient largement débattu de ce que signifiait être grand dans tous les sens du terme et tout son entourage s’accordait pour le convaincre que la grandeur d’âme ne se mesurait pas en centimètres. Comme il dépassait sa sœur, il prenait pour argent comptant et au pied de la lettre sa supériorité toute relative. Il abusait abondamment de sa position. Le rétrécisoeur-agrandifrère se mit donc à l’œuvre pour agir et répondre à la demande et attribua à la fille quelques centimètres de plus, et au frère quelques centimètres de moins. Bien évidemment il en fut catastrophé quand au réveil il s’aperçut qu’il nageait dans son pyjama et que ses pieds ne touchaient plus le sol assis sur son lit. Il se redressa en criant, appelant sa mère comme si sa vie en dépendait. Pendant ce temps sa sœur s’était déjà précipitée dans la chambre de ses parents fouillant dans l’armoire pour essayer frénétiquement les robes de bal qui la faisaient tant rêver quand elle voyait sa mère partir à des cérémonies, habillée comme une reine.
    Il ne cessait de pleurer et de gémir sur son sort, ne sachant plus s’il devait hurler auprès de son entourage, leur en vouloir jusqu’à la fin de sa vie. Par la force des choses, il finit par se calmer. Il s’isola dans sa chambre, réfléchit beaucoup et fut interloqué par toutes les attentions et la bienveillance qu’il reçut de son entourage malgré toutes les vacheries qu’il s’employait habituellement à distiller, mettant sans arrêt en avant sa supériorité. Il se surprit à redécouvrir et aimer plus que tout être dans le giron de ses parents, enveloppé dans la chaleur de leurs bras. Il redécouvrit les jeux de ses premières années et se réjouit de rentrer à nouveau dans son tipi dans lequel il aimait tant se retrouver. Finalement, cette parenthèse enchantée (car cela ne pouvait être qu’une parenthèse n’est-ce pas ?) lui faisait un cadeau inestimable : remonter le temps pour revisiter tous les plaisirs les plus infimes de ses premières années. Il ne dit rien de ses précieuses redécouvertes mais chacun comprenait le bien que cela lui faisait de gouter à nouveau aux petits bonheurs essentiels de l’existence.
    Un matin, il se réveilla un peu engoncé dans le fameux pyjama Spiderman que sa maman lui avait précieusement conservé et qu’il avait enfiler avec tant de nostalgie. Il sauta du lit et comprit.
    La parenthèse s’était refermée.
    Il en avait tiré toutes les leçons nécessaires. Plus jamais il ne fit preuve d’arrogance et il n’eut plus peur de l’avenir. Il n’était plus obsédé par la toise de sa chambre et ne toisait plus personne.
    Adulte, il mesura exactement la même taille que sa sœur, ce qui se révéla fort commode pour la prendre dans ses bras. Leurs rapports s’étaient grandement apaisés depuis la parenthèse enchantée et marqua son esprit à jamais. Il était tout simplement devenu un grand homme.

  10. Camomille dit :

    Un jour, un jeune homme lui demanda :
    – S’il vous plaît… Allongez-moi !
    – ?
    – Allongez-moi de façon que ma tête atteigne les étoiles mais que mes pieds restent bien sur terre.

    Il l’allongea donc. Il l’allongea jusqu’aux étoiles.

    Depuis, le jeune poète allongé mène une double vie en toute légalité et en toute sérénité.

  11. Nouchka dit :

    – Bonjour. Vous êtes bien le Rétrécisœur-Agrandifrère à propos de qui le Télégramme a écrit un article récemment ?
    – Oui, Madame. Puis-je quelque chose pour vous ?
    – Je n’ai pas bien saisi jusqu’où vont vos dons. Vous ne prenez que les jeunes d’une même famille ?
    – A vrai dire, ce sont les demandes les plus fréquentes mais je peux examiner la vôtre, Madame, si vous le souhaitez.
    – Il faut un peu de temps pour que je vous raconte l’histoire.
    – C’est sans problème, je suis libre de suite si vous voulez. Venez vous assoir au chaud. Par cette pluie, ce sera plus agréable.
    – Avez-vous des connaissances médicales ?
    – Je m’intéresse à l’anatomie, à l’énergie vitale et reste vigilent à la santé mentale des personnes qui me consultent.
    – Bon et bien, je me lance. Je m’appelle Jane, suis née en 1945 pas très loin d’ici. Comme vous l’aurez remarqué, je boite. Le mal congénital de certains bretons. Dans ma prime jeunesse, mes parents m’ont amenée consulter les sommités du secteur. J’ai été opérée pour tenter de réduire cette claudication. Le résultat n’a pas été à la hauteur de nos espérances. J’ai donc appris à me déplacer un pied à plat et l’autre sur la pointe pour compenser la différence de hauteur sans avoir à porter ces affreuses chaussures orthopédiques qui vous excluent du monde et des jeux des autres enfants.
    Par la suite, j’ai tenté de voir si les progrès de la science pouvaient quelque chose pour moi. Les chirurgiens consultés m’ont dit que ce serait une erreur de bouleverser l’équilibre que j’avais créé entre la colonne vertébrale, le bassin et les membres inférieurs. J’ai renoncé à changer quoi que ce soit en dépit de mon envie de vivre comme tout le monde.
    – Je saisis votre itinéraire. Mais pourquoi venez-vous me voir maintenant ?
    – Puisque la médecine officielle ne peut rien pour moi, peut-être que vous pourrez quelque chose. C’est vrai que je vais avoir 80 ans. C’est vrai que ma vie a été impactée par cette claudication qui a rebuté les hommes en dépit de mon sourire gracieux, mon regard pétillant, mes pommettes hautes, ma chevelure brune et abondante. Mais je ne suis pas là pour geindre sur ce qui n’est plus. Pouvez-vous m’aider ?
    – Dites-moi tout d’abord ce qui vous soucie le plus ?
    – Mon corps se raidit ; je rencontre maintenant des difficultés à monter les escaliers. J’ai dû renoncer à la conduite et j’aimerais moins souffrir de ces torsions imposées à mon corps depuis si longtemps.
    – Je peux tenter de vous soulager.
    – Vous savez, mes parents nous ont appris à sourire. Nous savons que le sourire accueille autrui. Je veux pouvoir continuer à sourire sans que ce soit un vrai supplice. Quand le corps vous fait souffrir, vous finissez par grimacer. Et la grimace, c’est l’apanage des vieux. De ceux qui souffrent dans leur corps ou leur âme. Moi, même vieille, je souhaite garder le sourire jusqu’au bout de ma vie afin que les autres gardent l’envie de venir vers moi.
    – Votre motivation est précieuse. Prenons rendez-vous Jane, si vous êtes décidée.

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