721e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Racontez une péripétie de ce petit » r » qui s’autorise quelques fantaisies dans les mots dans lesquels on l’insère.
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Il était une fois un petit « r » qui fut un jour convoqué dans une dictée d’une classe de CE2
Le résultat fut calamiteux :
– débaras amare irespectueux barage équere nourir pouriture barir liere atterir amerir leure jaret beure tonnere arhes
Animé d’un sentiment de culpabilité, convaincu d’être à l’origine de retenues, de 0/20 voire d’exclusions et de renvois, il reporta sa colère contre l’institution éducative.
Et, vexé par la désagréable sensation d’avoir été doublé, il décida de jouer un vilain tour à tous ces censeurs du Ministère de l’Éducation nationale
Ainsi, il décida de faire une pittoresque apparition dans la liste officielle des ouvrages retenus pour l’épreuve de Littérature comparée de la Licence de Lettres modernes à La Sorbonne
« L’Éternel marri » de F.Dostoïevski
« Guere et paix » de L.Tolstoï
« La Marre au diable » de G.Sand
« L’Avarre » de Molière
« Le Désert des tartarres » de D. Buzzati
« La Route de Varrennes » d’A.Dumas
« Réparrer les vivants » de M de Kérangal
« Noces barbarres » de Y. Keffelec
« Madame Bovarry » de G.Flaubert
On disait de lui qu’il n’était pas vraiment méchant mais jamais content. Tout çà parce qu’il aurait voulu être une voyelle et non pas une consonne:c’était commun de faire partie des consonnes et on ne pouvait pas écrire un mot commun qu’avec des consonnes, alors que c’était possible qu’avec des voyelles . Par contre, il pouvait y avoir plusieurs r dans un seul mot : carré par exemple.
Il avait donc un mauvais caractère. Et l’autre matin,la maîtresse d’une classe de CP qui avait l’air compétente, fit une faute au tableau ! Elle écrivit parrole avec deux R ce qui fit bondir notre petit r au mauvais caractère Il devait réagir mais les autres lettres de cet alphabet le calmèrent, un r fut effacé.
La cloche sonna, les enfants sortirent rapidement, ;machinalement la maîtresse effaça les mots écrits sur le tableau…
En fait, j’avais survolé la proposition et me suis lancée dans des recherches sur le « r ».
Incroyable « r » ! Il n’est pas aussi simple qu’il en a l’air.
Imaginez-vous qu’en novembre 2021, pour la septième fois, des linguistes du monde entier se sont réunis pour une conférence ‘R-Atics, consacrée uniquement au « r », au « r » son !
Cette consonne a aussi fait l’objet de tout un documentaire ! « Lettre errante » de Nurith Aviv.
Désolée d’être complètement hors sujet, mais je suis tellement abasourdie par mes découvertes que je ne résiste pas à vous les faire partager.
Le « R» est la dernière lettre que les enfants acquièrent parce qu’il nécessite la « coordination de nombreux articulaires ». S’il est impossible ou trop difficile à prononcer on parle de : rhotacisme. Par exemple, les Japonais le remplace par un « L ».
Sans vous donnez trop de détails, il existe trois sortes de R en français :
– R apical
– R roulé
– R uvulaire
De ce fait, elle se trouve la consonne la plus utilisée en français.
Encore un « R » !
« Au XVIIIe et XIXe siècle en Russie ce son était perçu comme rude et plutôt masculin, si
bien que les poésies destinées aux femmes en étaient dépourvues ».
Le « r » tue ! Oui le « r » tue !
En 1937 à la frontière entre Haïti, pays francophone et République Dominicaine, pays hispanophone, beaucoup de Haïtiens travaillent dans des plantations de canne à sucre americano-haïtiennes. Par suite d’une forte xénophobie dominicaine, le dictateur Rafael Trujillo, décide de massacrer les émigrés haïtiens près de la frontière. Entre autres massacres au fusil, à la machette etc…il y en a un autre connu sous le nom de « massacre du persil » ou « operation perejil ».
Les soldats présentaient un brin de persil, et ceux que l’on suspectait, devait dire ce que c’était. La lettre R et le J étant difficilement prononçables pour les Haïtiens, il était donc facile de les reconnaître et de les tuer.
Pour finir sur une note plus gaie, un nouveau venu : « le R croustillant rejoint les rangs des présentations ésotériques de linguistiques obsédés par l’étrangeté et les variations de ce son particulier ».
Sylvie s’affairait dans sa cuisine. Ses invités du soir aimaient les surprises culinaires. Elle s’arrêta page 32 du livre de recettes légué par sa grand-mère. Elle commença à lire et, incrédule, courut chercher ses lunettes. Chaussée de cet appendice, elle se pencha sur le texte et écarquilla les yeux.
« Gtatin de courgerres
Pelet et hachet l’oignon et la catorre et les faite fondte dans 20g de beutte et l’huile. Ajouret les courgerres en tondelles et le petsil. Faite cuite enviton 20 mn en temuanr ftequemmenr. Assaisonnet. »
Perplexe, elle rangea le livre devenu gaga, se dit-elle, et tapa sur le clavier de sa tablette « Gratin de courgettes » pour enfin obtenir un résultat lisible.
Tout affairée qu’elle était, elle n’entendit pas les fous rires du r et du t qui, voisins de clavier, avaient décidé de jouer à « Vis ma vie » et qui se réjouissaient de cette farce réussie. Ils cherchaient déjà leur prochaine victime. Un texte de loi soumis au parlement ? Pourquoi pas ? En tout cas, ce dont ils étaient sûrs, c’est que grâce à eux l’intelligence artificielle allait perdre de sa superbe. Ils se voyaient donc promis à une belle carrière, ces chenapans !
Racontez une péripétie de ce petit » r » qui s’autorise quelques fantaisies dans les mots dans lesquels on l’insère.
Je suis un petit r qui fait souvent la fête.
Cette nuit par exemple.
Ce matin, en rentrant chez moi et un peu dans le coltar, j’ai fauché le canard du concierge.
Bizarre bizarre cet « emprunt », moi qui ne lit jamais jamais de journal.
Très vite en sortant de la douche, j’ai plongé dedans (dans le journal).
Consternation et stupéfaction ! J’y ai vu des r à tous les articles, à toutes les pages, et ces images et ces bruits de guerres qui n’arrêtent pas de défiler.
Alors subitement je me suis dit. Et si ces rr de guerre on les retirait définitivement, éternellement.
Pour cela, une baguette magique serait nécessaire ! Ou des r patriotes qui répondent à mon appel, presque du 18 juin.
Un appel de survie de l’humanité.
Bannir les r du mot guerre de tous les journaux de France et de Navarre.
Bon cela ne suffirait pas.
Il faudrait amputer ce même mot, de toutes les langues de la Terre.
Ouais un sacré projet, que dis-je ! Plutôt une question de vie ou de mort ! Une ardente obligation, grandiose, gigantesque et titanesque : faire sauter à jamais les rr de la guerre.
Oh la la, voilà déjà trois longues journées qui sont passées. J’ai l’impression que ça a marché, fonctionné.
Les marchands de canon se sont tous égarés, évaporés, quelque part dans l’univers. Réduits en poussière.
Et les conflits foudroyés, éliminés et envolés.
Non, non, ce n’est pas du tout une utopie qui tourne comme une toupie en furie.
C’est véridique, vrai et réel ! Plus de guerres, de conflits, en ce 26 septembre …
L’air de rien, il s’était insinué partout…cherchez l’erreur. C’était un « r » de déjà-vu. En fait, il n’en pouvait plus d’errer, et tel un r mite, il avait fini par faire son trou. Même les Allemands le trouvaient très distingué : outre Rhin, tout le monde l’appelait « mein r » ! Alors qu’ici, on lui trouvait plutôt un sale « r »… Il avait bien de se racheter une conduite avec des r bags, mais rien n’y avait fait. Alors, il décida de franchir le Rubicon pour aller voir son cousin Germain…
Il était une fois une petite lettre, tout à fait particulière.
Consonne, elle s’était d’abord associée à des voyelles : ra, re ri, ro ,ru etc …Classique !
Ar, ir, or etc …un peu plus original.
Mais elle ne s ‘arrêta pas là ! Elle s’unit avec d’autres consonnes , et voici les fr, br, cr, pr, gr, tr…Audacieux ! Et efficace !
Elle se décline également en double dans certains mots. Une surdouée cette petite lettre !
Et savez-vous ce qu’on raconte ? Elle serait née dans la gorge des chats !
Après tout, pourquoi pas ?
Ce n’est pas moi, Rrou, qui vous contredirai !
Je m’appelle Herrrcule. Oui avec trois « r ».
C’est ma mère qui l’a voulu ainsi. Elle a dû même soudoyé l’employé de mairie qui ergotait. Mais ma mère n’est pas une vulgaire avocassière. Elle a des arguments percutants. Et me voici: Herrrcule.
Ma mère n’aime guère notre ère moderne. Elle peut devenir une vraie vipère face aux manières contemporaines. Son truc, c’est la préhistoire. Elle m’a transmis le virus.
– GrRRRRRrrrrRRRR
– GRrrrRRR
– GrrrrrrGrRrRR
Tout est en « r » et on se comprend. S’il le faut, on joint le geste à nos « r » gutturaux. Une prise sur la crinière, un petit tour dans la poussière et vive la galère. Ma mère n’est pas une finassière : un problème est réglé illico presto.
Je suis altière et nul ne sait que j’erre, atterrée, dans notre vulgaire, grossière et oppressive époque. Je ne suis vrrraiment, vrrraiment pas de cette période cancanière, obtempérant aux ordres donnés par un téléphone. Et puis mes congénères sont bien trop tendus. Un clystère les dériderait efficacement. Des fois je me dis que je préférerai encore vivre au milieu des phacochères.
– GrrrrGRR, GRRRgrrRr.
Ça vous semble suranné peut-être, ou plutôt rrridicule. Mais ces sons sont mon nirvana.
La fantaisie du petit « r »
Racontez une péripétie de ce petit « r » qui s’autorise quelques fantaisies dans les mots dans lesquels on l’insère.
Le Petit air ou Le P’tit air chanté par Maurice Chevalier, Joe Dassin ou Maxime Le Forestier ne plaisent pas à notre petit « r » qui s’autorise quelques fantaisies avec les mots dans lesquels on l’insère. Il se penche également sur Ce p’tit air là interprété par Bourvil mais décidément, ne parvient pas à l’adopter.
Il opte alors pour la transformation de AIR en ARIA et découvre là, un univers qui le fait intensément vibrer.
Un bel dì, vedremo, un ravissement, une vision, une jouissance, une joie extrême l’envahissent. Ce Puccini, pourquoi ne l’avoir pas découvert plus tôt ?
Quel bonheur d’avoir bousculé le mot. Ce n’est pas tous les jours qu’il est ainsi transporté. Mais que faire d’autre après cet apothéose ?
Il se tourne vers PROSCRIRE et PRESCRIRE qu’il pense pouvoir introduire dans ses états d’âme du moment.
Allez petit « r », courage….
Un petit r broyait du noir, émergeant d’un terrrible cauchemar . Sa dispa ition prononcée comme pour son ami E le terrifiait. Pourquoi lui ? Quel avenir ? Refusé par les écrivains dans les romans, proses , rimailleries, reportages, plus de lettre d’amour , plus d’interminables logorrhées radiophoniques… interdit dans les conversations, horrible ..
Comment Resister ?? Privé de rêve, de délires satiriques, il plongea avec délices dans le luxe et la volupté…
Pauvre petit rrrr
C’était écrit sur la notice : « Pour réaliser cet exercice, il vous faudra deux ou trois « r ». Inutile de prendre vous grands « R », des petits seraient suffisants. C’était spécifié. Gérez dans la simplicité, vous serez épaté du résultat.
L’air de rien, cette semaine s’avérait assez compliquée. Où trouver des petits « r » suffisants ? En ville, trop de monde, l’atmosphère trop légère ne conviendrait sans doute pas. Trop affairés, les gens n’avaient pas le temps de s’intéresser à des petits « r » hautains.
Je devrais chercher des « r » neufs. En voiture Simone ! D’emblée, il me fallait éliminer toutes les brocantes. En me promenant, je perdis carrément mon inspiration. Tellement perdue qu’elle ne m’aida même pas à les récupérer dans carrément. Le carré ment.
Où trouver ces petits « r » ? Je me posais vraiment la question. Errant quelque part du côté du jardin d’acclimatation, je commençais à m’adapter à ce nouveau challenge. Au bout d’une heure zéro. Cependant, une intuition me disait que je brûlais. Ce zéro n’avait pas atterri là par hasard. Persévérer dans la recherche me conduirait sûrement, comme dans la chanson. C’est alors que j’entendis cet air d’accordéon qui m’indiqua que j’étais sur la bonne voie. Il m’avait mené jusqu’à cette aire de repos, devant le zoo.
Je me mis un instant à réfléchir. Quelques fois, la lumière jaillit spontanément. Cela arrive !
Au hasard, je pris un ticket d’entrée. Personne dans le zoo. J’avais mon premier désert. Par delà les allées, je découvris mon second. Factice celui-ci, pour autant, il ferait quand même l’affaire. Un chameau, l’air dubitatif me regarda.
Que faire avec ces deux « r » ? Dans ce zoo, je me pris donc pour Zorro. Mais un Zorro usé, ça ne le faisait pas. Il m’en fallait un troisième « r » pour faire si possible un Zorro rusé.
C’est alors que je rencontrai mon ami Bernardo qui me dit :
– Tu as l’air en pleine forme !
Racontez une péripétie de ce petit » r » qui s’autorise quelques fantaisies dans les mots dans lesquels on l’insère.
Tout petit déjà, petit R voulait se singulariser. Ses parents l’avaient prénommé « AIR » . Ils l’avaient conçu dans une montgolfière. Mais, lui, avait décidé que son prénom serait « R». Alors, communément on l’appelait « petit R ».
Il adorait cette lettre et l’insérait dans des mots sans « air » Ainsi, il écrivait « Papar » et « MRaman ». Il écrivait Bonjourr avec 2 R. Et MerciR. Petit R était singulier avec son petit AIR de ne pas y toucher, il étonnait ses pRRofesseurs. Avec ses « R » glissés partout, il mettait de l’air dans ses relations. D’ailleurs, il respirait très fort. Il inspirait et expirait profondément. Il ne manquait pas d’air. Parfois, l’air désabusé, il pouvait paraître hautain. Il savait ! Mieux que tout le monde. Avec cette manie, il pouvait écrire « prendre » au lieu de « pendre ». L’amour au lieu la moue. Des quiproquos parfois embarrassantes. Montrer au lieu de monter.
Seule sa mèrre le comprenait. Elle le traduisait l’air attendri.
Il écrivit un livre en utilisant que des mots avec un R. Un franc succès l’accueillit. Petit R était devenu un air connu !
C’était un petit r de rien qui s’autobisait quelques frantaisies dans les mots morts, ceux dans lesquels on tentait de l’incinéter. Il ne possédait pas la musculatube d’un mahatonien du texte. Il n’espétait nien d’un avenim toujouls inceptain.
Souvent, il se rémémotait l’histoipe d’une scolabité pauvre et bancunière. Il écrivait des hispoires biscobnues autour des inceftitudes humaines, des fuminations existentielles, les rogatons de zepas mal digétés.
Il allait cevtainement, ce soil, en crevez, un soil de plus, la vielle misème existrentielle, mais demain la boue aurait toufné court, au delà, vers….un autre ailleujs, un démesulé du décent joug !!
Racontez une péripétie de ce petit » r » qui s’autorise quelques fantaisies dans les mots dans lesquels on l’insère.
Une banque, un banquier et un client.
Le client venait de décrocher un prêt.
Le banquier lui remit un document sur lequel on pouvait lire : votre pet a bien été décoché.
Le client n’en croit pas ses yeux.
Le banquier pend le document, fumax, paye la ligne, dicte le nouveau texte, l’édite et le donne à son client. Celui-ci le lit, jette un œil noir à son vis-à-vis , lui balance le papier sur lequel est noté : vote pset a bien été décloché.
Petit r rigole. Le banquier et son client pas du tout.
Ils se rendent quand même compte que c’est la lettre r qui pose problème.
Pour en être sûr, le banquier dicte un texte :
J’imagine que tu es content que je sois mécontent, n’est ce pas ?
Mais avant que mon client ne s’enfuit à cause de ta fantaisie et qu’il ne soit plus mon client, je te demande une chose.
Tu as sans aucun doute constaté que je ne t’ai pas utilisé. Je n’ai pas voulu que la fatigue te gagne afin que tu me fasses un texte logique avec les mots suivants tout en t’effaçant du contenu.
Tu m’as contrecarré
Tu mériterais d’être incarcéré
Tu arrangeras la librairie
Tu réenregistreras les registres
Tu rembourreras les trônes
Clair, compréhensible et rigolo.
Petit r comprit qu’il avait poussé le bouchon un peu loin. Sa fantaisie se retourna contre lui.
Quelle idée d’aller chatouiller un banquier.
Ah ! C’est quoi ce que je dois faite ?
Ça me vient ! Me déposer pout la semaine pochaine.
Prendre l’air, rien de tel pour se casser la tête, se creuser les méninges, s’interrroger, combien en mettre, de ces petits « r » ? ? Il faut dire qu’avec cet air-là, on repense l’orthographe (un r, deux h s’il vous plaît), on tâte, on soupèse, on évalue et on arrive à des étrangetés telles que chariot et charrette, charron, charroi, charrier, tous de la même famille. Qui a gagné, qui a perdu ? Qui a décidé qu’il en fallait un ou deux ? Miss-terre…
Que penser, aussi, de mare et marre : en avoir assez de cette flaque ? Sans oublier le joyeux se marrer.
Les accents, graves de préférence, viennent en rajouter dans la perplexité ! Pourquoi ne pas écrire adulterre (c’est énigmatique), alterre (on en profite pour enlever le h, qui alourdit), criterre (c’est plus poétique), paterre et ureterre, c’est marant, non ? Pour compliquer encore plus le raisonnement, il serait judicieux de remplacer charrette par charète, et charon, charoi, charier prendraient la suite !
Mais c’est une chimerre …
La prochaine fois seront évoquées les péripéties des l, m,n , pour finir dans une ultime séance par celles de s et t.
Bravo Avoires, ton texte est génial… aujourd’hui c’est moi qui manque d’originalité… J’ai pourtant marché le nez en l’R, respirant à pleins poumons pour les remplir d’R, afin d’oxygéner mon cerveau et rafraichir mes idées… mais ma tête n’était qu’un courant d’R… Bien à toi !
RRRRhh merde, ras le bol d’être toujours coincé dans les mêmes mots rébarbatifs et terre à terre.
Je n’en ai que faire de fanfaronner dans les mots terriens. J’aimerais un peu prendre l’air. J’aimerais me glisser dans les mots aériens, ceux dont la prononciation suggère des ailes et des images évanescentes, quitter pour un moment les sons rocailleux que je provoque et que j’habite. Je veux me glisser sur les ailes des papillons, m’immiscer dans les gâteaux moelleux, babiller dans la bouche des bébés, onduler dans les tissus au vent. Mais je sais qu’avec moi, les mots airles, prapillons, grâteaux moerlleux, brabiller, brouche, bébrés, trissus vrent, prennent des consonnances bien trop râpeuses, et tout cela à mes dépends. Je m’en amuse un temps puis je m’en désespère jusqu’à ce que je m’aperçoive qu’après tout, et paradoxalement, quand je me trouve en dernière position, c’est là que je puise ma plus grande force, donnant aux mots que j’accompagne toute leur puissance et leur souffle ! C’est décidé je vais laisser les mots pleins d’L’ tranquille et m’appliquer à faire résonner du mieux possible ma voix dans les mots « fleur », « amouR » et « « espoiR ».
L’AIR DU LARGE
Ramsès honoré rat quelle galère ! Sur la Real, un air canaille, milord larsouille à remplacer la lettre r parcelle h aspiré ou w. Ne pas affecter de parler créole ça peut fâcher ! Quand le rhum humecte les gosier à la Martinique ou aux îles sous le vent, la Barbade, Marie-Galante, le r se roule et roucool point à Tahiti un air si nostalgique si Pacifique danse le tabouret. Paradisiaque, l’île Maurice et la Réunion. En Atlantique, Oléron, ré et fort Boyard vu dans les aventuriers avec Delon et Ventura un air pas encore vu !
🐻 Luron’Ours
Que je vous raconte les péripéties de ce petit « r » qui s’autorisait quelques fantaisies dans les mots dans lesquels on l’insère.
Il détestait ce moment quand ce fichu correcteur soulignait son absence dans certains mots. Il ne supportait plus de cohabiter avec son sosie, ce bêcheur qui le serrait de trop près. Un jour, ils s’étaient pris grave le chou quand il avait refusé de côtoyer ce terre-à-terre dans » occurrence « . Sans lui, le mot se lisait bien, non ! Il avait beau se faufiler en douce par le trou de la serrure durant la nuit, à son grand dam, le lendemain, le narrateur repérait son absence. Et l’autre, là, ce champion d’orthographe, continuait de lui pomper l’air avec sa suffisance. Il s’en foutait de se carapater du mot » guerre » quand bien même la phrase n’était plus d’équerre. » Guère » valait mieux que ce terme qu’il avait en horreur.
Pourtant, un jour, son colocataire lui susurra de faire la paix après qu’un malheureux » courier » fut envoyé à un éditeur. Il en allait de leur crédibilité et, avant tout, de celle de l’écrivain qui s’interrogeait sur la fiabilité de son cher correcteur orthographique.
Depuis, leur binôme s’entend comme larons en foire. Oups ! larrons.
La lettrrrre « R » de rrrrien, n’a pas l’air,
Elle rrrroule comme les vagues de la mer,
Elle déchirrrre le ciel de son éclair,
Et de tonnerrrres elle livre un concert,
L’orrrrage semble ouvrrrrir les portes de l’enfer,
C’est comme un défi au Dieu Jupiter,
Les éléments lui disputent l’univers,
Pour calmer le feu de l’éther,
J’adrrrresse au ciel un Pater Noster,
Les pigeons me rrrroucoulent,
Les chevaux me rrrruade,
Les chiens m’ont dans leur flair,
Le bon roi Dagobert,
M’a mis à l’envers,
Mais je ne suis pas un expert,
Et m’épuise à trouver des vers,
Qui s’envolent au diable Vauvert…
C’était un petit « r » qui roulait des mécaniques à bord d’une langue espagnole qu’il faisait vrombir de tous ses chevaux dès qu’il approchait d’une pouliche.
« hola señorrrita, el camino al amorrr, porrr favorrr ? »
Il était irrrrésistible, elle française. Elle grimpa dans la discussion qui démarra au quart de tour.
« Moi, c’est Jrrruanito. J’adorrre la Frrrrance. Rrrrr ! »
Et c’était parti pour une conversation qu’ils embrassèrent sur la route de l’amour et qui devait les mener jusqu’au petit matin. Petit « r » roula toute la nuit, tournant et retournant les phrases qui se perdaient entre les deux langues et qu’il ponctuait de ses mains pour mieux se faire comprendre.
Lorsqu’elle fit soudain la moue, il se colla subrepticement derrière pour décrisper l’air sur ses lèvres et le transformer en béatitude, sans couper le moteur de la discussion, ronronnant sous les caresses susurrées, où les mots s’ébattaient sans se débattre désormais.
Quand ils arrivèrent à destination, le soleil pointait le bout de son rai, que petit « r », s’empressa de recouvrir de sa voix rauque mais pudique.
« Quelle aurrrrorrre ! »
UN ‘R’ VOLAGE
Les Italiens vous chatouillent avec leur langue aux ‘r’ suaves. Les espagnols nous les envoient du fond de la gorge avec leur ‘jota’. Les allemands ont les ‘r’ guturaux et dans la langue de Goethe. Nous, quand on fait ça, on s’inquiète… La bronchite n’est pas loin ! Car chez nous, on les roule ! Dans le Berry quand vous partez on vous dit : faut crrrouiler l’barrriau ! N’oubliez pas de tirer la targette ! Dans le fond, je ne sais pas si c’est mieux !?
Dans certains pays d’Afrique, ils l’ont zappé. Il s’est mué en ‘w’. Les cawottes sont cuites… Mais on comprend quand même.
Je rêve d’un ‘r’ qui me ‘youyoule’ des choses tendres, un petit ‘r’ de yen qui passe et m’emmène dans les airs…🐀
En voilà un dorle d’olibirus que ce petit R qui s’offre des fantaisies sans demarder l’avis de ses crollègues.
Ceux ci s’anarchaienr les cheveux de dérespoir en poussent des cris d’orfrais car ils ne corprenaient plus le sens de ces pharses farfrelues naissant à leur rinsu. Les voyelles hulaient de rage, les consorres rongeaient leur frein en sirence.
Le petit R contrinuait sa vie, argmentant au fil du temps ses insertions impretinentes.
Sa dernière tourvaille étant pour lui l’aboutirement de son travail, il estima pourvoir prendre sa retarité, laissant un gand vide dans un alphabert soulagé mais ampurté.
Bien qu’il soit sincère, lorsque le « r » s’insère dans le mot ce n’est jamais anodin. L’air de rien, le petit « r » change le sens du mot lorsqu’il double malgré sa bonne conduite. Par exemple l’escrimeur qui est paré de sa grille de protection et qui est paré à combattre devra assurément parrer les attaques de son adversaire. « Parrer » est un terme ancien d’escrime désuet aujourd’hui.. Un autre exemple avec un petit proverbe cynique du chasseur: « Rien ne sert de courir durant la chasse à courre, tu serras tué à point nommé. Tu peux te réfugier dans la cour, le cours de ta vie s’arrêtera au bout du fusil ». Encore un pour la route : Durant une longue traversée le marin a besoin de marrin pour éviter le scorbut même si sa nourriture habituelle est enfermé dans des caisses en marrin. Dans cette phrase le premier marrin est un fruit et le second le châtaignier. Courir vit dans le présent ou le passé avec un seul « r » mais sera dan le futur ou le conditionnel avec deux « r ». Il en de même lorsque vient le temps de mourir. On mourait ou bien on meurt avec un seul « r » tandis qu’avec deux « r » la mort se conjugue au conditionnel ou dans le futur. Le « R » peut prendre alors ses grands airs car il montre son importance et c’est lui qui a le dernier mot.
Tu ne manques pas d’idées cher Alain… C’est bien trouvé !🐀
Merci Souris verte. Ton « r » international n’est pas mal non plus.